Avant Ghost Kid, Buffalo Runner … et entre 2 Gorn, la première incursion de Tibuce Oger dans le genre western.
Une série abandonnée mais les 3 tomes étant des récits indépendants, il n’y a pas de réelle déception à l’issue de la lecture.
Au dessin, on retrouve la patte caractéristique de l’auteur, j’apprécie mais n’en raffole pas spécialement, ça peut être super beau comme plus mitigé, de même pour les couleurs.
Mais c’est tatillon, ça fait plus que le taf, un trait original et unique.
Les différentes histoires le sont tout autant, du western mâtiné de fantastique avec ces pierres maléfiques (attention cette partie peut rebuter les puristes). Chaque tome se déroule dans une ambiance différente.
Mon préféré est sans conteste le 2 puis le 3, et finalement le 1 (qui me saoule un peu maintenant).
Pas un immanquable mais du western original qui vaut le coup de s’attarder à l’occasion.
Romain Hugault nous propose via la collection Cockpit quatre histoires courtes de dernières missions avant le paradis des volants. Les scénarii s'entrecroisent ce qui permet à l'Américain d'avoir un sursis comme l'indique le titre de son épisode.
Quand on ouvre l'album, on est immédiatement pris par le graphisme de Hugault. Son dessin est précis au boulon près, avec des angles de plongées dans tous les sens de l'horloge avec quatre appareils mythiques qui ont marqué la ww2.
Un épisode japonais, américain, allemand et franco-russe, tous sur la fin du conflit (sauf le soviétique) avec quatre missions très différentes les unes des autres. C'est varié, dynamique et laisse beaucoup de place au côté humain des sentiments des pilotes.
Il y a une chose qui me gène et c'est pourquoi je mets 3. Le discours du Kamikaze lors de la première mission sonne pour moi comme un déni historique. La mise en avant de la grande civilisation nipponne sans un mot sur son caractère très belliciste au cours des siècles et les atrocités des troupes japonaises sur des civils en Chine (Nankin) en Corée où dans les îles relève de l'erreur historique.
Je suis farouchement contre cette mythologie du Kamikaze qui sert de vitrine pour cacher toutes les horreurs commises depuis 37.
Par ailleurs, il est étonnant qu'un as comme L'Expert de la Luftwaffe n'ait pas été orienté vers la mise au point du fameux Me 262 à réaction exclusivement réservé aux pilotes très confirmés.
Une belle lecture tout de même avec de belles scènes réalistes et sobres.
Voila une BD pas dégeu mais dont j'ai du mal à envisager l'achat du second tome pour finir la série. Principalement parce que la série ne me semble pas spécialement adressée.
Basée sur la vraie histoire de l'auteure, nous voyons l'enfance de Florence Dupré la Tour, dans son parcours de découverte de sa condition de femme. Disons que sa famille n'a probablement pas aidé, entre la religion très marquée de ses parents et l'absence paternelle, ainsi qu'un environnement où le masculin est totalement valorisé. Bref, c'est une fille bien entourée par un collectif charmant. Et elle découvre progressivement son dégout d'être une femme, une "inférieure", une "souillée" de part sa condition. C'est bien retranscrit par le dessin, notamment lorsque sa rage explose ou qu'elle exprime la douleur intérieure d'être l'autre (comme disait Simone de Beauvoir).
Le hic, c'est que la BD n'explore pas véritablement au-delà, et que j'ai du mal à considérer sa vie comme extrapolable à un ensemble de personnes. Sa condition sociale et les voyages qu'elle fait la rendent assez singulière dans sa façon de vivre l'enfance. Tout comme son rapport aux animaux, nombreux autour d'elle. En somme, je pense que la BD porte plus une valeur de témoignage que d'histoire universelle.
Cela n'enlève pas ses qualités intrinsèques et je considère que c'est une BD de bonne facture, qui parlera sans doute à des plus jeunes notamment adolescents. Pour ma part, c'est plus discutable et même si je n'ai pas détesté, je ne suis pas certain de poursuivre l'achat de la série. A voir si je tombe sur le tome 2 ...
La baie de Chesapeake est le plus grand estuaire des Etats-Unis, située entre les Etats de Virginie et du Maryland ; elle fut le théâtre de cette bataille qui nous est contée avec sérieux et pédagogie par Delitte qui s'est régalé en plus à dessiner des vaisseaux détaillés jusqu'au moindre cabestan ou au moindre cordage. C'est proprement fabuleux ce que ce gars arrive à faire avec son crayon, et ses double-pages sont stupéfiantes, on prend plaisir à scruter le moindre détail tant c'est foisonnant.
Et pourtant, comme dans beaucoup d'albums de cette collection, la bataille en elle-même ne fait l'objet que de très peu de pages, même si elle n'a pas eu une fulgurance active, c'est son impact qui fut énorme, car ce 5 septembre 1781, la flotte française commandée par l'amiral de Grasse a repoussé à l'entrée de la baie la Royal Navy qui cherchait à briser l'encerclement de Yorktown et qui n'a pas pu ravitailler ses troupes au sol. C'est une bataille décisive dans cette guerre d'Indépendance américaine, une victoire complémentaire de la victoire franco-américaine de Yorktown, en même temps qu'une contribution essentielle à l'indépendance des Etats-Unis, dont les 13 colonies sont enfin libérées de la couronne britannique.
Tout ceci est très bien expliqué avant la bataille, la complexité du contexte reste accessible, sans trop de redondance, et parvient à éviter l'ennui, c'est ce que je redoutais. Ce qui m'a fait plaisir, c'est de voir les Anglais essuyer un revers, surtout avec leur flotte réputée invincible. On retrouve chez Delitte non seulement le talent sur ses décors de navires, mais aussi toujours le même défaut sur les personnages, avec des visages trop ressemblants. Mais dans un sens, il valait mieux ici, privilégier les décors plutôt que les têtes.
J'ai découvert par hasard cet album en bibli, et malgré le fait que je ne sois pas admirateur de Voltaire, je me suis surpris à lire d'une traite cette biographie qui esthétiquement est de belle facture. Richelle relate les grands épisodes de la vie du philosophe touche à tout en privilégiant son caractère à travers diverses anecdotes. Je regrette seulement que l'épisode à la cour de Fréderic II de Prusse soit occulté et très vaguement évoqué, alors que ce souverain admirait Voltaire, et que réciproquement, ce dernier considérait Frédéric II comme l'une des incarnations du "despote éclairé".
Ainsi, on perçoit la personnalité de Voltaire, ce qu'il aimait, ce qu'il détestait, ce qu'il défendait au détour d'épisodes libertins ou plus sérieux. Le biographe fictif à qui il se livre permet une plus grande liberté tout en évoquant des faits réels ; et comme il se doit, c'est très spirituel et plein de malice.
J.M. Beuriot adopte un dessin très différent par rapport à celui vu sur Belle comme la mort, c'est un crayon diaphane, léger, hésitant entre le style aquarelle ou la couleur directe, je ne saurais définir ce visuel, mais en tout cas, ça donne une grande douceur à l'ensemble, c'est un trait qui sied parfaitement à ce genre de bio dessinée, avec des décors bien reproduits et où l'on reconnait les visages connus. Un chouette album.
Un western ? m'ouais, je veux bien, mais pour moi c'est clairement pas un western au sens propre du terme car l'époque est celle de la fin des années 20 et des années 30, on n'est donc plus dans la période classique du western telle que les spécialistes l'ont fixée, à savoir entre la guerre de Sécession (1861) et le tout début du 20ème siècle, quand l'Ouest commence à s'automatiser avec les premières automobiles voisinant avec quelques charettes à cheval. C'est pas parce que la couverture nous montre la tronche d'un type coiffé d'un stetson et armé d'un revolver que ça doit obligatoirement être un western ; ici, il s'agit clairement d'un polar, alors si je veux arranger tout le monde, je dirais que c'est un polar en forme de western ou un polar westernien, sensiblement proche des westerns modernes ou néo-westerns qu'on voit au cinéma et qui évoluent dans une époque contemporaine. Voila, c'est dit !
Maintenant, l'histoire en elle-même n'est pas l'une des meilleures d'Elmore Leonard, je suis fan de cet auteur, il a écrit nombre de polars dans un style décontracté, dont beaucoup ont été adaptés à Hollywood (Tony Rome, Get Shorty, Jackie Brown...). Il a aussi travaillé pour Hollywood en écrivant carrément des adaptations de ses romans, je l'aime bien parce que ses scénarios sont souvent volontairement confus et remplis d'éléments composites, et Leonard a souvent été comparé à Raymond Chandler pour ses ambiances et la complexité de ses trames, sauf qu'il est beaucoup moins brillant dans l'écriture que Chandler, son style est plus léger, plus insouciant, mais ses histoires surtout floridiennes ou californiennes sont dans le ton de Chandler.
Ici, le récit veut jouer à la fois sur le polar et le western moderne, sans réussir à totalement contenter les amateurs de l'un ou de l'autre. J'ai trouvé cette adaptation moyenne, un peu trop étirée, avec des histoires dans l'histoire qui pèsent un peu trop sur la narration.
Il s'agit avant tout d'un duel entre 2 individus, 2 mentalités, 2 états d'esprit, 2 ennemis en fait, qui se déroule un peu à la manière du film Heat de Michael Mann, qui voyait l'affrontement de 2 personnages à forte personnalité, un flic et un truand. Tout au long de cet album, l'interrogation subsiste, qui prendra le dessus sur l'autre ? est-ce que la morale sera respectée ? Cette confrontation est menée à la façon d'une course-poursuite, comme dans Heat, et reste intéressante surtout par son fond historique, puisqu'on y perçoit de grands mythes de l'Amérique des années 20-30 (Charles Lindbergh, la Prohibition, Bonnie and Clyde et le gangstérisme qui s'installe...).
Au niveau graphique, habituellement je n'aime pas toujours le trait de Berlion que je ne trouve pas esthétique, mais là, je suis très étonné car ça colle bien à l'époque, son trait correspond sans doute mieux au petit format d'album ou alors il s'est plus appliqué, je sais pas, mais je l'ai trouvé très potable.
Un récit un peu trop long, avec des parties sans trop d'intérêt, des personnages un peu trop convenus, mais qui contient quelques idées intéressantes ; note réelle : 2,5/5.
2.5
Un roman graphique un peu particulier parce que je ne suis pas certain ce que l'auteur voulait exprimer. En fait, j'ai une bonne idée en lisant le résumé, c'est juste que la manière dont est développé le récit me laisse perplexe.
Alors notre personnage principal a vécu son enfance dans un foyer d'accueil et maintenant il travail dans une station-service. Sa petite amie a plus d'ambiance que lui qui ne veut pas quitter sa zone de confort. Et puis aussi il y a un camp de Rom proche de son travail et il se lit d'amitié avec une des familles du campement. J'ai un peu l'impression d'avoir deux-trois histoires mélangé ensemble. J'imagine que les différents éléments du scénario font du sens si on y réfléchit bien et il doit y avoir du symbolise par moment (notamment ce qui arrive au camp des Roms), mais le scénario ne m'a pas assez passionné pour que j'aie envie de l'analyser. Le principal problème que j'ai est que le personnage principal est trop distant pour moi. Je n'ai pas ressenti ses émotions.
C'est pas mauvais, cela se laisse lire et le dessin est pas mal, mais ce n'est pas un roman graphique qui m'a marqué ou que j'ai envie de relire un jour.
Une série que j’avais appréciée lors sa sortie (le 1er cycle).
L’histoire n’est pas bien originale mais le thème de la lycanthropie était assez rare en bd, et le contexte moyenâgeux est bien trouvé.
Bref pas fou mais distrayant si on est pas trop regardant. J’ai encore de la sympathie pour les tomes 2 et 3.
Le dessinateur Defali faisait ici ses débuts, ce n’est pas sans défauts mais c’est sa série que je préfère, son trait ne m’a jamais plus convaincu par la suite. Peut-être les couleurs qui faussent cette impression ?
Trop d’informatique ou d’effets par la suite, alors qu’ici c’est plus « sobre ».
Garous possède bien plus de charisme qu’Asphodèle etc …
Quelques bémols cependant, le plus dommageable est sur le rendu des créatures, je les trouve trop changeantes de cases en cases, et je ne suis pas fan des pages de Civiello glissées ici et là.
J’ai jeté un œil sur le 5ème tome par la suite mais il ne m’a pas convaincu, le changement de dessinateur n’est pas en cause, c’est l’univers contemporain qui m’a moins accroché.
Je découvrirais cette série aujourd’hui, elle récolterait un gentil 2* mais ça serait faire injure au jeune ado que j’étais.
Petite anecdote : récemment cette série était partie sur ma pile à brocante, mon jeune neveu en voyant les couvertures (les versions originales, moins redondante que les rééditions), et que c’était bien sanglant en feuilletant me les a soutirées.
Un bon cocktail pour les plus jeunes.
Griffu
Une sombre affaire de politiques véreux, de magouilles immobilières, c’est noir à souhait. Pas de surprise de ce côté-là. Une lecture sans prise de tête, dans laquelle l’intrigue rebondit de traquenards en cadavres et emmène le lecteur jusqu’au bout sans effort. Tardi est toujours aussi convaincant dans les ambiances de Paris et de sa banlieue, replongées dans une autre époque, en l’occurrence, les années 1970. On perçoit la tension, la peur, la mort qui rôde. C’est lourd, poisseux, gris. Et on se dit que ça va mal finir pour notre « conseiller-juridique-détective-privé » qui n’avait rien demandé mais qui persévère dans une enquête qui le dépasse et dont il ne peut ignorer qu’il risque sa peau… comme dans une sorte de sursaut d’orgueil, de courage ou de survie. Griffu est un personnage intéressant, tant il est banal au début de l’histoire. Notre héros est lâché et rien ne peut plus l’arrêter… Un bon Tardi/Machette se déroulant dans les années 1970.
Il y a un peu de Davodeau (en moins revendicatif) et de Rabaté (en moins méchant, moins corrosif envers les petites gens) dans cette série.
Mais les aventures de monsieur Peyremolle, vieux bonhomme vivant dans une routine incroyable au fond de sa cambrousse se laissent lire, le sourire aux lèvres. Sa façon d’être imperméable à la réalité et aux moqueries en fait un personnage haut en couleurs.
Si Arthur Peyremolle, vieux paysan vendant trois haricots et deux champignons les jours de marché est presque caricatural, ce n’est pas forcément de lui que se moquent les auteurs. En effet, dans le premier tome, notre bonhomme gagne à un jeu télévisé un tracteur, mais ce sont bien les animateurs eux-mêmes, et les médias qui sont ici moqués, ainsi que la versatilité des gens, prompts à louer le pauvre type pourtant critiqué avant qu’il ne devienne célèbre.
Idem pour le second tome, où tout le village se sent pousser des ailes après la découverte d’une pierre préhistorique.
Que ce soit avec le jeu télévisé du premier tome, ou l’ouverture d’un fumeux parc préhistorique dans le second, Peyremolle n’est en fait que le révélateur des petites bassesses.
Rien de transcendant, mais une lecture agréable, le sourire aux lèvres, avec un dessin simple mais fluide.
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La Piste des Ombres
Avant Ghost Kid, Buffalo Runner … et entre 2 Gorn, la première incursion de Tibuce Oger dans le genre western. Une série abandonnée mais les 3 tomes étant des récits indépendants, il n’y a pas de réelle déception à l’issue de la lecture. Au dessin, on retrouve la patte caractéristique de l’auteur, j’apprécie mais n’en raffole pas spécialement, ça peut être super beau comme plus mitigé, de même pour les couleurs. Mais c’est tatillon, ça fait plus que le taf, un trait original et unique. Les différentes histoires le sont tout autant, du western mâtiné de fantastique avec ces pierres maléfiques (attention cette partie peut rebuter les puristes). Chaque tome se déroule dans une ambiance différente. Mon préféré est sans conteste le 2 puis le 3, et finalement le 1 (qui me saoule un peu maintenant). Pas un immanquable mais du western original qui vaut le coup de s’attarder à l’occasion.
Le Dernier Envol
Romain Hugault nous propose via la collection Cockpit quatre histoires courtes de dernières missions avant le paradis des volants. Les scénarii s'entrecroisent ce qui permet à l'Américain d'avoir un sursis comme l'indique le titre de son épisode. Quand on ouvre l'album, on est immédiatement pris par le graphisme de Hugault. Son dessin est précis au boulon près, avec des angles de plongées dans tous les sens de l'horloge avec quatre appareils mythiques qui ont marqué la ww2. Un épisode japonais, américain, allemand et franco-russe, tous sur la fin du conflit (sauf le soviétique) avec quatre missions très différentes les unes des autres. C'est varié, dynamique et laisse beaucoup de place au côté humain des sentiments des pilotes. Il y a une chose qui me gène et c'est pourquoi je mets 3. Le discours du Kamikaze lors de la première mission sonne pour moi comme un déni historique. La mise en avant de la grande civilisation nipponne sans un mot sur son caractère très belliciste au cours des siècles et les atrocités des troupes japonaises sur des civils en Chine (Nankin) en Corée où dans les îles relève de l'erreur historique. Je suis farouchement contre cette mythologie du Kamikaze qui sert de vitrine pour cacher toutes les horreurs commises depuis 37. Par ailleurs, il est étonnant qu'un as comme L'Expert de la Luftwaffe n'ait pas été orienté vers la mise au point du fameux Me 262 à réaction exclusivement réservé aux pilotes très confirmés. Une belle lecture tout de même avec de belles scènes réalistes et sobres.
Pucelle
Voila une BD pas dégeu mais dont j'ai du mal à envisager l'achat du second tome pour finir la série. Principalement parce que la série ne me semble pas spécialement adressée. Basée sur la vraie histoire de l'auteure, nous voyons l'enfance de Florence Dupré la Tour, dans son parcours de découverte de sa condition de femme. Disons que sa famille n'a probablement pas aidé, entre la religion très marquée de ses parents et l'absence paternelle, ainsi qu'un environnement où le masculin est totalement valorisé. Bref, c'est une fille bien entourée par un collectif charmant. Et elle découvre progressivement son dégout d'être une femme, une "inférieure", une "souillée" de part sa condition. C'est bien retranscrit par le dessin, notamment lorsque sa rage explose ou qu'elle exprime la douleur intérieure d'être l'autre (comme disait Simone de Beauvoir). Le hic, c'est que la BD n'explore pas véritablement au-delà, et que j'ai du mal à considérer sa vie comme extrapolable à un ensemble de personnes. Sa condition sociale et les voyages qu'elle fait la rendent assez singulière dans sa façon de vivre l'enfance. Tout comme son rapport aux animaux, nombreux autour d'elle. En somme, je pense que la BD porte plus une valeur de témoignage que d'histoire universelle. Cela n'enlève pas ses qualités intrinsèques et je considère que c'est une BD de bonne facture, qui parlera sans doute à des plus jeunes notamment adolescents. Pour ma part, c'est plus discutable et même si je n'ai pas détesté, je ne suis pas certain de poursuivre l'achat de la série. A voir si je tombe sur le tome 2 ...
Chesapeake
La baie de Chesapeake est le plus grand estuaire des Etats-Unis, située entre les Etats de Virginie et du Maryland ; elle fut le théâtre de cette bataille qui nous est contée avec sérieux et pédagogie par Delitte qui s'est régalé en plus à dessiner des vaisseaux détaillés jusqu'au moindre cabestan ou au moindre cordage. C'est proprement fabuleux ce que ce gars arrive à faire avec son crayon, et ses double-pages sont stupéfiantes, on prend plaisir à scruter le moindre détail tant c'est foisonnant. Et pourtant, comme dans beaucoup d'albums de cette collection, la bataille en elle-même ne fait l'objet que de très peu de pages, même si elle n'a pas eu une fulgurance active, c'est son impact qui fut énorme, car ce 5 septembre 1781, la flotte française commandée par l'amiral de Grasse a repoussé à l'entrée de la baie la Royal Navy qui cherchait à briser l'encerclement de Yorktown et qui n'a pas pu ravitailler ses troupes au sol. C'est une bataille décisive dans cette guerre d'Indépendance américaine, une victoire complémentaire de la victoire franco-américaine de Yorktown, en même temps qu'une contribution essentielle à l'indépendance des Etats-Unis, dont les 13 colonies sont enfin libérées de la couronne britannique. Tout ceci est très bien expliqué avant la bataille, la complexité du contexte reste accessible, sans trop de redondance, et parvient à éviter l'ennui, c'est ce que je redoutais. Ce qui m'a fait plaisir, c'est de voir les Anglais essuyer un revers, surtout avec leur flotte réputée invincible. On retrouve chez Delitte non seulement le talent sur ses décors de navires, mais aussi toujours le même défaut sur les personnages, avec des visages trop ressemblants. Mais dans un sens, il valait mieux ici, privilégier les décors plutôt que les têtes.
Voltaire - Le culte de l'ironie
J'ai découvert par hasard cet album en bibli, et malgré le fait que je ne sois pas admirateur de Voltaire, je me suis surpris à lire d'une traite cette biographie qui esthétiquement est de belle facture. Richelle relate les grands épisodes de la vie du philosophe touche à tout en privilégiant son caractère à travers diverses anecdotes. Je regrette seulement que l'épisode à la cour de Fréderic II de Prusse soit occulté et très vaguement évoqué, alors que ce souverain admirait Voltaire, et que réciproquement, ce dernier considérait Frédéric II comme l'une des incarnations du "despote éclairé". Ainsi, on perçoit la personnalité de Voltaire, ce qu'il aimait, ce qu'il détestait, ce qu'il défendait au détour d'épisodes libertins ou plus sérieux. Le biographe fictif à qui il se livre permet une plus grande liberté tout en évoquant des faits réels ; et comme il se doit, c'est très spirituel et plein de malice. J.M. Beuriot adopte un dessin très différent par rapport à celui vu sur Belle comme la mort, c'est un crayon diaphane, léger, hésitant entre le style aquarelle ou la couleur directe, je ne saurais définir ce visuel, mais en tout cas, ça donne une grande douceur à l'ensemble, c'est un trait qui sied parfaitement à ce genre de bio dessinée, avec des décors bien reproduits et où l'on reconnait les visages connus. Un chouette album.
Le Kid de l'Oklahoma
Un western ? m'ouais, je veux bien, mais pour moi c'est clairement pas un western au sens propre du terme car l'époque est celle de la fin des années 20 et des années 30, on n'est donc plus dans la période classique du western telle que les spécialistes l'ont fixée, à savoir entre la guerre de Sécession (1861) et le tout début du 20ème siècle, quand l'Ouest commence à s'automatiser avec les premières automobiles voisinant avec quelques charettes à cheval. C'est pas parce que la couverture nous montre la tronche d'un type coiffé d'un stetson et armé d'un revolver que ça doit obligatoirement être un western ; ici, il s'agit clairement d'un polar, alors si je veux arranger tout le monde, je dirais que c'est un polar en forme de western ou un polar westernien, sensiblement proche des westerns modernes ou néo-westerns qu'on voit au cinéma et qui évoluent dans une époque contemporaine. Voila, c'est dit ! Maintenant, l'histoire en elle-même n'est pas l'une des meilleures d'Elmore Leonard, je suis fan de cet auteur, il a écrit nombre de polars dans un style décontracté, dont beaucoup ont été adaptés à Hollywood (Tony Rome, Get Shorty, Jackie Brown...). Il a aussi travaillé pour Hollywood en écrivant carrément des adaptations de ses romans, je l'aime bien parce que ses scénarios sont souvent volontairement confus et remplis d'éléments composites, et Leonard a souvent été comparé à Raymond Chandler pour ses ambiances et la complexité de ses trames, sauf qu'il est beaucoup moins brillant dans l'écriture que Chandler, son style est plus léger, plus insouciant, mais ses histoires surtout floridiennes ou californiennes sont dans le ton de Chandler. Ici, le récit veut jouer à la fois sur le polar et le western moderne, sans réussir à totalement contenter les amateurs de l'un ou de l'autre. J'ai trouvé cette adaptation moyenne, un peu trop étirée, avec des histoires dans l'histoire qui pèsent un peu trop sur la narration. Il s'agit avant tout d'un duel entre 2 individus, 2 mentalités, 2 états d'esprit, 2 ennemis en fait, qui se déroule un peu à la manière du film Heat de Michael Mann, qui voyait l'affrontement de 2 personnages à forte personnalité, un flic et un truand. Tout au long de cet album, l'interrogation subsiste, qui prendra le dessus sur l'autre ? est-ce que la morale sera respectée ? Cette confrontation est menée à la façon d'une course-poursuite, comme dans Heat, et reste intéressante surtout par son fond historique, puisqu'on y perçoit de grands mythes de l'Amérique des années 20-30 (Charles Lindbergh, la Prohibition, Bonnie and Clyde et le gangstérisme qui s'installe...). Au niveau graphique, habituellement je n'aime pas toujours le trait de Berlion que je ne trouve pas esthétique, mais là, je suis très étonné car ça colle bien à l'époque, son trait correspond sans doute mieux au petit format d'album ou alors il s'est plus appliqué, je sais pas, mais je l'ai trouvé très potable. Un récit un peu trop long, avec des parties sans trop d'intérêt, des personnages un peu trop convenus, mais qui contient quelques idées intéressantes ; note réelle : 2,5/5.
La Promotion
2.5 Un roman graphique un peu particulier parce que je ne suis pas certain ce que l'auteur voulait exprimer. En fait, j'ai une bonne idée en lisant le résumé, c'est juste que la manière dont est développé le récit me laisse perplexe. Alors notre personnage principal a vécu son enfance dans un foyer d'accueil et maintenant il travail dans une station-service. Sa petite amie a plus d'ambiance que lui qui ne veut pas quitter sa zone de confort. Et puis aussi il y a un camp de Rom proche de son travail et il se lit d'amitié avec une des familles du campement. J'ai un peu l'impression d'avoir deux-trois histoires mélangé ensemble. J'imagine que les différents éléments du scénario font du sens si on y réfléchit bien et il doit y avoir du symbolise par moment (notamment ce qui arrive au camp des Roms), mais le scénario ne m'a pas assez passionné pour que j'aie envie de l'analyser. Le principal problème que j'ai est que le personnage principal est trop distant pour moi. Je n'ai pas ressenti ses émotions. C'est pas mauvais, cela se laisse lire et le dessin est pas mal, mais ce n'est pas un roman graphique qui m'a marqué ou que j'ai envie de relire un jour.
Garous
Une série que j’avais appréciée lors sa sortie (le 1er cycle). L’histoire n’est pas bien originale mais le thème de la lycanthropie était assez rare en bd, et le contexte moyenâgeux est bien trouvé. Bref pas fou mais distrayant si on est pas trop regardant. J’ai encore de la sympathie pour les tomes 2 et 3. Le dessinateur Defali faisait ici ses débuts, ce n’est pas sans défauts mais c’est sa série que je préfère, son trait ne m’a jamais plus convaincu par la suite. Peut-être les couleurs qui faussent cette impression ? Trop d’informatique ou d’effets par la suite, alors qu’ici c’est plus « sobre ». Garous possède bien plus de charisme qu’Asphodèle etc … Quelques bémols cependant, le plus dommageable est sur le rendu des créatures, je les trouve trop changeantes de cases en cases, et je ne suis pas fan des pages de Civiello glissées ici et là. J’ai jeté un œil sur le 5ème tome par la suite mais il ne m’a pas convaincu, le changement de dessinateur n’est pas en cause, c’est l’univers contemporain qui m’a moins accroché. Je découvrirais cette série aujourd’hui, elle récolterait un gentil 2* mais ça serait faire injure au jeune ado que j’étais. Petite anecdote : récemment cette série était partie sur ma pile à brocante, mon jeune neveu en voyant les couvertures (les versions originales, moins redondante que les rééditions), et que c’était bien sanglant en feuilletant me les a soutirées. Un bon cocktail pour les plus jeunes.
Griffu
Griffu Une sombre affaire de politiques véreux, de magouilles immobilières, c’est noir à souhait. Pas de surprise de ce côté-là. Une lecture sans prise de tête, dans laquelle l’intrigue rebondit de traquenards en cadavres et emmène le lecteur jusqu’au bout sans effort. Tardi est toujours aussi convaincant dans les ambiances de Paris et de sa banlieue, replongées dans une autre époque, en l’occurrence, les années 1970. On perçoit la tension, la peur, la mort qui rôde. C’est lourd, poisseux, gris. Et on se dit que ça va mal finir pour notre « conseiller-juridique-détective-privé » qui n’avait rien demandé mais qui persévère dans une enquête qui le dépasse et dont il ne peut ignorer qu’il risque sa peau… comme dans une sorte de sursaut d’orgueil, de courage ou de survie. Griffu est un personnage intéressant, tant il est banal au début de l’histoire. Notre héros est lâché et rien ne peut plus l’arrêter… Un bon Tardi/Machette se déroulant dans les années 1970.
Arthur Peyremolle
Il y a un peu de Davodeau (en moins revendicatif) et de Rabaté (en moins méchant, moins corrosif envers les petites gens) dans cette série. Mais les aventures de monsieur Peyremolle, vieux bonhomme vivant dans une routine incroyable au fond de sa cambrousse se laissent lire, le sourire aux lèvres. Sa façon d’être imperméable à la réalité et aux moqueries en fait un personnage haut en couleurs. Si Arthur Peyremolle, vieux paysan vendant trois haricots et deux champignons les jours de marché est presque caricatural, ce n’est pas forcément de lui que se moquent les auteurs. En effet, dans le premier tome, notre bonhomme gagne à un jeu télévisé un tracteur, mais ce sont bien les animateurs eux-mêmes, et les médias qui sont ici moqués, ainsi que la versatilité des gens, prompts à louer le pauvre type pourtant critiqué avant qu’il ne devienne célèbre. Idem pour le second tome, où tout le village se sent pousser des ailes après la découverte d’une pierre préhistorique. Que ce soit avec le jeu télévisé du premier tome, ou l’ouverture d’un fumeux parc préhistorique dans le second, Peyremolle n’est en fait que le révélateur des petites bassesses. Rien de transcendant, mais une lecture agréable, le sourire aux lèvres, avec un dessin simple mais fluide.