Les derniers avis (18 avis)

Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Je pense que j'en aurai pas
Je pense que j'en aurai pas

Catherine Gauthier a 37 ans. Elle n'a pas d'enfants et n'en aura sans doute jamais. Ce n'est ni tout à fait un choix, ni complètement un hasard : c'est simplement ainsi. De là naît sa réflexion sur la pression sociale poussant les femmes à devenir mères, et sur la place d'une femme sans enfant dans la société. Ce roman graphique, profondément introspectif, aborde la condition féminine avec sensibilité. L'autrice illustre son propos à travers des dessins hyperréalistes d'une grande finesse, parfois si précis qu'on les croirait photographiques, notamment dans le rendu des yeux, des lèvres ou des cheveux. Même si la narration repose surtout sur une voix off, les images soutiennent efficacement le récit, donnant à l'ensemble la cohérence d'une véritable bande dessinée plutôt que celle d'un simple livre illustré. La réflexion n'a rien de neuf. J'ai déjà croisé d'autres œuvres traitant du même sujet, sans me souvenir lesquelles. L'album explore les questions classiques de la maternité refusée ou manquée, du regard social, et de la culpabilité qui en découle. Le cas de l'autrice a ceci de particulier qu'elle n'a jamais vraiment décidé de ne pas avoir d'enfant : l'occasion ne s'est simplement pas présentée. Au fil de ses pensées, elle dresse aussi le portrait de plusieurs femmes sans enfants, chacune avec son propre rapport à ce choix ou à ce non-choix, entre regrets et motivations. L'album ne cherche pas à délivrer de message ni à trancher. Il évoque surtout le doute, la complexité des émotions et la pression, souvent silencieuse, que la société exerce sur celles qui ne deviennent pas mères. Intéressant et sincère, mais j'aurais aimé une réflexion plus approfondie et des pistes plus riches à explorer.

04/11/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Batman - Gotham by Gaslight 1893
Batman - Gotham by Gaslight 1893

2.5 Gotham by Gaslight est un des DC Elseworlds (c'est à dire des histoires se passant dans des univers alternatifs où tout peut arriver) les plus connus et maintenant il y a une suite... avec de nouveaux auteurs alors que bon tant qu'à faire une suite pourquoi avec au moins le scénariste original ? Il faut dire aussi que le récit original ne m'a pas trop marqué, mais j'étais tout de même un peu curieux de voir ce que donnait la suite. On ressent l'influence des vieux pulps (notamment Lovecraft) dans le scénario et je dois dire que je ne sais pas trop quoi penser du récit. Il faut dire qu'il y a plusieurs intrigues parallèles qui donnent un récit un peu décousu. On retrouve un défaut récurrent de ce type de récits: j'ai l'impression qu'on veut mettre autant de personnages possible parce qu'en plus d'avoir des personnages tirés de Batman, il y en a aussi de Superman et il y a Wonder Woman, le premier Green Lantern et sans doute d'autres que je ne connais pas... Ça peut être amusant pour certains de voir les versions du 19ème siècle des personnages de DC Comics, mais j'aimerais bien que ça soit utilisé de façon un peu plus pertinente. Le scénario en lui-même se laisse lire, mais ne m'a pas passionné et je ne pense pas lire la suite. Le dessin est correct, mais ce genre de style me laisse indifférent.

04/11/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Dernier Cathare
Le Dernier Cathare

Une série sympathique, qui utilise assez bien le riche contexte historique de l’Europe du XIIIème siècle (accessoirement une des périodes qui m’intéressent le plus). La remise en cause « par la base » des comportements et préceptes ecclésiastiques, avec la Cathares (qui ne sont pas les premiers à le faire, et on peut trouver une filiation entre les Cathares et le premier protestantisme de Luther), la volonté du roi de France et de certains seigneurs du nord du royaume d’étendre leurs possessions (avec la bataille de Muret comme point d’orgue), voilà qui donne immanquablement à tout récit se situant dans cette première moitié du XIIIème siècle matière à actions. A ce contexte bien exploité – jusqu’aux buchers de Montségur, Delalande a ajouté comme fil conducteur des personnages inventés, comme le héros, troubadour ballotté par les évènements, impliqué à son corps défendant dans une affaire qui le dépasse (deux premiers tomes), pour ensuite – après un hiatus de plusieurs années et dans un second temps/cycle de deux tomes – devenir prédicateur Parfait, ayant rejoint l’hérésie cathare. Globalement ça se laisse lire agréablement. D’abord parce que le contexte m’intéresse et qu’il est plutôt bien retranscrit/utilisé. Ensuite par ce que le dessin de Lambert – parfois un peu statique, se révèle, dans un style réaliste très classique, vraiment bon, et agréable à l’œil. Les décors en particulier sont plutôt chouettes. Par contre, petit bémol, la narration est parfois un peu trop alourdie par un texte trop abondant. Note réelle 3,5/5.

03/11/2025 (modifier)
Couverture de la série Leviathan (Jens Harder)
Leviathan (Jens Harder)

Jens Harder est un auteur qui m’a bluffé à plusieurs reprises. Avec son Gilgamesh (Harder), mais surtout avec sa série Alpha... directions / Beta... civilisations/Gamma... visions. Je suis donc a priori intéressé par tout ce qu’il peut publier. Ce « Leviathan » est clairement moins ambitieux que les séries précédentes, sur le fond et sur la forme. Mais ça reste quand même un album original et captivant, en tout cas j’y ai trouvé mon compte. Entièrement muette (seul quelques textes en tête de chapitres accompagnent ce récit), cette histoire mélange les genres et les influences. La Bible, la littérature (« Moby Dick en tête), les illustrations et légendes médiévales sont convoquées pour donner vie à ce qui peut surgir des fonds marins, ces forces que l’homme ne dominera jamais, qu’il a même parfois du mal à représenter, à imaginer. Les baleines en tête, mais les forces de la nature ont ici le dessus sur l’homme (le Titanic rejoint au fond des mers le cadavre d’une baleine géante). Le récit est parfois difficile à suivre, certaines transitions ne sont pas forcément très claires. Mais globalement cette lecture – rapide au demeurant – se révèle plaisante, avec une certaine poésie, un souffle épique, que le dessin d’Harder accompagne agréablement. Je pense qu’on apprécie mieux cet album en introduction de l’œuvre de Harder, « Gilgamesh » ou « Alpha/Beta/Gamma » étant clairement d’un autre calibre (mais elles lui sont aussi postérieures). Du coup, moi qui ai lu ces séries avant ce « Leviathan », je reste légèrement sur ma faim en comparaison. Mais ça reste un album à redécouvrir quand même.

03/11/2025 (modifier)
Couverture de la série Epuisé
Epuisé

Joe Matt est un auteur original, intrigant, qui développe une œuvre autobiographique sans concession avec lui-même. Cette « transparence » peut parfois troubler, surtout quand – comme c’est le cas ici – il étale ad nauseam les troubles obsessionnels de son personnage, a priori pas franchement empathique. En effet, Joe est dominé par des névroses, une addiction au porno – tendance fétichiste et quelque peu trash -, addiction qui frôle le grotesque, comme ne cessent de lui rappeler ses copains – les auteurs Seth et Chester Brown (qui semblent être les seuls à supporter ce gros loser – même s’ils ne cessent aussi de la critiquer pour son comportement). J’imagine (ou espère ?) que Joe Matt grossit ici certains traits, voire qu’il invente en partie, puisque cette obsession ne fait pas partie de la courte biographie (pourtant pas exempte d'autodérision) présentée en fin de volume par l’éditeur. Car Matt, en plus de son addiction au porno, se révèle aussi quelqu’un de d'extrêmement névrosé (voir toutes ses angoisses avec ses colocataires, autour de la brosse à dents, des toilettes, etc.) et de radin – y compris lorsqu’il est avec ses copains. Je suis toujours étonné de voir à quel point certains auteurs peuvent livrer d’eux une image peu ragoûtante, voire repoussante. Cet album est dans la lignée de ses précédents opus. L’œuvre est intéressante, même si le personnage (je parle de personnage tant je crois que l’avatar présenté ici diffère quand même un peu du modèle) ne gagne a priori pas à être côtoyer. Son côté asocial (on comprends qu’il peine à nouer et consolider une relation amoureuse stable par exemple) a des aspects pathétiques. Le dessin est, comme à l’accoutumée, simple et efficace, renforçant toutefois le côté froid, voire glaçant, du Joe Matt présenté ici. Etonnant, intéressant, un peu lassant quand même au bout d’un moment. Note réelle 2,5/5.

03/11/2025 (modifier)
Par pol
Note: 3/5
Couverture de la série 1949
1949

1949, l'inspectrice Blank mène l'enquête sur des crimes mystérieux, et elle arrive à démasquer les coupables là où les autres enquêteurs se sont cassés les dents. Il faut dire qu'elle est bien aidée par les visions qu'elle a la nuit, dans ses rêves, et qui lui donnent un coup d'avance sur les meurtriers. Cette histoire est un vrai polar noir qui flirte bon avec la science-fiction. Car oui les rêves de notre inspectrice n'en sont pas tout à fait. Il s'agit plutôt de coups de pouce donnés par... elle même 200 ans plus tard. Notre inspectrice fait parti du département des enquêtes historiques, ce qui lui permet de passer des infos à elle-même dans le passé. Si le mélange polar - SF est souvent bancal, ce n'est pas du tout le cas ici. Le mix fonctionne très bien. Le scénario est découpé en chapitres qui alternent 1949 avec les rêves / le futur. L'enquête en elle se tient très bien, il y a juste ce qu'il faut de suspens et de mystères. Le personnage de l'enquêtrice est crédible tant dans son caractère déterminée que dans son comportement et ses réactions. Le dessin en noir est blanc est également très bon, et l'idée maligne est d'avoir mis en couleur les passages futuristes. Si bien qu'il n'y a jamais de confusions entre rêves et réalité. De manière plutôt intelligente l'apport des éléments venus du futur reste modéré, le travail n'est pas gagné d'avance pour notre héroïne qui a quand même du pain sur la planche. Tout ça offre une enquête qui se tient bien du début à la fin. Le final ne sort pas du lot, mais il est tout de même totalement satisfaisant et il apporte toutes les réponses attendues. Un bon polar, avec juste ce qu'il faut d’originalité.

03/11/2025 (modifier)
Couverture de la série Macbeth (Brizzi)
Macbeth (Brizzi)

Belle adaptation en images du drame de Shakespeare. Ambition, traîtrise, ambiance médiévale et sorcières fatales, ... tout est prêt pour que les forces du mal se déchaînent dans un surprenant gris crayonné, parfois rehaussé de rouge sang. La BD se prête formidablement à toutes sortes d'adaptations littéraires, une belle façon de dépoussiérer quelques œuvres et de les replacer sur le dessus de la pile. On a pu ainsi (re-)découvrir L'étranger de Camus ou La route de Cormac McCarthy, pour n'en citer que quelques uns parmi les œuvres les plus grandes et les BD les plus récentes. Voici un autre monument de la littérature transcrit en images : le Macbeth de Lord William Shakespeare. Et ce sont deux jumeaux qui s'y collent : les frères Brizzi, Paul et Gaëtan, formés aux Arts Déco et dans les studios Disney, grands faiseurs d'adaptations diverses comme celles de Boris Vian, Cervantès ou même Dante. Faut-il présenter Lord Macbeth ? Ce prince écossais qui fut poussé au meurtre de son roi par son épouse (Lady Macbeth), son ambition et les prophéties de quelques sorcières fatales. Après leur forfaiture, le couple régicide va se retrouver en proie à de sinistres hallucinations et Lady Macbeth mettra elle-même fin à ses jours. Quant à Lord Macbeth ... Les frères Brizzi restent fidèles à la trame du récit de Shakespeare. Les paysages sombres d'Écosse, l'époque médiévale, les prédictions ésotériques des sorcières, ... tout cela était fait pour les inspirer. Je les cite : là où Shakespeare « par le biais d'une prose oratoire magnifique, exprime leurs tourments intérieurs, c'est par le dessin et la lumière que nous avons voulu le traiter et le transmettre ». Côté graphique, les jumeaux restent dans la suite de Dante ou de Cervantès avec ce gris crayonné, surprenant de prime abord, mais qui donne toute sa démesure dans les ambiances lugubres des châteaux écossais. La verticalité des somptueuses doubles pages nous donnent l'impression de pénétrer dans une cathédrale où se déploient les hallucinations de Macbeth rehaussées de rouge sang. On regrette juste que le format court d'un album ne laisse que le temps de "résumer" toute la richesse d'une pièce de théâtre aussi complexe où se sont invitées les forces du mal.

03/11/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 3/5
Couverture de la série Le Tintoret - Un rebelle à Venise
Le Tintoret - Un rebelle à Venise

Une biographie sur Jacopo Robusti, dit Le Tintoret, peintre vénitien de la Renaissance italienne. Un peintre influent à la rapidité d'exécution et à l'audace reconnues, il était aussi connu pour son fort caractère fougeux, d'où ses surnoms : "Le Furieux" et "Le Terrible". C'est aussi un homme ambitieux, une ambition qui a vu le jour après s'être fait exclure de l'atelier du plus célèbre peintre de Venise, le Titien. On ne sait pas exactement la cause de son renvoi après moins d'une semaine d'apprentissage, plusieurs raisons sont évoquées, Alberto Bonanni est partie sur celle de voir un concurrent faire de l'ombre au Titien. D'ailleurs, celui-ci aurait tenté toute sa vie de mettre des bâtons dans les roues du Tintoret. Une biographie qui prend certaines libertés assumées avec la relation entre les deux peintres, elle commence en 1531 avec la jeunesse du Tintoret dans la tannerie de son père, pour se terminer en 1586 avec la reconnaissance de sa virtuosité. Une narration linéaire avec des sauts temporels qui s'arrêtent sur certaines des années importantes qui auront marqué le Tintoret. Par contre, elle n'approfondit pas assez sa vie personnelle, rien sur sa fille illégitime qui sera une portraitiste de talent. Une lecture intéressante et instructive sur ce maître du Maniérisme. Quoi de mieux qu'un format à l'italienne pour retracer le parcours du Tintoret. Matteo Bellisario s'occupe du prologue (images dans la galerie) et de l'épilogue, Gianmarco Veronesi des chapitres 1 à 4. Deux styles graphiques qui se ressemblent, lisibilité et soin apporté aux décors en sont les points forts. J'ai aimé le choix des couleurs, elles apportent un plus pour se plonger dans cette période historique. Un dossier en fin d'album qui revient sur certaines planches pour apporter des explications supplémentaires au récit. Très instructif. Un lecture recommandable.

02/11/2025 (modifier)
Couverture de la série Gotham City - Année un
Gotham City - Année un

Avec Gotham City – Année un, Tom King replonge dans le passé de Gotham pour raconter comment la ville est devenue ce qu’elle est. On suit Slam Bradley, un détective privé pris dans une affaire d’enlèvement qui va révéler les racines du mal de Gotham, bien avant Batman. L’histoire prend la forme d’un polar noir très classique, à l’ambiance poisseuse et au ton désabusé. L’écriture est soignée, les dialogues sont bons, et on sent toute la maîtrise de Tom King dans la construction du mystère. Les dessins anguleux de Phil Hester renforcent parfaitement cette atmosphère sombre et rétro. Cependant, le rythme est assez lent, parfois trop, et l’absence totale d’action risque d’en frustrer plus d’un, surtout les fans de Batman qui s’attendent à un minimum de mouvement ou de présence du Chevalier Noir. Le récit privilégie l’ambiance et la tragédie à l’efficacité, ce qui rend la lecture intéressante mais un peu monotone sur la durée. Malgré ça, Gotham City – Année un reste un bon polar, bien écrit et bien dessiné, qui apporte une vision originale sur les origines de la ville. Mais il faut savoir dans quoi on met les pieds : ce n’est pas une histoire de super-héros, c’est un drame noir, lent et amer.

02/11/2025 (modifier)
Par Vaudou
Note: 3/5
Couverture de la série Les Technopères
Les Technopères

Au début j'ai pris Les Technopères pour une série jumelle de la caste des metabarons mais destinée à un public plus jeune (le jeu vidéo joue un rôle annexe). On retrouve un pan de l'univers de l'incal (la secte techno techno ici) ainsi que des boucles narratives similaires. Dans les six premiers tomes, on retrouve le même agencement : - une introduction dans le présent avec le personnage principal - un flashback sur un épisode majeur pour ce même personnage - un flashback sur les aventures vécues par sa famille en parallèle - une conclusion avec retour au présent qui sert à introduire le volume suivant. Cette répétition ne m'a jamais dérangé, on suit les aventures de tout ce monde avec curiosité grâce à l'imagination fertile de Jodo. Le dessin de Janjetov correspond bien au ton du récit mais soyons honnêtes, la couleur numérique n'arrive pas à la cheville du dessin de Gimenez. Le travail pour dépeindre les nombreux protagonistes et paysages de cette saga est un peu aléatoire, certains sont assez moches. Je pensais mettre 4/5 à cette série mais les deux derniers tomes, surtout le dernier qui est affligeant, ne sont pas au même niveau que le reste. On a une conclusion digne du sketch des inconnus, "une totale liberté de pensée cosmique vers un nouvel âge reminiscent". Ça fait mal car j'adore Jodo mais la fin est clairement bâclée. Un point de moins. C'est une oeuvre de milieu de tableau dans l'univers de Jodorowsky.

02/11/2025 (modifier)