Randy Shilts est une sorte de lanceur d'alerte. Mais un lanceur d'alerte qui aurait utilisé une "fake news " pour parvenir à ses fins, c'est à dire faire prendre conscience à la communauté homosexuelle - et plus largement aux Américains - qu'une maladie nouvelle les menace : le SIDA ( même si à l'époque c'est l'expression maladroite et franchement stigmatisante "cancer gay" qui est utilisée).
Sujet et récit sont intéressants a priori. Mais la narration est un peu minimaliste, et le dessin moyen - même si très lisible. Et j'aurais bien aimé voir plus développés certains sujets : La communauté homosexuelle de San Francisco, ou L'arrière-plan politique aux États-Unis (on est en pleine période ultra-libérale reaganienne).
Le personnage même de Randy Shilts, journaliste gay en vue, est ambivalent. En effet, la façon qu'il a eu de jeter en pâture - en modifiant la réalité - le canadien "patient zéro " est plus que discutable (voir scandaleuse).
Mais cette lecture m'a intéressé et appris des choses, donc cela compense les quelques regrets évoqués plus haut.
Alexandre est de ces personnages historiques dont le destin et les actions ont depuis longtemps enflammé l'imagination.
Le titre de la série est ambitieux, puisqu'il était envisagé de retracer toute sa vie et ses conquêtes énormes. Le lexique et la carte en fin d'album confirme cette ambition exhaustive. Au passage, la carte est intéressante, mais j'aurais bien vue le lexique (termes techniques ou noms de personnages historiques) plutôt placé au fur et à mesure en bas des pages concernées.
Le dessin est agréable, et pas mal d'intrigues secondaires (rancunes familiales, complots de cours, chasse au trésor, ambitions et jalousies diverses) dynamisent le récit.
En tout cas ce tome introductif est dense et fait plus que planter le décor. Je l'ai lu avec plaisir.
Plusieurs choses m'ont toutefois gêné et/ou frustré.
D'abord plusieurs personnages (et il y en a beaucoup !) Se ressemblent trop.
Ensuite et surtout la série semble avoir été abandonnée, laissant en plan les lecteurs alors qu'Alexandre vient à peine de succéder à son père, et qu'il n'a pas encore quitté la grande Grèce pour se lancer à l'assaut de la Perse. L'épopée promise par le titre n'en est donc qu'à ses balbutiements hélas.
C'est dommage que cette série ambitieuse n'ait pas tenu ses promesses, car le sujet m'intéressait fortement.
Un album à emprunter à l'occasion...
Un récit relativement classique sur la forme, dans l'univers des légendes arthuriennes.
Ça se laisse lire aisément, la narration ne s'écarte jamais du fil rouge (j'aurais justement sans doute apprécié de voir l'intrigue plus étoffée). Avec peut-être un Merlin plus noir et ambivalent que dans la plupart des récits situés dans cet univers.
Le dessin est moderne, un peu inégal. Mais la colorisation, qui joue très bien des ombres, des brumes et d'un halo de mystère est vraiment réussie, et donne un rendu qui m'a bien plu.
Un sujet sensible et déjà pas mal évoqué : la rafle du Vélo d'Hiv durant l'été 1942.
Le choix narratif est relativement original. En effet, nous suivons en parallèle/alternance deux histoires, liées dans le temps.
D'abord le destin d'une gamine juive, Sarah, raflée avec sa famille. Puis l'histoire d'une journaliste américaine, Julia, qui, 70 ans plus tard, emménage dans l'ancien appartement de Sarah. Par hasard elle enquête sur la rafle du Vel d'hiver, et, de fil en aiguille, elle apprend le destin de Sarah, découvre qu'elle a peut-être survécu à la rafle, et veut ensuite la retrouver.
Le sujet est sensible, et le rôle central de la police de Vichy est mis en avant (ils sont les seuls à incarner la répression dans la période Sarah, et l'enquête de Julia insiste sur le fait - véridique - que Vichy (en l'occurrence Laval) a fait pression sur les Nazis pour que les enfants soient ajoutés aux adultes déportés).
Mais, si ça se laisse lire, il y a quand même quelques facilités scénaristiques (dans les deux périodes), et les dialogues ne sont pas folichons.
Et je n'ai pas été convaincu par le choix de représenter les policiers français par des géants peu réalistes et noirs, comme des spectres.
Un dyptique pulp, dans la veine des romans policiers de Boris Vian.Une intrigue très foutraque comme le laisse entrevoir les couvertures.
Mais j'aime bien ce vaudeville de barbouzes qui sort cette BD du lot. Le trait est particulier, on voit des tronches à la façon de Foerster, des séquences façon Blain, des plans inhabituels le temps d'une case.
En fait, sur de donner une note, le mieux est de la lire pour se faire sa propre idée.
Les histoires sont bien ancrées dans le Japon médiéval, les mentalités justement traitées. Il y a des duels bien tranchants, des dilemmes de samouraïs sur l'honneur et la loyauté. Bref pour ceux qui apprécient les chambara, on est en terrain connu et le cahier des charges respecté.
Et puis les mises en page évoquent parfaitement les étampes de l'époque d'Hokusai.
Bref, beaucoup de bon à première vue. Mais à la lecture, cela paraît un peu factice, l'empathie pour les protagonistes n'éclot pas. Le dessin me fait penser à celui de Blain mais plus brouillon. Le choix des proportions est souvent étrange et les séances épiques sont tellement hachées qu'elles sont sans saveur.
Il faut dire qu'il y a de la concurrence entre Okko, Lone Wolf & Cub, voire Le Tengû Carré.
---------
MàJ après lecture du tome 4: celui-ci tape dans mon estime. Le brave Shitate Ya se retrouve dans de beaux draps en essayant de rétablir la paix, une reprise du conte du petit tailleur dans un monde guerrier semi-fantastique méprisant les petites gens. Enfin des personnages incarnés, de la symbolique claire, un message universel.
On sent un parfum de film de Kurosawa, alternant humour, humanisme et aventure. Un bel album qui rattrape la série, qui se clot par un épilogue assez étrange façon scène de post-generique.
Ian Kaledine est un riche prince russe du début du 20e siècle. C'est en réalité plutôt un cosaque qui ambitionne de livrer des armes à l'armée rebelle de son père, opposée au tsar. Du moins, c'est le scénario du seul premier tome, car dès le deuxième, la série prend une tournure de science-fiction qui n’a quasiment plus rien à voir avec cette histoire de prince rebelle.
Hormis une histoire courte lue il y a longtemps dans Tintin (que je n’ai d’ailleurs pas retrouvée en album), j’ai lu récemment l’intégrale de la série en albums, et mon ressenti est mitigé.
Comme l’histoire courte que j’avais lue intégrait une vraie part de fantastique, j’ai été surpris, à la lecture du premier tome, d’y découvrir un pur récit d’aventure historique. C’est un périple de l’Angleterre à l’Ukraine, en passant par les déserts du Maghreb, avec tous les éléments de l’aventure exotique à l’ancienne. L’intrigue, plutôt adulte, est intéressante malgré quelques clichés. Le trio de héros est sympathique mais très caricatural : le beau et courageux aventurier, la belle journaliste forcément amoureuse, et le copain irlandais bourru.
Dès le tome 2, cependant, la série plonge brusquement dans une pure science-fiction façon pulp, avec une touche rappelant fortement Thorgal, qui paraissait à la même époque. Ce changement de style surprend et intrigue, et tant que l’on reste dans ce seul tome, on est curieux de voir où l’histoire va nous mener. Mais les tomes suivants s’enfoncent dans des récits très manichéens, avec un antagoniste récurrent peu charismatique (l’agaçant Schultz) et des intrigues fouillis dont la seule qualité est d’intégrer des cadres géo-historiques originaux et intéressants.
Ainsi, les dix tomes forment un ensemble très hétéroclite, passant de l’aventure historique à la science-fiction, du fantastique aux complots internationaux, avec parfois des incursions oniriques (tome 5) voire érotiques (tome 10). Les intrigues sont souvent décousues et se suivent sans grande cohérence, ce qui rend la lecture parfois confuse et frustrante.
Graphiquement, le dessin de Ferry est inégal. Il est parfois solide et agréable, notamment sur les décors, mais maladroit sur les proportions ou les visages, et même raté pour les têtes d’animaux, ce qui gêne quand une race entière et un personnage récurrent (Bastet) en possèdent. Au-delà de cela, les couleurs et certains cadrages ont vieilli, mais l’ensemble conserve un charme rétro.
En résumé, la série se lit comme une curiosité, en particulier pour sa transition abrupte entre récit d’aventure et science-fiction. Mais elle manque de cohérence globale et s’essouffle sur la longueur. Je n’ai d'ailleurs jamais accroché au personnage principal, Ian Kaledine. La série s’achève en suspens, avec l’appel à une suite que les auteurs ont choisi de ne pas donner.
Bref, je conseillerais de lire les quatre premiers tomes par curiosité et de s’arrêter là, sur une fin certes dramatique mais qui aurait pu clore correctement la série avant qu’elle ne tourne en rond.
Le principal intérêt de cet album est de m'avoir fait connaître le personnage d'Ernst Hanfstaengl, qui a fait partie du premier cercle d'intimes et de soutiens d'Adolf Hitler. Un de ceux qui l'ont soutenu moralement et financièrement à ses débuts puis qui, peu à peu, s'est trouvé mis à l'écart, supplanté par d'autres personnages comme Goebbels ou Goering. Et qui a finalement fini oublié de tous loin de l'Allemagne.
Intéressant donc, mais pas hyper captivant. Car le personnage en lui-même n'est ni attachant ni charismatique. Il y a même plusieurs aspects pathétiques dans sa personnalité et dans sa destinée.
Et la narration - au demeurant plutôt aérée - n'est pas non plus très dynamique, ce qui freine quelque peu ma notation.
Un petit à côté de l'Histoire à re-découvrir à l'occasion.
Un album qui se laisse lire, qui possède une richesse certaine. Mais je n'ai pas vraiment accroché, et je n'y reviendrai pas.
Il y a beaucoup d'évocation, de symbolique dans ce récit, à commencer par le conte introductif. Des non dits, présentés sous forme de flash-backs, avec un passé douloureux au cours de la seconde guerre mondiale (j'ai par contre eu du mal à saisir ce qui était arrivé au père du héros Paul ?).
Mais les relations entre Paul et Clara, difficiles, chaotiques, m'ont laissé de côté. Je les ai suivies sans enthousiasme.
Je pense que les qualités du récit m'ont échappé, et que ça n'est pas ma came.
Note réelle 2,5/5.
Hubert n'a pas pu finir cette série, mais sa mort n'a pas été dommageable ici, car l'épilogue en fin de second tome - basé sur des discussions entre les deux auteurs - conclut de façon cohérente et plaisante l'histoire. On regrettera surtout toutes les bonnes histoires qu'il ne scénarisera plus.
Ici l'intrigue joue - de façon très simple - sur quelques idées fortes et précieuses : art/artisanat; La notion de chef d'œuvre ; ce que l'on peut/doit sacrifier pour "faire carrière "; La place des femmes dans la société, etc.
La narration est fluide, agréable, et Hubert construit son conte de façon classique, avec quelques passages édifiants - mais pas trop ( comme ces oiseaux et leur chant chassés de Solidor par le talent du héros, pourtant admirateur des volatiles).
Le second tome est plus dense, intrigue et personnages ont plus de consistance.
Une lecture plaisante donc, avec un dessin qui accompagne très bien le sujet.
Note réelle 3,5/5.
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Randy Shilts et la fake news du patient zéro
Randy Shilts est une sorte de lanceur d'alerte. Mais un lanceur d'alerte qui aurait utilisé une "fake news " pour parvenir à ses fins, c'est à dire faire prendre conscience à la communauté homosexuelle - et plus largement aux Américains - qu'une maladie nouvelle les menace : le SIDA ( même si à l'époque c'est l'expression maladroite et franchement stigmatisante "cancer gay" qui est utilisée). Sujet et récit sont intéressants a priori. Mais la narration est un peu minimaliste, et le dessin moyen - même si très lisible. Et j'aurais bien aimé voir plus développés certains sujets : La communauté homosexuelle de San Francisco, ou L'arrière-plan politique aux États-Unis (on est en pleine période ultra-libérale reaganienne). Le personnage même de Randy Shilts, journaliste gay en vue, est ambivalent. En effet, la façon qu'il a eu de jeter en pâture - en modifiant la réalité - le canadien "patient zéro " est plus que discutable (voir scandaleuse). Mais cette lecture m'a intéressé et appris des choses, donc cela compense les quelques regrets évoqués plus haut.
Alexandre - L'épopée
Alexandre est de ces personnages historiques dont le destin et les actions ont depuis longtemps enflammé l'imagination. Le titre de la série est ambitieux, puisqu'il était envisagé de retracer toute sa vie et ses conquêtes énormes. Le lexique et la carte en fin d'album confirme cette ambition exhaustive. Au passage, la carte est intéressante, mais j'aurais bien vue le lexique (termes techniques ou noms de personnages historiques) plutôt placé au fur et à mesure en bas des pages concernées. Le dessin est agréable, et pas mal d'intrigues secondaires (rancunes familiales, complots de cours, chasse au trésor, ambitions et jalousies diverses) dynamisent le récit. En tout cas ce tome introductif est dense et fait plus que planter le décor. Je l'ai lu avec plaisir. Plusieurs choses m'ont toutefois gêné et/ou frustré. D'abord plusieurs personnages (et il y en a beaucoup !) Se ressemblent trop. Ensuite et surtout la série semble avoir été abandonnée, laissant en plan les lecteurs alors qu'Alexandre vient à peine de succéder à son père, et qu'il n'a pas encore quitté la grande Grèce pour se lancer à l'assaut de la Perse. L'épopée promise par le titre n'en est donc qu'à ses balbutiements hélas. C'est dommage que cette série ambitieuse n'ait pas tenu ses promesses, car le sujet m'intéressait fortement. Un album à emprunter à l'occasion...
Nimuë
Un récit relativement classique sur la forme, dans l'univers des légendes arthuriennes. Ça se laisse lire aisément, la narration ne s'écarte jamais du fil rouge (j'aurais justement sans doute apprécié de voir l'intrigue plus étoffée). Avec peut-être un Merlin plus noir et ambivalent que dans la plupart des récits situés dans cet univers. Le dessin est moderne, un peu inégal. Mais la colorisation, qui joue très bien des ombres, des brumes et d'un halo de mystère est vraiment réussie, et donne un rendu qui m'a bien plu.
Elle s'appelait Sarah
Un sujet sensible et déjà pas mal évoqué : la rafle du Vélo d'Hiv durant l'été 1942. Le choix narratif est relativement original. En effet, nous suivons en parallèle/alternance deux histoires, liées dans le temps. D'abord le destin d'une gamine juive, Sarah, raflée avec sa famille. Puis l'histoire d'une journaliste américaine, Julia, qui, 70 ans plus tard, emménage dans l'ancien appartement de Sarah. Par hasard elle enquête sur la rafle du Vel d'hiver, et, de fil en aiguille, elle apprend le destin de Sarah, découvre qu'elle a peut-être survécu à la rafle, et veut ensuite la retrouver. Le sujet est sensible, et le rôle central de la police de Vichy est mis en avant (ils sont les seuls à incarner la répression dans la période Sarah, et l'enquête de Julia insiste sur le fait - véridique - que Vichy (en l'occurrence Laval) a fait pression sur les Nazis pour que les enfants soient ajoutés aux adultes déportés). Mais, si ça se laisse lire, il y a quand même quelques facilités scénaristiques (dans les deux périodes), et les dialogues ne sont pas folichons. Et je n'ai pas été convaincu par le choix de représenter les policiers français par des géants peu réalistes et noirs, comme des spectres.
Les Parques
Un dyptique pulp, dans la veine des romans policiers de Boris Vian.Une intrigue très foutraque comme le laisse entrevoir les couvertures. Mais j'aime bien ce vaudeville de barbouzes qui sort cette BD du lot. Le trait est particulier, on voit des tronches à la façon de Foerster, des séquences façon Blain, des plans inhabituels le temps d'une case. En fait, sur de donner une note, le mieux est de la lire pour se faire sa propre idée.
Les Contes du 7ème Souffle
Les histoires sont bien ancrées dans le Japon médiéval, les mentalités justement traitées. Il y a des duels bien tranchants, des dilemmes de samouraïs sur l'honneur et la loyauté. Bref pour ceux qui apprécient les chambara, on est en terrain connu et le cahier des charges respecté. Et puis les mises en page évoquent parfaitement les étampes de l'époque d'Hokusai. Bref, beaucoup de bon à première vue. Mais à la lecture, cela paraît un peu factice, l'empathie pour les protagonistes n'éclot pas. Le dessin me fait penser à celui de Blain mais plus brouillon. Le choix des proportions est souvent étrange et les séances épiques sont tellement hachées qu'elles sont sans saveur. Il faut dire qu'il y a de la concurrence entre Okko, Lone Wolf & Cub, voire Le Tengû Carré. --------- MàJ après lecture du tome 4: celui-ci tape dans mon estime. Le brave Shitate Ya se retrouve dans de beaux draps en essayant de rétablir la paix, une reprise du conte du petit tailleur dans un monde guerrier semi-fantastique méprisant les petites gens. Enfin des personnages incarnés, de la symbolique claire, un message universel. On sent un parfum de film de Kurosawa, alternant humour, humanisme et aventure. Un bel album qui rattrape la série, qui se clot par un épilogue assez étrange façon scène de post-generique.
Ian Kaledine
Ian Kaledine est un riche prince russe du début du 20e siècle. C'est en réalité plutôt un cosaque qui ambitionne de livrer des armes à l'armée rebelle de son père, opposée au tsar. Du moins, c'est le scénario du seul premier tome, car dès le deuxième, la série prend une tournure de science-fiction qui n’a quasiment plus rien à voir avec cette histoire de prince rebelle. Hormis une histoire courte lue il y a longtemps dans Tintin (que je n’ai d’ailleurs pas retrouvée en album), j’ai lu récemment l’intégrale de la série en albums, et mon ressenti est mitigé. Comme l’histoire courte que j’avais lue intégrait une vraie part de fantastique, j’ai été surpris, à la lecture du premier tome, d’y découvrir un pur récit d’aventure historique. C’est un périple de l’Angleterre à l’Ukraine, en passant par les déserts du Maghreb, avec tous les éléments de l’aventure exotique à l’ancienne. L’intrigue, plutôt adulte, est intéressante malgré quelques clichés. Le trio de héros est sympathique mais très caricatural : le beau et courageux aventurier, la belle journaliste forcément amoureuse, et le copain irlandais bourru. Dès le tome 2, cependant, la série plonge brusquement dans une pure science-fiction façon pulp, avec une touche rappelant fortement Thorgal, qui paraissait à la même époque. Ce changement de style surprend et intrigue, et tant que l’on reste dans ce seul tome, on est curieux de voir où l’histoire va nous mener. Mais les tomes suivants s’enfoncent dans des récits très manichéens, avec un antagoniste récurrent peu charismatique (l’agaçant Schultz) et des intrigues fouillis dont la seule qualité est d’intégrer des cadres géo-historiques originaux et intéressants. Ainsi, les dix tomes forment un ensemble très hétéroclite, passant de l’aventure historique à la science-fiction, du fantastique aux complots internationaux, avec parfois des incursions oniriques (tome 5) voire érotiques (tome 10). Les intrigues sont souvent décousues et se suivent sans grande cohérence, ce qui rend la lecture parfois confuse et frustrante. Graphiquement, le dessin de Ferry est inégal. Il est parfois solide et agréable, notamment sur les décors, mais maladroit sur les proportions ou les visages, et même raté pour les têtes d’animaux, ce qui gêne quand une race entière et un personnage récurrent (Bastet) en possèdent. Au-delà de cela, les couleurs et certains cadrages ont vieilli, mais l’ensemble conserve un charme rétro. En résumé, la série se lit comme une curiosité, en particulier pour sa transition abrupte entre récit d’aventure et science-fiction. Mais elle manque de cohérence globale et s’essouffle sur la longueur. Je n’ai d'ailleurs jamais accroché au personnage principal, Ian Kaledine. La série s’achève en suspens, avec l’appel à une suite que les auteurs ont choisi de ne pas donner. Bref, je conseillerais de lire les quatre premiers tomes par curiosité et de s’arrêter là, sur une fin certes dramatique mais qui aurait pu clore correctement la série avant qu’elle ne tourne en rond.
Putzi
Le principal intérêt de cet album est de m'avoir fait connaître le personnage d'Ernst Hanfstaengl, qui a fait partie du premier cercle d'intimes et de soutiens d'Adolf Hitler. Un de ceux qui l'ont soutenu moralement et financièrement à ses débuts puis qui, peu à peu, s'est trouvé mis à l'écart, supplanté par d'autres personnages comme Goebbels ou Goering. Et qui a finalement fini oublié de tous loin de l'Allemagne. Intéressant donc, mais pas hyper captivant. Car le personnage en lui-même n'est ni attachant ni charismatique. Il y a même plusieurs aspects pathétiques dans sa personnalité et dans sa destinée. Et la narration - au demeurant plutôt aérée - n'est pas non plus très dynamique, ce qui freine quelque peu ma notation. Un petit à côté de l'Histoire à re-découvrir à l'occasion.
Le Rire de l'ogre
Un album qui se laisse lire, qui possède une richesse certaine. Mais je n'ai pas vraiment accroché, et je n'y reviendrai pas. Il y a beaucoup d'évocation, de symbolique dans ce récit, à commencer par le conte introductif. Des non dits, présentés sous forme de flash-backs, avec un passé douloureux au cours de la seconde guerre mondiale (j'ai par contre eu du mal à saisir ce qui était arrivé au père du héros Paul ?). Mais les relations entre Paul et Clara, difficiles, chaotiques, m'ont laissé de côté. Je les ai suivies sans enthousiasme. Je pense que les qualités du récit m'ont échappé, et que ça n'est pas ma came. Note réelle 2,5/5.
Le Boiseleur
Hubert n'a pas pu finir cette série, mais sa mort n'a pas été dommageable ici, car l'épilogue en fin de second tome - basé sur des discussions entre les deux auteurs - conclut de façon cohérente et plaisante l'histoire. On regrettera surtout toutes les bonnes histoires qu'il ne scénarisera plus. Ici l'intrigue joue - de façon très simple - sur quelques idées fortes et précieuses : art/artisanat; La notion de chef d'œuvre ; ce que l'on peut/doit sacrifier pour "faire carrière "; La place des femmes dans la société, etc. La narration est fluide, agréable, et Hubert construit son conte de façon classique, avec quelques passages édifiants - mais pas trop ( comme ces oiseaux et leur chant chassés de Solidor par le talent du héros, pourtant admirateur des volatiles). Le second tome est plus dense, intrigue et personnages ont plus de consistance. Une lecture plaisante donc, avec un dessin qui accompagne très bien le sujet. Note réelle 3,5/5.