L'adaptation du roman de Kafka par Bargain Sakuraichi, pseudonyme du mangaka Toshifumi Sakurai qui a fait deux séries que j'adore.
On reconnait bien la patte de l'auteur avec à la fois son dessin si personnel et aussi avec son humour. Parce que c'est vraiment une adaptation réinterpréter par un autre artiste et pas seulement une adaptation fidèle qui ne ferait que reprendre point par point ce qui s'est passé dans l'œuvre de base. Au lieu de suivre ce qui arrive à ce pauvre Grégor, on voit surtout la réaction de sa famille et en particulier le père qui est le vrai personnage principal de cet album, Grégor étant relégué en personnage secondaire qui souvent n'apparait pas ou très peu au cours d'un chapitre. L'intrigue tourne surtout autour de ce que doit faire sa famille maintenant que celui qui ramenait l'argent au foyer ne peut plus travailler.
J'avoue que j'étais un peu perplexe parce que je lisais. On retrouve l'humour de l'auteur que j'aime bien, mais je ne pense pas que cela colle vraiment au style particulier de Kafka. Tous les gags autour de la libido du paternel me semble hors de propos, mais il faut dire aussi que je n'ai pas lu le roman depuis très longtemps et que je n'ai que de vague souvenir. Je compare surtout cette adaptation avec d'autres adaptations de Kafka que j'ai lu ou vu et le ton est très différent de ce que j'avais vu jusqu'à présent dans les adaptations de Kafka.
C'est pas trop mal même si certains gags sont un peu lourds. Une curiosité à lire en tout cas.
Un récit qui présente Klimt par un petit bout de sa vie, presque de l'anecdote et mélangeant des bouts de rêves d'anciens peuples babyloniens. On y découvre un homme à femmes, d'apparence hirsute, et qui réalise des toiles d'un nouveau genre, de l'art nouveau même. Le dossier en fin d'album est intéressant pour en apprendre plus de cet artiste viennois qui fut reconnu et célèbre de son vivant puis n'a été "redécouvert" que plusieurs dizaines d'années après sa mort. Je n'avais par exemple jamais entendu parler du courant de la Sécession au début du XXème siècle ou de la revue Ver Sacrum (printemps sacré). La couverture dorée fort jolie fait écho à l'art même de Klimt et de son oeuvre Portrait d'Adele Bloch-Bauer, la femme d'un riche mécène de l'artiste.
Un one-shot qui marche bien, je m'attendais à quelque chose sans grande surprise, un peu froid vu le dessin, mais c'est bien exécuté. On est dans un monde futuriste, la société est clivée en plusieurs zones sociales (on retrouve encore cela dans Chien 51 récemment adapté au cinéma). Toutes les plantes sont bannies car elles ont provoqué une catastrophe dans le passé et un peu comme dans Fahrenheit 451 des brigades sont chargées d'éliminer tout ce qui n'est pas dans la doxa. L'héroïne en fait partie et subrepticement décide contrairement à son devoir de conserver des graines de tomates et de faire pousser ça dans une pièce, en cachette de son mari. Mais aussi elle doit se procurer de l'eau qui est rationnée et surveillée. Une dystopie qui ne révolutionne pas le genre mais une bonne lecture.
Cet album de Kago contient plusieurs courtes histoires de quelques pages, à la frontière de plusieurs genres car il y a de l'humour et de l'absurde, de l'érotique et du scato, un peu de gore mais pas ce qu'il a fait de pire dans le genre. A réserver à un public averti néanmoins, la couverture montrant une des histoires qui est loin d'être la plus trash. On a par exemple un homme dont les problèmes de dents sont liés à l'état des buildings de la ville, en lien avec le titre. Mais d'autres ne sont pas forcément dans cette thématique, comme cette enfant qui utilise beaucoup de papier toilette, et sa mère cherche à savoir pourquoi, avec de bons gros plans je vous passe les détails. Voilà un auteur atypique que j'aime bien et son dessin est très soigné.
Au fil des albums, Jung poursuit sa quête d’identité, mais aussi propose à son lectorat de découvrir certains aspects de la société coréenne, en particulier, puisque ça a été au cœur de son expérience personnelle, les nombreuses adoptions « forcées », en tout cas pas vraiment choisies par les mères.
Ici, c’est encore un récit en partie autobiographique, mais qui est construit autour d’une jeune Coréenne, avec laquelle il est entré en contact après que celle-ci ait découvert une de ses BD : tombée enceinte – le « père » l’ayant abandonnée, cette femme, « Joy », est victime des lourds carcans de la société coréenne. « Fille perdue », ses études – et sa vie sociale – mises entre parenthèse, elle peine à supporter seule la violence des injonctions sociales, alors qu’aucune aide de l’État ne peut alléger son fardeau, des institutions ayant pignon sur rue la poussant même à abandonner son enfant pour qu’il soit adopté.
Les questionnements habituels de Jung s’entremêlent à l’histoire de Joy, jusqu’aux brèves retrouvailles finales. Jung parvient à dresser le portrait de Joy, tout en dressant celui – plus sombre – d’une société hypocrite et sexiste, dans laquelle les femmes ne bénéficient clairement pas des mêmes droits que les hommes (cela ressemble pas mal à ce que nous avons pu connaître en France jusqu’aux années 1960/1970).
La narration est fluide. Ceci est accentué par le dessin, toujours aussi agréable – dessin assez simplifié au niveau des décors, souvent absent, tout se concentrant sur les personnages.
Une lecture intéressante.
J’ai lu le premier tome de ce recueil d’histoires courtes (de deux à trois pages), qui nous propose une sorte d’encyclopédie historique, en présentant quelques moments fort de l’Histoire de l’humanité, quelques inventions plus ou moins célèbres et essentielles.
Libon joue sur de petits décalages, un peu d’absurde et de loufoque, pour une Histoire des connaissances qui ne se prend bien évidemment jamais au sérieux. De l’approximation volontairement fragile pour présenter des inventions prétendument majeures.
D’autres ont déjà balisé ce terrain comme Gotlib (dans ses Rubrique-à-Brac entre autres) ou Goscinny (avec ce même Gotlib dans Les Dingodossiers ou avec Martial dans Les Divagations de Mr Sait-Tout) ou, dans un autre registre, Katia Even dans Le Petit derrière de l'Histoire.
Libon joue sur un style clairement moins efficace et percutant que Goscinny et Gotlib (et aussi moins réussi et drôle, en tout cas plus inégal je trouve), alors même que son dessin, qui se prête bien aux strips, n’est a priori pas ma tasse de thé. Malgré un langage parfois familier ça semble partir vers le trashouille, ça reste généralement assez soft, et l’humour proposé ne m’a pas toujours convaincu.
Une petite lecture d’emprunt.
2.5
La scénariste raconte son périple dans des pays africains pour voir les résultats de l'ambitieux projet de la grande muraille verte, une initiative pour combattre le réchauffement climatique et la désertification.
Je ne savais rien sur ce projet et je trouvais cela intéressant de le découvrir, mais malheureusement ce n'est pas raconté de manière passionnante. La narration manque de fluidité et le dessin n'est pas dynamique, deux qualités qui me semblent essentielles dans un documentaire qui contient autant d'informations. D'ailleurs, on apprend tellement de choses que j'ai un peu peur d'en avoir oublié la moitié, lorsqu'une nouvelle information rentrait dans ma tête, une autre en sortait !
Le pire selon moi est qu'il y a beaucoup de textes en dehors des cases. Ça me rappelait les débuts de la bande dessinée française lorsque les bulles n'existaient pas et qu'on avait droit à du texte narratif en-dessous des images. J'ai toujours trouvé ce procédé indigeste à lire et je ne vais pas changer d'idée maintenant. Il y a des séquences d'art séquentiel, mais aussi d'autres où le dessin est pratiquement facultatif au point où faire un bouquin aurait été mieux.
En gros, l'album parle d'un projet important, mais c'est pas raconté de manière captivante.
L’argentin Ignacio Noé a développé une œuvre un peu inégale, mais globalement intéressante et originale, que ce soit pour les scénarios et pour le dessin de ses séries « érotiques » (voire pornographiques).
Cette série est l’une de ses meilleures du genre, avec Exposition.
D’abord parce que son dessin, au trait semi caricatural, est vraiment chouette. Agréable – que ce soit en général ou pour les scènes de sexe – et surtout qui accompagne très bien le ton insufflé par Noé à ses petites histoires.
On est en effet là dans la gaudriole caricaturale, qui joue sur un certain humour pour dépasser la simple fornication. La plupart des histoires sont bâties sur un canevas identique – qui varie bien sûr dans les détails.
A savoir notre « accordeur » appelé à la rescousse pour « soigner » un ou des pianos, puis une ou des scènes orgiaques, présentées sur le ton de l’exagération (bruits surjoués, positions, « vitesse d’exécution » elles aussi surjouées, et enfin une petite chute amusante. Si le deuxième tome montre un certain essoufflement (j’ai préféré le premier), l’ensemble est agréable à lire, souvent amusant dans sa conclusion, absurde ou décalée, notre accordeur décampant souvent sans avoir vraiment « accordé » quoi que ce soit – si ce n’est moult caresses et dons de sperme.
Les amateurs de l’auteur apprécieront sans doute ces deux tomes.
A noter que les éditions Dynamite viennent de sortir une belle intégrale, reprenant, outre les tomes de « L’accordeur », les albums La Diète (Illusions coquines), Exposition, Le Couvent infernal, le tout agrémenté de trois histoires courtes inédites d’une dizaine de pages chacune, une sorte d’intégrale de l’œuvre érotique de l’auteur.
Note réelle 3,5/5.
Une intrigue assez riche, mais ma lecture a quand même été un peu laborieuse, ce qui a influé sur mon ressenti, et ma note in fine.
Le dessin possède de réelles qualités, mais il n’est pas vraiment ma came, et de plus, j’ai trouvé plusieurs cases difficiles à déchiffrer (lors de combats, mais pas seulement).
Quant à l’histoire proprement dite, elle est relativement ambitieuse. Dans un univers post-apocalypse, alors que l’humanité a quasiment disparu, un dernier être « humain » se débat pour survivre, chaperonné par une femme IA, puis par des robots serviteurs, ravis de retrouver un maître à suivre, comme ils ont été programmés pour le faire. Car celui-ci est traqué par le système, dont les drones multiplient les attaques.
Hélas, comme pour le dessin, l’intrigue n’est pas toujours très claire à suivre. Certains détails m’ont échappé, et j’ai parfois dû accepter de suivre certains passages en apnée, avant de me raccrocher ensuite à l’intrigue générale. L’alternance entre flash-backs et « présent » accentue aussi ces difficultés de lecture.
Bref, une histoire dont les qualités intrinsèques n’ont pas toujours suffi à effacer mes difficultés à bien saisir tous les détails d’une intrigue qui m’a parfois un peu perdu.
Je ne sais pas ce que Combet a mis de lui-même dans ce récit, qui a l’air d’être au moins en partie autobiographique.
L’album est relativement épais, mais il se lit assez vite. D’une part parce que le texte n’est jamais abondant (il y a même pas mal de cases muettes), mais aussi car l’intrigue, sans être inintéressante, n’est pas très étoffée.
La narration use de nombreux flash-backs qui nous font découvrir le héros durant certains passages de son enfance et de son adolescence, la plupart du temps au cours de parties de randonnée/chasse en montagne avec son père et un ami de celui-ci. Passages qui nous permettent de comprendre le « coming in » du héros, Pierre, enfant sensible passionné par la nature, de plus en plus écœuré par les chasses auxquelles son père l’oblige à participer. Mais surtout de plus en plus en porte-à-faux avec les propos virilistes et homophobes de son père, alors même qu’il comprend qu’il est homosexuel : la rupture est inévitable entre eux.
Ces flash-backs alternent avec des périodes « contemporaines » durant lesquelles Pierre traine son mal être et quelques mauvaises expériences, jusqu’à ce que, vers la fin, il commence à faire le point, la paix : la figure du père disparue, la présence d’amis sûrs, lui donnent la force d’aller de l’avant, de retrouver l’inspiration artistique qui le quittait. Nous le quittons rasséréné.
La lecture est plaisante, accompagnée d’un dessin très esthétique, très lumineux. Je n’en suis pas fan a priori. Ça marche davantage pour les très beaux paysages alpestres, moins pour les personnages (affaire de goûts sans doute).
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La métamorphose (Sakuraichi)
L'adaptation du roman de Kafka par Bargain Sakuraichi, pseudonyme du mangaka Toshifumi Sakurai qui a fait deux séries que j'adore. On reconnait bien la patte de l'auteur avec à la fois son dessin si personnel et aussi avec son humour. Parce que c'est vraiment une adaptation réinterpréter par un autre artiste et pas seulement une adaptation fidèle qui ne ferait que reprendre point par point ce qui s'est passé dans l'œuvre de base. Au lieu de suivre ce qui arrive à ce pauvre Grégor, on voit surtout la réaction de sa famille et en particulier le père qui est le vrai personnage principal de cet album, Grégor étant relégué en personnage secondaire qui souvent n'apparait pas ou très peu au cours d'un chapitre. L'intrigue tourne surtout autour de ce que doit faire sa famille maintenant que celui qui ramenait l'argent au foyer ne peut plus travailler. J'avoue que j'étais un peu perplexe parce que je lisais. On retrouve l'humour de l'auteur que j'aime bien, mais je ne pense pas que cela colle vraiment au style particulier de Kafka. Tous les gags autour de la libido du paternel me semble hors de propos, mais il faut dire aussi que je n'ai pas lu le roman depuis très longtemps et que je n'ai que de vague souvenir. Je compare surtout cette adaptation avec d'autres adaptations de Kafka que j'ai lu ou vu et le ton est très différent de ce que j'avais vu jusqu'à présent dans les adaptations de Kafka. C'est pas trop mal même si certains gags sont un peu lourds. Une curiosité à lire en tout cas.
Klimt
Un récit qui présente Klimt par un petit bout de sa vie, presque de l'anecdote et mélangeant des bouts de rêves d'anciens peuples babyloniens. On y découvre un homme à femmes, d'apparence hirsute, et qui réalise des toiles d'un nouveau genre, de l'art nouveau même. Le dossier en fin d'album est intéressant pour en apprendre plus de cet artiste viennois qui fut reconnu et célèbre de son vivant puis n'a été "redécouvert" que plusieurs dizaines d'années après sa mort. Je n'avais par exemple jamais entendu parler du courant de la Sécession au début du XXème siècle ou de la revue Ver Sacrum (printemps sacré). La couverture dorée fort jolie fait écho à l'art même de Klimt et de son oeuvre Portrait d'Adele Bloch-Bauer, la femme d'un riche mécène de l'artiste.
La Tomate
Un one-shot qui marche bien, je m'attendais à quelque chose sans grande surprise, un peu froid vu le dessin, mais c'est bien exécuté. On est dans un monde futuriste, la société est clivée en plusieurs zones sociales (on retrouve encore cela dans Chien 51 récemment adapté au cinéma). Toutes les plantes sont bannies car elles ont provoqué une catastrophe dans le passé et un peu comme dans Fahrenheit 451 des brigades sont chargées d'éliminer tout ce qui n'est pas dans la doxa. L'héroïne en fait partie et subrepticement décide contrairement à son devoir de conserver des graines de tomates et de faire pousser ça dans une pièce, en cachette de son mari. Mais aussi elle doit se procurer de l'eau qui est rationnée et surveillée. Une dystopie qui ne révolutionne pas le genre mais une bonne lecture.
Villes et infrastructure
Cet album de Kago contient plusieurs courtes histoires de quelques pages, à la frontière de plusieurs genres car il y a de l'humour et de l'absurde, de l'érotique et du scato, un peu de gore mais pas ce qu'il a fait de pire dans le genre. A réserver à un public averti néanmoins, la couverture montrant une des histoires qui est loin d'être la plus trash. On a par exemple un homme dont les problèmes de dents sont liés à l'état des buildings de la ville, en lien avec le titre. Mais d'autres ne sont pas forcément dans cette thématique, comme cette enfant qui utilise beaucoup de papier toilette, et sa mère cherche à savoir pourquoi, avec de bons gros plans je vous passe les détails. Voilà un auteur atypique que j'aime bien et son dessin est très soigné.
Destins coréens
Au fil des albums, Jung poursuit sa quête d’identité, mais aussi propose à son lectorat de découvrir certains aspects de la société coréenne, en particulier, puisque ça a été au cœur de son expérience personnelle, les nombreuses adoptions « forcées », en tout cas pas vraiment choisies par les mères. Ici, c’est encore un récit en partie autobiographique, mais qui est construit autour d’une jeune Coréenne, avec laquelle il est entré en contact après que celle-ci ait découvert une de ses BD : tombée enceinte – le « père » l’ayant abandonnée, cette femme, « Joy », est victime des lourds carcans de la société coréenne. « Fille perdue », ses études – et sa vie sociale – mises entre parenthèse, elle peine à supporter seule la violence des injonctions sociales, alors qu’aucune aide de l’État ne peut alléger son fardeau, des institutions ayant pignon sur rue la poussant même à abandonner son enfant pour qu’il soit adopté. Les questionnements habituels de Jung s’entremêlent à l’histoire de Joy, jusqu’aux brèves retrouvailles finales. Jung parvient à dresser le portrait de Joy, tout en dressant celui – plus sombre – d’une société hypocrite et sexiste, dans laquelle les femmes ne bénéficient clairement pas des mêmes droits que les hommes (cela ressemble pas mal à ce que nous avons pu connaître en France jusqu’aux années 1960/1970). La narration est fluide. Ceci est accentué par le dessin, toujours aussi agréable – dessin assez simplifié au niveau des décors, souvent absent, tout se concentrant sur les personnages. Une lecture intéressante.
Un petit pas pour l'homme, un croche-patte pour l'humanité
J’ai lu le premier tome de ce recueil d’histoires courtes (de deux à trois pages), qui nous propose une sorte d’encyclopédie historique, en présentant quelques moments fort de l’Histoire de l’humanité, quelques inventions plus ou moins célèbres et essentielles. Libon joue sur de petits décalages, un peu d’absurde et de loufoque, pour une Histoire des connaissances qui ne se prend bien évidemment jamais au sérieux. De l’approximation volontairement fragile pour présenter des inventions prétendument majeures. D’autres ont déjà balisé ce terrain comme Gotlib (dans ses Rubrique-à-Brac entre autres) ou Goscinny (avec ce même Gotlib dans Les Dingodossiers ou avec Martial dans Les Divagations de Mr Sait-Tout) ou, dans un autre registre, Katia Even dans Le Petit derrière de l'Histoire. Libon joue sur un style clairement moins efficace et percutant que Goscinny et Gotlib (et aussi moins réussi et drôle, en tout cas plus inégal je trouve), alors même que son dessin, qui se prête bien aux strips, n’est a priori pas ma tasse de thé. Malgré un langage parfois familier ça semble partir vers le trashouille, ça reste généralement assez soft, et l’humour proposé ne m’a pas toujours convaincu. Une petite lecture d’emprunt.
Dadji
2.5 La scénariste raconte son périple dans des pays africains pour voir les résultats de l'ambitieux projet de la grande muraille verte, une initiative pour combattre le réchauffement climatique et la désertification. Je ne savais rien sur ce projet et je trouvais cela intéressant de le découvrir, mais malheureusement ce n'est pas raconté de manière passionnante. La narration manque de fluidité et le dessin n'est pas dynamique, deux qualités qui me semblent essentielles dans un documentaire qui contient autant d'informations. D'ailleurs, on apprend tellement de choses que j'ai un peu peur d'en avoir oublié la moitié, lorsqu'une nouvelle information rentrait dans ma tête, une autre en sortait ! Le pire selon moi est qu'il y a beaucoup de textes en dehors des cases. Ça me rappelait les débuts de la bande dessinée française lorsque les bulles n'existaient pas et qu'on avait droit à du texte narratif en-dessous des images. J'ai toujours trouvé ce procédé indigeste à lire et je ne vais pas changer d'idée maintenant. Il y a des séquences d'art séquentiel, mais aussi d'autres où le dessin est pratiquement facultatif au point où faire un bouquin aurait été mieux. En gros, l'album parle d'un projet important, mais c'est pas raconté de manière captivante.
L'Accordeur
L’argentin Ignacio Noé a développé une œuvre un peu inégale, mais globalement intéressante et originale, que ce soit pour les scénarios et pour le dessin de ses séries « érotiques » (voire pornographiques). Cette série est l’une de ses meilleures du genre, avec Exposition. D’abord parce que son dessin, au trait semi caricatural, est vraiment chouette. Agréable – que ce soit en général ou pour les scènes de sexe – et surtout qui accompagne très bien le ton insufflé par Noé à ses petites histoires. On est en effet là dans la gaudriole caricaturale, qui joue sur un certain humour pour dépasser la simple fornication. La plupart des histoires sont bâties sur un canevas identique – qui varie bien sûr dans les détails. A savoir notre « accordeur » appelé à la rescousse pour « soigner » un ou des pianos, puis une ou des scènes orgiaques, présentées sur le ton de l’exagération (bruits surjoués, positions, « vitesse d’exécution » elles aussi surjouées, et enfin une petite chute amusante. Si le deuxième tome montre un certain essoufflement (j’ai préféré le premier), l’ensemble est agréable à lire, souvent amusant dans sa conclusion, absurde ou décalée, notre accordeur décampant souvent sans avoir vraiment « accordé » quoi que ce soit – si ce n’est moult caresses et dons de sperme. Les amateurs de l’auteur apprécieront sans doute ces deux tomes. A noter que les éditions Dynamite viennent de sortir une belle intégrale, reprenant, outre les tomes de « L’accordeur », les albums La Diète (Illusions coquines), Exposition, Le Couvent infernal, le tout agrémenté de trois histoires courtes inédites d’une dizaine de pages chacune, une sorte d’intégrale de l’œuvre érotique de l’auteur. Note réelle 3,5/5.
Origines
Une intrigue assez riche, mais ma lecture a quand même été un peu laborieuse, ce qui a influé sur mon ressenti, et ma note in fine. Le dessin possède de réelles qualités, mais il n’est pas vraiment ma came, et de plus, j’ai trouvé plusieurs cases difficiles à déchiffrer (lors de combats, mais pas seulement). Quant à l’histoire proprement dite, elle est relativement ambitieuse. Dans un univers post-apocalypse, alors que l’humanité a quasiment disparu, un dernier être « humain » se débat pour survivre, chaperonné par une femme IA, puis par des robots serviteurs, ravis de retrouver un maître à suivre, comme ils ont été programmés pour le faire. Car celui-ci est traqué par le système, dont les drones multiplient les attaques. Hélas, comme pour le dessin, l’intrigue n’est pas toujours très claire à suivre. Certains détails m’ont échappé, et j’ai parfois dû accepter de suivre certains passages en apnée, avant de me raccrocher ensuite à l’intrigue générale. L’alternance entre flash-backs et « présent » accentue aussi ces difficultés de lecture. Bref, une histoire dont les qualités intrinsèques n’ont pas toujours suffi à effacer mes difficultés à bien saisir tous les détails d’une intrigue qui m’a parfois un peu perdu.
La Mise à mort du tétras lyre
Je ne sais pas ce que Combet a mis de lui-même dans ce récit, qui a l’air d’être au moins en partie autobiographique. L’album est relativement épais, mais il se lit assez vite. D’une part parce que le texte n’est jamais abondant (il y a même pas mal de cases muettes), mais aussi car l’intrigue, sans être inintéressante, n’est pas très étoffée. La narration use de nombreux flash-backs qui nous font découvrir le héros durant certains passages de son enfance et de son adolescence, la plupart du temps au cours de parties de randonnée/chasse en montagne avec son père et un ami de celui-ci. Passages qui nous permettent de comprendre le « coming in » du héros, Pierre, enfant sensible passionné par la nature, de plus en plus écœuré par les chasses auxquelles son père l’oblige à participer. Mais surtout de plus en plus en porte-à-faux avec les propos virilistes et homophobes de son père, alors même qu’il comprend qu’il est homosexuel : la rupture est inévitable entre eux. Ces flash-backs alternent avec des périodes « contemporaines » durant lesquelles Pierre traine son mal être et quelques mauvaises expériences, jusqu’à ce que, vers la fin, il commence à faire le point, la paix : la figure du père disparue, la présence d’amis sûrs, lui donnent la force d’aller de l’avant, de retrouver l’inspiration artistique qui le quittait. Nous le quittons rasséréné. La lecture est plaisante, accompagnée d’un dessin très esthétique, très lumineux. Je n’en suis pas fan a priori. Ça marche davantage pour les très beaux paysages alpestres, moins pour les personnages (affaire de goûts sans doute).