Intrigante BD qui traite du deuil dans un monde viking, le tout avec une esthétique et un ton orienté adolescent. Un mélange assez incongru mais qui arrive à ne jamais tomber dans le pathos ni dans la facilité, ce qui est déjà une belle réussite !
J'ai pris cette BD sans avoir la moindre idée du contenu, et c'est au bout d'une vingtaine de pages que le récit évolue vers son sujet après une introduction mystérieuse qui laisse présager de nombreuses pistes. Le livre construit son propos tranquillement et de façon assez simple, pour ensuite nous en proposer la résolution des années plus tard. L'histoire se passe dans un monde viking surtout pour en développer certains aspects liés à la spiritualité vis-à-vis des morts. C'est d'ailleurs le seul aspect qui semble intéresser l'autrice dans le développement de cet univers.
Personnellement j'ai apprécié la lecture de cet ouvrage, même si je l'ai trouvé un peu limité pour ma part. Il faut dire que le propos semble s'adresser à un public plus adolescent, à l'image de son personnage principal, qui n'arrive pas à faire le deuil de son frère. L'autrice fait intelligemment comprendre que sa volonté de rédemption par la violence est un cul-de-sac, mais sans non plus le faire trop frontalement. L'histoire s'étale tout de même avant de donner sa conclusion et c'est tout à son honneur. Le seul hic que j'y vois, c'est le côté un peu trop gentillet. On a quand même une fin un peu trop belle quant aux personnages, et je trouve que la résolution est certes belle, mais résout un peu trop vite le deuil. J'aurais apprécié cette petite pointe de rappel ensuite que si la douleur peut disparaitre, il reste toujours quelque chose ...
Niveau dessin, l'autrice se fait plaisir même si j'ai l'impression de voir quelque chose d'assez régulier dans ces productions à destination des adolescents depuis quelques temps. Mais c'est bien fait et assez coloré, agréable à l’œil. En soi, la BD a tout ce qu'il faut pour son public cible qui me semble être les adolescents, mais un adulte pourra la lire sans s'ennuyer non plus.
J'avais une première expérience de l'auteur avec Université X qui m'avait laissé un gout un peu amer. Ici l'album propose toujours son dessin (avec des personnages féminins aux bouches étrangement semblable, d'ailleurs) mis en couleur cette fois-ci et un scénario ... plus sympathique, dirais-je !
On est sur de la BD X avec scénettes diverses, chaque histoire comportant huit planches environ. C'est juste que progressivement les histoires s'enchainent les unes dans les autres dans une trame globale. Disons-le tout de suite, c'est pas pour ce scénario qu'on va lire l'histoire. Il est assez grossier et pas franchement des plus incroyable, mais il a le mérite d'exister et de donner une consistance à toutes ces scènes de sexes présentées. Puisque chaque histoire présente une scène en gros, suivi généralement d'une chute assez sympathique. Il y a de pas mal d'humour dans l'ensemble et le final a même quelques morales pas franchement dégueulasse. Je dois bien le dire, j'ai été étonné de ce qui est proposé ! Rien que la question de la représentation de Satan m'a bien plu : on sent le côté volontairement à contre-emploi de son traitement. Un Satan presque humaniste par certains côté, ça fleure bon la critique religieuse (j'ai pas l'impression que l'auteur soit en odeur de sainteté avec l’Église).
Niveau dessin, ça reste un peu trop classique. Des cadrages parfois étranges, des cases qui sont souvent surchargées ... J'ai l'impression que les impératifs de production (8 pages pour chaque histoire) l'ont obligé à tout mettre dans des cases parfois trop étroites. Les scènes de sexes s'enchainent donc avec un peu d'histoire entre, le tout dans une pagination parfois serrée. C'est sympathique, je suis content de voir que la morale finale reste positive et certaines touches d'humour ont parfaitement bien fonctionné. C'est du pas mal dans le genre, du milieu de gamme sympathique.
Une petite histoire légère qui fait du bien. Typiquement le genre de comédie feel-good qui n'a pas de grandes ambitions sinon de faire rire et de donner un peu de baume au cœur, le tout dans un dessin dynamique et coloré.
Le diptyque est simple, l'histoire ayant son déroulé très linéaire même si très vite on comprend que quelque chose se joue en arrière-plan, tandis que les deux albums se déroulent à toute vitesse. C'est pratique pour éviter de se reposer sur les quelques moments du scénario qui pourraient faire lever le sourcil, mais sinon tout converge vers un final qui propose une résolution agréable et rigolote. En somme, tout ce qu'il faut pour passer un excellent moment.
Ma note est légèrement rabaissé pour deux raisons : le dessin est très dynamique mais parfois un peu trop, notamment dans les explosions de colère très graphique qui semblent parfois de trop. De même, le dessin est parfois un peu surchargé à mon gout, et aurait pu être plus clair de temps en temps. Ce sont des détails, la lecture ne s'en trouve pas retardée. Le deuxième point est plus dans l'écriture de l'histoire, et je dois dire que le personnage de Amédée est parfois un peu trop colérique et prompt à pousser la gueulante. Le reste de l'écriture est franchement bon, autant dans ses discours et ses prises de position que dans ses actes, drôles mais aussi réfléchi plus souvent qu'on y croit. Il est touchant, mais c'est dommage de le voir si souvent s'engueuler avec des gens. A un moment donné de l'histoire j'ai trouvé que c'était trop régulier.
Mais voila, en dehors de ces deux points j'ai été charmé par la lecture de ces trois compères prompt à déclencher des situations incongrues en permanence, le tout dans des échanges amusants avec des petites piques en tout sens. C'est amusant et plaisant à lire, si vous n'en attendez pas plus, ça me semble destiné à tous !
Soeur Justine est une jeune et jolie religieuse dans un monastère espagnol : très pieuse, elle suit scrupuleusement les règles monacales et prie et travaille avec ferveur. Mais elle est également connue sous le nom de Soeur Calvaire 24 quand elle est envoyée en mission d'exorcisme extrême par le Saint Siège. Elle chausse alors ses rangers, s'arme de son eau bénite et de sa bible, se fait accompagner par son bull terrier Natas et part en expédition pour apporter le pardon divin aux démons les plus dangereux.
On pourrait s'imaginer une banale histoire de contraste entre une fausse religieuse sage et adorable, et sa version bourrine et déjantée qui tabasse du démon. Mais non, justement, cette BD a la bonne idée de laisser la même personnalité mignonne et très pieuse à son héroïne qu'elle soit au monastère ou en mission anti démon. Certes elle ne craint pas les monstrueuses créatures démoniaques mais hormis quelques coups d'arts martiaux, elle les combat avant tout avec l'amour de Dieu, des prières en latin et des projections d'eau bénite. C'est là qu'est l'humour justement, de voir cette jolie ingénue aux grands yeux se bagarrer aussi pieusement pour purifier et absoudre les âmes déchues des démons.
C'est aussi tout le contraste avec le partenaire qu'elle va côtoyer un peu malgré elle, un exorciste musulman hâbleur et gentiment cupide, qui à l'inverse d'elle combat à coups de mitrailleuse gatling et de lance-missiles... quand il n'est pas plongé dans livres pour trouver des informations sur les démons et sur l'origine des pouvoirs de Soeur Calvaire.
C'est une série de divertissement composée d'action et d'humour. C'est léger, un peu superficiel mais amusant et plutôt bien dessiné. La jolie Soeur Calvaire et très mignonne derrière ses grandes lunettes et elle donne envie de suivre ses aventures.
Là où je suis surpris par contre, c'est de voir l'éditeur et les auteurs présenter cette BD comme un one-shot alors qu'il ressemble nettement plus à l'introduction d'une série à suivre. Des mystères sont mis en place, des promesses de développement, une intrigue qui semble s'entamer et... qui se termine avec le mot Fin de cet unique tome sans être résolue ni avoir déployé ses ailes. Je soupçonne un choix éditorial de présenter la chose comme une histoire complète en un tome, et d'offrir une suite si le succès commercial est au rendez-vous. Mais telle quelle, elle laisse sur sa faim alors qu'elle était plaisante à suivre et que j'en aurais volontiers lu davantage pour voir où les auteurs allaient nous mener.
Clémence est lesbienne et souffre du traumatisme causé par une agression sexuelle passée. Face à ses amies, elle présente l'image d'une femme forte et toujours en colère, prête à défendre bec et ongles les faibles contre les oppresseurs. Mais en réalité, elle est perdue et en pleine dépression, ne sachant plus quel sens donner à sa vie dans un monde qu'elle estime injuste et truqué par le patriarcat. Elle va alors entamer une thérapie au sein d'un groupe de parole pour victimes d’agressions sexuelles dans lequel les victimes témoignent de leurs traumatismes et se soutiennent mutuellement. Et en parallèle elle va rencontrer une femme qu'elle va aimer profondément.
C'est une BD très crue et réaliste sur un sujet dur : le viol, ses conséquences, et tout ce que cela révèle sur la société patriarcale. L'héroïne est lesbienne et tout son entourage l'est également, hormis les autres membres du groupe de parole qui ne le sont pas forcément. Mais en tout cas, il n'y a quasiment aucun homme dans cet ouvrage, hormis des personnages méprisables ou juste médiocres. C'est un constat qui ne vient qu'après coup car la lecture se fait naturellement et on ne s'étonne pas trop de ne naviguer qu'au sein d'un univers purement féminin.
Toutefois, l'entame n'est pas évidente car les protagonistes sont québécoises et les premières pages les voient parler dans un argot prononcé, empreint de nombres d'anglicismes et de phrases qu'on croirait issues d'un chat internet. Je cite une bulle de dialogue de l'héroïne par exemple : "Esti... ce vieux dude ! Need : le tuer !". Entre ça et un discours très militant et assez woke dans ces premières pages, ce n'est pas facile à accrocher. D'ailleurs, jusqu'à la dernière page, j'ai grincé des dents en voyant désigner "les vieux mecs" comme la source de la connerie et du mal sur Terre. Vu l'âge de l'héroïne et de l'autrice, je suis sans équivoque un "vieux mec" pour elles et cet amalgame m'exaspère.
Le dessin lui aussi n'est pas facile à aborder. Autant les visages sont expressifs et la mise en scène est bonne, autant il y a des vraies carences techniques ici et là, comme par exemple ces mains dessinées comme des raquettes de ping pong, avec des traits à l'intérieur délimitant les doigts. Il faut savoir passer outre pour se focaliser sur le récit.
Et justement, quand Clémence commence à montrer les failles derrière sa colère, elle se révèle plus attachante et on commence à mieux la comprendre... Et les dialogues suivront étrangement le même chemin, devenant écrits dans un français plus classique et moins teinté d'argot, comme gagnant en maturité. Si le début de sa thérapie de groupe est un peu plombant tant on la voit en pleine dépression, on apprécie de constater les progrès qu'elle fait peu à peu, comment elle remonte la pente, en partie aussi grâce à son nouvel amour qui est très proche d'elle, compréhensive et motivante. Tout se fait avec un grand naturel, une vraie justesse, et on ressort optimiste de la fin de sa thérapie et de la fin de l'album lui-même.
Il y a de l'espoir, et le bonheur peut être retrouvé.
Je n'arrive pas à me former une opinion claire sur cette BD. D'un côté, je l'ai trouvée relativement instructive même si rien d'extaordinairement surprenant n'en ressort, et d'un autre côté j'ai trouvé son message biaisé.
Biaisé déjà parce que la BD a plus de dix ans et cela se ressent déjà dans ses références, les personnages qu'elle cite et ceux qu'elle ne cite pas alors qu'ils sont aujourd'hui bien plus des symbôles de l'ultra-richesse et de sa décadence.
Biaisé aussi parce qu'elle semble confondre être riche et être un grand bourgeois issu d'une grande famille riche. C'est en effet sur ce sujet que le documentaire se focalise sur sa dernière et plus longue partie, et c'est ce qui explique le titre : vous ne pouvez pas devenir riche parce que vous n'avez pas toute la culture et le réseau de ces vieilles familles qui s'entraident. Faut-il donc en déduire que les ultra-riches des GAFA et autres Musk ne sont pas riches parce qu'ils ne sont pas issus de grandes familles ? Bizarre comme façon de votre l'ultra-richesse... Et d'ailleurs oui, par "riche", cette BD entend "ultra-riche", pas juste financièrement aisé.
Et biaisé aussi parce que ce documentaire se focalise trop sur la France et les riches francophones, semblant ignorer les étrangers qui sont plus nombreux et bien plus riches encore.
Mais d'un autre côté, cette lecture a su mettre le doigt sur certaines vérités, aussi plombantes soient-elles pour le moral, notamment à quel point une frange minime de la société vit détachée du monde en s'auto-entretenant et en s'entraidant pour rester au-dessus de la plèbe que forment les gens du commun. Elle montre à quel point ce n'est pas qu'une histoire de sous mais bien de façon d'être, de façon d'entretenir des relations, de marcher sur les épaules des plus petits. Un riche ne dépense pas, il investit, et il ne se fait pas d'amis, il se fait un réseau.
Je dois avouer que ça me déprime...
Peter David est l'auteur le plus important de Hulk car il redéfini le personnage lorsqu'il était le scénariste de la série de 1987-1998.
Il est revenu sur la série au milieu des années 2000 et sur une courte période. Cet album reprends les 6 premiers numéros de son second run sur Hulk et le résultat est moins bon que ce qu'il faisait dans les années 80-90. La première histoire qui est la plus longue est correct au niveau du divertissement, mais au final c'est encore une fois un récit où un méchant essai de défaire psychologiquement un héros avec des fausses versions des gens qu'il connait (alors si vous pensez lire un récit avec Hulk et Wolverine comme le montre la couverture, vous allez être déçu). Alors Hulk affronte une autre version de lui-même et des super-vilains pendant que des alliés sortis de nulle part lui dit que tout va bien...Parallèlement, on a des flashbacks sur le passé de Bruce Banner à l'école secondaire et on a droit à tous les clichés des récits du pauvre nerd bizarre que personne n'aime.
Cela reste tout de même divertissant avec un bon dessin, mais j'en attendais plus de la part de Peter David et c'est un peu frustrant de voir que 5 des 11 numéros de son bref run est gaspillé sur un truc correct sans plus. Je me demande si David n'a pas été victime de la manière dont les comics doivent être raconté depuis que les albums (ou paperback comme on dit au USA) sont devenus une manière de collectionner les comics. Chaque album contient 5-6 numéros alors pour ne pas frustrer le lecteur le récit doit commencer et s'arrête dans le même album ce qui fait des récits formatés avec le même nombre exact de parties et cela donne des scénarios souvent étirés pour rien alors qu'avant on pouvait faire durer un récit autant qu'on voulait et il y a avait beaucoup plus de contenu par numéro. Dans les années 80-90, L'ile aux monstres aurait été publié dans un annual avec une pagination de 48 pages et au 21ème siècle c'est devenu un récit d'une centaine de pages.
L'album se termine avec un récit en un seul numéro et malheureusement c'est dessiné par Jae Lee dont je n'aime pas du tout le style. Cela a rendu ce récit hermétique pour moi, je ne suis jamais rentré dans le récit à cause du dessin.
Un thriller sur la lune.
Nous sommes en 2101, l'Homme s'est installé sur la lune pour en extraire ses minerais. Un travail de forçat et une vie faite de routines, jusqu'au jour où un meurtre horrible est commis. Il va chambouler ce petit monde qui vit en huis-clos.
Un scénario qui part sur une base intéressante, à défaut d'être innovante, mais qui hélas va se déliter rapidement (elle perd en clarté au fil des pages). Je n'ai pas trouvé ce récit angoissant et oppressant et le personnage principal, qui mène l'enquête, n'est pas très intéressant. Je n'ai pas été convaincu par cette intrigue tirée par les cheveux et par cette conclusion improbable. Heureusement, la narration dynamique m'a permis de ne pas m'ennuyer.
La partie graphique m'a séduit, un trait gras, sombre et légèrement caricatural, il apporte sa pierre à l'édifice à ce polar noir et horrifique. Les couleurs sont au diapason.
Une lecture qui sera vite oubliée.
3 étoiles de justesse.
Cette histoire d'amour aborde un thème jusque-là - à ma connaissance - peu ou pas abordé dans la bande dessinée, à savoir l'asexualité. Tom est en effet un jeune homme qui éprouve des sentiments forts envers Camélia, probablement de l'amour, mais ne ressent pas le besoin de coucher avec elle. Cela arrive pourtant assez vite dans leur relation, ce qui permet au jeune homme de se rendre compte qu'il n'aime pas ça. Mais comme il ne sait pas forcément comment l'exprimer et ne veut pas faire de mal à celle qu'il aime, il met de la distance et fuit sous de faux prétextes les rapports suivants. C'est plutôt finement écrit, il y a beaucoup de discussions mais aussi des non-dits, comme il pourrait en exister dans des relations avec cette configuration originale (ou pas) et complexe. Nous sommes face à deux jeunes gens à la fois intelligents, normaux et sensibles.
C'est plutôt bien fait, et si la fin laisse le lectorat sur sa faim, c'est pour qu'on imagine que justement cette histoire va se continuer mais qu'elle ne nous regarde pas plus. Camille Pagni, dont c'est le premier album, a déjà un sacré coup de crayon, et sert avec beaucoup de talent cette histoire pleine de sentiments (bons, pour la plupart).
Au début j'ai cru qu'il s'agissait un recueil de plusieurs récits mettant en scène Dorian Leith, ce fameux thérapeute pour fantômes vendu par la quatrième de couverture, et puis au fil de ma lecture j'ai compris qu'il s'agissait d'une seul et (assez long) récit dont effectivement Dorian est le héros. Il n'en est qu'à ses débuts, mais se retrouve face à un défi de taille, puisque l'action d'une jeune défunte, à savoir de dérober la clé de l'au-delà, a des conséquences terribles : le porte de la mort est fermée et les morts errent dans les limbes, ou plus facilement parmi les vivants, provoquant la panique...
L'album parle donc de mort, de deuil, d'anxiété, de maladie mentale, de surmenage, des sujets forts qui ont amené l'éditeur à mettre un petit avertissement destiné au jeune lectorat. Bonne idée cas le style graphique, s'il est semi-réaliste et très coloré, sert un récit aux racines sombres, mais néanmoins porteur d'espoir. L'histoire est un peu longue mais c'est plutôt bien mené, avec ces personnages tous en nuances, qu'ils soient vivants ou morts, et porteurs de vrais questionnements. Johanna Taylor évite de nombreux écueils de l'angélisme ou de la noirceur pour nous livrer un récit très plaisant, qui pourrait parler à de nombreux jeunes en proie à des questionnements existentiels importants.
A noter une ambiance victorienne que ne renierait pas Oscar Wilde, influence assumée par l'autrice.
Plutôt pas mal, malgré cette longueur qui ne se justifie pas forcément.
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Intrigante BD qui traite du deuil dans un monde viking, le tout avec une esthétique et un ton orienté adolescent. Un mélange assez incongru mais qui arrive à ne jamais tomber dans le pathos ni dans la facilité, ce qui est déjà une belle réussite ! J'ai pris cette BD sans avoir la moindre idée du contenu, et c'est au bout d'une vingtaine de pages que le récit évolue vers son sujet après une introduction mystérieuse qui laisse présager de nombreuses pistes. Le livre construit son propos tranquillement et de façon assez simple, pour ensuite nous en proposer la résolution des années plus tard. L'histoire se passe dans un monde viking surtout pour en développer certains aspects liés à la spiritualité vis-à-vis des morts. C'est d'ailleurs le seul aspect qui semble intéresser l'autrice dans le développement de cet univers. Personnellement j'ai apprécié la lecture de cet ouvrage, même si je l'ai trouvé un peu limité pour ma part. Il faut dire que le propos semble s'adresser à un public plus adolescent, à l'image de son personnage principal, qui n'arrive pas à faire le deuil de son frère. L'autrice fait intelligemment comprendre que sa volonté de rédemption par la violence est un cul-de-sac, mais sans non plus le faire trop frontalement. L'histoire s'étale tout de même avant de donner sa conclusion et c'est tout à son honneur. Le seul hic que j'y vois, c'est le côté un peu trop gentillet. On a quand même une fin un peu trop belle quant aux personnages, et je trouve que la résolution est certes belle, mais résout un peu trop vite le deuil. J'aurais apprécié cette petite pointe de rappel ensuite que si la douleur peut disparaitre, il reste toujours quelque chose ... Niveau dessin, l'autrice se fait plaisir même si j'ai l'impression de voir quelque chose d'assez régulier dans ces productions à destination des adolescents depuis quelques temps. Mais c'est bien fait et assez coloré, agréable à l’œil. En soi, la BD a tout ce qu'il faut pour son public cible qui me semble être les adolescents, mais un adulte pourra la lire sans s'ennuyer non plus.
Akelarre
J'avais une première expérience de l'auteur avec Université X qui m'avait laissé un gout un peu amer. Ici l'album propose toujours son dessin (avec des personnages féminins aux bouches étrangement semblable, d'ailleurs) mis en couleur cette fois-ci et un scénario ... plus sympathique, dirais-je ! On est sur de la BD X avec scénettes diverses, chaque histoire comportant huit planches environ. C'est juste que progressivement les histoires s'enchainent les unes dans les autres dans une trame globale. Disons-le tout de suite, c'est pas pour ce scénario qu'on va lire l'histoire. Il est assez grossier et pas franchement des plus incroyable, mais il a le mérite d'exister et de donner une consistance à toutes ces scènes de sexes présentées. Puisque chaque histoire présente une scène en gros, suivi généralement d'une chute assez sympathique. Il y a de pas mal d'humour dans l'ensemble et le final a même quelques morales pas franchement dégueulasse. Je dois bien le dire, j'ai été étonné de ce qui est proposé ! Rien que la question de la représentation de Satan m'a bien plu : on sent le côté volontairement à contre-emploi de son traitement. Un Satan presque humaniste par certains côté, ça fleure bon la critique religieuse (j'ai pas l'impression que l'auteur soit en odeur de sainteté avec l’Église). Niveau dessin, ça reste un peu trop classique. Des cadrages parfois étranges, des cases qui sont souvent surchargées ... J'ai l'impression que les impératifs de production (8 pages pour chaque histoire) l'ont obligé à tout mettre dans des cases parfois trop étroites. Les scènes de sexes s'enchainent donc avec un peu d'histoire entre, le tout dans une pagination parfois serrée. C'est sympathique, je suis content de voir que la morale finale reste positive et certaines touches d'humour ont parfaitement bien fonctionné. C'est du pas mal dans le genre, du milieu de gamme sympathique.
À coucher dehors
Une petite histoire légère qui fait du bien. Typiquement le genre de comédie feel-good qui n'a pas de grandes ambitions sinon de faire rire et de donner un peu de baume au cœur, le tout dans un dessin dynamique et coloré. Le diptyque est simple, l'histoire ayant son déroulé très linéaire même si très vite on comprend que quelque chose se joue en arrière-plan, tandis que les deux albums se déroulent à toute vitesse. C'est pratique pour éviter de se reposer sur les quelques moments du scénario qui pourraient faire lever le sourcil, mais sinon tout converge vers un final qui propose une résolution agréable et rigolote. En somme, tout ce qu'il faut pour passer un excellent moment. Ma note est légèrement rabaissé pour deux raisons : le dessin est très dynamique mais parfois un peu trop, notamment dans les explosions de colère très graphique qui semblent parfois de trop. De même, le dessin est parfois un peu surchargé à mon gout, et aurait pu être plus clair de temps en temps. Ce sont des détails, la lecture ne s'en trouve pas retardée. Le deuxième point est plus dans l'écriture de l'histoire, et je dois dire que le personnage de Amédée est parfois un peu trop colérique et prompt à pousser la gueulante. Le reste de l'écriture est franchement bon, autant dans ses discours et ses prises de position que dans ses actes, drôles mais aussi réfléchi plus souvent qu'on y croit. Il est touchant, mais c'est dommage de le voir si souvent s'engueuler avec des gens. A un moment donné de l'histoire j'ai trouvé que c'était trop régulier. Mais voila, en dehors de ces deux points j'ai été charmé par la lecture de ces trois compères prompt à déclencher des situations incongrues en permanence, le tout dans des échanges amusants avec des petites piques en tout sens. C'est amusant et plaisant à lire, si vous n'en attendez pas plus, ça me semble destiné à tous !
Soeur Calvaire
Soeur Justine est une jeune et jolie religieuse dans un monastère espagnol : très pieuse, elle suit scrupuleusement les règles monacales et prie et travaille avec ferveur. Mais elle est également connue sous le nom de Soeur Calvaire 24 quand elle est envoyée en mission d'exorcisme extrême par le Saint Siège. Elle chausse alors ses rangers, s'arme de son eau bénite et de sa bible, se fait accompagner par son bull terrier Natas et part en expédition pour apporter le pardon divin aux démons les plus dangereux. On pourrait s'imaginer une banale histoire de contraste entre une fausse religieuse sage et adorable, et sa version bourrine et déjantée qui tabasse du démon. Mais non, justement, cette BD a la bonne idée de laisser la même personnalité mignonne et très pieuse à son héroïne qu'elle soit au monastère ou en mission anti démon. Certes elle ne craint pas les monstrueuses créatures démoniaques mais hormis quelques coups d'arts martiaux, elle les combat avant tout avec l'amour de Dieu, des prières en latin et des projections d'eau bénite. C'est là qu'est l'humour justement, de voir cette jolie ingénue aux grands yeux se bagarrer aussi pieusement pour purifier et absoudre les âmes déchues des démons. C'est aussi tout le contraste avec le partenaire qu'elle va côtoyer un peu malgré elle, un exorciste musulman hâbleur et gentiment cupide, qui à l'inverse d'elle combat à coups de mitrailleuse gatling et de lance-missiles... quand il n'est pas plongé dans livres pour trouver des informations sur les démons et sur l'origine des pouvoirs de Soeur Calvaire. C'est une série de divertissement composée d'action et d'humour. C'est léger, un peu superficiel mais amusant et plutôt bien dessiné. La jolie Soeur Calvaire et très mignonne derrière ses grandes lunettes et elle donne envie de suivre ses aventures. Là où je suis surpris par contre, c'est de voir l'éditeur et les auteurs présenter cette BD comme un one-shot alors qu'il ressemble nettement plus à l'introduction d'une série à suivre. Des mystères sont mis en place, des promesses de développement, une intrigue qui semble s'entamer et... qui se termine avec le mot Fin de cet unique tome sans être résolue ni avoir déployé ses ailes. Je soupçonne un choix éditorial de présenter la chose comme une histoire complète en un tome, et d'offrir une suite si le succès commercial est au rendez-vous. Mais telle quelle, elle laisse sur sa faim alors qu'elle était plaisante à suivre et que j'en aurais volontiers lu davantage pour voir où les auteurs allaient nous mener.
Clémence en colère
Clémence est lesbienne et souffre du traumatisme causé par une agression sexuelle passée. Face à ses amies, elle présente l'image d'une femme forte et toujours en colère, prête à défendre bec et ongles les faibles contre les oppresseurs. Mais en réalité, elle est perdue et en pleine dépression, ne sachant plus quel sens donner à sa vie dans un monde qu'elle estime injuste et truqué par le patriarcat. Elle va alors entamer une thérapie au sein d'un groupe de parole pour victimes d’agressions sexuelles dans lequel les victimes témoignent de leurs traumatismes et se soutiennent mutuellement. Et en parallèle elle va rencontrer une femme qu'elle va aimer profondément. C'est une BD très crue et réaliste sur un sujet dur : le viol, ses conséquences, et tout ce que cela révèle sur la société patriarcale. L'héroïne est lesbienne et tout son entourage l'est également, hormis les autres membres du groupe de parole qui ne le sont pas forcément. Mais en tout cas, il n'y a quasiment aucun homme dans cet ouvrage, hormis des personnages méprisables ou juste médiocres. C'est un constat qui ne vient qu'après coup car la lecture se fait naturellement et on ne s'étonne pas trop de ne naviguer qu'au sein d'un univers purement féminin. Toutefois, l'entame n'est pas évidente car les protagonistes sont québécoises et les premières pages les voient parler dans un argot prononcé, empreint de nombres d'anglicismes et de phrases qu'on croirait issues d'un chat internet. Je cite une bulle de dialogue de l'héroïne par exemple : "Esti... ce vieux dude ! Need : le tuer !". Entre ça et un discours très militant et assez woke dans ces premières pages, ce n'est pas facile à accrocher. D'ailleurs, jusqu'à la dernière page, j'ai grincé des dents en voyant désigner "les vieux mecs" comme la source de la connerie et du mal sur Terre. Vu l'âge de l'héroïne et de l'autrice, je suis sans équivoque un "vieux mec" pour elles et cet amalgame m'exaspère. Le dessin lui aussi n'est pas facile à aborder. Autant les visages sont expressifs et la mise en scène est bonne, autant il y a des vraies carences techniques ici et là, comme par exemple ces mains dessinées comme des raquettes de ping pong, avec des traits à l'intérieur délimitant les doigts. Il faut savoir passer outre pour se focaliser sur le récit. Et justement, quand Clémence commence à montrer les failles derrière sa colère, elle se révèle plus attachante et on commence à mieux la comprendre... Et les dialogues suivront étrangement le même chemin, devenant écrits dans un français plus classique et moins teinté d'argot, comme gagnant en maturité. Si le début de sa thérapie de groupe est un peu plombant tant on la voit en pleine dépression, on apprécie de constater les progrès qu'elle fait peu à peu, comment elle remonte la pente, en partie aussi grâce à son nouvel amour qui est très proche d'elle, compréhensive et motivante. Tout se fait avec un grand naturel, une vraie justesse, et on ressort optimiste de la fin de sa thérapie et de la fin de l'album lui-même. Il y a de l'espoir, et le bonheur peut être retrouvé.
Riche, pourquoi pas toi ?
Je n'arrive pas à me former une opinion claire sur cette BD. D'un côté, je l'ai trouvée relativement instructive même si rien d'extaordinairement surprenant n'en ressort, et d'un autre côté j'ai trouvé son message biaisé. Biaisé déjà parce que la BD a plus de dix ans et cela se ressent déjà dans ses références, les personnages qu'elle cite et ceux qu'elle ne cite pas alors qu'ils sont aujourd'hui bien plus des symbôles de l'ultra-richesse et de sa décadence. Biaisé aussi parce qu'elle semble confondre être riche et être un grand bourgeois issu d'une grande famille riche. C'est en effet sur ce sujet que le documentaire se focalise sur sa dernière et plus longue partie, et c'est ce qui explique le titre : vous ne pouvez pas devenir riche parce que vous n'avez pas toute la culture et le réseau de ces vieilles familles qui s'entraident. Faut-il donc en déduire que les ultra-riches des GAFA et autres Musk ne sont pas riches parce qu'ils ne sont pas issus de grandes familles ? Bizarre comme façon de votre l'ultra-richesse... Et d'ailleurs oui, par "riche", cette BD entend "ultra-riche", pas juste financièrement aisé. Et biaisé aussi parce que ce documentaire se focalise trop sur la France et les riches francophones, semblant ignorer les étrangers qui sont plus nombreux et bien plus riches encore. Mais d'un autre côté, cette lecture a su mettre le doigt sur certaines vérités, aussi plombantes soient-elles pour le moral, notamment à quel point une frange minime de la société vit détachée du monde en s'auto-entretenant et en s'entraidant pour rester au-dessus de la plèbe que forment les gens du commun. Elle montre à quel point ce n'est pas qu'une histoire de sous mais bien de façon d'être, de façon d'entretenir des relations, de marcher sur les épaules des plus petits. Un riche ne dépense pas, il investit, et il ne se fait pas d'amis, il se fait un réseau. Je dois avouer que ça me déprime...
Hulk - L'Île aux monstres
Peter David est l'auteur le plus important de Hulk car il redéfini le personnage lorsqu'il était le scénariste de la série de 1987-1998. Il est revenu sur la série au milieu des années 2000 et sur une courte période. Cet album reprends les 6 premiers numéros de son second run sur Hulk et le résultat est moins bon que ce qu'il faisait dans les années 80-90. La première histoire qui est la plus longue est correct au niveau du divertissement, mais au final c'est encore une fois un récit où un méchant essai de défaire psychologiquement un héros avec des fausses versions des gens qu'il connait (alors si vous pensez lire un récit avec Hulk et Wolverine comme le montre la couverture, vous allez être déçu). Alors Hulk affronte une autre version de lui-même et des super-vilains pendant que des alliés sortis de nulle part lui dit que tout va bien...Parallèlement, on a des flashbacks sur le passé de Bruce Banner à l'école secondaire et on a droit à tous les clichés des récits du pauvre nerd bizarre que personne n'aime. Cela reste tout de même divertissant avec un bon dessin, mais j'en attendais plus de la part de Peter David et c'est un peu frustrant de voir que 5 des 11 numéros de son bref run est gaspillé sur un truc correct sans plus. Je me demande si David n'a pas été victime de la manière dont les comics doivent être raconté depuis que les albums (ou paperback comme on dit au USA) sont devenus une manière de collectionner les comics. Chaque album contient 5-6 numéros alors pour ne pas frustrer le lecteur le récit doit commencer et s'arrête dans le même album ce qui fait des récits formatés avec le même nombre exact de parties et cela donne des scénarios souvent étirés pour rien alors qu'avant on pouvait faire durer un récit autant qu'on voulait et il y a avait beaucoup plus de contenu par numéro. Dans les années 80-90, L'ile aux monstres aurait été publié dans un annual avec une pagination de 48 pages et au 21ème siècle c'est devenu un récit d'une centaine de pages. L'album se termine avec un récit en un seul numéro et malheureusement c'est dessiné par Jae Lee dont je n'aime pas du tout le style. Cela a rendu ce récit hermétique pour moi, je ne suis jamais rentré dans le récit à cause du dessin.
Blood Moon (Lowreader présente)
Un thriller sur la lune. Nous sommes en 2101, l'Homme s'est installé sur la lune pour en extraire ses minerais. Un travail de forçat et une vie faite de routines, jusqu'au jour où un meurtre horrible est commis. Il va chambouler ce petit monde qui vit en huis-clos. Un scénario qui part sur une base intéressante, à défaut d'être innovante, mais qui hélas va se déliter rapidement (elle perd en clarté au fil des pages). Je n'ai pas trouvé ce récit angoissant et oppressant et le personnage principal, qui mène l'enquête, n'est pas très intéressant. Je n'ai pas été convaincu par cette intrigue tirée par les cheveux et par cette conclusion improbable. Heureusement, la narration dynamique m'a permis de ne pas m'ennuyer. La partie graphique m'a séduit, un trait gras, sombre et légèrement caricatural, il apporte sa pierre à l'édifice à ce polar noir et horrifique. Les couleurs sont au diapason. Une lecture qui sera vite oubliée. 3 étoiles de justesse.
Les Nébuleuses
Cette histoire d'amour aborde un thème jusque-là - à ma connaissance - peu ou pas abordé dans la bande dessinée, à savoir l'asexualité. Tom est en effet un jeune homme qui éprouve des sentiments forts envers Camélia, probablement de l'amour, mais ne ressent pas le besoin de coucher avec elle. Cela arrive pourtant assez vite dans leur relation, ce qui permet au jeune homme de se rendre compte qu'il n'aime pas ça. Mais comme il ne sait pas forcément comment l'exprimer et ne veut pas faire de mal à celle qu'il aime, il met de la distance et fuit sous de faux prétextes les rapports suivants. C'est plutôt finement écrit, il y a beaucoup de discussions mais aussi des non-dits, comme il pourrait en exister dans des relations avec cette configuration originale (ou pas) et complexe. Nous sommes face à deux jeunes gens à la fois intelligents, normaux et sensibles. C'est plutôt bien fait, et si la fin laisse le lectorat sur sa faim, c'est pour qu'on imagine que justement cette histoire va se continuer mais qu'elle ne nous regarde pas plus. Camille Pagni, dont c'est le premier album, a déjà un sacré coup de crayon, et sert avec beaucoup de talent cette histoire pleine de sentiments (bons, pour la plupart).
Le Passeur d'âmes (Taylor)
Au début j'ai cru qu'il s'agissait un recueil de plusieurs récits mettant en scène Dorian Leith, ce fameux thérapeute pour fantômes vendu par la quatrième de couverture, et puis au fil de ma lecture j'ai compris qu'il s'agissait d'une seul et (assez long) récit dont effectivement Dorian est le héros. Il n'en est qu'à ses débuts, mais se retrouve face à un défi de taille, puisque l'action d'une jeune défunte, à savoir de dérober la clé de l'au-delà, a des conséquences terribles : le porte de la mort est fermée et les morts errent dans les limbes, ou plus facilement parmi les vivants, provoquant la panique... L'album parle donc de mort, de deuil, d'anxiété, de maladie mentale, de surmenage, des sujets forts qui ont amené l'éditeur à mettre un petit avertissement destiné au jeune lectorat. Bonne idée cas le style graphique, s'il est semi-réaliste et très coloré, sert un récit aux racines sombres, mais néanmoins porteur d'espoir. L'histoire est un peu longue mais c'est plutôt bien mené, avec ces personnages tous en nuances, qu'ils soient vivants ou morts, et porteurs de vrais questionnements. Johanna Taylor évite de nombreux écueils de l'angélisme ou de la noirceur pour nous livrer un récit très plaisant, qui pourrait parler à de nombreux jeunes en proie à des questionnements existentiels importants. A noter une ambiance victorienne que ne renierait pas Oscar Wilde, influence assumée par l'autrice. Plutôt pas mal, malgré cette longueur qui ne se justifie pas forcément.