Étrange album que celui-ci. Avec une intrigue a priori assez creuse – il ne se passe véritablement pas grand-chose. Mais pourtant j’ai plutôt apprécié ma lecture, d’une histoire assez noire et planante, où une certaine poésie s’invite (avec un parallèle avec un texte de Shakespeare).
L'histoire se développe dans des décors post-apocalypse, une Terre désolée, abandonnée, qui ne sert plus que de dépotoir aux autres planètes où se sont réfugiés les hommes. aucune explication n'est donné sur ce qui s'est passé sur Terre, ni sur ce qu'est la vie "ailleurs". Nous nous concentrons sur un éboueur, échoué accidentellement sur la Terre/poubelle.
En refermant l’album, je me suis dit qu’il aurait tout aussi bien pu être écrit dans les années 1970, ou début des années 1980, et publié par les Humanoïdes Associés, tant on y retrouve des similitudes avec ce qu’ils proposaient à l’époque. Ma remarque est valable pour le thème et son traitement, mais aussi pour le découpage des cases et la colorisation de certaines planches.
Mais je me suis aussi dit que l’histoire était un chouia trop obscure dans sa première moitié (la lecture de la quatrième de couverture aide à ne pas se perdre), et globalement pas assez développée. C’est dommage.
Une lecture sympathique, mais sans plus me concernant.
Dessin et narration sont plutôt agréables, aérés, et on peut aisément s’attacher aux personnages, dans un récit fortement autobiographique.
Mais ce récit justement ressemble souvent à un empilement d’anecdotes. Tous les protagonistes de la famille (élargie à quelques amis) y passent, se croisent, sous l’œil d’un gamin espiègle – le narrateur et auteur. La lecture est plaisante, mais rien dans cette histoire n’est réellement inoubliable.
Reste une vision d’une région de la Catalogne des années 1990, dans sa version touristique populaire, et globalement une fraicheur intéressante des différents épisodes.
Le dessin n’est ni très précis ni très fouillé, mais il passe bien et lui aussi se révèle sympathique.
Le maître de California Hill en question, c’est Leland Stanford. Et cet album se présente au départ comme une sorte de biographie. Puis se greffe l’histoire de Eadweard Muybridge, photographe inventif et personnage complexe, recruté par Stanford. Enfin, dans le dernier tiers de l’album, l’intérêt se concentre sur une célèbre série de photos de cheval au galop de Muybridge (que je connaissais comme tout le monde je pense via son utilisation avec un appareil préfigurant le cinéma).
Et c’est cette dernière partie que j’ai trouvé la plus intéressante, avec quelques réflexions sur les débuts du cinéma.
Car Leland Stanford (au passage j’ai appris l’origine du nom de cette célèbre université californienne) est un personnage original, mais hautement antipathique. Mégalomane, c’est l’un des « barons voleurs » qui se sont immensément enrichis aux États-Unis à la fin du XIXème siècle. On le voit ici mépriser les lois, ses nombreux employés, voire sa femme et ses « amis », seuls les chevaux trouvant grâce à ses yeux. C’est d’ailleurs à leur propos qu’il recrute Muybridge (pour prouver qu’aucun sabot d’un cheval au galop ne touche le sol), qui va faire preuve de créativité pour mener à bien sa mission. Ce qui concerne Stanford n’est pas inintéressant, mais le type est abjecte, tandis que la longue enquête et le procès autour de Muybridge sont trop longs : là aussi on ne s’attache pas à lui.
Tout ça se laisse lire, et sur la fin les auteurs ménagent quelques surprises, remettant en cause une partie de ce l’on vient de lire.
A lire à l’occasion, mais il m’a manqué un je ne sais quoi pour davantage entrer dans cette histoire, inspirée de faits et de personnages réels.
Je suis moins généreux dans ma notation que pour leur très bon Z comme don Diego. Il est vrai qu’on est moins surpris aujourd’hui (les deux auteurs ont quand même pas mal publié depuis, souvent dans des registres similaires – et nombreux ont été les auteurs à explorer le même filon). Mais je pense aussi que cette série est un cran en dessous. D’abord parce que, issue du Journal de Spirou, il y a un certain frein au niveau d’un type d’humour. Ensuite parce que je trouve qu’ici tout est sur le même ton, le même rythme endiablé. Il n’y a pas assez de rupture, et l’avalanche de gags et de situations grotesques anesthésie un peu le lecteur.
Mais bon, ça reste quand même quelque chose d’agréable à lire, malgré l’overdose qui guette. L’humour très con, voire débile fonctionne quand même. Les deux héros – avatars des auteurs – sont particulièrement gratinés : croyant arriver à Niort pour un festival de BD, et suite à un quiproquo, ils se retrouvent au Mexique à la place de deux scientifiques, embarqués dans une aventure improbable, qui use en les détournant de tous les clichés du genre et de la région. A chaque fois, nos deux neuneus – impassibles face aux difficultés – dépassent les limites que l’on croyait précédemment admises pour leur connerie.
En parallèle, leur collègue Bouzard a accueilli les deux scientifiques (qu’il croit être Fabcaro et Erre), ce qui donne d’autres situations décalées et permet quelques respirations dans la mécanique du duo d’imbéciles au Mexique.
Rien d’extraordinaire donc, mais un album gentiment crétin. Les pages étant remplies de gags, même inégaux, les amateurs du genre trouveront forcément quelques moments plaisants. Une lecture détente sympathique, même si les auteurs ont produit plus percutant ailleurs.
Vu l'état de l'environnement de nos jours, on risque de voir débarquer un paquet de ce genre de fable écologique pendant un bon moment !
Il y a une étrange épidémie qui fait en sorte que des humains ne font plus qu'un avec la nature. Si certains aiment leur nouvelle condition, d'autres ont peur et je pense que j'ai pas besoin d'en dire plus. Les personnages agissent comme on l'a déjà vu plusieurs fois dans ce style de récit. C'est pas mauvais, ça se laisse lire, mais au final ce n'est pas une lecture qui m'a vraiment marqué. Ça manque quand même un peu d'originalité et les personnages ne sont pas mémorables.
Le dessin est agréable et offre quelques scènes poétiques pas trop mal, mais pas assez pour que l'album sorte du lot de la surproduction de BD qui sort chaque année. En gros, le genre d'album que je lis une fois et rien ne me donne envie de le relire même si je n'ai pas grand chose de négatif à dire.
Cela fait plusieurs albums d’Ami Inintéressant publiés par Exemplaire que je lis et avise d’affilée. J’ai retrouvé ici son style habituel, avec un dessin minimaliste, bonhommes bâtons, et un humour résolument absurde et décalé.
Ici pas de thème dominant, ça part dans tous les sens, et c’est inégal. Mais globalement ça reste quand même amusant. En tout cas pour quelqu’un qui, comme moi, apprécie fortement ce type d’humour. On va dire que c’est dans l’honnête moyenne du genre et de l’auteur, un livre – relativement épais en fait – à lire par petites touches, pour un moment de détente sympathique.
Avec ce nouvel album publié par les éditions Exemplaire (dont la politique de rémunération des auteurs est originale et intéressante), Ami Inintéressant reste dans sa zone de confort, et son style habituel. A savoir un dessin ultra minimaliste (avec des personnages bâton) et un humour con et absurde assumé.
Je parlais de zone de confort, mais en fait l’auteur a quand même voulu en sortir un peu, en confiant à certains des contributeurs de l’album la possibilité de participer. C’est ainsi que certains gags sont complétés par des inconnus (ils livrent une des quatre cases les autres étant préalablement connues). La dizaine de dernières pages est même entièrement dessinée par trois inconnus – dans des styles très différents de l’auteur – et franchement amateurs !
Globalement, ces histoires courtes découpées en strips gags dans le monde de l’entreprise sont inégales, mais plutôt amusantes, même si le genre et en particulier dans cet univers ont déjà été pas mal vus (voir des séries de Dubuisson par exemple sur le même type de dessin).
Une lecture sympathique, à réserver aux amateurs de ce genre d’humour.
Les Aventures de Mic Mac Adam sont un des rares classiques de la BD franco-belge des années 1980 que je n'avais pas lus. L'occasion s'est présentée un peu par hasard, en tombant sur le cinquième tome (Les 5 Miroirs) dans une librairie d'occasion, et j'ai pu constater que c'était un album d'excellente facture. Le dessin de Benn y est particulièrement soigné, détaillé et efficace aussi bien dans les ambiances brumeuses du Royaume-Uni que dans les décors plus exotiques. Son trait m'a rappelé celui de Wasterlain, ce qui n'a rien d'étonnant quand on sait qu'ils ont tous deux travaillé au sein du Studio Peyo.
Le récit, quant à lui, adopte un ton relativement mature : on y trouve une dose de fantastique, des antagonistes sans scrupules, et de vrais meurtres. On reconnaît bien là certaines marques du scénario de Desberg, comme dans ses autres séries de l'époque (Tif et Tondu, 421...). Cela dit, l'intrigue n'est pas exempte de facilités ni d'incohérences (on peut notamment s'interroger sur l'attitude des méchants, qui attendent le réveil de Mac Adam pour s'en débarrasser alors qu'ils l'avaient sous la main toute la nuit... Et pourquoi toute cette machination alors que le but recherché était nettement plus simple à atteindre ?). L'histoire souffre également de quelques déséquilibres rythmiques, visibles notamment dans cette seconde partie qui semble un peu plaquée sur la première. Malgré tout, j'ai trouvé l'album suffisamment enthousiasmant pour partir aussitôt à la recherche de l'intégrale.
Et c'est là que j'ai compris que Les 5 Miroirs était, en réalité, l'album le plus abouti de la série.
Les autres tomes restent sympathiques, mais ils sont moins convaincants. Les débuts de la série prennent la forme d'histoires courtes où l'on suit Mic Mac Adam, Écossais arborant fièrement le kilt, plongé dans des enquêtes teintées de surnaturel. On ne sait jamais trop pourquoi il est chargé de ces affaires ni comment il se retrouve à collaborer d'aussi près avec la police, mais on accepte facilement cette part d'ellipse. Certaines histoires restent assez réalistes avec juste une touche de fantastique, d'autres versent carrément dans l'horreur satanique. Pour ma part, j'ai préféré les récits les plus ancrés dans le réel : ceux plus fantastiques tombent parfois dans la facilité ou les clichés.
La série se déroule pour la plupart dans une Angleterre brumeuse, avec ses ruelles humides et ses vieux quartiers londoniens : une atmosphère très réussie, particulièrement bien rendue par le trait de Benn. Ce dernier évolue d'ailleurs de manière visible au fil des tomes : dans les premiers, le dessin est plus caricatural, le personnage de Mic Mac Adam lui-même a un style plus enfantin avec son gros nez typique de la ligne claire franco-belge. Mais il gagne en maturité au fil des albums, tout comme les décors, qui deviennent plus fouillés, plus évocateurs, passant des marais et châteaux stéréotypés à des paysages bien plus immersifs et crédibles.
Malgré toutes ces qualités, certains éléments m'ont empêché d'adhérer pleinement. D'abord, Mic Mac Adam lui-même : je ne l'ai jamais trouvé attachant. Son comportement est parfois agaçant, et il reste assez distant, ce qui empêche l'identification. Ensuite, le rythme narratif pose régulièrement problème. Dans les histoires courtes, tout semble précipité, avec des ellipses abruptes et des résolutions trop rapides. À l'inverse, dans les albums complets, les intrigues donnent parfois l'impression d'être étirées artificiellement pour remplir les 48 pages réglementaires, sans réel crescendo dramatique.
Au final, c'est une série qui regorge d'idées, d'ambiances réussies, d'un dessin qui progresse nettement, et de récits qui ont du charme. Mais le personnage principal et les soucis de rythme m'ont laissé à distance. Cela reste une lecture agréable, ponctuée de très bons moments, mais un peu inégale et pas aussi marquante que je l'espérais.
2.5
Une jeune fille vit dans son monde imaginaire et les gens autour d'elle ne la comprennent pas. C'est un postulat que j'ai vu une bonne centaine de fois et c'est le principal problème de cet album.
Si vous avez déjà lu ou vu une histoire avec un enfant qui ne comprend pas toujours le monde des grands et qui a beaucoup d'imagination, je pense que vous aurez une bonne idée du contenu de l'album. C'est pas franchement mauvais, mais le scénario est trop fade pour être passionnant et j'ai eu un peu de difficulté à trouver l'héroïne attachante. Un truc qui m'a frappé est que cela se passe dans le Québec des années 50, mais en enlevant juste un ou deux détails le récit aurait pu se passer n'importe où en occident dans n'importe quelle décennie entre la fin de la seconde guerre mondiale et l'arrivée massive de la technologie genre l'internet.
Le point fort est le dessin enfantin qui va très bien pour ce type de récit qui montre le monde au travers les yeux d'un enfant.
Avec cet album, Matthieu Chiara a le mérite de surprendre ceux qui connaissent ses autres productions, mais aussi de présenter quelque chose de relativement original.
Certes, rien d’extraordinaire ou de très développé (format oblige), et quelque chose d’un peu déconcertant. Mais les rebondissements dans les deux dernières pages donnent du coffre à ce petit récit qui sort des sentiers battus, qui traine une certaine nonchalance, pour finir relativement brutalement.
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L'Arpenteur
Étrange album que celui-ci. Avec une intrigue a priori assez creuse – il ne se passe véritablement pas grand-chose. Mais pourtant j’ai plutôt apprécié ma lecture, d’une histoire assez noire et planante, où une certaine poésie s’invite (avec un parallèle avec un texte de Shakespeare). L'histoire se développe dans des décors post-apocalypse, une Terre désolée, abandonnée, qui ne sert plus que de dépotoir aux autres planètes où se sont réfugiés les hommes. aucune explication n'est donné sur ce qui s'est passé sur Terre, ni sur ce qu'est la vie "ailleurs". Nous nous concentrons sur un éboueur, échoué accidentellement sur la Terre/poubelle. En refermant l’album, je me suis dit qu’il aurait tout aussi bien pu être écrit dans les années 1970, ou début des années 1980, et publié par les Humanoïdes Associés, tant on y retrouve des similitudes avec ce qu’ils proposaient à l’époque. Ma remarque est valable pour le thème et son traitement, mais aussi pour le découpage des cases et la colorisation de certaines planches. Mais je me suis aussi dit que l’histoire était un chouia trop obscure dans sa première moitié (la lecture de la quatrième de couverture aide à ne pas se perdre), et globalement pas assez développée. C’est dommage.
Marée haute
Une lecture sympathique, mais sans plus me concernant. Dessin et narration sont plutôt agréables, aérés, et on peut aisément s’attacher aux personnages, dans un récit fortement autobiographique. Mais ce récit justement ressemble souvent à un empilement d’anecdotes. Tous les protagonistes de la famille (élargie à quelques amis) y passent, se croisent, sous l’œil d’un gamin espiègle – le narrateur et auteur. La lecture est plaisante, mais rien dans cette histoire n’est réellement inoubliable. Reste une vision d’une région de la Catalogne des années 1990, dans sa version touristique populaire, et globalement une fraicheur intéressante des différents épisodes. Le dessin n’est ni très précis ni très fouillé, mais il passe bien et lui aussi se révèle sympathique.
Le Maître de California Hill
Le maître de California Hill en question, c’est Leland Stanford. Et cet album se présente au départ comme une sorte de biographie. Puis se greffe l’histoire de Eadweard Muybridge, photographe inventif et personnage complexe, recruté par Stanford. Enfin, dans le dernier tiers de l’album, l’intérêt se concentre sur une célèbre série de photos de cheval au galop de Muybridge (que je connaissais comme tout le monde je pense via son utilisation avec un appareil préfigurant le cinéma). Et c’est cette dernière partie que j’ai trouvé la plus intéressante, avec quelques réflexions sur les débuts du cinéma. Car Leland Stanford (au passage j’ai appris l’origine du nom de cette célèbre université californienne) est un personnage original, mais hautement antipathique. Mégalomane, c’est l’un des « barons voleurs » qui se sont immensément enrichis aux États-Unis à la fin du XIXème siècle. On le voit ici mépriser les lois, ses nombreux employés, voire sa femme et ses « amis », seuls les chevaux trouvant grâce à ses yeux. C’est d’ailleurs à leur propos qu’il recrute Muybridge (pour prouver qu’aucun sabot d’un cheval au galop ne touche le sol), qui va faire preuve de créativité pour mener à bien sa mission. Ce qui concerne Stanford n’est pas inintéressant, mais le type est abjecte, tandis que la longue enquête et le procès autour de Muybridge sont trop longs : là aussi on ne s’attache pas à lui. Tout ça se laisse lire, et sur la fin les auteurs ménagent quelques surprises, remettant en cause une partie de ce l’on vient de lire. A lire à l’occasion, mais il m’a manqué un je ne sais quoi pour davantage entrer dans cette histoire, inspirée de faits et de personnages réels.
À la poursuite du trésor de Décalécatán
Je suis moins généreux dans ma notation que pour leur très bon Z comme don Diego. Il est vrai qu’on est moins surpris aujourd’hui (les deux auteurs ont quand même pas mal publié depuis, souvent dans des registres similaires – et nombreux ont été les auteurs à explorer le même filon). Mais je pense aussi que cette série est un cran en dessous. D’abord parce que, issue du Journal de Spirou, il y a un certain frein au niveau d’un type d’humour. Ensuite parce que je trouve qu’ici tout est sur le même ton, le même rythme endiablé. Il n’y a pas assez de rupture, et l’avalanche de gags et de situations grotesques anesthésie un peu le lecteur. Mais bon, ça reste quand même quelque chose d’agréable à lire, malgré l’overdose qui guette. L’humour très con, voire débile fonctionne quand même. Les deux héros – avatars des auteurs – sont particulièrement gratinés : croyant arriver à Niort pour un festival de BD, et suite à un quiproquo, ils se retrouvent au Mexique à la place de deux scientifiques, embarqués dans une aventure improbable, qui use en les détournant de tous les clichés du genre et de la région. A chaque fois, nos deux neuneus – impassibles face aux difficultés – dépassent les limites que l’on croyait précédemment admises pour leur connerie. En parallèle, leur collègue Bouzard a accueilli les deux scientifiques (qu’il croit être Fabcaro et Erre), ce qui donne d’autres situations décalées et permet quelques respirations dans la mécanique du duo d’imbéciles au Mexique. Rien d’extraordinaire donc, mais un album gentiment crétin. Les pages étant remplies de gags, même inégaux, les amateurs du genre trouveront forcément quelques moments plaisants. Une lecture détente sympathique, même si les auteurs ont produit plus percutant ailleurs.
Verts
Vu l'état de l'environnement de nos jours, on risque de voir débarquer un paquet de ce genre de fable écologique pendant un bon moment ! Il y a une étrange épidémie qui fait en sorte que des humains ne font plus qu'un avec la nature. Si certains aiment leur nouvelle condition, d'autres ont peur et je pense que j'ai pas besoin d'en dire plus. Les personnages agissent comme on l'a déjà vu plusieurs fois dans ce style de récit. C'est pas mauvais, ça se laisse lire, mais au final ce n'est pas une lecture qui m'a vraiment marqué. Ça manque quand même un peu d'originalité et les personnages ne sont pas mémorables. Le dessin est agréable et offre quelques scènes poétiques pas trop mal, mais pas assez pour que l'album sorte du lot de la surproduction de BD qui sort chaque année. En gros, le genre d'album que je lis une fois et rien ne me donne envie de le relire même si je n'ai pas grand chose de négatif à dire.
Comme un mardi
Cela fait plusieurs albums d’Ami Inintéressant publiés par Exemplaire que je lis et avise d’affilée. J’ai retrouvé ici son style habituel, avec un dessin minimaliste, bonhommes bâtons, et un humour résolument absurde et décalé. Ici pas de thème dominant, ça part dans tous les sens, et c’est inégal. Mais globalement ça reste quand même amusant. En tout cas pour quelqu’un qui, comme moi, apprécie fortement ce type d’humour. On va dire que c’est dans l’honnête moyenne du genre et de l’auteur, un livre – relativement épais en fait – à lire par petites touches, pour un moment de détente sympathique.
Open Space
Avec ce nouvel album publié par les éditions Exemplaire (dont la politique de rémunération des auteurs est originale et intéressante), Ami Inintéressant reste dans sa zone de confort, et son style habituel. A savoir un dessin ultra minimaliste (avec des personnages bâton) et un humour con et absurde assumé. Je parlais de zone de confort, mais en fait l’auteur a quand même voulu en sortir un peu, en confiant à certains des contributeurs de l’album la possibilité de participer. C’est ainsi que certains gags sont complétés par des inconnus (ils livrent une des quatre cases les autres étant préalablement connues). La dizaine de dernières pages est même entièrement dessinée par trois inconnus – dans des styles très différents de l’auteur – et franchement amateurs ! Globalement, ces histoires courtes découpées en strips gags dans le monde de l’entreprise sont inégales, mais plutôt amusantes, même si le genre et en particulier dans cet univers ont déjà été pas mal vus (voir des séries de Dubuisson par exemple sur le même type de dessin). Une lecture sympathique, à réserver aux amateurs de ce genre d’humour.
Mic Mac Adam
Les Aventures de Mic Mac Adam sont un des rares classiques de la BD franco-belge des années 1980 que je n'avais pas lus. L'occasion s'est présentée un peu par hasard, en tombant sur le cinquième tome (Les 5 Miroirs) dans une librairie d'occasion, et j'ai pu constater que c'était un album d'excellente facture. Le dessin de Benn y est particulièrement soigné, détaillé et efficace aussi bien dans les ambiances brumeuses du Royaume-Uni que dans les décors plus exotiques. Son trait m'a rappelé celui de Wasterlain, ce qui n'a rien d'étonnant quand on sait qu'ils ont tous deux travaillé au sein du Studio Peyo. Le récit, quant à lui, adopte un ton relativement mature : on y trouve une dose de fantastique, des antagonistes sans scrupules, et de vrais meurtres. On reconnaît bien là certaines marques du scénario de Desberg, comme dans ses autres séries de l'époque (Tif et Tondu, 421...). Cela dit, l'intrigue n'est pas exempte de facilités ni d'incohérences (on peut notamment s'interroger sur l'attitude des méchants, qui attendent le réveil de Mac Adam pour s'en débarrasser alors qu'ils l'avaient sous la main toute la nuit... Et pourquoi toute cette machination alors que le but recherché était nettement plus simple à atteindre ?). L'histoire souffre également de quelques déséquilibres rythmiques, visibles notamment dans cette seconde partie qui semble un peu plaquée sur la première. Malgré tout, j'ai trouvé l'album suffisamment enthousiasmant pour partir aussitôt à la recherche de l'intégrale. Et c'est là que j'ai compris que Les 5 Miroirs était, en réalité, l'album le plus abouti de la série. Les autres tomes restent sympathiques, mais ils sont moins convaincants. Les débuts de la série prennent la forme d'histoires courtes où l'on suit Mic Mac Adam, Écossais arborant fièrement le kilt, plongé dans des enquêtes teintées de surnaturel. On ne sait jamais trop pourquoi il est chargé de ces affaires ni comment il se retrouve à collaborer d'aussi près avec la police, mais on accepte facilement cette part d'ellipse. Certaines histoires restent assez réalistes avec juste une touche de fantastique, d'autres versent carrément dans l'horreur satanique. Pour ma part, j'ai préféré les récits les plus ancrés dans le réel : ceux plus fantastiques tombent parfois dans la facilité ou les clichés. La série se déroule pour la plupart dans une Angleterre brumeuse, avec ses ruelles humides et ses vieux quartiers londoniens : une atmosphère très réussie, particulièrement bien rendue par le trait de Benn. Ce dernier évolue d'ailleurs de manière visible au fil des tomes : dans les premiers, le dessin est plus caricatural, le personnage de Mic Mac Adam lui-même a un style plus enfantin avec son gros nez typique de la ligne claire franco-belge. Mais il gagne en maturité au fil des albums, tout comme les décors, qui deviennent plus fouillés, plus évocateurs, passant des marais et châteaux stéréotypés à des paysages bien plus immersifs et crédibles. Malgré toutes ces qualités, certains éléments m'ont empêché d'adhérer pleinement. D'abord, Mic Mac Adam lui-même : je ne l'ai jamais trouvé attachant. Son comportement est parfois agaçant, et il reste assez distant, ce qui empêche l'identification. Ensuite, le rythme narratif pose régulièrement problème. Dans les histoires courtes, tout semble précipité, avec des ellipses abruptes et des résolutions trop rapides. À l'inverse, dans les albums complets, les intrigues donnent parfois l'impression d'être étirées artificiellement pour remplir les 48 pages réglementaires, sans réel crescendo dramatique. Au final, c'est une série qui regorge d'idées, d'ambiances réussies, d'un dessin qui progresse nettement, et de récits qui ont du charme. Mais le personnage principal et les soucis de rythme m'ont laissé à distance. Cela reste une lecture agréable, ponctuée de très bons moments, mais un peu inégale et pas aussi marquante que je l'espérais.
La Petite Fille qui parlait en dessinant
2.5 Une jeune fille vit dans son monde imaginaire et les gens autour d'elle ne la comprennent pas. C'est un postulat que j'ai vu une bonne centaine de fois et c'est le principal problème de cet album. Si vous avez déjà lu ou vu une histoire avec un enfant qui ne comprend pas toujours le monde des grands et qui a beaucoup d'imagination, je pense que vous aurez une bonne idée du contenu de l'album. C'est pas franchement mauvais, mais le scénario est trop fade pour être passionnant et j'ai eu un peu de difficulté à trouver l'héroïne attachante. Un truc qui m'a frappé est que cela se passe dans le Québec des années 50, mais en enlevant juste un ou deux détails le récit aurait pu se passer n'importe où en occident dans n'importe quelle décennie entre la fin de la seconde guerre mondiale et l'arrivée massive de la technologie genre l'internet. Le point fort est le dessin enfantin qui va très bien pour ce type de récit qui montre le monde au travers les yeux d'un enfant.
Voyage
Avec cet album, Matthieu Chiara a le mérite de surprendre ceux qui connaissent ses autres productions, mais aussi de présenter quelque chose de relativement original. Certes, rien d’extraordinaire ou de très développé (format oblige), et quelque chose d’un peu déconcertant. Mais les rebondissements dans les deux dernières pages donnent du coffre à ce petit récit qui sort des sentiers battus, qui traine une certaine nonchalance, pour finir relativement brutalement. A découvrir à l’occasion.