J'ai acheté cet album en connaissance de cause, ayant bien noté qu'il était peu apprécié dans les avis ci-dessous. Mais je suis un grand fan d'Andreas, autant pour ses scénarios que pour son dessin, et je voulais voir ce qu'il avait apporté à cette collaboration avec Eddy Paape sur cette BD.
La contribution d'Andreas est en réalité difficilement perceptible. Le dessin adopte majoritairement le style de Paape, et ce n'est que dans la seconde histoire de l'album que j'ai reconnu la patte d'Andreas, notamment sur le personnage féminin et dans la mise en page d'une ou deux planches. Il semble que, pour le reste, il ait volontairement adapté son trait à celui de Paape. Ce n'est pas désagréable, mais c'est à mes yeux moins séduisant. On est sur un graphisme plus désuet, très ancré dans le moule des productions du journal Tintin des années 70. Ça a son charme, mais cela a clairement vieilli.
En revanche, je comprends le peu d'enthousiasme des autres lecteurs concernant le scénario. L'album propose deux histoires courtes fouillis, accumulant des péripéties mal agencées. Dès la première page, on a l'impression d'entrer dans une série au long cours, avec un héros déjà bien installé et des ennemis récurrents, alors qu'on n'a jamais entendu parler de cet univers auparavant.
Le personnage d'Udolfo, écrivain public qui se révèle être un super-enquêteur immensément riche, doté de multiples cachettes secrètes, paraît totalement artificiel. Son manque de crédibilité est tel qu'un épilogue tente de le justifier par une révélation de science-fiction aussi incongrue que proche du ridicule. Avant cette explication, le personnage apparaît surtout comme boursouflé d'ego, imbu de lui-même et excessivement favorisé par le scénario. Il m'a fait penser au Harry Dickson de Dupuis, dont certains épisodes récents présentent un héros presque détestable, sûr de lui, méprisant alliés et ennemis, persuadé d'être un surhomme tant intellectuellement que physiquement.
Quant aux intrigues, difficile de parler d'histoires cousues de fil blanc tant elles sont surtout artificielles et bancales. Les méchants mettent en place des machinations pour solliciter le héros parce que lui seul peut les aider, celui-ci se sort brillamment de toutes les situations, et les enchaînements n'obéissent qu'à une logique interne souvent hasardeuse. Les révélations et péripéties s'enchaînent de manière brinquebalante, soit peu crédibles, soit inutilement alambiquées au point d'en devenir confuses.
Bref, il s'agit d'une aventure à l'ancienne assez ratée, qui empile les clichés dans un ensemble maladroit, portée par un héros peu attachant et des intrigues artificielles.
Au vu des couvertures et du casting, je m’imaginais bien – et je l’espérais très fort en fait ! – retrouver le plaisir ressenti à la lecture de Z comme don Diego.
Et c’est vrai que le trait hyper caricatural de Fabrice Erre, avec ses personnages difformes, ses gros nez, se prête très bien au comique loufoque et caricatural. Et encore une fois, il fait bien le travail.
Mais, hélas, Gilles Rochier ne parvient pas ici à concrétiser dans le premier album ce que Fabcaro avait réussi sur Z comme don Diego. En effet, l’humour est à la fois moins percutant et moins réussi. Ne reste qu’une certaine lourdeur, sans le gag final qui ferait passer la chose. C’est souvent poussif et peu drôle.
Certes, il y a bien quelques idées amusantes de-ci de-là (citations de films connus, personnages hors contexte – comme Lagerfeld dans le premier tome –, faire intervenir Dumas en panne d’inspiration, en bisbille avec un éditeur ou en proie à divers tracas domestiques, dans une mise en abîme qui aurait pu être davantage ou mieux exploitée), mais globalement ça m’a quand même laissé sur ma faim.
Reste que j’ai trouvé le deuxième album un peu meilleur que le premier, il y a plus de situations amusantes, et Rochier exploite un peu mieux les « à-côtés »: Dumas, la débilité des mousquetaires, et une Milady aux faux airs de Gargamel.
Note réelle 2,5/5.
Des séries se moquant, de façon plus ou moins caricaturale ou loufoque du monde de l’entreprise, il commence à y en avoir pas mal. Difficile donc de se démarquer.
Erik Tartrais – dont c’est semble-t-il la première publication – tente donc l’aventure. Mais ça n’est pas vraiment concluant je trouve.
Le point de départ, c’est le rachat d’une petite entreprise française par une boîte américaine, Smitch donc, ce qui va bouleverser le quotidien des « collaborateurs ».
Même s’il y a des chutes toutes les pages ou les deux pages, c’est une sorte d’histoire complète qui nous est proposée. Mais, justement, ces chutes m’ont le plus souvent laissé de marbre. L’humour, qui joue sur un peu d’absurde et d’humour con (classique pour le genre), ne m’a fait sourire qu’une ou deux fois, et jamais rire. Et comme cela joue uniquement sur l’humour et fait l’impasse sur une éventuelle critique sociale ou économique, le résultat est donc clairement décevant.
Daniel Clowes est un auteur relativement clivant. Chez moi aussi il déclenche des réactions mitigées, et j’ai parfois du mal à me positionner. Et c’est encore le cas avec cet album.
Tout d’abord j’aime beaucoup son travail graphique. Classique, une ligne claire très agréable, colorée, mais au rendu très froid. Une froideur qui colle parfaitement avec l’atmosphère développée par Clowes au travers de ses personnages.
Car il n’a pas son pareil pour nous présenter des personnages froids, losers, et au travers d’eux exprimer le malaise de l’Amérique, loin de l’euphorie triomphante qu’elle aime donner d’elle-même.
Mais du coup on ne peut s’attacher aux personnages, qui ne sont même pas méchants. C’est juste qu’ils écartent d’emblée toute empathie, qu’ils nous laissent indifférents. Et du coup parfois l’ennuie pointe le bout de son museau.
Je n’ai pas détesté, mais j’en suis sorti sur ma faim.
Note réelle 2,5/5.
Je crois bien, après avoir réfléchi à cette lecture, que la BD a raté quelque chose. Et c'est dommage, il y avait une possibilité pour faire quelque chose d'unique avec ce conte.
Blanche-neige est probablement l'un des contes allemand les plus connus aujourd’hui, notamment par son adaptation de Disney. Depuis, elle a été reprise en multiples genres, de la fantasy à l'humour, avec une adaptation ici en pleine high-fantasy, avec peuples différents, armures et combats, pose badass et magie. Une reprise classique, en définitive, reprenant les points du conte avec quelques modifications et qui finit sur une résolution qui m'a paru rapide puisque la fin de la BD est un énorme cahier graphique, sympathique au demeurant.
Mais lorsque je dis que la BD rate quelque chose, c'est qu'elle abordait quelques thématiques qui m'ont parue génial mais qui ne sont en fin de compte jamais traité. Ici, la méchante reine utilise son règne pour retenir l'eau des neiges depuis la montagne et obliger tout le monde à subir son règne sans quoi elle assoiffe le monde, dessèche la forêt et laisse mourir les peuples. Et pendant un long moment du récit, j'attendais la métaphore sur le changement climatique, les guerres de l'eau, les guerres de ressources, la métaphore de Blanche-Neige qui peut faire tomber la neige et revenir l'eau ailleurs ... Sauf que rien de tout ça ne sert le récit, si ce n'est un barrage qui apparait dans le récit. Et qui ne sert pratiquement à rien d'ailleurs.
Et c'est ce qui est dommage, c'est que là se trouve tout ce que la BD aurait du être : dépasser le conte, s'en servir pour parler d'autre chose, d'avoir une trame de conte déjà revue pour aller plus loin. Sauf que finalement tout est retombé à plat, et je pense que c'est presque pire d'avoir vu cette idée qui n'est finalement jamais exploitée. De fait, c'est frustrant, et je ne peux pas vraiment recommander cette lecture !
Servais fait du Servais, ce qui est la meilleure façon de présenter cet album.
Le monsieur n'en est plus à son coup d'essai, et je dois dire que les défauts et qualités de son œuvre semblent revenir de plus en plus, au point de me donner une impression de redondance dans les critiques.
Déjà, j'admire toujours autant le dessin. C'est beau, très beau, magnifique dans la représentation des décors et des animaux. Servais sait s'y prendre pour magnifier la nature, ce que je j'apprécie, et il sait également poser son récit, construire les cases qui reposent l’œil et temporisent, sans jamais paraitre chiant non plus. C'est un auteur qui a un talent indéniable dans la construction et la pagination, ce que je ne peux que constater une fois de plus.
Là où le bat blesse à nouveau, c'est dans le récit. J'ai lu en introduction qu'il avait relu Bruno Bettelheim avant son écriture, et je trouve que ça se sent. C'est malheureusement un récit construit sur les thèses du monsieur, pas toujours très juste et surinterprétant des faits sociaux (dans la BD on parle de la représentation du serpent notamment), tout en proposant une lecture des histoires qu'on se raconte ou de la façon dont notre vie s'y retrouve. J'ai vite tiqué parce que j'ai eu l'occasion de voir certaines de ces idées démontées, mais disons que ce n'est pas le pire. Beaucoup de gens n'y verront rien à redire, et c'est anecdotique dans le récit.
Non, le souci c'est plus que l'histoire est assez peu passionnante. C'est un récit opposant encore une fois la société humaine et la nature, avec un appel à la nature clairement établi dans le récit (un procédé rhétorique pas très habile). On oppose une jeune femme et des petits garçons, eux violent, elle douce et compréhensive. Déjà j'aime pas cette image sexiste au possible, d'autant que Servais à une certaine propension à dénuder ses femmes contrairement aux hommes. De plus cette image de la femme dans les bois, savante, proche de la nature, j'en ai soupé dans la reprise ad nauseam du mythe de la sorcière dans la littérature contemporaine. Et je trouve que cette représentation fait réellement sexiste. Les hommes sont donc condamnés à être représentés comme violent, lâche, surprotecteur de leurs enfants ? Ou est la place pour la nuance là-dedans ?
Maintenant, cette BD plait -et plaira- à ceux qui aiment Servais. Parce qu'on y retrouve ses thèmes et obsessions, qu'il joue de cette esthétique pour des thématiques proche du new-age, d'un retour à la connexion avec la nature, d'une vie plus simple et harmonieuse. Pour moi ça flirte dangereusement avec l'isolation sociale, mais c'est le style qui veut ça, dira-t-on.
En fait, en finissant ma lecture, je me suis surtout demandé : vu son trait, son univers, ses thématiques, son ton ... Pourquoi Servais n'a-t-il encore jamais travaillé avec Pierre Dubois ?
Une autre série de vengeance qui ne m'a pas intéressé.
Le scénario commence de manière très stéréotypé: le personnage principal marche sur les plates-bandes de gens influant et mystérieux qui vont détruire sa vie en tuant sa famille et l'accusant des meurtres et des années plus tard le type revient sur les lieux du crime. L'originalité est que la ville où se passent les événements est réputé pour ses démons et le héros finit par être possédé par l'un d'eux et redevient en plein forme après avoir été un légume pendant plus d'une décennie. Le coté surnaturel aurait pu me captiver et me faire admettre que le héros soit un super-badass qui peut tout faire vu qu'il y a du surnaturel, mais j'ai lu cette série sans passion.
On retrouve un peu les travers récurrent des mangas avec ses personnages qui surjouent leurs émotions et qui font des choses qui semblent un peu irrationnel pour un lecteur occidental. Rien dans l’histoire n’a retenu mon attention, même lorsqu'un méchant fait une grosse révélation à la fin du tome 1 et que celle-ci se confirme à la fin du tome 2. J'ai arrêté ma lecture au cours du tome 4, ayant marre de m'ennuyer un peu. Le dessin est correct, mais les scènes d'actions ne sont pas toujours faciles à comprendre.
Hugues est le jeune héritier d'une grande famille riche, ultra blasé par une vie totalement coupée du monde réel et de la plèbe qu'il méprise.
Le principe est simple : une planche, un gag, toujours autour de ce jeune cynique évoluant dans un milieu familial décadent.
Le dessin en noir et blanc est plutôt réussi et profite de la pleine page pour s'exprimer, avec un certain sens du cadrage et du décalage. C'est sans doute l'aspect le plus intéressant de l'ensemble, même si j'aimerais voir l'auteur sur un registre plus construit pour mieux juger de son potentiel.
L'humour se veut provocateur, caustique, parfois volontairement malsain. Quelques gags font mouche sans pour autant faire vraiment rire, et cela reste très ponctuel. Dans les faits, les situations m'ont souvent paru gratuites et répétitives. Une fois l'album refermé, il ne m'en reste pas grand-chose : ni gag marquant, ni idée vraiment mémorable.
Cet humour très noir et pince sans rire aurait pu me séduire, mais ni le fond, trop répétitif, ni la forme n'ont suffi à m'embarquer.
Gilbert Shelton est un des principaux tenants de l’underground américain des années 1960-80 (même s’il a publié après cette période).
Super-Phacochère a sans doute été l’une de ses premières publications, à l’origine dans un journal étudiant. Et on sent bien en lisant cet album que l’auteur en était à ses débuts, et qu’on était dans une publication proche du fanzinat.
En effet, je pense que l’auteur naviguait à vue, improvisant pas mal les intrigues, c’est clairement foutraque.
L’album est présenté comme un tome 1, il y a sans doute eu d’autres histoires publiées aux États-Unis, mais il est resté orphelin. En l’état, il ne m’a pas forcément convaincu.
Certes, il y a le côté n’importe quoi jouissif de ce type d’underground. Il y a aussi des critiques de la société de consommation américaine. On a aussi une quasi parodie de Superman (comme lui Super Phacochère déambule sous une fausse identité, celle d’un journaliste, Philbert Desanex – qui a aussi donné lieu à un petit album, que j’avais trouvé sympathique – Le 100.000e Rêve de Philbert Desanex).
Mais, globalement, ces aventures, qui mélangent une SF du pauvre, à un underground années 60/70, m’ont laissé sur ma faim. Shelton a fait mieux ensuite et ailleurs, et dans la même veine, d’autres auteurs (comme Rand Holmes par exemple) ont produit des choses qui passent mieux la barrière des années.
Un album probablement à réserver aux amateurs de l’auteur, et à ceux que l’underground américain de cette époque intéresse.
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Udolfo
J'ai acheté cet album en connaissance de cause, ayant bien noté qu'il était peu apprécié dans les avis ci-dessous. Mais je suis un grand fan d'Andreas, autant pour ses scénarios que pour son dessin, et je voulais voir ce qu'il avait apporté à cette collaboration avec Eddy Paape sur cette BD. La contribution d'Andreas est en réalité difficilement perceptible. Le dessin adopte majoritairement le style de Paape, et ce n'est que dans la seconde histoire de l'album que j'ai reconnu la patte d'Andreas, notamment sur le personnage féminin et dans la mise en page d'une ou deux planches. Il semble que, pour le reste, il ait volontairement adapté son trait à celui de Paape. Ce n'est pas désagréable, mais c'est à mes yeux moins séduisant. On est sur un graphisme plus désuet, très ancré dans le moule des productions du journal Tintin des années 70. Ça a son charme, mais cela a clairement vieilli. En revanche, je comprends le peu d'enthousiasme des autres lecteurs concernant le scénario. L'album propose deux histoires courtes fouillis, accumulant des péripéties mal agencées. Dès la première page, on a l'impression d'entrer dans une série au long cours, avec un héros déjà bien installé et des ennemis récurrents, alors qu'on n'a jamais entendu parler de cet univers auparavant. Le personnage d'Udolfo, écrivain public qui se révèle être un super-enquêteur immensément riche, doté de multiples cachettes secrètes, paraît totalement artificiel. Son manque de crédibilité est tel qu'un épilogue tente de le justifier par une révélation de science-fiction aussi incongrue que proche du ridicule. Avant cette explication, le personnage apparaît surtout comme boursouflé d'ego, imbu de lui-même et excessivement favorisé par le scénario. Il m'a fait penser au Harry Dickson de Dupuis, dont certains épisodes récents présentent un héros presque détestable, sûr de lui, méprisant alliés et ennemis, persuadé d'être un surhomme tant intellectuellement que physiquement. Quant aux intrigues, difficile de parler d'histoires cousues de fil blanc tant elles sont surtout artificielles et bancales. Les méchants mettent en place des machinations pour solliciter le héros parce que lui seul peut les aider, celui-ci se sort brillamment de toutes les situations, et les enchaînements n'obéissent qu'à une logique interne souvent hasardeuse. Les révélations et péripéties s'enchaînent de manière brinquebalante, soit peu crédibles, soit inutilement alambiquées au point d'en devenir confuses. Bref, il s'agit d'une aventure à l'ancienne assez ratée, qui empile les clichés dans un ensemble maladroit, portée par un héros peu attachant et des intrigues artificielles.
Les Trois Mousquetaires (Rochier/Erre)
Au vu des couvertures et du casting, je m’imaginais bien – et je l’espérais très fort en fait ! – retrouver le plaisir ressenti à la lecture de Z comme don Diego. Et c’est vrai que le trait hyper caricatural de Fabrice Erre, avec ses personnages difformes, ses gros nez, se prête très bien au comique loufoque et caricatural. Et encore une fois, il fait bien le travail. Mais, hélas, Gilles Rochier ne parvient pas ici à concrétiser dans le premier album ce que Fabcaro avait réussi sur Z comme don Diego. En effet, l’humour est à la fois moins percutant et moins réussi. Ne reste qu’une certaine lourdeur, sans le gag final qui ferait passer la chose. C’est souvent poussif et peu drôle. Certes, il y a bien quelques idées amusantes de-ci de-là (citations de films connus, personnages hors contexte – comme Lagerfeld dans le premier tome –, faire intervenir Dumas en panne d’inspiration, en bisbille avec un éditeur ou en proie à divers tracas domestiques, dans une mise en abîme qui aurait pu être davantage ou mieux exploitée), mais globalement ça m’a quand même laissé sur ma faim. Reste que j’ai trouvé le deuxième album un peu meilleur que le premier, il y a plus de situations amusantes, et Rochier exploite un peu mieux les « à-côtés »: Dumas, la débilité des mousquetaires, et une Milady aux faux airs de Gargamel. Note réelle 2,5/5.
Bienvenue chez Smitch
Des séries se moquant, de façon plus ou moins caricaturale ou loufoque du monde de l’entreprise, il commence à y en avoir pas mal. Difficile donc de se démarquer. Erik Tartrais – dont c’est semble-t-il la première publication – tente donc l’aventure. Mais ça n’est pas vraiment concluant je trouve. Le point de départ, c’est le rachat d’une petite entreprise française par une boîte américaine, Smitch donc, ce qui va bouleverser le quotidien des « collaborateurs ». Même s’il y a des chutes toutes les pages ou les deux pages, c’est une sorte d’histoire complète qui nous est proposée. Mais, justement, ces chutes m’ont le plus souvent laissé de marbre. L’humour, qui joue sur un peu d’absurde et d’humour con (classique pour le genre), ne m’a fait sourire qu’une ou deux fois, et jamais rire. Et comme cela joue uniquement sur l’humour et fait l’impasse sur une éventuelle critique sociale ou économique, le résultat est donc clairement décevant.
Ice Haven
Daniel Clowes est un auteur relativement clivant. Chez moi aussi il déclenche des réactions mitigées, et j’ai parfois du mal à me positionner. Et c’est encore le cas avec cet album. Tout d’abord j’aime beaucoup son travail graphique. Classique, une ligne claire très agréable, colorée, mais au rendu très froid. Une froideur qui colle parfaitement avec l’atmosphère développée par Clowes au travers de ses personnages. Car il n’a pas son pareil pour nous présenter des personnages froids, losers, et au travers d’eux exprimer le malaise de l’Amérique, loin de l’euphorie triomphante qu’elle aime donner d’elle-même. Mais du coup on ne peut s’attacher aux personnages, qui ne sont même pas méchants. C’est juste qu’ils écartent d’emblée toute empathie, qu’ils nous laissent indifférents. Et du coup parfois l’ennuie pointe le bout de son museau. Je n’ai pas détesté, mais j’en suis sorti sur ma faim. Note réelle 2,5/5.
Les Chroniques de Saint-Roustan
J’ai acheté cette BD en toute confiance mais franchement c’est pas terrible et très décevant. C’est vraiment glauque et très beauf.. cordialement
Blanche Neige (Ankama)
Je crois bien, après avoir réfléchi à cette lecture, que la BD a raté quelque chose. Et c'est dommage, il y avait une possibilité pour faire quelque chose d'unique avec ce conte. Blanche-neige est probablement l'un des contes allemand les plus connus aujourd’hui, notamment par son adaptation de Disney. Depuis, elle a été reprise en multiples genres, de la fantasy à l'humour, avec une adaptation ici en pleine high-fantasy, avec peuples différents, armures et combats, pose badass et magie. Une reprise classique, en définitive, reprenant les points du conte avec quelques modifications et qui finit sur une résolution qui m'a paru rapide puisque la fin de la BD est un énorme cahier graphique, sympathique au demeurant. Mais lorsque je dis que la BD rate quelque chose, c'est qu'elle abordait quelques thématiques qui m'ont parue génial mais qui ne sont en fin de compte jamais traité. Ici, la méchante reine utilise son règne pour retenir l'eau des neiges depuis la montagne et obliger tout le monde à subir son règne sans quoi elle assoiffe le monde, dessèche la forêt et laisse mourir les peuples. Et pendant un long moment du récit, j'attendais la métaphore sur le changement climatique, les guerres de l'eau, les guerres de ressources, la métaphore de Blanche-Neige qui peut faire tomber la neige et revenir l'eau ailleurs ... Sauf que rien de tout ça ne sert le récit, si ce n'est un barrage qui apparait dans le récit. Et qui ne sert pratiquement à rien d'ailleurs. Et c'est ce qui est dommage, c'est que là se trouve tout ce que la BD aurait du être : dépasser le conte, s'en servir pour parler d'autre chose, d'avoir une trame de conte déjà revue pour aller plus loin. Sauf que finalement tout est retombé à plat, et je pense que c'est presque pire d'avoir vu cette idée qui n'est finalement jamais exploitée. De fait, c'est frustrant, et je ne peux pas vraiment recommander cette lecture !
Le Chalet bleu
Servais fait du Servais, ce qui est la meilleure façon de présenter cet album. Le monsieur n'en est plus à son coup d'essai, et je dois dire que les défauts et qualités de son œuvre semblent revenir de plus en plus, au point de me donner une impression de redondance dans les critiques. Déjà, j'admire toujours autant le dessin. C'est beau, très beau, magnifique dans la représentation des décors et des animaux. Servais sait s'y prendre pour magnifier la nature, ce que je j'apprécie, et il sait également poser son récit, construire les cases qui reposent l’œil et temporisent, sans jamais paraitre chiant non plus. C'est un auteur qui a un talent indéniable dans la construction et la pagination, ce que je ne peux que constater une fois de plus. Là où le bat blesse à nouveau, c'est dans le récit. J'ai lu en introduction qu'il avait relu Bruno Bettelheim avant son écriture, et je trouve que ça se sent. C'est malheureusement un récit construit sur les thèses du monsieur, pas toujours très juste et surinterprétant des faits sociaux (dans la BD on parle de la représentation du serpent notamment), tout en proposant une lecture des histoires qu'on se raconte ou de la façon dont notre vie s'y retrouve. J'ai vite tiqué parce que j'ai eu l'occasion de voir certaines de ces idées démontées, mais disons que ce n'est pas le pire. Beaucoup de gens n'y verront rien à redire, et c'est anecdotique dans le récit. Non, le souci c'est plus que l'histoire est assez peu passionnante. C'est un récit opposant encore une fois la société humaine et la nature, avec un appel à la nature clairement établi dans le récit (un procédé rhétorique pas très habile). On oppose une jeune femme et des petits garçons, eux violent, elle douce et compréhensive. Déjà j'aime pas cette image sexiste au possible, d'autant que Servais à une certaine propension à dénuder ses femmes contrairement aux hommes. De plus cette image de la femme dans les bois, savante, proche de la nature, j'en ai soupé dans la reprise ad nauseam du mythe de la sorcière dans la littérature contemporaine. Et je trouve que cette représentation fait réellement sexiste. Les hommes sont donc condamnés à être représentés comme violent, lâche, surprotecteur de leurs enfants ? Ou est la place pour la nuance là-dedans ? Maintenant, cette BD plait -et plaira- à ceux qui aiment Servais. Parce qu'on y retrouve ses thèmes et obsessions, qu'il joue de cette esthétique pour des thématiques proche du new-age, d'un retour à la connexion avec la nature, d'une vie plus simple et harmonieuse. Pour moi ça flirte dangereusement avec l'isolation sociale, mais c'est le style qui veut ça, dira-t-on. En fait, en finissant ma lecture, je me suis surtout demandé : vu son trait, son univers, ses thématiques, son ton ... Pourquoi Servais n'a-t-il encore jamais travaillé avec Pierre Dubois ?
Oni Goroshi
Une autre série de vengeance qui ne m'a pas intéressé. Le scénario commence de manière très stéréotypé: le personnage principal marche sur les plates-bandes de gens influant et mystérieux qui vont détruire sa vie en tuant sa famille et l'accusant des meurtres et des années plus tard le type revient sur les lieux du crime. L'originalité est que la ville où se passent les événements est réputé pour ses démons et le héros finit par être possédé par l'un d'eux et redevient en plein forme après avoir été un légume pendant plus d'une décennie. Le coté surnaturel aurait pu me captiver et me faire admettre que le héros soit un super-badass qui peut tout faire vu qu'il y a du surnaturel, mais j'ai lu cette série sans passion. On retrouve un peu les travers récurrent des mangas avec ses personnages qui surjouent leurs émotions et qui font des choses qui semblent un peu irrationnel pour un lecteur occidental. Rien dans l’histoire n’a retenu mon attention, même lorsqu'un méchant fait une grosse révélation à la fin du tome 1 et que celle-ci se confirme à la fin du tome 2. J'ai arrêté ma lecture au cours du tome 4, ayant marre de m'ennuyer un peu. Le dessin est correct, mais les scènes d'actions ne sont pas toujours faciles à comprendre.
Le Cousin Hugues
Hugues est le jeune héritier d'une grande famille riche, ultra blasé par une vie totalement coupée du monde réel et de la plèbe qu'il méprise. Le principe est simple : une planche, un gag, toujours autour de ce jeune cynique évoluant dans un milieu familial décadent. Le dessin en noir et blanc est plutôt réussi et profite de la pleine page pour s'exprimer, avec un certain sens du cadrage et du décalage. C'est sans doute l'aspect le plus intéressant de l'ensemble, même si j'aimerais voir l'auteur sur un registre plus construit pour mieux juger de son potentiel. L'humour se veut provocateur, caustique, parfois volontairement malsain. Quelques gags font mouche sans pour autant faire vraiment rire, et cela reste très ponctuel. Dans les faits, les situations m'ont souvent paru gratuites et répétitives. Une fois l'album refermé, il ne m'en reste pas grand-chose : ni gag marquant, ni idée vraiment mémorable. Cet humour très noir et pince sans rire aurait pu me séduire, mais ni le fond, trop répétitif, ni la forme n'ont suffi à m'embarquer.
Super Phacochère
Gilbert Shelton est un des principaux tenants de l’underground américain des années 1960-80 (même s’il a publié après cette période). Super-Phacochère a sans doute été l’une de ses premières publications, à l’origine dans un journal étudiant. Et on sent bien en lisant cet album que l’auteur en était à ses débuts, et qu’on était dans une publication proche du fanzinat. En effet, je pense que l’auteur naviguait à vue, improvisant pas mal les intrigues, c’est clairement foutraque. L’album est présenté comme un tome 1, il y a sans doute eu d’autres histoires publiées aux États-Unis, mais il est resté orphelin. En l’état, il ne m’a pas forcément convaincu. Certes, il y a le côté n’importe quoi jouissif de ce type d’underground. Il y a aussi des critiques de la société de consommation américaine. On a aussi une quasi parodie de Superman (comme lui Super Phacochère déambule sous une fausse identité, celle d’un journaliste, Philbert Desanex – qui a aussi donné lieu à un petit album, que j’avais trouvé sympathique – Le 100.000e Rêve de Philbert Desanex). Mais, globalement, ces aventures, qui mélangent une SF du pauvre, à un underground années 60/70, m’ont laissé sur ma faim. Shelton a fait mieux ensuite et ailleurs, et dans la même veine, d’autres auteurs (comme Rand Holmes par exemple) ont produit des choses qui passent mieux la barrière des années. Un album probablement à réserver aux amateurs de l’auteur, et à ceux que l’underground américain de cette époque intéresse.