A la lecture des 8 premiers tomes, je ne peux cacher ma déception quant à cette série pourtant prometteuse à ses débuts.
Le défaut principal est la (trop) grande hétérogénéité de traitement (surtout scénaristique) entre les différents opus :
Si j’ai bien apprécié la saison 1 de manière générale (mention spéciale pour les tomes 1 et 4), je me suis très franchement ennuyé à la lecture de la saison 2 (seul le tome 5 sort un peu du lot..).
Une typographie pas toujours lisible, des lourdeurs de texte de plus en plus prenantes et des scénarios prévisibles qui se perdent dans des réflexions métaphysiques n’apportant aucune richesse supplémentaire au récit…
Côté dessin, c’est plutôt bon dans l’ensemble même si un peu plus de détails ne serait pas de refus, notamment côté faciès (ou le choix est délibéré vu qu’on traite avec des androïdes ?)
Saison 1 : 3.5/5
Saison 2 : 1.5/5
Je passe malheureusement mon tour pour la saison 3.
La série m’a laissé une impression globalement confuse. Le scénario paraît brouillon, aussi bien dans son contexte que dans la progression du récit. Les pistes narratives s’accumulent sans réelle hiérarchie ni clarification : enquête criminelle, aventure, quête mystique, religion, ésotérisme, introspection psychologique… tout se superpose sans jamais vraiment se rejoindre. Le propos de fond reste flou et peine à émerger, ce qui rend la lecture souvent opaque et peu engageante sur le plan narratif.
À l’inverse, l’aspect graphique constitue le principal moteur de lecture. Le dessin est de qualité, parfaitement adapté à cette ambiance f
sombre et ésotérique. Les décors et les personnages sont intrigants, la gestion de la lumière et des couleurs installe une atmosphère mystique constante, et certaines planches sont réellement remarquables. Le visuel donne envie d’avancer, même lorsque le récit décroche.
Enfin, le travail sur les dialogues mérite d’être souligné. L’usage d’une gouaille très française, mêlant argot et phrasé marqué selon les personnages, apporte une vraie personnalité au texte et renforce l’immersion. Un atout réel, malheureusement insuffisant pour compenser un scénario trop confus et des intentions thématiques mal définies.
Je n’avais pas connaissance de l’œuvre originale, ce qui conditionne forcément une partie de mon ressenti. Sur le principe, l’idée d’un récit centré sur la relation intime et contradictoire d’une personne « ordinaire » avec Allah est forte, pertinente, et promettait un angle intéressant, à la fois spirituel et humain. Cette tension entre foi, révolte et incohérence personnelle est clairement le point d’entrée le plus séduisant de la BD.
Dans les faits, le récit m’a laissé une impression de dureté appuyée, parfois presque gratuite. La trajectoire narrative est assez attendue et l’on se retrouve davantage face à un enchaînement de situations violentes ou oppressantes qu’à une véritable exploration de cette relation à Allah, qui finit par passer au second plan. Le propos est frontal, sans réel contrepoint ni respiration, ce qui rend la lecture pesante plus que marquante.
Graphiquement, le dessin est maîtrisé et cohérent avec l’univers, mais son rendu très épuré, presque “webcomic”, m’a semblé en décalage avec la gravité du fond. Cela atténue à mes yeux l’impact émotionnel du récit, alors même que le sujet appelait peut-être une mise en scène plus incarnée ou plus rugueuse.
Une œuvre qui repose sur une intention intéressante mais dont l’exécution m’a paru trop dure et trop convenue pour réellement convaincre.
Ah oui, non, là j'ai pas franchement aimé le récit. C'est imputable à deux soucis : déjà j'ai eu du mal avec l'adaptation, et ensuite j'ai eu du mal avec le type de récit.
L'adaptation de livre en BD souffre souvent d'un défaut que j'ai déjà repéré sur d'autres lectures : la volonté de reprendre la narration du livre. Hors si les deux médias (BD et livres) sont souvent identifiés comme proche, j'estime qu'ils sont fondamentalement différents sur la forme. La BD est une narration visuelle, le livre est une narration narrative. Lorsqu'on décrit dans un livre, c'est le choix du mot, de la phrase, du rythme qui crée la fluidité et le plaisir de lecture. Dans une BD, c'est le dessin, son arrangement, sa façon de rythmer la page, les temps de narration par phylactère qui ponctuent l'action.
Bref, c'est une façon tout à fait différente de traiter le média, et cela n'empêche pas la BD d'être bavarde (je pense à la série Le Tueur qui comprend de long monologues dudit tueur). Mais ici, je vois et je sens que le texte est celui du livre, de l'auteur d'origine. Sauf que si je veux ce texte, je peux aller voir le livre. Là, j'ai une BD et je trouve que commencer directement par cette voix-off omnisciente qui n'est ni la voix d'un protagoniste ni un descriptif, mais bien la narration de l'auteur, manque clairement d'intérêt pour moi. La lecture devient celle d'un texte de livre mis en image, parfois en dialogue. Mais j'ai passé une bonne partie du début de la BD à me dire que j'aurais aimé voir ce texte réellement adapté.
C'est dommage puisque la BD en elle-même pose une ambiance avec son dessin de bas-fonds parisien, de tripot paumé et de gueules abimés. Ce dessin aurait mérité d'être développé plus et d'être le vrai support de la narration. C'est un défaut formel à mes yeux, et ça m'a agacé plus qu'autre chose lors de ma lecture.
L'autre souci, donc, c'est que le contenu de la lecture est très typé polar noir et que j'étais pas franchement convaincu. Le milieu militant anarchiste, gauche revendicatrice et révolutionnaire, l'ambiance de fin de conviction dans une France qui s'assagit pourrait être intéressante. Mais il manque les motivations de leurs anarchismes, les raisons d'y croire encore et de lutter, les violences de ce monde existantes ... D'ailleurs que le seul personnage féminin du récit s'auto-qualifie de pute directement pourrait être un commentaire sur la place sociétale des femmes, mais ne sert à rien au récit. Si ce n'est qu'elle est sexy et qu'un des types veut -et va- se la taper. Merci la potiche qu'on aurait pu remplacer par une plante en pot !
Ce qui est le plus embêtant, c'est que tout le contexte anarchistes et gauche révolutionnaire prête à faire des attentats ne sert presque pas. Le récit aurait été le même avec des truands ordinaires sur un gros coups, à la différence d'un message final laissé par un des types sur les erreurs de son engagement. Sauf que ce message est trop tardif, il n'y a pas eu de vrai engagement de leurs parts et la finalité est celle d'un coup qui tourne mal, comme je l'ai vu dans des dizaines d'histoires avec de simples mafieux. Je ne comprends pas trop l'importance de ce passé politique, toujours en marge mais jamais clairement traité. C'est un coup manqué pour moi, ce qui aurait donné l'intérêt à l'histoire.
Bref, une histoire qui a deux gros défauts que je me devais de reprendre parce qu'ils m'ont clairement bloqué lors de ma lecture. J'en ressors sans avoir de eu de réel plaisir de lecture ni d'intérêt à long terme. Je laisse cette BD à ceux qui l'apprécient, je m'en vais lire autre chose !
Encore une bande dessinée au fort potentiel qui se révèle frustrante... La vie de Takashi et Midori Nagai est probablement passionnante, mais Nathalie Fourmy peine ici à le rendre correctement.
La faute d'abord à une narration maladroite. Les dialogues et le situations sonnent souvent très artificiels et on a du mal à se plonger dans ces enchaînements parfois peu adroits, parfois juste anecdotiques, qui donnent l'impression qu'on a tellement voulu garder l'essentiel du récit qu'on a fini par en enlever tout ce qui l'aurait rendu plein de vie.
La faute ensuite à un dessin qui manque d'ampleur. Certes, Nathalie Fourmy a un vrai coup de crayon, on ne peut le lui enlever, mais ce dernier s'avère trop inégal. Certaines cases sont très belles, joliment épurées, et les personnages y sont très réussis, tandis que d'autres cases sont terriblement pauvres. Quand il s'agit notamment de raconter des épisodes guerriers, la qualité graphique s'amoindrit terriblement. A l'inverse, quand il s'agit d'évoquer la mort et le deuil, le dessin fait plutôt preuve d'une belle pudeur.
Dans tous les cas, il apparaît très clairement que Nagasaki 1945 est une hagiographie, c'est-à-dire une vie de saint (même si le couple Nagai n'a pas encore été canonisé par l'Église catholique, mais le processus est en cours), ce qui est logique puisque c'est la spécialité de l'éditeur Plein vent. Mais contrairement à d'autres, c'est probablement là où la bande dessinée est la plus naïve. L'autrice a beau essayer d'habiller ça comme pour ne pas tomber dans le prosélytisme, le ton reste très catéchétique. Et s'il est évident que tout le monde pourra admirer l'héroïsme, le dévouement et la force morale des époux Nagai, ceux qui n'aiment pas qu'on leur fasse la morale risquent de ne pas aimer la tonalité du récit.
Ce récit de conversion n'est jamais vraiment mis en perspective, jamais questionné autrement que sous l'angle des persécutions (bien réelles) du gouvernement japonais contre la religion catholique. Cette histoire est racontée de manière vraiment trop linéaire et naïve pour toucher d'autres publics que déjà acquis à la cause de l'autrice et de son personnage. Ce n'est pas un défaut en soi, dans la mesure où la démarche est assumée. Au vu du résumé, il est évident que l'éditeur s'adresse spécifiquement à un lectorat catholique. Cela n'empêchait peut-être pas, toutefois, d'avoir recours à un discours plus nuancé et moins didactique.
Je n'en reste pas moins satisfait d'avoir découvert la belle vie des époux Nagai, mais reste un peu frustré par cette impression de ne pas avoir lu un récit à la hauteur de ce qu'a pu être leur épopée.
S'agissant d'un recueil de gags à l'humour absurde, limite franchement con, parus indépendamment dans Psikopat et L'Echo des Savanes, cette origine multiple apporte une certaine variété de genres (western, polar, SF, horreur, super-héros…), sans pour autant réussir à convaincre et à me faire rire.
Le style graphique volontairement rétro, très comics des années 60, vise clairement la parodie et le décalage. Reuzé pousse l'absurde très loin, parfois jusqu'à la saturation. Pris par petites touches, cela fonctionne un peu, mais lu d'une traite, l'effet d'overdose arrive vite : la surenchère finit par anesthésier l'impact comique. Trop souvent, j'ai eu l'impression que l'auteur trouvait une idée de gag à peine suffisante pour remplir un strip, puis étirait la sauce sur une ou deux pages sans jamais dépasser son concept initial ni ses conséquences prévisibles.
L'humour absurde a déjà été largement exploré dans ce registre. Je pense notamment à Alexis, dont le style réaliste et pince-sans-rire se rapprochait parfois de celui de ces planches, mais avec bien plus de surprise, de finesse et d'impact narratif. Ici, ces qualités font défaut.
Pour le dire simplement, les gags tombent à plat : je n'ai pas esquissé le moindre sourire.
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Androïdes
A la lecture des 8 premiers tomes, je ne peux cacher ma déception quant à cette série pourtant prometteuse à ses débuts. Le défaut principal est la (trop) grande hétérogénéité de traitement (surtout scénaristique) entre les différents opus : Si j’ai bien apprécié la saison 1 de manière générale (mention spéciale pour les tomes 1 et 4), je me suis très franchement ennuyé à la lecture de la saison 2 (seul le tome 5 sort un peu du lot..). Une typographie pas toujours lisible, des lourdeurs de texte de plus en plus prenantes et des scénarios prévisibles qui se perdent dans des réflexions métaphysiques n’apportant aucune richesse supplémentaire au récit… Côté dessin, c’est plutôt bon dans l’ensemble même si un peu plus de détails ne serait pas de refus, notamment côté faciès (ou le choix est délibéré vu qu’on traite avec des androïdes ?) Saison 1 : 3.5/5 Saison 2 : 1.5/5 Je passe malheureusement mon tour pour la saison 3.
Le Codex angélique
La série m’a laissé une impression globalement confuse. Le scénario paraît brouillon, aussi bien dans son contexte que dans la progression du récit. Les pistes narratives s’accumulent sans réelle hiérarchie ni clarification : enquête criminelle, aventure, quête mystique, religion, ésotérisme, introspection psychologique… tout se superpose sans jamais vraiment se rejoindre. Le propos de fond reste flou et peine à émerger, ce qui rend la lecture souvent opaque et peu engageante sur le plan narratif. À l’inverse, l’aspect graphique constitue le principal moteur de lecture. Le dessin est de qualité, parfaitement adapté à cette ambiance f sombre et ésotérique. Les décors et les personnages sont intrigants, la gestion de la lumière et des couleurs installe une atmosphère mystique constante, et certaines planches sont réellement remarquables. Le visuel donne envie d’avancer, même lorsque le récit décroche. Enfin, le travail sur les dialogues mérite d’être souligné. L’usage d’une gouaille très française, mêlant argot et phrasé marqué selon les personnages, apporte une vraie personnalité au texte et renforce l’immersion. Un atout réel, malheureusement insuffisant pour compenser un scénario trop confus et des intentions thématiques mal définies.
Confidences à Allah
Je n’avais pas connaissance de l’œuvre originale, ce qui conditionne forcément une partie de mon ressenti. Sur le principe, l’idée d’un récit centré sur la relation intime et contradictoire d’une personne « ordinaire » avec Allah est forte, pertinente, et promettait un angle intéressant, à la fois spirituel et humain. Cette tension entre foi, révolte et incohérence personnelle est clairement le point d’entrée le plus séduisant de la BD. Dans les faits, le récit m’a laissé une impression de dureté appuyée, parfois presque gratuite. La trajectoire narrative est assez attendue et l’on se retrouve davantage face à un enchaînement de situations violentes ou oppressantes qu’à une véritable exploration de cette relation à Allah, qui finit par passer au second plan. Le propos est frontal, sans réel contrepoint ni respiration, ce qui rend la lecture pesante plus que marquante. Graphiquement, le dessin est maîtrisé et cohérent avec l’univers, mais son rendu très épuré, presque “webcomic”, m’a semblé en décalage avec la gravité du fond. Cela atténue à mes yeux l’impact émotionnel du récit, alors même que le sujet appelait peut-être une mise en scène plus incarnée ou plus rugueuse. Une œuvre qui repose sur une intention intéressante mais dont l’exécution m’a paru trop dure et trop convenue pour réellement convaincre.
Nada
Ah oui, non, là j'ai pas franchement aimé le récit. C'est imputable à deux soucis : déjà j'ai eu du mal avec l'adaptation, et ensuite j'ai eu du mal avec le type de récit. L'adaptation de livre en BD souffre souvent d'un défaut que j'ai déjà repéré sur d'autres lectures : la volonté de reprendre la narration du livre. Hors si les deux médias (BD et livres) sont souvent identifiés comme proche, j'estime qu'ils sont fondamentalement différents sur la forme. La BD est une narration visuelle, le livre est une narration narrative. Lorsqu'on décrit dans un livre, c'est le choix du mot, de la phrase, du rythme qui crée la fluidité et le plaisir de lecture. Dans une BD, c'est le dessin, son arrangement, sa façon de rythmer la page, les temps de narration par phylactère qui ponctuent l'action. Bref, c'est une façon tout à fait différente de traiter le média, et cela n'empêche pas la BD d'être bavarde (je pense à la série Le Tueur qui comprend de long monologues dudit tueur). Mais ici, je vois et je sens que le texte est celui du livre, de l'auteur d'origine. Sauf que si je veux ce texte, je peux aller voir le livre. Là, j'ai une BD et je trouve que commencer directement par cette voix-off omnisciente qui n'est ni la voix d'un protagoniste ni un descriptif, mais bien la narration de l'auteur, manque clairement d'intérêt pour moi. La lecture devient celle d'un texte de livre mis en image, parfois en dialogue. Mais j'ai passé une bonne partie du début de la BD à me dire que j'aurais aimé voir ce texte réellement adapté. C'est dommage puisque la BD en elle-même pose une ambiance avec son dessin de bas-fonds parisien, de tripot paumé et de gueules abimés. Ce dessin aurait mérité d'être développé plus et d'être le vrai support de la narration. C'est un défaut formel à mes yeux, et ça m'a agacé plus qu'autre chose lors de ma lecture. L'autre souci, donc, c'est que le contenu de la lecture est très typé polar noir et que j'étais pas franchement convaincu. Le milieu militant anarchiste, gauche revendicatrice et révolutionnaire, l'ambiance de fin de conviction dans une France qui s'assagit pourrait être intéressante. Mais il manque les motivations de leurs anarchismes, les raisons d'y croire encore et de lutter, les violences de ce monde existantes ... D'ailleurs que le seul personnage féminin du récit s'auto-qualifie de pute directement pourrait être un commentaire sur la place sociétale des femmes, mais ne sert à rien au récit. Si ce n'est qu'elle est sexy et qu'un des types veut -et va- se la taper. Merci la potiche qu'on aurait pu remplacer par une plante en pot ! Ce qui est le plus embêtant, c'est que tout le contexte anarchistes et gauche révolutionnaire prête à faire des attentats ne sert presque pas. Le récit aurait été le même avec des truands ordinaires sur un gros coups, à la différence d'un message final laissé par un des types sur les erreurs de son engagement. Sauf que ce message est trop tardif, il n'y a pas eu de vrai engagement de leurs parts et la finalité est celle d'un coup qui tourne mal, comme je l'ai vu dans des dizaines d'histoires avec de simples mafieux. Je ne comprends pas trop l'importance de ce passé politique, toujours en marge mais jamais clairement traité. C'est un coup manqué pour moi, ce qui aurait donné l'intérêt à l'histoire. Bref, une histoire qui a deux gros défauts que je me devais de reprendre parce qu'ils m'ont clairement bloqué lors de ma lecture. J'en ressors sans avoir de eu de réel plaisir de lecture ni d'intérêt à long terme. Je laisse cette BD à ceux qui l'apprécient, je m'en vais lire autre chose !
Nagasaki 1945
Encore une bande dessinée au fort potentiel qui se révèle frustrante... La vie de Takashi et Midori Nagai est probablement passionnante, mais Nathalie Fourmy peine ici à le rendre correctement. La faute d'abord à une narration maladroite. Les dialogues et le situations sonnent souvent très artificiels et on a du mal à se plonger dans ces enchaînements parfois peu adroits, parfois juste anecdotiques, qui donnent l'impression qu'on a tellement voulu garder l'essentiel du récit qu'on a fini par en enlever tout ce qui l'aurait rendu plein de vie. La faute ensuite à un dessin qui manque d'ampleur. Certes, Nathalie Fourmy a un vrai coup de crayon, on ne peut le lui enlever, mais ce dernier s'avère trop inégal. Certaines cases sont très belles, joliment épurées, et les personnages y sont très réussis, tandis que d'autres cases sont terriblement pauvres. Quand il s'agit notamment de raconter des épisodes guerriers, la qualité graphique s'amoindrit terriblement. A l'inverse, quand il s'agit d'évoquer la mort et le deuil, le dessin fait plutôt preuve d'une belle pudeur. Dans tous les cas, il apparaît très clairement que Nagasaki 1945 est une hagiographie, c'est-à-dire une vie de saint (même si le couple Nagai n'a pas encore été canonisé par l'Église catholique, mais le processus est en cours), ce qui est logique puisque c'est la spécialité de l'éditeur Plein vent. Mais contrairement à d'autres, c'est probablement là où la bande dessinée est la plus naïve. L'autrice a beau essayer d'habiller ça comme pour ne pas tomber dans le prosélytisme, le ton reste très catéchétique. Et s'il est évident que tout le monde pourra admirer l'héroïsme, le dévouement et la force morale des époux Nagai, ceux qui n'aiment pas qu'on leur fasse la morale risquent de ne pas aimer la tonalité du récit. Ce récit de conversion n'est jamais vraiment mis en perspective, jamais questionné autrement que sous l'angle des persécutions (bien réelles) du gouvernement japonais contre la religion catholique. Cette histoire est racontée de manière vraiment trop linéaire et naïve pour toucher d'autres publics que déjà acquis à la cause de l'autrice et de son personnage. Ce n'est pas un défaut en soi, dans la mesure où la démarche est assumée. Au vu du résumé, il est évident que l'éditeur s'adresse spécifiquement à un lectorat catholique. Cela n'empêchait peut-être pas, toutefois, d'avoir recours à un discours plus nuancé et moins didactique. Je n'en reste pas moins satisfait d'avoir découvert la belle vie des époux Nagai, mais reste un peu frustré par cette impression de ne pas avoir lu un récit à la hauteur de ce qu'a pu être leur épopée.
La Limite n'a pas de connerie
S'agissant d'un recueil de gags à l'humour absurde, limite franchement con, parus indépendamment dans Psikopat et L'Echo des Savanes, cette origine multiple apporte une certaine variété de genres (western, polar, SF, horreur, super-héros…), sans pour autant réussir à convaincre et à me faire rire. Le style graphique volontairement rétro, très comics des années 60, vise clairement la parodie et le décalage. Reuzé pousse l'absurde très loin, parfois jusqu'à la saturation. Pris par petites touches, cela fonctionne un peu, mais lu d'une traite, l'effet d'overdose arrive vite : la surenchère finit par anesthésier l'impact comique. Trop souvent, j'ai eu l'impression que l'auteur trouvait une idée de gag à peine suffisante pour remplir un strip, puis étirait la sauce sur une ou deux pages sans jamais dépasser son concept initial ni ses conséquences prévisibles. L'humour absurde a déjà été largement exploré dans ce registre. Je pense notamment à Alexis, dont le style réaliste et pince-sans-rire se rapprochait parfois de celui de ces planches, mais avec bien plus de surprise, de finesse et d'impact narratif. Ici, ces qualités font défaut. Pour le dire simplement, les gags tombent à plat : je n'ai pas esquissé le moindre sourire.