Les derniers avis (9 avis)

Par Mashiro
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Une vie d'huissier
Une vie d'huissier

2021 était vraiment une belle année pour le milieu de la BD francophone. Et c’est notamment Une Vie d’huissier qui me fait penser cela. Dev Guedin retrace ici l’histoire dun lointain cousin maintenant décédé. Il lui rend hommage en dessinant sa biographie, ses moments de jeunesse et les difficultés du métier d’huissier. L’histoire, vraie, de cette huissier est triste voire misérable. Il y a la tristesse de voir cette homme subir une vie sans autre issues et avec les déboires qui s’enchaînent. Mais également la tristesse qui l’entoure, la pauvreté des beaux et des moins beaux quartiers. Voir la désespérance des gens auxquels l’huissier vient donner un dernier coup. C’est assez frappant ! Au final c’est plus que la vie de cette huissier à laquelle on assiste mais également le portrait de la société française des années 80 avec toute sa violence et toute sa saleté, une vision sans filtre des classes rurales et peu aisés des grandes villes. Je pense que c’est ce que j’ai le plus aimé dans cette oeuvre. Le style graphique m’a également beaucoup convaincu. J’ai aimé la noirceur de certaines scènes, le côté quasi cartoonesque de certaines situations mais également un style de manière générale auquel je ne suis pas habitué. Une de mes BDs favorite.

24/10/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Death Vigil
Death Vigil

De la Fantasy comme je l'adore. Je voulais découvrir le travail de Stjepan Sejic depuis quelques temps déjà, je profite donc de ce Death Vigil pour le faire. Et je ne suis pas déçu, loin de là. Il a su créer un univers fascinant. Pendant que nous, pauvres terriens, vaquons à nos occupations habituelles, des forces mystiques se livrent un combat dans d'autres dimensions, l'une (la Veillée Mortuaire) pour nous protéger de l'autre (la Ligue des Nécromanciens). Rien de bien très innovant je vous l'accorde, mais l'intrigue mêlent habillement suspense, fantastique, horreur et humour. Mais c'est surtout la galerie de personnages qui rend ce récit si particulier. Je ne vais pas tous les citer, trop nombreux, juste les principaux. D'abord la jeune Clara qui va se faire assassiner par son fiancé, ce qui lui permettra de rejoindre la Veillée Mortuaire (et oui, il faut être mort pour en faire partie). Une jeune femme qui va se découvrir une famille. Je ne peux passer sous silence Bernadette [ele est très chouette :-)] toujours accompagnée de sa faux, Bernie pour les intimes, surnommée la faucheuse, c'est elle qui est à la tête de la Veillée Mortuaire. Enfin Sam, au look viking, qui fonce tête baissée sans trop réfléchir. J'oubliais, les cheveux blanchissent lorsque tu appartiens à la Veillée Mortuaire. Vraiment le point fort de ce récit, même les méchants ont de la personnalité, ils sont diaboliques et loin d'être manichéens. Stjepan Sejic maîtrise son sujet, la lecture est passionnante et captivante mais elle se mérite, il faut rester concentrer pour ne pas perdre le fil de l'intrigue. Un récit qui laisse un voile d'ombre autour de Clara, peut-être sera-t-il levé dans un prochain épisode.... Je l'espère. La partie graphique est somptueuse, un style informatisé qui en met plein les yeux, tant au niveau du design des décors que des personnages. Très expressif aussi au niveau des visages, des mimiques qui me rappellent un peu Sylvain Guinebaud (c'est un compliment). La mise en page rend la lecture dynamique et le choix des couleurs nous plonge dans un univers inquiétant. J'en redemande. Si tu aimes la Fantasy avec un peu d'humour, alors ce comics est fait pour toi ! Coup de cœur.

24/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Griffes du Gévaudan
Les Griffes du Gévaudan

Une très belle et très fidèle exploration du mythe de la Bête du Gévaudan par Runberg et Poupard. Basé sur les faits historiques, le premier tome s'attache à expliquer comment des faits divers sordides (l'attaque et la mutilation de plusieurs femmes et enfants dans la Région du Gévaudan) ont été progressivement montés en épingle pour déstabiliser le Royaume de France et ont été utilisés par le clergé afin de contrer le protestantisme et le mouvement intellectuel des Lumières qui se développaient à l'époque. Bien que personne ne détienne réellement la vérité sur cette affaire, les auteurs amènent avec habileté les différentes hypothèses à l'origine des meurtres : loup(s) anthropophage(s), lion ou hyène échappé d'une ménagerie, homme(s) tentant de déstabiliser le roi, etc. La vérité se situe probablement à l'interface de plusieurs de ces hypothèses. Un dossier historique de 8 pages avec les illustrations et récits de l'époque est intégré en fin de tome. Il permet de revenir sur les faits réels survenus en Lozère au XVIIIe siècle et permet d'apporter un éclairage supplémentaire sur le traitement de l'histoire par Runberg et Poupard. Au niveau du dessin, le trait de Jean-Charles possède un certain classicisme et un côté "BD franco-belge des années 80-90" qui n'a pas été pour me déplaire. Le découpage des scènes et la mise en page alternant décors de pleine page et cases plus petites sont également plutôt agréables à l’œil. Il y a également pas mal de phylactères assez fournis de sorte que c'est une BD qui se lit en prenant son temps. Un petit coup de cœur pour l'amateur de ce genre de faits historiques que je suis. En espérant que le tome 2, qui s'annonce résolument orienté sur une interprétation plus personnelle des faits, soit du même niveau. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 9/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation, mise en page) : 8/10 NOTE GLOBALE : 17/20

24/10/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Mort Cinder
Mort Cinder

Je vais défendre le scénariste ! Il y a le voyage dans le temps par des moyens divers et poétiques, remémorations de Mort Cinder ou de l'antiquaire, dont on parle peu et dont le rôle est si important que des exégètes sont allés jusqu'à prétendre qu'il rêvait de Mort Cinder ! "Le passé est-il aussi mort qu'il le semble ? demande-t-il, ce qui pourrait résumer l'œuvre que j'ai acheté et garde dans un meuble dérobé aux regards, tant elle me plaît et que je n'ai pas envie de prêter pour la perdre. Que j'aime tellement que la fantaisie me prend de demander une image de Mort ou bien d'Ezra comme blason à nos relecteurs, si cela est gratuit et ne leur demande pas trop de temps. Je fuis les problèmes et évite d'en poser ! J'écris au fil de la plume, plutôt lyrique, le temps est court, mieux vaut se concentrer sur les meilleures créations, sauf parfois pour remettre à leur place de fausses gloires. Bref, pour notre Cinder, hommage au dessinateur qui ne fait pas que dans l'expressionnisme d'ambiance, mais sait sculpter les traits de personnages habités par le passé comme Mort, ou touché par leurs reflets, savoir les objets puis Mort, comme l'antiquaire. Et le scénariste ? Il parvient à mêler le passé de son personnage à l'Histoire, contraste de son détachement d'homme qui en a tant vu et de son rôle de raconteur d'histoires ,et parfois de héros ou témoin détaché de l'action. Aux frontières d'un temps imprécis, car Mort peut revenir dans le passé et y entraîner Ezra, correspond une réalité en extension vers la science-fiction et le fantastique. Bien sûr, de telles intrigues demandaient un dessinateur exceptionnel ! Mais sans le scénariste, nous n'aurions pas senti passer sur nous le souffle de l'ailleurs ! Je dirais que Mort est comme le scénariste, lui qui passé de vie à trépas, peut ressusciter si quelqu'un empêche qu'on ne le tue de façon définitive, de sorte que l'antiquaire se demande s'il fait face à un vampire. Et le dessinateur est comme l'antiquaire, qui permet au héros de vivre. Les deux sont inséparables, et chacun ferait un beau blason. Dans la même veine mais plus politique et plus difficile d'accès, il y a l'Eternaute, attention, je parle de la version de nos deux auteurs, assez courte mais inégalée ! Ai-je une chance de convaincre ? Certains sont bien insensibles à Corto Maltese, bien plus accessible. Pas envie d'écrire sur lui mais de citer une commentatrice excellente mais fugace : Par Sophie_uneautre Note: 5/5 L'avatar du posteur Sophie_uneautre Je viens de finir de regarder "Hugo Pratt trait pour trait" et cette expression m'est restée en tête : le plaisir de se perdre. C'est effectivement comme ça que je résumerais Corto Maltese, ou comme une BD qui incarne parfaitement l'aventure de la lecture. Car pour moi son étiquette de BD d'aventure va bien au-delà des péripéties, faites de piraterie, de mythes, ou de guerres : c'est même inhérent au traitement qu'en fait Pratt (d'ailleurs, les Corto plus éloignés des clichés exotiques conservent cette qualité). C'est-à-dire qu'on ouvre un Corto comme on ouvrirait les yeux sur le monde, partant à l'aventure : avec curiosité, sans trop anticiper ni chercher le contrôle sur l'histoire, en acceptant de ne pas la maîtriser de bout en bout, en acceptant ce qui peut nous échapper, des références ésotériques obscures jusqu'aux motivations parfois floues du marin. Ce qui favorise cet égarement, ce sont toutes les zones d'ombre à investir : les silences sur deux cases, où les regards en disent long ; Corto qui songe, libre à nous de deviner à quoi ; une réplique intrigante, au sens profond ; ou simplement le trait de Pratt, contrasté, aérien, qui parfois confine à l'abstraction. Ce sont tous ces espaces, ainsi que les petites bizarreries qui à mon sens font le sel de cette BD : Bouche dorée vieille de plusieurs siècles, des années plus longues à Venise, deux lunes dans le ciel de Buenos Aires... Alors, à mesure qu'on lit, on ne s'interroge plus seulement sur les mécaniques de l'intrigue (aussi intéressante soit-elle), mais on s'attache à des symboles, à des thèmes récurrents, on lie les histoires les unes aux autres, et on dégage un maximum de sens sur ce que tout ça nous dit du monde, de la vision qu'en a Pratt. Et c'est une vision que je trouve plutôt séduisante, dominée par la curiosité, où le trajet vaut toujours plus que la destination. Corto nous le montre bien, lui qui si souvent ne trouve pas de trésor voire le détruit, mais sourit, car le jeu lui a plu. Le plaisir de se perdre, pour lui comme pour nous. Jamais inutilement toutefois, car en chemin, telle cause ou telle amie auront été aidées, d'autres auront trouvé la résolution qui manque à Corto (ou qu'il ne cherche pas). Son implication partielle dans l'Histoire, de même que le juste dosage de Pratt entre fiction pure et réalité historique, empêchent cette BD de n'être qu'une échappatoire. Ici, la fiction ne prévaut pas sur le réel mais a vocation à le rendre plus intense. Après avoir fini un Corto, je n'ai pas juste envie de le relire ou d'en relire d'autres, mais aussi d'élargir ma culture géopolitique, d'explorer le monde, et, pourquoi pas, de marcher sur les traces du marin. Donc, se perdre, oui, mais activement. 30/07/2021 (modifier) Par Yannou D. Yannou

24/10/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Black Dog - Les Rêves de Paul Nash
Black Dog - Les Rêves de Paul Nash

Il me semble que d'autres ont déjà dit la splendeur visuelle d'un album que le texte ne dépare pas. Alors pourquoi poursuivre ? Entre autre, pour relever encore la moyenne. Un album dont on peut goûter chaque page comme un tableau, ce qui ne veut pas dire qu'on manque de dynamisme narratif. En plus, j'adore le personnage principal ! Il y a tant d'albums qui ne sont rien, ou bien, de série dont la suite ne forme qu'un triste désaveu à l'idée de départ et aux premiers albums ! Tant de naufrages qu'on pense pouvoir expédier en une phrase assassine, n'étant pas de nature à s'épanouir dans le lyrisme de l'attaque ! Mais là, on a le baroque, le vrai, non la confusion maladroite de certains ! Toutes les techniques semblent n'en former qu'une, rêves et réalité se donnent la main, la diversité ne nuit pas à la lisibilité, et la cohérence ne nait pas de la pauvreté de l'inspiration. En bande dessinée, cet art qui unit le texte, ou plutôt, la narration et le dessin, aucun des deux ne doit faire oublier l'autre, non, la bd n'est pas de petites images, la bd n'est pas un texte aéré. Elle séquence leur union, et le fait au plus haut niveau ici, dans Corto Maltese et que sais-je encore ?

23/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Guerres de Lucas
Les Guerres de Lucas

Il y a longtemps, dans une Californie lointaine, très lointaine... Incontournable pour les adeptes de la saga, ce roman graphique super bien foutu pourra également intéresser les amateurs de backstage de cinéma tellement l’œuvre regorge d’anecdotes tout en étant dotée d’une narration fluide et assimilable par n’importe qui. Ce livre ce lit comme un vrai page-turner, j’ai été scotché de bout en bout et pourtant je ne suis pas un néophyte : j’ai vu les 6 premiers films des dizaines de fois chacun, j’ai lu des comics, des romans, fait tous les jeux vidéos, je me suis intéressé à d’autres médias, bref, je connais plutôt bien l’univers Star Wars par rapport à la moyenne. Après pour certaines personnes c’est quasiment une religion il faut dire, donc des trucs diverses et variés on peut en apprendre tout les jours. J’ignorais par exemple que les interprètes de C3PO et R2-D2 ne pouvaient pas se blairer sur le tournage (est-ce toujours le cas ? ), l’infarctus de Lucas, sa jeunesse rebelle dont je n’avais pas le moindre soupçon (quand on voit Lucas il fait plus pépère tranquille, même lorsqu’il était jeune), je ne vais pas vous gâcher le plaisir de lecture en vous spoilant le récit mais il y a à boire et à manger là-dedans. Ce qui est diablement intéressant, et c’est le tour de Force des auteurs, c’est d’avoir réussi à conjuguer une biographie intimiste de Georges Lucas tout en étant à la fois une histoire sur la production du tout premier « La Guerre des étoiles », de l’envie du réalisateur de créer quelque chose qui lui ressemble et qui sort des sentiers battus à la sortie dudit film et le ras-de-marée culturel qu’il a représenté. C’est une véritable aventure en parallèle de ce space fantasy qui nous est contée, et de for belle manière : Lucas cet homme taiseux et affable m’a touché par sa réserve, les gens de la 20st Century Fox au contraire apparaissent comme des méchants de James Bond tant ils sont vénales et calculateurs (c’est romancé mais est-ce si éloigné de la réalité ? ), certains personnages m’ont déçu : je savais par exemple qu’Alec Guinness trouvé les dialogues enfantins, ou que pas grand monde parmi le crew ne croyait au projet, mais j’ai été surpris que des Ford, Fisher ou Kenny Baker, c’est-à-dire des moins que rien avant ce film, se foutent ouvertement de ce film « de merde ». Cela a été plus qu’un parcours du combattant la réalisation de ce film, dans la lignée de ces films maudits comme Fitzcarraldo, Don Quichotte ou Waterworld. Lucas a sué sang et eau pour le mener au bout et il est intéressant de remarquer que si son succès repose pour l’immense partie sur les épaules de Lucas imself, quelques noms de notables sont à ajouter, des gens qui ont cru au projet et en l’homme : sa femme Marcia Lucas sa première critique et relectrice et son équipe de monteurs, Gary Kurtz le producteur exécutif le Sam de l’équipe, Tom Pollock son avocat qui a négocié le contrat du siècle, Ben Burtt prodige des effets sonores, John Williams l’un des plus grands compositeurs de cinéma, Alan Ladd indéfectible soutient de Lucas envers et contre tous, George Mather qui a remis de l’ordre dans le bordel des studios I.L.M ; Willard et Gloria Huyck les dialoguistes (sans eux ça ne ressemblerai à rien vu que Lucas « ne sait pas écrire »), Fred Roos le directeur de casting qui a eu du flair. Ah oui ! Et le dessin est juste parfait, aux petits oignons, il sert parfaitement la narration, le code couleur est génial, y rien à redire, c’est très plaisant à regarder. Mise à jour suite au tome 2 Note élevée au rang de "culte". Le tournage chaotique du premier film est bien connu des cinéphiles, je ne pensais pas qu'il y avait matière pour un épisode 2. Et pourtant ce livre se révèle aussi bien construit que le premier et enrichi d'anecdotes de tournage inédites. Les mecs ont potassé le sujet, le résultat est à la hauteur de l'attente suscitée par le succès de son prédécesseur. Le parallèle entre la bd et les films de Lucas est amusant de ce point de vu, mais que les auteurs se rassurent : ça casse la baraque ! Que dire... Vivement l'épisode III !

16/04/2024 (MAJ le 23/10/2025) (modifier)
Par Blue boy
Note: 3/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Le Paradoxe de l'abondance
Le Paradoxe de l'abondance

Ce n’est certes pas avec cet ouvrage qu’Hugo Clément va se faire de nouveaux amis à la FNSEA et chez les lobbyistes de l’agro-industrie. Il n’a pourtant pas vocation à créer la polémique mais à exposer une situation de manière très factuelle, mais qui ne convient pas à ceux pour qui la priorité est de faire passer leurs bénéfices au mépris de la santé du consommateur. Le paradoxe de l’abondance, comme le dit lui-même le journaliste et militant écologiste, c’est qu’ « on produit énormément de nourriture, ce qui est très bien parce qu’on a beaucoup de gens à nourrir, mais on la produit d’une manière qui n’est pas durable », selon « un modèle agricole qui n’est pas orienté vers les bonnes productions ». Surexploités, les sols sont de moins en moins fertiles et la biomasse (masse totale d'organismes vivants) se dégrade de façon inquiétante, concernant 89% des terres agricoles ! Et comme si cela ne suffisait pas, les pesticides et les engrais chimiques comme les nitrates se diffusent dans l’air et dans les nappes phréatiques, augmentant les risques de cancer. Pour mieux nous faire comprendre ce qui a créé cette situation, l’ouvrage remonte aux origines de l’agriculture, à partir du moment où les sociétés nomades de chasseurs-cueilleurs ont commencé à se sédentariser, puis aborde la question de l’eau, qui selon un rapport de la commission européenne, est contaminée à hauteur de 60 % dans les pays européens. Autre donnée inquiétante, même la filière bio est menacée par l’absence de volonté des politiques gouvernementales. Dans ce contexte où la rentabilité prime, nos laitages et nos fromages tendent à l’uniformisation des goûts, tandis que la vache de race Prim’Holstein (celle que l’on voit en couverture avec ses pis surdimensionnés) remplace peu à peu toutes les espèces régionales, dont certaines sont même en voie de disparition. Est également abordé la question de la souffrance animale liée à ce type de production, autre cheval de bataille d’Hugo Clément. Le livre se conclut sur du positif même si le combat est loin d’être gagné. Sont évoquées quelques initiatives porteuses notamment la réussite (encore trop rare) d’un maraîcher bio ou l’introduction du bio dans des cantines. Les auteurs nous livrent également des pistes pour nous permettre d’agir à notre niveau, car en tant que consommateur, nous avons aussi ce pouvoir d’infléchir les décisions politiques en privilégiant par exemple la production locale. « Le Paradoxe de l’abondance » est loin d’être un ouvrage déprimant, bien au contraire. Le dessin à l’aquarelle de Dominique Mermoux, qui a mis en image une autre BD parue récemment sur un thème très proche, « Et soudain le futur », est très appréciable et accompagne parfaitement ce type de contenu. Ce livre, porté par un des journalistes les plus populaires dont on ne peut mettre en cause le sérieux des enquêtes, a également le mérite d’être très accessible. Bénéficiant d’une narration bien structurée et extrêmement fluide, il ne fera que renforcer la conviction de ceux depuis longtemps sensibilisés par le sujet et pourrait toucher également un public habituellement moins concerné… On aimerait aussi qu’il puisse surtout réveiller les consciences de nos dirigeants, encore largement soumis aux diktats imposés par l’industrie agro-alimentaire et certains syndicats qui n’existent que pour défendre les intérêts de l’agriculture industrielle, au mépris des petits paysans qui s’efforcent de respecter la nature et l’assiette du consommateur.

22/10/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Fool Night
Fool Night

Sous réserve que Fool Night n'est pas fini, je la note comme une série culte. A elle seule, elle démontrerait que l'inventivité des auteurs de manga reste intacte. Et je trouve le dessin bien plus fin que dans Parasite et l'Attaque des Titans ! J'aime le côté contemplatif qui s'accorde à l'histoire… Dans un monde triste, où des humains doivent se transformer en végétaux, soit à cause de problèmes de santé, soit à cause de leur extrême pauvreté, on contemple ce qui existe encore sous l'ombre dépressive d'un nuage dérobant le soleil à la vue. Le héros veut trouver un assassin, et n'abdique pas de développer sa richesse intérieure avant de devenir une plante. Horreur de voir des humains ravalés à cela même s'ils l'ont voulu et qu'ils permettent la survie et à terme la dépollution des autres, traque et mélancolie, découverte des ressorts de ce monde. Mélancolie sans ennui, philosophie sans lourdeur, héros naïf sans être bête, autres personnages dont on sent le potentiel, ne manquez pas Fool Night !

21/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Mètre des Caraïbes
Le Mètre des Caraïbes

A titre personnel, j’avais adoré La Bibliomule de Cordoue, et même si j’ai freiné ma consommation de bandes dessinées, je ne pouvais pas passer à côté de ce nouvel opus du duo d’auteurs responsables de l’œuvre susnommée. D’autant plus qu’ils travaillent dans la continuité en nous proposant à nouveau une fable historique sur un sujet oublié. Dès l’introduction, j’ai été intrigué, me demandant quel lien il allait y avoir entre cet incident à Cap Canaveral et une couverture digne d’un récit de piraterie. Ce lien porte un nom, celui de Joseph Dombey, obscur savant français oublié de l’Histoire, poissard multirécidiviste, qu’un destin malicieux chargea jadis de transmettre le système métrique aux Américains. Le navire sur lequel il se trouvait fut la victime de pirates et lui-même se retrouva séquestré sur une île des Caraïbes. Le récit tangue constamment entre la farce absurde et l'évocation historique car, si beaucoup d’informations sont véridiques et nous permettent d’en apprendre pas mal sur divers sujets, les évènements nous sont racontés avec beaucoup d’humour et, à l’occasion, une pointe très pertinente de philosophie. Vous l’aurez compris : une fois de plus, j’ai adoré ma lecture. J’en ressors amusé et un peu plus instruit et c’est vraiment ce que je demande à ce type d’œuvre. Coté dessin, Léonard Chemineau va à l’essentiel, avec un trait épuré et dynamique et des compositions simples en apparence mais qui permettent d’encore mieux faire ressortir les dialogues de Wilfrid Lupano, ici par la forme d’un phylactère, là par la manière dont ceux-ci sont reliés. Le résultat, très franco-belge de la grande époque, est encore rehaussé par la mise en couleurs de Christophe Bouchard qui permet justement de rester dans cet esprit « BD tout public classique ». Franchement bien ! Un achat que je ne regrette pas et la découverte d’une page d’Histoire dont j’ignorais tout.

20/10/2025 (modifier)