Les derniers avis (10 avis)

Par Lodi
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série La Trilogie Nikopol
La Trilogie Nikopol

Mélange parfait d'Egypte ancienne, d'antifascisme, d'amour et de… Baudelaire ! Qui n'embarquerait quand la sauce prend ? Et d'autant que Bilal, c'est Bilal, et qu'il se débrouillait alors très bien sans Christin ! Après le sommeil du monstre et compagnie… Question difficile, je me remercie de l'avoir posé. Bref, il n'y a que Bilal pour rendre la décadence des cités et les visages humains ravagés par le pouvoir autant que l'étrangeté divine ! Il y a certes du comique, et pas que dans le duo Nikopol-Horus : les dieux jouent au Monopoli, qui dit mieux ? L'humain est un vrai rebelle, le dieu à tête d'oiseau aussi, dans l'œuvre, mais je pense que l'auteur tord le mythe, comme c'est le droit de tout créateur : Seth me semble mieux convenir à cet office. Mais il est beaucoup moins sympa, moins beau, aussi, je comprends l'auteur. Bref, les fascistes aussi sont comiques, à force d'avoir évincés les femmes, ils ont des maquillages évoquant celui des femmes, un vrai retour du refoulé. Après qu'on ait fait tomber cette dictature, on bifurque sur une étrange et belle relation entre la femme piège, Nikopol et Horus - avec un dieu inconnu à l'arrière-plan… On a aussi droit à une ville d'Afrique gelée, quel pied, les atmosphère glaciales à la Bilal renouvelées par l'Afrique ! Et que d'inventions, telles un mélange de jeux d'échecs et de boxe, l'obsession de gravir l'échelle de l'excellence par quelques humains obsédés par leur note, satirisant un certain élitisme spectaculaire de notre époque. Le dessin et les couleurs ne cessent d'évoluer selon l'intrigue, et je trouve, de s'améliorer. Il me semble même que l'auteur parvient à capter le mouvement aussi bien que les atmosphères, ce qui n'est pas peu dire. Il rend les dieux de l'Egypte expressifs, ce qui n'était pas gagné, vu leur face animale, mais je pense qu'il a eu raison de zapper les panthéons à visage humain, parce que l'étrangeté divine aurait été plus difficile à rendre en humain. D'ailleurs on ne voit pas Isis et Osiris, dont la face est aussi belle qu'humaine. L'humour permet de dissimuler des choses : pourquoi les immortels voyageaient ils dans l'espace ? On peut leur imaginer toutes sortes d'aventures, comme ce sont des dieux bons, on n'hésitera pas à les créditer d'essayer de sauver le monde, les menaces ne manquent pas dans les mythes égyptiens. Cela, tant d'autres pistes… La trilogie Nikopol est d'une richesse infinie.

21/12/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Gannibal
Gannibal

Un thriller passionnant comme je l'aime ! Le sujet de départ est pourtant du déjà vu: le policier avec un passé trouble qui se retrouve transféré dans un village qui cache un sombre secret et il va découvrir petit à petit la vérité. Bref, rien de nouveau au début, mais le scénario est bien fait et surprenant. En effet, je ne savais jamais ce qui allait se passer ensuite, j'ai vraiment ressenti de la tension tout le long de la série. Comme l'indique le titre, il va être question de cannibalisme. Un clan particulier du village est accusé de l'être et une des idées de génies de la série est de dissocier ce clan des autres villageois. Alors qu'on se met à penser qu'il y a seulement ce clan qui pose des problèmes, on va voir que les autres villageois qui se présentent comme des gentils sont aussi louches et du coup on se jamais si le héros peut faire confiance ou non aux autres personnages. Il y a une bonne ambiance paranoïa. Et ce clan qui au début semble être uniquement mauvais se révèle un peu plus complexe avec certains membres qui ont des motivations différentes. Il y a plusieurs sous-intrigues et tout ne tourne pas juste autour de 'est-ce que le policier va découvrir la vérité et battre les méchants'. Les mystères et les passées des personnages et du village sont bien distillés et il y a des éléments nouveaux à chaque tome. Évidemment, il y a quelques défauts dans cette série et cela porte principalement sur le dessin. Il y a deux membres du clan de cannibale qui se ressemble un peu et cela rends certaines scènes un peu confuse et comme c'est trop souvent le cas avec les mangas, les scènes de combats ne sont pas toujours facile à suivre. En tout cas, pour moi c'est un must si on aime les mangas thrillers.

21/12/2025 (modifier)
Par Jetjet
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Fabienne
Fabienne

Bien avant la nomination d'Anouk Ricard au festival d'Angoulême et le prix décroché (n'en déplaise à ses détracteurs), l'éditeur d'Animan avait annoncé la publication de Fabienne, suite avérée ou chapitre à part s'attachant au personnage de la petite grenouille oisive, compagne du héros antropomorphe, croisé dans le premier bouquin. Et c'est sans trop de chichis ni trop de tapage médiatique cette fois que sort enfin Fabienne, suite/rupture d'Animan jusqu'au format bien plus proche d'un roman cartonné que de la bande dessinée standard et à la couverture d'une grande sobriété comme vous pouvez le voir. Prenant place directement après les aventures comique de notre héros chauve aux capacités surnaturelles, Anouk Ricard va s'attacher bien plus au personnage de cette grenouille parlante, dont la langue ne reste pas en poche, que ce soit pour gober des insectes ou sortir quelques répliques pas piquées des hannetons. Et c'est là que la magie de l'autrice agit toutes en nuances et subtilités. On découvre ici un personnage proche de la dépression sans savoir quelles sont les raisons véritables de ce mal être. Si on rit et sourit encore et toujours (quelques rappels d'Animan sont quand même un avantage à la lecture), l'autrice nous fait un véritable tour de force en mélangeant les époques (on ne sait jamais à la premiere lecture si on est dans la continuité du récit ou un flaskback) nous embarquant dans une poésie rare et sobre. Il s'agit donc d'un portrait tout en nuances d'un personnage féminin torturé et dont les dernières pages ne sont même plus des pages de bande dessinée mais d'un journal intime mixant quotidien et anecdotes savoureuses. Le ton est légèrement plus sombre mais attention, qu'on ne s'y trompe pas : on est bien malgré tout dans un récit léger et comique mais avec une autre compréhension. Tous les autres protagonistes d'Animan sont bien présents avec Objecto et le chien d'Animan. Il n'est pas exclu non plus de trouver cela émouvant. Bien évidemment, les détracteurs pourront trouver cela très light, le dessin naïf mais ce serait bien évidemment bien trop facile. Quand on aime les bouquins d'Anouk Ricard, on sait parfaitement pourquoi on est ici et il n'est pas exclu d'envisager Fabienne comme peut-être le meilleur ouvrage de l'autrice (mais hélas pour elle, il y a l'incontournable Boule de Feu sur la plus haute marche du podium à mes yeux ^^ ). La fin appelle à un troisième tome et gageons là aussi qu'il s'agira d'un autre format, d'un autre style mais toujours encore d'une petite pépite qu'il me tarde d'avoir entre les mains.

20/12/2025 (modifier)
Par Jetjet
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Deathbringer
Deathbringer

Il va être compliqué de faire mieux que l'avis de mon copain PAco sur cette grosse pépite de 200 pages sortie de nulle part mais dont la couverture et le format atypique ne laissent pas de marbre en librairie. Il semble s'agir de la première œuvre d'Ismaël Legrand à qui je ne peux souhaiter qu'un parcours similaire à celui de Mathieu Bablet qui m'avait épaté dès son premier bouquin La Belle Mort et dont on connait depuis le parcours sans ombrages. Les bd franco-belges de pure Dark Fantasy ne sont pas si courants et sur le coup là, on en prend plein les mirettes tant sur le dessin fourmillant de détails comme sur le scénario à priori alambiqué qui nous embarque dans un monde tout à la fois crédible et étoffé mais d'une grande noirceur. Si le récit de ces destins parallèles (un guerrier taiseux et à priori invulnérable et une soldate en prise aux doutes et au passé trouble) s'avère finalement assez classique, c'est bien la façon de le mettre en scène qui reste plutôt exceptionnelle tant l'univers regorge de détails et d'une base solide. On y croise sorcières machiavéliques, des zombies, des chevaliers en armure et tout ce qui fait le sel du manga "Berzerk" et des jeux Dark Souls dans un univers glauque et violent. C'est à la fois désespéré (certaines scènes ne sont pas à mettre devant tous les regards), la plupart des personnages croisés sont pourris par l'orgueil et le pouvoir et petit à petit, tous les méandres du scénario s'assemblent et amènent même à une relecture immédiate pour mieux en comprendre les enjeux. Deathbringer est unique, ambitieux et constitue probablement l'une de mes plus belles surprises récentes. Aucun doute sur l'envie de voir ce que le talent de l'auteur nous réserve, j'ai déjà réservé ma place et vais suivre avec grand intérêt ce monsieur avec lequel la bd des années 2020 va devoir dorénavant compter.

20/12/2025 (modifier)
Par Jetjet
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série On les appelle Junior & Senior
On les appelle Junior & Senior

Tiens une œuvre s'inspirant du fameux duo Bud Spencer & Terence Hill qui ont fait les beaux jours des video-clubs VHS et des chaines du cable comme on les appelait dans les années 80, ces deux Italiens dont le succès d'un de leurs premiers films communs "On l'appelle Trinita" et dont le titre actuel fait directement référénce ont été multiplié pendant plusieurs décennies avec plus ou moins de succès mais présentent toujours la même recette : du rire, des bagarres bourre-pifs et une ambiance bon enfant. Il aurait été donc facile de se plier à l'exercice et on se demande même pourquoi cela n'a jamais été fait plus tôt tellement ça parait évident mais les auteurs tordent ce qui n'aurait pu être qu'une simple parodie en un récit sans temps morts ni références appuyées toutes les deux répliques. Déjà retranscrire un western à l'école franco-belge est plus que commun, il y a les repères sérieux comme Blueberry, le pendant comique de Lucky Luke sans compter que le thème est toujours bien présent plus récemment avec Bouncer et Gus dans la bd contemporaine, et j'en oublie volontairement car la liste serait interminable mais ce n'est pas le propos ici. Le trait est déjà dynamique et fort mis en scène, il n'y a pas une page où l'on s'ennuierait, pas une page où la formule tournerait en rond et sans décrocher la machoire par le rire, les deux frères ennemis sont si atypiques et attachants qu'on regrette presque d'arriver à la dernière page. C'est effectivement prévisible avec ce kidnapping de jeunes orphelines pour les desseins d'un sombre politicard, il y a de grosses scènes de baston et des rencontres improbables : les militaires sont stupides, les demoiselles pourvus d'atouts généreux mais également d'un caractère bien trempé. On y ajoute des prouts et des bains de scheisse à répétition mais surtout : qu'est-ce qu'on s'y amuse tellement le contenu est généreux. Il semblerait que Robin Recht veuille prolonger l'aventure de nos deux comparses si le succès est au rendez-vous. Pourquoi pas si on ne tourne pas autour d'une formule simple et connue pour ne pas en tarir l'intérêt mais dans cette attente, l'aventure vaut largement la lecture et certains passage ne manquent pas d'une certaine poésie (le passage en montgolfière entre autres), c'est un grand OUI par ma part.

20/12/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Partie de chasse
Partie de chasse

Prophétique Bilal annonçant la fin de l'URSS, avec ces hauts dignitaires soviétiques dont nous voyons les réalisations, crimes et échecs ! La pétrification des hommes de pouvoir par leur visage semblables à de la pierre effritée est sublimement rendue. Le sang envahissant les cases quand il le faut pour l'intérêt de l'histoire comme pour ajouter à la splendeur du graphisme et à son expressivité est éblouissant. La chasse fait partie des traditions humaines les plus ancrées, et surtout chez les dirigeants. Ainsi, il y a du réalisme dans partie de chasse, aussi bien que du symbolisme : en fait, une telle chasse sacrificielle* aurait ma foi bien été possible La femme hantant le dignitaire soviétique maître du jeu, elle qu'il a sacrifié à l'ogre Staline pour survivre est aussi un leitmotiv fort bien trouvé. On a le rigide dignitaire de la RDA et le fantaisiste retraité accueillant tout le monde et sa fable avec des oiseaux de proie. Quelle comédie humaine. Aucune case qui ne soit parfaite en soit et insérée dans le flux de la narration… J'ai lu et relu cette œuvre à user l'ouvrage et mon goût pour lui comme lors de ma phase jus de tomate enfant, je n'en pouvais plus… Et puis, ne s'ouvre-t-on pas forcément à d'autres œuvres ? Mais je pense que j'y reviendrais, comme l'augure mon cycle de critique sur Bilal. * Qui est intrigué par cette expression n'a qu'à lire l'œuvre !

19/12/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Golden Kamui
Golden Kamui

Même ce que j'aime le moins tels que l'aspect policier et les dingues est logique : la guerre comme l'or font que les gens transgressent les limites ! Mais j'aime surtout le héros de guerre "immortel" et la jeune Aïnou. Quel personnage complexe et attachant : aimant la chasse, la nourriture de son peuple à laquelle elle convertit Sugimoto, d'autres traditions, sa liberté, celle de son peuple, le paysage sublimissime et son ami loup. Le dessin est nettement meilleur que celui de trop de mangas qui schématisent les dessins au point de les dessécher. Là, les visages, corps, postures des personnages sont nettement différenciés, merci ! S'il y a parfois des gens nus, ce sont les hommes et ça change, dans des scènes plus ou moins humoristiques, que je n'apprécie pas plus que ça, mais qui détendent cependant l'atmosphère, et font partie d'une œuvre qui charrie tout, et notamment, j'y reviens, la nourriture, vitale, qu'on doit chasser, cueillir, cuisiner, tandis que la peau des animaux sert à fabriquer des vêtements ou vendre ce qui permettra de poursuivre l'aventure, pour nos héros, voulant délivrer le père d' Ashirpa et trouver l'or, qui pour financer la lutte de libération des Aïnous, qui pour recaser les soldats perdus de l'Empire japonais, qui pour…. La nature et l'or dominent les humains, qui s'agitent aiguillonnés par la faim et la soif de l'or. Mais quelle vitalité ! A signaler que l'anime est aussi excellent, et permet de prendre la pleine mesure d'une nature qui en vaut la peine d'être vue en plus grand. A ce propos, j'aimerais qu'il y en ait une suite, et sinon quoi ? Je rejoins des protestataires comme les fidèles de l'ancien shogunat, et en garde !

17/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Watership Down
Watership Down

Je précise que je n’ai pas lu le roman original de Richard Adams avant cette lecture. Mon premier contact avec Watership Down s’est donc fait par ce roman graphique, et l’expérience a été immédiatement marquante. L’œuvre impose un univers dense, sombre et profondément adulte, bien loin d’un simple récit animalier, et réussit à captiver du début à la fin malgré son exigence. Visuellement, le roman graphique est impressionnant. Le dessin, très naturaliste, donne aux lapins une vraie crédibilité animale sans jamais tomber dans l’anthropomorphisme excessif. Les ambiances sont magnifiques, parfois apaisantes, parfois oppressantes, et certaines scènes dégagent une violence sèche et brutale qui renforce la gravité du récit. Les décors et les couleurs participent pleinement à l’immersion et donnent une véritable identité à l’album. Il est vrai que, sur certaines scènes, il peut être un peu difficile de reconnaître les différents lapins, notamment lors des passages de groupe. Les designs sont volontairement proches, ce qui peut entraîner une légère confusion. Cela dit, ce point n’est pas réellement dérangeant au final : il faut simplement rester attentif et concentré pendant la lecture, ce qui correspond bien au ton sérieux et à la densité de l’histoire. La qualité de l’ouvrage mérite une mention toute particulière, notamment parce qu’il est édité par Monsieur Toussaint Louverture. Comme souvent avec cet éditeur, le travail éditorial est remarquable : fabrication solide, impression soignée, très beau papier, et une couverture sublimée par un vernis sélectif qui met parfaitement en valeur l’illustration. On sent un vrai respect de l’œuvre et du lecteur, avec un livre pensé comme un objet à part entière. L’édition propose également de très bons compléments, notamment la carte fournie avec l’ouvrage, indispensable pour suivre les déplacements et comprendre la géographie des différentes garennes. Cette carte inclut aussi un vocabulaire propre à l’univers, ce qui aide à mieux saisir certains termes spécifiques au monde des lapins sans alourdir la lecture. Ce sont des ajouts discrets mais extrêmement appréciables. Je suis d’ailleurs particulièrement content que ce soit Monsieur Toussaint Louverture qui édite cet album. C’est un éditeur qui propose régulièrement de magnifiques ouvrages, exigeants et soignés, comme le roman La Maison des feuilles ou d’autres titres marquants de leur catalogue. Leur identité éditoriale, très forte, correspond parfaitement à une œuvre aussi singulière et ambitieuse que Watership Down. Sur le fond, le récit impressionne par sa maturité. Les thèmes de la survie, du pouvoir, de la peur, de la communauté et de la mort sont traités avec profondeur. La mythologie interne et les croyances des lapins donnent une richesse étonnante à l’univers et renforcent l’impact émotionnel de l’ensemble, même sans connaître le roman original. Après la lecture, j’ai regardé le film d’animation de 1978, qui m’a paru très complémentaire et tout aussi marquant dans son approche plus brute. Je sais également qu’il existe une série Netflix, que je n’ai pas encore regardé. En conclusion, ce roman graphique est une réussite totale. Une œuvre forte, sombre, ambitieuse, magnifiquement éditée, qui mérite pleinement son 5/5 et laisse une impression durable.

17/12/2025 (modifier)
Par Yann135
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Il était une fois en France
Il était une fois en France

Oyez oyez lecteurs de BDthèque ! Roulement de tambour s’il vous plaît et faites rugir les trompettes pour Il était une fois en France, un chef-d’œuvre à savourer sans modération ! Cette série est dessinée par le génialissime Sylvain Vallée et celle-ci a été primée – excuser du peu - à Angoulême en 2011. Vous allez plonger dans une œuvre où l’Histoire et l’art se rencontrent avec une puissance rare. Tout, absolument tout, est fascinant dans cette bande dessinée : du récit inspiré de faits réels, qui nous transporte dans les méandres de la résistance et de la collaboration, au trait puissant et expressif de Sylvain Vallée, chaque planche est une invitation à l’émotion et à la réflexion. C’est juste dingo ! Le découpage des pages est tout simplement parfait, un équilibre subtilement maîtrisé entre tension narrative et respiration visuelle. Les scènes s’enchaînent avec une fluidité qui captive, tandis que la colorisation, d’une richesse et d’une finesse exceptionnelles, renforce l’immersion et l’atmosphère de chaque époque évoquée. Les dessins, d’une beauté à couper le souffle, sont à la fois réalistes et chargés d’une intensité dramatique qui rend chaque personnage inoubliable. Un petit conseil... Ayez un peu de temps devant vous car quand vous allez commercer la lecture de la série, vous ne pourrez pas quitter votre canapé avant de découvrir la fin ! Il était une fois en France n’est pas seulement une bande dessinée : c’est une œuvre d’art totale, une plongée dans l’âme humaine à travers les tourments du XXe siècle. C’est le genre de série qui mérite une place de choix dans toutes les bibliothèques, et qui se savoure autant pour son contenu que pour sa forme. C’est bientôt Noel ! C’est le cadeau idéal pour les amateurs de récits historiques, de dessin sublime et d’émotions fortes. Si vous cherchez une BD exceptionnelle à offrir, ne cherchez plus : cette série est un trésor à partager, une expérience de lecture qui marque à jamais. À mettre entre toutes les mains, sans hésiter ! Et bonne nouvelle, vous pouvez vous procurer la série sous forme d'intégrale. Quel kiff cette lecture !

16/12/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Sibylline - Chroniques d'une escort girl
Sibylline - Chroniques d'une escort girl

Quelle merveille que d'être ému aux larmes en finissant une BD. Et pourtant je dois dire que ce qui m'a marquée à la lecture, c'est ce sentiment de tristesse qui imprégnait une fin pourtant belle et presque heureuse. Est-ce parce que je suis plus sensible en ce moment ou parce qu'elle a su capter quelque chose qui m'a touchée particulièrement ? Je dirais surtout la seconde option, mais disons que les deux ne sont pas incompatibles. Cette BD ne passe pas inaperçu depuis sa sortie, j'ai l'impression, et je me joins au concert de louanges. Déjà parce que l'autrice, Dano Sixtine, est ajoutée à ma liste de celle que je suivrais à l'avenir. Au-delà du récit, son trait est une des grandes découvertes de la BD. En finesse, jamais racoleur ou voyeur, subtil et pourtant précis, il est un régal visuel. J'ai été conquis presque à la couverture, mais en lisant la suite du récit j'étais convaincu. Elle arrive à rendre tangible beaucoup beaucoup de choses dont elle parle textuellement dans la BD, faisant des rappels visuels qui servent le propos. Un vrai travail de composition visuel, donc, un travail d'autrice de BD. Le tout est servi par un noir et blanc aux traits fins qui permets de jouer très vite sur l'émotion, sur l'indicible. C'est un trait sensible, plein de pudeur malgré son sujet. Je dis pudeur car au-delà du voyeurisme qu'on imaginerait à voir de l'intérieur ce métier d'escort-girl, la BD n'est jamais construite sur un regard lubrique. Je ne sais pas à quel point le fait que ce soit une femme qui l'ait écrit joue dans le résultat, mais il est bien là. La BD est bien pudique, ne dévoilant pas tout de son héroïne, Sibylline, qui restera une femme dont nous serons qu'observateur. Que pense-t-elle, que vit-elle, qu'espère-t-elle ? Nous n'en saurons que l'essentiel, le récit n'étant pas là pour faire des états d'âme ou creuser un personnage. Il est là pour montrer une situation. Et cette situation, c'est la violence d'un monde envers les femmes. Cette violence parsème le récit, d'une affiche de métro sexualisant leurs corps à des insultes dans la nuit, un rôdeur qui te suit quand tu rentres et des types qui profitent de toi parce qu'ils veulent tirer leurs coups. Et puis vient l'idée de faire escort-girl. Cette idée arrive tardivement dans le récit, après une lente construction de ce monde hostile, violent. L'escorting n'est pas tant traité que ça, ici. Ce que nous voyons, c'est une jeunesse qui veut étudier, qui rêve d'avenir (si elle l'espère encore) et a qui on ne donne pas les moyens d'y parvenir facilement. Un monde de riches et de pauvres, de fins de mois difficiles et d'étude chères, de sexisme ordinaires et de regard sur le corps des femmes constant. Comme d'autres BD (Le Dernier été de mon innocence, Tout est possible mais rien n'est sûr notamment) c'est un regard posé sur notre monde, un regard qui en souligne les pires travers. Encore une fois, je me dis que j'ai la chance inouïe d'être né homme, même si cette pensée est horrible. Pour finir, je voudrais juste évoquer cette tristesse que j'ai dis ressentir à la lecture. Cette tristesse n'est pas spécifiquement liée au ton de la BD, qui n'est pas dans un ton précis, laissant le lecteur choisir la lecture qu'il en fera. Mais j'ai ressenti une tristesse infinie à la lecture de la conclusion, lorsque deux femmes que nous avons suivi tout au long du récit parlent d'avenir. Et elles s'imaginent partir au fond des bois, bâtir une cabane et vivre en paix. Si elle peut sembler mignonne, utopiste ou légère, je me suis surtout dit que si notre monde est si moche que deux jeunes femmes imaginent comme fin heureuse de s'en éloigner pour vivre loin de lui, il doit être sacrément pourri. C'est cette pensée qui prédomine après la lecture, mais je sais qu'une relecture reviendra bien vite. Et peut-être que j'en tirerais autre chose, comme c'est le cas des œuvres marquantes.

16/12/2025 (modifier)