Les derniers avis (4 avis)

Par Lodi
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Golden Kamui
Golden Kamui

Même ce que j'aime le moins tels que l'aspect policier et les dingues est logique : la guerre comme l'or font que les gens transgressent les limites ! Mais j'aime surtout le héros de guerre "immortel" et la jeune Aïnou. Quel personnage complexe et attachant : aimant la chasse, la nourriture de son peuple à laquelle elle convertit Sugimoto, d'autres traditions, sa liberté, celle de son peuple, le paysage sublimissime et son ami loup. Le dessin est nettement meilleur que celui de trop de mangas qui schématisent les dessins au point de les dessécher. Là, les visages, corps, postures des personnages sont nettement différenciés, merci ! S'il y a parfois des gens nus, ce sont les hommes et ça change, dans des scènes plus ou moins humoristiques, que je n'apprécie pas plus que ça, mais qui détendent cependant l'atmosphère, et font partie d'une œuvre qui charrie tout, et notamment, j'y reviens, la nourriture, vitale, qu'on doit chasser, cueillir, cuisiner, tandis que la peau des animaux sert à fabriquer des vêtements ou vendre ce qui permettra de poursuivre l'aventure, pour nos héros, voulant délivrer le père d Ashirpa et trouver l'or, qui pour financer la lutte de libération des Aïnous, qui pour recaser les soldats perdus de l'Empire japonais, qui pour…. La nature et l'or dominent les humains qui s'agitent aiguillonnés par la faim et la soif de l'or. Mais quelle vitalité ! A signaler que l'anime est aussi excellent, et permet de voir une nature qui en vaut la peine en plus grand. A ce propos, j'aimerais qu'il y en ait une suite, sinon quoi ? Je rejoins des protestataires comme les fidèles de l'ancien shogunat, et en garde !

17/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Watership Down
Watership Down

Je précise que je n’ai pas lu le roman original de Richard Adams avant cette lecture. Mon premier contact avec Watership Down s’est donc fait par ce roman graphique, et l’expérience a été immédiatement marquante. L’œuvre impose un univers dense, sombre et profondément adulte, bien loin d’un simple récit animalier, et réussit à captiver du début à la fin malgré son exigence. Visuellement, le roman graphique est impressionnant. Le dessin, très naturaliste, donne aux lapins une vraie crédibilité animale sans jamais tomber dans l’anthropomorphisme excessif. Les ambiances sont magnifiques, parfois apaisantes, parfois oppressantes, et certaines scènes dégagent une violence sèche et brutale qui renforce la gravité du récit. Les décors et les couleurs participent pleinement à l’immersion et donnent une véritable identité à l’album. Il est vrai que, sur certaines scènes, il peut être un peu difficile de reconnaître les différents lapins, notamment lors des passages de groupe. Les designs sont volontairement proches, ce qui peut entraîner une légère confusion. Cela dit, ce point n’est pas réellement dérangeant au final : il faut simplement rester attentif et concentré pendant la lecture, ce qui correspond bien au ton sérieux et à la densité de l’histoire. La qualité de l’ouvrage mérite une mention toute particulière, notamment parce qu’il est édité par Monsieur Toussaint Louverture. Comme souvent avec cet éditeur, le travail éditorial est remarquable : fabrication solide, impression soignée, très beau papier, et une couverture sublimée par un vernis sélectif qui met parfaitement en valeur l’illustration. On sent un vrai respect de l’œuvre et du lecteur, avec un livre pensé comme un objet à part entière. L’édition propose également de très bons compléments, notamment la carte fournie avec l’ouvrage, indispensable pour suivre les déplacements et comprendre la géographie des différentes garennes. Cette carte inclut aussi un vocabulaire propre à l’univers, ce qui aide à mieux saisir certains termes spécifiques au monde des lapins sans alourdir la lecture. Ce sont des ajouts discrets mais extrêmement appréciables. Je suis d’ailleurs particulièrement content que ce soit Monsieur Toussaint Louverture qui édite cet album. C’est un éditeur qui propose régulièrement de magnifiques ouvrages, exigeants et soignés, comme le roman La Maison des feuilles ou d’autres titres marquants de leur catalogue. Leur identité éditoriale, très forte, correspond parfaitement à une œuvre aussi singulière et ambitieuse que Watership Down. Sur le fond, le récit impressionne par sa maturité. Les thèmes de la survie, du pouvoir, de la peur, de la communauté et de la mort sont traités avec profondeur. La mythologie interne et les croyances des lapins donnent une richesse étonnante à l’univers et renforcent l’impact émotionnel de l’ensemble, même sans connaître le roman original. Après la lecture, j’ai regardé le film d’animation de 1978, qui m’a paru très complémentaire et tout aussi marquant dans son approche plus brute. Je sais également qu’il existe une série Netflix, que je n’ai pas encore regardé. En conclusion, ce roman graphique est une réussite totale. Une œuvre forte, sombre, ambitieuse, magnifiquement éditée, qui mérite pleinement son 5/5 et laisse une impression durable.

17/12/2025 (modifier)
Par Yann135
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Il était une fois en France
Il était une fois en France

Oyez oyez lecteurs de BDthèque ! Roulement de tambour s’il vous plaît et faites rugir les trompettes pour Il était une fois en France, un chef-d’œuvre à savourer sans modération ! Cette série est dessinée par le génialissime Sylvain Vallée et celle-ci a été primée – excuser du peu - à Angoulême en 2011. Vous allez plonger dans une œuvre où l’Histoire et l’art se rencontrent avec une puissance rare. Tout, absolument tout, est fascinant dans cette bande dessinée : du récit inspiré de faits réels, qui nous transporte dans les méandres de la résistance et de la collaboration, au trait puissant et expressif de Sylvain Vallée, chaque planche est une invitation à l’émotion et à la réflexion. C’est juste dingo ! Le découpage des pages est tout simplement parfait, un équilibre subtilement maîtrisé entre tension narrative et respiration visuelle. Les scènes s’enchaînent avec une fluidité qui captive, tandis que la colorisation, d’une richesse et d’une finesse exceptionnelles, renforce l’immersion et l’atmosphère de chaque époque évoquée. Les dessins, d’une beauté à couper le souffle, sont à la fois réalistes et chargés d’une intensité dramatique qui rend chaque personnage inoubliable. Un petit conseil... Ayez un peu de temps devant vous car quand vous allez commercer la lecture de la série, vous ne pourrez pas quitter votre canapé avant de découvrir la fin ! Il était une fois en France n’est pas seulement une bande dessinée : c’est une œuvre d’art totale, une plongée dans l’âme humaine à travers les tourments du XXe siècle. C’est le genre de série qui mérite une place de choix dans toutes les bibliothèques, et qui se savoure autant pour son contenu que pour sa forme. C’est bientôt Noel ! C’est le cadeau idéal pour les amateurs de récits historiques, de dessin sublime et d’émotions fortes. Si vous cherchez une BD exceptionnelle à offrir, ne cherchez plus : cette série est un trésor à partager, une expérience de lecture qui marque à jamais. À mettre entre toutes les mains, sans hésiter ! Et bonne nouvelle, vous pouvez vous procurer la série sous forme d'intégrale. Quel kiff cette lecture !

16/12/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Sibylline - Chroniques d'une escort girl
Sibylline - Chroniques d'une escort girl

Quelle merveille que d'être ému aux larmes en finissant une BD. Et pourtant je dois dire que ce qui m'a marquée à la lecture, c'est ce sentiment de tristesse qui imprégnait une fin pourtant belle et presque heureuse. Est-ce parce que je suis plus sensible en ce moment ou parce qu'elle a su capter quelque chose qui m'a touchée particulièrement ? Je dirais surtout la seconde option, mais disons que les deux ne sont pas incompatibles. Cette BD ne passe pas inaperçu depuis sa sortie, j'ai l'impression, et je me joins au concert de louanges. Déjà parce que l'autrice, Dano Sixtine, est ajoutée à ma liste de celle que je suivrais à l'avenir. Au-delà du récit, son trait est une des grandes découvertes de la BD. En finesse, jamais racoleur ou voyeur, subtil et pourtant précis, il est un régal visuel. J'ai été conquis presque à la couverture, mais en lisant la suite du récit j'étais convaincu. Elle arrive à rendre tangible beaucoup beaucoup de choses dont elle parle textuellement dans la BD, faisant des rappels visuels qui servent le propos. Un vrai travail de composition visuel, donc, un travail d'autrice de BD. Le tout est servi par un noir et blanc aux traits fins qui permets de jouer très vite sur l'émotion, sur l'indicible. C'est un trait sensible, plein de pudeur malgré son sujet. Je dis pudeur car au-delà du voyeurisme qu'on imaginerait à voir de l'intérieur ce métier d'escort-girl, la BD n'est jamais construite sur un regard lubrique. Je ne sais pas à quel point le fait que ce soit une femme qui l'ait écrit joue dans le résultat, mais il est bien là. La BD est bien pudique, ne dévoilant pas tout de son héroïne, Sibylline, qui restera une femme dont nous serons qu'observateur. Que pense-t-elle, que vit-elle, qu'espère-t-elle ? Nous n'en saurons que l'essentiel, le récit n'étant pas là pour faire des états d'âme ou creuser un personnage. Il est là pour montrer une situation. Et cette situation, c'est la violence d'un monde envers les femmes. Cette violence parsème le récit, d'une affiche de métro sexualisant leurs corps à des insultes dans la nuit, un rôdeur qui te suit quand tu rentres et des types qui profitent de toi parce qu'ils veulent tirer leurs coups. Et puis vient l'idée de faire escort-girl. Cette idée arrive tardivement dans le récit, après une lente construction de ce monde hostile, violent. L'escorting n'est pas tant traité que ça, ici. Ce que nous voyons, c'est une jeunesse qui veut étudier, qui rêve d'avenir (si elle l'espère encore) et a qui on ne donne pas les moyens d'y parvenir facilement. Un monde de riches et de pauvres, de fins de mois difficiles et d'étude chères, de sexisme ordinaires et de regard sur le corps des femmes constant. Comme d'autres BD (Le Dernier été de mon innocence, Tout est possible mais rien n'est sûr notamment) c'est un regard posé sur notre monde, un regard qui en souligne les pires travers. Encore une fois, je me dis que j'ai la chance inouïe d'être né homme, même si cette pensée est horrible. Pour finir, je voudrais juste évoquer cette tristesse que j'ai dis ressentir à la lecture. Cette tristesse n'est pas spécifiquement liée au ton de la BD, qui n'est pas dans un ton précis, laissant le lecteur choisir la lecture qu'il en fera. Mais j'ai ressenti une tristesse infinie à la lecture de la conclusion, lorsque deux femmes que nous avons suivi tout au long du récit parlent d'avenir. Et elles s'imaginent partir au fond des bois, bâtir une cabane et vivre en paix. Si elle peut sembler mignonne, utopiste ou légère, je me suis surtout dit que si notre monde est si moche que deux jeunes femmes imaginent comme fin heureuse de s'en éloigner pour vivre loin de lui, il doit être sacrément pourri. C'est cette pensée qui prédomine après la lecture, mais je sais qu'une relecture reviendra bien vite. Et peut-être que j'en tirerais autre chose, comme c'est le cas des œuvres marquantes.

16/12/2025 (modifier)