J’ai été beaucoup touché par cette bd ! Très belle écriture d’une identité queer presque subie construite par le rejet extérieur. Je recommande chaudement.
Quand j’ai ouvert Stranger Things : Le Voyage, j’ai immédiatement été plongé dans un thriller maritime oppressant. Être coincé sur un cargo avec une créature monstrueuse m’a tout de suite fait penser à Alien, mais transposé sur l’océan glacial plutôt que dans l’espace. La tension monte à chaque page.
J’ai beaucoup aimé que Michael Moreci et Todor Hristov, les mêmes auteurs que Stranger Things : Kamchatka, aient réussi à créer un second one shot dans l’univers de Stranger Things.
Les dessins de Hristov m’ont vraiment immergé dans l’ambiance. Les couleurs froides et sombres renforcent le sentiment de danger et d’isolement, et chaque planche me donnait presque l’impression de voir un film.
Le seul petit bémol que j’ai ressenti, c’est que certains personnages secondaires manquent un peu de profondeur. J’aurais aimé pouvoir m’attacher davantage à eux, mais la tension constante rattrape largement ce point.
Dès les premières pages, j’ai eu l’impression de partir en voyage. Au début, tout semblait simple, presque tranquille. Mais très vite, j’ai senti que quelque chose se préparait. Il y a eu des moments où j’ai eu le cœur qui battait un peu plus vite, surtout quand les héros se retrouvent face à des choix difficiles. J’ai aimé me laisser surprendre. Parfois, j’étais perdu, mais ça ne m’a pas dérangé : ça faisait partie de l’aventure. À la fin, j’ai refermé la BD avec ce sentiment d’avoir vécu quelque chose d’important.
Ce qui m’a touché, ce sont les idées derrière l’histoire. On parle de traditions, de secrets, de ce que les légendes peuvent faire à un peuple. J’ai senti une réflexion sur la peur et sur le poids du passé. Il y a aussi des moments sombres, où je me suis demandé : « Et moi, qu’est-ce que j’aurais fait à leur place ? ». Ce n’est pas juste une histoire de héros contre des monstres. C’est plus profond, et ça m’a fait réfléchir.
Au début, je ne savais pas trop quoi penser des héros. Mais au fil des pages, j’ai appris à les aimer. Firfin m’a fait sourire avec son côté malin. Les nains, eux, m’ont impressionné par leur courage, même quand tout semble perdu. J’ai aussi eu des frissons avec certains personnages mystérieux. Parfois, j’avais envie de leur faire confiance, parfois non. Et c’est ça qui m’a plu : je me suis senti proche d’eux, comme si je faisais partie du voyage.
Le dessin m’a donné une sensation étrange au début. C’est très détaillé, presque trop parfois. J’ai dû m’arrêter pour regarder chaque case. Mais plus j’avançais, plus j’ai compris que c’était ça qui donnait cette ambiance unique. Les couleurs sont un peu anciennes, mais elles collent parfaitement à l’histoire. J’ai adoré les paysages, qui m’ont fait rêver, et les créatures, qui m’ont parfois fait frissonner. À la fin, j’ai eu l’impression d’avoir traversé un monde entier.
Un véritable camouflet pour la Royal Navy.
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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre, qui ne nécessite pas de connaissances préalables. Son édition originale date de 2025. Ila été réalisé par Jean-Yves Delitte pour le scénario, par Philippe Adamov (1956-2020) pour les dessins, ceux-ci ayant repris par Fabio Pezzi après le décès de l’artiste initial, avec une mise en couleurs réalisée par Douchka Delitte. Il comporte quarante-six pages de bande dessinée. Il se termine par un dossier de huit pages, rédigé par le scénariste, généreusement illustré par des documents d’archives, avec des parties portant les titres suivants : Il y a d’abord l’histoire, Touché, coulé !, U-Boot une arme allemande, Un engin sale et malodorant, … qui deviendra une arme terrifiante !, Le canon ou la torpille ?, De l’arme méprisée à l’exploit !, Et après ?
Ils se croyaient invulnérables… Ils pensaient pouvoir couler les plus puissants des navires, comme David, qui avec une simple pierre, avait terrassé le géant Goliath. Mais ils auraient dû savoir que la flèche s’est toujours brisée sur l’armure. Leur submersible pouvait bien déplacer près de 800 tonnes et filer à plus de 15 nœuds, tout cela avait peu d’importance quand une masse qui déplace plus de 18.000 tonnes à 20 nœuds vous éperonne. Un sous-marin éventré gît par le fond, les cadavres des marins flottant entre deux eaux. En surface, les officiers commandant un énorme croiseur-cuirassé se félicitent : ils viennent d’heurter un sous-marin allemand, il y a enfin une justice ! Coupé en deux et pas un survivant. L’un d’entre d’eux a pu lire son immatriculation : U-29. Un autre renchérit : il paraît que cette saleté a attaqué au canon pas moins de six marchands en l’espace d’une semaine. Le troisième se félicite : une chose est sûre : ils entrent dans l’histoire leur HMS Dreadnought, malgré sa vétusté, est le premier cuirassé à couler un sous-marin. La scène se déroule à Pentland Firth, en Écosse le 18 mars 1915.
À Danzig, dans l’empire allemand, le 4 août 1914, des marins sont en train de charger des torpilles dans un sous-marin. L’oberbootsmann les tance : ils doivent faire attention avec le palan, s’ils ne veulent pas les envoyer au Paradis avant l’heure ! Il y a plus de cent-soixante kilogrammes d’explosif dans ces cigares ! Si cela explose, il ne restera d’eux que des lambeaux de chair… sans même parler des autres navires qui les entourent. Otto Eduard Weddigen est rejoint par son frère Karl, ensemble ils grimpent la passerelle pour accéder au pont, où un officier tend un journal devant lui : ils sont en guerre contre l’Angleterre, la presse en fait écho ! Otto le sait déjà : il a reçu ses ordres, le jeu infernal des dominos a commencé. Il explique : un archiduc autrichien se fait tuer par un fanatique serbe et, au nom des alliances, toute l’Europe s’embrase. Y a-t-il vraiment quelque chose de réjouissant ? Les deux frères redescendent à quai : Otto explique à Karl qu’il va larguer les amarres pour aller à Heligoland, un bout de terre perdu dans la mer, le tout ne doit pas dépasser deux kilomètres carrés. D’autres ordres doivent l’y attendre. Karl s’emporte : Si c’est comme ça que leurs amiraux conçoivent la guerre, ce n’est pas demain qu’ils danseront sur les Champs Élysées ! Il faut attaquer sans attendre, comme l’a fait Bismarck en 1870. Attaquer !
Il est possible que le nom d’U-9 soit inconnu du lecteur et que ce dernier soit venu pour découvrir une nouvelle grande bataille navale dans cette collection dont il apprécie les caractéristiques. L’auteur sait inclure des informations de manière organique et bien dosée, c’est-à-dire sans tomber dans des pages d’exposition avec de longues cellules de texte en petits caractères. Progressivement, il distille les faits et les indications permettant de situer cette bataille dans le temps, de comprendre la nouveauté que représentent les sous-marins à l’époque, et de découvrir de quelle bataille il s’agit précisément et les caractéristiques qui la font sortir du lot, et qui l’ont fait passer à la postérité. Arrivé à la fin de cette histoire, le dossier vient apporter des compléments forts bienvenus : sur l’histoire du développement des sous-marins (Lequel peut être considéré comme avoir été le premier à mériter ce nom ?), sur le rapport de force entre un sous-marin et un croiseur-cuirassé, sur le temps qu’il a fallu pour que naisse la lutte anti-sous-marine, sur les circonstances qui ont fait que dans l’imagerie populaire d’aucuns attribueront la paternité de cette arme à l’Allemagne, sur l’évolution des sous-marins qui passent d’un engin sale et malodorant à une arme terrifiante, sur le choix de l’arme entre le canon et la torpille, et sur l’après.
Cet ouvrage s’ouvre sur un mot du scénariste en mémoire de l’artiste, à l’époque où celui-ci dessinait les séries Le Vent des Dieux (tomes 1 à 5, 1985-1991), et Les Eaux de Mortelune (tomes 1 à 10, 1986-1998), toutes les deux écrites par le scénariste Patrick Cothias. Il explique que Philippe Adamov avait réalisé une vingtaine de pages crayonnées, avant de larguer les amarres définitivement, et qu’alors s’est posée la question de savoir que faire de ce travail inachevé. En fonction de sa familiarité avec l’œuvre de cet artiste (également la série L’impératrice rouge, avec Jean Dufaux, quatre tomes, 1999-2003), le lecteur peut identifier les pages en question, ou il peut constater qu’il ne ressent pas de différence entre les deux artistes. Comme à son accoutumée, la coloriste choisit une palette de teintes réalistes, un petit peu ternies et assombries, pour être en phase avec le sujet de la guerre, les morts au combat, et les affrontements. Elle sait jouer des nuances d’une même teinte pour accentuer le relief de certaines surfaces, pour nourrir les formes détourées, pour compléter les fonds de case, et même créer les cieux avec nuages et variation de luminosité, évoquer les reflets toujours changeant de la surface de la mer, rendre compte de l’exiguïté des coursives du sous-marin. Ainsi le lecteur peut ressentir l’ambiance d’un mois de septembre déjà rafraichi.
Quoi qu’il en soit, le lecteur commence à tourner les pages, et il retrouve ce à quoi il s’attend visuellement : des militaires en train de parler, de belles cases mettant en valeur les navires de guerre, et bien sûr la mer. Il identifie tout de suite le savoir-faire du scénariste : une poignée de personnages nommés, ceux dont la postérité a retenu le nom, des discussions brèves régulièrement interrompues par le voyage en mer jusqu’à la bataille navale promise, et des personnages qui bougent. Pour ces derniers, les dessinateurs jouent le jeu : montrer ces hommes en train de parler, et représenter le décor avec un bon niveau de détail pour donner à voir l’environnement, que ce soit à terre ou à bord, en intérieur ou en extérieur. Il en découle une narration visuelle avec un rythme agréable, et des changements de décors réguliers apportant de la diversité. Bien évidemment, les deux dessinateurs se sont documentés sur les uniformes, les armes et les navires, et ils réalisent une reconstitution historique solide et fiable. L’enjeu du récit est d’arriver à la bataille navale en ayant informé le lecteur sur les forces en présence, sans se focaliser sur la vie à l’intérieur du long cigare de métal. Par voie de conséquence, les dessinateurs représentent aussi bien le port de Danzig, l’estuaire de la Forth, la rade de l’île de Heligoland, un cimetière de campagne, un bureau militaire allemand, et quelques zones du sous-marin.
Bien sûr l’U-9 est également mis visuellement en avant, ainsi que les croiseurs-cuirassés britanniques, avec leurs armements, donnant lieu à quelques belles vues de ces navires en mer. Le scénariste installe progressivement les circonstances menant à la bataille, avec un certain naturel né l’expérience. La bataille elle-même se déroule en neuf pages, à la narration visuelle impeccable, limpide et factuelle. Dans le dossier final, le lecteur retrouve un résumé de la bataille, correspondant en tout point à ce qui est montré. Les auteurs restent dans ce registre factuel : des hommes normaux faisant leur métier, sans crise existentielle quant au fait de tuer des ennemis, c’est-à-dire des êtres humains, sans soif sanguinaire, sans rêve de devenir des héros de guerre, des supersoldats, ou de futurs officiers, que ce soit du côté allemand ou du côté britannique. Bref, une affaire rondement menée, sans chichi. Le lecteur en ressort avec une bonne compréhension du rôle joué par ce sous-marin, de l’effet de surprise dont profite son équipage, du fait d’équipages ennemis sans connaissance ou compréhension particulière de ce type d’attaque.
En scénariste aguerri (c’est le cas de le dire), Jean-Yves Delitte sait intégrer quelques réflexions bien senties dans les dialogues. Le lecteur le constate dans les échanges entre les deux frères, celui qui commande un navire, et l’autre qui reste à terre dans une fonction administrative. Il apprécie plus le dialogue moins convenu entre deux marins : le premier expliquant au second que cette guerre se résume à des cousins qui s’entretuent, car les têtes couronnées de cette vieille Europe ont toutes des liens de parenté, ils vont être les témoins de la plus grande dispute familiale que le monde n’ait jamais connue. Au cours de la bataille, Otto Eduard Weddigen ne peut pas croire à la réaction totalement inconsciente des commandants britanniques qui n’ont aucune idée de ce qui leur arrive. Dans le même temps, une de ses réponses à un simple marin fait bien ressortir que les décisions du commandant engagent tous les membres de l’équipage, au risque qu’ils y perdent leur vie.
Un tome de plus dans cette collection, avec plusieurs particularités. La première réside bien sûr dans la nature de la bataille du 22 septembre 1914, impliquant un sous-marin allemand. La seconde tient à Philippe Adamov qui a réalisé des planches différentes de celles sortant du moule habituel, avec une narration visuelle plus organique, à hauteur de simple mortel, ramenant le récit au niveau d’un reportage dépourvu de toute forme de glorification ou de dramatisation convenue. Un récit de guerre didactique, raconté avec honnêteté, contenant quelques remarques attestant d’une prise de recul.
Ouais, c'est pas mal, même bien. Mais ça aurait pu être 'achement mieux.
Bon déjà, le dessin n'est pas mon trop mon truc. Il fait le taf mais reste pour moi à l'état d'esquisse. Les personnages sont bien empoignés. On sent bien ce qui les anime. On sent leurs faiblesses et tout le poids de leur passé peser sur leurs épaules. L'histoire valait vraiment d'être racontée, et ça ramène un peu les pieds sur terre de se dire que oui, il y a deux cents ans, on en était encore (la Science) à lutter contre l'obscurantisme religieux, religion avec laquelle il fallait composer, quitte à tordre le récit scientifique pour le faire coïncider avec les textes bibliques. C'est peut être le scénar qui est peut-être un peu linéaire. Mais je fais mon difficile là !
La BD en tant qu'objet est soignée. Belle couv, reliure de qualité, donc solide. Chouette illustration qui induit d'ailleurs un peu en "erreur" sur le contenu graphique même.
Non, au final, je ne vais pas faire le salaud. Je file 4/5, c'est pas de l'arnaque.
Merveilleuse idée ! Et il n'y a rien de prétentieux chez les Japonais. L'auteur projette la façon nippone d'apprendre sur son Romain. Pas très exact historiquement, s'il est vrai que les Romains ont beaucoup imité, des Grecs, mais pas seulement.
Autre objection à balayer : son Romain est anormalement peu curieux. Pardon, mais il est pile représentatif du Romain normal, sauf élite de l'élite intellectuelle, le Romain, pragmatique, s'occupe de ce qui marche ou pas, il y a peu de question du comment. Peuple bourré de rites mais sans mythes bien métaphysiques, qui reprend les résultats des Grecs en science sans trop s'attarder sur le cheminement intellectuel. Donc notre héros voit tout ce qu'il peut transposer dans ses thermes, et n'a pas l'idée d'aller explorer le nouveau monde des "faces plates". Pourquoi faire ? Son avance indique qu'on ne saurait le conquérir, et il ne semble pas tenté d'envahir Rome non plus, alors…
Le Romain n'est pas un Carthaginois ou un Grec, la découverte du monde et lui, ça fait deux. Il ne conquiert et ne garde d'ailleurs que ce qu'il peut administrer, ainsi, Auguste dit basta ! L'idée étant de ne plus conquérir, on ne saurait administre ce qui déborde trop. Et non, ce n'est pas que pour empêcher un général victorieux de concurrencer son pouvoir par son prestige… Plus tard, Dioclétien coupera l'Empire en deux pour mieux administrer. Le Romain est pragmatique, il aime aussi dominer… Cela implique de ne pas se disperser, rien à voir avec les Gaulois et leurs druides, les Grecs et leurs philosophes et autres. Une chance pour l'auteur ! La monomanie de notre héros sur les bains n'aurait guère été crédible autrement.
Là, si !
Le dessin ne se remarque pas, mais si on y pense… Il donne de la crédibilité question bains, on s'attache aux personnages, la lecture est dynamique. Parfait, donc !
Inhumain est une très solide BD de science-fiction, qui glisse progressivement d’un récit de survie vers une réflexion nettement plus philosophique. L’intrigue est maîtrisée, bien construite, et fonctionne largement sur la curiosité du lecteur, avec une montée du malaise lente mais efficace. Le récit évite toute opposition simpliste : il n’y a ni véritables gentils ni méchants, seulement des logiques de survie incompatibles, ce qui rend le dilemme final particulièrement pertinent.
L’idée d’un antagoniste fondamentalement « bienveillant » dans ses intentions est l’un des grands atouts de l’album. Sans rien dévoiler, la fin ouverte prolonge intelligemment la lecture en posant frontalement la question du libre arbitre et du choix collectif. La métaphore autour de la sécurité globale évoque clairement des mécanismes proches de la dissuasion nucléaire contemporaine, donnant au propos une résonance politique discrète mais réelle.
Graphiquement, l’album est très réussi. Les couleurs sont riches, l’ambiance science-fiction parfaitement installée, et la planète possède une vraie identité visuelle. Seul bémol : des visages parfois moins expressifs que le reste du dessin, légèrement en retrait par rapport à la qualité globale des décors et de la mise en scène. Cela n’entame toutefois pas la force de l’ensemble, qui reste cohérent et immersif.
Hoka Hey s’impose comme une oeuvre de très grand qualité dans l'univers Western, à la fois ample et profondément humain. Le scénario est d’une grande lisibilité sans jamais verser dans la facilité : le récit avance avec une évidence narrative remarquable, laissant les personnages se construire naturellement au fil des pages. Aucun manichéisme ici, seulement des êtres cabossés, traversés par la colère, la douleur ou le doute, mais toujours crédibles et représentatifs de l’humain dans ce qu’il a de plus fragile comme de plus digne.
L’émotion est omniprésente, mais traitée avec une retenue rare. Le récit est dur, parfois brutal dans ce qu’il raconte, sans jamais tomber dans le cliché ni la complaisance. Une forme de douceur affleure pourtant en permanence, notamment dans la relation entre les personnages et dans la manière dont la transmission culturelle devient un apaisement possible. Le respect du monde western, de ses codes et de son imaginaire, est évident, tout en étant mis au service d’un propos plus intime et politique.
Graphiquement, Neyef livre un travail remarquable. Le dessin est très beau, coloré, expressif, avec une finesse de détail bien dosée. Le trait ne cherche pas un réalisme absolu : il privilégie clairement la transmission des émotions, ce qui renforce encore l’impact du récit. Les ambiances, les regards et les silences parlent souvent autant que les dialogues.
Hel’Blar est un diptyque solide et généreux, enrichi de nombreux contenus additionnels qui prolongent l’immersion. Le scénario est rythmé, bien construit, et maintient une tension constante grâce à une traque efficace et une mythologie scandinave exploitée avec sérieux. Sans chercher la rupture ou la réinvention du genre, la série assume pleinement ses codes et propose un récit cohérent, avec un véritable arc narratif, une intrigue maîtrisée et une conclusion globalement satisfaisante, malgré une légère ouverture finale.
Graphiquement, l’ensemble est très convaincant. Le dessin est lisible et dynamique, avec un côté manga assumé dans le traitement du sensationnel et de l’action, ce qui renforce l’impact visuel sans nuire à la narration. Les couleurs, très vives, accompagnent parfaitement un récit énergique et brutal, accentuant le caractère « vitaminé » de l’ensemble et l’atmosphère épique. Une œuvre recommandée aux amateurs de fantasy nordique et de mythologie scandinave, qui trouveront ici une proposition aboutie et efficace.
Adaptée d'un roman que je ne connais absolument pas, cette BD a conservé ce qui fait la qualité d'un bon polar qu'on lit en vacances sans pouvoir le lâcher. Cela vient de la narration qui alterne deux trames. Dans le présent, Marc, un jeune homme tente de comprendre pourquoi sa soeur a disparue subitement le jour der ses 18 ans. Il faut dire que cette jeune fille a une histoire singulière puisque, bébé, elle a survécu à un crash d'avion et elle a été confiée a ses grands parents. Sauf que 2 familles se sont battus pour la récupérer à l'époque.
En parallèle de ça, l'autre arc narratif concerne un détective chargé de mener une contre enquête par une des familles pour découvrir la véritable identité de la fillette. Il a consigné 18 ans d'investigations dans un carnet que Marc est en train de lire. Et donc, comme dans un bon page turner, dès que le détective s'apprête à faire une révélation, l'histoire bascule sur le présent. Et lorsque Marc semble sur le point de comprendre quelque chose, on revient à notre détective. Procédé somme toute classique, mais bien efficace.
On se prend bien au jeu, et on a envie de savoir quelle est la vraie famille de notre héroïne. Alors oui, il a quelques ficelles un peu grosses et quelques péripéties pas hyper crédibles. Mais j'ai pas trouvé ça gênant, la curiosité de connaitre le dénouement prédominant largement. Et enfin, mention spéciale au petit twist final qui permet de retrouver la vraie mère de l'enfant.
J'ai trouvé cette BD très agréable.
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Rebis
J’ai été beaucoup touché par cette bd ! Très belle écriture d’une identité queer presque subie construite par le rejet extérieur. Je recommande chaudement.
Stranger Things - Le voyage
Quand j’ai ouvert Stranger Things : Le Voyage, j’ai immédiatement été plongé dans un thriller maritime oppressant. Être coincé sur un cargo avec une créature monstrueuse m’a tout de suite fait penser à Alien, mais transposé sur l’océan glacial plutôt que dans l’espace. La tension monte à chaque page. J’ai beaucoup aimé que Michael Moreci et Todor Hristov, les mêmes auteurs que Stranger Things : Kamchatka, aient réussi à créer un second one shot dans l’univers de Stranger Things. Les dessins de Hristov m’ont vraiment immergé dans l’ambiance. Les couleurs froides et sombres renforcent le sentiment de danger et d’isolement, et chaque planche me donnait presque l’impression de voir un film. Le seul petit bémol que j’ai ressenti, c’est que certains personnages secondaires manquent un peu de profondeur. J’aurais aimé pouvoir m’attacher davantage à eux, mais la tension constante rattrape largement ce point.
Légendes des Contrées Oubliées
Dès les premières pages, j’ai eu l’impression de partir en voyage. Au début, tout semblait simple, presque tranquille. Mais très vite, j’ai senti que quelque chose se préparait. Il y a eu des moments où j’ai eu le cœur qui battait un peu plus vite, surtout quand les héros se retrouvent face à des choix difficiles. J’ai aimé me laisser surprendre. Parfois, j’étais perdu, mais ça ne m’a pas dérangé : ça faisait partie de l’aventure. À la fin, j’ai refermé la BD avec ce sentiment d’avoir vécu quelque chose d’important. Ce qui m’a touché, ce sont les idées derrière l’histoire. On parle de traditions, de secrets, de ce que les légendes peuvent faire à un peuple. J’ai senti une réflexion sur la peur et sur le poids du passé. Il y a aussi des moments sombres, où je me suis demandé : « Et moi, qu’est-ce que j’aurais fait à leur place ? ». Ce n’est pas juste une histoire de héros contre des monstres. C’est plus profond, et ça m’a fait réfléchir. Au début, je ne savais pas trop quoi penser des héros. Mais au fil des pages, j’ai appris à les aimer. Firfin m’a fait sourire avec son côté malin. Les nains, eux, m’ont impressionné par leur courage, même quand tout semble perdu. J’ai aussi eu des frissons avec certains personnages mystérieux. Parfois, j’avais envie de leur faire confiance, parfois non. Et c’est ça qui m’a plu : je me suis senti proche d’eux, comme si je faisais partie du voyage. Le dessin m’a donné une sensation étrange au début. C’est très détaillé, presque trop parfois. J’ai dû m’arrêter pour regarder chaque case. Mais plus j’avançais, plus j’ai compris que c’était ça qui donnait cette ambiance unique. Les couleurs sont un peu anciennes, mais elles collent parfaitement à l’histoire. J’ai adoré les paysages, qui m’ont fait rêver, et les créatures, qui m’ont parfois fait frissonner. À la fin, j’ai eu l’impression d’avoir traversé un monde entier.
U-9
Un véritable camouflet pour la Royal Navy. - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre, qui ne nécessite pas de connaissances préalables. Son édition originale date de 2025. Ila été réalisé par Jean-Yves Delitte pour le scénario, par Philippe Adamov (1956-2020) pour les dessins, ceux-ci ayant repris par Fabio Pezzi après le décès de l’artiste initial, avec une mise en couleurs réalisée par Douchka Delitte. Il comporte quarante-six pages de bande dessinée. Il se termine par un dossier de huit pages, rédigé par le scénariste, généreusement illustré par des documents d’archives, avec des parties portant les titres suivants : Il y a d’abord l’histoire, Touché, coulé !, U-Boot une arme allemande, Un engin sale et malodorant, … qui deviendra une arme terrifiante !, Le canon ou la torpille ?, De l’arme méprisée à l’exploit !, Et après ? Ils se croyaient invulnérables… Ils pensaient pouvoir couler les plus puissants des navires, comme David, qui avec une simple pierre, avait terrassé le géant Goliath. Mais ils auraient dû savoir que la flèche s’est toujours brisée sur l’armure. Leur submersible pouvait bien déplacer près de 800 tonnes et filer à plus de 15 nœuds, tout cela avait peu d’importance quand une masse qui déplace plus de 18.000 tonnes à 20 nœuds vous éperonne. Un sous-marin éventré gît par le fond, les cadavres des marins flottant entre deux eaux. En surface, les officiers commandant un énorme croiseur-cuirassé se félicitent : ils viennent d’heurter un sous-marin allemand, il y a enfin une justice ! Coupé en deux et pas un survivant. L’un d’entre d’eux a pu lire son immatriculation : U-29. Un autre renchérit : il paraît que cette saleté a attaqué au canon pas moins de six marchands en l’espace d’une semaine. Le troisième se félicite : une chose est sûre : ils entrent dans l’histoire leur HMS Dreadnought, malgré sa vétusté, est le premier cuirassé à couler un sous-marin. La scène se déroule à Pentland Firth, en Écosse le 18 mars 1915. À Danzig, dans l’empire allemand, le 4 août 1914, des marins sont en train de charger des torpilles dans un sous-marin. L’oberbootsmann les tance : ils doivent faire attention avec le palan, s’ils ne veulent pas les envoyer au Paradis avant l’heure ! Il y a plus de cent-soixante kilogrammes d’explosif dans ces cigares ! Si cela explose, il ne restera d’eux que des lambeaux de chair… sans même parler des autres navires qui les entourent. Otto Eduard Weddigen est rejoint par son frère Karl, ensemble ils grimpent la passerelle pour accéder au pont, où un officier tend un journal devant lui : ils sont en guerre contre l’Angleterre, la presse en fait écho ! Otto le sait déjà : il a reçu ses ordres, le jeu infernal des dominos a commencé. Il explique : un archiduc autrichien se fait tuer par un fanatique serbe et, au nom des alliances, toute l’Europe s’embrase. Y a-t-il vraiment quelque chose de réjouissant ? Les deux frères redescendent à quai : Otto explique à Karl qu’il va larguer les amarres pour aller à Heligoland, un bout de terre perdu dans la mer, le tout ne doit pas dépasser deux kilomètres carrés. D’autres ordres doivent l’y attendre. Karl s’emporte : Si c’est comme ça que leurs amiraux conçoivent la guerre, ce n’est pas demain qu’ils danseront sur les Champs Élysées ! Il faut attaquer sans attendre, comme l’a fait Bismarck en 1870. Attaquer ! Il est possible que le nom d’U-9 soit inconnu du lecteur et que ce dernier soit venu pour découvrir une nouvelle grande bataille navale dans cette collection dont il apprécie les caractéristiques. L’auteur sait inclure des informations de manière organique et bien dosée, c’est-à-dire sans tomber dans des pages d’exposition avec de longues cellules de texte en petits caractères. Progressivement, il distille les faits et les indications permettant de situer cette bataille dans le temps, de comprendre la nouveauté que représentent les sous-marins à l’époque, et de découvrir de quelle bataille il s’agit précisément et les caractéristiques qui la font sortir du lot, et qui l’ont fait passer à la postérité. Arrivé à la fin de cette histoire, le dossier vient apporter des compléments forts bienvenus : sur l’histoire du développement des sous-marins (Lequel peut être considéré comme avoir été le premier à mériter ce nom ?), sur le rapport de force entre un sous-marin et un croiseur-cuirassé, sur le temps qu’il a fallu pour que naisse la lutte anti-sous-marine, sur les circonstances qui ont fait que dans l’imagerie populaire d’aucuns attribueront la paternité de cette arme à l’Allemagne, sur l’évolution des sous-marins qui passent d’un engin sale et malodorant à une arme terrifiante, sur le choix de l’arme entre le canon et la torpille, et sur l’après. Cet ouvrage s’ouvre sur un mot du scénariste en mémoire de l’artiste, à l’époque où celui-ci dessinait les séries Le Vent des Dieux (tomes 1 à 5, 1985-1991), et Les Eaux de Mortelune (tomes 1 à 10, 1986-1998), toutes les deux écrites par le scénariste Patrick Cothias. Il explique que Philippe Adamov avait réalisé une vingtaine de pages crayonnées, avant de larguer les amarres définitivement, et qu’alors s’est posée la question de savoir que faire de ce travail inachevé. En fonction de sa familiarité avec l’œuvre de cet artiste (également la série L’impératrice rouge, avec Jean Dufaux, quatre tomes, 1999-2003), le lecteur peut identifier les pages en question, ou il peut constater qu’il ne ressent pas de différence entre les deux artistes. Comme à son accoutumée, la coloriste choisit une palette de teintes réalistes, un petit peu ternies et assombries, pour être en phase avec le sujet de la guerre, les morts au combat, et les affrontements. Elle sait jouer des nuances d’une même teinte pour accentuer le relief de certaines surfaces, pour nourrir les formes détourées, pour compléter les fonds de case, et même créer les cieux avec nuages et variation de luminosité, évoquer les reflets toujours changeant de la surface de la mer, rendre compte de l’exiguïté des coursives du sous-marin. Ainsi le lecteur peut ressentir l’ambiance d’un mois de septembre déjà rafraichi. Quoi qu’il en soit, le lecteur commence à tourner les pages, et il retrouve ce à quoi il s’attend visuellement : des militaires en train de parler, de belles cases mettant en valeur les navires de guerre, et bien sûr la mer. Il identifie tout de suite le savoir-faire du scénariste : une poignée de personnages nommés, ceux dont la postérité a retenu le nom, des discussions brèves régulièrement interrompues par le voyage en mer jusqu’à la bataille navale promise, et des personnages qui bougent. Pour ces derniers, les dessinateurs jouent le jeu : montrer ces hommes en train de parler, et représenter le décor avec un bon niveau de détail pour donner à voir l’environnement, que ce soit à terre ou à bord, en intérieur ou en extérieur. Il en découle une narration visuelle avec un rythme agréable, et des changements de décors réguliers apportant de la diversité. Bien évidemment, les deux dessinateurs se sont documentés sur les uniformes, les armes et les navires, et ils réalisent une reconstitution historique solide et fiable. L’enjeu du récit est d’arriver à la bataille navale en ayant informé le lecteur sur les forces en présence, sans se focaliser sur la vie à l’intérieur du long cigare de métal. Par voie de conséquence, les dessinateurs représentent aussi bien le port de Danzig, l’estuaire de la Forth, la rade de l’île de Heligoland, un cimetière de campagne, un bureau militaire allemand, et quelques zones du sous-marin. Bien sûr l’U-9 est également mis visuellement en avant, ainsi que les croiseurs-cuirassés britanniques, avec leurs armements, donnant lieu à quelques belles vues de ces navires en mer. Le scénariste installe progressivement les circonstances menant à la bataille, avec un certain naturel né l’expérience. La bataille elle-même se déroule en neuf pages, à la narration visuelle impeccable, limpide et factuelle. Dans le dossier final, le lecteur retrouve un résumé de la bataille, correspondant en tout point à ce qui est montré. Les auteurs restent dans ce registre factuel : des hommes normaux faisant leur métier, sans crise existentielle quant au fait de tuer des ennemis, c’est-à-dire des êtres humains, sans soif sanguinaire, sans rêve de devenir des héros de guerre, des supersoldats, ou de futurs officiers, que ce soit du côté allemand ou du côté britannique. Bref, une affaire rondement menée, sans chichi. Le lecteur en ressort avec une bonne compréhension du rôle joué par ce sous-marin, de l’effet de surprise dont profite son équipage, du fait d’équipages ennemis sans connaissance ou compréhension particulière de ce type d’attaque. En scénariste aguerri (c’est le cas de le dire), Jean-Yves Delitte sait intégrer quelques réflexions bien senties dans les dialogues. Le lecteur le constate dans les échanges entre les deux frères, celui qui commande un navire, et l’autre qui reste à terre dans une fonction administrative. Il apprécie plus le dialogue moins convenu entre deux marins : le premier expliquant au second que cette guerre se résume à des cousins qui s’entretuent, car les têtes couronnées de cette vieille Europe ont toutes des liens de parenté, ils vont être les témoins de la plus grande dispute familiale que le monde n’ait jamais connue. Au cours de la bataille, Otto Eduard Weddigen ne peut pas croire à la réaction totalement inconsciente des commandants britanniques qui n’ont aucune idée de ce qui leur arrive. Dans le même temps, une de ses réponses à un simple marin fait bien ressortir que les décisions du commandant engagent tous les membres de l’équipage, au risque qu’ils y perdent leur vie. Un tome de plus dans cette collection, avec plusieurs particularités. La première réside bien sûr dans la nature de la bataille du 22 septembre 1914, impliquant un sous-marin allemand. La seconde tient à Philippe Adamov qui a réalisé des planches différentes de celles sortant du moule habituel, avec une narration visuelle plus organique, à hauteur de simple mortel, ramenant le récit au niveau d’un reportage dépourvu de toute forme de glorification ou de dramatisation convenue. Un récit de guerre didactique, raconté avec honnêteté, contenant quelques remarques attestant d’une prise de recul.
La Dent de l'iguanodon
Ouais, c'est pas mal, même bien. Mais ça aurait pu être 'achement mieux. Bon déjà, le dessin n'est pas mon trop mon truc. Il fait le taf mais reste pour moi à l'état d'esquisse. Les personnages sont bien empoignés. On sent bien ce qui les anime. On sent leurs faiblesses et tout le poids de leur passé peser sur leurs épaules. L'histoire valait vraiment d'être racontée, et ça ramène un peu les pieds sur terre de se dire que oui, il y a deux cents ans, on en était encore (la Science) à lutter contre l'obscurantisme religieux, religion avec laquelle il fallait composer, quitte à tordre le récit scientifique pour le faire coïncider avec les textes bibliques. C'est peut être le scénar qui est peut-être un peu linéaire. Mais je fais mon difficile là ! La BD en tant qu'objet est soignée. Belle couv, reliure de qualité, donc solide. Chouette illustration qui induit d'ailleurs un peu en "erreur" sur le contenu graphique même. Non, au final, je ne vais pas faire le salaud. Je file 4/5, c'est pas de l'arnaque.
Thermae Romae
Merveilleuse idée ! Et il n'y a rien de prétentieux chez les Japonais. L'auteur projette la façon nippone d'apprendre sur son Romain. Pas très exact historiquement, s'il est vrai que les Romains ont beaucoup imité, des Grecs, mais pas seulement. Autre objection à balayer : son Romain est anormalement peu curieux. Pardon, mais il est pile représentatif du Romain normal, sauf élite de l'élite intellectuelle, le Romain, pragmatique, s'occupe de ce qui marche ou pas, il y a peu de question du comment. Peuple bourré de rites mais sans mythes bien métaphysiques, qui reprend les résultats des Grecs en science sans trop s'attarder sur le cheminement intellectuel. Donc notre héros voit tout ce qu'il peut transposer dans ses thermes, et n'a pas l'idée d'aller explorer le nouveau monde des "faces plates". Pourquoi faire ? Son avance indique qu'on ne saurait le conquérir, et il ne semble pas tenté d'envahir Rome non plus, alors… Le Romain n'est pas un Carthaginois ou un Grec, la découverte du monde et lui, ça fait deux. Il ne conquiert et ne garde d'ailleurs que ce qu'il peut administrer, ainsi, Auguste dit basta ! L'idée étant de ne plus conquérir, on ne saurait administre ce qui déborde trop. Et non, ce n'est pas que pour empêcher un général victorieux de concurrencer son pouvoir par son prestige… Plus tard, Dioclétien coupera l'Empire en deux pour mieux administrer. Le Romain est pragmatique, il aime aussi dominer… Cela implique de ne pas se disperser, rien à voir avec les Gaulois et leurs druides, les Grecs et leurs philosophes et autres. Une chance pour l'auteur ! La monomanie de notre héros sur les bains n'aurait guère été crédible autrement. Là, si ! Le dessin ne se remarque pas, mais si on y pense… Il donne de la crédibilité question bains, on s'attache aux personnages, la lecture est dynamique. Parfait, donc !
Inhumain
Inhumain est une très solide BD de science-fiction, qui glisse progressivement d’un récit de survie vers une réflexion nettement plus philosophique. L’intrigue est maîtrisée, bien construite, et fonctionne largement sur la curiosité du lecteur, avec une montée du malaise lente mais efficace. Le récit évite toute opposition simpliste : il n’y a ni véritables gentils ni méchants, seulement des logiques de survie incompatibles, ce qui rend le dilemme final particulièrement pertinent. L’idée d’un antagoniste fondamentalement « bienveillant » dans ses intentions est l’un des grands atouts de l’album. Sans rien dévoiler, la fin ouverte prolonge intelligemment la lecture en posant frontalement la question du libre arbitre et du choix collectif. La métaphore autour de la sécurité globale évoque clairement des mécanismes proches de la dissuasion nucléaire contemporaine, donnant au propos une résonance politique discrète mais réelle. Graphiquement, l’album est très réussi. Les couleurs sont riches, l’ambiance science-fiction parfaitement installée, et la planète possède une vraie identité visuelle. Seul bémol : des visages parfois moins expressifs que le reste du dessin, légèrement en retrait par rapport à la qualité globale des décors et de la mise en scène. Cela n’entame toutefois pas la force de l’ensemble, qui reste cohérent et immersif.
Hoka Hey !
Hoka Hey s’impose comme une oeuvre de très grand qualité dans l'univers Western, à la fois ample et profondément humain. Le scénario est d’une grande lisibilité sans jamais verser dans la facilité : le récit avance avec une évidence narrative remarquable, laissant les personnages se construire naturellement au fil des pages. Aucun manichéisme ici, seulement des êtres cabossés, traversés par la colère, la douleur ou le doute, mais toujours crédibles et représentatifs de l’humain dans ce qu’il a de plus fragile comme de plus digne. L’émotion est omniprésente, mais traitée avec une retenue rare. Le récit est dur, parfois brutal dans ce qu’il raconte, sans jamais tomber dans le cliché ni la complaisance. Une forme de douceur affleure pourtant en permanence, notamment dans la relation entre les personnages et dans la manière dont la transmission culturelle devient un apaisement possible. Le respect du monde western, de ses codes et de son imaginaire, est évident, tout en étant mis au service d’un propos plus intime et politique. Graphiquement, Neyef livre un travail remarquable. Le dessin est très beau, coloré, expressif, avec une finesse de détail bien dosée. Le trait ne cherche pas un réalisme absolu : il privilégie clairement la transmission des émotions, ce qui renforce encore l’impact du récit. Les ambiances, les regards et les silences parlent souvent autant que les dialogues.
Hel'Blar
Hel’Blar est un diptyque solide et généreux, enrichi de nombreux contenus additionnels qui prolongent l’immersion. Le scénario est rythmé, bien construit, et maintient une tension constante grâce à une traque efficace et une mythologie scandinave exploitée avec sérieux. Sans chercher la rupture ou la réinvention du genre, la série assume pleinement ses codes et propose un récit cohérent, avec un véritable arc narratif, une intrigue maîtrisée et une conclusion globalement satisfaisante, malgré une légère ouverture finale. Graphiquement, l’ensemble est très convaincant. Le dessin est lisible et dynamique, avec un côté manga assumé dans le traitement du sensationnel et de l’action, ce qui renforce l’impact visuel sans nuire à la narration. Les couleurs, très vives, accompagnent parfaitement un récit énergique et brutal, accentuant le caractère « vitaminé » de l’ensemble et l’atmosphère épique. Une œuvre recommandée aux amateurs de fantasy nordique et de mythologie scandinave, qui trouveront ici une proposition aboutie et efficace.
Un avion sans elle
Adaptée d'un roman que je ne connais absolument pas, cette BD a conservé ce qui fait la qualité d'un bon polar qu'on lit en vacances sans pouvoir le lâcher. Cela vient de la narration qui alterne deux trames. Dans le présent, Marc, un jeune homme tente de comprendre pourquoi sa soeur a disparue subitement le jour der ses 18 ans. Il faut dire que cette jeune fille a une histoire singulière puisque, bébé, elle a survécu à un crash d'avion et elle a été confiée a ses grands parents. Sauf que 2 familles se sont battus pour la récupérer à l'époque. En parallèle de ça, l'autre arc narratif concerne un détective chargé de mener une contre enquête par une des familles pour découvrir la véritable identité de la fillette. Il a consigné 18 ans d'investigations dans un carnet que Marc est en train de lire. Et donc, comme dans un bon page turner, dès que le détective s'apprête à faire une révélation, l'histoire bascule sur le présent. Et lorsque Marc semble sur le point de comprendre quelque chose, on revient à notre détective. Procédé somme toute classique, mais bien efficace. On se prend bien au jeu, et on a envie de savoir quelle est la vraie famille de notre héroïne. Alors oui, il a quelques ficelles un peu grosses et quelques péripéties pas hyper crédibles. Mais j'ai pas trouvé ça gênant, la curiosité de connaitre le dénouement prédominant largement. Et enfin, mention spéciale au petit twist final qui permet de retrouver la vraie mère de l'enfant. J'ai trouvé cette BD très agréable.