Les derniers avis (11 avis)

Par grogro
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série L'Odeur du fer
L'Odeur du fer

Globalement, je suis du même avis que Canarde, sans compter qu'à moi aussi, L'odeur du fer a rappelé bien des références dont Christopher Hittinger et Joe Daly (Dungeon Quest) sont les principales. Mais le charme de cette BD a su produire chez moi un effet narcotique certain. Même ses défauts m'ont séduit, c'est dire... Tout d'abord, il y a l'édition en elle-même : le format est agréable, tout comme cet effet Grip quand on l'empoigne. M'est avis que ça ne doit pas être super écolo, mais bon, si on compare l'industrie BD à celle de la bagnole, y a point photo ! La couverture est très chouette : effet métallique du titre légèrement gaufré, couleurs chatoyantes. Et bien entendu, c'est le dessin la raison principale de ma satisfaction. Il est franchement plein de finesse. Le mélange des genres ne m'a absolument pas perturbé, bien au contraire. J'ai trouvé ça vraiment original, ce qui m'a d'ailleurs rappelé une autre BD : Les derniers jours d'un immortel. Oui, ce dessin est plein de charmes avec son petit côté indé : finesse des traits je le disais, mais aussi justesse des pause, expressions des visages dont les formes sont quelquefois à la limite de l'abstraction, détails des paysages ou des contextes urbains, quand il faut, où il faut, sans écraser les cases, juste ce qu'il faut pour générer une ambiance forte... Bref : c'est frais comme un gardon. Le scénario est bien et dit quelque chose de notre époque, surtout dans sa conclusion (mais chuuuuutttt). On pourra aisément formuler des griefs concernant les situations qui se dénouent parfois trop rapidement (la rencontre avec le mage), ou bien contre certains événements peu voire pas expliqués du tout, au risque de rendre l'histoire un brin opaque (on ne saura pas grand chose du réveil du fameux démon...). Mais c'est aussi ce qui fait la force de cette histoire : on est avec les protagonistes, on suit leurs aventures qui percutent parfois les événements (la "Grande Histoire" dirait-on d'une BD historique), mais les personnages s'efforcent de tracer leur propre chemin (ce qui est une philosophie de vie à laquelle je suis très sensible). Enfin, j'aime les personnages Ambre et Elaine, originaux à souhait. J'aime les questionnements d'Elaine, questionnements qui la conduiront à suivre sa route. Un coup de cœur n'est pas parfait, mais il sait toucher une part intime en soi. Alors oui, je crois pouvoir dire que L'odeur du fer est un coup de cœur.

10/12/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série Louis XI, l'universelle araignée
Louis XI, l'universelle araignée

Un esprit trop subtil et acéré, plus enclin à la diplomatie qu'à la guerre - Cet ouvrage constitue une biographie de Louis XI. Son édition originale date de 2025. Il a été réalisé par Makyo (Pierre Fournier) & Jean-Édouard Grésy pour le scénario, dessiné par Francesco de Stena, avec une mise en couleurs réalisée par Marco Ferraccioni pour la première moitié, et par Degreff pour la seconde. Il se termine avec une postface d’une page rédigée par Joël Blanchard, professeur émérite à l’université du Mans. Il comporte cent-huit pages de bande dessinée. Mars 1476, au château de Plessis-lèz-Tours, des troubadours chantent pour le roi Louis XI, attablé avec une douzaine de convives autour d’une table disposée en U. Un conseiller vient lui donner une information à l’oreille. Il se lève et se rend dans la pièce attenante. Il demande à Doriole de lui délivrer les nouvelles. Ce dernier explique qu’après un mois de siège, il a l’honneur de lui remettre les termes de la reddition du duc de Nemours, obtenu par Pierre de Beaujeu, le gendre du roi. Le souverain répond qu’il pensait que son interlocuteur lui avait dit que la forteresse de Carlat était imprenable. Il rappelle les mots mêmes de Doriole : un éperon rocheux doté d’une considérable artillerie. Le rapporteur explique que la réserve de poudre était faible et le duc était à court de vivres, avec près de quatre cents bouches à nourrir. Il doit cependant annoncer également la triste nouvelle du décès de sa femme, morte en couches durant le siège. La mort de la filleule du roi fait perdre au duc la seule personne qui pouvait encore intercéder en sa faveur. Doriole veut faire accusation de lèse-majesté à Nemours, ce qui signifiera la peine de mort par décapitation pour lui. Louis XI répond que non : quand les rois n’ont point égard à la loi, ils ôtent au peuple ce qu’ils doivent lui laisser, ce faisant ils rendent leur peuple esclave et perdent le nom de roi. Le souverain veut que Doriole mène l’instruction avec subtilité et respect pour le rang du duc. Pierre de Beaujeu présidera ensuite à son procès. Louis XI veut comprendre pourquoi le monde se dérobe incontinent à qui trop se fie. Jacques d’Armagnac fut à ses côtés comme son plus fidèle compagnon lors de son sacre et de son entrée solennelle dans Paris, pourquoi l’a-t-il trahi ? Il en avait fait son cousin avec le mariage de sa filleule. Il l’a investi du duché de Nemours et nommé pair de France, pourquoi l’a-t-il trahi ? Il l’a connu enfant, Jacques était l’ami de Louis, son initiateur au jeu d’échecs, il fut même son favori. Doriole estime que cette parenté si proche, le souvenir d’une jeunesse passée dans l’intimité familiale auraient dû créer des liens indéfectibles. Il ajoute que le duc de Nemours ne veut pas répondre de ces accusations, car il récuse la compétence du parlement pour le juger du fait de ses privilèges de pair de France et de membre du clergé. Louis XI donne son jugement : que le duc s’estime déjà heureux de ne pas avoir été soumis à la question ! Il sort d’un coffre un traité que le duc a signé à Saint-Flour le 17 janvier 1470, dans lequel il a renoncé à tout privilège de juridiction en cas de nouvelle intelligence, conspiration ou machination. En voyant le titre de l’ouvrage, le lecteur s’attend à une biographie de Louis XI en bonne et due forme, certainement didactique et magistrale, vraisemblablement avec une fibre scolaire, avec une reconstitution historique visuelle consistante, solidement documentée. Les scénaristes optent pour une structure narrative un peu différente : plutôt qu’une exposition d’un fait historique du point de vue du roi lui-même, ou de celui d’un narrateur omniscient, ils optent pour le point de vue de Jacques d’Armagnac (1433-1477), comte de Pardiac et vicomte de Carlat, de 1462 à 1477, comte de la Marche et duc de Nemours de 1464 à 1477. Ils décident d’aménager quelques éléments de la vérité historique pour servir leur dispositif, en particulier supprimer le recours à la question. Ils respectent tous les autres éléments, en particulier le mariage de Jacques d’Armagnac avec une des cousines du roi, qui l'investit du duché de Nemours, lui confit des commandements importants, et le fait que le duc se range parmi les ennemis du roi, et obtient deux fois son pardon. Les déclarations faites par le duc lors de son interrogatoire sont complétées par soit des reconstitutions des retours en arrière, soit par l’intervention d’autres personnages comme celui de monsieur de Commynes. Le lecteur constate qu’il y a de nombreux éléments d’informations à exposer, soit par le biais des discussions et interrogatoires, soit par les reconstitutions. S’il n’est pas familier ave cette période historique, le lecteur va avoir besoin de temps pour assimiler tout ce qui est raconté, et pour rechercher des éléments complémentaires de temps à autre. En effet, le dispositif narratif est à la fois dense et sciemment lacunaire, puisqu’il n’expose que le point de vue du duc de Nemours, parfois un peu élargi. Par exemple, les auteurs évoquent régulièrement la guerre de cent ans, sans pour autant en faire une présentation. S’il ne le sait déjà, le lecteur comprend qu’il s’agit d’un conflit opposant les le royaume de France à celui d’Angleterre, et il peut se rafraîchir les idées en ligne sur les dates, de 1337 à 1453. Rapidement il constate qu’il lui faut également aller se rafraîchir la mémoire sur ce que recouvre le terme Praguerie : une guerre menée contre le roi de France par les grands féodaux du royaume entre mi-février et mi- juillet 1440. Ainsi le choix des auteurs est de mentionner les grands événements sans se lancer à chaque fois dans un long cours d’histoire : le siège de Pontoise (du 6 juin au 19 septembre 1441), le siège de Dieppe (du 02 novembre au 1442 au 15 août 1443), le mariage de Louis XI à Charlotte de Savoie en 1451 (sans mentionner qu’il se fit en deux temps), la ligue de Bien public (1465; coalition de grands vassaux du roi pour lutter contre sa politique), la bataille de Montlhéry (16/07/1465), le traité de Conflans (05/10/1465), le siège de Beauvais (1472), le siège de Neuss (de juillet 1474 à mai 1475), le traité de Picquigny (29/08/1475 qui met fin à la guerre de Cent ans), la bataille de Morat (22/06/1476), etc. Comme d’habitude dans ce genre d’ouvrage, le dessinateur a fort à faire pour donner à voir une époque passée, en visant la meilleure authenticité possible. Par comparaison avec certaines séries historiques réalisées selon des processus très contraints, la narration visuelle s’avère ici plus organique et moins stéréotypée dans ses cadrages. L’artiste investit beaucoup de temps et s’implique pour réaliser des dessins étoffés, en particulier pour les tenues vestimentaires et les décors urbains, en extérieur comme en intérieur. Ainsi la curiosité du lecteur est en éveil pour repérer les façades connues, ou les accessoires qui attestent du mode de vie de l’époque, ou encore les ornementations des habits en fonction de la richesse et du statut social de celui qui les porte. Il se régale ainsi tout du long du tome. L’artiste fait également preuve d’une grande souplesse dans la mise en scène : il sait s’adapter à chaque situation, et se renouveler même lors des discussions récurrentes entre des personnages assis, et donc statiques. Il conçoit des prises de vue bien plus sophistiquées qu’une simple alternance de champ et de contrechamp, prenant soin de montrer à chaque fois l’environnement dans lequel se déroulent les échanges. Le lecteur ressent pleinement ce savoir-faire, d’une qualité bien supérieure à l’application d’un catalogue d’angles de vue prêts à l’emploi pour dramatiser artificiellement les situations. Le lecteur se retrouve immergé dans des situations aussi différentes qu’une partie d’échecs avec des êtres humains jouant le rôle des pièces sur une échiquier en plein air, parmi les cavaliers pour une chasse au sanglier, sur des échelles pour donner l’assaut à une ville fortifiée, reçu à la cour du duc de Bourgogne avec faste, au milieu de la foule pour le couronnement de Louis XI dans la cathédrale de Reims, sur un pont fort robuste avec un treillis de bois aménagé au milieu pour séparer deux rois, ou encore dans une armure sous un soleil de plomb, etc. Éventuellement, il note que les champs de batailles ont tendance à se ressembler. Le texte de la quatrième de couverture annonce que cette bande dessinée opte pour une forme de réhabilitation, montrant ce qu’il en est derrière la réputation de ce roi qualifié de machiavélique, cruel et maladif. En fonction de ses connaissances préalables sur ce roi et cette période de l’histoire, le lecteur peut, dans un premier temps, ressentir une forme de frustration : soit parce qu’il a trop d’informations à assimiler et à aller chercher en complément, soit parce qu’il est déjà familier avec cette période et que Louis XI n’est perçu qu’au travers d’un tiers, Jacques d’Armagnac. Toutefois, il se laisse entraîner par ce récit dense et solide, par l’enjeu d’établir le crime de lèse-majesté, par le plaisir de découvrir les faits historiques majeurs par les yeux des auteurs. Dans la dernière partie, Louis XI prend la parole et le devant de la scène, apportant un éclairage complémentaire et différent sur les événements relatés par son ami d’enfance. Cela leur apporte un autre sens et étoffe la personnalité du roi, de manière élégante. Voir le roi Louis XI par les yeux de son meilleur ami, qui l’a trahi à plusieurs reprises. Un parti pris intéressant pour donner à voir les actions de ce monarque avec un point de vue particulier. La narration visuelle fait plaisir à découvrir, œuvre d’un solide artiste, metteur en scène émérite pour insuffler de la vie dans chaque scène, discussions assises comme batailles de guerre, sans répétition, avec une reconstitution historique soignée. Le récit s’avère dense en événements, nécessitant parfois des connaissances supplémentaires soit dont le lecteur dispose déjà, soit qu’il doit aller rechercher. Le résultat est à la hauteur de l’ambition des auteurs qui n’œuvrent pas tant à la réhabilitation d’un personnage historique injustement affublé de qualificatifs infamants, qu’à raconter une période décisive dans la construction du royaume de France.

10/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Mon ami Dahmer
Mon ami Dahmer

Après avoir vu la série Netflix sur Jeffrey Dahmer, lire Mon ami Dahmer m’a vraiment apporté quelque chose en plus. Là où la série se concentre surtout sur les crimes, la BD revient sur sa jeunesse, lorsqu’il n’était encore qu’un adolescent paumé que personne ne comprenait vraiment. Le plus marquant, c’est que l’histoire est racontée par Derf Backderf, l’auteur, qui a réellement été son camarade de classe. On découvre Dahmer à travers le regard de quelqu’un qui l’a vu évoluer jour après jour : ses comportements étranges, sa solitude, et cette dérive que personne n’a su ou voulu voir. Cette proximité donne une force particulière au récit, presque dérangeante, parce que tout semble à la fois banal et tragique. J’ai beaucoup apprécié l’honnêteté de la BD. Backderf ne cherche ni à justifier ni à diaboliser : il raconte ce qu’il a vécu, simplement, avec le recul de l’adulte qui essaie de comprendre comment autant de signaux ont pu passer inaperçus. Chaque petite scène de lycée prend alors un relief troublant quand on connaît la suite. Mon ami Dahmer m’a vraiment marqué. C’est une lecture forte, complémentaire à la série, qui montre ce que les écrans n’ont pas raconté. Et je terminerai par cette citation de l’auteur, qui résume parfaitement l’esprit du livre : « Ayez de la pitié pour lui mais n’ayez aucune compassion. »

10/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Wolverine - Snikt !
Wolverine - Snikt !

J’ai vraiment passé un bon moment avec Wolverine – Snikt !. Oui, le scénario est léger et clairement pas très développé, mais je trouve que beaucoup d’avis que j’ai pu lire sont franchement trop sévères. On sait à quoi s’attendre avec Nihei : ce n’est pas un auteur qui mise sur les dialogues ou la complexité narrative, mais sur l’ambiance, le rythme et la puissance visuelle. Et de ce côté-là, j’ai été servi. J’ai trouvé les illustrations splendides : les décors démesurés, les environnements métalliques et post-apocalyptiques, cette sensation d’immensité et de solitude… tout ça crée une atmosphère qui m’a vraiment accroché. Wolverine est presque une silhouette mythique qui avance dans un monde en ruine, et j’ai adoré cette approche. Ça se lit très vite, ça ne raconte pas mille choses, mais ça fonctionne. Pour moi, c’est un one-shot à savourer pour son univers, son style et son énergie visuelle, plus que pour son intrigue. Et dans ce cadre-là, je trouve que c’est une réussite.

09/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Daredevil - Enfer glacé
Daredevil - Enfer glacé

Quand j’ai ouvert Enfer glacé, j’ai tout de suite senti que ce n’était pas un simple récit de plus pour Matt Murdock/Daredevil, c’est un vrai « retour d’âge », un monde brisé, un héros usé, et pourtant prêt à se relever pour ce qu’il croit juste. Dans cette version, Murdock a vieilli, a perdu ses pouvoirs, mais l’horreur d’une explosion dans le métro et les événements qui s’ensuivent le forcent à redevenir le justicier. L’ambiance, le ton, le désespoir sous-jacent, c’est sombre, très sombre. Ce qui m’a plu, c’est justement cette vibe « old man » / « dernier acte » : ça m’a évoqué des œuvres comme Old Man Logan, Old Man Hawkeye, ou Old Man Quill, ce héros fatigué, passablement cabossé par la vie, qui malgré tout porte encore sur ses épaules le poids d’un devoir moral. Dans Enfer glacé, on sent ce combat intérieur : Murdock n’est plus dans la fleur de l’âge, il doute, il saigne, mais il reste Daredevil. Le découpage des cases, la narration, le rythme, m’ont fait penser à The Dark Knight Returns (de Frank Miller). On retrouve ce style de « gravité visuelle », cette tension permanente, cette idée qu’un héros d’un autre âge peut redevenir l’incarnation brute de la justice, mais à un prix. Ici, c’est plus crasseux, plus urbain, plus désespéré c’est un « Old Man Murdock ». Concernant l’objet livre : c’est agréable qu’il existe en plusieurs formats, il y a la version standard « 100% Marvel » pour les plus classiques, mais aussi l’édition « Marvel Prestige » avec dos toilé, grand format, papier mat, un peu plus luxueuse, plus sympa pour contempler les planches. La version Prestige offre en outre 32 pages bonus : scripts, croquis, making-of, ça ajoute clairement un gros plus pour qui veut entrer dans le processus créatif. Et il y a deux magnifiques couvertures variantes : l’une signée par Gabriele Dell’Otto (édition exclusive librairie spécialisée Pulp’s), l’autre par Mathieu Bablet (édition spéciale Panini). En résumé : j’ai bien aimé, c’est un bon comics, Enfer glacé m’a marqué. On sent un vrai parti pris, un ton mature, un Daredevil brisé mais humain, un récit qui ne fait pas de concessions. Si tu aimes les récits noirs, durs, qui prennent le temps de donner du poids à chaque case, c’est clairement un indispensable. Et si tu es collectionneur, foncer sur l’édition Prestige avec l’une des couvertures variantes ou régulières, c’est clairement un très bel objet.

09/12/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 4/5
Couverture de la série Du Mouvement de la Terre
Du Mouvement de la Terre

Beau comme la découverte du Mouvement de la Terre. Ce n'est pas historiquement exact ? Mais cela donne certaines bases, le désir d'en savoir plus et fait rêver. Surtout, on redécouvre l'étrangeté que cela a été que de comprendre que le sol n'est pas plus fixe qu'un navire sous nos pieds ! Ce qu'il a l'air d'être… En plus d'autres enjeux de représentation du monde y sont liés. Le pouvoir peut être redistribué à l'occasion d'une nouvelle manière de voir. Et puis, redécouvrir la découverte du mouvement de la Terre par nos ancêtres nous réinterprète notre passé sous un jour exotique par les yeux des Japonais, ce qui n'est pas désagréable… Bref, que de décentrements ! Vraiment plaisant.

08/12/2025 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
Couverture de la série Les Mâchoires de la Peur
Les Mâchoires de la Peur

Les Dents de la Mer, sorti il y a cinquante ans, est l'un des films les plus connus, et celui qui a définitivement lancé la carrière d'une figure majeure d'Hollywood, à savoir Steven Spielberg. Au-delà de ses qualités artistiques et du phénomène de société qu'il a amplifié, à savoir la peur des requins, c'est aussi son statut de tournage cauchemar qui a contribué à sa légende. Fort de nombreuses lectures sur le sujet, le scénariste Jérôme Wybon s'est donc attaché à reconstituer ce processus, qui s'est au final étalé sur plus de deux ans entre le moment où Spielberg, aiguillé par deux producteurs, a décidé de s'attaquer à l'adaptation sur grand écran d'un roman de Peter Benchley, jusqu'à sa sortie, triomphale, à l'été 1975. Le scénariste est même allé plus loin en évoquant rapidement le tournage de sa suite, qui se fit sans le réalisateur, trois ans plus tard. C'est une enquête minutieuse, où l'on comprend le rôle des producteurs, du réalisateur, de la monteuse, qui communiquait en permanence et en direct (vivent les téléphones et les talkie-walkies) alors que le film était encore en tournage. L'ajout des scénaristes, nombreux, si bien que la paternité de certaines scènes est quasiment impossible à attribuer, sans oublier que le trio d'acteurs principaux a également participé aux ajustements des dialogues ou des situations. Les difficultés ont été très nombreuses : les requins mécaniques dont les rouages réagissaient mal à l'eau de mer, le taux d'alcoolémie de Robert Shaw a perturbé certaines scènes... Spielberg lui-même, extrêmement motivé, a un moment failli céder au désespoir et tout lâcher en plein tournage. Mais la présence d'amis tels que Brian de Palma, George Lucas, John Milius ou Carl Gottlieb l'ont aidé à maintenir le cap, à trouver des astuces techniques pour combattre les difficultés d'un tournage quia duré au final 155 jours au lieu d'une quarantaine. Je ne suis pas très fan du dessin de Toni Cittadini : s'il se montre précis et appliqué sur les scènes reproduisant des images du film ou dans la gestion des décors, sa représentation des personnages, surtout leurs visages, me laisse plus circonspect. Ainsi son Spielbarg du début des années 1970 ressemble-t-il plutôt à Blueberry qu'à Spielberg lui-même. Pas de grosse influence sur le plaisir de lecture, heureusement, mais je tenais à le signaler. En bref cet album documentaire plaira sans doute à celles et ceux qui s'intéressent au cinéma du réalisateur, à l'industrie hollywoodienne d'une époque où les effets spéciaux étaient encore un peu rudimentaires. Très agréable.

08/12/2025 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
Couverture de la série Les Origines du conflit israélo-arabe (1870-1950)
Les Origines du conflit israélo-arabe (1870-1950)

Voici une BD malheureusement de circonstance, qui permet de prendre du recul sur les origines de ce conflit qui nous parait insoluble et sans fin. Pour ce faire, c'est Georges Bensoussan, historien français spécialiste d'histoire culturelle de l'Europe des XIXe et XXe siècles et, en particulier, des communautés juives, également ancien directeur éditorial du Mémorial de la Shoah à Paris qui co-scénarise cet album avec Danièle Masse, également spécialiste de l'Orient et du Moyen-Orient. On part donc avec une base solide pour remonter le temps et le fil d'une tragédie inscrite dans l'Histoire. L'album s'ouvre sur les terribles attentats du Hamas du 7 octobre 2023 en Israël et ses prises d'otages, pour remonter le fil du temps jusqu'au début du XXe siècle. De la position des juifs dans le monde à leur arrivée en Palestine et comment ils ont petit à petit racheté les terres palestinienne et favorisé l'immigration des juifs du monde, c'est tout ce cheminement qu'on nous explique. L'Angleterre et les autres pays occidentaux, France comprise, ont leur responsabilité dans ce marasme, poursuivant leur politique coloniale tant que ce fut possible ou calculant au mieux pour leurs intérêts économiques. C'est toute cette mise en perspective qui nous permet de mieux comprendre l'inéluctabilité du conflit actuel et les responsabilités partagées. C'est ainsi qu'on découvre que le terrorisme est loin d'avoir été l'apanage des palestiniens ; les juifs aussi ont eu leurs factions terroristes (L'Irgoun ou le Lehi) qui semaient la terreur chez les arabes et qui ont même assassiné Lord Moyne, le gouverneur officiel britannique en 1944. Côté dessin, on est dans le classique : Yana Amadovic nous propose un trait réaliste qui cadre parfaitement avec ce qu'on attend d'une BD documentaire.

08/12/2025 (modifier)
Par karibou79
Note: 4/5
Couverture de la série Sticky Pants (ça colle et ça moule les bollocks !)
Sticky Pants (ça colle et ça moule les bollocks !)

A ranger à côté de Happy Sex, à portée de main pour se payer un fou-rire express (de toute façon l'ensemble n'est pas très épais). Le graphisme à l'américaine colle parfaitement pour ces trips de 1 à 3 cases. C'est gras, ça peut paraître redondant si on lit tous les tomes d'affilée, c'est pas à mettre entre toutes les mains, mais je me suis éclaté avec Hulk le maçon ou l'homme élastique à la recherche de ses clés!

08/12/2025 (modifier)
Par karibou79
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Lozère apocalypse
Lozère apocalypse

Alors là, j'ai été surpris. En feuilletant très rapidement (pour ne pas me spoiler moi-même), j'avais la sensation que c'est un ersatz post-apo de Les Légendaires et de survival façon Seuls : des personnages très sérieux dans un univers enfantin mais avec leurs traits de caractère bien tranchés, dans un univers laissant présagé des surprises régulières. Alors effectivement les caractères kawai sont stéréotypés et les surprises sont régulières. Mais des stéréotypes plus contemporains: l'otaku, la révoltée, l'influenceuse... et les surprises ne sont pas tant dans les gros changements de direction mais dans la manière : est-ce une oeuvre à destination de jeunes-jeunes ou de jeunes adultes? Car ça défouraille parfois sérieusement! Avec des scènes bien appuyées sur l'addiction, le racisme etc. Ca défouraille mais parfois dans la bonne humeur, on croit voir des Kenny de South Park partout: il/elle est supposé mourir/être mort? Pouf-pam, le revoilà comme dans un serial de Batman des 60s. Et ces fiches de personnages de début de chapitre, un régal; et intéressantes à relire au fil de l'histoire. Bien que les objectifs des différents personnages peuvent alourdir la compréhension, je trouve que la trame globale reste claire mais si elle est parfois tirée par les cheveux. De beaux clins d'oeil à de grandes oeuvres comme Akira comme exemple le plus voyant, des petites private jokes casées discrètement entre 2 cases, beaucoup de petites choses incitent à la relecture et rendent le prix d'autant plus attraant. Pour le dessin dynamique, la colorisation poussée mais évitant le flashy, les décors, les couvertures façon Mutafukaz, je dis oui, c'est pétillant et agréable à lire, on a tous passé de bons moments en compagnie de ces pauvres alevins.

08/12/2025 (modifier)