Les derniers avis (4 avis)

Par Simili
Note: 4/5
Couverture de la série Le Journal de mon père
Le Journal de mon père

Ayant apprécié le très bon Quartier lointain, je poursuis ma découverte de l'œuvre de Jiro Taniguchi avec "Le Journal de mon père" Ici le mangaka nous propose une plongée dans les souvenirs d'enfance d'un homme qui, au décès de son père, s'interroge sur sa relation avec ce dernier. Ce voyage introspectif est lent, très lent, Jiro Taniguchi nous laisse le temps de la réflexion. Cette lenteur peut se révéler par moment pesante. Pourtant je la trouve bienvenue. Elle nous permet de "comprendre" quelque peu le héros, enfant meurtri par le départ de sa mère, fuyant le poids des traditions dans ce Japon d'après guerre. Cette relation distendue entre le père et le fils a eu chez moi une résonnance très particulière. Elle a remué des choses enfouies depuis un petit moment maintenant. Mais avec beaucoup de subtilités, sans auto-flagellation. Graphiquement c'est très beau, les traits sont fins et même si les personnages ont tendance à se ressembler (en même temps ils sont de la même famille) on arrive quand même à les distinguer. Les décors sont vraiment soignés. Bref un vrai travail d'artiste. Un ouvrage très intimiste, qui compte tenu de mon vécu aura su emporter mon adhésion. Décidément Jiro Taniguchi sait me parler.

16/12/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Sibylline - Chroniques d'une escort girl
Sibylline - Chroniques d'une escort girl

Quelle merveille que d'être ému aux larmes en finissant une BD. Et pourtant je dois dire que ce qui m'a marquée à la lecture, c'est ce sentiment de tristesse qui imprégnait une fin pourtant belle et presque heureuse. Est-ce parce que je suis plus sensible en ce moment ou parce qu'elle a su capter quelque chose qui m'a touchée particulièrement ? Je dirais surtout la seconde option, mais disons que les deux ne sont pas incompatibles. Cette BD ne passe pas inaperçu depuis sa sortie, j'ai l'impression, et je me joins au concert de louanges. Déjà parce que l'autrice, Dano Sixtine, est ajoutée à ma liste de celle que je suivrais à l'avenir. Au-delà du récit, son trait est une des grandes découvertes de la BD. En finesse, jamais racoleur ou voyeur, subtil et pourtant précis, il est un régal visuel. J'ai été conquis presque à la couverture, mais en lisant la suite du récit j'étais convaincu. Elle arrive à rendre tangible beaucoup beaucoup de choses dont elle parle textuellement dans la BD, faisant des rappels visuels qui servent le propos. Un vrai travail de composition visuel, donc, un travail d'autrice de BD. Le tout est servi par un noir et blanc aux traits fins qui permets de jouer très vite sur l'émotion, sur l'indicible. C'est un trait sensible, plein de pudeur malgré son sujet. Je dis pudeur car au-delà du voyeurisme qu'on imaginerait à voir de l'intérieur ce métier d'escort-girl, la BD n'est jamais construite sur un regard lubrique. Je ne sais pas à quel point le fait que ce soit une femme qui l'ait écrit joue dans le résultat, mais il est bien là. La BD est bien pudique, ne dévoilant pas tout de son héroïne, Sibylline, qui restera une femme dont nous serons qu'observateur. Que pense-t-elle, que vit-elle, qu'espère-t-elle ? Nous n'en saurons que l'essentiel, le récit n'étant pas là pour faire des états d'âme ou creuser un personnage. Il est là pour montrer une situation. Et cette situation, c'est la violence d'un monde envers les femmes. Cette violence parsème le récit, d'une affiche de métro sexualisant leurs corps à des insultes dans la nuit, un rôdeur qui te suit quand tu rentres et des types qui profitent de toi parce qu'ils veulent tirer leurs coups. Et puis vient l'idée de faire escort-girl. Cette idée arrive tardivement dans le récit, après une lente construction de ce monde hostile, violent. L'escorting n'est pas tant traité que ça, ici. Ce que nous voyons, c'est une jeunesse qui veut étudier, qui rêve d'avenir (si elle l'espère encore) et a qui on ne donne pas les moyens d'y parvenir facilement. Un monde de riches et de pauvres, de fins de mois difficiles et d'étude chères, de sexisme ordinaires et de regard sur le corps des femmes constant. Comme d'autres BD (Le Dernier été de mon innocence, Tout est possible mais rien n'est sûr notamment) c'est un regard posé sur notre monde, un regard qui en souligne les pires travers. Encore une fois, je me dis que j'ai la chance inouïe d'être né homme, même si cette pensée est horrible. Pour finir, je voudrais juste évoquer cette tristesse que j'ai dis ressentir à la lecture. Cette tristesse n'est pas spécifiquement liée au ton de la BD, qui n'est pas dans un ton précis, laissant le lecteur choisir la lecture qu'il en fera. Mais j'ai ressenti une tristesse infinie à la lecture de la conclusion, lorsque deux femmes que nous avons suivi tout au long du récit parlent d'avenir. Et elles s'imaginent partir au fond des bois, bâtir une cabane et vivre en paix. Si elle peut sembler mignonne, utopiste ou légère, je me suis surtout dit que si notre monde est si moche que deux jeunes femmes imaginent comme fin heureuse de s'en éloigner pour vivre loin de lui, il doit être sacrément pourri. C'est cette pensée qui prédomine après la lecture, mais je sais qu'une relecture reviendra bien vite. Et peut-être que j'en tirerais autre chose, comme c'est le cas des œuvres marquantes.

16/12/2025 (modifier)
Par cac
Note: 4/5
Couverture de la série Monsieur Chouette
Monsieur Chouette

Un nouvel album de David B. à l'Association. Bien sûr que je prends et cet ouvrage est massif avec 250 pages d'un dessin noir et blanc somptueux. On a certaines pleines planches empilant les détails, les personnes ou encore les maisons, car elles meurent aussi, dans un subtil agencement d'une minutie incroyable. Au niveau de l'histoire cela se passe essentiellement au pays des Morts. L'héroïne est une jeune femme dotée d'une ombre étrange. Elle franchit l'inframonde dans une sorte de ville de Paris inversée avec ses cafés et ses gargottes grâce à Monsieur Chouette, un étrange personnage. Un animal psychopompe qui permet de faire ce voyage interdit et guide la jeune femme pour qu'elle ne se fasse pas repérer par Cerbère. Car ce gardien des enfers flaire les vivants qui oseraient s'égarer parmi les morts. Je mettrai un bémol sur le fait que l'histoire est un peu longue et pourrait lasser. La femme vit différentes aventures toujours poursuivie par Cerbère, il y a une grosse part de rêverie mais cet autre monde a sa cohérence, il faut se laisser porter.

15/12/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 5/5
Couverture de la série Iznogoud
Iznogoud

Iznogoud est jouissif, comme il se donne du mal pour en faire aux autres, comme le remarque son fidèle homme de main. Et tout cela… en vain ! Comique de répétition comme le coyote de bip bip, mais on est d'autant plus content qu'il échoue qu'il trahit cette grosse mollusque de calife dont la bonté et la mollesse garantissent au peuple de ne pas être trop maltraité. Les jeux de mots, Bagdad entre Mille et une nuit et allusions à l'actualité, tout me semblait parfait avec les créateurs originels ! Et c'est ce que je note. Les dessins ont du style, humoristiques, ils n'empêchent pas le dépaysement, ce qui me semble en somme difficile à harmoniser. Bravo ! A relire un jour de tristesse politique.

15/12/2025 (modifier)