Même si je n'ai pas lu les enquêtes précédentes des auteurs comme celui sur les algues vertes par exemple, j'ai emprunté cet album dès que je l'ai vu pour 2 raisons. D'abord le souvenir de bons avis émis ici et aussi parce que j'ai depuis l'enfance entendu parler du remembrement dans nos campagnes sans en connaitre l'histoire enfouie.
En effet ce n'est pas seulement quelques talus et haies qui ont été arrachées afin de rationaliser des terrains, ce sont des actes administratifs faits de manière abrupte, sans véritable conduite de changement, sans tenir compte des doléances des uns et des autres, des fermiers souvent peu éduqués et aptes à se défendre, qui se retrouvent balayées d'un trait de plume.
Cela a donné lieu à des échanges de parcelles, certains étant gagnants et d'autres, la plupart, perdants notamment en terme de pommiers et autres arbres fruitiers qui assuraient une partie de leur subsistance. Cela a conduit à des actes de résistance, des drames, des suicides et des familles voisines qui ne se parlent plus encore des décennies après convaincus par l'injustice d'une part et le favoritisme dont d'autres auraient profité, revendant par la suite certaines terres pour en faire des parcelles constructibles. C'est d'autant plus marquant que je connais certains des lieux bretons évoqués.
On pourrait sans doute reprocher un éventuel manque de contrepoint. On a certainement poussé trop loin l'industrialisation et la technologie autour de l'agriculture et même si on commence à se rendre compte des dégâts écologiques que cela a pu provoquer, je pense que le temps des petites fermes familiales avec 5 vaches et un hectare de terrain est définitivement révolu.
Peut-on exister après avoir réalisé un chef d’œuvre du niveau de Bone?
Jeff Smith a démontré il y a plus de 10 ans désormais que c’était tout à fait possible.
RASL est un ovni incroyablement dense qui réussit à faire peur, à émouvoir, à faire rire, etc.
Mais pourquoi, pourquoi Jeff ne produit il plus rien ou presque depuis tout ce temps… Quelle tristesse. Ce type est un génie du 9eme art.
Sunstone est une série pour le moins atypique.
Pas tant pour son sujet, le BDSM, que pour son traitement de ce dernier. Là où l'on pourrait s'attendre à une simple histoire érotique avec une intrigue d'amour en prime on retrouve en fait une histoire d'amour avant tout, avec ses joies sincères, ses problèmes, sa complexité, une histoire d'amour bien réelle quoi. C'est ça qui frappe dans cette histoire : l'envie de se rapprocher le plus possible d'un sentiment de réel, y compris dans son approche érotique. Ici, on parle de ce qu'il y a derrière les relations sexuelles, ce qu'il y a aussi derrière l'image du BDSM, on s'éloigne de la représentation enjolivée, on se rapproche des gens qu'il y a derrière, avec leurs vies, leurs attentes et leurs angoisses. On nous parle de tous ces gens passionnés de jeux de rôles, de restrictions, de contrôle, sans diaboliser où enjoliver la chose. On nous parle avant tout des gens, voilà.
Bon, bon, "l'histoire de fesses nous parle tout autant des fesses que des corps attachés au bout", certes, mais quid de l'histoire d'amour ? Elle est bonne, très bonne. En tout cas suffisamment bonne pour me faire lâcher la larmichette sur la fin (étant très émotive, cette information a une valeur toute relative, je vous mets en garde). Comme dit plus haut les personnages sont humains, semblent réels, on ne nous cache jamais leurs problèmes terre-à-terre, on nous parle toujours de leurs vies, leurs émotions, leurs ressentis, on apprécie les voir rire, se charrier, on souffre lorsqu'ils souffrent, … Bref, je ne vais pas vous faire la totale, vous voyez le topo : tous les personnages sont attachants (rire).
Un défaut cependant.
Bon, il est unique mais j'aurais sans doute un peu de mal à l'expliquer, alors accrochez vous.
J'ai un grand respect pour le travail graphique de Stjepan Sejic, je trouve ses dessins magnifiques et son travail des expressions saisissant. Pourtant, il y a toujours un petit truc qui me chiffonne dans chacune de ses histoires, c'est cet étrange ressenti qu'il fétichise les relations saphiques. Entendons-nous bien, il traite chacun des personnages de ses histoires avec le même sérieux que dans cette série, ils semblent toujours humains et restent attachants, donc ses personnages saphiques restent bons. Cependant je ne peux pas m'empêcher d'être toujours un peu… disons gênée… lors de mes lectures. Je ne sais pas, sans doute est-ce le fait qu'il dessine toujours ses personnages féminins avec des plastiques parfaites (en tout "parfaites" dans les canons de beautés d'hommes hétéros actuels), ou bien alors c'est le fait qu'il semble beaucoup s'intéresser à la question de la sexualité des couples saphiques (je vous jure, cela revient souvent dans ses récits), en tout cas je ne peux m'empêcher d'avoir une guerre interne à chacune de mes lectures en me demandant si les relations saphiques qu'il dépeins entre dans la case "bonne représentation" ou bien "fétichisme".
Bref, défaut mis à part, Sunstone est une série spéciale, dans le sens où l'on ne s'attend pas à un traitement si sérieux et humain du sujet de la sexualité (surtout en ce qui concerne les kinks) dans une œuvre qui reste tout de même dans sa forme un récit érotique. C'est aussi une série spéciale pour moi, car je l'avais découverte en ligne par hasard durant la fin de mon adolescence, à peu près au même moment où je me posais de nombreuses questions sur ma sexualité (et où, peut-être, je lorgnais légèrement sur l'univers du BDSM, mais ce serait-là une autre histoire que je vous épargnerais). Aujourd'hui je serais sans doute plus critique sur cette œuvre que lors de ma découverte, encore une fois mon incapacité à savoir si la série fétichise ou non sa relation centrale façon "catégorie lesbienne sur pornhub - mais avec des sentiments autour" me parasite un peu mes relectures, mais malgré tout la série reste bonne et sincèrement surprenante.
Je dédicace bien évidemment cet avis à Gruizzli, je m'étais engagée à aviser la série et c'est maintenant chose faite.
PS : Papa, si tu passes par là, ignore le passage où je parle d'avoir lu pour la première fois cette BD étant ado. Ta fille était chaste, tu m'entends ? Chaste !
C'est une œuvre majeure avec en préface la définition du "fantastique".
Les temps se superposent dans cette guerre de 14. Absurdité de la guerre. Le monde du malheureux Hans von Berlichingen bascule dans une autre monde où différents personnages incarnent une manière de mourir.
Je n'ai jamais montré d'appétence particulière pour le genre "strictement pour adulte". Je fuis même tout ce qui est hentai.
Néanmoins il faut s'intéresser à tout, pour pouvoir juger de la chose...
Je me suis donc lancé dans l'intégrale de cette Chambre 121 et je dois reconnaitre avoir été agréablement surpris.
Le réceptionniste d'un hôtel est en charge de satisfaire les demandes "particulières" des client(e)s de la chambre 121. Voilà pour le pitch, et si ce n'est pas folichon je n'ai pu m'empêcher de penser que cela aurait fait un bon porno (à condition de mettre un peu de moyen dans la production).
Les aventures de notre bonhomme sont assez variées, au gré des fantasmes de l'auteur, et il donne volontairement et allégrement de sa personne. Par contre elles ne sont forcément toutes de la même qualité et de fait ne suscitent pas chez le lecteur le même émoi.
J'ai trouvé les dessins agréables et bien faits avec quand même une préférence pour les premiers chapitres. Inutile de dire qu'ils sont très explicites.
J'ai beaucoup moins aimé les 6 petits récits supplémentaires (avant la chambre 121) qui relevaient plus à mon goût du porno amateur. Du genre "Oh excusez moi Madame, je me suis pris les pieds dans le tapis et suis tombé la b... en avant sur votre c.." Voyez le genre ...
Au final Chambre 121 constitue donc une vraie œuvre pornographique, assez agréable à lire si on découpe par petit bout la lecture.
En lisant Saga, j'ai été transporté dans un univers sans limites, peuplé de créatures étranges et de mondes en guerre. L'histoire d'amour entre Alana et Marko, deux amants que tout oppose, m'a profondément touché. Leur fuite désespérée pour protéger leur fille, Hazel, m'a tenue en haleine à chaque page.
Les dialogues sont vifs, parfois crus, mais toujours authentiques. J'ai ri, j'ai frissonné, et j'ai même versé une larme. Les personnages, qu'ils soient humains, robots ou extraterrestres, sont complexes et attachants. J'ai aimé les suivre dans leurs aventures, leurs doutes et leurs combats.
Le dessin, bien que déroutant au début, s'est révélé parfaitement adapté à cet univers foisonnant. Les couleurs contrastées ajoutent une dimension visuelle unique. Et puis, cette idée de mélanger space opera et soap opera, c'est tout simplement génial !
Saga est une série qui m'a captivé du début à la fin. Si vous cherchez une BD originale, pleine d'action, d'amour et d'humour, je vous la recommande chaudement.
La Constitution prime sur la loi.
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Ce tome constitue une présentation des différentes facettes du Conseil constitutionnel créé en 1958. Son édition originale date de 2024. Il a été réalisé par Marie Bardiaux-Vaïente pour le scénario, par Gally pour les dessins, et par cette dernière et Grinette pour les couleurs. Il comprend cent-neuf pages de bande dessinée.
Deux rue Montpensier dans le premier arrondissement de Paris, Marie & Gally passent les contrôles d’accès : scan des sacs et détection de métaux, pour entrer dans le bâtiment du Conseil constitutionnel. La première a des étoiles plein les yeux, la seconde se demande encore pourquoi elle a accepté, en reconnaissant toutefois le caractère exceptionnel de l’architecture du bâtiment. Elle demande à la scénariste à quoi sert le Conseil. Marie commence son exposé : Quand on se réfère au Conseil constitutionnel, on pense immédiatement à l’élection présidentielle. Tout le monde sait qu’il a un rôle à jouer dans la bonne tenue de cet événement majeur de la vie publique française. Mais dès son origine, cette institution créée en même temps que la Ve République avait d’autres motivations. Le 1er juin 1958, la IVe République se décompose littéralement. René Coty fait appel au général De Gaule pour former un gouvernement et réformer les institutions. Le général sollicite alors l’investiture de l’Assemblée nationale. […] Investi des pleins pouvoirs le 3 juin, il obtient des parlementaires de mettre en place une nouvelle constitution dans les six mois qui suivent.
Lors de son discours devant l’Assemblée nationale, le général De Gaulle déclare que le gouvernement qu’il va former moyennant la confiance des députés, saisira l’Assemblée sans délai d’un projet de réforme de la Constitution, de telle sorte que l’Assemblée nationale donne mandat au gouvernement d’élaborer, puis de proposer au pays par la voie du référendum, les changements indispensables. Le suffrage universel est la source de tout pouvoir. Le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif doivent être effectivement séparés de façon que le gouvernement et le parlement assument, chacun pour sa part et sous sa responsabilité, la plénitude de ses attributions. Le dernier garde des Sceaux de la IVe République est chargé d’établir un projet de constitution. Cet homme, c’est Michel Debré. Il établit qu’Un comité constitutionnel dégagé de toute attache, aura qualité pour apprécier si les lois votées sont conformes à la Constitution et si les élections diverses ont lieu régulièrement. De Gaulle lui précise que toute loi devra dorénavant respecter la norme suprême : la Constitution. Le projet de nouvelle constitution est soumis à référendum le 28 septembre. En outre-mer, la question posée comporte une double signification : les électeurs et électrices expriment aussi leur volonté de demeurer liés à la France sous une forme à déterminer. C’est un succès. 85,07% des votants approuvent la nouvelle constitution.
Le Conseil constitutionnel en bande dessinée ? Au moins, les autrices font preuve d’ambition pour rendre intelligible cette institution française au plus grand nombre. Pour cette œuvre pédagogique de vulgarisation, elles adoptent un dispositif narratif classique et éprouvé pour ce genre d’ouvrage : se mettre en scène sous forme d’avatar simplifié aux réactions parfois exagérées ce qui introduit une saveur humoristique, sans pour autant dénaturer le propos. Marie joue le rôle de bonne élève désireuse d’apprendre, disposant déjà des notions de base sur le sujet, respectueuse et même admiratrice de cette institution. Galy joue le rôle de mauvais élève : pas intéressée a priori, présentant quelques troubles de déficit de l’attention, facilement distraite par ce qui se passe autour d’elle, par les actions des uns et des autres. La narration visuelle happe de suite le lecteur, montrant beaucoup et de manière diversifiée. Réaliser un exposé en bande dessiné représente un défi narratif : il faut parvenir à dépasser la suite d’illustrations accolées à un texte copieux et didactique. Dans les premières pages, le lecteur suit les deux autrices : il passe le contrôle à l’entrée avec elles, il monte l’escalier et admire l’architecture, il assite au discours du général De Gaulle comme s’il visionnait un document d’archive, il se trouve dans le salon où se réunissent les onze membres originels pour la première fois, il se promène au milieu des colonnes de Buren, il assiste au discours de Camille Desmoulins, il voit les schémas plaçant les différentes ordres civil, pénal et administratif et leur organes, ou encore la pyramide des normes, dite de Kelsen.
L’utilisation de dispositifs visuels variés peut dans un premier temps apparaître comme un effort d’apporter de la diversité dans les cases. Le lecteur commence par l’envisager, et progressivement il prend conscience qu’ils apportent d’autres choses à la narration. Cela apparaît une évidence que les deux avatars se promènent dans les locaux du Conseil constitutionnel, permettant ainsi au lecteur de la visiter. Il peut trouver plaisant ou rigolo de bénéficier d’une vue imprenable sur l’installation Les deux plateaux (1986) de Daniel Buren (1938-), ou les Hommes de Bessines (réalisés en 1991) de l’artiste Fabrice Hyber crachant de l’eau par tous les orifices, de constater le moelleux des fauteuils, de faire le touriste avec les ruches sur le toit, treize cartouches de cuivre émaillées cloutées sur parquet de bois, la réparation du cadran d’une grande horloge murale par le secrétaire général lui-même, ou encore l’installation d’une boule à facettes géante pour la décoration hall en vue de fêter l’entrée dans la nouvelle année, etc. Les autrices font également un usage raisonné du décalage, que ce soit les regards enamourés de Marie pour l’institution, ses cœurs dans les yeux quand elles reçoivent des cadeaux (des produits marqués du sigle du Conseil), ou une irrésistible disposition de page singeant l’émission de jeux télévisuelle de l’Académie des neuf. Il se rend compte que ces éléments et ces détails rendent l’institution tangible et concrète dans sa matérialité bâtimentaire et fonctionnelle, administrative et humaine, son incarnation pragmatique.
En progressant dans l’ouvrage, le lecteur se prend à sourire des facéties de Marie et de Gally, chacune avec un trait de caractère appuyé, l’admiration sans borne pour l’une, le dilettantisme du cancre pour l’autre. Là encore, la direction d’actrices montre leurs réactions, parfois un peu appuyées, aux différentes étapes de leur visite, en particulier la chance de pouvoir ainsi explorer les locaux du 2 rue Montpensier, et les rencontres avec des hommes politiques de premier plan dans un contexte privilégié. Le lecteur peut éventuellement regretter une forme de consensualité dans la façon de les présenter, ou il peut l’envisager comme une forme de respect poli correspondant à la démarche de vulgarisation. Quoi qu’il en soit, ces moments participent également à montrer qu’il s’agit d’êtres humains comme les autres, une manière supplémentaire de faire s’incarner l’institution, des professionnels faisant leur travail, que ce soit l’apiculteur, le secrétaire général, et même les députés s’opposant à la loi sur l’I.V.G.
La scénariste a conçu une structure d’exposé qui mêle l’ordre chronologique et les questions thématiques. Elle commence par aborder l’historique de la création du Conseil constitutionnel à l’occasion de la création de la Ve République, puis sa composition, son rôle dans l’élection présidentielle, l’articulation entre Constitution française et Constitution européenne. Puis elle présente le développement du rôle du Conseil, en évoquant sa décision contre le ministère de l’Intérieur concernant la création d’une association de soutien à l’organisation La gauche prolétarienne en 1971, puis l’élargissement de la saisine du Conseil, initialement réservée aux présidents de la République, Premier ministre, ou président de l'une ou l'autre assemblée, qui est élargie avec la loi constitutionnelle du 29 octobre 1974, à soixante députés ou soixante sénateurs. Viennent ensuite le processus de la Question Prioritaire Constitutionnelle (QPC), l’intégration de la charte de l’Environnement à la Constitution, la conformité à la Constitution du régime de garde à vue, etc. Ces évolutions de fonctionnement sont présentées par le biais de cas concrets, comme la saisine par Cédric Herrou (agriculteur habitant dans la vallée de La Roya) qui a déposé une QPC devant la Cour de cassation qui l’a transmise au Conseil constitutionnel le neuf mai 2018, la décision de ce dernier donnant une portée juridique au principe de Fraternité, en l’occurrence la liberté d’aider autrui dans un but humanitaire sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national.
Parmi les autres missions réalisées par le Conseil constitutionnel, les autrices consacrent six pages à la décision I.V.G. : il répond sur le droit et non sur le sujet de l’I.V.G. Par ailleurs il s’appuie sur la notion de liberté, et plus précisément la liberté des femmes à disposer de leur corps. La dernière partie explique à quoi sert le Conseil pour l’élection présidentielle : il veille à la régularité de cette élection. Les deux autrices suivent le processus de détermination des candidats à l’issue de la période dite des parrainages, puis elles accompagnent, chacune de leur côté, un délégué du Conseil de constitutionnel pour les opérations de contrôle des bureaux de votes. Tout observer avant de se présenter aux assesseurs : le nombre de bulletins et tous les noms des candidates et candidats présents, l’affichage de la loi au mur, la présence des procès-verbaux à disposition du public, l’ordre des opérations de vote (c’est-à-dire qu’il faut mettre son bulletin dans l’urne, puis signer), la transparence de l’urne et ses cadenas qui confirment qu’elle bien fermée, l’accessibilité aux isoloirs, et la détention de chacun une clé par assesseur. Ce chapitre comprend une dizaine de cas d’entorse ayant donné lieu à l’annulation des votes du bureau concerné.
La promesse de visiter les couloirs d’une telle institution peut intimider a priori le lecteur. Il bénéficie de l’accompagnement de deux autrices bienveillantes, pédagogues et pleines d’entrain avec un humour bien dosé. Il se rend compte qu’avec de telles guides l’histoire et le rôle du Conseil constitutionnel se découvrent et s’apprennent aisément, deviennent passionnants et l’emmènent dans des situations inattendues aussi bien historiques (la loi sur l’I.V.G.), qu’artistiques (les colonnes de Buren), sociales (venir en aide à des personnes en situation irrégulière) et même anecdotiques (le miel du Conseil). Édifiant et indispensable.
Une histoire très sympathique aux allures de conte.
Le Pêcheur et la Salamandre nous raconte, sans grande surprise, l'histoire d'un pêcheur et d'une salamandre (choquant, je sais). Plus précisément, c'est l'histoire d'un parcours initiatique, d'une part de la salamandre, qui, affamée, a volé l'offrande d'un dieu et doit désormais partir en quête d'un espadon royal pour racheter sa faute, et d'autre part du pêcheur ayant perdu sa famille et qui devra apprendre à se rouvrir aux autres.
C'est une histoire simple et douce, brillant indubitablement par son dessin léché (avec une colorisation magnifique de surcroît) et sa forme proche du conte, donnant au récit une chaleur et une profondeur bienvenues. C'est une histoire qui parle avant tout d'évolution, du fait d'aller de l'avant, du fait de sortir du carcan dans lequel on s’enferme (une histoire de poisson hors de l'eau, si vous me permettez). Classique, mais pas besoin de réinventer la poudre pour être de bonne qualité.
Pour l'instant, seul le premier tome du diptyque est sorti, difficile pour moi de pleinement me prononcer sur les qualités de l'œuvre (puisque pour le moment incomplète), mais ce premier tome est très prometteur.
Je suis un simple lecteur, une simple personne qui n'y connaît peut-être pas grand-chose dans l'expertise d'une BD, mais qui passe un de ses meilleurs moments en la lisant. Une BD c'est fait pour s'évader et se divertir, ce que "The Prism" fait très bien ( à mon humble avis). Le simple fait d'être un fan de musique vous fait aimer ce genre de scénario, certes saugrenu mais tellement évasif, drôle et sans prise de tête. J'aime beaucoup "The Prism" chacun en donnera son avis pourvu qu'il le lisent. Le miens est ici, et je suis plus qu'heureux de découvrir la suite.
Voilà une série SF qui n’est pas forcément hyper originale, mais dont la lecture s’évère globalement agréable.
Déjà par son rendu graphique. Le dessin de Grun est fluide et plaisant. Surtout, j’ai vraiment bien aimé les décors, qui nous plongent dans une ambiance d’usine désaffectée, un univers pollué, grisâtre, marron. Il y a dans ces décors urbains quelque chose du travail de Bilal sur La Trilogie Nikopol, ou de Ricci sur Urban, en plus noir et crasseux. Dessin et colorisation plutôt chouettes et à mon goût donc.
Une société dominée par une dictature implacable, et quelques inévitables grains de sable qui essayent de se glisser dans la mécanique pour l’empêcher de fonctionner. Du classique donc, mais Corbeyran fait bien prendre la sauce, ménageant des surprises et des retournements de situation, évitant même les conclusions trop faciles : sans spoiler, j’ai bien aimé la fin, très noire.
J’ai aussi bien aimé que Corbeyran glisse dans les dialogues et l’intrigue des questionnements essentiels sur le pouvoir, le droit à la résistance, le sacrifice individuel au profit d’une idée de la liberté, etc.
Les personnages sont bien campés, et globalement crédibles (même si j’ai un chouia tiqué à propos des aptitudes quasi militaires du journaliste/héros/poil à gratter).
Une lecture plaisante et recommandable donc.
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Champs de Bataille - L'histoire enfouie du remembrement
Même si je n'ai pas lu les enquêtes précédentes des auteurs comme celui sur les algues vertes par exemple, j'ai emprunté cet album dès que je l'ai vu pour 2 raisons. D'abord le souvenir de bons avis émis ici et aussi parce que j'ai depuis l'enfance entendu parler du remembrement dans nos campagnes sans en connaitre l'histoire enfouie. En effet ce n'est pas seulement quelques talus et haies qui ont été arrachées afin de rationaliser des terrains, ce sont des actes administratifs faits de manière abrupte, sans véritable conduite de changement, sans tenir compte des doléances des uns et des autres, des fermiers souvent peu éduqués et aptes à se défendre, qui se retrouvent balayées d'un trait de plume. Cela a donné lieu à des échanges de parcelles, certains étant gagnants et d'autres, la plupart, perdants notamment en terme de pommiers et autres arbres fruitiers qui assuraient une partie de leur subsistance. Cela a conduit à des actes de résistance, des drames, des suicides et des familles voisines qui ne se parlent plus encore des décennies après convaincus par l'injustice d'une part et le favoritisme dont d'autres auraient profité, revendant par la suite certaines terres pour en faire des parcelles constructibles. C'est d'autant plus marquant que je connais certains des lieux bretons évoqués. On pourrait sans doute reprocher un éventuel manque de contrepoint. On a certainement poussé trop loin l'industrialisation et la technologie autour de l'agriculture et même si on commence à se rendre compte des dégâts écologiques que cela a pu provoquer, je pense que le temps des petites fermes familiales avec 5 vaches et un hectare de terrain est définitivement révolu.
RASL
Peut-on exister après avoir réalisé un chef d’œuvre du niveau de Bone? Jeff Smith a démontré il y a plus de 10 ans désormais que c’était tout à fait possible. RASL est un ovni incroyablement dense qui réussit à faire peur, à émouvoir, à faire rire, etc. Mais pourquoi, pourquoi Jeff ne produit il plus rien ou presque depuis tout ce temps… Quelle tristesse. Ce type est un génie du 9eme art.
Sunstone
Sunstone est une série pour le moins atypique. Pas tant pour son sujet, le BDSM, que pour son traitement de ce dernier. Là où l'on pourrait s'attendre à une simple histoire érotique avec une intrigue d'amour en prime on retrouve en fait une histoire d'amour avant tout, avec ses joies sincères, ses problèmes, sa complexité, une histoire d'amour bien réelle quoi. C'est ça qui frappe dans cette histoire : l'envie de se rapprocher le plus possible d'un sentiment de réel, y compris dans son approche érotique. Ici, on parle de ce qu'il y a derrière les relations sexuelles, ce qu'il y a aussi derrière l'image du BDSM, on s'éloigne de la représentation enjolivée, on se rapproche des gens qu'il y a derrière, avec leurs vies, leurs attentes et leurs angoisses. On nous parle de tous ces gens passionnés de jeux de rôles, de restrictions, de contrôle, sans diaboliser où enjoliver la chose. On nous parle avant tout des gens, voilà. Bon, bon, "l'histoire de fesses nous parle tout autant des fesses que des corps attachés au bout", certes, mais quid de l'histoire d'amour ? Elle est bonne, très bonne. En tout cas suffisamment bonne pour me faire lâcher la larmichette sur la fin (étant très émotive, cette information a une valeur toute relative, je vous mets en garde). Comme dit plus haut les personnages sont humains, semblent réels, on ne nous cache jamais leurs problèmes terre-à-terre, on nous parle toujours de leurs vies, leurs émotions, leurs ressentis, on apprécie les voir rire, se charrier, on souffre lorsqu'ils souffrent, … Bref, je ne vais pas vous faire la totale, vous voyez le topo : tous les personnages sont attachants (rire). Un défaut cependant. Bon, il est unique mais j'aurais sans doute un peu de mal à l'expliquer, alors accrochez vous. J'ai un grand respect pour le travail graphique de Stjepan Sejic, je trouve ses dessins magnifiques et son travail des expressions saisissant. Pourtant, il y a toujours un petit truc qui me chiffonne dans chacune de ses histoires, c'est cet étrange ressenti qu'il fétichise les relations saphiques. Entendons-nous bien, il traite chacun des personnages de ses histoires avec le même sérieux que dans cette série, ils semblent toujours humains et restent attachants, donc ses personnages saphiques restent bons. Cependant je ne peux pas m'empêcher d'être toujours un peu… disons gênée… lors de mes lectures. Je ne sais pas, sans doute est-ce le fait qu'il dessine toujours ses personnages féminins avec des plastiques parfaites (en tout "parfaites" dans les canons de beautés d'hommes hétéros actuels), ou bien alors c'est le fait qu'il semble beaucoup s'intéresser à la question de la sexualité des couples saphiques (je vous jure, cela revient souvent dans ses récits), en tout cas je ne peux m'empêcher d'avoir une guerre interne à chacune de mes lectures en me demandant si les relations saphiques qu'il dépeins entre dans la case "bonne représentation" ou bien "fétichisme". Bref, défaut mis à part, Sunstone est une série spéciale, dans le sens où l'on ne s'attend pas à un traitement si sérieux et humain du sujet de la sexualité (surtout en ce qui concerne les kinks) dans une œuvre qui reste tout de même dans sa forme un récit érotique. C'est aussi une série spéciale pour moi, car je l'avais découverte en ligne par hasard durant la fin de mon adolescence, à peu près au même moment où je me posais de nombreuses questions sur ma sexualité (et où, peut-être, je lorgnais légèrement sur l'univers du BDSM, mais ce serait-là une autre histoire que je vous épargnerais). Aujourd'hui je serais sans doute plus critique sur cette œuvre que lors de ma découverte, encore une fois mon incapacité à savoir si la série fétichise ou non sa relation centrale façon "catégorie lesbienne sur pornhub - mais avec des sentiments autour" me parasite un peu mes relectures, mais malgré tout la série reste bonne et sincèrement surprenante. Je dédicace bien évidemment cet avis à Gruizzli, je m'étais engagée à aviser la série et c'est maintenant chose faite. PS : Papa, si tu passes par là, ignore le passage où je parle d'avoir lu pour la première fois cette BD étant ado. Ta fille était chaste, tu m'entends ? Chaste !
L'Ombre du Corbeau
C'est une œuvre majeure avec en préface la définition du "fantastique". Les temps se superposent dans cette guerre de 14. Absurdité de la guerre. Le monde du malheureux Hans von Berlichingen bascule dans une autre monde où différents personnages incarnent une manière de mourir.
Chambre 121
Je n'ai jamais montré d'appétence particulière pour le genre "strictement pour adulte". Je fuis même tout ce qui est hentai. Néanmoins il faut s'intéresser à tout, pour pouvoir juger de la chose... Je me suis donc lancé dans l'intégrale de cette Chambre 121 et je dois reconnaitre avoir été agréablement surpris. Le réceptionniste d'un hôtel est en charge de satisfaire les demandes "particulières" des client(e)s de la chambre 121. Voilà pour le pitch, et si ce n'est pas folichon je n'ai pu m'empêcher de penser que cela aurait fait un bon porno (à condition de mettre un peu de moyen dans la production). Les aventures de notre bonhomme sont assez variées, au gré des fantasmes de l'auteur, et il donne volontairement et allégrement de sa personne. Par contre elles ne sont forcément toutes de la même qualité et de fait ne suscitent pas chez le lecteur le même émoi. J'ai trouvé les dessins agréables et bien faits avec quand même une préférence pour les premiers chapitres. Inutile de dire qu'ils sont très explicites. J'ai beaucoup moins aimé les 6 petits récits supplémentaires (avant la chambre 121) qui relevaient plus à mon goût du porno amateur. Du genre "Oh excusez moi Madame, je me suis pris les pieds dans le tapis et suis tombé la b... en avant sur votre c.." Voyez le genre ... Au final Chambre 121 constitue donc une vraie œuvre pornographique, assez agréable à lire si on découpe par petit bout la lecture.
Saga
En lisant Saga, j'ai été transporté dans un univers sans limites, peuplé de créatures étranges et de mondes en guerre. L'histoire d'amour entre Alana et Marko, deux amants que tout oppose, m'a profondément touché. Leur fuite désespérée pour protéger leur fille, Hazel, m'a tenue en haleine à chaque page. Les dialogues sont vifs, parfois crus, mais toujours authentiques. J'ai ri, j'ai frissonné, et j'ai même versé une larme. Les personnages, qu'ils soient humains, robots ou extraterrestres, sont complexes et attachants. J'ai aimé les suivre dans leurs aventures, leurs doutes et leurs combats. Le dessin, bien que déroutant au début, s'est révélé parfaitement adapté à cet univers foisonnant. Les couleurs contrastées ajoutent une dimension visuelle unique. Et puis, cette idée de mélanger space opera et soap opera, c'est tout simplement génial ! Saga est une série qui m'a captivé du début à la fin. Si vous cherchez une BD originale, pleine d'action, d'amour et d'humour, je vous la recommande chaudement.
Dans les couloirs du Conseil constitutionnel
La Constitution prime sur la loi. - Ce tome constitue une présentation des différentes facettes du Conseil constitutionnel créé en 1958. Son édition originale date de 2024. Il a été réalisé par Marie Bardiaux-Vaïente pour le scénario, par Gally pour les dessins, et par cette dernière et Grinette pour les couleurs. Il comprend cent-neuf pages de bande dessinée. Deux rue Montpensier dans le premier arrondissement de Paris, Marie & Gally passent les contrôles d’accès : scan des sacs et détection de métaux, pour entrer dans le bâtiment du Conseil constitutionnel. La première a des étoiles plein les yeux, la seconde se demande encore pourquoi elle a accepté, en reconnaissant toutefois le caractère exceptionnel de l’architecture du bâtiment. Elle demande à la scénariste à quoi sert le Conseil. Marie commence son exposé : Quand on se réfère au Conseil constitutionnel, on pense immédiatement à l’élection présidentielle. Tout le monde sait qu’il a un rôle à jouer dans la bonne tenue de cet événement majeur de la vie publique française. Mais dès son origine, cette institution créée en même temps que la Ve République avait d’autres motivations. Le 1er juin 1958, la IVe République se décompose littéralement. René Coty fait appel au général De Gaule pour former un gouvernement et réformer les institutions. Le général sollicite alors l’investiture de l’Assemblée nationale. […] Investi des pleins pouvoirs le 3 juin, il obtient des parlementaires de mettre en place une nouvelle constitution dans les six mois qui suivent. Lors de son discours devant l’Assemblée nationale, le général De Gaulle déclare que le gouvernement qu’il va former moyennant la confiance des députés, saisira l’Assemblée sans délai d’un projet de réforme de la Constitution, de telle sorte que l’Assemblée nationale donne mandat au gouvernement d’élaborer, puis de proposer au pays par la voie du référendum, les changements indispensables. Le suffrage universel est la source de tout pouvoir. Le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif doivent être effectivement séparés de façon que le gouvernement et le parlement assument, chacun pour sa part et sous sa responsabilité, la plénitude de ses attributions. Le dernier garde des Sceaux de la IVe République est chargé d’établir un projet de constitution. Cet homme, c’est Michel Debré. Il établit qu’Un comité constitutionnel dégagé de toute attache, aura qualité pour apprécier si les lois votées sont conformes à la Constitution et si les élections diverses ont lieu régulièrement. De Gaulle lui précise que toute loi devra dorénavant respecter la norme suprême : la Constitution. Le projet de nouvelle constitution est soumis à référendum le 28 septembre. En outre-mer, la question posée comporte une double signification : les électeurs et électrices expriment aussi leur volonté de demeurer liés à la France sous une forme à déterminer. C’est un succès. 85,07% des votants approuvent la nouvelle constitution. Le Conseil constitutionnel en bande dessinée ? Au moins, les autrices font preuve d’ambition pour rendre intelligible cette institution française au plus grand nombre. Pour cette œuvre pédagogique de vulgarisation, elles adoptent un dispositif narratif classique et éprouvé pour ce genre d’ouvrage : se mettre en scène sous forme d’avatar simplifié aux réactions parfois exagérées ce qui introduit une saveur humoristique, sans pour autant dénaturer le propos. Marie joue le rôle de bonne élève désireuse d’apprendre, disposant déjà des notions de base sur le sujet, respectueuse et même admiratrice de cette institution. Galy joue le rôle de mauvais élève : pas intéressée a priori, présentant quelques troubles de déficit de l’attention, facilement distraite par ce qui se passe autour d’elle, par les actions des uns et des autres. La narration visuelle happe de suite le lecteur, montrant beaucoup et de manière diversifiée. Réaliser un exposé en bande dessiné représente un défi narratif : il faut parvenir à dépasser la suite d’illustrations accolées à un texte copieux et didactique. Dans les premières pages, le lecteur suit les deux autrices : il passe le contrôle à l’entrée avec elles, il monte l’escalier et admire l’architecture, il assite au discours du général De Gaulle comme s’il visionnait un document d’archive, il se trouve dans le salon où se réunissent les onze membres originels pour la première fois, il se promène au milieu des colonnes de Buren, il assiste au discours de Camille Desmoulins, il voit les schémas plaçant les différentes ordres civil, pénal et administratif et leur organes, ou encore la pyramide des normes, dite de Kelsen. L’utilisation de dispositifs visuels variés peut dans un premier temps apparaître comme un effort d’apporter de la diversité dans les cases. Le lecteur commence par l’envisager, et progressivement il prend conscience qu’ils apportent d’autres choses à la narration. Cela apparaît une évidence que les deux avatars se promènent dans les locaux du Conseil constitutionnel, permettant ainsi au lecteur de la visiter. Il peut trouver plaisant ou rigolo de bénéficier d’une vue imprenable sur l’installation Les deux plateaux (1986) de Daniel Buren (1938-), ou les Hommes de Bessines (réalisés en 1991) de l’artiste Fabrice Hyber crachant de l’eau par tous les orifices, de constater le moelleux des fauteuils, de faire le touriste avec les ruches sur le toit, treize cartouches de cuivre émaillées cloutées sur parquet de bois, la réparation du cadran d’une grande horloge murale par le secrétaire général lui-même, ou encore l’installation d’une boule à facettes géante pour la décoration hall en vue de fêter l’entrée dans la nouvelle année, etc. Les autrices font également un usage raisonné du décalage, que ce soit les regards enamourés de Marie pour l’institution, ses cœurs dans les yeux quand elles reçoivent des cadeaux (des produits marqués du sigle du Conseil), ou une irrésistible disposition de page singeant l’émission de jeux télévisuelle de l’Académie des neuf. Il se rend compte que ces éléments et ces détails rendent l’institution tangible et concrète dans sa matérialité bâtimentaire et fonctionnelle, administrative et humaine, son incarnation pragmatique. En progressant dans l’ouvrage, le lecteur se prend à sourire des facéties de Marie et de Gally, chacune avec un trait de caractère appuyé, l’admiration sans borne pour l’une, le dilettantisme du cancre pour l’autre. Là encore, la direction d’actrices montre leurs réactions, parfois un peu appuyées, aux différentes étapes de leur visite, en particulier la chance de pouvoir ainsi explorer les locaux du 2 rue Montpensier, et les rencontres avec des hommes politiques de premier plan dans un contexte privilégié. Le lecteur peut éventuellement regretter une forme de consensualité dans la façon de les présenter, ou il peut l’envisager comme une forme de respect poli correspondant à la démarche de vulgarisation. Quoi qu’il en soit, ces moments participent également à montrer qu’il s’agit d’êtres humains comme les autres, une manière supplémentaire de faire s’incarner l’institution, des professionnels faisant leur travail, que ce soit l’apiculteur, le secrétaire général, et même les députés s’opposant à la loi sur l’I.V.G. La scénariste a conçu une structure d’exposé qui mêle l’ordre chronologique et les questions thématiques. Elle commence par aborder l’historique de la création du Conseil constitutionnel à l’occasion de la création de la Ve République, puis sa composition, son rôle dans l’élection présidentielle, l’articulation entre Constitution française et Constitution européenne. Puis elle présente le développement du rôle du Conseil, en évoquant sa décision contre le ministère de l’Intérieur concernant la création d’une association de soutien à l’organisation La gauche prolétarienne en 1971, puis l’élargissement de la saisine du Conseil, initialement réservée aux présidents de la République, Premier ministre, ou président de l'une ou l'autre assemblée, qui est élargie avec la loi constitutionnelle du 29 octobre 1974, à soixante députés ou soixante sénateurs. Viennent ensuite le processus de la Question Prioritaire Constitutionnelle (QPC), l’intégration de la charte de l’Environnement à la Constitution, la conformité à la Constitution du régime de garde à vue, etc. Ces évolutions de fonctionnement sont présentées par le biais de cas concrets, comme la saisine par Cédric Herrou (agriculteur habitant dans la vallée de La Roya) qui a déposé une QPC devant la Cour de cassation qui l’a transmise au Conseil constitutionnel le neuf mai 2018, la décision de ce dernier donnant une portée juridique au principe de Fraternité, en l’occurrence la liberté d’aider autrui dans un but humanitaire sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national. Parmi les autres missions réalisées par le Conseil constitutionnel, les autrices consacrent six pages à la décision I.V.G. : il répond sur le droit et non sur le sujet de l’I.V.G. Par ailleurs il s’appuie sur la notion de liberté, et plus précisément la liberté des femmes à disposer de leur corps. La dernière partie explique à quoi sert le Conseil pour l’élection présidentielle : il veille à la régularité de cette élection. Les deux autrices suivent le processus de détermination des candidats à l’issue de la période dite des parrainages, puis elles accompagnent, chacune de leur côté, un délégué du Conseil de constitutionnel pour les opérations de contrôle des bureaux de votes. Tout observer avant de se présenter aux assesseurs : le nombre de bulletins et tous les noms des candidates et candidats présents, l’affichage de la loi au mur, la présence des procès-verbaux à disposition du public, l’ordre des opérations de vote (c’est-à-dire qu’il faut mettre son bulletin dans l’urne, puis signer), la transparence de l’urne et ses cadenas qui confirment qu’elle bien fermée, l’accessibilité aux isoloirs, et la détention de chacun une clé par assesseur. Ce chapitre comprend une dizaine de cas d’entorse ayant donné lieu à l’annulation des votes du bureau concerné. La promesse de visiter les couloirs d’une telle institution peut intimider a priori le lecteur. Il bénéficie de l’accompagnement de deux autrices bienveillantes, pédagogues et pleines d’entrain avec un humour bien dosé. Il se rend compte qu’avec de telles guides l’histoire et le rôle du Conseil constitutionnel se découvrent et s’apprennent aisément, deviennent passionnants et l’emmènent dans des situations inattendues aussi bien historiques (la loi sur l’I.V.G.), qu’artistiques (les colonnes de Buren), sociales (venir en aide à des personnes en situation irrégulière) et même anecdotiques (le miel du Conseil). Édifiant et indispensable.
Le Pêcheur et la Salamandre
Une histoire très sympathique aux allures de conte. Le Pêcheur et la Salamandre nous raconte, sans grande surprise, l'histoire d'un pêcheur et d'une salamandre (choquant, je sais). Plus précisément, c'est l'histoire d'un parcours initiatique, d'une part de la salamandre, qui, affamée, a volé l'offrande d'un dieu et doit désormais partir en quête d'un espadon royal pour racheter sa faute, et d'autre part du pêcheur ayant perdu sa famille et qui devra apprendre à se rouvrir aux autres. C'est une histoire simple et douce, brillant indubitablement par son dessin léché (avec une colorisation magnifique de surcroît) et sa forme proche du conte, donnant au récit une chaleur et une profondeur bienvenues. C'est une histoire qui parle avant tout d'évolution, du fait d'aller de l'avant, du fait de sortir du carcan dans lequel on s’enferme (une histoire de poisson hors de l'eau, si vous me permettez). Classique, mais pas besoin de réinventer la poudre pour être de bonne qualité. Pour l'instant, seul le premier tome du diptyque est sorti, difficile pour moi de pleinement me prononcer sur les qualités de l'œuvre (puisque pour le moment incomplète), mais ce premier tome est très prometteur.
The Prism
Je suis un simple lecteur, une simple personne qui n'y connaît peut-être pas grand-chose dans l'expertise d'une BD, mais qui passe un de ses meilleurs moments en la lisant. Une BD c'est fait pour s'évader et se divertir, ce que "The Prism" fait très bien ( à mon humble avis). Le simple fait d'être un fan de musique vous fait aimer ce genre de scénario, certes saugrenu mais tellement évasif, drôle et sans prise de tête. J'aime beaucoup "The Prism" chacun en donnera son avis pourvu qu'il le lisent. Le miens est ici, et je suis plus qu'heureux de découvrir la suite.
Metronom'
Voilà une série SF qui n’est pas forcément hyper originale, mais dont la lecture s’évère globalement agréable. Déjà par son rendu graphique. Le dessin de Grun est fluide et plaisant. Surtout, j’ai vraiment bien aimé les décors, qui nous plongent dans une ambiance d’usine désaffectée, un univers pollué, grisâtre, marron. Il y a dans ces décors urbains quelque chose du travail de Bilal sur La Trilogie Nikopol, ou de Ricci sur Urban, en plus noir et crasseux. Dessin et colorisation plutôt chouettes et à mon goût donc. Une société dominée par une dictature implacable, et quelques inévitables grains de sable qui essayent de se glisser dans la mécanique pour l’empêcher de fonctionner. Du classique donc, mais Corbeyran fait bien prendre la sauce, ménageant des surprises et des retournements de situation, évitant même les conclusions trop faciles : sans spoiler, j’ai bien aimé la fin, très noire. J’ai aussi bien aimé que Corbeyran glisse dans les dialogues et l’intrigue des questionnements essentiels sur le pouvoir, le droit à la résistance, le sacrifice individuel au profit d’une idée de la liberté, etc. Les personnages sont bien campés, et globalement crédibles (même si j’ai un chouia tiqué à propos des aptitudes quasi militaires du journaliste/héros/poil à gratter). Une lecture plaisante et recommandable donc.