Toute la vie ne passe pas par les mécanismes de la sélection naturelle.
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre, ne nécessitant pas de connaissances préalables. Son édition originale date de 2025. Il s’agit de l’adaptation en bande dessinée d’un livre du même nom de Johann Chapoutot, publié en 2020, adapté par Philippe Girard. Il comprend cent-trente-deux pages de bande dessinée. Il s’ouvre avec une préface de de deux pages de l’écrivain, évoquant : Des techno-suprémacistes imbus de racisme, d’antisémitisme et darwinisme social qui fantasment l’oligarchie de la tech et du dollar, poussent les feux de la production jusqu’à la dévastation, assumée là encore, et réservent quelques sièges chèrement payés dans des fusées pour Mars […] Puis vient un glossaire recensant douze termes allemands, allant de Bewegung (mouvement) à Volkskörper (corps du peuple), en passant par Menschenführung (leadership) et Menschenmaterial (matériau humain), et en les replaçant dans le contexte de l’idéologie du troisième Reich.
Florence est en entretien avec Jean-Yves Roulx, son manager chez Appal. Il lui rappelle comment fonctionne l’entreprise : Chez Appal, le mot d’ordre, c’est l’action. Il continue : chaque jour l’entreprise prend des décisions rapides, sans que ses employés se perdent en bavardages inutiles. En tant que gestionnaire, sa devise est : À bas les scrupules bureaucratiques ! C’est la guerre ! Seuls les employés les plus performants réussiront à faire leur place ! Ha ! Ha ! Ha ! L’expérience du terrain lui a appris que les vrais gagnants agissent sans perdre de temps, sans demander de moyens supplémentaires, ils s’imposent face aux perdants qui, eux, paient le prix fort pour leurs défaillances et leur infériorité ! Il poursuit du même ton assuré et péremptoire : Le monde est une arène ! Toutes les espèces se livrent un combat à mort pour survivre ! C’est du darwinisme à l’état pur ! Il conclut : Il faut faire plus avec moins et optimiser chaque dollar investi, le bon côté c’est que Florence est libre d’employer la stratégie de son choix pour atteindre les objectifs de sa mission, avec de la flexibilité elle maximisera ses performances.
Florence parle à sa meilleure amie du malaise qu’a généré ces propos en elle. Sa copine lui parle de Reinhard Höhn. Ce dernier est le père de la doctrine de la philosophie managériale non autoritaire où l’employé consent à son sort dans un espace de liberté. Selon lui, c’est le nec plus ultra de la liberté d’action. Après la défaite de la Grande Guerre (1914-1918), la situation économique de l’Allemagne est critique : armistice humiliant, pénuries, chômage, hyperinflation, grèves, soulèvements, monnaie dévaluée… Pendant une décennie, des réformes sont instaurées pour redresser l’économie. En 1929, le Krach boursier provoque une inflation galopante qui entraîne une panique bancaire. Le gouvernement décide d’adopter une politique de déflation : baisse des salaires, des loyers et des prix à la consommation, réduction des allocations de chômage, augmentation des impôts. Ces mesures déplaisent au patronat.
Dans l’introduction, l’auteur de l’essai original loue l’art du dessinateur qui consiste à aider le dévoilement de cette réalité managériale par son intelligence du trait, du scénario et de la mise en situation, ce dont il lui sait gré. Ainsi informé, le lecteur prend conscience qu’il va lire un ouvrage didactique à charge. Sur la base d’une thèse clairement affichée : l’incidence des théories de Reinhard Höhn (1904-2000) sur la gestion de l’État, appliquée au management et comment leur influence perdure à ce jour. Cela se ressent de deux manières. La première réside dans le fait qu’il s’agit d’un ouvrage à charge, présentant et défendant une thèse, par opposition à un ouvrage analytique qui présenterait une étude complète sur le sujet, avec les arguments pour et les arguments contre. L’auteur est un historien spécialiste d'histoire contemporaine, des fascismes et du nazisme et de l'Allemagne. Il évoque dans son introduction que l’écho du livre (paru en 2020) fut indissociable du procès des cadres de France Télécom, ce maillon intermédiaire entre un service public (les PTT) et une entreprise pleinement assujettie aux lois du profit (Orange), avec tout ce que cela impliquait de modernisation et de management. Plus loin, il ajoute que cinq ans plus tard les oppositions ont sans doute été dissipées par les saluts hitlériens en mondovision à Washington.
La deuxième manière dont l’origine de l’ouvrage apparaît dans cette bande dessinée réside dans sa forme même. L’artiste et adaptateur se retrouve à réaliser des dessins qui viennent illustrer un propos souvent théorique, c’est-à-dire à trouver des visuels venant enrichir l’idée développée, ou simplement servir d’image pour assurer la continuité de la forme de bande dessinée. Philippe Girard a bien effectué un travail d’adaptation, revoyant la forme de l’essai pour montrer le plus possible de son propos. Il introduit donc deux jeunes femmes, peut-être trentenaires, ayant déjà une expérience professionnelle. L’une travaille pour Appal, vraisemblablement un clin d’œil à Apple et France Télécom, l’autre rappelant qu’elle a fait un burn-out il y a trois ans. L’artiste opte pour un registre visuel de type réaliste et descriptif, avec un degré de simplification significatif, rendant les dessins immédiatement lisibles et éloignés d’un registre de type photoréaliste. Cet ajout permet de faire le lien pour le lecteur avec le discours de certains managers enjoués employant des termes comme flexibilité & souplesse, force du mouvement, collaborateurs égaux, famille, rendement de chaque euro qui doit être optimal, sous oublier le Happiness manager et son programme Pleine Conscience (l’occasion d’être heureux au travail par l’atteinte de ses objectifs). Pour autant, la représentation de chaque personnage reste dans une tonalité réaliste, sans romantisme ou diabolisation visuelle.
Les discussions entre les deux amies permettent également à celle qui a fondé sa propre entreprise à taille humaine d’exposer à Florence la biographie de Reinhard Höhn et de lui exposer ses idées. L’ouvrage compose d’un prologue et d’un épilogue, chacun consacré aux deux amies, et de sept chapitres intitulés : Penser l’administration du grand Reich, En finir avec l’État, La liberté germanique, Manager la ressource humaine, L’Akademie für Führungskräfte, L’art de la guerre, La liberté d’obéir l’obligation de réussir. Au cours de ces chapitres, le dessinateur est amené à représenter des événements historiques, des personnages historiques, et des idées. Pour la reconstitution historique, le lecteur reconnait aisément la porte de Brandebourg, l’incendie du Reichstag en 1933, la tour Eiffel, les uniformes militaires allemands de la seconde guerre mondiale, la Ford T, la Volkswagen (future Coccinelle), etc. Il voit aussi apparaître les personnages historiques : Höhn (qu’il ne connaissait pas forcément), Adolf Hitler (1889-1945), plusieurs juristes, politiciens et hauts fonctionnaires comme Wilhelm Stuckart (1902-1953), Walter Labs (1910-1988), Herbert Backe (1896-1947), Hans Globke (1898-1973), Werner Best (1903-1989), Reinhard Höhn (1904-2000), etc. Et aussi Louis XIV (1638-1715), Georg Wilhelm Friedrich Heigel (1770-1831), Joseph Staline (1878-1953), Gerhard von Scharnhorst (1755-1813), ou encore Napoléon Bonaparte (1769-1821).
L’auteur effectue une mise en image plus conceptuelle pour les idées et les théories exposées. Il a recours à des éléments visuels relevant pour certains d’une iconographie, évoquant des concepts. Par exemple : l’aigle allemand pour le nazisme, les menottes, le pistolet, la cravache et le coup de poing américain pour la répression policière, l’étoile de David pour l’extermination des Juifs, le salut bras tendu pour l’obédience au Führer, la veste rayée pour les camps de concentration et d’extermination, le maillet et la plaque pour la Justice, des logos de marque pour des entreprises, le poing fermé levé devenu lui aussi un logo pour le socialisme, la faucille et le marteau pour le communisme, etc. Par ces dispositifs, l’artiste apporte un point d’ancrage visuel pour le lecteur, en utilisant leur charge conceptuelle. Le lecteur se rend compte qu’il retrouve certaines de ces images régulièrement, ce qui a pour effet à la fois de les charger de nuances différentes les enrichissant ainsi, et de créer un écho visuel qui a pour effet de rapprocher deux développements.
En fonction de sa familiarité avec les méthodes de management, soit directement, soit sous forme d’acculturation, le lecteur ressent avec une acuité plus ou moins forte les rapprochements opérés par les auteurs. Il ne peut que reconnaître des techniques utilisées en entreprise par certains responsables hiérarchiques, et certains de mode de fonctionnement de nature systémique. L’exposé lui permet de percevoir comment fonctionnent ces mécanismes et en quoi il est possible d’y reconnaitre les idées de Reinhard Höhn. À certains moments, il peut également s’interroger sur des rapprochements moins évidents comme la création d’agences au sein de l’État pour affaiblir son pouvoir, ou d’autres sources de techniques de management, provenant de différentes cultures, différentes régions du monde.
Adapter un essai en bande dessinée constitue un véritable défi, pour aboutir à un ouvrage utilisant les techniques de ce média, sans dénaturer ou alléger le propos initial et la profondeur de réflexion. Le bédéaste a réalisé un vrai travail d’adaptation, introduisant des personnages pour l’époque contemporaine, réalisant une reconstitution historique solide, mettant à profit les possibilités visuelles pour exposer et relier les concepts entre eux. Enrichissant et éclairants.
Une grosse BD qui prend le temps de développer son sujet, assez difficile mais franchement bien amené : les parents toxiques. Ici, la mère, pas forcément la plus présente dans les œuvres de ce type, j'ai l'impression.
La BD est longue à se mettre en place, faisant le choix de montrer la mère comme une créature de ténèbres qui vient dans la vie colorée de la protagoniste avec ses remarques assassines et toute la violence qu'elle apporte. Cette mère toxique est présentée dès les premières pages (visibles en galerie) et il est très vite clair que le récit veut nous orienter envers elle. On est dans le point de vue de Alix et son rapport à sa mère. Celle-ci aura droit à quelques pages en analepse sur les origines de sa violence verbale, mais le récit n'explore que très peu cette piste.
Le récit est la lente prise de conscience de Alix envers sa mère, la considération finale que sa mère n'est pas bonne pour elle. Qu'elle doit s'en éloigner et vivre sans elle, loin de son aigreur et son amertume. Maintenant, la BD semble présenter dès le début la prise de conscience mais en vraie il faudra pratiquement toute la BD pour qu'elle arrive de manière consciente, jusqu'à des solutions. Et je dois dire que le déséquilibre se fait sentir. La BD n'est pas tant sur la libération qu'une longue exposition de cette toxicité permanente. De même il n'y aura pas réellement de détails sur la façon dont elle s'en sort (notamment le travail avec la thérapeute pour s'extraire de cette relation) ce que je regrette un peu. Après tant de préparations, la fin parait quelque peu rapide de fait, j'aurais aimé un peu plus de développement avant la fin.
La BD est très bien illustrée, avec un jeu sur les couleurs et le noir de la mère qui s'infiltre dans les pages. D'ailleurs j'avais déjà repéré son trait dans La Différence invisible, et je trouve que ça colle très bien au récit. Une autrice que j'apprécie !
Une BD au sujet intéressant donc, pas tout à fait mon style avec les défauts soulignés préalablement, tout en notant que l'idée directrice est à développer. Les parents toxiques deviennent un vrai sujet et je suis content de voir apparaitre le sujet des parents toxiques. J'ai vu nombre d'amis dont les parents étaient un fardeau pour vivre leurs vies, et voir des personnes exposer publiquement la façon dont ces problématiques se joue me fait plaisir !
Tout comme Yann135, je pense que la BD aurait dû avoir une petite page finale, celle indiquant ce qu'il advient des protagonistes de l'enquête (notamment le faux coupable) tout en expliquant la suite de la secte Aum et la fin de son leader.
Mais la BD a une bonne base, présentant la secte Aum par l’intermédiaire d'un nouveau membre tout en découvrant de l'intérieur les coulisses de la préparation de l'attentat de 95. Je ne savais pas qu'une répétition avait eu lieu neuf mois avant à Matsumoto, mais en la découvrant on ne peut qu'être effaré. Déjà par la secte en elle-même et son leader, Sh?k? Asahara, mais aussi par l'ampleur de la préparation minutieuse et surtout la façon dont les personnes finissent par déclencher un attentat aussi grave.
Cette secte et les attentats de 95 n'ont pas fini d'inspirer des œuvres, de 20th Century Boys de Naoki Urasawa à Underground de Murakami (livre recommandé). Cette histoire est dans la même veine, permettant de comprendre à quel point cette secte est absurde en son sein même, avec les exercices et la drogue, chapeauté par un leader qui semble libidineux et imbu de lui-même. Bref, un portrait particulièrement étonnant, rappelant à quel point les sectes ont une influence colossale et grandissante dans les sociétés post-crise.
En la lisant, je me suis dit que ça faisait froid dans le dos et je suis sidéré de voir à quel point la police à été inefficace dans une enquête aussi bâclée. C'est peut-être le pire, voir à quel point tout cela aurait dû s'arrêter immédiatement et que la société japonaise à laissé faire. Quelle aberration ....
Une BD recommandée, surtout si vous vous interrogez sur les sectes. Très agréable lecture !
J'ai beaucoup aimé cette BD ! Elle a un côté enfantin, très léger, comme un film de Disney, avec une histoire très linéaire dont les surprises ne sont pas spécialement intéressantes mais qui a une vraie fraicheur d'ensemble.
Soyons honnête, si vous avez lu quelques livres ou BD, il n'y a aucun doute que vous sachiez vers où l'on se dirigera et sans grandes surprises. C'est effectivement très linéaire et très mignon, avec des sorties de situation parfois très tirée par les cheveux. Notamment parce qu'on ressort des personnages du chapeau sans grande raison.
Mais franchement, je dois dire que j'ai adoré ma lecture. C'est entrainant, frais, sympathique. Un petit Disney sans histoire d'amour mais avec les chansons, une morale simple mais efficace, des dessins sympathiques inspirées de l'art nouveau et des impressionnistes ... C'est joli, sympathique, dynamique. Je l'ai lu d'une traite et ma copine a fait de même dans la foulée, ce qui m'a indiqué que c'était vraiment efficace. Et parfois, ça fait du bien de juste se laisser porter par une simple histoire comme ici.
Je n'aurais pas grand chose de plus à en dire, c'est simplement une bonne idée bien retranscrite et qui fonctionne. Si vous vous attendez à quelque chose de fantastique, c'est pas vraiment le cas. Mais parfois, entre deux lectures plus prenantes et entre deux histoires denses, ça fait du bien d'avoir une BD dans ce style. J'ai aimé !
De même que Spirou, le journal d'un ingénu fait du bien, ce titre aussi ! Nostalgie de l'enfance dans le premier cas, de l'amour partagé dans le second. Seulement, l'arrière-plan historique est moins dramatique, et les héros connaissent pour l'un, ses deux parents, et pour l'autre, son père. Le dessin est plus tendre et plus libre, plus fantaisiste aussi dans Bidouille et Violette et nos amoureux ne sont pas des gravures de mode… Et il n'y a pas que les héros, les parents et une amie qui leur sert un peu d'ange gardien ont une belle présence. Le père, un veuf inconsolable, m'a ému, et on a l'impression que les roses et les frites dessinées ne sont pas loin de soi quand on lit.
Étonné des notes relativement basse, malgré les commentaires élogieux !
Nous avons une bd fun, sans temps mort, réjouissante et fraiche.
Dans cette narration fluide, on suit avec plaisir Capucin, à la coiffure seventies-chelou, dans un monde moyenâgeux et coloré.
Une belle réussite !
Une bd relativement brute de décoffrage.
Un ouvrage sincère et qui cible précisément son sujet : son enfance et le début de sa sexualité (chaotique) ainsi que toute son éducation (chrétienne et haute bourgeoisie) qui l'a construite... et tordue.
Je trouve qu'il y a une colère de fond et une vitalité qui donne un punch à cette bd.
Qualité plutôt rare aussi, l'autrice réussie à mettre des mots, à expliquer des ressentis, parfois subtils, de ce que l'on ressent et qu'on ne comprend qu'à moitié et pourtant complètement, lors que l'on est enfant. Il y a également un regard à la fois de l'enfant qu'elle était et d'aujourd'hui sur ses parents.
Au fond, malgré une éducation chrétienne mortifère, il y a beaucoup de vie qui ne demande qu'à se libérer, et rien ne l'arrête !
J'ai lu les 2 tomes à la suite sans les lâcher.
Comme quasiment l'ensemble de l'humanité (l'ensemble des espèces sentientes et douées de langage je serais même tentée de dire) je suis fascinée par la mort. Qu'on la craigne ou qu'on l'ignore elle reste un part importante de la vie, sa finalité, ce qui lui donne un sens nous dirait même beaucoup de philosophes. Alors les récits portés sur ce sujet, moi comme d'autres, ça fascine.
Comme beaucoup de gens et d'artistes avant lui, Bablet décide dans cet album de se pencher sur la question de la mortalité et du sens qu'elle donne à notre vie, qu'on lui donne aussi, en suivant l'histoire d'un individu qui ne peut tout simplement pas mourir.
Envié par les gens avides de pouvoir, jalousé, haï même par certaines personnes le considérant comme responsable des nombreuses guerres voyant le jour en son nom (mais sans son consentement), notre protagoniste est accablé. Nous ne connaissons pas son nom, nous n'en avons pas besoin et, de toute façon, lui-même l'a oublié. Il a oublié de nombreuses choses, c'est le problème d'avoir vécu déjà mille an. Il erre a travers le monde en quête de quelque chose, d'une réponse à ses questions, d'une raison à son existence, oubliant parfois en route mais continuant d'avancer car désespéré.
Qu'il s'agisse de la postérité artistique, des histoires et légendes, de l'enfantement, des contacts et liens humains, des souvenirs, … tout ce qui a trait de près ou de loin au concept de vie et de mort, de souvenir et d'éternité sera traité ici. L'aventure de notre protagoniste est décousue, il avance, il rencontre des gens qui le font se questionner ou lui rappelle des souvenirs, puis il repart et oublie malgré lui.
Je me garde de trop vous en dire parce que l'œuvre m'a parue portée sur la réflexion et aurait donc tout le mérite d'être découverte.
C'est du Bablet classique, on retrouve son goût pour les questionnements philosophiques, les récits sur les liens humains, ses personnages anguleux caractéristiques (que je trouve personnellement très beaux) ou encore son amour pour les machines (il n'yen a techniquement pas, mis à part Talos, mais les armures et certains décors ont presque des allures de SF mêlée à des décors de Grèce Antique).
Une de ses première œuvres si je ne dis pas de bêtise, je l'ai trouvée très intéressante - même si pas autant aboutie qu'on pu être certaines de ses œuvres postérieures. Sans doute la narration est ici un peu trop flottante, un peu trop décousue pour être encensée, même moi qui l'ai pas mal appréciée ne me montrerait pas excessivement dithyrambique ici, pourtant je me montrerais tout de même un tantinet généreuse dans ma note. Parce que j'aime les tragédies grecques, les réflexions sur la condition humaine et les récits fantastique doux-amers.
(Note réelle 3,5)
Formidable ! La suite est dispensable. Le trait ? Délicieusement vif, tendre et juste ce qu'il faut dans les couleurs pour faire un peu désuet, d'époque. Je m'étonne encore qu'on ait pu concilier l'humour de Spirou avec l'enfance et l'arrivée de la guerre. Les autres personnages ne sont pas mal non plus ! Et comme la narration avance, entre tendresse, drame, amour naissante et gag ! D'ailleurs, parfois, le gag et le drame ne font qu'un. Je vise Fantasio, une catastrophe, et encore plus l'écureuil… L'hôtel est un milieu bien décrit, les gamins, dans la rue, ne sont pas idéalisés, le grand amour de Spirou n'est pas de tout repos. Du grand art !
Une série jeunesse très sympathique !
Des dessins stylisés, avec un petit parti pris graphique tout en restant très accessible. Les dessins (et donc les albums) gagneraient même à être édités sur un format un peu plus grand. Ça fait plaisir.
Chaque tome à son ambiance, notamment sur les couleurs.
Les personnages sont attachants et les histoires bien rythmées.
En tant qu'adulte je trouve ça très agréable à lire !
Une vraie réussite.
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Toute la vie ne passe pas par les mécanismes de la sélection naturelle. - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre, ne nécessitant pas de connaissances préalables. Son édition originale date de 2025. Il s’agit de l’adaptation en bande dessinée d’un livre du même nom de Johann Chapoutot, publié en 2020, adapté par Philippe Girard. Il comprend cent-trente-deux pages de bande dessinée. Il s’ouvre avec une préface de de deux pages de l’écrivain, évoquant : Des techno-suprémacistes imbus de racisme, d’antisémitisme et darwinisme social qui fantasment l’oligarchie de la tech et du dollar, poussent les feux de la production jusqu’à la dévastation, assumée là encore, et réservent quelques sièges chèrement payés dans des fusées pour Mars […] Puis vient un glossaire recensant douze termes allemands, allant de Bewegung (mouvement) à Volkskörper (corps du peuple), en passant par Menschenführung (leadership) et Menschenmaterial (matériau humain), et en les replaçant dans le contexte de l’idéologie du troisième Reich. Florence est en entretien avec Jean-Yves Roulx, son manager chez Appal. Il lui rappelle comment fonctionne l’entreprise : Chez Appal, le mot d’ordre, c’est l’action. Il continue : chaque jour l’entreprise prend des décisions rapides, sans que ses employés se perdent en bavardages inutiles. En tant que gestionnaire, sa devise est : À bas les scrupules bureaucratiques ! C’est la guerre ! Seuls les employés les plus performants réussiront à faire leur place ! Ha ! Ha ! Ha ! L’expérience du terrain lui a appris que les vrais gagnants agissent sans perdre de temps, sans demander de moyens supplémentaires, ils s’imposent face aux perdants qui, eux, paient le prix fort pour leurs défaillances et leur infériorité ! Il poursuit du même ton assuré et péremptoire : Le monde est une arène ! Toutes les espèces se livrent un combat à mort pour survivre ! C’est du darwinisme à l’état pur ! Il conclut : Il faut faire plus avec moins et optimiser chaque dollar investi, le bon côté c’est que Florence est libre d’employer la stratégie de son choix pour atteindre les objectifs de sa mission, avec de la flexibilité elle maximisera ses performances. Florence parle à sa meilleure amie du malaise qu’a généré ces propos en elle. Sa copine lui parle de Reinhard Höhn. Ce dernier est le père de la doctrine de la philosophie managériale non autoritaire où l’employé consent à son sort dans un espace de liberté. Selon lui, c’est le nec plus ultra de la liberté d’action. Après la défaite de la Grande Guerre (1914-1918), la situation économique de l’Allemagne est critique : armistice humiliant, pénuries, chômage, hyperinflation, grèves, soulèvements, monnaie dévaluée… Pendant une décennie, des réformes sont instaurées pour redresser l’économie. En 1929, le Krach boursier provoque une inflation galopante qui entraîne une panique bancaire. Le gouvernement décide d’adopter une politique de déflation : baisse des salaires, des loyers et des prix à la consommation, réduction des allocations de chômage, augmentation des impôts. Ces mesures déplaisent au patronat. Dans l’introduction, l’auteur de l’essai original loue l’art du dessinateur qui consiste à aider le dévoilement de cette réalité managériale par son intelligence du trait, du scénario et de la mise en situation, ce dont il lui sait gré. Ainsi informé, le lecteur prend conscience qu’il va lire un ouvrage didactique à charge. Sur la base d’une thèse clairement affichée : l’incidence des théories de Reinhard Höhn (1904-2000) sur la gestion de l’État, appliquée au management et comment leur influence perdure à ce jour. Cela se ressent de deux manières. La première réside dans le fait qu’il s’agit d’un ouvrage à charge, présentant et défendant une thèse, par opposition à un ouvrage analytique qui présenterait une étude complète sur le sujet, avec les arguments pour et les arguments contre. L’auteur est un historien spécialiste d'histoire contemporaine, des fascismes et du nazisme et de l'Allemagne. Il évoque dans son introduction que l’écho du livre (paru en 2020) fut indissociable du procès des cadres de France Télécom, ce maillon intermédiaire entre un service public (les PTT) et une entreprise pleinement assujettie aux lois du profit (Orange), avec tout ce que cela impliquait de modernisation et de management. Plus loin, il ajoute que cinq ans plus tard les oppositions ont sans doute été dissipées par les saluts hitlériens en mondovision à Washington. La deuxième manière dont l’origine de l’ouvrage apparaît dans cette bande dessinée réside dans sa forme même. L’artiste et adaptateur se retrouve à réaliser des dessins qui viennent illustrer un propos souvent théorique, c’est-à-dire à trouver des visuels venant enrichir l’idée développée, ou simplement servir d’image pour assurer la continuité de la forme de bande dessinée. Philippe Girard a bien effectué un travail d’adaptation, revoyant la forme de l’essai pour montrer le plus possible de son propos. Il introduit donc deux jeunes femmes, peut-être trentenaires, ayant déjà une expérience professionnelle. L’une travaille pour Appal, vraisemblablement un clin d’œil à Apple et France Télécom, l’autre rappelant qu’elle a fait un burn-out il y a trois ans. L’artiste opte pour un registre visuel de type réaliste et descriptif, avec un degré de simplification significatif, rendant les dessins immédiatement lisibles et éloignés d’un registre de type photoréaliste. Cet ajout permet de faire le lien pour le lecteur avec le discours de certains managers enjoués employant des termes comme flexibilité & souplesse, force du mouvement, collaborateurs égaux, famille, rendement de chaque euro qui doit être optimal, sous oublier le Happiness manager et son programme Pleine Conscience (l’occasion d’être heureux au travail par l’atteinte de ses objectifs). Pour autant, la représentation de chaque personnage reste dans une tonalité réaliste, sans romantisme ou diabolisation visuelle. Les discussions entre les deux amies permettent également à celle qui a fondé sa propre entreprise à taille humaine d’exposer à Florence la biographie de Reinhard Höhn et de lui exposer ses idées. L’ouvrage compose d’un prologue et d’un épilogue, chacun consacré aux deux amies, et de sept chapitres intitulés : Penser l’administration du grand Reich, En finir avec l’État, La liberté germanique, Manager la ressource humaine, L’Akademie für Führungskräfte, L’art de la guerre, La liberté d’obéir l’obligation de réussir. Au cours de ces chapitres, le dessinateur est amené à représenter des événements historiques, des personnages historiques, et des idées. Pour la reconstitution historique, le lecteur reconnait aisément la porte de Brandebourg, l’incendie du Reichstag en 1933, la tour Eiffel, les uniformes militaires allemands de la seconde guerre mondiale, la Ford T, la Volkswagen (future Coccinelle), etc. Il voit aussi apparaître les personnages historiques : Höhn (qu’il ne connaissait pas forcément), Adolf Hitler (1889-1945), plusieurs juristes, politiciens et hauts fonctionnaires comme Wilhelm Stuckart (1902-1953), Walter Labs (1910-1988), Herbert Backe (1896-1947), Hans Globke (1898-1973), Werner Best (1903-1989), Reinhard Höhn (1904-2000), etc. Et aussi Louis XIV (1638-1715), Georg Wilhelm Friedrich Heigel (1770-1831), Joseph Staline (1878-1953), Gerhard von Scharnhorst (1755-1813), ou encore Napoléon Bonaparte (1769-1821). L’auteur effectue une mise en image plus conceptuelle pour les idées et les théories exposées. Il a recours à des éléments visuels relevant pour certains d’une iconographie, évoquant des concepts. Par exemple : l’aigle allemand pour le nazisme, les menottes, le pistolet, la cravache et le coup de poing américain pour la répression policière, l’étoile de David pour l’extermination des Juifs, le salut bras tendu pour l’obédience au Führer, la veste rayée pour les camps de concentration et d’extermination, le maillet et la plaque pour la Justice, des logos de marque pour des entreprises, le poing fermé levé devenu lui aussi un logo pour le socialisme, la faucille et le marteau pour le communisme, etc. Par ces dispositifs, l’artiste apporte un point d’ancrage visuel pour le lecteur, en utilisant leur charge conceptuelle. Le lecteur se rend compte qu’il retrouve certaines de ces images régulièrement, ce qui a pour effet à la fois de les charger de nuances différentes les enrichissant ainsi, et de créer un écho visuel qui a pour effet de rapprocher deux développements. En fonction de sa familiarité avec les méthodes de management, soit directement, soit sous forme d’acculturation, le lecteur ressent avec une acuité plus ou moins forte les rapprochements opérés par les auteurs. Il ne peut que reconnaître des techniques utilisées en entreprise par certains responsables hiérarchiques, et certains de mode de fonctionnement de nature systémique. L’exposé lui permet de percevoir comment fonctionnent ces mécanismes et en quoi il est possible d’y reconnaitre les idées de Reinhard Höhn. À certains moments, il peut également s’interroger sur des rapprochements moins évidents comme la création d’agences au sein de l’État pour affaiblir son pouvoir, ou d’autres sources de techniques de management, provenant de différentes cultures, différentes régions du monde. Adapter un essai en bande dessinée constitue un véritable défi, pour aboutir à un ouvrage utilisant les techniques de ce média, sans dénaturer ou alléger le propos initial et la profondeur de réflexion. Le bédéaste a réalisé un vrai travail d’adaptation, introduisant des personnages pour l’époque contemporaine, réalisant une reconstitution historique solide, mettant à profit les possibilités visuelles pour exposer et relier les concepts entre eux. Enrichissant et éclairants.
Chère Maman - Les mères aussi peuvent être toxiques
Une grosse BD qui prend le temps de développer son sujet, assez difficile mais franchement bien amené : les parents toxiques. Ici, la mère, pas forcément la plus présente dans les œuvres de ce type, j'ai l'impression. La BD est longue à se mettre en place, faisant le choix de montrer la mère comme une créature de ténèbres qui vient dans la vie colorée de la protagoniste avec ses remarques assassines et toute la violence qu'elle apporte. Cette mère toxique est présentée dès les premières pages (visibles en galerie) et il est très vite clair que le récit veut nous orienter envers elle. On est dans le point de vue de Alix et son rapport à sa mère. Celle-ci aura droit à quelques pages en analepse sur les origines de sa violence verbale, mais le récit n'explore que très peu cette piste. Le récit est la lente prise de conscience de Alix envers sa mère, la considération finale que sa mère n'est pas bonne pour elle. Qu'elle doit s'en éloigner et vivre sans elle, loin de son aigreur et son amertume. Maintenant, la BD semble présenter dès le début la prise de conscience mais en vraie il faudra pratiquement toute la BD pour qu'elle arrive de manière consciente, jusqu'à des solutions. Et je dois dire que le déséquilibre se fait sentir. La BD n'est pas tant sur la libération qu'une longue exposition de cette toxicité permanente. De même il n'y aura pas réellement de détails sur la façon dont elle s'en sort (notamment le travail avec la thérapeute pour s'extraire de cette relation) ce que je regrette un peu. Après tant de préparations, la fin parait quelque peu rapide de fait, j'aurais aimé un peu plus de développement avant la fin. La BD est très bien illustrée, avec un jeu sur les couleurs et le noir de la mère qui s'infiltre dans les pages. D'ailleurs j'avais déjà repéré son trait dans La Différence invisible, et je trouve que ça colle très bien au récit. Une autrice que j'apprécie ! Une BD au sujet intéressant donc, pas tout à fait mon style avec les défauts soulignés préalablement, tout en notant que l'idée directrice est à développer. Les parents toxiques deviennent un vrai sujet et je suis content de voir apparaitre le sujet des parents toxiques. J'ai vu nombre d'amis dont les parents étaient un fardeau pour vivre leurs vies, et voir des personnes exposer publiquement la façon dont ces problématiques se joue me fait plaisir !
Matsumoto
Tout comme Yann135, je pense que la BD aurait dû avoir une petite page finale, celle indiquant ce qu'il advient des protagonistes de l'enquête (notamment le faux coupable) tout en expliquant la suite de la secte Aum et la fin de son leader. Mais la BD a une bonne base, présentant la secte Aum par l’intermédiaire d'un nouveau membre tout en découvrant de l'intérieur les coulisses de la préparation de l'attentat de 95. Je ne savais pas qu'une répétition avait eu lieu neuf mois avant à Matsumoto, mais en la découvrant on ne peut qu'être effaré. Déjà par la secte en elle-même et son leader, Sh?k? Asahara, mais aussi par l'ampleur de la préparation minutieuse et surtout la façon dont les personnes finissent par déclencher un attentat aussi grave. Cette secte et les attentats de 95 n'ont pas fini d'inspirer des œuvres, de 20th Century Boys de Naoki Urasawa à Underground de Murakami (livre recommandé). Cette histoire est dans la même veine, permettant de comprendre à quel point cette secte est absurde en son sein même, avec les exercices et la drogue, chapeauté par un leader qui semble libidineux et imbu de lui-même. Bref, un portrait particulièrement étonnant, rappelant à quel point les sectes ont une influence colossale et grandissante dans les sociétés post-crise. En la lisant, je me suis dit que ça faisait froid dans le dos et je suis sidéré de voir à quel point la police à été inefficace dans une enquête aussi bâclée. C'est peut-être le pire, voir à quel point tout cela aurait dû s'arrêter immédiatement et que la société japonaise à laissé faire. Quelle aberration .... Une BD recommandée, surtout si vous vous interrogez sur les sectes. Très agréable lecture !
Ecoline
J'ai beaucoup aimé cette BD ! Elle a un côté enfantin, très léger, comme un film de Disney, avec une histoire très linéaire dont les surprises ne sont pas spécialement intéressantes mais qui a une vraie fraicheur d'ensemble. Soyons honnête, si vous avez lu quelques livres ou BD, il n'y a aucun doute que vous sachiez vers où l'on se dirigera et sans grandes surprises. C'est effectivement très linéaire et très mignon, avec des sorties de situation parfois très tirée par les cheveux. Notamment parce qu'on ressort des personnages du chapeau sans grande raison. Mais franchement, je dois dire que j'ai adoré ma lecture. C'est entrainant, frais, sympathique. Un petit Disney sans histoire d'amour mais avec les chansons, une morale simple mais efficace, des dessins sympathiques inspirées de l'art nouveau et des impressionnistes ... C'est joli, sympathique, dynamique. Je l'ai lu d'une traite et ma copine a fait de même dans la foulée, ce qui m'a indiqué que c'était vraiment efficace. Et parfois, ça fait du bien de juste se laisser porter par une simple histoire comme ici. Je n'aurais pas grand chose de plus à en dire, c'est simplement une bonne idée bien retranscrite et qui fonctionne. Si vous vous attendez à quelque chose de fantastique, c'est pas vraiment le cas. Mais parfois, entre deux lectures plus prenantes et entre deux histoires denses, ça fait du bien d'avoir une BD dans ce style. J'ai aimé !
Bidouille et Violette
De même que Spirou, le journal d'un ingénu fait du bien, ce titre aussi ! Nostalgie de l'enfance dans le premier cas, de l'amour partagé dans le second. Seulement, l'arrière-plan historique est moins dramatique, et les héros connaissent pour l'un, ses deux parents, et pour l'autre, son père. Le dessin est plus tendre et plus libre, plus fantaisiste aussi dans Bidouille et Violette et nos amoureux ne sont pas des gravures de mode… Et il n'y a pas que les héros, les parents et une amie qui leur sert un peu d'ange gardien ont une belle présence. Le père, un veuf inconsolable, m'a ému, et on a l'impression que les roses et les frites dessinées ne sont pas loin de soi quand on lit.
Capucin
Étonné des notes relativement basse, malgré les commentaires élogieux ! Nous avons une bd fun, sans temps mort, réjouissante et fraiche. Dans cette narration fluide, on suit avec plaisir Capucin, à la coiffure seventies-chelou, dans un monde moyenâgeux et coloré. Une belle réussite !
Pucelle
Une bd relativement brute de décoffrage. Un ouvrage sincère et qui cible précisément son sujet : son enfance et le début de sa sexualité (chaotique) ainsi que toute son éducation (chrétienne et haute bourgeoisie) qui l'a construite... et tordue. Je trouve qu'il y a une colère de fond et une vitalité qui donne un punch à cette bd. Qualité plutôt rare aussi, l'autrice réussie à mettre des mots, à expliquer des ressentis, parfois subtils, de ce que l'on ressent et qu'on ne comprend qu'à moitié et pourtant complètement, lors que l'on est enfant. Il y a également un regard à la fois de l'enfant qu'elle était et d'aujourd'hui sur ses parents. Au fond, malgré une éducation chrétienne mortifère, il y a beaucoup de vie qui ne demande qu'à se libérer, et rien ne l'arrête ! J'ai lu les 2 tomes à la suite sans les lâcher.
Adrastée
Comme quasiment l'ensemble de l'humanité (l'ensemble des espèces sentientes et douées de langage je serais même tentée de dire) je suis fascinée par la mort. Qu'on la craigne ou qu'on l'ignore elle reste un part importante de la vie, sa finalité, ce qui lui donne un sens nous dirait même beaucoup de philosophes. Alors les récits portés sur ce sujet, moi comme d'autres, ça fascine. Comme beaucoup de gens et d'artistes avant lui, Bablet décide dans cet album de se pencher sur la question de la mortalité et du sens qu'elle donne à notre vie, qu'on lui donne aussi, en suivant l'histoire d'un individu qui ne peut tout simplement pas mourir. Envié par les gens avides de pouvoir, jalousé, haï même par certaines personnes le considérant comme responsable des nombreuses guerres voyant le jour en son nom (mais sans son consentement), notre protagoniste est accablé. Nous ne connaissons pas son nom, nous n'en avons pas besoin et, de toute façon, lui-même l'a oublié. Il a oublié de nombreuses choses, c'est le problème d'avoir vécu déjà mille an. Il erre a travers le monde en quête de quelque chose, d'une réponse à ses questions, d'une raison à son existence, oubliant parfois en route mais continuant d'avancer car désespéré. Qu'il s'agisse de la postérité artistique, des histoires et légendes, de l'enfantement, des contacts et liens humains, des souvenirs, … tout ce qui a trait de près ou de loin au concept de vie et de mort, de souvenir et d'éternité sera traité ici. L'aventure de notre protagoniste est décousue, il avance, il rencontre des gens qui le font se questionner ou lui rappelle des souvenirs, puis il repart et oublie malgré lui. Je me garde de trop vous en dire parce que l'œuvre m'a parue portée sur la réflexion et aurait donc tout le mérite d'être découverte. C'est du Bablet classique, on retrouve son goût pour les questionnements philosophiques, les récits sur les liens humains, ses personnages anguleux caractéristiques (que je trouve personnellement très beaux) ou encore son amour pour les machines (il n'yen a techniquement pas, mis à part Talos, mais les armures et certains décors ont presque des allures de SF mêlée à des décors de Grèce Antique). Une de ses première œuvres si je ne dis pas de bêtise, je l'ai trouvée très intéressante - même si pas autant aboutie qu'on pu être certaines de ses œuvres postérieures. Sans doute la narration est ici un peu trop flottante, un peu trop décousue pour être encensée, même moi qui l'ai pas mal appréciée ne me montrerait pas excessivement dithyrambique ici, pourtant je me montrerais tout de même un tantinet généreuse dans ma note. Parce que j'aime les tragédies grecques, les réflexions sur la condition humaine et les récits fantastique doux-amers. (Note réelle 3,5)
Le Spirou d'Emile Bravo - Le journal d'un ingénu
Formidable ! La suite est dispensable. Le trait ? Délicieusement vif, tendre et juste ce qu'il faut dans les couleurs pour faire un peu désuet, d'époque. Je m'étonne encore qu'on ait pu concilier l'humour de Spirou avec l'enfance et l'arrivée de la guerre. Les autres personnages ne sont pas mal non plus ! Et comme la narration avance, entre tendresse, drame, amour naissante et gag ! D'ailleurs, parfois, le gag et le drame ne font qu'un. Je vise Fantasio, une catastrophe, et encore plus l'écureuil… L'hôtel est un milieu bien décrit, les gamins, dans la rue, ne sont pas idéalisés, le grand amour de Spirou n'est pas de tout repos. Du grand art !
Astrid Bromure
Une série jeunesse très sympathique ! Des dessins stylisés, avec un petit parti pris graphique tout en restant très accessible. Les dessins (et donc les albums) gagneraient même à être édités sur un format un peu plus grand. Ça fait plaisir. Chaque tome à son ambiance, notamment sur les couleurs. Les personnages sont attachants et les histoires bien rythmées. En tant qu'adulte je trouve ça très agréable à lire ! Une vraie réussite.