Les derniers avis (38914 avis)

Par Alix
Note: 4/5
Couverture de la série 1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta
1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta

D’une certaine façon je comprends les reproches faits par Gaston dans son avis. Les aventures maritimes ont le vent en poupe (eh eh), parmi les parutions récentes j’ai lu Pitcairn - L'île des Révoltés du Bounty et Le Voyage du Commodore Anson, et il y a forcément une impression de déjà-vu. De plus le rythme est assez lent, même si ce dernier point ne m’a pas gêné, et contribue, je trouve, à la lente dégradation de l’ambiance à bord du Jakarta. J’ai malgré tout passé un excellent moment de lecture. Le jeu psychologique et le rapport de force entre les différents protagonistes sont remarquablement mis en scène. Le tome 2 développe bien cet aspect tribal, et propose un changement de décor appréciable après la longue traversé en mer éprouvante du premier tome. La fin, elle, est juste parfaite. Le grand format des albums fait vraiment honneur à la superbe mise en image de Thimothée Montaigne et Clara Tessier. J’ai notamment beaucoup apprécié le travail sur les visages des personnages, très détaillés et expressifs. Une grande épopée terminée en 2 tomes, qui propose une vision cynique et assez horrifique de l’âme humaine.

13/09/2023 (MAJ le 10/09/2025) (modifier)
Par PatrikGC
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Des Yeux de Bitch
Des Yeux de Bitch

J'ai bien aimé ces chroniques souvent lestes sur la vie de diverses citadines qui n'ont pas vraiment pas froid aux yeux et ailleurs (surtout ailleurs). Ce sont surtout des anecdotes, des mini-tranches de vie, des gags souvent fort amusants (si on apprécie ce genre), dont la lecture d'une seule traite peut être lassante par overdose, comme beaucoup de recueils du même type. J'aime bcp le graphisme qui possède un côté girly et animation, style ''tout le monde il est beau''. C'est bien vu dans l'ensemble, ça sent en effet le vécu, mais avec l'arrière-pensée que certaines personnes sont assez nymphos... Dommage qu'une n'y ait pas eu d'autres tomes. Le Covid aurait pu donner de bons gags :)

10/09/2025 (modifier)
Par PatrikGC
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Les Madeleines de Mady
Les Madeleines de Mady

Je possède les 2 volumes. Je ne suis sans doute pas la cible visée par ces albums, mais j'ai bien aimé, à la fois pour le graphisme et pour une certaine fraîcheur de ton. Oui, c'est parfois très léger, anecdotique et souvent parisien, mais c'est délassant. C'est tout ce que je demande à ce type d'ouvrage. Les ''Madeleines'' remplissent parfaitement le contrat.

10/09/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Paysans - Le Champ des possibles
Paysans - Le Champ des possibles

Le champ des possibles, c’est reconquérir sa souveraineté, on autonomie d’être, sa capacité à penser. - Ce tome correspond à un reportage auprès de nombreux acteurs, il ne nécessite pas de connaissances préalables. Son édition originale date de 2023. Il a été réalisé à partir du travail documentaire de Marie-France Barrier, par Céline Gandner pour le scénario, et par Marie Jaffredo pour les dessins et les couleurs. Il comporte cent-cinq pages de bande dessinée. Il s’ouvre avec un texte rédigé par Michel Welterlin, directeur de la collection Témoins du monde. Il se termine avec les remerciements des trois autrices, une présentation de leur parcours, et la liste des ouvrages parus dans cette collection. Elle se sent Perce-Neige, pas celle qui fait le printemps, celle qui l’annonce. Le lierre, il fleurit en octobre. C’est tard, oui. Mais il offre aux abeilles, bien contentes, de quoi butiner toute l’année. Alors pourquoi Perce-Neige ? Elle fleurit parmi les premiers et, Marie-France a eu le sentiment de s’être éveillé très tôt à ces réflexions environnementales. Ce n’est ni bien ni mal. Là, elle se tient collée contre le tronc d’un très grand arbre, il a bien trois cents ans. C’est son spot secret, à elle, son paysage. Elle lui parle comme un confident. Les arbres sont des traits d’union entre les énergies cosmiques qui viennent du fin fond de l’univers et les énergies telluriques nichées au cœur de la terre. Ce sont des alchimistes qui font le lien entre le visible et l’invisible, et transforment la lumière et le CO2 pour nourrir les êtres humains, les abriter les chauffer, les éclairer. Et eux, petits humains qui sont si dépendants d’eux, pourquoi se sont-ils tant éloignés de ces génies généreux ? Ils se sont crus au sommet de la création quand ils ne sont qu’un infime maillon de cette chaîne du vivant. Marie-France aimerait tellement participer à leurs retrouvailles, se réconcilier avec l’Arbre, ce grand chef d’orchestre de la nature. Comme il est beau, ce vieux frère, toujours à grandir vers la lumière ! Nichée au creux d’un arbre, c’est là où elle se sent le mieux. Elle a comme l’impression d’être à la maison, d’être en famille. Depuis toute petite, elle cherche sa juste contribution au monde, elle a envie d’être au service de la vaste communauté des terriens. Elle a comme l’intuition d’une mission à accomplir. Alors voilà, tout comme le font les arbres, elle va elle aussi prendre soin de la terre nourricière. Elle a besoin de se rebrancher, de mettre les mains dans la terre. Voilà dix ans qu’elle fait du documentaire et, là, elle a besoin d’autre chose, de plus concret, de plus engagé. La voilà partie pour une nouvelle aventure de vie : douze semaines de formation au maraîchage biologique en Sologne, qui sait, un nouveau chapitre d’existence s’ouvre peut-être. Marie-France se rend à la ferme de Sainte Marthe. En arrivant, elle y découvre qu’il y a plein de gens comme elle. Elle n’est pas si isolée dans ses questionnements et son appel à la terre. Ici elle n’est pas une bizarrerie. Elle perçoit des profils et des âges très différents. Mais ils sont tous novices du monde agricole. Retourner à l’école pour retrouver une position d’apprenante. C’est revitalisant. Le premier jour, chacun se présente et partage la raison de sa venue. C’est très excitant pour tout le monde. Comme un saut dans le vide. Marie-France Barrier est documentariste de profession, et elle a réalisé, entre autres, les films Le champ des possibles (2017) et Le temps des arbres (2020), dont s’inspire le présent ouvrage, où les autrices la mettent en scène. La séquence d’ouverture expose ainsi sa motivation ainsi que sa démarche. Impressionnée par les arbres, et consciente de la position intenable de l’être humain séparé du monde végétal, elle décide de prendre soin de la terre nourricière en commençant par un stage de formation en maraîchage. Toutefois, elle fait rapidement le constat qu’elle n’est pas faite pour ce métier. En revanche, elle a fait l’expérience qu’il y a tant de belles histoires à raconter autour de ce monde agricole qui se réinvente, qui cherche des solutions, qui explore le champ des possibles pour faire pousser un avenir fertile et résilient. Elle reprend donc la route pour aller écouter et recueillir la parole des anciens agriculteurs, viticulteurs et éleveurs qui ont grandi dans le moule de l’agriculture industrielle et qui se sentent prêts à s’en détacher pour en imaginer un autre. Les autrices mettent ainsi en scène ces rencontres, la parole d’un céréalier, d’un éleveur laitier, des membres d’une ferme collective, d’un scieur mobile, d’un propriétaire forestier, d’un paysan, d’un couple de viticulteurs, avec une grande importance donnée aux images. En entamant ce genre d’ouvrage, le lecteur peut nourrir un a priori sur sa forme : des longs pavés de texte explicatifs pour exposer les faits et les connaissances, et des images réduites au rôle de faire-valoir. Il y a bien des phases d’exposition consistantes, sans pour autant que se produise l’effet de pavés indigestes par trop de didactisme magistral. Chaque entretien prend la forme d’une rencontre avec un professionnel personnellement impliqué dans la mise en œuvre de méthodes différentes offrant une alternative viable à l’agriculture industrialisée, avec une part prépondérante donnée au témoignage plutôt qu’à l’exposé. La première page de bande dessinée peut faire hésiter le lecteur : un petit dessin de perce-neige en bas à droit de la page, sur fond gris, avec trois cartouches de texte, c’est-à-dire plus de texte que d’image. Dans les trois pages suivantes : une illustration pleine page, pour un arbre et Marie-France en relation avec. Puis le lecteur découvre des cases disposées en bande sans bordure encrée. Des dessins au rendu doux, dans un registre naturaliste un peu simplifié, avec des couleurs dans un mode réaliste avec des teintes un peu estompées. La dessinatrice apporte bien sûr un soin particulier aux plantes et aux arbres. D’ailleurs elle réalise quarante illustrations en pleine page ayant pour objet la nature, que ce soient des plantes ou des paysages. Le lecteur voit bien que cet ouvrage est consacré à la culture, à la terre et à son travail, aux plantes et aux arbres. Les dessins ne parlent que de ça : il peut ainsi contempler ces paysages et ces activités dans leur variété. Les trajets dans de petites routes de campagne, les rangées de salades, la qualité de la terre arable éprouvée à pleine main avec ses vers de terre, les sillons bien parallèles, les vaches, l’herbe et les fleurs, les haies qui délimitent des parcelles de petite taille, les forêts de hauts arbres, la terre devenue aride et nue, le savant travail de sciage d’un arbre de gros diamètre, les tristes forêts de culture de résineux, les écureuils, les champignons… Puis des paysages moins communs : une parcelle cultivée autour de l’arbre et avec lui, des moutons qui profitent des arbres fourragers, des arbres plantés dans une parcelle de vignes pour rompre avec la monoculture, la prolifération de la faune dans une mare, etc. Grâce aux dessins, le lecteur peut constater par lui-même l’existence de ces cultures d’une approche différente, ainsi que leurs répercussions sur la faune et la flore. À l’évidence, l’artiste s’est richement documenté pour pouvoir transcrire ces modes de culture sortant du modèle de l’agriculture industrielle. Elle les représente avec une évidence dont la plausibilité atteste d’une observation éclairée de ces sites. Recueillir la parole d’agriculteurs, viticulteurs et éleveurs qui se sont détachés de l’agriculture industrielle, c’est ainsi que Marie-France va d’abord rencontrer Olivier, pays de Caux, céréalier depuis 20 ans, 45 ans, 300ha de céréales. Puis Frédéric, Sarthe, éleveur laitier, la quarantaine, environ 50 vaches et 60ha. Visiter une ferme collective, 11 ingénieurs agronomes, 80ha, village La Tournerie dans le Limousin. Et Étienne, proche de la retraite, Castelnau-de-Brassac, au-dessus de Castres, scieur mobile. Xavier, 56 ans, comptable, propriétaire forestier, a acquis 110ha près du plateau de Millevaches près de Limoges. Jack, coteaux du Gers, ferme familiale, 56 ans, paysan, 150ha. Delphine et Benoît, viticulteurs, Bordelais, couple de vignerons explorateurs, 8ha. Il s’agit de professionnels installés depuis plus sieurs années, mettant en œuvre leurs convictions, et vivant de leur travail, sans perte financière par rapport à leurs pratiques précédentes. Dans un premier temps, la journaliste semble mettre en avant des convictions personnelles peut-être naïves sous un certain angle : Les arbres en tant que traits d’union entre les énergies cosmiques qui viennent du fin fond de l’univers et les énergies telluriques nichées au cœur de la terre, le paysan qui travaille avec le vivant est plus qu’un sage, c’est un super-héros, reconquérir sa souveraineté, son autonomie d’être, sa capacité à penser. Ou encore : Chacun d’entre nous sait mieux que quiconque ce qui est le mieux pour soi. Toutefois ces convictions cèdent immédiatement le pas aux expériences concrètes racontées par chaque professionnel rencontré. La découverte d’acteurs d’un monde agricole qui se réinvente, qui cherche des solutions, qui explore le champ des possibles pour faire pousser un avenir fertile et résilient. Il n’y a rien de naïf dans leurs histoires, dans leur expérience de vie, ni rien de manichéen, encore moins de magique. C’est du concret, le retour de l’expérience. Au fil de ces rencontres, la journaliste évoque tous les questionnements qui accompagnent cette mise en œuvre d’alternatives : le rendement, la résistance aux maladies, la viabilité économique, et les aspects écologiques de base comme la biodiversité et la compatibilité de la production avec les rythmes naturels et les écosystèmes, et même ce concept un peu flou de bon sens paysan en lui rendant du sens, sans angélisme, sans moralisme. Le lecteur en ressort tout ragaillardi d’avoir ainsi pu découvrir des alternatives viables, à un mode de production dont il peut se sentir prisonnier parce qu’il n’y aurait pas de possibilité de faire autrement. Un ouvrage écolo et petites fleurs ? Au contraire, des reportages avec les pieds dans la boue, les mains dans la terre, et une complémentarité entre expérience de terrain et connaissances théoriques. La narration visuelle donne à voir une multiplicité de paysages agricoles, dans leur diversité et leur richesse. Les autrices permettent au lecteur de découvrir, de rencontrer et d’écouter des paysans et des éleveurs passionnants, dont le parcours professionnel dans l’agriculture industrielle les a amenés à avoir la curiosité de chercher et de mettre en œuvre des alternatives pragmatiques et viables. Passionnant.

10/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Musée
Musée

Quel coup de crayon ! Chabouté a vraiment un dessin classique et pur, dans un Noir et Blanc assez tranché, qui est franchement agréable. Et ici, c’est à la fois raccord avec le sujet – les œuvres d’art du musée d’Orsay – et avec son « histoire ». En effet, avant que n’interviennent les dialogues, et que s’éclaircisse le récit, une très longue introduction muette permet de « patienter », tout en plantant le décor. Chabouté fait ensuite se balader, dialoguer les œuvres d’art (Dytar avait usé du même procédé avec des œuvres du Louvre dans l’album Les Tableaux de l'ombre), ce qui permet de voir musée et œuvre sous un autre regard. En parallèle Chabouté apporte quelques touches humoristiques en faisant intervenir le public, pour des moments plus ou moins savoureux (des visiteurs pédants étalant leur cuistrerie vaine, des oisifs s’emmerdant, des gamins jouant, des visiteurs ne faisant que photographier, des « scolaires » scotchés sur leur portable, des incultes étalant leur inculture, et plein de regards plus ou moins étonnés, etc.). On sent que Chabouté a multiplié les petites observations que l’on a tous pu faire dans un musée ou une galerie. Tout se mélange fonctionne bien, c’est dynamique et plaisant, et c’est aussi un bel hommage à l’art et aux œuvres présentées dans le musée d’Orsay (même si ça n’est pas ma période préférée, de loin, j’ai toujours trouvé très chouette ce musée, une belle réutilisation d’une ancienne gare – j’ai en plus eu la chance en tant que lycéen de le visiter avec ma classe quasiment vide, avant son inauguration). Parmi tous les albums réalisés en partenariat avec le Louvre ou Orsay, cet album de Chabouté – et son dessin y est pour beaucoup – se hisse clairement parmi les meilleurs.

09/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Islander
Islander

Très fort ce 1er tome d’une trilogie annoncée, une introduction maîtrisée. Pour ceux habitués aux récits post apo, les péripéties ou le comportement humain ne surprendront pas vraiment mais il m’a semblé ici que l’on était comme dans une quintessence du genre. Alors que nous ignorons encore la cause de la chute de notre monde, tout est parfaitement tenu niveau intrigue et tension. D’entrée le scénariste nous plonge dans le bain avec cette étape au Havre que j’ai trouvé d’une froideur et d’un réalisme saisissant. Ce passage me renvoie à la crise migratoire actuelle et j’ai aimé ce contrepied de voir des européens en pareille situation. Ensuite le récit déroule tout en prenant son temps (+ 150 pages), ça ne manque de moments forts et ça explore plutôt bien le genre humain (je trouve cette dernière partie particulièrement réussie). Mais ce qui fait également de cette série une telle réussite, c’est le travail de Corentin Rouge. Je ne le connaissais que via ses interventions sur XIII ou Thorgal que j’avais déjà jugé très propres et pro, mais là mama mia !! C’est clairement au dessus, ça respire et je n’ai pas de plus beau compliment que de dire : immersif. Bref bravo aux auteurs, du bon moment de bandes dessinées.

09/09/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série Revoir Comanche
Revoir Comanche

Même si j'ai lu l'intégrale de la série Comanche et que je l'ai beaucoup appréciée, j'en garde un souvenir trop lointain et vague pour me considérer comme un expert. Hormis Comanche et Red Dust, les autres personnages m'étaient peu familiers. Je partais donc avec une légère appréhension, craignant d'être perdu par ce spin-off qui rend un hommage manifeste à la série originale. Heureusement, il se lit sans avoir besoin d'une connaissance approfondie, les éléments essentiels étant expliqués au fil des dialogues. On y retrouve Red Dust, vieillissant et désabusé, dans un western crépusculaire, voire nocturne, qui se déroule plusieurs décennies après l’âge d’or du Far West. Le récit suit un road-trip de Californie au Wyoming, où l’ancien porte-flingue est accompagné de la jeune bibliothécaire enceinte Vivienne Bosch. Le voyage ravive souvenirs et fantômes du passé, tout en soulignant le contraste entre une époque révolue et un monde en mutation. Malgré la noirceur de l’ambiance, le dessin est remarquable. Romain Renard propose un noir et blanc travaillé, mêlant apparences quasi photographiques et traits fins pour les personnages. Les décors sont particulièrement immersifs, même si certains arrière-plans donnent l’impression que les personnages y sont collés. Visuellement, la scène de la tempête de sable est époustouflante par exemple. Le style personnel de l’auteur, différent de celui d’Hermann, renforce le caractère unique de l’album et son appropriation de l’univers de Comanche. Quelques planches muettes et contemplatives de paysages d'autres époques m'ont toutefois un peu désorienté, me laissant d’abord penser à des erreurs anachroniques, avant de comprendre qu’elles symbolisent le temps qui passe et un passé révolu. Par ailleurs, une date gravée en fin d’histoire indique clairement que l'intrigue se déroule 1930, alors qu’à un moment Red Dust tient un illustré daté de 1932 : cette incohérence m’a fait tiquer et m’a laissé me demander si elle était volontaire. Le scénario mêle western, polar et réflexions sociales, abordant la nostalgie, les choix de vie, les regrets et la condition des Amérindiens. J’ai été captivé par son atmosphère réaliste et mélancolique. Red Dust n’y est pas des plus attachants, présenté comme un vieux grincheux auto-dépréciatif, mais ses interactions avec la jeune femme, pleine de finesse et de caractère, sont réjouissantes. Je n’ai malheureusement pas été convaincu par le dernier quart de l’album. Le retournement de situation et les révélations finales m’ont paru téléphonés, reposant sur trop de coïncidences faciles voire d’incohérences, ce qui a brisé le charme sombre du reste de l’album. J’ai toutefois réussi à passer outre pour profiter d’un album d’une telle beauté graphique et d’une atmosphère historique et mélancolique, qui rend un hommage réussi à la série mère. Le mélange d’atmosphère crépusculaire, de road-movie contemplatif, de personnages attachants et d’une réalisation graphique remarquable en fait une lecture marquante, même si sa conclusion peut décevoir.

09/09/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Tout va bien (Shockdom)
Tout va bien (Shockdom)

Bon, cette BD est une lecture que j'ai faite complètement par erreur. Je voulais emprunter la BD Tout va bien (Delcourt) mais je n'ai pas sélectionné la bonne, visiblement. Ce qui m'a donc complètement surpris, c'est le ton de cet album que je n'attendais pas du tout. Et laissez-moi vous dire que c'est d'une noirceur abyssale ! Pour comparer, c'est une BD dans le ton de Mémoires d'un incapable, autant dans la noirceur que dans le message. C'est une BD qui parle avant tout de l'horreur de la vie, celle insidieuse qui s'installe dans le quotidien. Une jeune femme, professeur d'école, sadique et violente envers ses élèves et particulièrement une petite fille dyslexique, va voir sa vie exploser en plein vol. Le ton est vite donnée avec la première page où l'on voit la façon dont cette professeure interagit avec les élèves, prenant plaisir à faire souffrir et pleurer une élève qui clairement ne le mérite pas. Très vite, l'histoire s'emballe et je préfère ne rien dévoiler mais je n'attendais pas à autant de noirceur. C'est jusqu'au stade ultime et encore une fois inattendu, avec une conclusion tragique mais aussi étrangement triste. Il y a un message sur la solitude contemporaine, l'éducation et ses conséquences, le manque de liens sociaux ... C'est une histoire de personne seule, névrosée par son passé et dont la solitude transparait dans chaque page et interaction. Le dessin accompagne cette évolution puisqu'il va changer le visage de l'héroïne, entre bandeau noir sur les yeux et visage plus lumineux selon ses pensées, tout en l'enfermant progressivement dans un monde de paranoïa retransmis par divers artifices qui marchent très bien. Le dessinateur a travaillé son sujet et franchement c'est une lecture plaisante et carrément agréable à l’œil. Enfin, agréable ... Il y a de vrais morceaux de cauchemar là-dedans et qui permettent de vraiment retranscrire l'histoire et son ambiance désespérée. A ne pas mettre entre toutes les mains, mais honnêtement j'en suis sorti un peu choqué par la violence mais c'est surtout la tristesse des dernières planches qui prédomine. Une BD qui parle de la solitude contemporaine et de la nécessité de refaire des liens sociaux. Joli message pour une BD dure mais carrément intéressante. Je recommande sa découverte !

09/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Mobilis - Ma vie avec le Capitaine Nemo
Mobilis - Ma vie avec le Capitaine Nemo

Je découvre avec plaisir l'œuvre de cet artiste sénégalais. Juni Ba revisite avec originalité la personnalité du capitaine Nemo. L'auteur garde le fort côté misanthrope du personnage avec cet amour des arts et des sciences. Je ne suis pas très fan des récits post apocalyptiques mais cette ambiance convient bien à la personnalité du personnage. L'originalité du récit est d'attribuer une improbable paternité par adoption, en recueillant une petite fille, Arona. Celle-ci est présentée comme la probable dernière survivante de la folie des hommes. La misanthropie du capitaine s'effrite peu à peu devant le plaisir de transmettre le Beau du passé des hommes. En s'appuyant sur trois œuvre majeures ( Peter Pan, Moby Dick et Jules Vernes) Ba propose un récit intelligent accessible à un large public. La lecture du texte est rapide mais elle laisse la place à une belle découverte du monde graphique de Ba. C'est très original, varié et créatif. L'auteur alterne de grandes planches introspectives et contemplatives avec une narration plus dynamique autour de la jeune Arona. J'ai beaucoup aimé la mise en couleur qui donne un grand dynamisme à la lecture. Une belle découverte.

09/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Super Pixel Boy
Super Pixel Boy

Rhaa credi !! Je suis sorti avec un petit goût de trop peu de ce sympathique album, j’aurais tellement voulu mettre plus. Pourtant je suis carrément dans la cible, j’ai conservé un bon côté gamer old school du dimanche, j’ai une ps4 que je ne sors que pour jouer à des pépites comme Rogue Legacy, Tricky Tower, Broforce, Nuclear throne, Huntdown (une pure tuerie !!) … les connaisseurs apprécieront, la 3D m’emmerde. Alors attention j’ai beaucoup aimé, je me suis reconnu dans pas mal de situation, l’effet nostalgique marche à merveille, les jeux, les amis, la musique … toute une époque, forcément formidable pour ceux qui l’ont vécu ;) Un album qui prend la forme d’une petite madeleine de Proust pour cette (ma) génération. Les 2 auteurs se et nous font plaisir. C’est très bien mis en images par Boris Mirroir, j’aime beaucoup son trait et couleurs, dynamique dans l’ensemble et délicieusement binaire lors des phases de présentation des jeux. La couverture est joliment réussie et le bonus stage forme un beau clin d’œil à cet autrefois en gros pixels. Les différentes histoires concoctées par Loïc Clément sont dans l’ensemble savoureuses, elles m’ont bien parlé (les bornes d’arcade, l'incruste et le choix des copains, leurs parents, la bave hypnotique devant 2 pixels qui se battent en duel …), c’est truffé de références et de moments gentiment bien vu. Et c’est malheureusement un peu là que le bât blesse, le résultat est un poil trop gentillet à mes yeux, je trouve que ça aurait pu être bien plus drôle ou corrosif notamment sur les phases en 8 bits, quelques passages un peu mou, et je déplore des récits un poil trop court. Ma lecture fut hyper plaisante, cependant je l’ai jugé bien trop rapide avec ce fameux goût de trop peu à son issue … en fait j’en redemande, et pour le prix et le format (remarque toute mercantile) il manque une bonne vingtaine de pages pour contenter mon côté geek-radin (peut-être ça qui coûte les 4* tiens ^^) Bref, je suivrais à coup sûr un prochain (?) sur la SNES, ma machine de cœur :) Ajout tome 2 : Une série toujours coup de cœur, mais j’augmente ma note après récente relecture du tome 2. Cet album (toujours centré sur les consoles 8bits) m’a semblé plus abouti et m’a encore plus parlé (jeux et comportements). Même format et style mais je trouve qu’on s’attarde un peu plus sur les relations avec la gente féminine, ça m’a bien fait rire (me reconnaissant dans le côté gauche et naïf de notre Pixel, une époque formidable sans portable). L’astuce du saut temporel vers la fin d’album est également bien vue et permet de dynamiser un peu tout ça. Franchement bon cette série. MàJ tome 3 : Un album que j’attendais beaucoup (consacré à la SNES) pour une conclusion que je n’attendais pas !! Avec ce tome, Loïc Clement boucle les aventures de Pixel boy, et si on retrouve l’ADN de la série, la formule change légèrement. J’avoue avoir été un peu décontenancé lors de ma lecture, on perd en humour pour gagner en émotion. Le jeux vidéo s’efface au profit de la vie et questions de notre jeune (et vieux) Pixel. Le propos peut parfois paraître plus égocentrique mais j’ai trouvé la fin très belle et réussie. Le final lorgne un peu vers "Les contes des cœurs perdus" du même scénariste. Perso ça m’a bien parlé, comme toutes les références et hits de l’époque mais sans ce pré requis, je serai bien plus dubitatif sur votre plaisir de lecture. Une série qui a su me charmer et jouer avec ma nostalgique de belle manière. Toutefois je trouve qu’elle loupe un peu le coche sur le public en terme de message, ce dernier est très beau mais un peu naïf pour les adultes, et je ne pense pas qu’un jeune d’aujourd’hui s’intéresse spécialement à cette trilogie.

13/02/2023 (MAJ le 08/09/2025) (modifier)