Les derniers avis (39135 avis)

Par pol
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Criminal - Les Acharnés
Criminal - Les Acharnés

Ce spin off de la série Criminal est un petit régal, que l'on connaisse ou pas la série mère. Ed Brubaker a concocté un scénario aux petit oignons. Il construit son histoire comme un puzzle, dont les chapitres forment les différentes pièces qui vont s'assembler progressivement. Il semblerait initialement qu'il n'y ai aucun lien entre les premiers chapitres, qui sont chacun centrés sur un personnage et une histoire différente. C'est d'abord l'histoire de Jacob, scénariste de comics, qui se retrouve à Hollywood pour bosser sur l'adaptation d'une de ses séries. Puis vient le tour d'Angie, gamine orpheline élevé par La Grogne, le gérant d'un bar louche. Les chapitres sont denses, ils prennent le temps de bien raconter les choses. C'est là qu'Ed Brubaker est fort. Ca pourrait être deux banales histoires, dans lesquelles il n'y a pas tellement d'action ni de suspens, on ne voit encore aucun recoupement possible entre les deux parties... et pourtant c'est prenant. La narration, très efficace, donne du rythme et de l'intérêt à tout ça, grâce à l'utilisation systématique de la voie off. Puis, plus on va avancer dans le récit, plus les surprises vont arriver. Des petits détails du début vont prendre de l'ampleur et du sens lors des recoupements. Ceux ci sont quand même malins et très bien amenés. On va également monter crescendo dans l'action et on aura juste ce qu'il faut de tension. De quoi ravir les amateurs de polar. Et pour ne rien gâcher, cette histoire permet de croiser intelligemment la destinée de différents personnages de la série Criminal. Du très bon boulot.

04/11/2025 (modifier)
Couverture de la série L'Homme en noir
L'Homme en noir

L’Homme en noir est une bande dessinée bouleversante qui aborde avec une rare justesse un sujet aussi grave que difficile : les violences sexuelles faites aux enfants. À travers le regard de Mattéo, un petit garçon ordinaire, Giovanni Di Gregorio nous plonge dans une histoire profondément humaine, où la peur et le silence prennent forme dans une figure cauchemardesque celle de « l’homme en noir ». Ce choix narratif, de raconter le drame à travers les yeux de l’enfant, rend la lecture encore plus poignante et dérangeante, car on ressent pleinement son incompréhension et sa solitude. Le scénario est à la fois subtil et percutant. Di Gregorio ne montre jamais frontalement la violence, mais tout est suggéré avec beaucoup de pudeur et d’intelligence. C’est justement cette retenue qui rend l’histoire si forte : le lecteur comprend sans qu’on lui impose d’images choquantes. Le malaise s’installe progressivement, jusqu’à une révélation finale qui brise le cœur. Le dessin de Grégory Panaccione, avec ses tons sombres et ses jeux de lumière, accompagne parfaitement cette atmosphère lourde et émotionnelle. Son style fluide, presque silencieux, laisse une grande place à l’expression des visages et aux silences, des moments où l’on ressent toute la détresse de l’enfant. L’opposition entre les scènes de jour, plus lumineuses, et les cauchemars nocturnes est particulièrement réussie. Je mets 4/5, mais j’aurais aimé que l’histoire soit un peu plus développée, notamment sur la réaction des adultes ou les conséquences du traumatisme de Mattéo. Mais cela n’enlève rien à la puissance du récit. L’Homme en noir est une œuvre nécessaire, sensible et d’une grande humanité, qui rappelle l’importance d’être davantage attentif aux enfants. Une lecture qui marque durablement et dont on ne sort pas indemne.

04/11/2025 (modifier)
Par Vaudou
Note: 4/5
Couverture de la série Les Chevaliers d'Héliopolis
Les Chevaliers d'Héliopolis

Jodorowsky a écrit quelques bandes dessinés destinées à un public plus jeune comme les Technopères par exemple. Les Chevaliers d'Heliopolis fait partie de cette catégorie. Les aventures de notre héros/heroïne sont sages et sans complexité, on aura du mal à trouver la moindre transgression dans ce récit. Le "trouble" du héros (qui fait très ado) est surtout là pour attirer la sympathie d'un lectorat du même âge qui se poserait les mêmes questions. Reste une aventure qui se suit sans déplaisir, on a des alchimistes, un gorille mutant, les dessins de Jeremy. La vie est belle.

04/11/2025 (modifier)
Par Cleck
Note: 4/5
Couverture de la série Les Yeux d'Alex
Les Yeux d'Alex

Qu'il est agréable d'espérer beaucoup d'une BD et de voir son impatience récompensée ! Claire Fauvel revient avec "Les Yeux d'Alex", un roman graphique osant développer et assumer des thématiques féministes quelque peu mises de côté depuis la nécessaire vague MeToo et l'effroyable procès Pelicot : comment s'affranchir des normes de représentation du corps féminin, aborder frontalement le désir féminin, interroger l'érotisme pour le distinguer de l'habituelle pornographie glauque ; autrement dit, interroger les représentations et images normées par des millénaires de patriarcat, ou plus malicieusement citer Magritte : "ceci n'est pas une pipe". Voilà une ambition vertigineuse délicate à assumer graphiquement ! D'autant que le trait de Fauvel, moderne dans son usage de la palette graphique, est davantage rassurant que renversant : des aplats pastels, un trait rond et fin assez féminin, des proportions bouche-yeux façon manga. Aux premiers abords, il n'est pas certain que l'ambitieux propos trouve un pertinent relai dans ces chaleureuses et séduisantes illustrations. Et puis, ici et là, insidieusement, de discrètes fulgurances apparaissent : une colorisation incomplète mimant de l'aquarelle, une mise en page déstructurée, des bulles et cartouches légèrement "dézonées", une mise à nu spectaculairement figurée en contre-plongée... Le doute quant aux illustrations s’atténue et l'indulgence finit même par primer. Parce que le développement de l'intrigue est véritablement pertinent : les thématiques ajoutées renforcent chacune à leur manière le propos général, donnant de l'ampleur à un discours construit, nuancé, riche : la thématique de la beauté dans l'Art trouve ainsi un joli écho avec celle de la haine de son corps coupable d'eczéma. L'ensemble se tient parfaitement, est à la fois militant, profond et véritablement divertissant car habillé en chronique douce amère sur le quotidien et les amours d'une jeune femme d'aujourd'hui. Une jolie symbiose entre un ambitieux projet et une lecture plaisir.

04/11/2025 (modifier)
Par Pierre
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Nomen Omen
Nomen Omen

Superbe série, originale, imaginative, avec des dessins très beaux et très efficaces! Les personnages sont attachants, l'histoire est pleine de surprises et on en veut encore! Le seul bémol est le fait qu'il n'y a que trois albums et on ne sait pas si il y aura une suite et fin. Sans spoiler, la fin du troisième album n'est pas la fin de l'histoire.

03/11/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 5/5
Couverture de la série La Couleur tombée du ciel
La Couleur tombée du ciel

Gou Tanabe m'éblouit à double titre, dans ses adaptations de Lovecraft. Qu'est-il ? Un dessinateur tombé du ciel. Evidemment, pas un couleur... Si un autre faisait aussi bien en couleur, je lui mettrais un coup de cœur, tiens. Bref, il adapte, il réinvente Lovecraft, et ce n'est pas rien ! Il n'illustre pas platement, il ne transfère pas non plus une partie de son univers dans un autre pour le raviver comme dans les eaux de Mortelune mais pas seulement. Il parvient à montrer l’immontrable, qui échappe pourtant toujours à l'appréhension du lecteur. Et comment y parvient-il ? Je pense que c'est grâce à un noir et blanc étonnant, je veux dire ni noir et blanc tranché, expressionniste, ni gris crasseux censé montrer le chaos, la misère et le trouble des deux. Il unit les deux et un caractère contemplatif pour montrer et dérober à la fois les images que le maître de Providence ne fait qu'évoquer sans les réduire à des phénomènes de foire. Montrer fortement, avec une réserve, et en instaurant un tempo, un temps différent des autres BD, bravo ! Accessoirement, il n'est pas mal d'avoir une couverture évoquant celles des anciens grimoires, c'est un bel objet, et un seuil à ouvrir pour franchir un autre monde. Après tant de compliments, on pourrait s'étonner que je ne marque pas de coup de cœur. Je l'attribue au fait de ne pas découvrir une nouvelle histoire, et je ne peux pas donner la note que j'aurais accordé au maître au disciple.

03/11/2025 (modifier)
Par Vaudou
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Les Fils d'El Topo
Les Fils d'El Topo

Les fils d'El Topo est une fable initiatique fabuleuse racontée par un Jodorowsky ultra motivé. Cette bd, c'est sa grande revanche par rapport au film qu'il n'a jamais pu tourner faute de financement et qui devait être la suite d'El Topo sorti dans les salles en 1970. C'est le récit le plus ambitieux que j'ai pu lire de sa part, c'est difficile d'en parler sans révéler l'intrigue. La plupart des personnages sont en quête de rédemption même sans en avoir conscience. J'ai rarement vu des personnages vivre de telles expériences - et en ressortir autant transformés - dans une bande dessinée. Ladronn a permis de donner vie à cet univers, il y a une osmose entre le texte et l'image très forte, on le sent en état de grâce comme son compère. Les fils d'El Topo sera un jour considéré à sa juste valeur, c'est à dire comme l'ultime chef d'oeuvre de Jodorowsky, son magnum opus.

02/11/2025 (modifier)
Par Vaudou
Note: 4/5
Couverture de la série Diosamante
Diosamante

J'ai lu l'intégrale qui comprends le tome 1 et le début du tome 2 dessiné par Gal (mais pas le tome 2 dessiné par Kordey) avant que celui-ci ne nous quitte malheureusement. Jodo nous explique en prologue que cette saga devait durer initialement 4 tomes. Alors que dire? J'ai mis un moment avant d'oser ouvrir cette bd, un peu comme pour les fils d'El Topo, j'avais la même crainte infondée d'un récit austère et un peu hermétique. Mais pas du tout, le fun est bien présent et on sent aussi que c'était une oeuvre importante pour Jodo, tout du moins dans sa collaboration avec Gal qu'il admirait beaucoup (et c'était réciproque). Le seul tome 1 m'a permis de faire un très beau voyage en compagnie de l'héroïne. Le dessin de Gal est juste incroyable et brasse plein d'influences issues de Metal Hurlant, Druillet notamment pour certaines cases étirées en longueur ou en hauteur. Le chef d'oeuvre inachevé de Jodorowsky.

02/11/2025 (modifier)
Couverture de la série Un général, des généraux
Un général, des généraux

J'ai hésité à lire cet album. Bien m'en a pris. La période 50-60 n'est pas très clair dans mon esprit et en lisant l'album j'ai compris pourquoi ! Quelle tambouille ! J'ai appris pleins de choses en lisant cet album, les faits historiques mais surtout les petits choses, le bas niveau qui peut faire basculer un pays dans une guerre civile, une dictature. Je n'ai jamais douté que l'on puisse être médiocre et avoir de hautes responsabilités. C'est un peu le fond de l'affaire. Le texte de fin d'album, qui commente de façon globale cette période "mai 58" est instructif également. Le tout est dosé avec beaucoup d'humour, car effectivement, quand on voit le niveau, et malgré la brutalité des évènements, il faut prendre ça sur la corde de l'humour ! Si j'étais prof, je ferais lire cette bd à mes élèves de lycée. Ils ne comprendraient pas tout, mais on en tire une leçon globale de cette bd que je ne saurais définir. Très instructif pour ma part, et très plaisant à lire.

02/11/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 4/5
Couverture de la série Ikigami - Préavis de mort
Ikigami - Préavis de mort

Il faut se rappeler le sacrifice du premier né, la riche idée qu'il faudrait une bonne guerre pour la jeunesse et autre choses semblables pour voir qu'il serait possible d'amener les gens à accepter le risque de voir leur enfant éliminé à la majorité, surtout si c'est par loterie : on ne discute guère le hasard. Bien sûr, le gouvernement autoritaire doit y mettre les formes. Mais je trouve que c'est en fait plus vraisemblable que des scénarios à la Bataille royale. Les jeux du cirque, qu'on se le dise, c'est aux esclaves qu'on les impose, et pas aux citoyens qui ceci dit pouvaient vouloir devenir des gladiateurs. De même, les Aztèques capturaient des combattants dans les "guerres fleuries", pour les sacrifier aux dieux, s'il y avait aussi des immolations d'Aztèques. Bref, je veux dire qu'on frappe en principe moins le compatriote, et en principe avec des égards, ce pourquoi la mort par vaccination et une personne vous en prévenant est à mon avis assez vraisemblable. Et si le condamné se vengeait de ceux qu'il n'aime pas ? Il y a la vengeance du pouvoir sur la famille, donc l'immolé se tient en principe tranquille. J'estime beaucoup la manière de mettre en parallèle la lente dépression du messager de la mort et la tragédie d'une victime, l'une après l'autre. Le dessin fait le job. Je ne pense à rien, pourquoi ne pas l'avoir dit plus tôt ? Pourquoi tuer une partie de la population, ce qui outre que ce n'est pas bien gentil et qui sait favorable à une opposition, ne donnera pas l'idée que la vie est précieuse, au contraire, quand on voit le gouvernement tuer avec une telle légèreté ? Des naïfs peuvent croire à cette histoire, des cyniques croire dominer leurs contemporains ainsi, mais en vérité, le sacrifice soude la société, comme c'est bien expliqué par René Girard. Je ne vais pas développer toute la théorie ici, mais remarquer que le renoncement à renoncer au sacrifice, un long mouvement historique, est une des caractéristiques des totalitarismes. Les gouvernants ont la partie facile car nous sommes tous capables de frapper et nous réconcilier sur des victimes, on se demande toujours le degré de connaissance du mécanisme par les dirigeants. En tout cas, il est fin de faire des victimes selon le style de la société dans laquelle on se trouve, et ce manga est plus crédible que d'autres du même type.

02/11/2025 (modifier)