J’aime la BD (le scoop !!) et je suis ravi de voir qu’elle a encore de beaux jours devant elle. Je fais référence à cette génération d’auteurs qui en quelques albums sont devenus, à mes yeux, des valeurs sûres (P-H Gomont, T. Le Boucher …).
Stéphane Fert en fait également partie, même s’il n’est pas systématiquement seul à la barre, j’aime la sensibilité qui se dégage dans le traitement de ses sujets, je trouve qu’il y a toujours un côté féerique. Le tout est systématiquement sublimé par sa patte graphique, aux couleurs si chatoyantes pour mes rétines.
Bref vous l’aurez compris, je pars déjà conquis, mais qu’en est t’il vraiment ?
Pour qui connaît l’auteur, La marche brume ne surprendra guère, on connait maintenant sa marque de fabrique.
Un graphisme inspiré dans une mise en page impeccable, je ne sais pas trop comment expliquer mais j’adhère totalement à son style, malgré la fureur de certaines scènes, ses planches m’apaisent, j’aime m’y perdre, je ressens comme un effet doux thérapeutique.
Niveau histoire, on retrouve son amour pour les contes. Cette fois, il se lance dans une série et développe autour de sorcières une fable moderne, subtilement teintée d’un zeste de féminisme et d’écologie.
Rien de bien sorcier dans les ingrédients mais un scénario qui n’ira pas dans les lieux communs, un bon début d’aventure, fluide, dense et plein de magie dans sa réalisation.
Ce n’est pas mon album préféré de l’auteur, mais c’est toujours vachement bien. Enjoy :)
4.5
Melvile, c'est un univers dans un espace clos. Ce sont 3 tomes tout à la fois émouvant, fantastique, angoissant, intrigant. Un lieu ou plutôt des lieux dont on découvre l'intimité de leurs habitants et de leurs secrets.
Ce sont de magnifiques planches aux tons délavés d'un lavis de mélancolie, dépayant des paysages grandioses et des âmes recluses. C'est une bande sonore créée par l'auteur qui colle à merveille à la lecture et multiplie l'immersion.
En fait, Melvile c'est Twin Peaks couché sur papier. Et ça c'est le plus grand compliment que je puisse faire.
C'est bien cette tendance aux BD d'investigation qui met en lumière au grand public des thèmes dont les ramifications vont loin, à l'instar de Capital & Idéologie, Economix ou le récent Le Monde sans fin.
Ils rendent limpides ce qui était avant minutieusement détaillé dans de gros pavés qui finalement peu lisaient jusqu'au bout, ce qui est malheureux lorsqu'il s'agit de scandales impactant le tout un chacun sur le long terme.
Ouvrages souvent didactiques, celui-ci propose en paralèlle une trame plus scénarsitique et bien trouvée. C'est le plus qui le distingue des autres. Malheureusement comme les autres, il laissera un goût amer dans la bouche de tous les lecteurs-citoyens car on se doute que la situation risque de perdurer et que bien d'autres scandales ne demandent qu'à éclater au grand jour...
J'ai apprécié la lecture de cette série même si je suis toujours un peu réticent devant la mise en vedette des gangsters.
Je ferai une exception compte tenu de la personnalité de Stéphanie St Clair alias Queenie née en Martinique dans la grande pauvreté.
Elle réussit l'exploit de se faire une place parmi les Luciano et autres Dutch Schultz, légendes du crime New Yorkais.
Le scénario d'Aurélie Lévy et Elizabeth Colomba peut se décomposer en deux parties juxtaposées. Une partie biographique plus ou moins romancée sur la jeunesse de Queenie et ses différentes mésaventures , partie qui s'intercalle dans une partie thriller qui fait le corps et le suspens du récit.
La partie bio installe la personnalité de Stéphanie pour expliquer ses dons pour les affaires et sa carapace construite à partir d'une sexualité malmenée dès son enfance.
Le choix des auteures est de ne pas montrer la progression de Queenie dans le monde du crime. Elle profite d'une niche laissée à l'abandon par les gros requins.
Le récit prend de l'ampleur et du suspens au moment où les requins deviennent gourmands et affrontent Queenie. De plus le jeu est brouillé par une police corrompue dont on ne connait pas toujours les motivations.
Il y a un petit côté "Les Infiltrés" de Martin Scorsese pas désagréable du tout dans la conduite du récit.
J'ai beaucoup aimé le N&B très élégant proposé par Elizabeth Colomba. Le trait est fin et précis,les détails (costumes, Club) bien travaillés ce qui rend une atmosphère de thriller très crédible.
Une bonne lecture pour connaître ce personnage rendue attachante par les auteures. Un mélange de bio et de thriller bien dosé et très plaisant. Une lecture bien récréative.
3 pour la BD mais 4 pour lecture avec le CD en fond sonore.
Une histoire classique de type film noir avec des plans qui foirent, des gangsters en manteau et des boxeurs songeurs.
Le dessin est accrocheur pour ceux qui aiment le charadesigner Yoji Shinkawa (derrière Metal Gear Solid par exemple).
Et puis surtout il y a le CD qui s'accorde à merveille avec la lecture, plus lente mais plus respectueuse du travail de l'auteur. Un petit air jazzy et on se croit dans une enquête de Marlowe. Le même effet que m'a produit l'excellente série Melvile.
Avec cet album je me suis fait avoir, dans le bon sens du terme. Il est 21h, je me mets au lit après 36 heures épuisantes, blotti contre ma fille de 6 mois qui a le Covid avec de fortes fièvres, je tombe de fatigue. Je décide de prendre cet album, marque page juste à côté de moi en me disant qu’au bout de 20 ou 30 pages, je le poserais et sombrerais dans le sommeil…
J’étais complètement à côté de la plaque!
Je lis l’introduction, ça titille ma curiosité, et j’attaque le premier chapitre, puis je me dis « allez, le deuxième », et ainsi de suite jusqu’à m’engloutir les 200 et quelques planches de l’album.
Et quand ça fait ça, et bien je sais que je suis face à un album de qualité, je ne voulais plus le lâcher.
De ces deux auteurs je n’ai lu que Ira Dei qui m’avait laissé assez septique, et leur album dans la série Conan le Cimmérien qui n’est pas vraiment le meilleur de la collection. Autant dire que je pensais lire un album sympathique mais sans plus.
Et bien je ne saurais expliquer pourquoi j’ai autant été transporté dans cette aventure de piraterie.
Après il faut dire que j’aime les histoires de pirates, qui ont maintes fois été traitées en BD, et dont j’ai une bonne quantité de série sur le sujet.
Alors ce n’est pas là meilleur c’est sur, mais elle fait partie du haut du panier.
Le scénario est classique, mais quand je me plonge dans ce genre d’aventure, ce n’est pas forcément l’originalité que je cherche. Mais plutôt une histoire de pirate avec tous les clichés qui vont avec, qu’elle soit bien construite et qu’elle me fasse voyager. Et le contrat est parfaitement remplis.
Une intrigue assez simple, un voyage des Caraïbes aux côtes africaines, des combats, des abordages, un peu de culture sur la piraterie (d’ailleurs j’ai beaucoup aimé le petit dossier en fin d’album, et cette manière dans la préface de mettre à l’honneur les pirates, hommes libres, en faisant des comparaisons avec le monde moderne et l’esclavage contemporain du libéralisme, je regrette presque que ça n’est pas plus été exploité dans le scénario).
C’est vraiment bien écrit, même avec mon énorme fatigue j’ai lu sans problème, c’est fluide.
Et niveau dessin, je pense que pour le moment c’est l’album que j’ai le plus apprécié de ce dessinateur (en attendant d’en découvrir plus), c’est beau, des pleines pages, du dynamisme, du mouvement. Un dessin très travaillé et vraiment de qualité.
Alors c’est sur, ne vous attendez pas à un chef d’œuvre qui révolutionne le genre, mais si vous aimez les histoires de pirateries, et bien c’est tout à fait le genre d’album qui pourrait vous plaire et vous faire passer un très bon moment.
Suite à l'avis de Cacal, je me suis plongé dans cette BD qui parle d'un sujet encore bien tabou et si clivant, la prostitution. Et alors là ... Je me suis réservé l'avis pour le 1.000e que je laisse sur ce site, parce qu'il le fallait.
Cette BD est un chef-d’œuvre, cette BD est à lire, à acheter et à offrir ! Parce qu'elle contient tout et que c'est d'une pertinence rare ! Merde, l'auteure à 24 ans et elle est capable de nous pondre ça !
Mais bon, comme à chaque fois que j'aime une BD je m'emballe, commençons par le début et les défauts : cette BD n'est pas une BD. En tant que telle, il n'y a pratiquement jamais de juxtaposition d'images pour leur conférer un sens. C'est avant tout du texte, stylisé et mis en scène, avec quelques images qui servent de support ou d'ajouts. Donc en terme d'art narratif et de narration par l'image, c'est non. Deuxième point, le dessin est pas franchement beau ni particulièrement léché. On sent une certaine volonté très punk dans les représentations mais globalement ça serait assez difficile de le qualifier de beau. Après, il y a des visuels qui marquent plus d'une fois.
Maintenant, le reste. Et là, je suis partisan de dire que c'est parfait ! Une démonstration rigoureuse, claire et précise de son propos. Lequel ? La prostitution, le féminisme, le capitalisme, les normes de genre, la sexualité, la masculinité, le patriarcat, la révolution ... Je m'emballe un poil, mais pour une fois, POUR UNE FOIS, que je lis un traité féministe qui montre justement comment cette lutte pour des droits passe par une lutte contre le capitalisme et des idéologies qu'on nous fourre dans le crane depuis l'enfance. Quelle belle idée, parler de pute pour parler de révolution ! Parce que si tout le monde a un avis sur elles, souvent sans les connaitre, je suis pratiquement certain que déconstruire notre avis sur elles est la clé pour déconstruire bien d'autres choses.
J'ai listé en haut les thèmes que la BD aborde, mais c'est ahurissant de voir à quel point elle a tout lié de manière parfaitement fluide dans son propos et à quel point c'est marquant dans les phrases (c'est catchy !) et dans le déroulé. Je n'ai jamais senti de fabrication artificielle de son propos qui déroule tout naturellement l'argumentaire. Et quel plaisir de lire tant de critiques envers ce que je déteste tant, entre objectivisation des prostituées pour un combat ou un autre, réflexion sur la sexualité et les normes, le travail et le mode de vie, le rapport des genres et la construction sociale de ceux-ci ... Pour ma part, elle a prêché un converti (j'étais déjà bien plus ouvert sur la question de la prostitution suite à des échanges avec des femmes travaillant en tant que TDS) mais je suis tellement content de voir ça. De lire qu'il faut arrêter définitivement ce concours de quéquettes permanent entre hommes, qu'il faut laisser les femmes jouir librement comme elles l'entendent, qu'il faut déconstruire les genres et notre rapport au sexe ... Oui, je suis d'accord, la véritable révolution sexuelle n'a pas encore eu lieu et nous pouvons y arriver !
Je m'épanche, mais je dois surtout me contenir pour ne pas redire tout ce qui est contenu ici. Parce que Klou a fait parfaitement bien son travail, je dois juste dire : courrez le lire, remettez en question vos préjugés sur la prostitution (vous en avez, ne me faites pas croire le contraire), repensez votre sexualité et faisons enfin la révolution des mœurs, celle qui nous laissera tous plus libres et plus heureux !
Peut-être l’œuvre la plus révolutionnaire que j'ai vu publiée ces dernières années. Klou, si tu me lis, de la part d'un hétéréo-cis-blanc, merci, merci merci !
Voilà une bien belle BD sur la question de la problématique de la question ethnique, toujours bien prépondérante aujourd'hui comme de nombreux incidents en témoignent, sans parler de la peur du grand remplacement.
La BD parle d'une histoire inventée pour l'occasion mais qui permet de lier de façon très fluide deux périodes temporelles : la guerre de Sécession, où les États-Unis rêvent de liberté, et la Seconde Guerre Mondiale, où des noirs commencent à rêver aussi d'émancipation. La quête de liberté pour les noirs américains est ainsi replacée dans deux contextes différents (esclavage et ségrégation) avec ce qu'il faut de contexte à chaque fois. J'aime beaucoup le développement des personnages sur la question du racisme, entre l'acceptation passive, la résignation, la colère ou la revendication politique. Ce spectre est bien étalé, montrant que ce ne fut jamais le combat d'un seul ni de tous. Le traitement des noirs dans l'armée est d'ailleurs assez cruel, exploitation et utilisation en première ligne notamment.
L'ensemble de l'histoire est prenante, et pour une fois je ne me suis pas senti blasé par l'utilisation de la Seconde Guerre Mondiale qui semble revenir à toutes les sauces dans bien trop d’œuvres diverses et variées. La tension dramatique monte avec cette découverte puis recherche d'un drapeau, ces liens entre personnages progressivement liés. Le final est à la hauteur du reste et n'a pas été sans m'évoquer d'autres histoires qui savent ainsi finir sur une note tragique et cruelle, montrant parfois la banalité tragique de certains faits divers.
Une très chaude recommandation, c'est parfaitement bien exécuté !
Mon avis ne sera pas aussi "coup de gueule " que bon nombre de mes prédécesseurs. Bien sûr la très bonne enquête d'Inès Léraud donne des haut-le-coeur et pas seulement à cause de l'odeur de l'hydrogène sulfuré, nos bonnes vieilles boules puantes.
J'ignorais d'ailleurs la toxicité à haute concentration de ce gaz et c'est le premier point positif de la série d'accroitre ma vigilence pour ma santé et celle de mes enfants si nous croisons cette ignominie au détour d'une promenade sur une plage ou un cours d'eau.
Ensuite il y a le fond de l'enquête. Le récit de l'autrice est très bien construit. Elle réussit à capter notre attention dès les premières pages en introduisant une forte émotion dans sa proposition en nous présentant cette inertie qui fait perdre une vingtaine d'années à la tentive de solution.
20 ans où des promeneurs inconscients du danger ont pu se faire piéger mais que leurs disparitions soient classées comme noyades comme l'explique la fin de l'enquête.
En face il y a des prises de positions politiques des années 60/70 que l'on peut contester mais qui répondaient à une certaine logique pour une région pauvre et enclavée. À cette époque on cherchait encore dans le dictionnaire le sens du mot écologie et c'est le progrès (energétique, alimentaire,mobilité) qui guidait les décisions des politiques à quelques très rares exceptions.
Une fois la menace détectée c'est désolant de constater le manque de réactivité des autorités même si l'ouvrage d'Inès Léraud concentre les erreurs et les parapluies sur quelques pages ce qui amplifie l'effet d'indignation.
Dans la pratique bouger un système administratif aussi complexe demande plus qu'un unique rapport de médecin (il peut aussi faire une erreur ). C'est d'ailleurs la partie que j'aime le moins dans l'enquête où Léraud multiplie les cases avec des juges qui donnent des non lieux. Cela m'a donné l'impression d'une justice orientée dans cette affaire. Ce que je refuse de penser.
C'est évident qu'au-delà de la toxicité des algues, des mesures fortes auraient du être prises bien antérieurement ( odeur, esthétique). Mais là encore il faut connaître le circuit décisionnaire pour savoir que c'est long et coûteux sauf si un premier ministre décide que c'est prioritaire et débloque des fonds en urgence. C'est aussi le rôle des assos ,très bien mis en valeur par Léraud, de ne jamais laisser le couvercle se refermer.
Le graphisme de Pierre Van Hove accompagne très bien le documentaire. Il traduit bien l'asopect journalistique du scénario. Cela rend le récit très fluide et captivant avec des rebondissements qui maintiennent l'indignation à son haut niveau.
Une très bonne lecture qui interroge sur la volonté actuelle des politiques de changer de cap derrière les discours annonces sur le futur de la planète.
C'est le premier ouvrage de Tardi sur le Grande Guerre que je lis. J'ai beaucoup aimé cette ballade en enfer du brancardier Augustin.
Tardi n'a rien perdu de son pouvoir d'indignation à propos de cet absurde conflit. Il rappelle que l'immensité des victimes de tous les bords n'avaient rien à faire dans les tranchées boueuses de la Somme ou de Verdun (ou ailleurs en Europe).
Les sauts de puce d'Augustin nous permettent de découvrir des situations à l'extrême du non sens et de la cruauté au sein même de ses propres troupes (tirailleurs, Bantams,médecins à la recherche des faux bléssés). J'ai bien aimé le personnage d'Augustin qui transgresse son pacifisme sous la pression des événements mais qui se reprend en conscience.
J'ai trouvé l'épisode d'Hitler un peu facile et souvent utilisé pour toucher du doigt la contingence.
Les dialogues sont très présents, toujours justes avec cette pointe de distance cynique qui fait réfléchir.
Le graphisme de Tardi est très abouti au sommet de sa maîtrise dans les scènes de combats apocalyptiques.
Une très bonne lecture toujours aussi moderne. Je n'avais pas le CD
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La Marche Brume
J’aime la BD (le scoop !!) et je suis ravi de voir qu’elle a encore de beaux jours devant elle. Je fais référence à cette génération d’auteurs qui en quelques albums sont devenus, à mes yeux, des valeurs sûres (P-H Gomont, T. Le Boucher …). Stéphane Fert en fait également partie, même s’il n’est pas systématiquement seul à la barre, j’aime la sensibilité qui se dégage dans le traitement de ses sujets, je trouve qu’il y a toujours un côté féerique. Le tout est systématiquement sublimé par sa patte graphique, aux couleurs si chatoyantes pour mes rétines. Bref vous l’aurez compris, je pars déjà conquis, mais qu’en est t’il vraiment ? Pour qui connaît l’auteur, La marche brume ne surprendra guère, on connait maintenant sa marque de fabrique. Un graphisme inspiré dans une mise en page impeccable, je ne sais pas trop comment expliquer mais j’adhère totalement à son style, malgré la fureur de certaines scènes, ses planches m’apaisent, j’aime m’y perdre, je ressens comme un effet doux thérapeutique. Niveau histoire, on retrouve son amour pour les contes. Cette fois, il se lance dans une série et développe autour de sorcières une fable moderne, subtilement teintée d’un zeste de féminisme et d’écologie. Rien de bien sorcier dans les ingrédients mais un scénario qui n’ira pas dans les lieux communs, un bon début d’aventure, fluide, dense et plein de magie dans sa réalisation. Ce n’est pas mon album préféré de l’auteur, mais c’est toujours vachement bien. Enjoy :)
Melvile
4.5 Melvile, c'est un univers dans un espace clos. Ce sont 3 tomes tout à la fois émouvant, fantastique, angoissant, intrigant. Un lieu ou plutôt des lieux dont on découvre l'intimité de leurs habitants et de leurs secrets. Ce sont de magnifiques planches aux tons délavés d'un lavis de mélancolie, dépayant des paysages grandioses et des âmes recluses. C'est une bande sonore créée par l'auteur qui colle à merveille à la lecture et multiplie l'immersion. En fait, Melvile c'est Twin Peaks couché sur papier. Et ça c'est le plus grand compliment que je puisse faire.
Algues vertes - L'Histoire interdite
C'est bien cette tendance aux BD d'investigation qui met en lumière au grand public des thèmes dont les ramifications vont loin, à l'instar de Capital & Idéologie, Economix ou le récent Le Monde sans fin. Ils rendent limpides ce qui était avant minutieusement détaillé dans de gros pavés qui finalement peu lisaient jusqu'au bout, ce qui est malheureux lorsqu'il s'agit de scandales impactant le tout un chacun sur le long terme. Ouvrages souvent didactiques, celui-ci propose en paralèlle une trame plus scénarsitique et bien trouvée. C'est le plus qui le distingue des autres. Malheureusement comme les autres, il laissera un goût amer dans la bouche de tous les lecteurs-citoyens car on se doute que la situation risque de perdurer et que bien d'autres scandales ne demandent qu'à éclater au grand jour...
Queenie - La Marraine de Harlem
J'ai apprécié la lecture de cette série même si je suis toujours un peu réticent devant la mise en vedette des gangsters. Je ferai une exception compte tenu de la personnalité de Stéphanie St Clair alias Queenie née en Martinique dans la grande pauvreté. Elle réussit l'exploit de se faire une place parmi les Luciano et autres Dutch Schultz, légendes du crime New Yorkais. Le scénario d'Aurélie Lévy et Elizabeth Colomba peut se décomposer en deux parties juxtaposées. Une partie biographique plus ou moins romancée sur la jeunesse de Queenie et ses différentes mésaventures , partie qui s'intercalle dans une partie thriller qui fait le corps et le suspens du récit. La partie bio installe la personnalité de Stéphanie pour expliquer ses dons pour les affaires et sa carapace construite à partir d'une sexualité malmenée dès son enfance. Le choix des auteures est de ne pas montrer la progression de Queenie dans le monde du crime. Elle profite d'une niche laissée à l'abandon par les gros requins. Le récit prend de l'ampleur et du suspens au moment où les requins deviennent gourmands et affrontent Queenie. De plus le jeu est brouillé par une police corrompue dont on ne connait pas toujours les motivations. Il y a un petit côté "Les Infiltrés" de Martin Scorsese pas désagréable du tout dans la conduite du récit. J'ai beaucoup aimé le N&B très élégant proposé par Elizabeth Colomba. Le trait est fin et précis,les détails (costumes, Club) bien travaillés ce qui rend une atmosphère de thriller très crédible. Une bonne lecture pour connaître ce personnage rendue attachante par les auteures. Un mélange de bio et de thriller bien dosé et très plaisant. Une lecture bien récréative.
Requiem pour un champion
3 pour la BD mais 4 pour lecture avec le CD en fond sonore. Une histoire classique de type film noir avec des plans qui foirent, des gangsters en manteau et des boxeurs songeurs. Le dessin est accrocheur pour ceux qui aiment le charadesigner Yoji Shinkawa (derrière Metal Gear Solid par exemple). Et puis surtout il y a le CD qui s'accorde à merveille avec la lecture, plus lente mais plus respectueuse du travail de l'auteur. Un petit air jazzy et on se croit dans une enquête de Marlowe. Le même effet que m'a produit l'excellente série Melvile.
La République du Crâne
Avec cet album je me suis fait avoir, dans le bon sens du terme. Il est 21h, je me mets au lit après 36 heures épuisantes, blotti contre ma fille de 6 mois qui a le Covid avec de fortes fièvres, je tombe de fatigue. Je décide de prendre cet album, marque page juste à côté de moi en me disant qu’au bout de 20 ou 30 pages, je le poserais et sombrerais dans le sommeil… J’étais complètement à côté de la plaque! Je lis l’introduction, ça titille ma curiosité, et j’attaque le premier chapitre, puis je me dis « allez, le deuxième », et ainsi de suite jusqu’à m’engloutir les 200 et quelques planches de l’album. Et quand ça fait ça, et bien je sais que je suis face à un album de qualité, je ne voulais plus le lâcher. De ces deux auteurs je n’ai lu que Ira Dei qui m’avait laissé assez septique, et leur album dans la série Conan le Cimmérien qui n’est pas vraiment le meilleur de la collection. Autant dire que je pensais lire un album sympathique mais sans plus. Et bien je ne saurais expliquer pourquoi j’ai autant été transporté dans cette aventure de piraterie. Après il faut dire que j’aime les histoires de pirates, qui ont maintes fois été traitées en BD, et dont j’ai une bonne quantité de série sur le sujet. Alors ce n’est pas là meilleur c’est sur, mais elle fait partie du haut du panier. Le scénario est classique, mais quand je me plonge dans ce genre d’aventure, ce n’est pas forcément l’originalité que je cherche. Mais plutôt une histoire de pirate avec tous les clichés qui vont avec, qu’elle soit bien construite et qu’elle me fasse voyager. Et le contrat est parfaitement remplis. Une intrigue assez simple, un voyage des Caraïbes aux côtes africaines, des combats, des abordages, un peu de culture sur la piraterie (d’ailleurs j’ai beaucoup aimé le petit dossier en fin d’album, et cette manière dans la préface de mettre à l’honneur les pirates, hommes libres, en faisant des comparaisons avec le monde moderne et l’esclavage contemporain du libéralisme, je regrette presque que ça n’est pas plus été exploité dans le scénario). C’est vraiment bien écrit, même avec mon énorme fatigue j’ai lu sans problème, c’est fluide. Et niveau dessin, je pense que pour le moment c’est l’album que j’ai le plus apprécié de ce dessinateur (en attendant d’en découvrir plus), c’est beau, des pleines pages, du dynamisme, du mouvement. Un dessin très travaillé et vraiment de qualité. Alors c’est sur, ne vous attendez pas à un chef d’œuvre qui révolutionne le genre, mais si vous aimez les histoires de pirateries, et bien c’est tout à fait le genre d’album qui pourrait vous plaire et vous faire passer un très bon moment.
Bagarre érotique - Récits d'une travailleuse du sexe
Suite à l'avis de Cacal, je me suis plongé dans cette BD qui parle d'un sujet encore bien tabou et si clivant, la prostitution. Et alors là ... Je me suis réservé l'avis pour le 1.000e que je laisse sur ce site, parce qu'il le fallait. Cette BD est un chef-d’œuvre, cette BD est à lire, à acheter et à offrir ! Parce qu'elle contient tout et que c'est d'une pertinence rare ! Merde, l'auteure à 24 ans et elle est capable de nous pondre ça ! Mais bon, comme à chaque fois que j'aime une BD je m'emballe, commençons par le début et les défauts : cette BD n'est pas une BD. En tant que telle, il n'y a pratiquement jamais de juxtaposition d'images pour leur conférer un sens. C'est avant tout du texte, stylisé et mis en scène, avec quelques images qui servent de support ou d'ajouts. Donc en terme d'art narratif et de narration par l'image, c'est non. Deuxième point, le dessin est pas franchement beau ni particulièrement léché. On sent une certaine volonté très punk dans les représentations mais globalement ça serait assez difficile de le qualifier de beau. Après, il y a des visuels qui marquent plus d'une fois. Maintenant, le reste. Et là, je suis partisan de dire que c'est parfait ! Une démonstration rigoureuse, claire et précise de son propos. Lequel ? La prostitution, le féminisme, le capitalisme, les normes de genre, la sexualité, la masculinité, le patriarcat, la révolution ... Je m'emballe un poil, mais pour une fois, POUR UNE FOIS, que je lis un traité féministe qui montre justement comment cette lutte pour des droits passe par une lutte contre le capitalisme et des idéologies qu'on nous fourre dans le crane depuis l'enfance. Quelle belle idée, parler de pute pour parler de révolution ! Parce que si tout le monde a un avis sur elles, souvent sans les connaitre, je suis pratiquement certain que déconstruire notre avis sur elles est la clé pour déconstruire bien d'autres choses. J'ai listé en haut les thèmes que la BD aborde, mais c'est ahurissant de voir à quel point elle a tout lié de manière parfaitement fluide dans son propos et à quel point c'est marquant dans les phrases (c'est catchy !) et dans le déroulé. Je n'ai jamais senti de fabrication artificielle de son propos qui déroule tout naturellement l'argumentaire. Et quel plaisir de lire tant de critiques envers ce que je déteste tant, entre objectivisation des prostituées pour un combat ou un autre, réflexion sur la sexualité et les normes, le travail et le mode de vie, le rapport des genres et la construction sociale de ceux-ci ... Pour ma part, elle a prêché un converti (j'étais déjà bien plus ouvert sur la question de la prostitution suite à des échanges avec des femmes travaillant en tant que TDS) mais je suis tellement content de voir ça. De lire qu'il faut arrêter définitivement ce concours de quéquettes permanent entre hommes, qu'il faut laisser les femmes jouir librement comme elles l'entendent, qu'il faut déconstruire les genres et notre rapport au sexe ... Oui, je suis d'accord, la véritable révolution sexuelle n'a pas encore eu lieu et nous pouvons y arriver ! Je m'épanche, mais je dois surtout me contenir pour ne pas redire tout ce qui est contenu ici. Parce que Klou a fait parfaitement bien son travail, je dois juste dire : courrez le lire, remettez en question vos préjugés sur la prostitution (vous en avez, ne me faites pas croire le contraire), repensez votre sexualité et faisons enfin la révolution des mœurs, celle qui nous laissera tous plus libres et plus heureux ! Peut-être l’œuvre la plus révolutionnaire que j'ai vu publiée ces dernières années. Klou, si tu me lis, de la part d'un hétéréo-cis-blanc, merci, merci merci !
Cinq branches de coton noir
Voilà une bien belle BD sur la question de la problématique de la question ethnique, toujours bien prépondérante aujourd'hui comme de nombreux incidents en témoignent, sans parler de la peur du grand remplacement. La BD parle d'une histoire inventée pour l'occasion mais qui permet de lier de façon très fluide deux périodes temporelles : la guerre de Sécession, où les États-Unis rêvent de liberté, et la Seconde Guerre Mondiale, où des noirs commencent à rêver aussi d'émancipation. La quête de liberté pour les noirs américains est ainsi replacée dans deux contextes différents (esclavage et ségrégation) avec ce qu'il faut de contexte à chaque fois. J'aime beaucoup le développement des personnages sur la question du racisme, entre l'acceptation passive, la résignation, la colère ou la revendication politique. Ce spectre est bien étalé, montrant que ce ne fut jamais le combat d'un seul ni de tous. Le traitement des noirs dans l'armée est d'ailleurs assez cruel, exploitation et utilisation en première ligne notamment. L'ensemble de l'histoire est prenante, et pour une fois je ne me suis pas senti blasé par l'utilisation de la Seconde Guerre Mondiale qui semble revenir à toutes les sauces dans bien trop d’œuvres diverses et variées. La tension dramatique monte avec cette découverte puis recherche d'un drapeau, ces liens entre personnages progressivement liés. Le final est à la hauteur du reste et n'a pas été sans m'évoquer d'autres histoires qui savent ainsi finir sur une note tragique et cruelle, montrant parfois la banalité tragique de certains faits divers. Une très chaude recommandation, c'est parfaitement bien exécuté !
Algues vertes - L'Histoire interdite
Mon avis ne sera pas aussi "coup de gueule " que bon nombre de mes prédécesseurs. Bien sûr la très bonne enquête d'Inès Léraud donne des haut-le-coeur et pas seulement à cause de l'odeur de l'hydrogène sulfuré, nos bonnes vieilles boules puantes. J'ignorais d'ailleurs la toxicité à haute concentration de ce gaz et c'est le premier point positif de la série d'accroitre ma vigilence pour ma santé et celle de mes enfants si nous croisons cette ignominie au détour d'une promenade sur une plage ou un cours d'eau. Ensuite il y a le fond de l'enquête. Le récit de l'autrice est très bien construit. Elle réussit à capter notre attention dès les premières pages en introduisant une forte émotion dans sa proposition en nous présentant cette inertie qui fait perdre une vingtaine d'années à la tentive de solution. 20 ans où des promeneurs inconscients du danger ont pu se faire piéger mais que leurs disparitions soient classées comme noyades comme l'explique la fin de l'enquête. En face il y a des prises de positions politiques des années 60/70 que l'on peut contester mais qui répondaient à une certaine logique pour une région pauvre et enclavée. À cette époque on cherchait encore dans le dictionnaire le sens du mot écologie et c'est le progrès (energétique, alimentaire,mobilité) qui guidait les décisions des politiques à quelques très rares exceptions. Une fois la menace détectée c'est désolant de constater le manque de réactivité des autorités même si l'ouvrage d'Inès Léraud concentre les erreurs et les parapluies sur quelques pages ce qui amplifie l'effet d'indignation. Dans la pratique bouger un système administratif aussi complexe demande plus qu'un unique rapport de médecin (il peut aussi faire une erreur ). C'est d'ailleurs la partie que j'aime le moins dans l'enquête où Léraud multiplie les cases avec des juges qui donnent des non lieux. Cela m'a donné l'impression d'une justice orientée dans cette affaire. Ce que je refuse de penser. C'est évident qu'au-delà de la toxicité des algues, des mesures fortes auraient du être prises bien antérieurement ( odeur, esthétique). Mais là encore il faut connaître le circuit décisionnaire pour savoir que c'est long et coûteux sauf si un premier ministre décide que c'est prioritaire et débloque des fonds en urgence. C'est aussi le rôle des assos ,très bien mis en valeur par Léraud, de ne jamais laisser le couvercle se refermer. Le graphisme de Pierre Van Hove accompagne très bien le documentaire. Il traduit bien l'asopect journalistique du scénario. Cela rend le récit très fluide et captivant avec des rebondissements qui maintiennent l'indignation à son haut niveau. Une très bonne lecture qui interroge sur la volonté actuelle des politiques de changer de cap derrière les discours annonces sur le futur de la planète.
Le Dernier assaut
C'est le premier ouvrage de Tardi sur le Grande Guerre que je lis. J'ai beaucoup aimé cette ballade en enfer du brancardier Augustin. Tardi n'a rien perdu de son pouvoir d'indignation à propos de cet absurde conflit. Il rappelle que l'immensité des victimes de tous les bords n'avaient rien à faire dans les tranchées boueuses de la Somme ou de Verdun (ou ailleurs en Europe). Les sauts de puce d'Augustin nous permettent de découvrir des situations à l'extrême du non sens et de la cruauté au sein même de ses propres troupes (tirailleurs, Bantams,médecins à la recherche des faux bléssés). J'ai bien aimé le personnage d'Augustin qui transgresse son pacifisme sous la pression des événements mais qui se reprend en conscience. J'ai trouvé l'épisode d'Hitler un peu facile et souvent utilisé pour toucher du doigt la contingence. Les dialogues sont très présents, toujours justes avec cette pointe de distance cynique qui fait réfléchir. Le graphisme de Tardi est très abouti au sommet de sa maîtrise dans les scènes de combats apocalyptiques. Une très bonne lecture toujours aussi moderne. Je n'avais pas le CD