Les derniers avis (38815 avis)

Par Yann135
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série L'Or du spectre
L'Or du spectre

Cet été je suis parti faire un trip Colorado, Utah et Nouveau Mexique ! A moi les grandes étendues sauvages ! J’ai glissé dans ma valise 1 seul album ! 1 seul mais pas n’importe lequel ! Cela ne pouvait qu’être l'or du Spectre, fruit de la collaboration entre Philippe Xavier et Matz. Mais quelle claque les amis ! Dès les premières pages, on est saisi par la qualité exceptionnelle du dessin de Philippe Xavier, dont le trait précis et détaillé donne vie à un univers visuel riche et immersif. Chaque case est une véritable œuvre d'art, où les jeux d'ombres et de lumières, les expressions des personnages et les décors minutieusement travaillés ne peuvent que vous captiver et vous transporter dans une atmosphère à la fois sombre et envoûtante. C’est sublissime. Et je peux vous l’assurer, on s’y croirait ! J’y suis dans le décor en ce moment ! Le scénario de Matz est tout simplement magistral. L'histoire, complexe et bien construite, mêle habilement intrigue policière, suspense et réflexion sur des thèmes universels tels que la cupidité, la trahison et la rédemption. Les personnages sont développés, avec des motivations et des arcs narratifs qui les rendent attachants et crédibles. Chaque détail compte et chaque rebondissement est savamment amené. L'un des points forts de cet album réside dans sa capacité à maintenir un suspense haletant tout au long de l'album. Matz excelle dans l'art de distiller les indices et de jouer avec les attentes des lecteurs les plus exigeants, créant une tension narrative qui ne faiblit jamais. Les dialogues, percutants et naturels, ajoutent une dimension supplémentaire à l'histoire, révélant les personnalités des personnages et faisant avancer l'intrigue avec brio. Philippe Xavier réussit quant à lui à traduire cette tension en images, utilisant des cadrages audacieux et des compositions dynamiques pour amplifier l'impact des scènes clés. C’est tout bonnement génial ! Visuellement pour vos pupilles délicates c’est le grand bonheur. Je ne peux que recommander chaudement cet album qui hume la poussière des grands espaces désertiques, et qui nous ramène avec délectation dans un far west plus contemporain mais ô combien délicieux.

24/07/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Les Cœurs de ferraille
Les Cœurs de ferraille

Une bonne série jeunesse qui m'a bien surpris parce que je pensais lire un truc sympathique sans plus. Le premier truc qui m'a frappé dès les premières pages est le dessin. Le style de Munuera est beaucoup plus réaliste dans cette série que dans ses œuvres habituelles qui avaient un coté cartoon. J'ai bien aimé, surtout que le style va très bien pour cet univers. Chaque tome raconte une histoire indépendante avec des personnages différents à chaque fois. J'avoue que j'ai été un peu déçu au second tome de voir que les personnages du premier tome que je trouvais terriblement attachants n'allaient pas revenir alors que j'aurais bien aimé suivre leurs aventures sur plusieurs tomes, mais ce n'est pas trop grave. L'action se passe dans un décor du 19ème siècle où les robots existent et sont maltraités. On retrouve donc des thèmes récurrents dans ce genre de publication jeunesse comme la tolérance et je trouve que c'est bien fait et qu'on ne prends pas les enfants pour des idiots. Le seul bémol est que le dernier tome m'a moins passionné que les deux autres avec une histoire qui m'a semblé un peu trop cliché et souvent prévisible.

23/07/2025 (modifier)
Couverture de la série Black Gospel
Black Gospel

Les auteurs ont décidé de commémorer le discours de Martin Luther King et les événements d'août 1963 à leur façon, avec un polar sombre et poisseux où se déploie toute la noirceur humaine. Un "polar historique" peu commun mais franchement réussi. Le scénariste Laurent-Frédéric Bollée est bien connu de nos services : ce journaliste adepte des sports mécaniques a signé plusieurs BD dont la magistrale histoire de La Bombe atomique. Le voici associé avec le dessinateur Boris Beuzelin, un habitué des albums "policiers" et des adaptations de romans noirs (Siniac, Fajardie, ...), et tous deux célèbrent à leur façon le fameux discours du Dr. Martin Luther King Jr. le 28 août 1963 à Washington. Notons au passage que cet album Black Gospel est sorti en juin et bénéficie d'un joli coup de projecteur grâce à l'inénarrable Trump qui vient tout juste de déclassifier les dossiers relatifs à l'assassinat de Martin Luther King (en 68) ! Laurent-Frédéric Bollée n'a pas oublié son métier de journaliste et il a construit l'arrière-plan historique de son intrigue sur plusieurs faits bien réels. On l'a dit, le 28 août 1963, Martin Luther King prononce son fameux discours ponctué de quatre mots devenus les plus célèbres de l'Histoire : « I have a dream ». Le jour même deux jeunes femmes blanches sont assassinées à Washington, c'est l'affaire des Career Girls dont le coupable ne sera jamais identifié. Et la veille du célèbre discours, William Edward Burghardt Du Bois, un intellectuel black (que l'on peut voir comme l'un des précurseurs de Martin Luther King) s'éteint au Ghana où il avait fui les persécutions US. Depuis cette gigantesque manifestation d'août 1963, chaque année des cérémonies sont organisées à Washington, en mémoire du discours emblématique contre la ségrégation raciale. En août 1983, Washington s'apprête à commémorer le vingtième anniversaire du discours de Martin Luther King. Au même moment, la police du NYPD découvre à Manhattan deux jeunes femmes noires sauvagement poignardées. Elles démarraient leur carrière comme avocates. Sur le mur un message sibyllin, inscrit en lettres de sang : M2817. L'assassin semble vouloir jouer les copycat du double meurtre sauvage d'août 63. « [...] Voir qu'un type recrée un meurtre vieux de vingt ans à New York me fait dire qu'on n'est pas à l'abri ici à Washington ... » Un flic de New York, Jack Kovalski, va devoir faire équipe avec un collègue de Washington, Jimmy Chang, d'origine asiatique et Kovalski propose d'emblée une franche et virile collaboration : « Ne te fais pas d'illusions Shanghaï. Les jaunes m'ont toujours cassé les couilles ». Kovalski n'aime pas trop les noirs non plus : son père et son grand-père étaient flics et « les deux se sont fait buter en patrouille par des noirs ». Voilà, quelques cases et le décor est posé ! Mais quels sont les liens entre ces personnages, entre ces événements, entre ces dates ? Les meurtres aux États-Unis de 1983 ont-ils leurs racines dans le Ghana de 1963 ? Si l'intrigue est celle d'un polar on ne peut plus classique, c'est également un album nourri d'une belle documentation et L.F. Bollée nous apprendra plein de choses sur ces personnages et événements réels, d'autant que les auteurs ont choisi une structure en flash-back empruntée aux romans. À l'aide d'allers-retours entre les périodes (1963, 1983, 2013, ...), l'imbrication complexe entre les différents éléments de l'intrigue reste fluide et permet de faire connaissance peu à peu avec chaque personnage et son passé. Côté dessins, le noir & blanc est décidément très à la mode et celui de Boris Beuzelin, très contrasté, très noir (sans mauvais jeu de mots), exsude toute la sombre et poisseuse violence qui convenait à ce récit. Car il s'agit bien d'une histoire bien noire où l'on devine un prêtre animé des pires desseins, pris dans une folie toute personnelle.

23/07/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Le Petit Train de la Côte Bleue
Le Petit Train de la Côte Bleue

C’est ça l’humanité, se dire un livre de mille pages à travers un Bonjour. - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2007. Il a été réalisé par Edmond Baudoin pour le scénario et les dessins. Il comprend cinquante-six pages de bande dessinée en noir & blanc. Il s’agit d’un ouvrage qui se présente en format paysage. C’est lors de sa résidence à Vitrolles en 1993 qu’Edmond Baudoin a découvert cette ligne. Il écrivait La mort du peintre, et c’était un bonheur à chaque fois qu’il lui fallait faire le voyage en train entre ces deux villes. Toujours émerveillé par la beauté des paysages entrevus entre deux tunnels, toujours malheureux de constater la haine qu’ont certains hommes avec la beauté. Cette haine, il est né dedans, il la connait à Nice. Il était difficile d’abîmer un aussi beau paysage que la baie des Anges. Les hommes qui aiment l’argent y sont arrivés. L’argent corrompt les hommes et les paysages. Le voyage de l’auteur commence à la gare Saint-Charles à Marseille, une très belle gare, avec un grand escalier qui, chaque fois qu’il le grimpe, lui fait penser à un palais de Justice. Quelle justice peut contenir une gare ? Alors que le train a démarré, le voyageur aperçoit des graffitis sur un mur, ce qui alimente son flux de pensée. Il aime bien les tags les graffs… Ça fait vivre le béton. Ça fait vivre le béton et ça donne de la vie à celui qui la fait. Edmond recopie ces tags sur du papier. Ils vont vivre ainsi plus longtemps que sur les murs. Donc le papier est plus solide que le béton. Quelle justice peut contenir une gare ? L’argent corrompt les hommes qui ensuite, sans problème, détruisent la beauté. Plus tard, il faut beaucoup d’abnégation pour celui est né et qui vit dans la laideur pour ne pas être corrompu par elle. Ce devrait être un processus normal et sans fin. D’horreurs en horreurs jusqu’à l’innommable. Pourtant ce n’est pas le cas. D’où ce qu’il reste à Edmond de sa confiance en l’homme. Gare de l’Estaque. Après la gare de l’Estaque, le train repart en direction de Miramas. Il regarde dans la direction de Miramas. Il tourne la tête et regarde dans la direction de Marseille. Le train entre dans un tunnel. Dans le wagon, en face de lui, une très jolie jeune fille. Pourquoi est-elle dans ce train ? Travail, vacances ? Amour ?… Elle a tourné la tête, regarde la mer. Gênée par les yeux d’Edmond sur elle ? Peut-être ? Peut-être qu’elle ne l’a même pas vu ? Qui est-elle ? Elle est comme un voyage. Un voyage c’est quoi ? Il se pose des questions sur elle, il l’invente. En vérité son pays est ailleurs. Il s’invente elle, parce qu’elle est jolie, elle l’envahit, elle lui invente des questions. Alors… Si c’est vrai, on ne va jamais dans un pays, un beau paysage, c’est le paysage qui nous invente, nous dépasser par les questions… Par… Il délire. La très jolie jeune fille prépare son sac, elle s’apprête à descendre à la prochaine gare. La très jolie jeune fille est descendue à La Redonne-Ensues. L’auteur est descendu aussi. Il avait prévu cette halte. Une amie attendait la très jolie jeune fille. Son amie est très joie aussi. Elles s’en vont, devant lui, en riant. Elles vont peut-être là-bas dans la pinède ?… Il rêve… Être juste leur ami, être avec elles, juste aujourd’hui. Les écouter, juste les écouter pour rêver leurs rêves. Accompagner Edmond Baudoin dans ses déplacements, une proposition originale, ou peut-être saugrenue ? Prendre le train avec lui, celui qui relie Marseille à Miramas. En page d’ouverture, le lecteur découvre le billet train d’époque, c’est-à-dire 2007, avec le petit dépliant qui liste les gares desservies et les horaires, accompagné par un plan sommaire. La liste des arrêts, en gardant en tête qu’ils ne sont pas tous desservis par chaque train au départ de Marseille-St-Charles : St-Barthélémy, le Canet, St-Louis-les-Aygalades, Seon-St-Henry, L’Estaque, Niolon, La Redon-Ensuès, Carry-le-Rouet, Sausset-les-Pins, La Couronne, Martigues, Croix-Sainte, Port-de-Bouc, Fos/Mer, Rassuen, Istres, Pas-des-Lanciers, Vitrolles, Rognac, Berre, St-Chamas, Miramas. Le lecteur peut ainsi identifier chaque arrêt mentionné par l’auteur, et imaginer par lui-même la durée du trajet globale (entre cinquante minutes et une heure dix), ainsi que la durée entre deux arrêts. S’il connaît cette ligne, il reconnaît facilement certains endroits, où il mesure les changements advenus depuis, en une vingtaine d’années ou plus. Il peut alors se projeter, s’imaginer regarder par la fenêtre, tout en se disant que de nouvelles générations de rames ont remplacé celle empruntée par Baudoin. Il peut comparer son propre regard à celui proposé par l’artiste, saisir la différence de sensibilité qui l’anime par rapport à Baudoin. Avec cette liberté inimitable et spontanée, l’auteur évoque son voyage, peut-être tel qu’il en a vécu un parmi d’autres, puisqu’il indique qu’il accomplit cet aller-retour régulièrement, plus vraisemblablement une reconstitution composite à partir de plusieurs voyages. D’ailleurs il l’évoque dans la conclusion : il donne ce qui est en lui, en tant qu’humain, comme le lecteur, pas plus, pas moins, il le donne avec des mots qui ressemblent à des traits, des traits qui ressemblent à des mots, sa musique intérieure s’entrelaçant sur du papier, ainsi le lecteur va vivre ce que l’auteur a vécu sur cette Côte Bleue. Le lecteur prend donc cette collection d’anecdotes au fil des kilomètres comme la totalité de ce que Baudoin a vu et a assimilé en son intimité, qu’il a trituré, et qu’il donne en tant qu’essence de son ressenti. Le lecteur voit ainsi à travers les yeux de l’artiste différents paysages, des arrêts en gare et des moments hétéroclites. Des graffitis sur du béton, la côte de Marseille qui commence à s’éloigner, une magnifique (c’est lui qui le dit) jeune fille assise en face de lui, la beauté de la mer, le viaduc du chemin de fer au-dessus de la Redonne-Ensuès, un adolescent bien habillé qui aborde un groupe de trois filles peu commodes, des murs, des usines dans le lointain, une plage sur laquelle il marche en s’éloignant d’une gare, d’autres usines dans le monde de l’industrie et du pétrole, un homme assis sur chariot à valise lisant son journal à la gare de Martigues en laissant passer les trains, le pont tournant de Martigues, des banlieues sinistres, la ville de Port-de-Bouc dont il la garde un bon souvenir du fait de sa rencontre avec Jacques Sereher et Jean-Claude Izzo, la gare murée de Fos-sur-Mer avec sa belle architecture, une usine Lafarge qui déverse des saletés dans le canal. Voir par les yeux d’un autre : une expérience unique, pouvant s’avérer très enrichissante en fonction de l’artiste. La couverture s’avère peut-être un peu austère : des traits irréguliers, certains un peu gras, une mise en couleur qui joue sur le bleu, aplatissant le premier plan, neutralisant la perspective apportée par l’arrière-plan. Après quelques pages de mise en bouche, vient la première planche : Marseille-saint-Charles. Le lettrage fait main rend la lecture de la présentation très agréable, et l’écriture de Baudoin sonne naturelle et spontanée. Pour un œil qui découvre les dessins de l’artiste pour la première fois, la première illustration apparaît composite : des traits fins comme une esquisse pour les emmarchements, des formes détourées en trait fin comme pas finies, des coups de pinceau plus épais un peu hasardeux. L’amalgame entre traits fins et coups de pinceau épais apparaît plus harmonieux dans la deuxième illustration, dessinant des structures géométriques droites : un paysage quasi abstrait. Avec la troisième illustration, l’artiste aboutit à une composition parfaitement équilibrée : la maison et la texture grisée appliquée aux murs, l’arbuste aux branches folles et sèches sur la droite, les éléments urbains en fond de case derrière le mur, la reproduction du graff massif sur le mur. Alors que le train avance, et que les paysages semblent se dérouler derrière la vitre, le dessinateur semble gagner en confiance et en naturel dans la composition de ses images. Le lecteur commence à faire la différence entre les dessins au pinceau, et ceux évoquant plus des traits encrés. La deuxième catégorie semble correspondre à des croquis fait sur le moment, plus dépouillés avec uniquement les traits de contour. Ils ne sont pas très nombreux, moins d’une demi-douzaine, et ressortent comme un moment nécessaire dans la narration, très fonctionnels. Par contraste, les autres évoquent des compositions sophistiquées au pinceau, de vrais tableaux. Pour l’arrivée à l’Estampe, le lecteur contemple par la fenêtre les toits des maisons proches : un premier plan correspondant vraisemblablement à un parapet, un second plan avec les toits à deux pentes, des maisons plus indistinctes dans un troisième plan, et les montagnes en arrière-plan. À la fois une image descriptive, à la fois une composition conceptuelle. Au fil des pages, le lecteur tombe en arrêt devant une composition complète à la structure étudiée et à l’effet global, comme cette vue d’un petit port en contrebas. Ou il s’attache à un élément particulier : une rambarde en fer forgé, la politesse respectueuse du jeune homme qui s’approche des trois filles, la forme impressionniste de la silhouette d’un arbre, la justesse précise de rivets dans le pont tournant, l’effet magique de grands coups de pinceaux dont l’enchevêtrement forme de manière miraculeuse l’intérieur du wagon vide de voyageurs, ou encore des arbres aux formes torturées, une grande spécialité de Baudoin. Au grand étonnement du lecteur, cette succession de vues finit par former une trame narrative qu’il ne soupçonnait pas. Il avait remarqué qu’il peut appréhender cet ouvrage comme une reconstitution a posteriori du voyage en train menant de Marseille à Miramas, réalisé à partir de bouts de différents voyages sur le même trajet pour en former un unique. Ce qui en soit constitue déjà une démarche narrative, une recomposition littéraire d’une expérience de vie. La restitution de l’expérience vécue qu’un train c’est pour partir ou pour arriver, et souvent quand on arrive c’est pour repartir même si on reste. C’est aussi une narration qui raconte l’expérience personnelle d’Edmond Baudoin, la représentation de comment il perçoit le paysage et de comment il le ressent. Cela s’exprime dans sa manière unique de dessiner, de montrer ainsi ce qui lui importe dans ce qu’il voit. Cela exprime également sa profession de foi sur son métier, ce qu’il exprime dans sa conclusion : ses traits ressemblent à des mots. Pour lui : C’est ça l’humanité, se dire un livre de mille pages à travers un Bonjour. Nul ne raconte comme ce créateur. Chacune de ses bandes dessinées constitue une forme d’expression intimement personnelle, indissociable de son être. Il réalise ce qui semble de prime abord n’être qu’un simple carnet de voyage : des vues réalisées, pour la majeure partie, depuis le train, vues au travers de la vitre. Pourtant il est impossible de réduire cet ouvrage à une collection d’images ordonnées sur le trajet du train. L’auteur y intègre quelques anecdotes, quelques remarques personnelles sur le paysage, des considérations sur la beauté, sur des environnements de vie manquant de beauté, sur ce qui l’anime à l’intérieur. Ainsi ce défilement devient un récit, autant une déclaration d’amour pour ces paysages, autant des constats sur la façon d’habiter le monde, et aussi un véritable credo sur le métier de bédéaste, un roman introspectif. Un trajet qui contient le monde.

23/07/2025 (modifier)
Par Chaps
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Empires
Empires

J'avais d'abord pensé mettre 4, puis en lisant le 3e album de la série je mets un 5 bien mérité! Alors c'est sûr les albums ne sont pas égaux, le 3 est vraiment top, et le 1 et 2 sont biens. Ce qui m'a plus est le parallèle que l'on peut faire avec notre société moderne. Où les mensonges et la trahison sont les clefs de la réussite politique et religieuse, les clefs du pouvoir en somme. Les histoires sont vraiment sympa a lire, et comme c'est Jarry qui est au commande de tous les albums, la continuité est plus nette et c'est bien car ça change des autres série de ces auteurs. Il semble plus impliqué je trouve, comparé a Istin qui lui ne semble vouloir que produire le plus de séries possible.

23/07/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Dandadan
Dandadan

3.5 Ben moi j'ai bien aimé cette série. Il faut dire que je suis un grand fan du folklore japonais alors à la base la série avait tout pour me plaire. J'ai souvent de la difficulté à entrer dans un manga qui cartonne chez les ados parce que j'ai grandis et je ne fais plus parti du public-cible, mais là le scénario a marché sur moi. Il faut dire que ce n'est pas une histoire de type 'le personnage principal veut devenir le plus fort dans tel domaine' qui est le genre de shonen que je ne peux plus lire. On est dans du fantastique avec des ados qui doivent affronter le paranormal et comme je l'ai écris s'est le genre de scénario qui me plait. Le ton est assez original et détonne des milliers de shonens qui ne font que reprendre les mêmes vieilles recettes. Les personnages sont attachants, le dessin est très bon, les scènes d'actions sont dynamites et je ne savais jamais ce qui allait se passer ensuite ! Franchement, le seul défaut de la série pour l'instant il y a un paquet de tomes et j'ai l'impression que ça va continuer au moins un moment et je ne pense plus avoir la force de continuer les mangas à rallonge. Je ne sais pas si j'aime la série au point d'avoir encore envie de la lire au tome 30 ou 40, mais j'ai bien aimé mon moment de lecture en lisant les 15 premiers tomes.

22/07/2025 (modifier)
Par Simili
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Cinq branches de coton noir
Cinq branches de coton noir

Cinq Branches de Coton Noir s'attarde sur le destin de 3 jeunes soldats noirs, engagés volontaires durant la seconde guerre mondiale, à qui on a confié une mission hautement importante : retrouver un des premiers drapeaux des Etats Unis. Au gré du récit nous naviguons entre 2 périodes charnières de l'histoire des Etats Unis : la guerre d'indépendance et la 2nde GM. Même si l'essentiel de l'histoire se déroule en 1944, le saut dans le passé se fait de manière très fluide à travers la lecture d'un journal retrouvé par une étudiante en histoire (le hasard faisant bien les choses) dans les affaires d'une défunte tante. Y SENTE a imagé une très belle histoire qui à mon sens à la qualité première de ne pas réécrire l'Histoire. J'avoue que j'aurai bien aimé qu'elle soit vraie. Certains passages sont un peu tirés par les cheveux mais finalement pas plus que dans d'autres ouvrages Graphiquement j'ai beaucoup apprécié le choix des couleurs. J'ai trouvé que le dessin collait parfaitement avec la dramaturgie du texte. Du travail de premier ordre. La place des "Noirs" dans la société américaine a toujours été un sujet sensible et épineux, encore aujourd'hui. Ma lecture m'a fait réalisé qu'effectivement je ne voyais que peu de noirs dans les films sur la 2nde GM. Je n'y avais jamais prêté attention et c'est pourtant assez flagrant, preuve d'une ségrégation encore bien présente au milieu du XXème siècle. Cinq Branches de Coton Noir est un bel ouvrage, avec quelques petits défauts pardonnables. A découvrir indubitablement et pour ma part un petit coup de cœur

22/07/2025 (modifier)
Par Ubrald
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Adieu mon royaume
Adieu mon royaume

L’objet est très joli, la couverture et le quatrième de couverture en camaïeu de roses avec dos toilé, édité dans un format parfait pour un livre de contes, ni trop petit, ni trop grand ; il s’agit encore d’une belle œuvre des éditions 6 Pieds Sous Terre. Cet ouvrage est une succession de contes. Chaque conte est bichromatique, composé de noir et d’un dégradé d’une unique couleur. Les teintes choisies sont mates et très belles : violet, ocre, émeraude, terre de sienne etc. Ce traitement chromatique est superbe. Un roman graphique original qui ne laissera pas indifférent dans un sens ou dans l’autre. Il est nécessaire de se laisser imprégner par l’atmosphère des couleurs, des dessins et des textes pour pleinement profiter de cette bd. Elle incite à la rêverie, celle de nos vieux contes moyenâgeux empreints de merveilleux. Il se dégage de cette lecture une certaine poésie et un sentiment d’étrangeté parce que l’histoire qui nous est contée paraît à la fois intime et lointaine. Les représentations et les personnages en rapport avec la lune et le soleil m’ont évoqué le cinéma de Méliès. Les contes sont très bien écrits avec juste ce qu’il faut de texte. Ils n’ont pas tous la même longueur ni la même profondeur, certains nous touchent plus que d’autres. Cette hétérogénéité apporte une richesse à l’ensemble et est très plaisante. A la lecture, je me rappelle m’être dit « quel dommage que l’auteur n’ait pas écrit une seule et même histoire et que tous ces contes soient séparés » et puis j’ai eu l’agréable surprise de voir se tisser un lien entre tous ces contes et personnages dans les derniers chapitres. J’ai eu envie de me replonger dans cette ambiance très singulière une seconde fois et je me suis aperçu d’un clin d’œil de l’auteur : le mendiant présent à la page 3 figure de façon plus ou moins discrète dans plusieurs contes avec différents rôles, mendiant donc, mage, client d’auberge etc. Il y a certainement beaucoup de messages sous-jacents dans ces fables, pour ma part celui que je retiens est la perte du lien originel qui unissait l’homme à la nature. In fine, il s’est agi pour moi d’une très belle respiration contemplative entre deux lectures détente « pop-corn », ce que je recherche en général dans une bd. Je regarderai les autres productions de cet auteur que je ne connaissais pas.

21/07/2025 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5
Couverture de la série Le Voyageur
Le Voyageur

« Le Voyageur » restera sans doute comme l’une des œuvres les plus marquantes de Koren Shadmi. Pour preuve, publiée pour la première fois en 2017 par Ici Même, elle vient d’être rééditée par Marabulles. Et en effet, il faut bien avouer que l’ouvrage fait forte impression. Ce mystérieux voyageur qui traverse les pays et les époques apparaît d’abord énigmatique : taiseux, détaché, il semble presque indifférent envers son prochain. Au fil du récit, il va pourtant dévoiler toute son humanité, tandis que les personnes qu’il va croiser sur sa route révéleront leur bêtise, leur arrogance, leur égoïsme, leur cupidité ou leur désinvolture, en bref, toutes les tares qui font de l’être humain ce qu’il est. Et cela n’est guère glorieux… L’homme semble bénéficier d’un don qui lui fait percevoir au-delà de la surface des choses et prévoir l’avenir… une sorte de lucidité très aiguisée en somme, mais comme il s’interroge lui-même, il pourrait tout aussi bien s’agir d’une malédiction… Et c’est bien son aura unique qui fait du « Voyageur » un ouvrage puissant. Voilà un personnage qui vous hantera longtemps après lecture. Les époques diffèrent selon chaque chapitre, mais la toile de fond demeure toujours la folie d’une humanité courant à sa perte, sur un mode pré ou post-apocalyptique, une humanité qui vous file parfois des haut-le-cœur et nous ramène au contexte actuel de guerres et de massacres, de disparition de la biodiversité et de bouleversements climatiques, sans parler de l’appauvrissement intellectuel des masses et de l’individualisme exacerbé par les réseaux sociaux. La narration est extrêmement fluide et chaque chapitre se conclut de façon étrange, soulevant quelques interrogations chez le lecteur. Un peu comme si un genre de puzzle s’assemblait au fil de la lecture, sans la promesse toutefois que la dernière pièce serait disponible, et il faudra sans doute plusieurs lectures pour en saisir le sens caché. En cela, le lecteur peut s’identifier à ce voyageur qui lui-même est en quête de cette « source » dont il ignore où elle se trouve. Présenté en gaufrier de six cases, l’ouvrage reste simple dans sa mise en page. La ligne claire précise et maîtrisée de Shadmi, dans son minimalisme un peu froid, n’est pas là pour jouer l’esbroufe et colle bien au propos. On ne saurait dire si cela est intentionnel de la part de l’auteur, mais ce voyageur aux yeux vairons évoque immédiatement un certain Ziggy Stardust, mais au-delà de l’aspect physique, le personnage créé par David Bowie est aussi le messager d’une humanité menacée d’extinction, un être un rien biblique, hors du monde, en quête de cette fameuse « source », graal de pureté. Un messie incompris qui a compris qu’il était trop tard pour sauver le monde, alpha et oméga malgré lui… On ne pourra que féliciter les éditions Marabulles d’avoir remis en lumière ce récit hors du commun et intemporel. « Le Voyageur », en ces temps où le monde est chauffé à blanc (dans tous les sens du terme !), apparaît comme une œuvre miroir particulièrement intrigante, qui invite à la réflexion sans toutefois livrer tous ses mystères, et c’est tout ce qu’on aime.

20/07/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série Le Puritain
Le Puritain

Après Sang Barbare, El Torres rend de nouveau hommage à Robert E. Howard, il puise dans son roman Le Puritain pour réaliser ce récit fantastique. N'ayant pas lu cet ouvrage, je ne sais pas à quel point la BD lui est fidèle. Décidément El Torres a du savoir faire pour tenir en haleine son lecteur. Changement de genre, il va être question de religion avec dieu et le diable, de sorcellerie, de chasse aux sorcières, de vie éternelle et d'un chouïa de lesbianisme. Mais il introduit aussi les amérindiens avec la tribu des Wampanoag et de mysticisme africain. Une délicieuse recette au goût amer et mortifère. Une intrigue qui tient la route et qui dévoile ses secrets avec habileté. L'instrumentation du diable est à son paroxysme et la vie des < sauvages > est tout à fait secondaire. Un récit aux très nombreuses références, je vous laisse les découvrir, sachez seulement que la ville de Providence se situe non loin des faits. Des personnages qui tiennent à merveille leur rôle, de Constance la jeune fille naïve à l'homme de dieu extrémiste en passant par l'ambiguïté de Salomon Kane (le puritain). Une lecture très plaisante dans un genre que j'affectionne énormément. Un dessin efficace au trait appuyé qui joue beaucoup sur les ombres et sur les gros plans. Une colorisation au diapason pour un beau rendu. Une mise en page dynamique. Du bon boulot. Pour les aficionados du genre. "Un sceptre fut créé pour détruire le mal... en utilisant le pouvoir du mal."

19/07/2025 (modifier)