J’ai déjà lu plusieurs adaptations du récit de Bram Stoker, plus ou moins réussies et intéressantes. Celle de Bess, avec son Noir et Blanc puissant se range clairement dans le camp des belles transpositions, comme celle de Fernandez d’ailleurs.
Alors que les deux albums sont très différents graphiquement, j’ai eu le même ressenti en lisant les versions de Bess et de Fernandez. En effet, tous deux sont très respectueux du texte d’origine – peut-être trop finalement – dans lequel Fernandez a un peu plus coupé, se contant de moins d’une centaine de pages.
L’autre point commun est la force du dessin. Mais, là où Bess use d’un Noir et Blanc tranché et pur, d’une grande beauté, Fernandez va tout au contraire mettre en avant un travail baroque et coloré, souvent plus proche du travail d’un peintre que de celui d’un bédéiste. Si le style n’est pas forcément ce que je préfère, on ne peut lui dénier une qualité et une beauté qui accompagnent très bien le récit, avec des touches forcément noires accentuant la noirceur d’un récit gothique.
L’intrigue immergée – dans tous les sens du terme pour le coup ! – dans un coin de la France profonde, et certains ressorts de l’histoire, m’ont fait penser à des téléfilms typés « France télévision », qui a priori ne sont pas trop mon truc. Mais cet album s’en éloigne quand même, ou à tout le moins se place dans le haut de ce panier.
Je ne connais pas le roman d’origine, et donc ce qui a immanquablement dû être élagué, mais Matz, en vieux briscard du polar (personnel ou en adaptation) nous restitue quelque chose de très lisible, d’agréable et de fluide. L’intrigue est bien bâtie, tout est crédible, de l’histoire aux personnages (seule la volonté de Noémie, l’héroïne, de rester dans son bled provincial m’a au final étonné : qu’elle quitte Paris et son panier de crabes bien sûr, mais sans attache et urbaine, ça me laisse sceptique, mais bon).
Le décor est bien planté, et l’enquête va en s’accélérant jusqu’aux inévitables rebondissements – en plusieurs étapes – du final. Mais, là aussi, ces rebondissements sont moins bourrins et/ou téléphonés que je ne le craignais.
Alors, certes, rien d’extraordinaire. Mais on a là un divertissement bien fichu, du polar classique sans esbroufe où tout reste crédible – jusque dans la noirceur crasse de certains.
Le rendu du dessin est un peu âpre, mais ça colle avec le sale caractère de Noémie, qui a pris dans la gueule une décharge de fusil et le mépris de sa hiérarchie au 36 quai des Orfèvres, et qui n’est pas d’un abord toujours agréable.
Note réelle 3,5/5.
Océan Noir
Les reprises ou les albums "vu par..." sont nombreux depuis quelques années. Si, à mon avis, certains se sont révélés désastreux (comme la reprise de Spirou, série que j'ai abandonnée), d'autres comme le Lucky Luke de Mathieu Bonhomme ou certains Blake et Mortimer, voire la version de Sfar & Blain de Blueberry sont assez voire très bien réussies. D'ailleurs, la reprise n'a jamais été autant meilleure lorsqu'elle fait exploser les codes comme Le dernier pharaon (Blake et Mortimer) de Schuiten, Van Dormael et Gunzig.
Avec "Océan noir', Vivès et Martin Quenehen arrivent à nous surprendre avec leur vision d'un Corto Maltese plus contemporain.
J'avoue que je ne suis guère un grand fan des aventures imaginées par Hugo Pratt, et je ne possède que 3 albums (dont l'excellent "Ballade de la mer salée"), mais j'ai été littéralement bluffé par cet album. Le dessin de Bastien Vivès est à la hauteur de l'enjeu, il a gardé son propre style tout en conservant l'atmosphère des albums d'Hugo Pratt ; et mon dieu que Raua est jolie sous les traits de Vivès. Le scénario de Martin Quennehen ne trahit en rien l'univers de Corto Maltese : rencontres, silence, mystère, quête et voyages en bateau, même Raspoutine est présent !
Très bel album que j'ai déjà lu deux fois.
S'il fallait trouver une critique, ce serait sur le prix. En effet la version de luxe à 35 euros (celle que j'ai prise), et l'édition brochée à 22 euros, c'est abusé lorsque les albums brochés N&B de Corto Maltese que je possède m'avaient coûté 12 euros au début des années 2000 !
La Reine de Babylone
Je suis, loin de là, un spécialiste de Corto Maltèse, ne possédant que 3 albums signés Hugo Pratt, pourtant je m'étais précipité, non sur la reprise de Juan Díaz Canalès et Rubén Pellejero , mais sur celle de Bastien Vivès et Martin Quenehen en 2021. Et j'avais adoré.
Je suis de nouveau au rendez-vous avec "la reine de Babylone" signé du même duo d'auteurs. Je trouve que le dessin de Vivès s'inscrit toujours autant dans celui de Pratt, sans pour autant le copier. Bastien Vivès conserve son style propre dans un univers qui n'est pas le sien.
Par contre, j'ai trouvé que cela allait un peu vite dans l'intrigue, avec pas mal de scènes d'actions et de nombreuses cases muettes. Il manque peut-être un soupçon de poésie ou de quiétude pour que l'album soit parfait. On retrouve la patte de Quenehen dans cette nouvelle aventure avec un périple à travers l'Europe, des actes de piraterie , une dose de CIA et un trésor.
Malgré l'épaisseur de l'album (180 pages), j'ai savouré cette aventure de Corto Maltèse ,dans l'édition de luxe, qui il faut l'avouer en dépit de son prix assez élevé, est superbe.
le jour d'avant
C’est doute le moins bon des Corto Maltese signés Quenehen et Vivès , que je viens de lire. Pourtant peu adepte du personnage version Hugo Pratt, j’ai trouvé Corto assez éloigné de l’image que je me faisais de lui, et surtout du personnage qu’avaient repris ce duo d’auteurs.
Cette intrigue est, à mon goût, trop ancrée dans l’actualité avec le dérèglement climatique en toile de fond. Et ce n’est pas tout, le scénario mêlant espionnage, guerre des gangs, et géopolitique devient presqu’indigeste. Trop d’actions tue l’action dans cet album. Où sont passés les silences, la poésie et le mystère de Corto Maltese ?
J’ai eu du mal aussi avec le personnage de l’avocate activiste, trop caricaturale à mon goût et transformer ici Corto Maltese en mercenaire n’était pas la meilleure idée.
Quant au dessin de Vivès, j‘ y adhère toujours autant.
J’avais nettement préféré les deux premiers albums de Vivès et Quenehen, qui certes s’inscrivaient dans notre monde contemporain, mais étaient un peu plus déconnecté de l’actualité immédiate, dont on nous inonde à longueur de journée
Bref, une déception pour ce troisième opus.
Une vieille gouvernante raconte comment elle a recueilli la jeune Helen, seize ans, après la mort de son père écrivain, avant de la ramener dans le manoir isolé de son grand-père. L'adolescente est à la fois brillante, rebelle et, aussi surprenant que ça puisse paraitre, déjà incroyablement alcoolique. Là, elle découvre un domaine somptueux mais inquiétant, peuplé de créatures rôdant dans le parc et dominé par la figure imposante d'un grand-père taciturne, sorte de mélange vieillissant entre Alan Quatermain et Conan le Barbare.
Ce comics aurait parfaitement trouvé sa place dans la collection Vertigo de DC, aux côtés de Sandman ou Fables, tant il en partage la sophistication et l'atmosphère envoûtante. Et c'est un vrai compliment.
Son principal atout réside dans un graphisme absolument éblouissant. Bilquis Evely, déjà remarquable dans Sandman - The Dreaming et magistrale dans Supergirl - Woman of Tomorrow, atteint ici un sommet encore plus haut. Son trait, à mi-chemin entre Barry Windsor-Smith et P. Craig Russell, déploie une élégance rare et une minutie impressionnante. Chaque planche, foisonnante de détails, est une œuvre d'art à part entière sans jamais sacrifier la fluidité du récit. Le travail de Matheus Lopez sur les couleurs amplifie encore la dimension merveilleuse, quasi mythologique, de l'ensemble. C'est somptueux, tout simplement.
L'histoire, quant à elle, brille par son originalité : elle tisse un lien entre la réalité et un monde de fantasy où Helen et son père peuvent s'aventurer pour y vivre des épopées héroïques. Mais l'accès à cet univers demande une force et une maîtrise du combat que son grand-père doute de lui voir acquérir, au grand désarroi de la jeune fille. Entre promesses d'aventure, rêves brisés et mystères à demi dévoilés, le récit progresse lentement, parfois un peu trop. La conclusion, belle mais frustrante, laisse une impression d'inachevé, comme si le véritable envol du récit nous échappait de peu.
Graphiquement, c'est un chef-d'œuvre. Narrativement, c'est un beau conte imparfait. Si l'histoire n'atteint pas la même intensité que son écrin visuel, la splendeur du dessin emporte malgré tout mon adhésion. Impossible de rester insensible devant une telle réussite esthétique.
Kaya, publiée chez Glénat et signée Paola Barbato et Linda Cavallini, c’est le genre de BD qui te happe dès la première page, pas tant pour ce qu’elle raconte que pour ce qu’elle te fait ressentir. On y suit Kaya, une jeune fille perdue dans un monde post-apocalyptique où l’air est toxique, la nature déformée et les rares humains encore en vie se battent pour survivre. Ce pitch, on pourrait croire l’avoir déjà lu cent fois, mais Kaya tire son épingle du jeu par sa poésie, son ambiance et sa beauté visuelle.
Graphiquement, c’est une claque. Les planches sont sublimes, parfois presque contemplatives : des ruines baignées de lumière, des paysages étranges mais pleins de sensibilité. On sent que chaque case a été pensée pour te plonger dans une émotion précise. Et puis il y a cette relation bouleversante entre Kaya et une louve mutante, à la fois menaçante et protectrice, qui apporte une vraie dimension d’humanité dans ce monde ravagé. C’est une alliance improbable, mais terriblement touchante, un lien entre la peur, la confiance et l’instinct de survie.
Mais là où Kaya est vraiment originale, c’est dans sa manière d’être plus qu’une simple lecture : à chaque chapitre, tu peux scanner un QR code pour écouter une musique créée spécialement pour l’album. Ça change tout. Lire ces pages avec la bande-son dans les oreilles, c’est une expérience immersive, presque sensorielle. On ne lit plus seulement une BD, on la vit.
Certes, le scénario reste assez classique : les thèmes de la survie, de la nature hostile, de la quête de sens dans un monde détruit. Mais la force de Kaya, c’est qu’elle ne cherche pas à révolutionner le genre, elle le transcende par la sensibilité et la grâce de sa mise en scène. On en ressort avec ce mélange de mélancolie et d’espoir, comme après avoir vu un beau film d’animation post-apocalyptique.
En bref, Kaya est une œuvre à la fois douce et brutale, à lire le casque sur les oreilles, dans le silence du soir. Une BD qui ne fait pas beaucoup de bruit, mais qui laisse une empreinte durable.
Pour moi, Daredevil / Echo – Quête de Vision n’est pas un simple comics, c’est une œuvre d’art totale. David Mack signe ici à la fois le scénario et les illustrations, et le résultat est incroyable. On est très loin du schéma classique du super-héros : c’est une expérience visuelle, poétique et spirituelle qui se vit plus qu’elle ne se lit.
Mack mêle aquarelles, collages et symboles mystiques pour raconter une histoire sur la foi, la douleur, la rédemption et la recherche de sens. Daredevil et Echo y apparaissent comme deux âmes blessées en quête de lumière. Chaque page est un tableau à part entière — parfois même une méditation. J’ai eu l’impression de lire un roman graphique sur l’humanité, plus qu’une aventure de super-héros.
Ce qui m’a le plus marqué, c’est à quel point le récit est sincère et émotionnel. Il y a une vraie beauté dans la manière dont Mack aborde les croyances amérindiennes, la spiritualité et la compassion. C’est une œuvre exigeante, parfois abstraite, mais d’une puissance rare.
En refermant le livre, j’ai eu le sentiment d’avoir contemplé quelque chose d’unique, de profondément humain et artistique.
J’ai adoré cette BD. Marini réussit à donner à Batman une ambiance totalement différente de ce qu’on voit d’habitude : plus européenne, plus sensuelle aussi. On sent qu’il s’est fait plaisir sur le dessin — chaque planche est sublime, avec des couleurs chaudes, des ombres magnifiques et un Gotham presque vivant. Franchement, c’est l’une des plus belles BD Batman que j’ai lues visuellement.
L’histoire n’est pas très longue ni très complexe, mais elle tient bien la route. Le duel entre Batman et le Joker est super prenant, avec un ton à la fois cruel et ironique. J’ai bien aimé aussi la relation ambiguë entre Bruce Wayne et Catwoman, qui apporte un peu d’émotion et de charme au milieu de la noirceur.
Ce n’est pas le Batman le plus profond, mais c’est une version que j’ai trouvée très classe, intense et pleine de caractère. Si on aime les beaux dessins et une ambiance un peu “conte noir”, ça vaut vraiment le coup.
Un documentaire sans concession sur l'histoire du mouvement Black Panthers. Je connaissais surtout le mouvement de nom et j'ai bien aimé découvrir en profondeur ce mouvement.
Les auteurs montrent les faits sans vraiment prendre parti. C'est ainsi qu'on va voir les bons côtés (programmes sociaux pour aider les afro-américains) et les mauvais côtés (tous ces types qui veulent jouer à la révolution sans penser aux conséquences de leurs actes) du mouvement. J'en ai appris des choses et je dois dire que je ne suis pas du tout surpris par tout ce qui arrive aux Back Panthers tellement ce mouvement va suivre le même chemin que les autres mouvements issus de la gauche radicale : disputes entre les modérés et les radicaux, infiltration de la police qui va tout faire pour nuire au mouvement, comportement autodestructeur des leaders du mouvement, électrons libres qui font n'importe quoi et nuisent au mouvement... Bref, encore un mouvement qui commence avec plein de promesses pour régler les injustices sociales et qui finit détruit par les autorités et les égos démesurés de ses leaders... Lorsqu'on apprend qu'un des leaders les plus radicaux du mouvement était devenu plus vieux un républicain conservateur, j'étais aucunement surpris tellement c'est banal.
Le dessin est pas trop mal, quoique je ne sois pas un grand fan de ce style de dessin réaliste. Je dois dire que je suis divisé au sujet des Black Panthers, parce que si j'approuve lorsqu'ils aident les pauvres, je suis moins fan du coté auto-défense si américain, qui ne fait pas partie de mes valeurs. En même temps, je peux les comprendre, vu la violence de la société américaine envers les noirs, si j'étais dans leur situation j'aurais sans doute acheté une arme pour me défendre !
Un bon documentaire à lire si on s'intéresse à cette période de l'histoire.
Quand j'ai vu la couverture de cette BD dans la liste des ouvrages à paraitre, mon sang n'a fait qu'un tour. J'ai immédiatement reconnu le style inimitable d'Edith dont le dessin me charme au plus haut point. Bon, certes, il s'agissait d'une adaptation de Simenon, or je ne suis pas du tout amateur de polar, mais pour le seul plaisir des yeux, j'ai couru chez le libraire pour pécho le livre.
Et je ne l'ai pas regretté, d'abord parce que l'histoire est vraiment bien. Ce n'est pas une histoire policière, plutôt un roman noir, un roman "dur" selon les propres termes de l'auteur pour qualifier ses romans dans lesquels le personnage du commissaire Maigret n'apparait pas. Ben oui, suis-je bête, c'est la collection "Simenon, les romans durs". Bon sang de bois, en voilà une qui porte bien son nom...
Oui, cette histoire est sombre et morne. On sent les personnages empêtrés dans leur solitude. On ressent leur détresse profonde chevillée au corps. Dès les premières pages, il devient évident que tout cela va très mal finir. Une menace sourde plane sur leur tête. La question qui trotte dans la tête du lecteur est comment va débouler l'accident ? Quel personnage va perdre la tête ? Qui va mourir ? Comment... Tout cela est très tendu, donc très réussi.
Et il faut dire qu'Edith habille l'ensemble de la meilleure manière possible. Son dessin imprime une marque très forte avec ses personnages aux visages souvent inquiets et inquiétants, ses paysages désespérément clos où la pluie dispute au brouillard la charge de barrer l'horizon... Elle s'appuie en outre sur une gamme chromatique parfaitement choisie. C'est un travail admirable, splendide s'il est permis de parler de splendeur au sujet d'une histoire aussi tragique. Un vrai travail de dessinateur où il ne s'agit pas seulement d'illustrer, de mettre en image un récit. Certes, ça ne donne pas nécessairement envie de visiter la Belgique, en revanche, on a grave envie de se plonger dans l'œuvre dure de Simenon. A chaque fois que j'ouvre une BD d'Edith, je trouve son trait encore plus fin et précis. Rares sont les dessinateurs-trices à susciter ce genre d'impression chez moi.
Bref ! C'est un excellent récit, très ramassé qui offre toute la place au dessin et à la psychologie. Mais j'ai presque envie de dire que je le savais avant de le lire. Tellement chouette de voire ses attentes pleinement comblées. Ce n'est pas si fréquent.
Que voilà un titre intriguant ! En tout cas il m’a donné envie de me plonger dans cet album. J’avais trouvé sympathiques les séries de Puzenat que j’avais eu l’occasion de lire auparavant, mais cet album m’a davantage plu encore.
Vaguement situé vers la fin de la préhistoire – visiblement dans l’est de l’Europe actuelle (ce que dit l’auteur, mais rien ne permet d’identifier clairement la localisation – et le récit après tout est entièrement imaginaire), c’est un récit qui, sans esbroufe, se laisse lire très agréablement.
Il est question du pouvoir et de ses justifications, à l’heure où l’édification de cités-Etats justifie la hiérarchisation de la société, l’esclavage et les guerres pour préserver ses richesses. Il est aussi question d’amour, et de simplicité.
Simplicité aussi du récit – ce qui n’exclut pas des surprise et une intrigue pas si linéaire que ça – même si on peut deviner la fin an amont.
L’incendie qui, tout au long de l’intrigue, se rapproche, pour brûler cité et monde connu, peut se lire comme une analogie d’un « reset », du refus d’une certaine folie, d’ambitions creuses et démesurées, alors qu’une sorte de paradis prend forme sur la fin, épuré, les « voix » diaboliques ne soufflant plus aux hommes et aux femmes leurs idées maléfiques.
Une chouette histoire en tout cas.
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Dracula (Fernandez)
J’ai déjà lu plusieurs adaptations du récit de Bram Stoker, plus ou moins réussies et intéressantes. Celle de Bess, avec son Noir et Blanc puissant se range clairement dans le camp des belles transpositions, comme celle de Fernandez d’ailleurs. Alors que les deux albums sont très différents graphiquement, j’ai eu le même ressenti en lisant les versions de Bess et de Fernandez. En effet, tous deux sont très respectueux du texte d’origine – peut-être trop finalement – dans lequel Fernandez a un peu plus coupé, se contant de moins d’une centaine de pages. L’autre point commun est la force du dessin. Mais, là où Bess use d’un Noir et Blanc tranché et pur, d’une grande beauté, Fernandez va tout au contraire mettre en avant un travail baroque et coloré, souvent plus proche du travail d’un peintre que de celui d’un bédéiste. Si le style n’est pas forcément ce que je préfère, on ne peut lui dénier une qualité et une beauté qui accompagnent très bien le récit, avec des touches forcément noires accentuant la noirceur d’un récit gothique.
Surface
L’intrigue immergée – dans tous les sens du terme pour le coup ! – dans un coin de la France profonde, et certains ressorts de l’histoire, m’ont fait penser à des téléfilms typés « France télévision », qui a priori ne sont pas trop mon truc. Mais cet album s’en éloigne quand même, ou à tout le moins se place dans le haut de ce panier. Je ne connais pas le roman d’origine, et donc ce qui a immanquablement dû être élagué, mais Matz, en vieux briscard du polar (personnel ou en adaptation) nous restitue quelque chose de très lisible, d’agréable et de fluide. L’intrigue est bien bâtie, tout est crédible, de l’histoire aux personnages (seule la volonté de Noémie, l’héroïne, de rester dans son bled provincial m’a au final étonné : qu’elle quitte Paris et son panier de crabes bien sûr, mais sans attache et urbaine, ça me laisse sceptique, mais bon). Le décor est bien planté, et l’enquête va en s’accélérant jusqu’aux inévitables rebondissements – en plusieurs étapes – du final. Mais, là aussi, ces rebondissements sont moins bourrins et/ou téléphonés que je ne le craignais. Alors, certes, rien d’extraordinaire. Mais on a là un divertissement bien fichu, du polar classique sans esbroufe où tout reste crédible – jusque dans la noirceur crasse de certains. Le rendu du dessin est un peu âpre, mais ça colle avec le sale caractère de Noémie, qui a pris dans la gueule une décharge de fusil et le mépris de sa hiérarchie au 36 quai des Orfèvres, et qui n’est pas d’un abord toujours agréable. Note réelle 3,5/5.
Corto Maltese (Quenehen et Vives)
Océan Noir Les reprises ou les albums "vu par..." sont nombreux depuis quelques années. Si, à mon avis, certains se sont révélés désastreux (comme la reprise de Spirou, série que j'ai abandonnée), d'autres comme le Lucky Luke de Mathieu Bonhomme ou certains Blake et Mortimer, voire la version de Sfar & Blain de Blueberry sont assez voire très bien réussies. D'ailleurs, la reprise n'a jamais été autant meilleure lorsqu'elle fait exploser les codes comme Le dernier pharaon (Blake et Mortimer) de Schuiten, Van Dormael et Gunzig. Avec "Océan noir', Vivès et Martin Quenehen arrivent à nous surprendre avec leur vision d'un Corto Maltese plus contemporain. J'avoue que je ne suis guère un grand fan des aventures imaginées par Hugo Pratt, et je ne possède que 3 albums (dont l'excellent "Ballade de la mer salée"), mais j'ai été littéralement bluffé par cet album. Le dessin de Bastien Vivès est à la hauteur de l'enjeu, il a gardé son propre style tout en conservant l'atmosphère des albums d'Hugo Pratt ; et mon dieu que Raua est jolie sous les traits de Vivès. Le scénario de Martin Quennehen ne trahit en rien l'univers de Corto Maltese : rencontres, silence, mystère, quête et voyages en bateau, même Raspoutine est présent ! Très bel album que j'ai déjà lu deux fois. S'il fallait trouver une critique, ce serait sur le prix. En effet la version de luxe à 35 euros (celle que j'ai prise), et l'édition brochée à 22 euros, c'est abusé lorsque les albums brochés N&B de Corto Maltese que je possède m'avaient coûté 12 euros au début des années 2000 ! La Reine de Babylone Je suis, loin de là, un spécialiste de Corto Maltèse, ne possédant que 3 albums signés Hugo Pratt, pourtant je m'étais précipité, non sur la reprise de Juan Díaz Canalès et Rubén Pellejero , mais sur celle de Bastien Vivès et Martin Quenehen en 2021. Et j'avais adoré. Je suis de nouveau au rendez-vous avec "la reine de Babylone" signé du même duo d'auteurs. Je trouve que le dessin de Vivès s'inscrit toujours autant dans celui de Pratt, sans pour autant le copier. Bastien Vivès conserve son style propre dans un univers qui n'est pas le sien. Par contre, j'ai trouvé que cela allait un peu vite dans l'intrigue, avec pas mal de scènes d'actions et de nombreuses cases muettes. Il manque peut-être un soupçon de poésie ou de quiétude pour que l'album soit parfait. On retrouve la patte de Quenehen dans cette nouvelle aventure avec un périple à travers l'Europe, des actes de piraterie , une dose de CIA et un trésor. Malgré l'épaisseur de l'album (180 pages), j'ai savouré cette aventure de Corto Maltèse ,dans l'édition de luxe, qui il faut l'avouer en dépit de son prix assez élevé, est superbe. le jour d'avant C’est doute le moins bon des Corto Maltese signés Quenehen et Vivès , que je viens de lire. Pourtant peu adepte du personnage version Hugo Pratt, j’ai trouvé Corto assez éloigné de l’image que je me faisais de lui, et surtout du personnage qu’avaient repris ce duo d’auteurs. Cette intrigue est, à mon goût, trop ancrée dans l’actualité avec le dérèglement climatique en toile de fond. Et ce n’est pas tout, le scénario mêlant espionnage, guerre des gangs, et géopolitique devient presqu’indigeste. Trop d’actions tue l’action dans cet album. Où sont passés les silences, la poésie et le mystère de Corto Maltese ? J’ai eu du mal aussi avec le personnage de l’avocate activiste, trop caricaturale à mon goût et transformer ici Corto Maltese en mercenaire n’était pas la meilleure idée. Quant au dessin de Vivès, j‘ y adhère toujours autant. J’avais nettement préféré les deux premiers albums de Vivès et Quenehen, qui certes s’inscrivaient dans notre monde contemporain, mais étaient un peu plus déconnecté de l’actualité immédiate, dont on nous inonde à longueur de journée Bref, une déception pour ce troisième opus.
Helen de Wyndhorn
Une vieille gouvernante raconte comment elle a recueilli la jeune Helen, seize ans, après la mort de son père écrivain, avant de la ramener dans le manoir isolé de son grand-père. L'adolescente est à la fois brillante, rebelle et, aussi surprenant que ça puisse paraitre, déjà incroyablement alcoolique. Là, elle découvre un domaine somptueux mais inquiétant, peuplé de créatures rôdant dans le parc et dominé par la figure imposante d'un grand-père taciturne, sorte de mélange vieillissant entre Alan Quatermain et Conan le Barbare. Ce comics aurait parfaitement trouvé sa place dans la collection Vertigo de DC, aux côtés de Sandman ou Fables, tant il en partage la sophistication et l'atmosphère envoûtante. Et c'est un vrai compliment. Son principal atout réside dans un graphisme absolument éblouissant. Bilquis Evely, déjà remarquable dans Sandman - The Dreaming et magistrale dans Supergirl - Woman of Tomorrow, atteint ici un sommet encore plus haut. Son trait, à mi-chemin entre Barry Windsor-Smith et P. Craig Russell, déploie une élégance rare et une minutie impressionnante. Chaque planche, foisonnante de détails, est une œuvre d'art à part entière sans jamais sacrifier la fluidité du récit. Le travail de Matheus Lopez sur les couleurs amplifie encore la dimension merveilleuse, quasi mythologique, de l'ensemble. C'est somptueux, tout simplement. L'histoire, quant à elle, brille par son originalité : elle tisse un lien entre la réalité et un monde de fantasy où Helen et son père peuvent s'aventurer pour y vivre des épopées héroïques. Mais l'accès à cet univers demande une force et une maîtrise du combat que son grand-père doute de lui voir acquérir, au grand désarroi de la jeune fille. Entre promesses d'aventure, rêves brisés et mystères à demi dévoilés, le récit progresse lentement, parfois un peu trop. La conclusion, belle mais frustrante, laisse une impression d'inachevé, comme si le véritable envol du récit nous échappait de peu. Graphiquement, c'est un chef-d'œuvre. Narrativement, c'est un beau conte imparfait. Si l'histoire n'atteint pas la même intensité que son écrin visuel, la splendeur du dessin emporte malgré tout mon adhésion. Impossible de rester insensible devant une telle réussite esthétique.
Kaya
Kaya, publiée chez Glénat et signée Paola Barbato et Linda Cavallini, c’est le genre de BD qui te happe dès la première page, pas tant pour ce qu’elle raconte que pour ce qu’elle te fait ressentir. On y suit Kaya, une jeune fille perdue dans un monde post-apocalyptique où l’air est toxique, la nature déformée et les rares humains encore en vie se battent pour survivre. Ce pitch, on pourrait croire l’avoir déjà lu cent fois, mais Kaya tire son épingle du jeu par sa poésie, son ambiance et sa beauté visuelle. Graphiquement, c’est une claque. Les planches sont sublimes, parfois presque contemplatives : des ruines baignées de lumière, des paysages étranges mais pleins de sensibilité. On sent que chaque case a été pensée pour te plonger dans une émotion précise. Et puis il y a cette relation bouleversante entre Kaya et une louve mutante, à la fois menaçante et protectrice, qui apporte une vraie dimension d’humanité dans ce monde ravagé. C’est une alliance improbable, mais terriblement touchante, un lien entre la peur, la confiance et l’instinct de survie. Mais là où Kaya est vraiment originale, c’est dans sa manière d’être plus qu’une simple lecture : à chaque chapitre, tu peux scanner un QR code pour écouter une musique créée spécialement pour l’album. Ça change tout. Lire ces pages avec la bande-son dans les oreilles, c’est une expérience immersive, presque sensorielle. On ne lit plus seulement une BD, on la vit. Certes, le scénario reste assez classique : les thèmes de la survie, de la nature hostile, de la quête de sens dans un monde détruit. Mais la force de Kaya, c’est qu’elle ne cherche pas à révolutionner le genre, elle le transcende par la sensibilité et la grâce de sa mise en scène. On en ressort avec ce mélange de mélancolie et d’espoir, comme après avoir vu un beau film d’animation post-apocalyptique. En bref, Kaya est une œuvre à la fois douce et brutale, à lire le casque sur les oreilles, dans le silence du soir. Une BD qui ne fait pas beaucoup de bruit, mais qui laisse une empreinte durable.
Daredevil / Echo - Quête de Vision (Daredevil - Echo)
Pour moi, Daredevil / Echo – Quête de Vision n’est pas un simple comics, c’est une œuvre d’art totale. David Mack signe ici à la fois le scénario et les illustrations, et le résultat est incroyable. On est très loin du schéma classique du super-héros : c’est une expérience visuelle, poétique et spirituelle qui se vit plus qu’elle ne se lit. Mack mêle aquarelles, collages et symboles mystiques pour raconter une histoire sur la foi, la douleur, la rédemption et la recherche de sens. Daredevil et Echo y apparaissent comme deux âmes blessées en quête de lumière. Chaque page est un tableau à part entière — parfois même une méditation. J’ai eu l’impression de lire un roman graphique sur l’humanité, plus qu’une aventure de super-héros. Ce qui m’a le plus marqué, c’est à quel point le récit est sincère et émotionnel. Il y a une vraie beauté dans la manière dont Mack aborde les croyances amérindiennes, la spiritualité et la compassion. C’est une œuvre exigeante, parfois abstraite, mais d’une puissance rare. En refermant le livre, j’ai eu le sentiment d’avoir contemplé quelque chose d’unique, de profondément humain et artistique.
Batman - The Dark Prince Charming
J’ai adoré cette BD. Marini réussit à donner à Batman une ambiance totalement différente de ce qu’on voit d’habitude : plus européenne, plus sensuelle aussi. On sent qu’il s’est fait plaisir sur le dessin — chaque planche est sublime, avec des couleurs chaudes, des ombres magnifiques et un Gotham presque vivant. Franchement, c’est l’une des plus belles BD Batman que j’ai lues visuellement. L’histoire n’est pas très longue ni très complexe, mais elle tient bien la route. Le duel entre Batman et le Joker est super prenant, avec un ton à la fois cruel et ironique. J’ai bien aimé aussi la relation ambiguë entre Bruce Wayne et Catwoman, qui apporte un peu d’émotion et de charme au milieu de la noirceur. Ce n’est pas le Batman le plus profond, mais c’est une version que j’ai trouvée très classe, intense et pleine de caractère. Si on aime les beaux dessins et une ambiance un peu “conte noir”, ça vaut vraiment le coup.
Black Panthers - Il était une fois la révolution afro-américaine
Un documentaire sans concession sur l'histoire du mouvement Black Panthers. Je connaissais surtout le mouvement de nom et j'ai bien aimé découvrir en profondeur ce mouvement. Les auteurs montrent les faits sans vraiment prendre parti. C'est ainsi qu'on va voir les bons côtés (programmes sociaux pour aider les afro-américains) et les mauvais côtés (tous ces types qui veulent jouer à la révolution sans penser aux conséquences de leurs actes) du mouvement. J'en ai appris des choses et je dois dire que je ne suis pas du tout surpris par tout ce qui arrive aux Back Panthers tellement ce mouvement va suivre le même chemin que les autres mouvements issus de la gauche radicale : disputes entre les modérés et les radicaux, infiltration de la police qui va tout faire pour nuire au mouvement, comportement autodestructeur des leaders du mouvement, électrons libres qui font n'importe quoi et nuisent au mouvement... Bref, encore un mouvement qui commence avec plein de promesses pour régler les injustices sociales et qui finit détruit par les autorités et les égos démesurés de ses leaders... Lorsqu'on apprend qu'un des leaders les plus radicaux du mouvement était devenu plus vieux un républicain conservateur, j'étais aucunement surpris tellement c'est banal. Le dessin est pas trop mal, quoique je ne sois pas un grand fan de ce style de dessin réaliste. Je dois dire que je suis divisé au sujet des Black Panthers, parce que si j'approuve lorsqu'ils aident les pauvres, je suis moins fan du coté auto-défense si américain, qui ne fait pas partie de mes valeurs. En même temps, je peux les comprendre, vu la violence de la société américaine envers les noirs, si j'étais dans leur situation j'aurais sans doute acheté une arme pour me défendre ! Un bon documentaire à lire si on s'intéresse à cette période de l'histoire.
La Maison du canal
Quand j'ai vu la couverture de cette BD dans la liste des ouvrages à paraitre, mon sang n'a fait qu'un tour. J'ai immédiatement reconnu le style inimitable d'Edith dont le dessin me charme au plus haut point. Bon, certes, il s'agissait d'une adaptation de Simenon, or je ne suis pas du tout amateur de polar, mais pour le seul plaisir des yeux, j'ai couru chez le libraire pour pécho le livre. Et je ne l'ai pas regretté, d'abord parce que l'histoire est vraiment bien. Ce n'est pas une histoire policière, plutôt un roman noir, un roman "dur" selon les propres termes de l'auteur pour qualifier ses romans dans lesquels le personnage du commissaire Maigret n'apparait pas. Ben oui, suis-je bête, c'est la collection "Simenon, les romans durs". Bon sang de bois, en voilà une qui porte bien son nom... Oui, cette histoire est sombre et morne. On sent les personnages empêtrés dans leur solitude. On ressent leur détresse profonde chevillée au corps. Dès les premières pages, il devient évident que tout cela va très mal finir. Une menace sourde plane sur leur tête. La question qui trotte dans la tête du lecteur est comment va débouler l'accident ? Quel personnage va perdre la tête ? Qui va mourir ? Comment... Tout cela est très tendu, donc très réussi. Et il faut dire qu'Edith habille l'ensemble de la meilleure manière possible. Son dessin imprime une marque très forte avec ses personnages aux visages souvent inquiets et inquiétants, ses paysages désespérément clos où la pluie dispute au brouillard la charge de barrer l'horizon... Elle s'appuie en outre sur une gamme chromatique parfaitement choisie. C'est un travail admirable, splendide s'il est permis de parler de splendeur au sujet d'une histoire aussi tragique. Un vrai travail de dessinateur où il ne s'agit pas seulement d'illustrer, de mettre en image un récit. Certes, ça ne donne pas nécessairement envie de visiter la Belgique, en revanche, on a grave envie de se plonger dans l'œuvre dure de Simenon. A chaque fois que j'ouvre une BD d'Edith, je trouve son trait encore plus fin et précis. Rares sont les dessinateurs-trices à susciter ce genre d'impression chez moi. Bref ! C'est un excellent récit, très ramassé qui offre toute la place au dessin et à la psychologie. Mais j'ai presque envie de dire que je le savais avant de le lire. Tellement chouette de voire ses attentes pleinement comblées. Ce n'est pas si fréquent.
Aux soirs de grande ardeur
Que voilà un titre intriguant ! En tout cas il m’a donné envie de me plonger dans cet album. J’avais trouvé sympathiques les séries de Puzenat que j’avais eu l’occasion de lire auparavant, mais cet album m’a davantage plu encore. Vaguement situé vers la fin de la préhistoire – visiblement dans l’est de l’Europe actuelle (ce que dit l’auteur, mais rien ne permet d’identifier clairement la localisation – et le récit après tout est entièrement imaginaire), c’est un récit qui, sans esbroufe, se laisse lire très agréablement. Il est question du pouvoir et de ses justifications, à l’heure où l’édification de cités-Etats justifie la hiérarchisation de la société, l’esclavage et les guerres pour préserver ses richesses. Il est aussi question d’amour, et de simplicité. Simplicité aussi du récit – ce qui n’exclut pas des surprise et une intrigue pas si linéaire que ça – même si on peut deviner la fin an amont. L’incendie qui, tout au long de l’intrigue, se rapproche, pour brûler cité et monde connu, peut se lire comme une analogie d’un « reset », du refus d’une certaine folie, d’ambitions creuses et démesurées, alors qu’une sorte de paradis prend forme sur la fin, épuré, les « voix » diaboliques ne soufflant plus aux hommes et aux femmes leurs idées maléfiques. Une chouette histoire en tout cas.