Le plus remarquable dans ce thriller est la gestion du suspense. En effet, le scénario en lui-même n’est pas des plus originaux avec une situation de départ déjà vue par ailleurs, mais l’autrice parvient à conserver une zone d’ombre telle que ce scénario reste tendu.
Ce suspense repose sur deux éléments. Le premier est le risque constant de voir l’héroïne être démasquée par la principale suspecte d’une incendie. Le deuxième vient du fait que, au fil des révélations, l’héroïne ne trouvant que des indices indirects, le doute demeure quant à la culpabilité de la principale suspecte et l’implication éventuelle d’autres personnages.
Résultat : même si l’idée de départ est déjà vue, même si les personnages semblent de prime abord assez caricaturaux, même si le dessin reste dans un style très mainstream, ce thriller est des plus addictifs.
Vivement la suite !
Mise à jour après 6 tomes : c'est toujours aussi bon !!!!!
Mise à jour après 8 tomes : tout se tient et même si la fin est un peu tirée en longueur, ce thriller aura répondu à mes attentes. Je recommande !
A l'origine, je regardais quelques images, je lisais quelques phrases de Corto, mais je comprenais que je n'étais pas prêt. Un jour enfin, j'ai senti qu'il était temps, j'ai lu et ne m'en suis jamais repenti. Quels traits, qui vous emportent comme la mer… Quel héros : Corto peut rester immobile, à fumer le cigare, sans qu'on s'ennuie, et on peut espérer que la suite dispensable ne le condamnera pas à mâchonner de l'herbe comme Lucky Luke. Et que de personnages pour lui donner la réplique ! On en trouve de toutes les couleurs, et je dirais que Hugo Pratt en a le droit, lui, alors que d'autres, non, trois fois non ! Pourquoi, parce qu'il sait les dessiner, déjà, on n'est ni dans la caricature, ni dans la fadeur, il rend parfaitement le corps humain, son visage, ses mouvements, tout…. Ensuite, en terme de perception, mais c'est aussi important, parce que Pratt connait et invente assez d'histoire pour que les gens de toutes les couleurs y soient non comme collection pour montrer de la diversité, mais des personnages d'histoires à part entière. Et quelles histoires ? La réalité et le rêve s'enrichissent mutuellement.
Même remarque pour les femmes que pour la diversité ethnique, sociale, religieuse, culturelle et psychologique. D'ailleurs ce fou de Raspoutine lui reproche d'être toujours entouré de trop de femmes ! Il y a aussi l'alcoolique Steiner qui nous montre un vieux savant assez émouvant dans sa dérive, et parfois, comme dans un spectacle, il y a des invités, des personnages historiques comme le Baron fou qu'une chinoise aidée d'une organisation secrète comme il en grouille dans Corto en Sibérie, contrecarre. Contrairement à une duchesse de cette aventure ou Bouche dorée de plein d'aventures, c''est après coup qu'on se rend compte de son importance.
C'est formidable, non ? Mais parfois, on est tout aussi heureux pour une mouette fendant l'air - par parenthèse, découvrez l'aventure provoquée par ce genre de volatile ! Ou bien pour des cases où le noir et le blanc font le… tango? Mais Corto, gentilhomme de fortune, né de la mer, est sans doute mieux suivi en commençant par la mer salée, dans les pas de Stevenson et sa navigation, et son île au trésor quand Corto en cherche tant, passionné et plein de détachement, mystérieux à l'image du monde qui se reflète dans ses yeux.
Il me faut remonter à l’excellent « Burn the House Down » pour retrouver un premier tome aussi accrocheur dans cette catégorie des manga thriller. Le concept est original puisqu’il repose sur l’architecture étrange de certaines maisons. Celles-ci offrent des configurations étranges et le personnage principal de la série va vite se convaincre que cette configuration n’est pas accidentelle mais permet à ses occupants de perpétrer des meurtres sans risquer d’être vus par leurs voisins.
L’ambiance et la tension sont bien présentes et au bout de ce premier tome, ma curiosité est fameusement titillée. Je sais déjà que je me ruerai sur le tome 2.
Niveau dessin, rien d’exceptionnel mais un trait bien lisible, des personnages bien typés et une attention bien entendu toute particulière a été accordée à l’architecture des bâtiments.
Vraiment très accrocheur !
Dave Cooper, voilà un auteur clivant, dont les productions s’éloignent du commun – en tout cas du franco-belge classique – et dont les thématiques – et le dessin – ne peuvent qu’interpeler. En tout cas on aime ou on déteste, mais il ne peut laisser indifférent.
Je fais partie de ceux qui apprécient beaucoup ce qu’il fait. J’avise cet album longtemps après ses autres productions, même si je le possède depuis très longtemps. Il avait disparu sous l’une de mes piles à lire (c’est donc la première édition du Seuil que j’ai lue, je ne sais pas ce que la réédition plus récente chez Huber a pu modifier – même si je fais confiance à cet éditeur pour avoir fait un beau travail éditorial).
« Ripple » est un album à réserver à un lectorat adulte je pense. On y retrouve certaines thématiques très présentes dans l’œuvre de Cooper, comme la sexualité, le questionnement sur la « normalité » des formes, etc. Mais c’est ici traité de façon à la fois plus « simple », avec des personnages plus réalistes que dans ces autres albums, mais aussi de façon plus trash. On n’est pas étonné de retrouver son compatriote David Cronenberg en préfacier.
Martin est un peintre/illustrateur qui se pose des questions, et trouve un thème accrocheur pour obtenir le financement des financements : travailler sur la beauté cachée des laids, pour citer Gainsbourg. Il recherche un modèle, et c’est Tina, une femme éloignée des canons actuelles (elle est grosse, propose un sourire a priori peu avenant, etc.) qui se présente.
Il lui propose de poser pour des dessins trash, avec accessoires porno SM. Si au départ Tina semble mal dégrossie et timide, à la merci des demandes – et des fantasmes – de Martin, peu à peu leur relation va se développer, toujours sur des standards vaguement SM, mais en s’inversant. Martin devient peu à peu esclave de son attirance pour Tina, voire esclave de Tina – et de son indifférence, voire de son mépris.
Une relation complexe, qui est présentée comme relatée a posteriori par Martin. Avec en arrière-plan la possibilité que Martin soit en partie un avatar de Cooper lui-même ?
En tout cas Cooper ne nous cache rien de certains aspects sordides, ou tout simplement banals du quotidien de cette relation.
Une œuvre exigeante, originale.
Encore un livre sur la Shoah pourrait-on penser. L'actualité prouve malheureusement qu'il n'est pas superflu de rappeler sans cesse les horreurs provoquées par des pensées et des discours racistes. La série est d'autant plus légitime qu'elle explore une situation peu visitée : le retour des déportés à l'hôtel Lutétia de Paris et leur réadaptation à la vie normale dans une France peu enthousiasme à approfondir ce sujet. Le/la lecteur-rice se retrouve à l'hôtel Lutétia du très chic sixième arrondissement de Paris reconverti comme centre d'accueil et d'orientation des déportés libérés des divers camps nazis. Le scénario ne s'aventure pas sauf une exception dans des flashback douloureux. Au contraire il s'agit bien de se réapproprier l'avenir avec toute la charge mentale émotionnelle voire de culpabilité inhérente aux survivants du génocide orchestré par les nazis avec la collaboration plus ou moins active des états envahis. La narration reste soft et délicate, tout en nuance devant la situation de certains comme le père de Louis.
C'est donc un récit qui s'adresse à un large public.
Ce sentiment est renforcé par la présence de Dawid aux manettes graphiques. Cet auteur est un habitué des excellentes éditions de la Gouttière qui proposent de très bons titres Jeunesse. Dawid a déjà réalisé plusieurs albums muets (Passe-passe,Dessus Dessous, Pas de deux) où son graphisme très poétique porte merveilleusement bien la sensibilité de la narration dans des thématiques émotionnellement fortes. Sa mise en couleur est moins brillante que pour ses albums jeunesses mais correspond aussi mieux à l'ambiance de cette période grise d'après guerre.
Une belle lecture pour tous qui reste d'actualité.
J'étais curieux de découvrir la nouvelle production du trio Lupano, Chemineau et Bouchard (on oublie trop souvent le coloriste) après La Bibliomule de Cordoue, un album qui m'avait enchanté.
Wilfrid Lapano n'a pas perdu sa verve pour nous raconter à sa sauce ce fait historique qui m'était inconnu. Il aura des conséquences sur l'incident de la NASA en préambule au récit principal. Il va être question de Joseph Dombey, un botaniste qui avait déjà bien bourlingué sur le nouveau continent, il a pour mission de faire adopter le mètre décimal comme unité de mesure par les États-Unis, nous sommes en 1794. Tout ne va pas se dérouler comme prévu, son navire va croiser des pirates, il sera leur prisonnier sur l'île de Montserrat et plus précisément à Cocagna, un petit village aux coutumes singulières. Un récit savoureux et instructif, l'humour décalé fonctionne parfaitement et j'ai aimé certaines répliques qui nous renvoient à divers références. Par exemple lorsqu'un pirate jure "Mille chats borgnes" (un cheveu sur la langue) ou bien "J'ai connu une polonaise...".
Une lecture très agréable, la narration maîtrisée y est pour beaucoup, mais elle est un degré moindre que sur La Bibliomule de Cordoue, le contexte historique, des personnages moins charismatiques et la pagination restreinte n'y sont pas étrangers.
Léonard Chemineau et Christophe Bouchard forment un duo complémentaire. Visuellement lisible, expressif et dynamique, mais moins envoûtant que sur La Bibliomule de Cordoue, la période historique, ici, est moins dépaysante.
Je recommande malgré mes petits, petits reproches.
Un bon 4 étoiles.
Et je vais terminer par "Ni Dieu, ni maître et ni mètre !"
Krimi est une œuvre magistrale, autant sur le fond que sur la forme. Alex W. Inker livre ici un travail graphique absolument saisissant, réalisé à l’encre et au fusain, qui confère à chaque planche une profondeur et une texture incroyables. Les noirs sont d’une densité rare, les contrastes subtilement dosés, et le trait évoque la pellicule d’un vieux film. On y retrouve tout l’esprit du cinéma expressionniste allemand, ses ombres mouvantes et son esthétique du clair-obscur. Graphiquement, c’est un choc.
L’édition de Sarbacane est à la hauteur du contenu : grand format et dos toilé, un véritable écrin pour ce travail d’orfèvre. On sent une vraie volonté de mettre en valeur la matérialité du dessin, presque palpable à chaque page. C’est le genre d’album qu’on feuillette lentement, pour savourer la puissance de chaque composition.
Le scénario, signé Thibault Vermot, plonge dans la figure complexe de Fritz Lang, cinéaste de génie hanté par ses démons, son époque et la culpabilité. L’histoire entremêle la réalité et la fiction avec une grande maîtrise, tout en gardant une cohérence narrative et émotionnelle remarquable. Le rythme, lent mais tendu, accompagne parfaitement cette descente dans l’ombre.
Je conseille de voir le film M le Maudit avant de se plonger dans la BD : cela permet de saisir pleinement les enjeux artistiques et psychologiques du récit, et de comprendre comment Inker et Vermot dialoguent avec l’œuvre de Lang.
En somme, Krimi est plus qu’un simple polar : c’est une réflexion sur la création, la culpabilité et le pouvoir des images. Un album ambitieux, noir et superbe, servi par un duo d’auteurs en parfaite symbiose.
J'ai aimé le trait du dessinateur, les couleurs et… le bourreau ! C'est le personnage le plus gentil, le plus décalé de l'histoire. Personne ne l'estime, certains de n'être qu'un bourreau pour animaux, d'autres d'être un bourreau. Cela fait bien longtemps que j'ai lu la BD, mais il me semble que c'est ce que le malheureux devait faire, son père étant bourreau d'humain, et lui, bon homme, de ne pas vouloir tuer des gens ni désavouer son père. Dans Jacques le Fataliste, le bourreau pour humain était aussi sympathique. Et pourquoi pas ? Tout opposant à la peine de mort doit viser la peine, tout partisan ne pas viser le bourreau comme impur, ainsi que divers autres métiers dans bien des sociétés…. Je dois mentionner que la couverture est belle et intrigante, et adaptée à son rôle de couverture. Loin des moches, loin de celles qui sont belles comme pour mieux masquer la laideur de certains ouvrages, et exécutées par des spécialistes des couvertures, m'a dit un vendeur de BD.
J'ai l'impression d'enchaîner les coups de cœurs sur le site depuis quelques temps, je m'en excuse, mais j'ai le cœur sensible et il me faudrait bien du temps pour retrouver, relire et aviser toutes les séries que j'avais lues dans ma jeunesse et mon adolescence (forcément, cela équilibrerait mon ratio d'avis dithyrambiques et plus posés).
Je pourrais essayer d'embrayer avec le sujet de l'album en vous parlant de ma peur du regard d'autrui, du fait que je craigne à chaque fois que j'avise d'être jugée négativement par des inconnus, que comme tout le monde je recherche une validation, à être acceptée dans la société, que comme tout le monde je suis intrinsèquement différente et que j'essaye de dissimuler ou de tordre cette différence pour vivre parmi les autres, quitte à rentrer dans des cases étriquées que le nombre nous impose.
Si je vous embête en vous racontant ma vie, en enfonçant des portes ouvertes, ce n'est que parce que je ne sais comment vous transmettre autrement le fait que cet album a fait mouche, a su résonner en moi. Je n'ai jamais su répondre autrement aux échos empathiques d'autrui qu'en partageant les miens. Une histoire pour une histoire.
Je ne suis pas personnellement concernée par le sujet de l'intersexualité, je ne suis même pas sûre d'avoir la moindre légitimité pour m'exprimer sur le sujet, mais pourtant le récit a fait écho avec ma vie, c'est sans doute aussi pour ça qu'à la fermeture l'album m'a laissée bien pensive. Je suis neuro-divergente, je suis queer, je suis transgenre aussi, j'ai dû me battre pour des questions de sexe et de genre depuis toute petite alors même si je suis loin d'avoir vécu la vie de Polly j'ai su reconnaître l'expérience, le poids du regard des autres, le sentiment que notre propre corps n'est pas vraiment nôtre mais finalement un objet social sur lequel le plus grand nombre semble avoir tout pouvoir.
L'intersexualité, le fait que bon nombre de personnes à travers le monde naissent parfaitement en dehors des spectres mâles et femelles et, par là-même, invalident et remettent en question la totalité des fondements de ségrégations de sexes/genres que la société et ses individus tentent désespérément d'imposer depuis si longtemps, est un sujet important à mettre en lumière. Comme nous le rappelle l'album, encore aujourd'hui des enfants sont opéré-e-s sans consentement (de la personne concernée en tout cas) pour satisfaire le besoin malsain qu'ont encore beaucoup de gens de vouloir que tout se conforme à une vision du monde fixe, immuable, qui ne soit jamais remise en question pour que le monde tel qu'iels le visualisent reste inchangé.
Nous sommes abreuvé-e-s d'histoires sur la différence, sur l'impossibilité d'une parfaite similarité entre chaque individus humains, sur la puissance du libre arbitre et sur la complexité de la nature humaine qui cherchera toujours à se démarquer et paradoxalement cherchera continuellement à se rapprocher des autres et à créer des liens. Pourtant, même si nous connaissons tous-tes (ne serait qu'inconsciemment) le besoin de liberté d'expression personnelle, le besoin de tout-un-chacun de pouvoir vivre en société sans que son existence-même soit remise en question, la réalité est bien différente. Les gens vantent l'individualité et les personnes atypiques tout en écrasant toute forme d'expression ou d'existence trop divergente à leur vision du monde.
J'ai du mal à m'exprimer, je m'en excuse. J'essaye de retransmettre le ressenti que j'ai eu à la fin de cette histoire, j'essaye de faire passer par mes mots maladroits que la prose de Fabrice Melquiot m'a laissée avec un joli silence à la fermeture de cet album. L'expérience est simple, vive, similaire à plusieurs témoignages que j'ai entendus de ci de là pour des situations du même genre, le récit sonne réel et pourtant tout l'album baigne dans une forme étrangement flottante, poétique même. Les mots, les pensées de Polly, ses réflexions et son récit m'ont parus beaux, justes. Lui-Elle se cherche, cherche à trouver sa place, dans un monde qui ne comprend pas et ne cherche pas à comprendre comment quelqu'un comme lui-elle puisse exister, comme si sa simple existence devait être corrigée. J'ai particulièrement aimé sa discussion avec Ti-Mana, pleine de bons mots, de jeux sur les mots, pour donner un sens à sa vie, pour choisir son sens on pourrait dire. Polly (re)découvre ce que lui-elle est, ne cherche plus à rentrer dans les cases imposées, commence enfin à vivre sa vie selon ses règles et à se trouver définitivement beau-belle.
Polly ne rentre pas dans les cases, qu'à cela ne tienne : Polly cochera à côté.
Le travail graphique d'Isabelle Pralong est intéressant. Similaire à un carnet, plein de tâches, quelques ratures et avec un dessin simple qui ressemble à des esquisses faites à la volée, brut et ne rentrant pas dans l'image d'une bande-dessinée classique, professionnelle, mais sincère.
J'ai beaucoup parlé de moi dans cet avis, je me suis aussi pas mal répétée j'ai l'impression, des défauts récurrents chez moi, j'en ai honte, je vous présente mes excuses. Mais je vais essayer de prendre à cœur l'une des nombreuses idées que l'on pourrait tirer de cet album et accepter que je puisse paraître bizarre aux yeux d'autrui et me contenter d'essayer de vivre ma vie en tant que moi-même.
Bon, j'insiste sur le mot "essayer", parce que je reste une lâche et que je courbe quand-même souvent l'échine pour me faire accepter, mais le positif c'est que j'essaye de m'améliorer !
(Note réelle 3,5)
J'ai lu le livre et trouve le personnage bien plus poétique dans la BD que dans ce qu'on croit percevoir de lui dans Le dernier ermite. Toutefois, l'auteur de la BD ne franchit pas le Rubicon : il n'explique pas ce qui a déclenché le passage à l'acte de rompre les amarres. Encore heureux ! L'ermite dit ne pas le savoir lui-même, alors…
Tant qu'aux dessins, ils sont pour moi à la fois et curieusement immersifs et repoussants, repoussants et immersifs, c'est bien étrange. Comme les couleurs. L'œil s'accroche à ce qui est expressif et qu'il reconnait, par exemple les insectes, les feuilles, très bien rendus, parfois les arbres, mais s'égare dans la géométrie et certaines images un peu trop imprécises dont il se détourne comme devant un ratage. Cependant, la BD ne se juge pas case par case mais par leur succession. On n'est pas au niveau de Black dog, les rêves de Paul Nash, mais tout aussi loin de la production habituelle. Faudrait-il relire cette œuvre ?
C'est bien possible.
Merci à Cacal69 de me l'avoir signalée !
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Burn the House Down
Le plus remarquable dans ce thriller est la gestion du suspense. En effet, le scénario en lui-même n’est pas des plus originaux avec une situation de départ déjà vue par ailleurs, mais l’autrice parvient à conserver une zone d’ombre telle que ce scénario reste tendu. Ce suspense repose sur deux éléments. Le premier est le risque constant de voir l’héroïne être démasquée par la principale suspecte d’une incendie. Le deuxième vient du fait que, au fil des révélations, l’héroïne ne trouvant que des indices indirects, le doute demeure quant à la culpabilité de la principale suspecte et l’implication éventuelle d’autres personnages. Résultat : même si l’idée de départ est déjà vue, même si les personnages semblent de prime abord assez caricaturaux, même si le dessin reste dans un style très mainstream, ce thriller est des plus addictifs. Vivement la suite ! Mise à jour après 6 tomes : c'est toujours aussi bon !!!!! Mise à jour après 8 tomes : tout se tient et même si la fin est un peu tirée en longueur, ce thriller aura répondu à mes attentes. Je recommande !
Corto Maltese
A l'origine, je regardais quelques images, je lisais quelques phrases de Corto, mais je comprenais que je n'étais pas prêt. Un jour enfin, j'ai senti qu'il était temps, j'ai lu et ne m'en suis jamais repenti. Quels traits, qui vous emportent comme la mer… Quel héros : Corto peut rester immobile, à fumer le cigare, sans qu'on s'ennuie, et on peut espérer que la suite dispensable ne le condamnera pas à mâchonner de l'herbe comme Lucky Luke. Et que de personnages pour lui donner la réplique ! On en trouve de toutes les couleurs, et je dirais que Hugo Pratt en a le droit, lui, alors que d'autres, non, trois fois non ! Pourquoi, parce qu'il sait les dessiner, déjà, on n'est ni dans la caricature, ni dans la fadeur, il rend parfaitement le corps humain, son visage, ses mouvements, tout…. Ensuite, en terme de perception, mais c'est aussi important, parce que Pratt connait et invente assez d'histoire pour que les gens de toutes les couleurs y soient non comme collection pour montrer de la diversité, mais des personnages d'histoires à part entière. Et quelles histoires ? La réalité et le rêve s'enrichissent mutuellement. Même remarque pour les femmes que pour la diversité ethnique, sociale, religieuse, culturelle et psychologique. D'ailleurs ce fou de Raspoutine lui reproche d'être toujours entouré de trop de femmes ! Il y a aussi l'alcoolique Steiner qui nous montre un vieux savant assez émouvant dans sa dérive, et parfois, comme dans un spectacle, il y a des invités, des personnages historiques comme le Baron fou qu'une chinoise aidée d'une organisation secrète comme il en grouille dans Corto en Sibérie, contrecarre. Contrairement à une duchesse de cette aventure ou Bouche dorée de plein d'aventures, c''est après coup qu'on se rend compte de son importance. C'est formidable, non ? Mais parfois, on est tout aussi heureux pour une mouette fendant l'air - par parenthèse, découvrez l'aventure provoquée par ce genre de volatile ! Ou bien pour des cases où le noir et le blanc font le… tango? Mais Corto, gentilhomme de fortune, né de la mer, est sans doute mieux suivi en commençant par la mer salée, dans les pas de Stevenson et sa navigation, et son île au trésor quand Corto en cherche tant, passionné et plein de détachement, mystérieux à l'image du monde qui se reflète dans ses yeux.
The strange house
Il me faut remonter à l’excellent « Burn the House Down » pour retrouver un premier tome aussi accrocheur dans cette catégorie des manga thriller. Le concept est original puisqu’il repose sur l’architecture étrange de certaines maisons. Celles-ci offrent des configurations étranges et le personnage principal de la série va vite se convaincre que cette configuration n’est pas accidentelle mais permet à ses occupants de perpétrer des meurtres sans risquer d’être vus par leurs voisins. L’ambiance et la tension sont bien présentes et au bout de ce premier tome, ma curiosité est fameusement titillée. Je sais déjà que je me ruerai sur le tome 2. Niveau dessin, rien d’exceptionnel mais un trait bien lisible, des personnages bien typés et une attention bien entendu toute particulière a été accordée à l’architecture des bâtiments. Vraiment très accrocheur !
Ripple - Une prédilection pour Tina
Dave Cooper, voilà un auteur clivant, dont les productions s’éloignent du commun – en tout cas du franco-belge classique – et dont les thématiques – et le dessin – ne peuvent qu’interpeler. En tout cas on aime ou on déteste, mais il ne peut laisser indifférent. Je fais partie de ceux qui apprécient beaucoup ce qu’il fait. J’avise cet album longtemps après ses autres productions, même si je le possède depuis très longtemps. Il avait disparu sous l’une de mes piles à lire (c’est donc la première édition du Seuil que j’ai lue, je ne sais pas ce que la réédition plus récente chez Huber a pu modifier – même si je fais confiance à cet éditeur pour avoir fait un beau travail éditorial). « Ripple » est un album à réserver à un lectorat adulte je pense. On y retrouve certaines thématiques très présentes dans l’œuvre de Cooper, comme la sexualité, le questionnement sur la « normalité » des formes, etc. Mais c’est ici traité de façon à la fois plus « simple », avec des personnages plus réalistes que dans ces autres albums, mais aussi de façon plus trash. On n’est pas étonné de retrouver son compatriote David Cronenberg en préfacier. Martin est un peintre/illustrateur qui se pose des questions, et trouve un thème accrocheur pour obtenir le financement des financements : travailler sur la beauté cachée des laids, pour citer Gainsbourg. Il recherche un modèle, et c’est Tina, une femme éloignée des canons actuelles (elle est grosse, propose un sourire a priori peu avenant, etc.) qui se présente. Il lui propose de poser pour des dessins trash, avec accessoires porno SM. Si au départ Tina semble mal dégrossie et timide, à la merci des demandes – et des fantasmes – de Martin, peu à peu leur relation va se développer, toujours sur des standards vaguement SM, mais en s’inversant. Martin devient peu à peu esclave de son attirance pour Tina, voire esclave de Tina – et de son indifférence, voire de son mépris. Une relation complexe, qui est présentée comme relatée a posteriori par Martin. Avec en arrière-plan la possibilité que Martin soit en partie un avatar de Cooper lui-même ? En tout cas Cooper ne nous cache rien de certains aspects sordides, ou tout simplement banals du quotidien de cette relation. Une œuvre exigeante, originale.
Les Cheveux d'Edith
Encore un livre sur la Shoah pourrait-on penser. L'actualité prouve malheureusement qu'il n'est pas superflu de rappeler sans cesse les horreurs provoquées par des pensées et des discours racistes. La série est d'autant plus légitime qu'elle explore une situation peu visitée : le retour des déportés à l'hôtel Lutétia de Paris et leur réadaptation à la vie normale dans une France peu enthousiasme à approfondir ce sujet. Le/la lecteur-rice se retrouve à l'hôtel Lutétia du très chic sixième arrondissement de Paris reconverti comme centre d'accueil et d'orientation des déportés libérés des divers camps nazis. Le scénario ne s'aventure pas sauf une exception dans des flashback douloureux. Au contraire il s'agit bien de se réapproprier l'avenir avec toute la charge mentale émotionnelle voire de culpabilité inhérente aux survivants du génocide orchestré par les nazis avec la collaboration plus ou moins active des états envahis. La narration reste soft et délicate, tout en nuance devant la situation de certains comme le père de Louis. C'est donc un récit qui s'adresse à un large public. Ce sentiment est renforcé par la présence de Dawid aux manettes graphiques. Cet auteur est un habitué des excellentes éditions de la Gouttière qui proposent de très bons titres Jeunesse. Dawid a déjà réalisé plusieurs albums muets (Passe-passe,Dessus Dessous, Pas de deux) où son graphisme très poétique porte merveilleusement bien la sensibilité de la narration dans des thématiques émotionnellement fortes. Sa mise en couleur est moins brillante que pour ses albums jeunesses mais correspond aussi mieux à l'ambiance de cette période grise d'après guerre. Une belle lecture pour tous qui reste d'actualité.
Le Mètre des Caraïbes
J'étais curieux de découvrir la nouvelle production du trio Lupano, Chemineau et Bouchard (on oublie trop souvent le coloriste) après La Bibliomule de Cordoue, un album qui m'avait enchanté. Wilfrid Lapano n'a pas perdu sa verve pour nous raconter à sa sauce ce fait historique qui m'était inconnu. Il aura des conséquences sur l'incident de la NASA en préambule au récit principal. Il va être question de Joseph Dombey, un botaniste qui avait déjà bien bourlingué sur le nouveau continent, il a pour mission de faire adopter le mètre décimal comme unité de mesure par les États-Unis, nous sommes en 1794. Tout ne va pas se dérouler comme prévu, son navire va croiser des pirates, il sera leur prisonnier sur l'île de Montserrat et plus précisément à Cocagna, un petit village aux coutumes singulières. Un récit savoureux et instructif, l'humour décalé fonctionne parfaitement et j'ai aimé certaines répliques qui nous renvoient à divers références. Par exemple lorsqu'un pirate jure "Mille chats borgnes" (un cheveu sur la langue) ou bien "J'ai connu une polonaise...". Une lecture très agréable, la narration maîtrisée y est pour beaucoup, mais elle est un degré moindre que sur La Bibliomule de Cordoue, le contexte historique, des personnages moins charismatiques et la pagination restreinte n'y sont pas étrangers. Léonard Chemineau et Christophe Bouchard forment un duo complémentaire. Visuellement lisible, expressif et dynamique, mais moins envoûtant que sur La Bibliomule de Cordoue, la période historique, ici, est moins dépaysante. Je recommande malgré mes petits, petits reproches. Un bon 4 étoiles. Et je vais terminer par "Ni Dieu, ni maître et ni mètre !"
Krimi
Krimi est une œuvre magistrale, autant sur le fond que sur la forme. Alex W. Inker livre ici un travail graphique absolument saisissant, réalisé à l’encre et au fusain, qui confère à chaque planche une profondeur et une texture incroyables. Les noirs sont d’une densité rare, les contrastes subtilement dosés, et le trait évoque la pellicule d’un vieux film. On y retrouve tout l’esprit du cinéma expressionniste allemand, ses ombres mouvantes et son esthétique du clair-obscur. Graphiquement, c’est un choc. L’édition de Sarbacane est à la hauteur du contenu : grand format et dos toilé, un véritable écrin pour ce travail d’orfèvre. On sent une vraie volonté de mettre en valeur la matérialité du dessin, presque palpable à chaque page. C’est le genre d’album qu’on feuillette lentement, pour savourer la puissance de chaque composition. Le scénario, signé Thibault Vermot, plonge dans la figure complexe de Fritz Lang, cinéaste de génie hanté par ses démons, son époque et la culpabilité. L’histoire entremêle la réalité et la fiction avec une grande maîtrise, tout en gardant une cohérence narrative et émotionnelle remarquable. Le rythme, lent mais tendu, accompagne parfaitement cette descente dans l’ombre. Je conseille de voir le film M le Maudit avant de se plonger dans la BD : cela permet de saisir pleinement les enjeux artistiques et psychologiques du récit, et de comprendre comment Inker et Vermot dialoguent avec l’œuvre de Lang. En somme, Krimi est plus qu’un simple polar : c’est une réflexion sur la création, la culpabilité et le pouvoir des images. Un album ambitieux, noir et superbe, servi par un duo d’auteurs en parfaite symbiose.
À la poursuite de Jack Gilet
J'ai aimé le trait du dessinateur, les couleurs et… le bourreau ! C'est le personnage le plus gentil, le plus décalé de l'histoire. Personne ne l'estime, certains de n'être qu'un bourreau pour animaux, d'autres d'être un bourreau. Cela fait bien longtemps que j'ai lu la BD, mais il me semble que c'est ce que le malheureux devait faire, son père étant bourreau d'humain, et lui, bon homme, de ne pas vouloir tuer des gens ni désavouer son père. Dans Jacques le Fataliste, le bourreau pour humain était aussi sympathique. Et pourquoi pas ? Tout opposant à la peine de mort doit viser la peine, tout partisan ne pas viser le bourreau comme impur, ainsi que divers autres métiers dans bien des sociétés…. Je dois mentionner que la couverture est belle et intrigante, et adaptée à son rôle de couverture. Loin des moches, loin de celles qui sont belles comme pour mieux masquer la laideur de certains ouvrages, et exécutées par des spécialistes des couvertures, m'a dit un vendeur de BD.
Polly (La Joie de Lire)
J'ai l'impression d'enchaîner les coups de cœurs sur le site depuis quelques temps, je m'en excuse, mais j'ai le cœur sensible et il me faudrait bien du temps pour retrouver, relire et aviser toutes les séries que j'avais lues dans ma jeunesse et mon adolescence (forcément, cela équilibrerait mon ratio d'avis dithyrambiques et plus posés). Je pourrais essayer d'embrayer avec le sujet de l'album en vous parlant de ma peur du regard d'autrui, du fait que je craigne à chaque fois que j'avise d'être jugée négativement par des inconnus, que comme tout le monde je recherche une validation, à être acceptée dans la société, que comme tout le monde je suis intrinsèquement différente et que j'essaye de dissimuler ou de tordre cette différence pour vivre parmi les autres, quitte à rentrer dans des cases étriquées que le nombre nous impose. Si je vous embête en vous racontant ma vie, en enfonçant des portes ouvertes, ce n'est que parce que je ne sais comment vous transmettre autrement le fait que cet album a fait mouche, a su résonner en moi. Je n'ai jamais su répondre autrement aux échos empathiques d'autrui qu'en partageant les miens. Une histoire pour une histoire. Je ne suis pas personnellement concernée par le sujet de l'intersexualité, je ne suis même pas sûre d'avoir la moindre légitimité pour m'exprimer sur le sujet, mais pourtant le récit a fait écho avec ma vie, c'est sans doute aussi pour ça qu'à la fermeture l'album m'a laissée bien pensive. Je suis neuro-divergente, je suis queer, je suis transgenre aussi, j'ai dû me battre pour des questions de sexe et de genre depuis toute petite alors même si je suis loin d'avoir vécu la vie de Polly j'ai su reconnaître l'expérience, le poids du regard des autres, le sentiment que notre propre corps n'est pas vraiment nôtre mais finalement un objet social sur lequel le plus grand nombre semble avoir tout pouvoir. L'intersexualité, le fait que bon nombre de personnes à travers le monde naissent parfaitement en dehors des spectres mâles et femelles et, par là-même, invalident et remettent en question la totalité des fondements de ségrégations de sexes/genres que la société et ses individus tentent désespérément d'imposer depuis si longtemps, est un sujet important à mettre en lumière. Comme nous le rappelle l'album, encore aujourd'hui des enfants sont opéré-e-s sans consentement (de la personne concernée en tout cas) pour satisfaire le besoin malsain qu'ont encore beaucoup de gens de vouloir que tout se conforme à une vision du monde fixe, immuable, qui ne soit jamais remise en question pour que le monde tel qu'iels le visualisent reste inchangé. Nous sommes abreuvé-e-s d'histoires sur la différence, sur l'impossibilité d'une parfaite similarité entre chaque individus humains, sur la puissance du libre arbitre et sur la complexité de la nature humaine qui cherchera toujours à se démarquer et paradoxalement cherchera continuellement à se rapprocher des autres et à créer des liens. Pourtant, même si nous connaissons tous-tes (ne serait qu'inconsciemment) le besoin de liberté d'expression personnelle, le besoin de tout-un-chacun de pouvoir vivre en société sans que son existence-même soit remise en question, la réalité est bien différente. Les gens vantent l'individualité et les personnes atypiques tout en écrasant toute forme d'expression ou d'existence trop divergente à leur vision du monde. J'ai du mal à m'exprimer, je m'en excuse. J'essaye de retransmettre le ressenti que j'ai eu à la fin de cette histoire, j'essaye de faire passer par mes mots maladroits que la prose de Fabrice Melquiot m'a laissée avec un joli silence à la fermeture de cet album. L'expérience est simple, vive, similaire à plusieurs témoignages que j'ai entendus de ci de là pour des situations du même genre, le récit sonne réel et pourtant tout l'album baigne dans une forme étrangement flottante, poétique même. Les mots, les pensées de Polly, ses réflexions et son récit m'ont parus beaux, justes. Lui-Elle se cherche, cherche à trouver sa place, dans un monde qui ne comprend pas et ne cherche pas à comprendre comment quelqu'un comme lui-elle puisse exister, comme si sa simple existence devait être corrigée. J'ai particulièrement aimé sa discussion avec Ti-Mana, pleine de bons mots, de jeux sur les mots, pour donner un sens à sa vie, pour choisir son sens on pourrait dire. Polly (re)découvre ce que lui-elle est, ne cherche plus à rentrer dans les cases imposées, commence enfin à vivre sa vie selon ses règles et à se trouver définitivement beau-belle. Polly ne rentre pas dans les cases, qu'à cela ne tienne : Polly cochera à côté. Le travail graphique d'Isabelle Pralong est intéressant. Similaire à un carnet, plein de tâches, quelques ratures et avec un dessin simple qui ressemble à des esquisses faites à la volée, brut et ne rentrant pas dans l'image d'une bande-dessinée classique, professionnelle, mais sincère. J'ai beaucoup parlé de moi dans cet avis, je me suis aussi pas mal répétée j'ai l'impression, des défauts récurrents chez moi, j'en ai honte, je vous présente mes excuses. Mais je vais essayer de prendre à cœur l'une des nombreuses idées que l'on pourrait tirer de cet album et accepter que je puisse paraître bizarre aux yeux d'autrui et me contenter d'essayer de vivre ma vie en tant que moi-même. Bon, j'insiste sur le mot "essayer", parce que je reste une lâche et que je courbe quand-même souvent l'échine pour me faire accepter, mais le positif c'est que j'essaye de m'améliorer ! (Note réelle 3,5)
Les Pistes Invisibles
J'ai lu le livre et trouve le personnage bien plus poétique dans la BD que dans ce qu'on croit percevoir de lui dans Le dernier ermite. Toutefois, l'auteur de la BD ne franchit pas le Rubicon : il n'explique pas ce qui a déclenché le passage à l'acte de rompre les amarres. Encore heureux ! L'ermite dit ne pas le savoir lui-même, alors… Tant qu'aux dessins, ils sont pour moi à la fois et curieusement immersifs et repoussants, repoussants et immersifs, c'est bien étrange. Comme les couleurs. L'œil s'accroche à ce qui est expressif et qu'il reconnait, par exemple les insectes, les feuilles, très bien rendus, parfois les arbres, mais s'égare dans la géométrie et certaines images un peu trop imprécises dont il se détourne comme devant un ratage. Cependant, la BD ne se juge pas case par case mais par leur succession. On n'est pas au niveau de Black dog, les rêves de Paul Nash, mais tout aussi loin de la production habituelle. Faudrait-il relire cette œuvre ? C'est bien possible. Merci à Cacal69 de me l'avoir signalée !