Les derniers avis (38829 avis)

Par Chaps
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Empires
Empires

J'avais d'abord pensé mettre 4, puis en lisant le 3e album de la série je mets un 5 bien mérité! Alors c'est sûr les albums ne sont pas égaux, le 3 est vraiment top, et le 1 et 2 sont biens. Ce qui m'a plus est le parallèle que l'on peut faire avec notre société moderne. Où les mensonges et la trahison sont les clefs de la réussite politique et religieuse, les clefs du pouvoir en somme. Les histoires sont vraiment sympa a lire, et comme c'est Jarry qui est au commande de tous les albums, la continuité est plus nette et c'est bien car ça change des autres série de ces auteurs. Il semble plus impliqué je trouve, comparé a Istin qui lui ne semble vouloir que produire le plus de séries possible.

23/07/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Dandadan
Dandadan

3.5 Ben moi j'ai bien aimé cette série. Il faut dire que je suis un grand fan du folklore japonais alors à la base la série avait tout pour me plaire. J'ai souvent de la difficulté à entrer dans un manga qui cartonne chez les ados parce que j'ai grandis et je ne fais plus parti du public-cible, mais là le scénario a marché sur moi. Il faut dire que ce n'est pas une histoire de type 'le personnage principal veut devenir le plus fort dans tel domaine' qui est le genre de shonen que je ne peux plus lire. On est dans du fantastique avec des ados qui doivent affronter le paranormal et comme je l'ai écris s'est le genre de scénario qui me plait. Le ton est assez original et détonne des milliers de shonens qui ne font que reprendre les mêmes vieilles recettes. Les personnages sont attachants, le dessin est très bon, les scènes d'actions sont dynamites et je ne savais jamais ce qui allait se passer ensuite ! Franchement, le seul défaut de la série pour l'instant il y a un paquet de tomes et j'ai l'impression que ça va continuer au moins un moment et je ne pense plus avoir la force de continuer les mangas à rallonge. Je ne sais pas si j'aime la série au point d'avoir encore envie de la lire au tome 30 ou 40, mais j'ai bien aimé mon moment de lecture en lisant les 15 premiers tomes.

22/07/2025 (modifier)
Par Simili
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Cinq branches de coton noir
Cinq branches de coton noir

Cinq Branches de Coton Noir s'attarde sur le destin de 3 jeunes soldats noirs, engagés volontaires durant la seconde guerre mondiale, à qui on a confié une mission hautement importante : retrouver un des premiers drapeaux des Etats Unis. Au gré du récit nous naviguons entre 2 périodes charnières de l'histoire des Etats Unis : la guerre d'indépendance et la 2nde GM. Même si l'essentiel de l'histoire se déroule en 1944, le saut dans le passé se fait de manière très fluide à travers la lecture d'un journal retrouvé par une étudiante en histoire (le hasard faisant bien les choses) dans les affaires d'une défunte tante. Y SENTE a imagé une très belle histoire qui à mon sens à la qualité première de ne pas réécrire l'Histoire. J'avoue que j'aurai bien aimé qu'elle soit vraie. Certains passages sont un peu tirés par les cheveux mais finalement pas plus que dans d'autres ouvrages Graphiquement j'ai beaucoup apprécié le choix des couleurs. J'ai trouvé que le dessin collait parfaitement avec la dramaturgie du texte. Du travail de premier ordre. La place des "Noirs" dans la société américaine a toujours été un sujet sensible et épineux, encore aujourd'hui. Ma lecture m'a fait réalisé qu'effectivement je ne voyais que peu de noirs dans les films sur la 2nde GM. Je n'y avais jamais prêté attention et c'est pourtant assez flagrant, preuve d'une ségrégation encore bien présente au milieu du XXème siècle. Cinq Branches de Coton Noir est un bel ouvrage, avec quelques petits défauts pardonnables. A découvrir indubitablement et pour ma part un petit coup de cœur

22/07/2025 (modifier)
Par Ubrald
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Adieu mon royaume
Adieu mon royaume

L’objet est très joli, la couverture et le quatrième de couverture en camaïeu de roses avec dos toilé, édité dans un format parfait pour un livre de contes, ni trop petit, ni trop grand ; il s’agit encore d’une belle œuvre des éditions 6 Pieds Sous Terre. Cet ouvrage est une succession de contes. Chaque conte est bichromatique, composé de noir et d’un dégradé d’une unique couleur. Les teintes choisies sont mates et très belles : violet, ocre, émeraude, terre de sienne etc. Ce traitement chromatique est superbe. Un roman graphique original qui ne laissera pas indifférent dans un sens ou dans l’autre. Il est nécessaire de se laisser imprégner par l’atmosphère des couleurs, des dessins et des textes pour pleinement profiter de cette bd. Elle incite à la rêverie, celle de nos vieux contes moyenâgeux empreints de merveilleux. Il se dégage de cette lecture une certaine poésie et un sentiment d’étrangeté parce que l’histoire qui nous est contée paraît à la fois intime et lointaine. Les représentations et les personnages en rapport avec la lune et le soleil m’ont évoqué le cinéma de Méliès. Les contes sont très bien écrits avec juste ce qu’il faut de texte. Ils n’ont pas tous la même longueur ni la même profondeur, certains nous touchent plus que d’autres. Cette hétérogénéité apporte une richesse à l’ensemble et est très plaisante. A la lecture, je me rappelle m’être dit « quel dommage que l’auteur n’ait pas écrit une seule et même histoire et que tous ces contes soient séparés » et puis j’ai eu l’agréable surprise de voir se tisser un lien entre tous ces contes et personnages dans les derniers chapitres. J’ai eu envie de me replonger dans cette ambiance très singulière une seconde fois et je me suis aperçu d’un clin d’œil de l’auteur : le mendiant présent à la page 3 figure de façon plus ou moins discrète dans plusieurs contes avec différents rôles, mendiant donc, mage, client d’auberge etc. Il y a certainement beaucoup de messages sous-jacents dans ces fables, pour ma part celui que je retiens est la perte du lien originel qui unissait l’homme à la nature. In fine, il s’est agi pour moi d’une très belle respiration contemplative entre deux lectures détente « pop-corn », ce que je recherche en général dans une bd. Je regarderai les autres productions de cet auteur que je ne connaissais pas.

21/07/2025 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5
Couverture de la série Le Voyageur
Le Voyageur

« Le Voyageur » restera sans doute comme l’une des œuvres les plus marquantes de Koren Shadmi. Pour preuve, publiée pour la première fois en 2017 par Ici Même, elle vient d’être rééditée par Marabulles. Et en effet, il faut bien avouer que l’ouvrage fait forte impression. Ce mystérieux voyageur qui traverse les pays et les époques apparaît d’abord énigmatique : taiseux, détaché, il semble presque indifférent envers son prochain. Au fil du récit, il va pourtant dévoiler toute son humanité, tandis que les personnes qu’il va croiser sur sa route révéleront leur bêtise, leur arrogance, leur égoïsme, leur cupidité ou leur désinvolture, en bref, toutes les tares qui font de l’être humain ce qu’il est. Et cela n’est guère glorieux… L’homme semble bénéficier d’un don qui lui fait percevoir au-delà de la surface des choses et prévoir l’avenir… une sorte de lucidité très aiguisée en somme, mais comme il s’interroge lui-même, il pourrait tout aussi bien s’agir d’une malédiction… Et c’est bien son aura unique qui fait du « Voyageur » un ouvrage puissant. Voilà un personnage qui vous hantera longtemps après lecture. Les époques diffèrent selon chaque chapitre, mais la toile de fond demeure toujours la folie d’une humanité courant à sa perte, sur un mode pré ou post-apocalyptique, une humanité qui vous file parfois des haut-le-cœur et nous ramène au contexte actuel de guerres et de massacres, de disparition de la biodiversité et de bouleversements climatiques, sans parler de l’appauvrissement intellectuel des masses et de l’individualisme exacerbé par les réseaux sociaux. La narration est extrêmement fluide et chaque chapitre se conclut de façon étrange, soulevant quelques interrogations chez le lecteur. Un peu comme si un genre de puzzle s’assemblait au fil de la lecture, sans la promesse toutefois que la dernière pièce serait disponible, et il faudra sans doute plusieurs lectures pour en saisir le sens caché. En cela, le lecteur peut s’identifier à ce voyageur qui lui-même est en quête de cette « source » dont il ignore où elle se trouve. Présenté en gaufrier de six cases, l’ouvrage reste simple dans sa mise en page. La ligne claire précise et maîtrisée de Shadmi, dans son minimalisme un peu froid, n’est pas là pour jouer l’esbroufe et colle bien au propos. On ne saurait dire si cela est intentionnel de la part de l’auteur, mais ce voyageur aux yeux vairons évoque immédiatement un certain Ziggy Stardust, mais au-delà de l’aspect physique, le personnage créé par David Bowie est aussi le messager d’une humanité menacée d’extinction, un être un rien biblique, hors du monde, en quête de cette fameuse « source », graal de pureté. Un messie incompris qui a compris qu’il était trop tard pour sauver le monde, alpha et oméga malgré lui… On ne pourra que féliciter les éditions Marabulles d’avoir remis en lumière ce récit hors du commun et intemporel. « Le Voyageur », en ces temps où le monde est chauffé à blanc (dans tous les sens du terme !), apparaît comme une œuvre miroir particulièrement intrigante, qui invite à la réflexion sans toutefois livrer tous ses mystères, et c’est tout ce qu’on aime.

20/07/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série Le Puritain
Le Puritain

Après Sang Barbare, El Torres rend de nouveau hommage à Robert E. Howard, il puise dans son roman Le Puritain pour réaliser ce récit fantastique. N'ayant pas lu cet ouvrage, je ne sais pas à quel point la BD lui est fidèle. Décidément El Torres a du savoir faire pour tenir en haleine son lecteur. Changement de genre, il va être question de religion avec dieu et le diable, de sorcellerie, de chasse aux sorcières, de vie éternelle et d'un chouïa de lesbianisme. Mais il introduit aussi les amérindiens avec la tribu des Wampanoag et de mysticisme africain. Une délicieuse recette au goût amer et mortifère. Une intrigue qui tient la route et qui dévoile ses secrets avec habileté. L'instrumentation du diable est à son paroxysme et la vie des < sauvages > est tout à fait secondaire. Un récit aux très nombreuses références, je vous laisse les découvrir, sachez seulement que la ville de Providence se situe non loin des faits. Des personnages qui tiennent à merveille leur rôle, de Constance la jeune fille naïve à l'homme de dieu extrémiste en passant par l'ambiguïté de Salomon Kane (le puritain). Une lecture très plaisante dans un genre que j'affectionne énormément. Un dessin efficace au trait appuyé qui joue beaucoup sur les ombres et sur les gros plans. Une colorisation au diapason pour un beau rendu. Une mise en page dynamique. Du bon boulot. Pour les aficionados du genre. "Un sceptre fut créé pour détruire le mal... en utilisant le pouvoir du mal."

19/07/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Ava - Quarante-huit heures dans la vie d'Ava Gardner
Ava - Quarante-huit heures dans la vie d'Ava Gardner

Belle comme un mirage, une hallucination, un rêve rimbaldien. - Ce tome contient un récit de nature biographique, relatant quarante-huit heures de la vie d’Ava Gardner. Son édition originale date de 2024. Il a été réalisé par Emilio Ruiz pour le scénario, et par Ana Miralles pour les dessins et les couleurs. La traduction a été réalisée par Geneviève Maubille, avec une relecture assurée par Murielle Briot. Il comprend cent pages de bande dessinée. Il commence par un texte d’introduction d’une page, rédigé par Elizabeth Gouslan, autrice du livre Ava, la femme qui aimait les hommes (2012). Elle évoque la beauté inouïe de l’actrice, qualifiée de Plus bel animal du monde par Jean Cocteau, la couleur changeante de ses yeux, le film La comtesse aux pieds nus qui s’inspirent de sa vraie vie, et sa relation avec Frank Sinatra. Le sept septembre 1954, à Rio de Janeiro, le film La comtesse aux pieds nu est à l’affiche. Dans son beau costume blanc, Gilberto Souto contemple la marquise de l’Odéon qui porte le nom des acteurs et du réalisateur. Avec les journaux sous le bras, il regagne ses bureaux, où il est accueilli par sa secrétaire Belem qui lui indique qu’elle a l’agent d’Ava Gardner au téléphone. Il lui demande de lui passer l’appel dans son bureau. Souto rassure David Hanna : L’hôtel Gloria est magnifique, il est parfait pour une star telle qu’Ava Gardner. Il continue : Certes le Copacabana Palace est plus réputé, mais il est aussi moins sûr, et la situation du pays est telle qu’ils doivent avant tout veiller à la sécurité de Miss Gardner. En réponse à un question, il indique que tout est en ordre, qu’il vient de s’entretenir avec le chef de la police. En effet la venue d’Ava risque d’attirer beaucoup de monde, et on est à Rio. Hanna doit comprendre que cette ville n’est pas Lima ni Buenos Aires, encore moins Montevideo. Les Cariocas n’éprouvent pas simplement de la passion pour Miss Gardner, c’est carrément de la frénésie ! Il termine la conversation avec une recommandation : quand ils atterriront à Galejão, ils ne doivent pas descendre de l’avion, avant son arrivée. Belem, la secrétaire, rentre dans le bureau alors que Gilberto Souto a commencé à lire les journaux. Elle l’informe que M. Krymchantowsky a appelé pour organiser la journée avec les hommes d’affaires, que les responsables du festival de poésie aimeraient savoir si Ava accepterait de réciter quelques vers en portugais lors de la cérémonie de remise des prix. Souto lui indique qu’il faudra prévenir les journalistes et l’hôtel que l’avion atterrira avec du retard. Puis il enfile sa veste et lui indique qu’il se rend à l’ambassade demander des passeports diplomatiques, car l’actrice et son agent veulent se rendre directement à l’hôtel sans passer par la douane. Qui ne tente rien n’a rien… À bord de l’avion, Ava Gardner répond aux questions d’un journaliste. Que dirait-elle aux lecteurs de la Ava Gardner qui fait la une des journaux ? Sa réponse : Qu’elle ne correspond en rien à la femme qu’elle est en réalité. L’image que la presse donne d’elle l’attriste beaucoup. Question suivante : Pourquoi Ava Gardner ne conteste-t-elle jamais ces fausses informations ? Irrésistiblement attiré par la magnifique couverture, le lecteur se retrouve impuissant face à la promesse de passer du temps avec cette actrice hors du commun, ou par celle de retrouver les planches tout aussi extraordinaires d’Ana Miralles, après la série extraordinaire Djinn (2001-2016, treize tomes et trois hors-série), scénarisée par Jean Dufaux. L’expression d’Ava est indéchiffrable sur la couverture : un moment paisible hors du temps, un instant d’attente entre deux prestations à se donner en spectacle, ou une forme de résignation en train d’évoluer vers l’acceptation. Le lecteur aura la satisfaction de découvrir les circonstances de cette pause, ainsi d’avoir une vue plus large sur le lieu. Il focalise ensuite son attention sur le sous-titre : il s’agit de suivre cette beauté féminine pendant un court laps de temps : quarante-huit heures. L’introduction fournit des éléments de contexte intéressants pour celui qui découvre cette actrice : sa beauté inouïe, les réalisateurs avec qui elle a déjà tourné (John Ford, Henry King, Gorge Cuckor, John Huston, Nicholas Ray) et récemment Joseph Mankiewicz, la raison pour laquelle elle se rend à Rio de Janeiro. La planche d’ouverture contient déjà toutes les qualités du récit : différents endroits de Rio de Janeiro, la reconstitution historique, les personnages élégants, la curiosité de savoir comment va se dérouler ce séjour, à quoi va être confronté Ava Gardner, comment elle va se comporter par rapport à ce qui est attendu d’elle. C’est donc l’occasion de réaliser une visite touristique à Rio de Janeiro. Le lecteur se plaît autant à prendre le temps de laisser son regard lors des scènes en extérieur, que lors de celles en intérieur. Il rentre donc avec Gilberto Souto dans les locaux de son agence : bureaux en bois, chaises en bois, classeurs métalliques, affiches au mur, sous-main, lampe de bureau, tout est d’époque. Une fois passé la fin du voyage en avion et la douane, il prend le temps d’apprécier la décoration de l’hôtel Gloria : le tissu des larges fauteuils, les dorures de la salle de bain, le mobilier épuré dans la chambre, le grand hall de l’hôtel avec l’estrade qui a été installée et les tentures bleues. Il peut ensuite comparer avec la décoration de l’hôtel Copacabana Palace : sa piscine qui fait envie, les tables plutôt rondes que carrées et leur nappe, le magnifique lobby, la chambre aménagée avec plus de retenue, le balcon et sa vue extraordinaire sur l’océan, etc. Les décors en extérieur coupent le souffle du lecteur : le trajet en voiture de Souto pour rejoindre l’aéroport ce qui laisse le temps de regarder les façades, la perspective sur l’océan alors que l’avion achève sa descente vers la piste, la vue de la baie avec la monumentale statue du Christ rédempteur, la virée nocturne de Rene dans un autre quartier de la ville, et une virée nocturne exceptionnelle d’Ava et David qui les emmène au pied de la statue du Christ rédempteur, durant une dizaine de pages. L’artiste s’implique pour une reconstitution historique présente dans chaque élément : les accessoires du quotidien, les modèles de voitures, les robes d’Ava Gardner et ses gants, les sous-vêtements de Rene, les costumes de de ces messieurs, sans oublier les chapeaux et les cravates unies ou à motif, etc. Bien sûr, la dessinatrice soigne la ressemblance physique d’Ava Gardner, et la délicatesse de son trait convient à merveille à la pureté du visage de l’actrice, à sa silhouette gracieuse, et à ses gestes étudiés. Le lecteur peut la voir resplendir par comparaison aux autres personnages féminins, quel que soit leur degré de beauté. Il admire le maintien des hommes, souvent splendides dans leur costume formel. La qualité de la narration visuelle s’exprime également dans le naturel de chaque prise de vue, dans leur évidence et leur plausibilité. Le lecteur peut voir comment Ava Gardner joue avec le journaliste dans sa cinquantaine, lors des questions posées pendant le voyage en avion. Il apprécie l’écho qui se produit lors d’une séance d’interview beaucoup plus inquisitrice face à plusieurs journalistes, et l’actrice qui déploie tout son savoir-faire en matière de charme et de séduction. Il sent la tension monter lors du face-à-face avec Howard Hughes dans la chambre d’hôtel, alors qu’il se montre de plus en plus pressant. Il découvre les circonstances correspondant à l’illustration de couverture, et il ressent une forte empathie au vu des émotions qui secouent Ava Gardner. Au bout de quelques pages, le lecteur peut trouver la narration un peu trop factuelle, un peu explicative comme si le scénariste prenait bien soin d’éviter toute incompréhension. Il suit une femme que l’on peut qualifier de beauté fatale, soumise à l’incroyable pression créée par l’attente de tous ses admirateurs. Il ressort comme elle meurtri de la sortie d’avion pour rejoindre la douane : scénariste et artiste réalisent une séquence oppressante et claustrophobique au cours laquelle l’actrice se retrouve assaillie par une foule compacte au sein de laquelle chacun veut la toucher créant ainsi un mouvement d’écrasement terrifiant. Il prend pleinement fait et cause pour cette femme qui a besoin d’être plus que l’image publique que tout le monde exige d’elle tout le temps. Il comprend parfaitement qu’elle ait besoin d’évacuer cette pression, qu’elle ait des mouvements d’humeur… même s’il lui conseillerait d’y aller mollo sur le tabac et l’alcool. En progressant dans le récit, le lecteur se rend compte que le scénariste a tout annoncé dans les premières pages : les relations compliquées avec les hommes, une femme réduite à une image publique parfaite, le fait qu’elle ne conteste jamais les fausses informations, etc. Tout est là. Il découvre alors que le récit va au-delà de ces éléments attendus. La virée nocturne de David & Ava exprime avec force le besoin de liberté, de sortir des apparences attendues. Il comprend le pourquoi d’une séquence dans le passé avec son père qui lui dit que : Les poupées ne sont pas idiotes, elles savent se débrouiller. Une métaphore sur l’image de poupée d’Ava, qui ne veut certainement pas finir comme celle qu’elle a eu étant petite. La réception d’Ava Gardner s’inscrit également dans un contexte politique et social très concret. Le lecteur ressent également de l’empathie pour Mearene (Rene) Jordan la dame de compagnie de l’actrice, et il s’insurge contre le piège qui lui est tendu. Il commence par sourire en voyant comment certaines personnes essayent de tirer profit par tous les moyens de la présence de l’actrice célèbre, y compris par des moyens malhonnêtes. Il se rend compte que la réflexion va plus loin, en mettant en scène comment cette femme représente Hollywood, c’est-à-dire à la fois l’impérialisme culturel américain et la richesse financière hors de proportion avec la réalité des habitants du Brésil. Ce qui induit une différence de situation sans comparaison possible entre des individus faisant tout ce qu’ils peuvent pour améliorer leur ordinaire avec les moyens dont ils disposent quelle qu’en soit la légalité, dans une société fonctionnant sur la débrouille et la corruption, par opposition à une femme courtisée par tout le monde, prisonnière de son image et du rôle que les autres lui imposent, dans lequel ils la cantonnent, malgré son aisance financière. C’est un plaisir ineffable que de retrouver l’élégance de la narration visuelle d’Ana Miralles, son implication extraordinaire dans l’élégance et la reconstitution historique, sa justesse dans la narration visuelle. Venu pour partager deux jours dans la vie d’une actrice magnifique, le lecteur se retrouve à endurer les conséquences de sa beauté incomparable qui la réduit à un objet du désir pour la foule, ainsi que la convoitise qu’elle suscite en tant qu’incarnation de l’impérialisme américain.

19/07/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série Sang Barbare
Sang Barbare

Les éditions Graph Zeppelin commencent une nouvelle collection avec El Torres à la barre. Quatre albums sortent ce 18 juillet. Cette BD est un hommage d'El Torres à Robert E. Howard et à son personnage fétiche : Conan. J'ai une tendresse particulière pour ce barbare qui a bercé mon adolescence sous la plume de Roy Thomas et le trait félin de Barry Windsor-Smith puis ensuite celui plus musclé de John Buscema. La référence pour ce guerrier sanguinaire. Il ne s'agit pas d'une adaptation d'un roman mais d'une histoire basée sur l'œuvre de Robert E. Howard. El Torres s'en tire plutôt bien, il arrive à en retranscrire l'essence tout en faisant preuve d'une certaine originalité en faisant du fils de Conan le personnage principal. Le temps a passé et Conan est devenu Roi et vieux. Son royaume d'Aquilonnie prospère, mais il est toujours sous la menace des Pictes. Même en ces temps anciens, les conflits intergénérationnels existaient déjà, avec d'un côté le prince Conan qui souhaite la civilisation, sa mère lui a donné une éducation. Le contraire de Conan qui a bâti son royaume sur la barbarie. Un récit captivant, les protagonistes sont bien campés (j'ai un petit faible pour Ramla, une sorcière qui voit le futur) et la narration, qui passe successivement du fils au père, dynamise le récit. Évidemment la violence sera omniprésente, la magie viendra s'inviter et les rebondissements seront présents. Et la surprise de découvrir un Conan vieillissant. Une lecture très agréable, la conclusion est un peu trop convenue à mon goût, elle n'a cependant pas gâché mon plaisir. Le binôme Joe Bocardo (pour le dessin) et Manoli Martinez (pour la couleur) nous offrent de superbes planches. J'ai aimé la texture du trait, il est expressif, bestial et distille une touche de sensualité lorsque c'est nécessaire. Les couleurs sombres maintiennent le lecteur sur ses gardes. La mise est en page est précise et efficace. Quelques rares planches en noir et blanc, elles mettent en avant le talent de Joe Bocardo. Un artiste à suivre. En fin d'album, une lettre d'El Torres sur la passion qu'il voue à Conan et à son auteur. Quelques dessins en noir et blanc de Bocardo pour terminer. Hommage réussi.

18/07/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série Nécromants
Nécromants

Le premier aperçu de la couverture m'a laissé penser à une série de l'univers de Troy. Et c'est vrai qu'on trouve dans ce diptyque de fantasy beaucoup de similitudes avec le monde d'Arleston, tant dans la forme que dans l'esprit. C'est de l'héroic-fantasy légère, volontiers humoristique, qui bâtit son univers autour de l'action qu'elle veut mettre en place et du concept qu'elle veut utiliser. Ici, point de pouvoirs différents pour chaque habitant comme dans le monde de Troy, pas de spécialistes de l'invocation de démons comme dans Démonistes du même scénariste, ni d'experts en poisons comme dans Dragon & Poisons, ou de magie plus générique comme dans Danthrakon, mais des experts en nécromancie. Dans cet univers en effet, la magie la plus répandue consiste à réveiller l'esprit des morts et permettre aux nécromants de s'adjoindre les services de leurs fantômes qui dès lors pourront transmettre leur savoir et leurs pouvoirs à ceux à qui ils se lient. Besoin de participer à un combat, liez-vous au fantôme d'un puissant guerrier et acquérez toutes ses compétences martiales le temps de la bagarre. Acher, le héros, est pour sa part un bien piètre nécromant. Les trois fantômes auxquels il s'est lié sont un vieil érudit pas très doué, un jeune guerrier maladroit, et... une danseuse du ventre. Aussi, quand sa sœur bien plus douée libère par erreur le fantôme d'un antique archimage maléfique qui prend possession d'elle et menace de conquérir le monde, il va avoir bien du mal à tenter de sauver la situation. J'ai aimé la maîtrise de cette série. La narration est impeccable, claire et concise, permettant de faire tenir en 48 pages une intrigue dense et prenante. On comprend très vite le fonctionnement de ce monde et de sa magie. Et les personnages sont bien posés et plutôt intéressants. L'ensemble est soutenu par un graphisme de très bonne qualité, tant pour le dessin que pour les couleurs. Les planches sont soignées, parfois presque un peu trop. Ce que je veux dire, c'est que le trait est fin et les détails sont parfois un peu petits, comme si un format plus grand encore avait été préférable. Mais c'est du beau boulot et c'est plaisant à regarder et bien efficace à la lecture. J'ai pris plaisir à lire cette BD et je me suis rapidement laisser prendre à son intrigue. La faiblesse du héros et de ses fantômes est parfois un peu frustrante, mais il s'en sort convenablement et finit heureusement par remonter la pente tout en restant crédible. Et j'aime bien sa relation avec ses fantômes d'une part, et avec la fille qui va l'accompagner ensuite. Hormis un petit au départ à propos des Biblysophiles, j'ai été agréablement surpris de ne pas voir de jeux de mots lourdauds dans les noms des différents lieux et personnages de ce monde de fantasy. Cependant, à partir de la seconde moitié du tome 1, de plus en plus de dialogues font directement des clins d'œil parfois pas discrets du tout à des paroles de chansons et autres références geeks. Les deux premiers étaient assez amusants quoiqu'incongrus comparé au sérieux relatif de l'intrigue, mais au-delà j'ai commencé à trouver ces tentatives d'humour un peu pénibles et brisant le charme du récit. Cela a réduit la très bonne opinion que j'avais de la série jusque là. Heureusement, ce défaut disparait dans le second tome. Au final, c'est un diptyque divertissant, amusant et très bien mené qui nous est offert là. L'intrigue tient la route avec un bon rythme, les personnages sont tous attachants, et le final est convaincant, avec juste les petits retournements de situation qu'il faut pour entretenir le suspense. Série courte mais très sympa.

08/06/2021 (MAJ le 18/07/2025) (modifier)
Couverture de la série True Stories of Nic & Matt
True Stories of Nic & Matt

J’avais adoré La Favorite du même co-auteur (d’ailleurs c’est assez marrant il cite son livre dans cette bd mais en changeant le nom et j’ai juste reconnu parce que le dessin de la couverture ressemble vaguement au dessin qu’il montre a un moment ) et j’ai pris cette bd au hasard sans savoir à quoi m’attendre à part a un road trip entre ami. En fait le road trip ne dure que la première partie du récit, après on passe à une partie assez amusante où les deux compères essayent de percer avec leur groupe et d’autre copains, puis on les retrouve en France à galerer pour trouver du taf. J’ai préféré la première partie et j’aurai aimé qu’on reste sur cette idée de journal de voyage scénarisé, les rencontres qu’ils font sont celles qu’on peut attendre de ce type de baroudage : parfois triste, glauque, drôle, et on sent bien leur amitié avec les deux passions qui les rassemblent : bd et musique. La partie groupe est sympa mais on voit moins leur amitié qui est pourtant l’idée maîtresse de l’œuvre (normal comme ils sont en groupe les interactions sont moins intimes). Je recommande la lecture surtout pour le début qui fait très « vacances » finalement et donne envie de voyager.

17/07/2025 (modifier)