Un retour en arrière, un hommage aux années passées chez Charlie Hebdo, avec toute l’ironie, la tendresse et l’humour de Luz. Le livre fonctionne comme une collection de petits moments, des saynètes qui nous plongent dans l’ambiance de la rédaction, aux côtés de Cabu, Charb, Wolinski, Tignous, et tous les autres. Ce qui ressort surtout, c’est l’aspect humain : on sent que Luz nous invite à partager les souvenirs d’une bande de potes qui déconnent, mais aussi qui bossent dur.
Le ton est souvent léger, drôle même, avec beaucoup d’autodérision, mais il y a toujours cette touche d’émotion en toile de fond. C’est un peu comme si Luz nous disait : “C’était ça, notre vie à Charlie, pleine de rires, de coups de gueule, de blagues potaches, mais aussi de passion pour le dessin et la liberté d’expression.” Le contraste entre l’humour et la gravité des événements qui ont suivi donne une dimension particulière à ces moments.
Graphiquement, c’est du Luz pur jus. Les dessins sont expressifs et spontanés. Chaque personnage est croqué avec beaucoup de tendresse, et on reconnaît immédiatement les visages familiers de Cabu ou Charb, toujours avec ce style un peu lâché, typique de Luz. Le tout est très vivant, on a l’impression d’être là, dans la rédaction, au milieu des blagues et des coups de crayon. Touchant, vraiment.
Au final, un album qui touche autant qu’il fait rire. C’est une sorte de célébration de ce que c’était de faire partie de cette équipe, avec tout ce que ça implique de moments délirants, mais aussi de travail. Un témoignage à la fois léger et poignant, j'ai beaucoup aimé.
Une BD vraiment spéciale, unique, un cri du cœur dessiné qui raconte l’après Charlie Hebdo, vu de l’intérieur par Luz. Dès le départ, on comprend que Luz se livre sans retenue, mais avec pudeur. Il revient sur ce 7 janvier 2015, jour où il est arrivé en retard, échappant ainsi au massacre de ses amis et collègues. Ce retard, il le doit à une soirée d’anniversaire un peu trop arrosée, un détail qui a pris une dimension insupportable pour lui.
Le titre de l’album parle de lui-même : Catharsis est son moyen de se libérer, de cracher ses angoisses, son incompréhension, et surtout de faire la paix avec lui-même. Luz ne cherche pas à raconter l’attentat en tant que tel, mais plutôt à montrer comment on essaie de vivre après ça. Comment on survit quand on a perdu des proches, quand on traîne avec soi cette culpabilité de l’avoir échappé de peu. Il oscille entre la rage, le désespoir, et l’espoir ténu que le dessin pourrait le sauver.
Son style est brut, je dirais même chaotique, avec des dessins souvent rapides, nerveux, comme s'il exorcisait ses démons en gribouillant frénétiquement. Mais il y a une vraie sincérité dans ce chaos. Luz mélange des scènes du quotidien, des souvenirs avec ses proches, et des images plus abstraites, un peu délirantes parfois, qui traduisent son état d’esprit. C’est fragmenté, sans ordre précis, mais ça reflète bien le tumulte intérieur qu’il traverse.
L’album est aussi très intime. Luz se met à nu, non pas pour émouvoir à tout prix, mais parce qu’il n’a pas le choix. Le dessin est sa façon de faire face. Il parle de ses doutes, de son incapacité à reprendre une vie normale, et de son amour pour sa femme, Camille, qui devient son ancre dans ce tourbillon de tristesse. Luz, avec son humour noir, parfois absurde, n’a pas complètement perdu cette envie de rire, mais ici, le ton est plus doux, très mélancolique.
Catharsis est une œuvre marquée par une forte honnêteté, sans fioritures. On sent que Luz ne sait pas toujours où il va avec cet album, mais c’est justement ce qui en fait sa force. C’est un parcours, une tentative de retrouver du sens dans un monde devenu incompréhensible. C’est un album dur, parfois inconfortable, mais nécessaire, autant pour l’auteur que pour le lecteur. Une lecture qui laisse une trace. A lire aussi le très bon Indélébiles plus joyeux qui revient comme un hommage sur les moments (souvent drôles) qu'il a vécus avec le reste de la bande qui est parti.
Karabulut nous parle ici de son enfance, de ses débuts dans la BD, et surtout de son parcours dans un pays où la liberté d’expression se réduit comme peau de chagrin dans une sorte de carnet de bord.Ce qui rend l’album fort, c’est ce mélange entre le quotidien presque banal et les tensions politiques qui montent en toile de fond dans une Turquie en pleine mutation. Il y a des moments drôles, d’autres beaucoup moins, mais toujours avec cette impression de quelque chose qui se détériore petit à petit.
Visuellement, c’est efficace, on est dans la même veine que Les Contes ordinaires d'Ersin Karabulut que j'ai beaucoup aimé. Son style de dessin est assez simple, sans trop de fioritures, mais ça marche bien. Les visages sont très expressifs, ce qui colle parfaitement à l’ambiance tendue du récit.
L’histoire en elle-même est intéressante, mais elle ne cherche pas à en faire trop. Karabulut raconte sa vie, ses galères pour devenir dessinateur dans un contexte où critiquer le pouvoir peut coûter cher. Il y a un côté très humain dans ce témoignage, sans qu’il ne devienne trop lourd ou dramatique. Ça fait forcément un peu penser à "L’Arabe du futur" ou Persepolis, mais avec un ton plus détendu, plus proche.
Certains passages sont un peu plus légers, presque naïfs, mais ça ajoute une touche d’authenticité. On sent que c’est un récit personnel, un peu fouillis par moments, mais c’est ce qui fait le charme du livre. Il y a des réflexions sur la liberté, sur l’évolution de la société turque, mais rien de trop appuyé, juste ce qu’il faut pour qu’on se pose des questions.
Une BD qui ne cherche pas à impressionner, mais qui touche par sa sincérité, et ce critère est fondamental pour moi dans une autobiographie. C’est un bon point de départ pour comprendre la situation en Turquie, tout en restant accessible. Une lecture plaisante et instructive, sans en faire des tonnes.
Une belle explosion d’absurde en format strip. À première vue, les deux sœurs semblent tout droit sorties d’une série humoristique pour enfants, mais ne vous y trompez pas : leur univers est un joyeux chaos déjanté où l’absurdité règne en maître. J'ai la même collection que Noir Desir et je trouve que le format à l’italienne, se prête parfaitement à ce genre de strips.
Kinky et Cosy, évoluent dans un univers où la bêtise est reine, entourées de personnages loufoques. Le dessin rappelle l’underground américain, et l’absurde omniprésent pousse les situations au-delà du politiquement correct. Les frangines, avec leurs grands yeux et leurs sourires innocents, sont les parfaits véhicules de ce comique décalé, jouant souvent avec des thématiques adultes de manière subtilement provocatrice.
L’absurde est partout, et c’est là que réside toute la force de cette BD. Les gags ne sont pas là pour faire de simples blagues : ils remettent en question la logique même du quotidien, de la société, de l’autorité. Le côté trash n’est jamais gratuit, et même si certaines situations semblent basiques ou provocantes, elles sont toujours traitées avec un second degré assumé, ce qui évite de tomber dans la vulgarité gratuite.
Il est certain que cet humour très particulier ne plaira pas à tout le monde. Certains trouveront peut-être que la répétition des gags finit par s’essouffler, ou que le côté absurde va parfois trop loin. Mais pour ceux qui adhèrent, Kinky et Cosy est une belle réussite d’humour noir et de second degré. Une BD qui ose et qui sait rester fidèle à son propre univers.
Voici un album qui mérite clairement d'être beaucoup plus connu qu'il ne l'est. Un album qui frappe dès la première page par son audace et sa maîtrise graphique. Le noir et blanc est d’une précision remarquable, chaque trait de bic délimite avec finesse un Paris en pleine ébullition, et les jeux de lumière, particulièrement sur les visages d’animaux anthropomorphes, sont d’une grande beauté. Le choix d’un style animalier rappelle les classiques du genre, mais ici Lozes réussit à s’approprier ce registre avec une originalité certaine. J'ai été vraiment bluffé par le niveau de détail et c'est en comprenant après que Lozes y a passé 10 ans que je comprends mieux !
Le concept des deux récits en miroir est vraiment intéressant : on choisit son point d’entrée dans l’histoire, chaque chemin mène à une enquête bien ficelée. Néanmoins, après avoir exploré les deux voies, je trouve que le scénario fonctionne mieux dans un sens que dans l’autre. Un des récits s’impose avec plus de fluidité et d’impact, tandis que l’autre paraît moins évident. On se prend au jeu de vouloir comprendre comment les deux récits se lient, et le procédé n’a rien d’un simple gadget : c’est une véritable expérience de lecture. Il y a des scènes où l’on sent clairement la connexion entre les deux histoires, mais cette mécanique n’est pas toujours maintenue avec la même force tout au long du livre.
Malgré ces qualités indéniables, j’ai ressenti quelques bémols qui m’ont empêché de lui attribuer une note parfaite (la barre est haute pour un 5). D’abord, certains mouvements des personnages semblent un peu étranges. Le dessin est certes exceptionnel dans les détails et les expressions, mais il y a parfois une certaine rigidité dans les mouvements.
Ensuite, l’évolution des époques révolutionnaires m’a un peu perdu. On passe d’une époque à l’autre (Mai 68, la Commune, l’Occupation…), mais sans que cela soit véritablement justifié par le récit. L’effet est visuellement intéressant, il renforce l’idée d’un Paris toujours en lutte, toujours en révolte, mais je n’ai pas vraiment compris ce que cela apportait à l’histoire elle-même (en dehors de ce côté lutte qui est important). Ce choix semble plus esthétique qu’intrinsèquement lié à l’intrigue, ce qui laisse un léger sentiment de confusion.
Cela dit je chipote, il faut bien quand on lit les avis précédents. L’Orfèvre reste un album marquant. Le polar noir, oppressant, la construction narrative en miroir, et l’audace graphique font de cette première BD une belle prouesse. Il y a un talent indéniable chez Lozes, notamment dans la manière dont il gère ses personnages et l’atmosphère d’un Paris en proie à la violence. C’est un coup de cœur pour moi, mais ce flou sur les sauts temporels et quelques maladresses dans l’animation des personnages me poussent à lui donner un solide 4 étoiles plutôt qu’un 5. On est proche de la perfection, mais il manque un petit quelque chose pour franchir ce dernier cap.
C'est le genre d'ouvrage salutaire, que ce soit pour les femmes ou "pour nous, les hommes" (Gillette® : la perfection au masculin ?). Carole Lobel, dont c'est ici la première BD, y raconte sa rencontre avec le père de ses enfants ainsi que sa vie de couple. On voit comment son ex sombre peu à peu dans une sorte de victimisation, renvoyant toute sa rancœur sur sa femme (l'autrice en l'occurrence), et plus généralement sur le genre féminin.
Si cette histoire raconte un cas particulier, on sent qu'il se cache derrière toute une batterie de réflexes, de prêt-à-penser, de conditionnement. Elle dresse un paysage au milieu duquel les hommes sont élevés. Moi-même, j'y ai reconnu quelques uns des travers dont j'ai pu être brièvement le réceptacle, sans même m'en rendre compte. Le Stéphane de ce récit possède certes un profile particulier, atteint d'une forme de perversion, et à ce titre devient un véritable connard au fil du récit, mais il incarne du coup un exemple en miroir à fuir absolument.
C'est même un peu plus fin que ça, car au début de la relation, on sent que les a priori masculins prennent toute la place de l'inexpérience de Carole Lobel dont c'est la première relation. Elle ne sait pas comment faire, ne connait pas vraiment sa sexualité, alors elle s'abandonne à son mâle qui fait comme "ON" lui a montré, c'est à dire brutalement, sans la moindre émotion. Car l'homme doit savoir, il doit être fort, puissant...
Il y a de belles trouvailles, comme cette ellipse graphique quand l'autrice subit ce qu'il faut bien appeler les viols conjugaux à répétition, où en lieu et place d'une scène figurative, elle dessine des plantes délicates, rouges et vertes...
Le dessin, par ailleurs, s'il n'est pas parvenu à combler mes attentes, reste efficace, ne se contentant pas de figurer, justement. J'ai aimé cette BD parce que le portrait d'homme ici esquissé contient tout ce qui porte préjudice aux hommes déconstruits, ou à ceux qui n'ont jamais été ces serviteurs de la masculinité patentée dont il faut définitivement se débarrasser car portant préjudice à toutes et tous, y compris nous-mêmes. J'ajoute que le parallèle que l'autrice fait entre son ex et la guerre et l'extrême droite est tout à fait pertinent. Pour s'en convaincre, on pourra lire Le Coût de la virilité de Lucile Peytavin, un bon complément à cette BD.
il s’agit de la toute nouvelle œuvre de Joe Sacco, un des plus grands auteur de bande dessinée de reportage de notre temps et également un des dessinateurs les plus influents sur la question de la Palestine depuis ses différents travaux au cours des années 90; cette petite BD (32 pages) est un recueil du travail qu’il a fait entre janvier et juillet dernier et publié en ligne sur TCJ quant à sa pensée vis-à-vis des différents évènements à Gaza depuis l’attaque du 7 octobre; plus généralement, c’est une critique de la politique génocidaire de Netanyahou, un regard acerbe sur la politique hypocrite de Biden et de l’Occident, et enfin un regard désespéré sur un monde qui s’effondre physiquement et moralement; il n’y a en soit pas beaucoup d’éléments dans cette oeuvre qui se lit très vite, et pourtant c’est souvent quand l’auteur parle de la Palestine qu’il se trouve être le plus talentueux; j’ai trouvé certaines planches assez drôles et vraiment bien pensées, ses arguments n’ont rien de très uniques mais sont pourtant rares dans le paysage du Septième Art (et les dessins satiriques aux États-Unis d’autant plus !); comme d’habitude j’aime le style de Sacco avec ses dessins grandioses et ses personnages politiques caricaturaux; en petite parenthèse, j’ai malheureusement découvert cette oeuvre après le retrait de Biden aux élections présidentielles ce qui vient ruiner le plaisir de quelques pages ; bref, à lire !
L'histoire biographique de Nin m'a absorbée. Une personnalité complexe, pleine de créativité et d'amour. Mais c'est vrai que certains passages m'ont laissée mal, en particulier quand elle retrouve sont père.
Le dessin et les couleurs sont bien travaillés, il n'y a rien a redire. Son histoire est parfaitement retranscrite.
Au moment où vous lisez ces lignes, des « migrants » sont peut-être en train de quitter le rivage libyen sur des canots pourris, d’autres dérivent au milieu de la Méditerranée dans des conditions critiques, avec probablement rien dans le ventre si ce n’est la peur… Leur objectif ? Rejoindre l’Europe dans l’espoir d’une vie meilleure, fuir avant tout la misère, la guerre ou les persécutions dans des pays en crise. Mais avant qu’ils ne puissent trouver une hypothétique terre d’asile, c’est encore un véritable parcours du combattant auquel ils seront confrontés. La plupart d’entre eux, venus d’Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient voire du Bangladesh, convergeront vers la Lybie, un pays « accueillant » faisant office d’entonnoir, où les réseaux mafieux organisent des trafics d’êtres humains dans des conditions ignobles.
Pour témoigner de tout cela, Lucas Vallerie a pris place durant près d’un mois à bord du désormais célèbre Geo Barents, le navire de sauvetage de Médecins sans frontières qui a fait à plusieurs reprises les gros titres de la presse. Un vrai travail journalistique auquel il a imprimé son regard d’auteur-dessinateur, en décrivant le quotidien des sauveteurs de façon saisissante.
Loin d’être un documentaire convenu, « Traversées » parvient contre toute attente à captiver le lecteur de bout en bout. Vallerie ne se contente pas de décrire froidement ce qu’il a vécu, mais transforme son témoignage en aventure palpitante, en s’impliquant avec une sincérité très touchante et un réalisme qui nous absorbe littéralement. En côtoyant ces sauveteurs, qui font figure de héros des temps modernes (près de la moitié étant des femmes), l’auteur nous fait vivre des opérations parfois périlleuses qui nous font prendre conscience du désespoir de ces gens, un désespoir si profond qu’il les pousse à risquer leur vie pour traverser une Méditerranée souvent tumultueuse et imprévisible. A ce titre, on retiendra la scène terrible du naufrage page 63, qui provoquera la noyade de 30% des cent passagers d’un frêle esquif gonflable…
Autre point fort du récit, Lucas Vallerie donne un visage à ces personnes vues souvent par les médias comme des cohortes anonymes, voire par certaines publications extrémistes comme des envahisseurs cautionnant la théorie si chère à certains politiciens démagogues : le fameux « grand remplacement ». Ce faisant, il décrit leur parcours semé d’embuches, le plus tragique étant celui de la camerounaise Jeannette et sa fille Ina
L’auteur possède un trait simple et abouti, tout à fait sympathique, avec un sens du détail équilibré pour restituer la réalité de son séjour à bord du navire mais aussi pour aussi pour retranscrire les témoignages de plusieurs réfugiés. Les portraits qu’il nous donne à voir des sauveteurs ne sont rien de moins que des hommages mérités. Mais les autres qu’il a fait des personnes secourues, bien plus nombreux, provoquent une émotion irrépressible, sans pathos inutile. J’ai moi-même été bouleversé à plusieurs reprises, c’est dire à quel point ce récit comporte une puissance immersive.
On ne trouvera rien qui puisse jouer en défaveur de ce très beau documentaire empreint d’humanité, auquel Lucas Vallerie a même su glisser une touche d’humour, qui contrebalance à bon escient l’âpreté du propos et ne diminue en rien sa force. Aux réfractaires qui argumenteront probablement que l’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, précisons que « Traversées » se situe à l’écart de tout discours politique. En effet, les équipes du Geo Barents n’ont pour seul rôle d’agir comme tout humain digne de ce nom se devrait de le faire : sauver des vies, point barre. S’opposer à cela ne reviendrait-il pas à promouvoir la non-assistance à personne en danger ?
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Indélébiles
Un retour en arrière, un hommage aux années passées chez Charlie Hebdo, avec toute l’ironie, la tendresse et l’humour de Luz. Le livre fonctionne comme une collection de petits moments, des saynètes qui nous plongent dans l’ambiance de la rédaction, aux côtés de Cabu, Charb, Wolinski, Tignous, et tous les autres. Ce qui ressort surtout, c’est l’aspect humain : on sent que Luz nous invite à partager les souvenirs d’une bande de potes qui déconnent, mais aussi qui bossent dur. Le ton est souvent léger, drôle même, avec beaucoup d’autodérision, mais il y a toujours cette touche d’émotion en toile de fond. C’est un peu comme si Luz nous disait : “C’était ça, notre vie à Charlie, pleine de rires, de coups de gueule, de blagues potaches, mais aussi de passion pour le dessin et la liberté d’expression.” Le contraste entre l’humour et la gravité des événements qui ont suivi donne une dimension particulière à ces moments. Graphiquement, c’est du Luz pur jus. Les dessins sont expressifs et spontanés. Chaque personnage est croqué avec beaucoup de tendresse, et on reconnaît immédiatement les visages familiers de Cabu ou Charb, toujours avec ce style un peu lâché, typique de Luz. Le tout est très vivant, on a l’impression d’être là, dans la rédaction, au milieu des blagues et des coups de crayon. Touchant, vraiment. Au final, un album qui touche autant qu’il fait rire. C’est une sorte de célébration de ce que c’était de faire partie de cette équipe, avec tout ce que ça implique de moments délirants, mais aussi de travail. Un témoignage à la fois léger et poignant, j'ai beaucoup aimé.
Catharsis
Une BD vraiment spéciale, unique, un cri du cœur dessiné qui raconte l’après Charlie Hebdo, vu de l’intérieur par Luz. Dès le départ, on comprend que Luz se livre sans retenue, mais avec pudeur. Il revient sur ce 7 janvier 2015, jour où il est arrivé en retard, échappant ainsi au massacre de ses amis et collègues. Ce retard, il le doit à une soirée d’anniversaire un peu trop arrosée, un détail qui a pris une dimension insupportable pour lui. Le titre de l’album parle de lui-même : Catharsis est son moyen de se libérer, de cracher ses angoisses, son incompréhension, et surtout de faire la paix avec lui-même. Luz ne cherche pas à raconter l’attentat en tant que tel, mais plutôt à montrer comment on essaie de vivre après ça. Comment on survit quand on a perdu des proches, quand on traîne avec soi cette culpabilité de l’avoir échappé de peu. Il oscille entre la rage, le désespoir, et l’espoir ténu que le dessin pourrait le sauver. Son style est brut, je dirais même chaotique, avec des dessins souvent rapides, nerveux, comme s'il exorcisait ses démons en gribouillant frénétiquement. Mais il y a une vraie sincérité dans ce chaos. Luz mélange des scènes du quotidien, des souvenirs avec ses proches, et des images plus abstraites, un peu délirantes parfois, qui traduisent son état d’esprit. C’est fragmenté, sans ordre précis, mais ça reflète bien le tumulte intérieur qu’il traverse. L’album est aussi très intime. Luz se met à nu, non pas pour émouvoir à tout prix, mais parce qu’il n’a pas le choix. Le dessin est sa façon de faire face. Il parle de ses doutes, de son incapacité à reprendre une vie normale, et de son amour pour sa femme, Camille, qui devient son ancre dans ce tourbillon de tristesse. Luz, avec son humour noir, parfois absurde, n’a pas complètement perdu cette envie de rire, mais ici, le ton est plus doux, très mélancolique. Catharsis est une œuvre marquée par une forte honnêteté, sans fioritures. On sent que Luz ne sait pas toujours où il va avec cet album, mais c’est justement ce qui en fait sa force. C’est un parcours, une tentative de retrouver du sens dans un monde devenu incompréhensible. C’est un album dur, parfois inconfortable, mais nécessaire, autant pour l’auteur que pour le lecteur. Une lecture qui laisse une trace. A lire aussi le très bon Indélébiles plus joyeux qui revient comme un hommage sur les moments (souvent drôles) qu'il a vécus avec le reste de la bande qui est parti.
Journal inquiet d'Istanbul
Karabulut nous parle ici de son enfance, de ses débuts dans la BD, et surtout de son parcours dans un pays où la liberté d’expression se réduit comme peau de chagrin dans une sorte de carnet de bord.Ce qui rend l’album fort, c’est ce mélange entre le quotidien presque banal et les tensions politiques qui montent en toile de fond dans une Turquie en pleine mutation. Il y a des moments drôles, d’autres beaucoup moins, mais toujours avec cette impression de quelque chose qui se détériore petit à petit. Visuellement, c’est efficace, on est dans la même veine que Les Contes ordinaires d'Ersin Karabulut que j'ai beaucoup aimé. Son style de dessin est assez simple, sans trop de fioritures, mais ça marche bien. Les visages sont très expressifs, ce qui colle parfaitement à l’ambiance tendue du récit. L’histoire en elle-même est intéressante, mais elle ne cherche pas à en faire trop. Karabulut raconte sa vie, ses galères pour devenir dessinateur dans un contexte où critiquer le pouvoir peut coûter cher. Il y a un côté très humain dans ce témoignage, sans qu’il ne devienne trop lourd ou dramatique. Ça fait forcément un peu penser à "L’Arabe du futur" ou Persepolis, mais avec un ton plus détendu, plus proche. Certains passages sont un peu plus légers, presque naïfs, mais ça ajoute une touche d’authenticité. On sent que c’est un récit personnel, un peu fouillis par moments, mais c’est ce qui fait le charme du livre. Il y a des réflexions sur la liberté, sur l’évolution de la société turque, mais rien de trop appuyé, juste ce qu’il faut pour qu’on se pose des questions. Une BD qui ne cherche pas à impressionner, mais qui touche par sa sincérité, et ce critère est fondamental pour moi dans une autobiographie. C’est un bon point de départ pour comprendre la situation en Turquie, tout en restant accessible. Une lecture plaisante et instructive, sans en faire des tonnes.
Kinky & Cosy
Une belle explosion d’absurde en format strip. À première vue, les deux sœurs semblent tout droit sorties d’une série humoristique pour enfants, mais ne vous y trompez pas : leur univers est un joyeux chaos déjanté où l’absurdité règne en maître. J'ai la même collection que Noir Desir et je trouve que le format à l’italienne, se prête parfaitement à ce genre de strips. Kinky et Cosy, évoluent dans un univers où la bêtise est reine, entourées de personnages loufoques. Le dessin rappelle l’underground américain, et l’absurde omniprésent pousse les situations au-delà du politiquement correct. Les frangines, avec leurs grands yeux et leurs sourires innocents, sont les parfaits véhicules de ce comique décalé, jouant souvent avec des thématiques adultes de manière subtilement provocatrice. L’absurde est partout, et c’est là que réside toute la force de cette BD. Les gags ne sont pas là pour faire de simples blagues : ils remettent en question la logique même du quotidien, de la société, de l’autorité. Le côté trash n’est jamais gratuit, et même si certaines situations semblent basiques ou provocantes, elles sont toujours traitées avec un second degré assumé, ce qui évite de tomber dans la vulgarité gratuite. Il est certain que cet humour très particulier ne plaira pas à tout le monde. Certains trouveront peut-être que la répétition des gags finit par s’essouffler, ou que le côté absurde va parfois trop loin. Mais pour ceux qui adhèrent, Kinky et Cosy est une belle réussite d’humour noir et de second degré. Une BD qui ose et qui sait rester fidèle à son propre univers.
L'Orfèvre (Lozes)
Voici un album qui mérite clairement d'être beaucoup plus connu qu'il ne l'est. Un album qui frappe dès la première page par son audace et sa maîtrise graphique. Le noir et blanc est d’une précision remarquable, chaque trait de bic délimite avec finesse un Paris en pleine ébullition, et les jeux de lumière, particulièrement sur les visages d’animaux anthropomorphes, sont d’une grande beauté. Le choix d’un style animalier rappelle les classiques du genre, mais ici Lozes réussit à s’approprier ce registre avec une originalité certaine. J'ai été vraiment bluffé par le niveau de détail et c'est en comprenant après que Lozes y a passé 10 ans que je comprends mieux ! Le concept des deux récits en miroir est vraiment intéressant : on choisit son point d’entrée dans l’histoire, chaque chemin mène à une enquête bien ficelée. Néanmoins, après avoir exploré les deux voies, je trouve que le scénario fonctionne mieux dans un sens que dans l’autre. Un des récits s’impose avec plus de fluidité et d’impact, tandis que l’autre paraît moins évident. On se prend au jeu de vouloir comprendre comment les deux récits se lient, et le procédé n’a rien d’un simple gadget : c’est une véritable expérience de lecture. Il y a des scènes où l’on sent clairement la connexion entre les deux histoires, mais cette mécanique n’est pas toujours maintenue avec la même force tout au long du livre. Malgré ces qualités indéniables, j’ai ressenti quelques bémols qui m’ont empêché de lui attribuer une note parfaite (la barre est haute pour un 5). D’abord, certains mouvements des personnages semblent un peu étranges. Le dessin est certes exceptionnel dans les détails et les expressions, mais il y a parfois une certaine rigidité dans les mouvements. Ensuite, l’évolution des époques révolutionnaires m’a un peu perdu. On passe d’une époque à l’autre (Mai 68, la Commune, l’Occupation…), mais sans que cela soit véritablement justifié par le récit. L’effet est visuellement intéressant, il renforce l’idée d’un Paris toujours en lutte, toujours en révolte, mais je n’ai pas vraiment compris ce que cela apportait à l’histoire elle-même (en dehors de ce côté lutte qui est important). Ce choix semble plus esthétique qu’intrinsèquement lié à l’intrigue, ce qui laisse un léger sentiment de confusion. Cela dit je chipote, il faut bien quand on lit les avis précédents. L’Orfèvre reste un album marquant. Le polar noir, oppressant, la construction narrative en miroir, et l’audace graphique font de cette première BD une belle prouesse. Il y a un talent indéniable chez Lozes, notamment dans la manière dont il gère ses personnages et l’atmosphère d’un Paris en proie à la violence. C’est un coup de cœur pour moi, mais ce flou sur les sauts temporels et quelques maladresses dans l’animation des personnages me poussent à lui donner un solide 4 étoiles plutôt qu’un 5. On est proche de la perfection, mais il manque un petit quelque chose pour franchir ce dernier cap.
En territoire ennemi
C'est le genre d'ouvrage salutaire, que ce soit pour les femmes ou "pour nous, les hommes" (Gillette® : la perfection au masculin ?). Carole Lobel, dont c'est ici la première BD, y raconte sa rencontre avec le père de ses enfants ainsi que sa vie de couple. On voit comment son ex sombre peu à peu dans une sorte de victimisation, renvoyant toute sa rancœur sur sa femme (l'autrice en l'occurrence), et plus généralement sur le genre féminin. Si cette histoire raconte un cas particulier, on sent qu'il se cache derrière toute une batterie de réflexes, de prêt-à-penser, de conditionnement. Elle dresse un paysage au milieu duquel les hommes sont élevés. Moi-même, j'y ai reconnu quelques uns des travers dont j'ai pu être brièvement le réceptacle, sans même m'en rendre compte. Le Stéphane de ce récit possède certes un profile particulier, atteint d'une forme de perversion, et à ce titre devient un véritable connard au fil du récit, mais il incarne du coup un exemple en miroir à fuir absolument. C'est même un peu plus fin que ça, car au début de la relation, on sent que les a priori masculins prennent toute la place de l'inexpérience de Carole Lobel dont c'est la première relation. Elle ne sait pas comment faire, ne connait pas vraiment sa sexualité, alors elle s'abandonne à son mâle qui fait comme "ON" lui a montré, c'est à dire brutalement, sans la moindre émotion. Car l'homme doit savoir, il doit être fort, puissant... Il y a de belles trouvailles, comme cette ellipse graphique quand l'autrice subit ce qu'il faut bien appeler les viols conjugaux à répétition, où en lieu et place d'une scène figurative, elle dessine des plantes délicates, rouges et vertes... Le dessin, par ailleurs, s'il n'est pas parvenu à combler mes attentes, reste efficace, ne se contentant pas de figurer, justement. J'ai aimé cette BD parce que le portrait d'homme ici esquissé contient tout ce qui porte préjudice aux hommes déconstruits, ou à ceux qui n'ont jamais été ces serviteurs de la masculinité patentée dont il faut définitivement se débarrasser car portant préjudice à toutes et tous, y compris nous-mêmes. J'ajoute que le parallèle que l'autrice fait entre son ex et la guerre et l'extrême droite est tout à fait pertinent. Pour s'en convaincre, on pourra lire Le Coût de la virilité de Lucile Peytavin, un bon complément à cette BD.
Guerre à Gaza
il s’agit de la toute nouvelle œuvre de Joe Sacco, un des plus grands auteur de bande dessinée de reportage de notre temps et également un des dessinateurs les plus influents sur la question de la Palestine depuis ses différents travaux au cours des années 90; cette petite BD (32 pages) est un recueil du travail qu’il a fait entre janvier et juillet dernier et publié en ligne sur TCJ quant à sa pensée vis-à-vis des différents évènements à Gaza depuis l’attaque du 7 octobre; plus généralement, c’est une critique de la politique génocidaire de Netanyahou, un regard acerbe sur la politique hypocrite de Biden et de l’Occident, et enfin un regard désespéré sur un monde qui s’effondre physiquement et moralement; il n’y a en soit pas beaucoup d’éléments dans cette oeuvre qui se lit très vite, et pourtant c’est souvent quand l’auteur parle de la Palestine qu’il se trouve être le plus talentueux; j’ai trouvé certaines planches assez drôles et vraiment bien pensées, ses arguments n’ont rien de très uniques mais sont pourtant rares dans le paysage du Septième Art (et les dessins satiriques aux États-Unis d’autant plus !); comme d’habitude j’aime le style de Sacco avec ses dessins grandioses et ses personnages politiques caricaturaux; en petite parenthèse, j’ai malheureusement découvert cette oeuvre après le retrait de Biden aux élections présidentielles ce qui vient ruiner le plaisir de quelques pages ; bref, à lire !
Anaïs Nin - Sur la mer des mensonges
L'histoire biographique de Nin m'a absorbée. Une personnalité complexe, pleine de créativité et d'amour. Mais c'est vrai que certains passages m'ont laissée mal, en particulier quand elle retrouve sont père. Le dessin et les couleurs sont bien travaillés, il n'y a rien a redire. Son histoire est parfaitement retranscrite.
La Commode aux tiroirs de couleurs
Quelle belle histoire de femmes. Une commode portant l'héritage de toute ces vies. Vie d'amour, de liberté, de deuil, de force, de résilience.
Traversées - La Route de l'aventure
Au moment où vous lisez ces lignes, des « migrants » sont peut-être en train de quitter le rivage libyen sur des canots pourris, d’autres dérivent au milieu de la Méditerranée dans des conditions critiques, avec probablement rien dans le ventre si ce n’est la peur… Leur objectif ? Rejoindre l’Europe dans l’espoir d’une vie meilleure, fuir avant tout la misère, la guerre ou les persécutions dans des pays en crise. Mais avant qu’ils ne puissent trouver une hypothétique terre d’asile, c’est encore un véritable parcours du combattant auquel ils seront confrontés. La plupart d’entre eux, venus d’Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient voire du Bangladesh, convergeront vers la Lybie, un pays « accueillant » faisant office d’entonnoir, où les réseaux mafieux organisent des trafics d’êtres humains dans des conditions ignobles. Pour témoigner de tout cela, Lucas Vallerie a pris place durant près d’un mois à bord du désormais célèbre Geo Barents, le navire de sauvetage de Médecins sans frontières qui a fait à plusieurs reprises les gros titres de la presse. Un vrai travail journalistique auquel il a imprimé son regard d’auteur-dessinateur, en décrivant le quotidien des sauveteurs de façon saisissante. Loin d’être un documentaire convenu, « Traversées » parvient contre toute attente à captiver le lecteur de bout en bout. Vallerie ne se contente pas de décrire froidement ce qu’il a vécu, mais transforme son témoignage en aventure palpitante, en s’impliquant avec une sincérité très touchante et un réalisme qui nous absorbe littéralement. En côtoyant ces sauveteurs, qui font figure de héros des temps modernes (près de la moitié étant des femmes), l’auteur nous fait vivre des opérations parfois périlleuses qui nous font prendre conscience du désespoir de ces gens, un désespoir si profond qu’il les pousse à risquer leur vie pour traverser une Méditerranée souvent tumultueuse et imprévisible. A ce titre, on retiendra la scène terrible du naufrage page 63, qui provoquera la noyade de 30% des cent passagers d’un frêle esquif gonflable… Autre point fort du récit, Lucas Vallerie donne un visage à ces personnes vues souvent par les médias comme des cohortes anonymes, voire par certaines publications extrémistes comme des envahisseurs cautionnant la théorie si chère à certains politiciens démagogues : le fameux « grand remplacement ». Ce faisant, il décrit leur parcours semé d’embuches, le plus tragique étant celui de la camerounaise Jeannette et sa fille Ina L’auteur possède un trait simple et abouti, tout à fait sympathique, avec un sens du détail équilibré pour restituer la réalité de son séjour à bord du navire mais aussi pour aussi pour retranscrire les témoignages de plusieurs réfugiés. Les portraits qu’il nous donne à voir des sauveteurs ne sont rien de moins que des hommages mérités. Mais les autres qu’il a fait des personnes secourues, bien plus nombreux, provoquent une émotion irrépressible, sans pathos inutile. J’ai moi-même été bouleversé à plusieurs reprises, c’est dire à quel point ce récit comporte une puissance immersive. On ne trouvera rien qui puisse jouer en défaveur de ce très beau documentaire empreint d’humanité, auquel Lucas Vallerie a même su glisser une touche d’humour, qui contrebalance à bon escient l’âpreté du propos et ne diminue en rien sa force. Aux réfractaires qui argumenteront probablement que l’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, précisons que « Traversées » se situe à l’écart de tout discours politique. En effet, les équipes du Geo Barents n’ont pour seul rôle d’agir comme tout humain digne de ce nom se devrait de le faire : sauver des vies, point barre. S’opposer à cela ne reviendrait-il pas à promouvoir la non-assistance à personne en danger ?