Les derniers avis (38753 avis)

Par Cleck
Note: 4/5
Couverture de la série Salade César
Salade César

Très sympathique BD humoristique récompensée par moi aussi d'un flatteur 4/5. La réelle construction d'une intrigue globale distingue cette BD humoristique de la majorité des représentants du genre, davantage articulée en des gags plus ou moins autonomes. Par contre, le ressort comique principal demeure l'habituelle bêtise humaine ; et l'essentiel de l'humour repose sur l'absurde et est très majoritairement contenu dans les dialogues. Une fois le personnage de César bien défini (présenté tel un crétin immature), l'intrigue prend son envol : le complot anti César trouve là une motivation inattendue, l'humour autour du complexe d'Œdipe est une merveilleuse idée, même les running gags sont relativement peu lourds. Côté illustrations, l'on demeure dans les standards habituels du genre : du noir et blanc (ici teinté de bleu), des cases souvent répétées et peu de décors afin de valoriser le texte. Mais le job est fait, la clarté notamment est là : aucune confusion entre les personnages. Mes rires sont formels : un bon crû, indéniablement !

16/07/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Spectateur
Le Spectateur

Le récit est intéressant, et le parti pris narratif est plutôt original. En effet, toute l’histoire nous est montrée au travers des yeux du héros, Samuel, que nous ne verrons quasiment jamais – si ce n’est parfois dans un miroir, ou un portrait à la télé. Un peu comme si le personnage principal était équipé d’une caméra Go-Pro et qu’il filmait en permanence ses interlocuteurs. Le lecteur est donc placé dans la même position que Samuel – qui par ailleurs est muet. Ça donne quelque chose d’étonnant, mais qui fonctionne bien jusqu’au bout. Samuel est muet donc, peut-être autiste en plus. En tout cas il a dès le départ une vie compliquée, avec des parents qui divorcent, une mère qui meurt rapidement, et un père plutôt gros connard. Il subit aussi, en plus de son infirmité qui l’isole un peu, les moqueries de camarades, ne se liant qu’avec un autre gamin et, petit à petit, avec une gamine/jeune femme. L’histoire se laisse lire agréablement, avec quelques péripéties qui la dynamisent, des passages poétiques, pas mal d’autres noirs, voire glauques (Samuel se passionne pour les corbeaux, leur cadavre). La fin compile plusieurs retournements, mais je les ai bien aimés, cette conclusion est à la fois bien amenée et raccord avec la vie de Samuel, qui un temps s’est ouvert au monde grâce à l’art, où le surréalisme – découvert à l’école – ouvre la porte à son imagination jusqu’ici bridée (j’ai bien aimé le mélange d’humour noir et de crasse intellectuelle lorsque son père se débarrasse des dessins de Samuel, lui permettant par hasard d’être reconnu pour son talent). Un album original, vite lu, mais qui mérité vraiment le détour.

16/07/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série L'Empoisonneuse
L'Empoisonneuse

La société ne porte-t-elle au moins une part de responsabilité ? - Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre, s’appuyant sur une série de crimes réels. Son édition originale date de 2010. Il a été réalisé par Peer Meter pour le scénario, Barbara Yelin pour les dessins, et Paul Derouet pour la traduction à partir de l’allemand. Il comprend cent-quatre-vingt-dix pages de bande dessinée, en noir & blanc avec des nuances de gris. Il se termine avec une postface de quatre pages présentant les faits historiques, puis les rôles de Friedrich Leopold Voget (avocat de la meurtrière), le docteur Franz Friedrich Droste (sénateur et président du tribunal criminel), et le pasteur Heinrich Wilhelm Rotermund (pasteur et confesseur de la criminelle emprisonnée), puis le devenir des actes du procès, et une présentation de la pierre du crachat à Brême. Un train à vapeur progresse à bonne allure sur ses rails. Dans un des compartiments, une mère explique à sa fille : Sa dernière œuvre devait en fait s’intituler Le soc, pour bien montrer qu’il s’agit dans ce livre d’un retournement de la morale dominante. Et il continue d’y travailler, bien qu’il soit presque aveugle et ne dispose de personne pour le soigner. Lou répond qu’elle est très impatiente de lui être présentée à Rome. La mère continue : elles découvriront bien assez tôt son fameux professeur Nietzsche. En outre, Rome attendra car elles doivent d’abord régler d’importantes questions éditoriales à Hambourg. Sa famille s’extasie sur le fait que Hoffman & Campe publie les mémoires de sa mère. Lorsqu’elle pense à Heinrich Heine que sa mère a côtoyé presque chaque jour durant ses dernières années parisiennes et à… Lou est interrompue par le contrôleur qui vient de pénétrer dans leur wagon pour annoncer qu’ils n’atteindront pas Hambourg à l’heure dite. Il faudra plutôt compter avec un gros retard, car leur train doit être détourné par Brême : un accident a coupé la voie vers Hambourg. Un transport militaire a explosé ce matin. Quinze personnes y auraient laissé la vie, et dix-neuf souffriraient d’atroces blessures à l’hôpital de Hambourg. Lou remarque que sa mère est soudain très pâle et elle le lui fait observer. Une femme s’emporte contre le contrôleur car l’annonce lui a causé du désagrément ; il lui présente ses excuses. Lou suggère à sa mère qu’elle aille consulter un médecin lorsqu’elles seront à Hambourg. Sa mère explique que de même que l’arôme d’une madeleine trempée dans le thé peut soudain faire renaître toute une enfance, l’idée du contact imminent avec Brême a ranimé un monde profondément enfoui en elle. Il lui faut d’abord faire le tri. À son propre étonnement, ressurgissent devant elle des événements anciens, aussi frais que s’ils s’étaient produits voici deux mois, et non un demi-siècle. Elle explique qu’elle était à peine plus âgée que sa fille aujourd’hui, lorsque deux journées à Brême menacèrent l’espace d’un instant de bouleverser le cours de son existence. À la demande de sa fille, elle raconte toute l’histoire : c’était en avril de l’année 1831. Il n’y avait pas encore de trains permettant un voyage confortable, tout était pénible. Une couverture très austère. Un texte de quatrième de couverture qui indique que ce drame historique est basé sur une histoire vraie, celle de Gesche Margarethe Gottfried (1785-1831), surnommée L’ange de Brême. Le lecteur relève trois références littéraires et philosophiques dans le chapitre d’introduction à bord du train : Friedrich Nietzsche (1844-1900), Heinrich Heine (1797-1856) et la madeleine de Marcel Proust (1871-1922), évoquée dans Du côté de chez Swann (1913). Il constate au cours de sa lecture que le personnage principal, la journaliste chargée de réaliser un reportage sur la ville de Brême, n’est jamais nommée. Toutefois, la référence à Nietzsche, associée au prénom Lou qui se rend à Rome pour le rencontrer évoque Lou Andreas-Salomé (1861-1937) qui fut emmenée en Italie par sa mère Louise Wilm (1823-1913) pour des raisons de santé. Toutefois la narratrice est supposée avoir une vingtaine d’années au moment de l’exécution de la meurtrière en 1831, ce qui ne correspond pas avec sa date de naissance, ni avec le fait qu’elle aurait passé plusieurs années avec Heine. Cette dame est également l’amie de Bettina von Arnim (1785-1859) une femme de lettres et une nouvelliste romantique allemande. Au cours de la lecture, peu importe qu’il s’agisse bien de Louise Wilm ou pas, car cela n’a pas d’incidence sur le déroulement du récit. En revanche, les autres références historiques permettent de comprendre l’état d’esprit de l’autrice au cours de ses découvertes, ainsi que son jugement de valeur. L’illustration de couverture envoûte littéralement le lecteur : ce regard si intense et indéchiffrable, la masse noire et compacte du buste, la coiffe qui cache les cheveux. Il est prêt à juger cette femme sur son apparence. Il entame sa lecture : une illustration en pleine page, la locomotive qui avance dans une sorte de brouillard ou dans le froid, un véritable tableau impressionniste. La séquence introductive dans le train présente des dessins avec des traits de contour parfois un peu lâche, un usage appuyé des zones de gris pour apporter de la consistance à chaque forme détourée, un niveau de détails fluctuant, pour un registre oscillant entre réalisme descriptif et ressenti. Il se retrouve avec une impression partagée : d’un côté des dessins à l’ambiance prenante, de l’autre des représentations parfois un peu naïves car trop simplifiées en particulier pour les représentations de voirie. Oui, mais quand même… Quand même, la vue du port de Brême en page seize présente clairement la disposition des maisons le long du quai, la forme du quai, les bateaux, une petite activité sur les quais, les escaliers d’accès, c’est-à-dire une description consistante et cohérente de ce lieu. Ainsi à plusieurs reprises, le lecteur prend le temps de lire un dessin correspondant à une prise de vue complexe et détaillée : le déploiement de la passerelle pour permettre aux passagers de débarquer, l’ombre agréable sous les arcades, les façades des bâtiments autour de la grand-place, un tonneau roulé sur les pavés, une perspective de la chambre louée par Louise évoquant celle du tableau La Chambre de Van Gogh à Arles (1888), une toiture en tuiles, les poutres apparentes dans la salle d’une auberge, la magnifique promenade pour sortir de la ville, les colonnades du bâtiment abritant la prison, les caves attenantes à l’auberge, la scène de foule à l’occasion de l’exécution publique. D’ailleurs cette séquence d’exécution capitale met en lumière la qualité particulière de la narration visuelle. Très vite le choix des nuances de gris fait sens : l’écrivaine s’enfonce dans un monde assez sombre qu’elle ne soupçonnait pas, prenant tout d’abord conscience de la monstruosité du comportement meurtrier de la Gottfried, puis s’interrogeant sur ce qui a pu la conduire à empoisonner autant de personnes, dont beaucoup de sa famille la plus proche (jusqu’à ses propres enfants), s’inquiétant que ces affres trouvent un écho dans ses propres sensations de mal-être. De ce fait, l’attention du lecteur se détourne d’un mode représentatif réaliste, pour mieux apprécier le mode émotionnel. Il voit comment les cases font ressentir des sentiments et émotions complexes : le désarroi profond de Louise en apprenant que le train va stationner à Brême, la réserve prudente à chaque fois qu’elle s’adresse à un homme attestant d’une forme de bienséance sociale voulant que chaque femme se montre accommodante avec les hommes qui s’adressent à elle, le comportement très inapproprié du pasteur qui semble compenser une forme de manque de confiance vis-à-vis des femmes en se montrant agressif, l’étonnement sans borne de Louise quand on lui reproche son comportement qui était pour elle une réaction normale, l’attitude très officielle jusqu’à en être théâtrale du président du tribunal quand il prononce sa sentence sur l’échafaud. Et puis, l’attention du lecteur est parfois attirée par la longueur d’une séquence (par exemple l’exécution) ou par ce qui semblent être un décalage dans ce que montrent les images (par exemple ce charretier qui fouette son cheval avec libéralité) et le texte. Le titre de l’ouvrage promet de découvrir l’histoire de ces crimes d’une tueuse en série, ainsi que peut-être le procès afférent. Le lecteur se rend compte que le récit est entièrement raconté du point de vue de l’écrivaine qui vient réaliser un reportage sur la ville, et qui se trouve confrontée à plusieurs personnes qui souhaitent lui parler de l’exécution imminente et des crimes. Il découvre donc ces meurtres et l’empoisonneuse par personnes interposées, à l’exception d’extraits de compte-rendu d’interrogatoire qui rapportent la parole de Gesch Gottfried. Par ce mode indirect, les crimes sont bien racontés, ainsi que les interrogations des différents interlocuteurs sur la personnalité de l’empoisonneuse, sur ses motivations réelles, avec des points de vue contradictoires sur ces dernières, en fonction de la personne qui raconte. L’écrivaine sert donc de candide découvrant progressivement l’affaire, et de personnage dans lequel le lecteur peut se projeter, lui aussi étant un étranger dans cette ville inconnue. Au fil des pages, Louise en apprend plus sur les crimes, sur les victimes, sur le mode opératoire, sur ce qui les rend inacceptables dans cette société, cet endroit du monde, à cette époque. Dès le début, le lecteur constate la stature sociale très relative de l’écrivain : elle voyage seule, les aléas de voyage lui ayant conféré une véritable autonomie, tout étant soumise à l’autorité plus ou moins explicite des hommes, parfois simplement d’un point de vue économique d’autre fois social, un vrai patriarcat sous-jacent. Elle finit par se faire la remarque : Il est triste qu’ici aussi, une femme ne soit considérée que comme l’animal de compagnie d’un homme ! Elle constate que certains de ses interlocuteurs ont une idée bien arrêtée sur les motivations de l’empoisonneuse, pour répondre à la question : Quel motif peut-il bien conduire une femme à tuer ou à tourmenter autant de gens avec du poison ? Ainsi celui qui estime que : Une femme devrait rembourser la dette de la vie non par l’action mais par la souffrance, par les douleurs de l’enfantement et la soumission à l’homme, pour qui elle doit être une compagne patiente et agréable. L’avocat estime que : Le juge ne peut être remplacé par le médecin, et il regrette d’avoir dû plaider l’irresponsabilité, contre ses convictions morales. Or l’écrivaine sent que : Il était de retour ce vague à l’âme qui la prenait parfois. Elle ne se connaissait pas elle-même et elle voulait écrire sur les autres. Mais comment l’être humain peut-il se connaître ? Il n’est qu’une chose sombre et cachée. Tout naturellement elle ressent une forme d’empathie pour la femme Gesche Gottfried, sans pour autant cautionner ses meurtres, ce qui l’amène à s’interroger : La société ne porte-t-elle au moins une part de responsabilité ? Elle constate que plus les habitants l’entraînent dans leur affaire criminelle, plus l’échec d’une société devient évident. Ils ne pouvaient, en aucun cas, ne fusse qu’évoquer l’idée qu’ils avaient devant eux une femme dont l’âme et l’esprit étaient malades. C’eut été avouer que durant des années ils étaient restés indifférents aux pulsions meurtrières d’une femme malade. Ils n’avaient plus d’autre choix que voir en Gesche Gottfried une femme tuant froidement et par pur égoïsme, qui avait su, toutes ces années, tromper froidement son entourage. Et tout ce qui risquait d’abimer cette image était aussitôt étouffé dans l’œuf. Elle se souvient également d’une réflexion de Novalis (1772-1801) : il était convaincu d’un lien profond et mystérieux entre luxure, religion et cruauté. Elle conclut : Il semble à la lumière de tout ceci, qu’une autre présentation des faits soit possible. Que cette Gesche Gottfried n’est rien d’autre qu’un exemple, poussé jusqu’à la plus complète absurdité, d’une société agressive, sans scrupules, et atteinte dans son âme et son esprit. Le lecteur rapproche cette réflexion de la maltraitance du cheval par le commerçant, comme une métaphore. Et elle se demande si elle avait des points communs avec une femme qui s’était comportée de manière aussi extrême à l’égard de ses contemporains ? Se sentait-elle, elle aussi, dans ce monde dominé par les hommes, comme broyée par de gigantesques meules ? Et tandis que l’écrivaine essayait de supporter cette impuissance par l’écriture, Gottfried avait-elle sombré dans la folie ? Quel regard intense sur cette couverture ! Le récit d’une empoisonneuse à Brême ayant ainsi tué plus d’une quinzaine de personnes, au travers d’une enquête menée par une journaliste au début du dix-neuvième siècle. Une narration visuelle très grise jouant sur les sensations de malaise de la narratrice. Au fur et à mesure, un vrai polar qui sonde les mécanismes sous-jacents d’une société oppressive. Accablant.

15/07/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Watership Down
Watership Down

Je rejoins les avis très positifs sur ce comics ! Je n'ai jamais lu le roman, mais j'ai vu jeune la série animée des années 2000 qui apparemment est plus légère que l'histoire originale, et malgré tout je trouvais déjà que le ton de la série était souvent glauque ! Et maintenant que j'ai lu ce qui semble être une adaptation plus fidèle, je vois à quel point ce n'est pas pour les enfants ! Le récit est rapidement prenant et j'ai été captivé du début jusqu'à la fin. Les personnages sont terriblement attachants et j'avais vraiment envie de les voir gagner le droit de vivre enfin en paix après tout ce qu'ils ont vécu ! L'histoire explore des thèmes forts et j'aime bien comment est décrite la vie des lapins. Ils ont même leurs propres mythologies et tout est cohérent. Il y a des scènes fortes, comme la fin qui a réussi à me faire verser une larme. Le dessin est très bon et la mise en scène est dynamique. Alors certes, c'est un peu difficile de différencier les lapins, alors que dans le dessin animé c'était plus facile vu qu'ils avaient des voix différentes, mais cela ne m'a pas trop dérangé, même s'il faut se concentrer pour bien se souvenir de qui est qui. Une très bonne adaptation qui m'a donné envie de lire le roman !

15/07/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série Daredevil - End of Days
Daredevil - End of Days

Un comics qui commence sur les chapeaux de roue avec l'assassinat de Daredevil par l'un de ses pires ennemis : Bullseye. Une scène ultra violente. Brian Bendis et David Mack sont des habitués de l'homme sans peur, ils avaient déjà coopéré sur Daredevil - Cauchemar. Ils placent le récit dans un futur indéterminé et centrent l'intrigue après la mort de Daredevil, avec l'enquête du journaliste Ben Urich sur les derniers jours de Daredevil et sur la signification du dernier mot sorti de sa bouche : Mapone. Je rassure de suite, il n'est pas nécessaire de bien connaître le passé de Daredevil / Matt Murdock pour apprécier ce comics. Une intrigue qui se rapproche du polar avec les investigations de Ben Urich, elles l'amèneront à côtoyer des personnages peu fréquentables tel que Le Hibou, Elektra, Black Window, le Punisher et bien d'autres... Des personnages emblématiques de la série. Il flotte une atmosphère poisseuse et sombre tout le long de l'histoire. Je note quelques longueurs mais dans l'ensemble c'est captivant, les rebondissements sont bien amenés et surtout tu vas savoir ce qui se cache derrière ce Mapone. Un petit pitch sur la presse écrite, les mots ont du pouvoir. Une lecture plaisante qui doit beaucoup à la partie graphique. C'est Klaus Janson (celui-là même qui avait encré les crayonnés de Franck Miller sur Daredevil) qui s'occupe de cette partie sur la majorité du récit. L'encrage de Bill Sienkiewicz fait des merveilles, il sublime les crayonnés de Janson, c'est noir et oppressant. En cadeau, deux planches entièrement réalisées par Alex Maleev (chapitre 4 et 6), mais c'est surtout la participation de David Mack sur trois chapitres, où il donne corps à de superbes planches (surtout dans le troisième chapitre), qui illumineront vos rétines. Il avait déjà réalisé un travail de fou sur Daredevil / Echo - Quête de Vision (Daredevil - Echo). Les couleurs sont au diapason. Une mise en scène très thriller avec de magnifiques gros plans, elle rend la lecture oppressante. Bien faire attention aux détails, ils pourraient te donner des indices sur ce fameux Mapone. Du très bon boulot. Un comics qui vaut le détour.

15/07/2025 (modifier)
Par Martha
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Aggie
Aggie

Une modernité incroyable, des fringues aux décors, cette histoire de la petite américaine des années 50 ravira encore aujourd'hui toutes les gamines de 15 ans (l'âge de l’héroïne). Cela fût pour moi d'une influence extraordinaire pour ma féminité. Les histoires étaient marrantes et simples. Sa maladresse était charmante, et tous les repères de ces années là y étaient. Je le conseille à tous, même adultes, rien que pour les dessins très détaillés. Incroyable, superbe, moderne.

15/07/2025 (modifier)
Couverture de la série Voies off
Voies off

L’ensemble est un peu inégal, et toutes les histoires ne sont pas au niveau des quatre étoiles. Mais globalement, ce petit album d’une centaine de pages procure vraiment une lecture très plaisante. C’est assez vite lu, car il n’y a pas beaucoup de texte ou d’intrigues hyper élaborées. Mais dans la quasi-totalité des histoires composant ce recueil, la chute est vraiment bonne, jouant sur de l’humour noir, un peu de cynisme ou de dérision. Comme le titre l’indique, il n’y a quasiment pas de dialogues, l’essentiel de la narration se fait par l’entremise d’une voie off, qui scande un petit récit généralement bien fichu. Rien d’extraordinaire dans cet ensemble, mais des petites histoires la plupart du temps roublardes, fraiches. Un album recommandable donc. Note réelle 3,5/5.

15/07/2025 (modifier)
Couverture de la série Sacrées sorcières
Sacrées sorcières

En voilà une jolie surprise ! Je n’ai jamais spécialement eu envie de lire cet album, car même si j’apprécie le travail de Pénélope Bagieu, je n’étais pas particulièrement attirée par l’univers de Roal Dahl étant enfant, et en lire une adaptation à l’âge adulte ne m’intéressait pas plus que ça. Mais en le voyant en bibliothèque, je me suis laisser tenter, et je ne le regrette pas du tout. Je n’ai pas lâché l’album du début à la fin : tout d’abord, j’ai beaucoup apprécié les personnages, en particulier la relation entre ce petit garçon et sa grand-mère. Ensuite, j’ai apprécié l’intrigue, qui m’a semblé peu convenue pour une histoire a priori destinée aux enfants (en particulier la fin), rendant la lecture intéressante pour des adultes. Le récit est prenant, bien rythmé, j’ai suivi avec beaucoup d’intérêt les différentes péripéties. Enfin, il y a le dessin de Pénélope Bagieu dont j’aime beaucoup l’expressivité et qui participe à rendre la lecture fluide et agréable. En résumé, c’est un album très réussi, que je surnote peut-être un peu mais j’arrondis à la note supérieure car j’ai été très agréablement surprise.

14/07/2025 (modifier)
Couverture de la série L'Abîme de l'oubli
L'Abîme de l'oubli

La Guerre d’Espagne s’est officiellement finie en 1939. Mais la dictature franquiste a continué à éliminer des dizaines de milliers de personnes dans les années qui ont suivi. Anciens Républicains, simples sympathisants de gauche, voire même victimes de dénonciations fantaisistes ont été arrêtés, jugés de façon expéditive (quelques minutes, sans pouvoir s’expliquer ou se défendre), puis, après une attente plus ou moins longue en prison, fusillés à la chaine, leurs cadavres étant ensuite jetés dans des fosses communes, leurs proches ne pouvant honorer leur mémoire : ils « disparaissent ». Plusieurs dizaines d’années après la mort de Franco en 1975, et le retour de la « démocratie », nombreux sont les enfants de ces victimes du franquisme qui cherchent à savoir ce que sont devenus leurs proches, et si, une fois localisés, ils pourront les faire enterrer dignement. Si une loi a bien été votée en ce sens, beaucoup d’élus de droite, voire de nostalgiques du régime empêchent son application. Il faut dire que, le temps ayant passé, et les franquistes ayant tout fait pour qu’aucune trace de ces exécutions et de leurs victimes ne restent, il est souvent difficile – même avec des prélèvements d’ADN – de rétablir l’identité des restes sortis des fosses sous forme d’ossements. Roca et Terrasa ont rencontré plusieurs de ceux qui cherchent à identifier les restes de membres de leur famille, dans la région de Valence, ont suivi une campagne de fouille de fosses (digne d’un chantier archéologique !). L’album est aussi l’occasion de recueillir des témoignages, et de retracer l’histoire de ces exécutions, tout en donnant corps à des victimes d’une répression aveugle et cynique. Certains passages sont bouleversants, lorsque des gens ordinaires sont condamnés et exécutés, que leurs familles se battent pour connaitre leur sort. Au cœur des témoignages, un homme, miraculeusement sauvé des exécutions et « condamné » à devenir le croque-mort des exécutés (« Tu veux bouffer ? Va donc enterrer les tiens »). Au péril de sa vie, il va pendant longtemps essayer de donner des informations aux familles, faire quelques gestes pour le respect des corps : sans lui, aucun corps n’aurait pu être reconnu. Un petit bout d’humanité dans un cimetière, au milieu des exécutions. La narration prend son temps, mais elle est fluide et le sujet est intéressant. Et le dessin de Roca, simple et agréable, concourt à une lecture plaisante. Entre documentaire et moment d’Histoire (avec quelques rappels des origines – grecques entre autres – de nos habitudes en matière de sépulture), les auteurs mêlent très bien douleurs intimes et histoire de l’Espagne contemporaine.

14/07/2025 (modifier)
Couverture de la série Photographes de guerre
Photographes de guerre

Cet album est à mi-chemin entre le documentaire et le roman graphique historique. Nous suivons deux photographes de guerre allemands, qui ont fui l’Allemagne nazie (l’un est juif, les deux sont très « à gauche ») et qui se retrouve à Barcelone en 1936, initialement pour couvrir les Jeux olympiques « parallèles » (aux Jeux nazis officiels de Berlin), mais qui vont se trouver pris dans la tourmente de la guerre civile espagnole, dans le camp républicain. Parfois sur les mêmes lieux que Capa, ces deux photographes vont être les témoins de la défaite progressive des Républicains (et de la démocratie), mais aussi de l’épuration mise en œuvre par les Communistes affiliés à l’URSS de Staline, qui éliminent dans leur propre camp anarchistes, trotskistes, dirigeants du POUM (voir à ce propos l’excellent « Hommage à la Catalogne » d’Orwell !). Réfugiés ensuite en France, ils subissent l’internement (car Allemands !), puis tentent d’échapper aux persécutions pétainistes et nazies. Bref, on a là deux témoins engagés, au cœur de ce basculement de l’Europe dans l’horreur (ils sont aussi témoins de la trahison des démocraties). Le sujet est intéressant, et la narration est fluide et agréable, aérée. Elle l’est d’autant plus que le dessin de Titwane l’est lui aussi. La lecture est donc plaisante, permet de revivre de l’intérieur certains événements historiques, tout en découvrant (c’est mon cas) deux hommes au cœur d’un drame collectif. La bibliographie finale confirme que les auteurs se sont solidement documentés – et ça se voit.

14/07/2025 (modifier)