Les derniers avis (35884 avis)

Couverture de la série Alcoolique
Alcoolique

C’est un très bon roman graphique nombriliste (je ne sais ce qu’il peut y avoir d’autobiographique dans cette histoire ?), dans lequel nous suivons durant toute sa vie un homme, qui semble avoir « raté » quelques rencontres, et qui traine comme un boulet certaines addictions – à l’alcool notamment. Le récit est à la première personne, et le personnage principal n’est pas tendre avec lui-même. On n’est toutefois pas dans la dézingue un peu trash de Joe Matt ou dans l’autopsie froide de Daniel Clowes. Non, ici, Jonathan Ames traite ça avec une certaine retenue, voire un peu de pudeur. Et cette relative légèreté est accentuée – et bien servie – par le dessin de Dean Haspiel, simple et épuré. Une lecture agréable.

28/03/2024 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
Couverture de la série Le Dernier vol
Le Dernier vol

C'est un album un peu inattendu. Nous suivons les tranches de vie d'une demie-douzaine de personnes différentes, dans les quelques jours qui précèdent un vol qui va les emmener à Düsseldorf, en Allemagne. Chacune de ces personnes attend quelque chose de particulier de ce séjour, à plus de 1000 km de Barcelone. Très vite, grâce à une écriture précise de Lorenzo Coltellacci, on s'attache à ces personnages. Celui-ci va revoir son père après des années de brouille et de ressentiment, celle-ci va rompre avec son petit ami au retour, cette autre personne va rejoindre celui qu'elle pense être le bon, la personne qui la la fera sortir de sa misère sentimentale... Difficile d'en raconter plus sans déflorer la fin de l'histoire, qui peut être comprise en recoupant certaines informations. Je me suis d'ailleurs fait avoir, ayant lu l'album pour ce qu'il semblait être, ce croisement de chemins lors d'un vol à travers l'Europe. Le style graphique de Davide Aurilia est assez plaisant, bien qu'un peu anguleux à mon goût par séquences. Ses personnages n'ont pas toujours la précision nécessaire dans leur expression faciale, même si les yeux parviennent à transmettre certains sentiments. C'est un bel album sur un évènement tragique.

28/03/2024 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série La Rafle d'Izieu
La Rafle d'Izieu

Pascal Bresson avait déjà réalisé le superbe Beate et Serge Klarsfeld - Un combat contre l'oubli, et ce nouvel album le complète parfaitement, en nous racontant de façon très détaillée la Rafle d'Izieu et le rôle joué par Klaus Barbie dans ces évènements historiques honteux. Les rafles de juifs furent nombreuses, mais certaines ont plus marqué l’histoire, comme celle du Vél' d'Hiv, ou encore celle d'Izieu, le sujet de cet album. La mémoire des victimes est préservée grâce au courage et à la persévérance de Sabine Zlatin, absente le jour de la rafle, qui s’est battu pendant des décennies pour qu’on ne les oublie pas. Grace aussi au couple Klarsfeld dont Pascal Bresson nous parle dans Beate et Serge Klarsfeld - Un combat contre l'oubli. « La Rafle d'Izieu » propose un travail de recherche approfondi : il nous raconte d’abord les faits de façon très détaillée, puis le procès des responsables, en 1987. Il propose aussi de nombreux témoignages de personnes présentes sur les lieux. J’aurais personnellement préféré un chapitrage plus clair et un petit trombinoscope des intervenants, pour structurer la vaste quantité d’informations relatée. Mais je salue le travail de recherche de l’auteur, son désir de parler de ces héros oubliés. L’album m’a beaucoup intéressé, et surtout beaucoup ému, presque aux larmes par moment. Une lecture marquante et instructive. Un grand bravo aux auteurs.

28/03/2024 (modifier)
Couverture de la série Batman Catwoman
Batman Catwoman

Ça fait quelques temps déjà que j’explore tout doucement l’univers DC, je dois avouer que c’est généralement bien au-dessus de son confrère et concurrent Marvel. Batman/Catwoman ne déroge pas à la règle, j’ai adoré cette série, elle rentre tranquillement dans le top de mes meilleures lectures avec ces héros. Je m’y suis lancé à l’aveugle et je vous conseille de faire de même si possible. Le récit va bien plus loin qu’une aventure classique de nos 2 héros. Ça démarre très très fort avec « À la vie à la mort », une histoire tout simplement Culte (nota : elle a été ajoutée à la réédition de Batman- année un dans la collection Nomad). Ces pages représentent pour moi la quintessence de la relation entre nos 2 héros. Catwoman n’a jamais été aussi belle, Batman aussi vulnérable, en plus la réalisation suit, un must !! La suite ne sera pas du même acabit mais n’aura pas non plus à rougir. La partie graphique sera plus versatile mais reste solide, j’ai surtout agréablement été surpris de la tournure des événements, je ne m’attendais pas à ça. Je reconnais quand même quelques longueurs sur les plus de 400 pages, mais j’ai pris mon pied avec cette version de Catwoman, elle n’a jamais été aussi classe et dangereuse. Bon difficile de vendre le bousin sans trop en dire, mais je conseille franchement ce tome à tous les amateurs de Gotham, il jouit d’une belle écriture, construction et m’a tout simplement ravi.

27/03/2024 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
Couverture de la série Aparthotel Deluxe
Aparthotel Deluxe

« Aparthotel Deluxe » est un énième roman graphique qui parle du quotidien, et plus précisément de la vie d’habitants d’un immeuble du Costa Rica. Il se démarque cependant du lot selon moi. D’abord par sa narration, qui passe d’un personnage à l’autre et offre ainsi plusieurs points de vue. Leurs vies s’entrecroisent momentanément sur la porte de se monsieur que l’on sait décédé, puisqu’on suit par ailleurs le retour de son fils pour régler ses affaires, nettoyer son appartement etc. Il se démarque ensuite par son humanisme, sa justesse et la variété des thèmes abordés. J’ai trouvé le récit touchant, les thématiques m’ont parlé : la religion dans un monde moderne, la tolérance, l’angoisse sociale, la sexualité, les souvenirs de l’enfance, etc. Et puis j’aime beaucoup la mise en image élégante de Edo Brenes, le trait est fin et précis, et les couleurs pastel un peu délavées donnent du cachet aux planches. Un récit très humain, que je recommande aux amateurs de quotidien.

27/03/2024 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5
Couverture de la série Goiter
Goiter

Dans l’univers de Josh Pettinger, auteur britannique vivant aux USA, les protagonistes très kafkaïens apparaissent comme écrasés par le poids de leur destin, résignés à accepter leur piètre condition, coincés dans un système aliénant avec peu d’échappatoires. La vie est souvent cruelle pour ces « losers » qui peinent à trouver leur place dans un monde pas fait pour eux, un monde qui souvent paraît trop absurde pour satisfaire leurs attentes et leurs désirs, si tant est qu’ils en aient. A quoi bon lutter, puisque la réalité narquoise viendra toujours leur rappeler leur inaptitude à s’épanouir ? Alors, quand la situation semble si désespérée, que les codes sociétaux se font les ennemis de votre nature profonde et que toutes les techniques éprouvées de développement personnel n’y peuvent rien changer, l’humour s’impose comme le dernier recours. L’auteur n’en manque pas, même si avec lui on n’est pas toujours sûr du moment où on doit rire, car c’est un humour très noir — et souvent absurde comme il se doit. Mais certains passages ne manquent pas de piquant, et sont franchement cocasses, ou plutôt tragi-comiques. On pense notamment au pauvre William qui devient fumeur invétéré en acceptant de participer à une étude sur le sevrage tabagique. Mais le récit le plus édifiant — et le plus long aussi — est incontestablement « Victory Squad », qui raconte les déboires d’un employé d’un site de vente en ligne – on aura très vite reconnu Amazon même si la multinationale n’est jamais citée —, et décrit un univers concentrationnaire, terrifiant et pourtant si réel, où l’Homme est devenu le serviteur des machines. Josh Pettinger a décidé de transcender les absurdités d’une société implacable par le biais de son art, et celle qu'il dépeint n’est rien d’autre que le miroir déformé, « goitreux » (passez-moi l’expression), de la nôtre, celle que l’on expérimente au quotidien, mais en plus soft car adoucie par sa poésie ! Il en résulte un objet quelque peu ovniesque où l’on n’accède pas si aisément. Cet univers un brin étrange, trop ordonné en apparence pour être honnête, ne révèle pas toutes ses clés au premier venu, et même quand on croit être rentré dans une des histoires qui composent ce recueil, il y a toujours un moment où Pettinger va faire un pas de côté pour mieux nous perdre. N’en va-t-il pas ainsi de notre monde qui, alors que, l’expérience et l’âge aidant, on croit en appréhender mieux les rouages, finit par nous échapper en bifurquant vers l’impensable, en dehors de toute rationalité et de toute logique ? Peut-être pour compenser le propos pour le moins désenchanté, Josh Pettinger réussit à nous charmer avec son graphisme rafraichissant mêlant art naïf tendance comics underground et imagerie fifties, assorti à une mise en page en gaufrier et des couleurs à dominante pastel. Pettinger, c’est un peu comme si Charles Burns voire Daniel Clowes (en moins cérébral) avait fusionné avec Pierre La Police (en plus cérébral). On est parfois décontenancé, souvent amusé, et c’est tout ce qu’on aime. « Goiter », c’est d’abord une belle découverte, qui a même reçu l’approbation de Crumb. Autant dire qu’il faudra suivre avec attention cet auteur prometteur, qui, nous apprend l’éditeur, travaille actuellement sur la série « Werewolf Jones & Sons », en collaboration avec Simon Hanselmann. Bien sûr, je pourrais difficilement y mettre un coup de cœur, car il pourrait désarçonner nombre de lecteurs (et par conséquent ma crédibilité serait passablement ébranlée, ha ha), en particulier ceux qui voient la vie comme un doux chemin tapi de roses parfumées… En revanche, les plus lucides (et donc les moins optimistes) seront sans doute ravis d’une telle lecture qui leur mettra du baume au cœur en les faisant, peut-être, se sentir moins seuls.

26/03/2024 (modifier)
Par sarah
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Dans les yeux de Lya
Dans les yeux de Lya

C'est une super BD, on a envie de savoir la suite, l'histoire est cohérente et n'est pas totalement délirante. Bref, c'est tout ce que je demande pour apprécier une BD, et quand j'aime une BD je ne peux pas m'arrêter avant d'avoir fini. C'est donc une très bonne BD à mes yeux. L'histoire est à la portée d'un large public et la vie de Lya est assez exceptionnelle. C'est une super BD !! Désolé si j'ai fait des fautes.

26/03/2024 (modifier)
Couverture de la série Eloi
Eloi

Voilà un album qui ne paye pas de mine, avec une histoire qui démarre lentement – et d’ailleurs la suite n’est pas forcément plus mouvementée, avec un quasi huis-clos sur un navire reliant l’Océanie à la France. Mais pourtant je ne me suis jamais ennuyé, et mon intérêt a même plutôt été crescendo. En effet, les auteurs prennent le temps de donner du corps et une personnalité aux protagonistes, et les dialogues sonnent juste. Surtout j’ai beaucoup aimé l’évolution du ressenti concernant les personnages. Cela semblait partir sur quelque chose de très manichéen. Parmi les membres de l’expédition scientifique de retour en France, rares sont ceux qui ne vouent pas instantanément mépris et condescendance envers Eloi, un Kanak ramené comme « spécimen » en France (il a été converti et baptisé). En face de ce camp de « gentils », tous les autres, des matelots aux autres scientifiques et aux officiers de marine, qui se moquent d’Eloi, l’humilient, exprimant les certitudes racistes de l’époque (nous sommes dans la première moitié du XIXème siècle). Le capitaine du navire se situant dans un entre-deux assez flou. Mais plus le temps passe et moins la frontière entre ces deux groupes est nette. Et sur la fin, le plus méprisable n’est pas celui qu’on imaginait au début ! Un récit triste (mais en fait on devine la fin, terriblement prévisible), mais qui dans le détail est d’une grande précision, d’un réalisme captivant. Les rapports humains sont mis à nu par la promiscuité, le confinement forcé : le vernis de l’hypocrisie ne résiste pas à cette longue traversée. Le dessin, moderne et simple, mais aussi très précis, est un parfait complément à ce récit, dont je vous recommande la lecture.

26/03/2024 (modifier)
Couverture de la série Carcajou
Carcajou

Nous ne sommes qu'au quart de 2024, et voilà déjà un prétendant fort crédible aux palmarès des meilleures BDs de l'année. Je ne connaissais le travail de scénariste d'Eldiablo qu'au travers de la déjantée mais non moins excellente série Monkey Bizness au coté de Pozla (Que je recommande chaudement d'ailleurs!) et je le découvre donc ici dans une veine un peu plus sérieuse sur ce western. Que dire? Si ce n'est que le scénario est très solide, quasiment parfait et l'histoire captivante. Je ne dévoilerai rien de l'intrigue pour vous laisser le plaisir de lecture et découverte intacte ! Une des grandes forces du livre est peut-être l'une de ses rares petites faiblesses: Le dessin. Il est assez classique (Inspiration Blain, Gaultier et consorts) et sert parfaitement l'histoire. Les personnages sont physiquement charismatiques et bizarrement attachants malgré leurs multiples défauts. Point fort de l'album d'ailleurs, pas de manichéisme puéril ici, beaucoup de nuances dans la personnalité des différents protagonistes. Le dessin est donc un atout majeur pour ce livre mais aussi son petit défaut à mon humble avis. Il se dégage en effet un léger manque de singularité/personnalité. Je pinaille en fait, car pour une première œuvre, Djilian Deroche fait très fort et je ne doute point qu'à plus ou moins long terme il s'émancipera et développera une touche un peu plus personnelle, ce petit truc en plus qui fera la différence. Autre léger bémol, la couverture n'est pas une totale réussite à mon goût et la fin est attendue et ne surprend pas. Pourtant, fiez-vous à Paul le Poulpe, cet album est déjà un futur Classique.

26/03/2024 (modifier)
Couverture de la série Jusqu'au dernier
Jusqu'au dernier

Un album qui aura déjà fait couler beaucoup d'encres, je vais tâcher d'être concis. Ma note sera plus généreuse que mon ressenti global qui tend plutôt vers les 3,5. Je reconnais que c'est un bon western, en plus d'être un one-shot hautement recommandable, pour autant je n'arrive jamais à avoir le petit gout de satisfaction totale en fin de lecture. J'aime bien l'histoire et sa conclusion, mais je ne me peux m'empêcher que j'aurais bien plus accroché avec un peu plus de développement autour de nos cowboys. Tout m'a semblé aller trop vite ici, le côté crépusculaire est réussi mais ça manque d'attachement pour les personnages. Je regrette vraiment ce point, je pense que ça aurait amené encore plus de force au récit, là on s'en fout un peu de leurs trajectoires, vraiment dommage. Par contre, là où l'on ne peut être qu'unanime, c'est sur la partie graphique : cadrages, trait, couleurs ... ça envoie du lourd, chapeau bas !!!

26/03/2024 (modifier)