L’histoire est simple, presque linéaire, celle d’une traque. Une femme recherchée par ses deux ex-beaux-frères, après qu’elle ait tué son mari. Une traque qui nous fait traverser ce qui reste d’espaces sauvages aux États-Unis au tout début du XXème siècle. Une traque durant laquelle elle va faire des rencontres, nouer des relations fortes et éphémères.
C’est qu’elle aussi est à la recherche d’elle-même, et elle est dure à fixer cette femme, dure à amadouer, après s’être violemment émancipée d’un quotidien déprimant.
J’ai parlé d’une intrigue assez simple – mais pas simpliste – et en plus la fin est ouverte, laisse en suspens l’avenir. Mais c’est une histoire que j’ai pris plaisir à parcourir. Peu de textes, mais une défense et exaltation de la liberté qu’on conquiert, de la possibilité de renaître, la question du pardon aussi.
Le dessin lui aussi m’a plu. Un Noir et Blanc charbonneux, nerveux, avare de détails, mais aussi très évocateur. Là aussi une simplicité qui m’a touché.
Un western crépusculaire et taiseux plutôt sympa.
Note réelle 3,5/5.
Comment faire un résumé clair qui ne dévoile pas tout quand tout le sel de l'album vient justement du fait que l'on suit deux histoires bien distinctes et ne se reposant que sur une mauvaise compréhension et une mauvaise communication entre deux peuples ?
(Je me permet de révéler ce point parce qu'on le comprend mine de rien assez vite, ne serait-ce que par habitude de ce genre de récit).
Tout est dans le titre : il s'agit ici de Fantasy. De science-fantasy, tout d'abord, car les humain-e-s fonctionnent en une sorte de système féodal avec armures techno-magiques et la société divine a des allures de retro-SF, mais également parce que le sujet principal de ces deux histoires, de l'album en lui-même en fait, c'est bien la fantaisie, les croyances en général pour être plus précise. Alma et Yourcenar veulent toutes deux croire au fait d'avoir un but, d'avoir une destinée, un devoir ou encore un amour qui les attend, chacune d'entre elle est enfermée dans les croyances de leurs peuples qui les poussera, l'une comme l'autre, à ce jour fatidique de leur rencontre - et sur lequel je ne vais pas trop m'étendre parce que c'est littéralement le cœur de l'album.
L'album se lit dans deux sens possibles, l'un pour Alma et l'autre pour Yourcenar, les deux histoires et leurs protagonistes respectives se croisant enfin au milieu. Il me parait préférable de commencer par Alma, le cœur de son récit reposant énormément sur des parts d'ombres qui nous seront révélées chez Yourcenar. Certes, Yourcenar aussi ne comprend pas nécessairement tout ce qu'il se passe du côté d'Alma mais je trouve vraiment que l'on y perd pas mal si l'on ne lis pas les deux histoires dans cet ordre.
Le dessin de Yoann Kavege est bon. Je ne suis pas nécessairement très friande du style "space-fantasy au relents de new-age" chez les divinités mais j'avoue que l'esthétique colle bien, contraste judicieusement avec le médieval-SF des humains. Les cases sont joliment découpées, certains décors sont tout bonnement magnifiques et propices à la contemplation qu'il s'agisse des paysages naturels comme des ruines), … Bref, l'album est beau et coloré. J'aime particulièrement le fait que beaucoup de cases se font écho, se répondent d'une certaine manière, d'un récit à l'autre.
J'aurais presque envie de citer l'introduction de "Slay the Princess" et vous dire que "ceci est une histoire d'amour", rien que pour rire.
Rose, avatar de Lou Lubie dans cette BD, est créole de la Réunion. Malgré sa peau blanche, elle a hérité les cheveux très frisés de la part noire de ses ancêtres. Et ce fut pour elle un vrai traumatisme durant sa jeunesse puis une épreuve durant sa vie de jeune adulte, tandis qu'elle cherchait des moyens de changer de coiffure ou de maîtriser un tant soit peu cette chevelure indomptable.
Les problèmes de cheveux, je les ai connus en sens inverse, avec d'abord des cheveux si lisses qu'ils retombaient trop facilement comme un bol sur ma tête d'enfant, puis plus tard... avec leur disparition. Autant dire que les cheveux sont un problème intime pour beaucoup de personnes. Et cette problématique des cheveux trop frisés, je l'avais déjà croisée dans la BD Frizzy. Mais en suivant Rose depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte, je l'ai découverte sur un ton à la fois très intime et en même temps universel, avec des problématiques pratiques de contraintes quotidiennes et de recherche du salon de coiffure adéquat, et en même temps le sujet de la pression sociale et de mécanismes de discrimination nichés dans quelque chose d'aussi banal que des cheveux.
La dimension documentaire de l'album est remarquable. Au-delà du récit intime, touchant et souvent drôle, j'ai appris énormément de choses sur l'histoire des cheveux crépus, les héritages du colonialisme, les injonctions esthétiques, la taxe rose, et même les lacunes de la formation des coiffeurs en France. Plus j'avançais, plus je réalisais l'accumulation de petits détails du quotidien qui participent à un racisme et un sexisme ordinaires dont je ne mesurais pas l'ampleur.
Le personnage de Rose est attachant, et la façon dont Lou Lubie mêle expérience personnelle, humour et pédagogie fonctionne parfaitement. La narration est fluide, dessin et couleurs sont simples mais chaleureux, et l'édition est soignée. L'ensemble reste léger dans le ton tout en étant profondément instructif et parfois édifiant. On ne s'imagine pas ce que peuvent vivre les femmes aux cheveux crépus, et pas juste parce que leur coiffure est indomptable.
J'ai trouvé cette BD intelligente et extrêmement accessible. Elle ouvre les yeux sur un sujet qui paraît dérisoire mais qui, en réalité, révèle beaucoup sur notre société, tout en restant agréable et vivante du début à la fin.
Spider-Man : L’Histoire d’une Vie est une œuvre profondément originale qui revisite le mythe de Peter Parker sous un angle rare : celui du temps réel. Au lieu de rester un éternel adolescent, Peter vieillit ici décennie par décennie, et chaque période de sa vie s’ancre dans un contexte historique précis. Ce parti pris donne au récit une dimension beaucoup plus adulte, presque autobiographique, où l’on voit les choix, les regrets et les responsabilités peser de plus en plus lourd.
Le scénario de Chip Zdarsky brille par sa capacité à condenser l’essence de Spider-Man tout en lui offrant une trajectoire nouvelle. Les moments clés du personnage sont réinterprétés avec intelligence, sans jamais trahir l’esprit original. Mark Bagley, quant à lui, livre un travail visuel impressionnant, capable de capturer l’évolution physique, émotionnelle et morale de Peter au fil du temps.
L’album est touchant, parfois amer, souvent puissant. Il explore à merveille ce que signifie réellement le célèbre mantra « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » lorsqu’il s’applique à toute une vie.
En résumé, c’est un récit ambitieux, mature et profondément humain. Pour les fans de Spider-Man comme pour les lecteurs de comics en quête d’une histoire complète et marquante, L’Histoire d’une Vie est un incontournable.
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La Veuve
L’histoire est simple, presque linéaire, celle d’une traque. Une femme recherchée par ses deux ex-beaux-frères, après qu’elle ait tué son mari. Une traque qui nous fait traverser ce qui reste d’espaces sauvages aux États-Unis au tout début du XXème siècle. Une traque durant laquelle elle va faire des rencontres, nouer des relations fortes et éphémères. C’est qu’elle aussi est à la recherche d’elle-même, et elle est dure à fixer cette femme, dure à amadouer, après s’être violemment émancipée d’un quotidien déprimant. J’ai parlé d’une intrigue assez simple – mais pas simpliste – et en plus la fin est ouverte, laisse en suspens l’avenir. Mais c’est une histoire que j’ai pris plaisir à parcourir. Peu de textes, mais une défense et exaltation de la liberté qu’on conquiert, de la possibilité de renaître, la question du pardon aussi. Le dessin lui aussi m’a plu. Un Noir et Blanc charbonneux, nerveux, avare de détails, mais aussi très évocateur. Là aussi une simplicité qui m’a touché. Un western crépusculaire et taiseux plutôt sympa. Note réelle 3,5/5.
Fantasy - Yourcenar / Alma
Comment faire un résumé clair qui ne dévoile pas tout quand tout le sel de l'album vient justement du fait que l'on suit deux histoires bien distinctes et ne se reposant que sur une mauvaise compréhension et une mauvaise communication entre deux peuples ? (Je me permet de révéler ce point parce qu'on le comprend mine de rien assez vite, ne serait-ce que par habitude de ce genre de récit). Tout est dans le titre : il s'agit ici de Fantasy. De science-fantasy, tout d'abord, car les humain-e-s fonctionnent en une sorte de système féodal avec armures techno-magiques et la société divine a des allures de retro-SF, mais également parce que le sujet principal de ces deux histoires, de l'album en lui-même en fait, c'est bien la fantaisie, les croyances en général pour être plus précise. Alma et Yourcenar veulent toutes deux croire au fait d'avoir un but, d'avoir une destinée, un devoir ou encore un amour qui les attend, chacune d'entre elle est enfermée dans les croyances de leurs peuples qui les poussera, l'une comme l'autre, à ce jour fatidique de leur rencontre - et sur lequel je ne vais pas trop m'étendre parce que c'est littéralement le cœur de l'album. L'album se lit dans deux sens possibles, l'un pour Alma et l'autre pour Yourcenar, les deux histoires et leurs protagonistes respectives se croisant enfin au milieu. Il me parait préférable de commencer par Alma, le cœur de son récit reposant énormément sur des parts d'ombres qui nous seront révélées chez Yourcenar. Certes, Yourcenar aussi ne comprend pas nécessairement tout ce qu'il se passe du côté d'Alma mais je trouve vraiment que l'on y perd pas mal si l'on ne lis pas les deux histoires dans cet ordre. Le dessin de Yoann Kavege est bon. Je ne suis pas nécessairement très friande du style "space-fantasy au relents de new-age" chez les divinités mais j'avoue que l'esthétique colle bien, contraste judicieusement avec le médieval-SF des humains. Les cases sont joliment découpées, certains décors sont tout bonnement magnifiques et propices à la contemplation qu'il s'agisse des paysages naturels comme des ruines), … Bref, l'album est beau et coloré. J'aime particulièrement le fait que beaucoup de cases se font écho, se répondent d'une certaine manière, d'un récit à l'autre. J'aurais presque envie de citer l'introduction de "Slay the Princess" et vous dire que "ceci est une histoire d'amour", rien que pour rire.
Racines (Lou Lubie)
Rose, avatar de Lou Lubie dans cette BD, est créole de la Réunion. Malgré sa peau blanche, elle a hérité les cheveux très frisés de la part noire de ses ancêtres. Et ce fut pour elle un vrai traumatisme durant sa jeunesse puis une épreuve durant sa vie de jeune adulte, tandis qu'elle cherchait des moyens de changer de coiffure ou de maîtriser un tant soit peu cette chevelure indomptable. Les problèmes de cheveux, je les ai connus en sens inverse, avec d'abord des cheveux si lisses qu'ils retombaient trop facilement comme un bol sur ma tête d'enfant, puis plus tard... avec leur disparition. Autant dire que les cheveux sont un problème intime pour beaucoup de personnes. Et cette problématique des cheveux trop frisés, je l'avais déjà croisée dans la BD Frizzy. Mais en suivant Rose depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte, je l'ai découverte sur un ton à la fois très intime et en même temps universel, avec des problématiques pratiques de contraintes quotidiennes et de recherche du salon de coiffure adéquat, et en même temps le sujet de la pression sociale et de mécanismes de discrimination nichés dans quelque chose d'aussi banal que des cheveux. La dimension documentaire de l'album est remarquable. Au-delà du récit intime, touchant et souvent drôle, j'ai appris énormément de choses sur l'histoire des cheveux crépus, les héritages du colonialisme, les injonctions esthétiques, la taxe rose, et même les lacunes de la formation des coiffeurs en France. Plus j'avançais, plus je réalisais l'accumulation de petits détails du quotidien qui participent à un racisme et un sexisme ordinaires dont je ne mesurais pas l'ampleur. Le personnage de Rose est attachant, et la façon dont Lou Lubie mêle expérience personnelle, humour et pédagogie fonctionne parfaitement. La narration est fluide, dessin et couleurs sont simples mais chaleureux, et l'édition est soignée. L'ensemble reste léger dans le ton tout en étant profondément instructif et parfois édifiant. On ne s'imagine pas ce que peuvent vivre les femmes aux cheveux crépus, et pas juste parce que leur coiffure est indomptable. J'ai trouvé cette BD intelligente et extrêmement accessible. Elle ouvre les yeux sur un sujet qui paraît dérisoire mais qui, en réalité, révèle beaucoup sur notre société, tout en restant agréable et vivante du début à la fin.
Spider-Man - L'Histoire d'une vie
Spider-Man : L’Histoire d’une Vie est une œuvre profondément originale qui revisite le mythe de Peter Parker sous un angle rare : celui du temps réel. Au lieu de rester un éternel adolescent, Peter vieillit ici décennie par décennie, et chaque période de sa vie s’ancre dans un contexte historique précis. Ce parti pris donne au récit une dimension beaucoup plus adulte, presque autobiographique, où l’on voit les choix, les regrets et les responsabilités peser de plus en plus lourd. Le scénario de Chip Zdarsky brille par sa capacité à condenser l’essence de Spider-Man tout en lui offrant une trajectoire nouvelle. Les moments clés du personnage sont réinterprétés avec intelligence, sans jamais trahir l’esprit original. Mark Bagley, quant à lui, livre un travail visuel impressionnant, capable de capturer l’évolution physique, émotionnelle et morale de Peter au fil du temps. L’album est touchant, parfois amer, souvent puissant. Il explore à merveille ce que signifie réellement le célèbre mantra « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » lorsqu’il s’applique à toute une vie. En résumé, c’est un récit ambitieux, mature et profondément humain. Pour les fans de Spider-Man comme pour les lecteurs de comics en quête d’une histoire complète et marquante, L’Histoire d’une Vie est un incontournable.