Les derniers avis (14 avis)

Par Alix
Note: 3/5
Couverture de la série Briar - La Rebelle au bois dormant
Briar - La Rebelle au bois dormant

J’aime beaucoup les contes revisités en BD (à commencer par le superbe Fables), je me suis donc procuré ce tome 1, aguiché par la chouette couverture et la promesse d’un concept intéressant, presque uchronique, dans le résumé en quatrième de couverture : et si La Belle au Bois Dormant ne s’était jamais réveillée, car son Prince Charmant avait autre chose à faire ? Et si elle se réveillait des années plus tard alors que son royaume est en ruines ? Le ton est un peu trop trash pour moi (gore, jurons incessants dans la VO), et je ne suis pas non plus fan de l’utilisation de mots compliqués voire pompeux pour donner un style faussement littéraire à la narration. Ceci dit, l’histoire est prenante (mais classique et linéaire), et les personnages sont attachants. On retrouve une bande hétéroclite à la « gardiens de la galaxie », et je dois avouer que j’ai passé un bon moment de lecture malgré tout, et que j'ai envie de connaitre la suite de leurs aventures. Le dessin est très joli dans le genre, et est superbement mis en valeurs par les couleurs. Une aventure fun et remplie d’humour, un peu dans la lignée de ce que fait Soleil en France. Je lirai la suite à l’occasion.

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série American Parano
American Parano

"American Parano", première partie d'un dyptique signé par le duo Hervé Bourhis et Lucas Varela, fait suite à leur précédente collaboration, Le Labo, parue en 2021. Dans cette bande dessinée, l'atmosphère vibrante de la fin des années 60 est parfaitement retranscrite, rappelant l'ambiance de films cultes tels que "Rosermary's Baby" pour la thématique du satanisme, ainsi que les œuvres sombres de David Fincher, comme "Zodiac" et "Seven". L'histoire se déroule à San Francisco en 1967, où la jeune inspectrice Kim Tyler et le vétéran Ulysses Ford enquêtent sur le meurtre brutal d'une étudiante près du Golden Gate. Le cadavre porte un sinistre signe satanique gravé au couteau sur le ventre, menant les enquêteurs à se pencher sur Baron Yeval, leader de l'"Église de Satan". Intriguée par ce mystérieux gourou, Kim décide de poursuivre l'enquête seule, risquant ainsi de perdre son âme au contact de forces obscures. Hervé Bourhis, fin connaisseur de la société et de la musique des années 60, insuffle à ses récits une crédibilité historique saisissante, tandis que Lucas Varela apporte une élégance graphique à la fois rétro-pop et moderne. Cette combinaison réussie entre un scénario captivant et des illustrations saisissantes fait d'"American Parano" une bande dessinée envoûtante et passionnante, plongeant le lecteur au cœur d'une époque marquée par le mystère et la paranoïa.

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série L'Expert (Jennifer Daniel)
L'Expert (Jennifer Daniel)

Nous sommes à la fin des années 70, en Allemagne de l’Est. Mr Martin, ancien soldat SS est désormais un homme de bonne famille, rangé et bien sous tous rapports. Employé de morgue, il est méticuleux et discret. A côté de ça, Mr Martin a un petit problème de boisson… Pas évident quand le médecin en charge de la morgue où il travaille est l’un des pionniers en matière de limitation d’alcoolémie. Tout bascule pour Mr Martin lorsqu’un soir, passablement éméché, il rentre chez lui en voiture et est le témoin d’un accident de la route qui coute la vie à une femme et son jeune enfant. Le coupable de l’accident vient de prendre la fuite. Paniqué, Mr Martin fait de même. Quelques jours plus tard, rongé de remords, il va toutefois décider de mener lui-même l’enquête, quelques jours plus tard pour retrouver le chauffard. Ce récit est, visuellement, magnifique. Le dessin est coloré et mélange à la fois couleurs directes et couleurs numériques. De plus, les personnages et les décors ne sont pas sans rappeler une certaine esthétique d’après-guerre ( dont s’inspirera le style « atome ») et qui, dans cette Allemagne de l’Est, transpire la sévérité et, paradoxalement, la mélancolie. A côté de cela, l’histoire est construite comme un thriller un peu contemplatif. Elle a été inspiré à l’autrice, par des photographies de son grand-père (notamment du travail de ce dernier dans un institut médico-légal) et reflète l’état de l’Allemagne juste avant la chute du Mur de Berlin. On observe avec une certaine fascination la façon dont Mr Martin assemble progressivement les indices comme autant de pièce de puzzle, le mettant sur la piste du mystérieux chauffard.

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Douze
Douze

L'histoire de Douze se déroule dans un grand hôtel de luxe, perdu dans les Alpes. Fin de saison oblige, celui-ci ferme ses portes au grand public. C’est là que se retrouvent douze personnes mystérieuses d’âges et de nationalités différentes autour d’un grand diner. Ces douze personnes sont, en réalité des agents gouvernementaux, d’anciens policiers, des assassins professionnels…Ils ont pour particularité d’avoir été invités par l’Hydre, l’énigmatique dirigeant d’une organisation secrète (il ne se montre qu’affublé d’un masque de démon). Le but de cette invitation : les douze convives devront, le lendemain du diner, s’entretuer les uns les autres jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un ou une. C’est un huis-clos captivant que nous proposent Herik Hanna et Herve Boivin. Déjà parce que cette histoire, sanglante (d’une certaine façon jouissive) est à la croisée des romans d’Agatha Christie et des films de Quentin Tarantino. Ensuite parce que les Alpes françaises offrent un cadre glaçant (sans mauvais jeux de mots) pour ce petit jeu de massacre. Le tout est servi par un dessin réaliste mais avenant (les personnages ont tous et toutes des gueules terriblement marquées), un dessin qui se démarque tout particulièrement lors de la scène de la sublime scène de dîner, véritable pivot du récit.

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série La Quête
La Quête

Le français Frédéric Maupomé (Supers, ed.de la Gouttière) et le belge Wauter Mannaert (Yasmina et les mangeurs de patates, ed Dargaud) s’associent pour proposer une nouvelle série jeunesse : La Quête. Cette histoire se déroule dans un monde, assez semblable au nôtre dans lequel la magie a existé, il y a bien longtemps. Elle a toutefois été relayée au second plan et a été remplacée par une banalité assez confondante. Toutefois, il en reste quelque relents, comme en témoigne cette mystérieuse quête, attribuée à la famille Pellinor depuis l’époque du Roi Arthur. En effet, depuis des générations, les membres de la famille Pellinor traquent la bête Questante, une créature mystérieuse, mi biche-mi-serpent, mi-léopard… le but n’étant pas tant de la capturer, mais de tirer des enseignements de sa traque. C’est dans ce contexte qu’apparait Pelli, le dernier descendant de la famille Pellinor, un jeune homme paumé et sans perspective d’avenir, qui se lance un peu dans la quête de la bête pour faire plaisir à son grand-père. Armé d’une épée magique un peu trop lourde pour lui, et chevauchant sa fidèle monture Geraldine (un vieux scooter rouge hérité de son père), il est aidé, dans sa quête, de la fée Nimué, une fée qui se désespérait d’ennui dans son lac devenu pollué ! Outre le dessin de Wauter Mannaert, toujours aussi expressif et élégant (notamment dans la représentation de la végétation), la Quête est une relecture moderne, surprenante et amusante des légendes Arthurienne. Le mélange des genres (la banalité du monde moderne avec la déchéance de la magie) est vraiment très rafraichissant (il rappelle la bd Nimona, dont a été tiré un film Netflix récemment). C’est fun, c’est décalé, c’est parfois merveilleux…c’est le début d’une grande aventure dont j'attend la suite avec impatience !

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Le Champ des possibles
Le Champ des possibles

En deux mots, Le Champ des Possibles raconte l’histoire de Marsu, une jeune ingénieure qui, lors d’un congrès, rencontre Thom, un architecte en réalité virtuelle. En gros, Thom a créé un monde de réalité virtuelle, inspiré du notre, dans lequel on peut se rendre très facilement et explorer/visiter/vivre dans des endroits inaccessibles, pour beaucoup d’entre nous, dans la vraie vie. Les deux personnages ont alors un véritable coup de foudre professionnel. Marsu, d’abord réticente à l’idée d’utiliser la VR, va se laisser petit à petit séduire par toutes les possibilités que propose cette invention, et surtout, elle va y retrouver Thom de plus en plus régulièrement. Le soucis, c’est que dans la vie réelle, Marsu a un compagnon, Harry, qu'elle aime profondément et qu'elle ne veut absolument pas quitter. Et en même temps, elle ne veut renoncer à aucune de ces deux relations... C’est une histoire à la croisée entre un épisode de Black Mirror et des Chroniques de Bridgerton. Personnellement, je ne pensais pas que le côté « triangle amoureux » me passionnerait à ce point, mais, à la lecture, on se laisse complétement enchanter par cette histoire douce-amer, tout à fait surprenante et magistralement bien dessinée (les passages dans le monde en VR sont au crayon de couleur…c’est vibrant et enivrant). Une belle histoire qui questionne notre rapport à la réalité (ce qu’il convient de faire ou pas), nos addictions à la technologie et la place de l’amour dans tout ça !

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Brume
Brume

Brume, c'est comme une petite bulle d’humour, de tendresse, de magie et d’aventure. Brume, c’est avant tout l’histoire d’une petite fille, Brume, qui, enfant, a été recueillie et adoptée par un pécheur. Ce dernier l’avait trouvée sans rien d’autre avec elle qu’un mystérieux grimoire. Depuis Brume vit avec son père dans un petit village isolé, quelque part en forêt. Autrefois, le village était protégé par Naia, une puissante sorcière qui a disparu depuis plusieurs années. Brume, elle aussi, rêve de devenir une sorcière. Problème : elle est impulsive, impatiente et à un caractère bien trempé (entendez : elle est un peu arrogante) qui l’empêche de s’appliquer. Qu’à cela ne tienne, elle peut compter sur l’aide d’Hugo, un petit garçon froussard et en complète admiration devant les « talents » de Brume, et Hubert, un petit cochon noir, philosophe et cachant beaucoup plus de mystères qu’il n’y parait. Si dans le premier tome, les personnages partaient en quête d’un terrible dragon, dans ce second tome, ils et elle partent à la recherche de l’antre de la sorcière Naia ! Le dessin est magnifique et rappelle le meilleurs des jeux vidéo de fantasy du moment. L’histoire, amusante et engageante, saura à la fois séduire les enfants et leurs parents ! Fait amusant, si le dessin est signé Carine Hinder , c’est Jérôme Pelissier, le scénariste, qui signe les couleurs

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Fleur de lait
Fleur de lait

Fleur de Lait est la deuxième bande dessinée de Miguel Vila, un jeune auteur qui, comme son nom ne l’indique pas, est italien, et pas espagnol ! On lui devait déjà l’album Padovaland en 2020, qui avait fortement marqué les esprits et qui racontait, de façon chorale, le quotidien d’un groupe de jeunes italiens et italiennes désabusés, morts d’ennuis et en quête de sensations, même pas forcément fortes, dans les banlieues du nord de l’Italie. Fleur de Lait se déroule dans le même univers. D’ailleurs certains décors de Padovaland se retrouvent dans Fleur de Lait et, graphiquement, les ambiances et le sujet traité sont sensiblement les mêmes. Fleur de Lait, en Italien, se dit « Fior di latte » et désigne un fromage à pâte filée fabriqué à partir du lait de vache. Fleur de Lait, raconte l’histoire de Marco, un jeune italien introverti, un peu perdu, en couple avec Stella, une jeune fille dynamique et totalement amoureuse de Marco. Même si le personnage de Stella nous semble un peu antipathique au début, on comprend vite qu’elle fait tout ce qu’elle peut pour tirer Marco vers le haut, tout en étant aussi parfaitement consciente que son couple ne va pas bien. En effet, au fur et à mesure de l’album, on sent que Marco et Stella n’envisagent pas leur relation de la même manière. Stella lui est dévouée et prête à lui pardonner beaucoup de chose, tandis que Marco s’éloigne d’elle progressivement. A cela s’ajoute le fait que, pour une raison qu’il n’arrive vraiment pas à expliquer (ou qu’il ne veut pas admettre) il ne parvient pas à faire l’amour avec Stella. Autour du couple gravitent plusieurs personnages secondaires, dont un groupe « d’amis » qui n’en sont pas vraiment. On pense notamment à Elena, une jeune fille surpoids que Stella n’arrête pas de critiquer dès qu’elle le peut, et Daniele, un mec un peu insistant qui fait son possible pour faire casser Stella et Marco. Un jour, Stella, qui fait du babystitting, invite Marco à le rejoindre. C’est là que Marco fait la connaissance de Ludovica, trente ans, une mère célibataire, pauvre, au physique très disgracieux et aux formes plus que généreuses. Marco va troublé par Ludovica au point de devenir totalement obsédé par cette femme vulgaire et illettrée et d’entretenir avec elle une relation malsaine basée sur le sexe coupable et…le lait maternel. D'entrée de jeu ce qui est très plaisant dans cet album, c'est la manière dont l'histoire nous est racontée. Miguel Vila enchaine à la fois les cases traditionnelles, carrées, classiques, avec des cases rondes, des cases de petites tailles, voire même parfois minusculissime. Il alterne aussi beaucoup ses cadrages. On passe de plans très serrés à des plans beaucoup plus éloignés. Quand il veut dépeindre une situation générale, il dessine les personnages vu d’en haut, comme si les lecteurs/trices étaient positionnés au-dessus d’eux, puis dans d’autres situations, il passe au gros, voir très gros plan pour accentuer un effet de voyeurisme et une sensation, de malaise (c’est le cas, par exemple, quand il zoome sur les dents jaunes et sales de Ludovica ou les tâches de rousseurs de Stella). Cette alternance de plans fait que l'histoire passe beaucoup par les non-dits, par les silences, par certains cadrages, certains regards, certains éléments du décor, parfois. Miguel Vila a une façon de montrer les choses sans les dire qui nous fait ressentir une sorte de plaisir honteux à entrer dans l’intimité de ces personnages comme le ferait une émission comme l'émission belge StripTease, par exemple. Le dessin est très particulier parce qu’il est à la fois réaliste et un peu cartoonesque. C’est-à-dire que les personnages ont tous l’air un peu bouffis, un peu ronds, on dirait qu’ils sont fait de chewing-gum. Mais en même temps, ils sont anatomiquement et terriblement détaillés. Chaque expression, chaque mimique, chaque bourrelet sonne juste, réel et humain. Miguel Vila est particulièrement doué quand il dessinent ses personnages dans tout ce qu’ils ont de plus laid. Il n’hésite pas à montrer des poils, de la sueur, des dents jaunes, des boutons, de la larme, de la bave et d’autres fluides corporels en tout genre… Quand ses personnages pleurent, ils ont l’air misérables, ils ont les yeux humides et le nez qui coule. Quand ils sourient, ils n’ont jamais l’air sympathiques, on a toujours l’impression qu’ils ont une idée derrière la tête. Par exemple, à un moment, le personnage de Ludovica est couchée au sol, sein nus, même si elle a l’air d’être totalement en plasticine, Miguel Vila prend soin d’ajouter une foule de détails : des veines sur les seins, des vergetures sur le ventre, des poils sur les jambes… on est face à un dessin semi-réaliste où rien n’est laissé au hasard. Et quand l’auteur propose des plans plus éloignés, ses décors sont, à l’image de ses personnages : schématisés et détaillés. C’est difficile à expliquer mais il y a quelque chose de très italien dans cet album. Tant dans les attitudes et les comportements des personnages, que dans l’histoire racontée. Ce récit parle à la fois d’ennui, de cynisme et de pauvreté de façon très rude, parfois désagréable, mais malgré cela, on fini par s’attacher à ces personnages laids et méchants, et plus particulièrement au personnage de Ludovica, une femme absolument grotesque, grossière et misérable qui a pourtant le parcours de vie le plus difficile et le plus touchant. Cette histoire rappelle aussi des thématiques abordées dans le cinéma des années 60/70. On pense à des films tragi-comiques comme « Affreux, Sales et Méchants » d’Ettore Scola ou « Amarcord » de Fellini dans lequel, comme ici, une matrone déniaise un jeune garçon en lui enfournant de force sa poitrine généreuse dans la bouche. Au final, les personnages sont tout autant détestables et cyniques mais Fleur de Lait s’attache à nous faire ressentir tout le mal-être de Marco, Stella, Ludovica et d’en faire des personnages sales, malsains, dramatique et pourtant, c’est terriblement humains.

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Roxane vend ses culottes
Roxane vend ses culottes

Comme son titre l'indique Roxane vend ses culottes raconte l'histoire de Roxane qui… vend ses culottes ! Bon… c'est plus compliqué que ça bien évidemment ! Tout l'intérêt réside dans le fait de comprendre pourquoi elle est amenée à vendre ses sous-vêtements. Roxane est une jeune fille d’une vingtaine d’années, qui vit en colocation avec une certaine Pénélope et qui, clairement, s’ennuie dans sa vie de tous les jours et dans sa vie amoureuse. Elle a bien une relation qui va et qui vient avec Martin, un jeune homme qu’elle n’aime plus, mais elle ne conçoit pas les relations amoureuses de façon romantique… on perçoit un vide, chez elle, qu’elle n’arrive pas à identifier ni à combler… elle n’est pas épanouie et cette situation l’amène à se comporter de façon très provocante voire autodestructrice. À côté de ça on comprend rapidement que Roxane a aussi des problèmes d'argent. Tout ça la pousse à un jour répondre à une annonce sur internet qui lui propose de vendre anonymement ses culottes usées à des particuliers. Presque sans hésiter, Roxanne répond positivement à cette annonce et va ainsi rencontrer des personnes homme ou femme aux mœurs douteuses et très particulières… La jeune fille va développer tout un business autour de la vente de ses culottes et ses transactions vont affecter les relations de Roxane avec son entourage. Bien que cette histoire ne soit pas du tout autobiographique, on a le sentiment à la lecture de cet album que l'autrice y a mis une bonne part de vécu, ou du moins de ressenti personnel. Parce que cette conception un peu désabusée et blasée des relations amoureuses et charnelles, est finalement très moderne et dans l’air du temps. Elle traduit le ressenti d’une certaine jeunesse qui ne se retrouve pas dans l’image du couple traditionnel, qui souhaite la remettre en cause et la redéfinir, que ce soit en expérimentant ou en faisant des rencontres en ligne. Mais dans le cas de Roxane, on sent derrière cette envie de « tout casser » et son attitude provocante, il y a une profonde mélancolie et une tristesse qu’elle n’arrive pas à assouvir et c’est très justement retranscrit par l’autrice. A côté de cela, cette BD questionne notre rapport au sexe et le fait qu’à l’heure actuelle, la sexualité n’est pas toujours vécue, mais qu’elle est devenue un produit de consommation comme un autre. Cela étant dit, cette bande dessinée reste vraiment très drôle, surtout quand Roxane est confrontée aux personnes qui viennent lui acheter ses culottes. C’est étrange, pathétique absurde, trash, un peu malsain…. J'aime également la relation à sens unique que Roxane entretient avec son ex, Martin, qui, complétement amoureux d’elle, ne se rend pas compte qu’elle se sert de lui pour assouvir certaines pulsions. Cette histoire est enfin contemplative… on prend le temps de d'instaurer les situations, de les vivre au plus près des personnages et de se sentir très mal pour Roxane lorsqu’on a la voit prendre une « mauvaise » décision et, comme Roxane, on porte un regard très détaché sur ses clients, les incarnations parfaites des losers magnifiques. C’est une bande dessinée en noir et blanc, avec des aplats de noirs qui font ressortir le trait de l’autrice. Le dessin est parfois très simple sur certains plans, notamment quand elle fait des gros plans sur les personnages, et parfois très expressif, chargé et fouillé sur d’autres. On ressent le plaisir que l’autrice éprouve en dessinant des scènes de foules ou en s’attardant sur certaines textures (un canapé, un mur de brique…) où elle se montre très généreuse. De plus, son dessin fourmille de détails amusants à repérer, comme par exemple les différentes affiches de films d’horreur dont elle parsème l’appartement de Roxane. L’influence des auteurs et autrices indépendants américains est également palapable. Le travail de l'autrice rappelle celui des auteurs Joe Matt ou de Daniel Clowes, dans sa manière de raconter des histoires, mais on pourrait aussi parler de Simon Hanselmann, auteur des bandes dessinées Megg, Mogg and Owl aux éditions Misma qui, lui aussi a le chic pour dessiner des personnages avec des tronches improbables qui transpirent la loose. Roxanne Vend ses Culottes a d’abord vécu sous la forme de fanzine. Il a été lancé en 2021 durant les journées du SoBD, le salon de la BD à Paris. Un fanzine qui a eu un tel succès qu’il a incité l’autrice à raconter cette histoire à s’attaquer à une version longue de prêt de 130 pages. Il s’agit donc de son premier album. Roxane vends ses culottes est, finalement, un album très corrosif, à l’humour parfois trash et sans concession mais qui en même temps reflète une certaine réalité. Celle que vivent certaines personnes en manque de repères, où qui ont l’envie de redéfinir justement ce qu’est que la notion de repère. C'est un livre qui présente l'humanité dans tout ce qu'elle peut avoir de plus absurde, de plus gênant, de plus glauque mais aussi de plus touchant. C'est un album qui nous m'a parfois un peu décontenancé. La représentation des relations amoureuses, sexuelles et relations humaines y est parfois très… trop défaitiste et ces relations apparaissent bien souvent comme de simples transactions monétisées ! Ça reste malgré tout un album plein d'humanité que je recommande chaudement.

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Convoi - Les Aventures de Karen Springwell
Convoi - Les Aventures de Karen Springwell

J’ai lu la série dans l’intégrale sortie récemment. J’en suis sorti avec un ressenti mitigé. L’univers est intéressant, mais pas mal de choses sont datées (même si les jeux de réalité virtuelle étaient peu développés à l’époque – années 1990 – bien moins que maintenant en tout cas, et si cet aspect pouvait alors paraitre relativement innovant). L’entame est intrigante, mais je me suis un peu perdu dans l’intrigue pas toujours très claire par la suite. Même ressenti mitigé concernant le dessin. Il est très lisible, pas de problème, mais je l’ai trouvé souvent figé. A emprunter à l’occasion, la lecture n’est pas désagréable. Mais elle ne m’a pas marqué non plus. Note réelle 2,5/5.

09/05/2024 (modifier)