Une biographie pas mal sur une figure du black power à savoir Angela Davis.
On évite la biographie BD qui résume la vie d'un personnage historique en seulement 44 pages. Non seulement l'album est plus long que 44 pages, mais on se focalise surtout sur une partie de la vie de Davis qui a été importante pour elle: sa traque par les autorités et le procès qui s'en est suivit. Le récit est divisé en chapitres qui sont eux mêmes divisé en deux sujets: ce qui arrive à Angela Davis lorsqu'elle doit se cacher et des moments de sa vie qui montrent comment elle est devenue une militante des droits civiques.
Si on connait un peu l'histoire politique des États-Unis, on n'est pas surpris de voir des représentants de l'ordre établis comme Edgar Hoover tout faire pour mettre une femme noir communiste en prison, c'est plus facile que de régler les inégalités de la société. Le récit est agréable à lire et c'est un bon résumé de la vie d'une militante marquante du black power. L'album souffre un peu du fait que j'ai déjà lu des bandes dessinées qui traitaient plus en profondeur le mouvement des droits civiques et/ou du Black Panther donc j'ai pas eu l'impression d'apprendre grand chose, mais cela reste une bonne BD.
Une intéressante BD historique qui ouvre l'imagination pour tenter d'appréhender (à défaut de comprendre) la période Elizabethaine (la première). Une période charnière au 16è siècle, alors que l'anglicanisme s'installe comme religion d’État, l'affrontement avec la France et l'Espagne devient monnaie courante avec de grandes batailles et le monde change de visage. Une période complexe, donc, que l'auteur essaye de retranscrire avec ces deux femmes qui sont opposées en tout et connaitrons deux trajectoires de vie bien distinctes.
Les deux tomes sont construits sur les mêmes principes, avec l'idée de présenter les destins croisés de ces deux reines. Ce qui, effectivement, faisait peu pour une seule île. De façon amusante, le récit est raconté par divers protagonistes de l'affaire, au fur et à mesure que ceux-ci intègrent la vie des reines, tout en donnant son avis sur la situation. Très vite les deux reines sont très caractérisées : la vierge inflexible et la putain raillée. Les deux archétypes données au femme, trop souvent ...
Juncker développe un récit au contexte historique touffu et qui met bien en lumière la complexité du pouvoir de cette époque. Le rapport entre chacun, entre royaume, la force de chaque individu dans chaque royaume, mais aussi le poids des lois qui sont parfois bien plus lourdes qu'on imagine. Ce n'est pas parce que c'est une reine qu'elle a les pleins pouvoirs !
Cela dit, je suis très élogieux mais ma note n'est que de 3*, et ce pour deux raisons. Déjà le dessin parfois trop petit et détaillé, notamment dans les visages, donnant des cases étroites, parfois trop chargées, qui sont un peu dure à lire. Le format de la BD en lui-même, pas de grande taille, n'aide pas toujours à cette clarté de lecture. D'autre part, les nombreux protagonistes ne sont pas toujours très clair. Il faut parfois plusieurs cases pour comprendre qui parle et dans quel contexte, puis tenter de replacer la personne dans les jeux de pouvoir. Ce n'est pas le plus clair, et c'est dommage au vu de la richesse du diptyque.
J'ajouterai qu'il y a une étrange pagination, commençant par 100 pour finir à 0 avec Elizabeth, tandis que c'est le compte inverse pour Marie Stuart. Je n'ai pas spécialement compris cette volonté marquée, mais c'est sans doute parce que je n'étais pas spécialement attentif.
Une BD pas toujours facile à lire, mais qui met bien en lumière la complexité du pouvoir royal souvent caricaturé de nos jours. Il est intéressant de voir la façon dont ces deux reines se sont côtoyés tout au long de leurs règnes respectifs, qui permet de réfléchir à la façon dont se sont passés les siècles suivants. Une belle lecture historique !
Voila une très sympathique série pour jeune adolescent ! C'est un récit en tomes courts, proche du 48 pages traditionnel, sur deux enfants parti à 14 ans dans un voyage initiatique rituel, entrainé dans diverses aventures.
Les trois tomes contiennent diverses choses, allant du fantastique au social, traitant de divers sujets tels que la violence des enfants entre eux, le rapport à la nature, la peur de la mort et l'amitié, l'entraide. Chaque histoire a sa morale, souvent très classique pour un récit jeunesse, mais sans jamais faire non plus dans l'absurde. C'est entrainant, les deux gamins sont pleins de ressources mais aussi, parfois, perdu et désemparé. La série semble vouloir explorer une île par volume et la fin du troisième tome semble faire conclusion d'un arc et ouverture vers la suite. C'est clairement bien mené, avec une insistance sur des valeurs positives dans un récit qui évolue à grande vitesse.
Ce genre de série, au trait expressif et sans beaucoup de décors, est assez caractéristique du trait série-jeunesse et c'est tout à fait ce qu'il en ressort pour moi : une bonne série jeunesse. Ni indispensable ni passable, elle a de beaux atouts. Ça n'a pas du tout été un calvaire à lire, même plutôt un petit plaisir sympathique, et je pense qu'elle plaira encore d'avantage à un jeune public pour qui elle est clairement destinée. Recommandée !
Kaare Andrews revisite le mythe Marvel avec une proposition audacieuse qui mêle super-héros, pulp et fantasy brutale. J’ai vraiment été surpris par cette mini-série où trois versions emblématiques de héros : un Spider-Man adolescent, un Captain America en pleine Seconde Guerre mondiale et une Black Widow encore élève de la Red Room, sont arrachées de leurs époques respectives pour se retrouver projetées sur une île mystérieuse. J’ai trouvé cet univers, peuplé de créatures fantastiques, de tribus hostiles et de dangers constants, particulièrement dépaysant. Il évoque autant l’heroic fantasy classique que les vieux pulps qui ont inspiré les premiers comics Marvel. Cette ambiance quasi onirique installe un véritable mystère : sont-ils morts, rêvent-ils, ou découvrent-ils un monde réel mais inconnu ?
Visuellement, Andrews m’a impressionné par son travail très personnel. J’ai reconnu son goût pour les compositions énergiques, les influences de peintres fantasy comme Frazetta, et ce rendu presque « sauvage » qui colle parfaitement aux décors et à la tonalité du récit. J’ai aussi beaucoup aimé la manière dont chaque personnage semble stylisé selon son époque d’origine : Cap rappelle les comics de guerre, Peter a tout d’un héros adolescent des débuts de Marvel, et Natasha porte encore l’ombre de la Red Room. Ce mélange graphique renforce chez moi le sentiment d’un croisement de timelines, rendant la lecture aussi intrigante que spectaculaire.
Narrativement, j’ai trouvé que l’album alternait entre de très bonnes idées et quelques limites. Andrews réussit à créer une dynamique intéressante entre des héros qui ne devraient jamais se rencontrer à ces moments-là de leur vie, et certains échanges fonctionnent particulièrement bien. Mais j’ai aussi senti que le récit s’appuyait parfois sur des codes de la fantasy “pulp” un peu caricaturaux : orcs, hommes-lézards, tribus aux identités simplifiées… Ce n’est pas toujours très subtil, et certains dialogues manquent un peu de nuance. Malgré tout, je comprends le parti pris : c’est une aventure hybride, spectaculaire, qui rend hommage à des genres multiples sans chercher le réalisme absolu.
Au final, Amazing Fantasy de Kaare Andrews m’apparaît comme un objet vraiment singulier dans le catalogue Marvel. J’ai été séduit par son audace visuelle et son mélange de genres, et je pense qu’il parlera aux lecteurs curieux, amateurs de mondes alternatifs ou sensibles aux expérimentations artistiques. L’histoire n’est pas parfaite, mais elle propose une expérience différente, marquée par l’énergie, l’imagination et la liberté créative d’un auteur qui s’amuse clairement à revisiter les mythes Marvel sous un angle inattendu.
Note : 3,5/5
En 1962, Georges De Caunes, père d'Antoine et célèbre présentateur télé et radio, déjà habitué aux expéditions polaires ou amazoniennes, décide de se lancer dans une aventure aussi radicale qu'intime : vivre un an en totale solitude sur un îlot désert du Pacifique, avec pour seules compagnies son chien et l'émission radio quotidienne qu'il doit enregistrer pour raconter son expérience. Il cherche à rompre avec son quotidien, à se retrouver, et à vivre une aventure qu'il imagine dans l'esprit de Robinson Crusoé, figure qui nourrit son imaginaire littéraire. Sauf que Robinson est un personnage de fiction, et que l'île où Georges choisit de s'isoler, Eiao, dans l'archipel des Marquises, est un caillou aride presque sans ombre. L'épreuve sera bien plus rude qu'il ne l'avait imaginée.
Le récit mêle aventure et introspection. Il montre l'intimité de Georges face à la solitude, au doute, à la douleur, et à la dureté de l'île. Et il dévoile aussi celle d'Antoine de Caunes, qui tente de redécouvrir son père à travers ses souvenirs et ses carnets intimes, tout en s'interrogeant sur la relation entre un fils et un père capable de s'éloigner de manière aussi abrupte et prolongée.
Au départ, c'est la curiosité qui m'a poussé à découvrir ce parcours : je ne connaissais pas vraiment Georges, sinon comme figure médiatique, et encore moins comme père d'une personnalité que j'apprécie. Puis l'appel de l'aventure a pris le relais : j'avais vraiment envie de voir comment une année de solitude totale, coupée du monde, pouvait se dérouler, sans doute influencé moi aussi par les récits de naufragés à la Robinson.
Mais la brutalité de l'expérience apparaît dès les premières pages, et le récit devient très vite un combat intérieur ponctué de rêves, de cauchemars et d'hallucinations. Xavier Coste le traduit avec un graphisme aux couleurs intenses et à l'ambiance presque onirique, dominée par des oranges puissants qui évoquent sans cesse la chaleur écrasante de l'île. Son trait crée une atmosphère singulière qui accentue le caractère irréel, voire surréel, de l'épreuve, et donne l'impression que le temps se dilate à l'infini.
En parallèle, le récit bascule peu à peu vers quelque chose de plus intime, parfois au prix de quelques longueurs qui le rendent moins prenant à mes yeux. J'ai été intéressé par l'expérience en elle-même, presque d'un point de vue scientifique, mais je suis resté moins sensible à l'aspect émotionnel et à la réflexion sur la relation père-fils. Je n'ai pas vraiment réussi à cerner cet homme ni à m'en sentir proche.
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Traquée - La Cavale d'Angela Davis
Une biographie pas mal sur une figure du black power à savoir Angela Davis. On évite la biographie BD qui résume la vie d'un personnage historique en seulement 44 pages. Non seulement l'album est plus long que 44 pages, mais on se focalise surtout sur une partie de la vie de Davis qui a été importante pour elle: sa traque par les autorités et le procès qui s'en est suivit. Le récit est divisé en chapitres qui sont eux mêmes divisé en deux sujets: ce qui arrive à Angela Davis lorsqu'elle doit se cacher et des moments de sa vie qui montrent comment elle est devenue une militante des droits civiques. Si on connait un peu l'histoire politique des États-Unis, on n'est pas surpris de voir des représentants de l'ordre établis comme Edgar Hoover tout faire pour mettre une femme noir communiste en prison, c'est plus facile que de régler les inégalités de la société. Le récit est agréable à lire et c'est un bon résumé de la vie d'une militante marquante du black power. L'album souffre un peu du fait que j'ai déjà lu des bandes dessinées qui traitaient plus en profondeur le mouvement des droits civiques et/ou du Black Panther donc j'ai pas eu l'impression d'apprendre grand chose, mais cela reste une bonne BD.
La Vierge et la Putain
Une intéressante BD historique qui ouvre l'imagination pour tenter d'appréhender (à défaut de comprendre) la période Elizabethaine (la première). Une période charnière au 16è siècle, alors que l'anglicanisme s'installe comme religion d’État, l'affrontement avec la France et l'Espagne devient monnaie courante avec de grandes batailles et le monde change de visage. Une période complexe, donc, que l'auteur essaye de retranscrire avec ces deux femmes qui sont opposées en tout et connaitrons deux trajectoires de vie bien distinctes. Les deux tomes sont construits sur les mêmes principes, avec l'idée de présenter les destins croisés de ces deux reines. Ce qui, effectivement, faisait peu pour une seule île. De façon amusante, le récit est raconté par divers protagonistes de l'affaire, au fur et à mesure que ceux-ci intègrent la vie des reines, tout en donnant son avis sur la situation. Très vite les deux reines sont très caractérisées : la vierge inflexible et la putain raillée. Les deux archétypes données au femme, trop souvent ... Juncker développe un récit au contexte historique touffu et qui met bien en lumière la complexité du pouvoir de cette époque. Le rapport entre chacun, entre royaume, la force de chaque individu dans chaque royaume, mais aussi le poids des lois qui sont parfois bien plus lourdes qu'on imagine. Ce n'est pas parce que c'est une reine qu'elle a les pleins pouvoirs ! Cela dit, je suis très élogieux mais ma note n'est que de 3*, et ce pour deux raisons. Déjà le dessin parfois trop petit et détaillé, notamment dans les visages, donnant des cases étroites, parfois trop chargées, qui sont un peu dure à lire. Le format de la BD en lui-même, pas de grande taille, n'aide pas toujours à cette clarté de lecture. D'autre part, les nombreux protagonistes ne sont pas toujours très clair. Il faut parfois plusieurs cases pour comprendre qui parle et dans quel contexte, puis tenter de replacer la personne dans les jeux de pouvoir. Ce n'est pas le plus clair, et c'est dommage au vu de la richesse du diptyque. J'ajouterai qu'il y a une étrange pagination, commençant par 100 pour finir à 0 avec Elizabeth, tandis que c'est le compte inverse pour Marie Stuart. Je n'ai pas spécialement compris cette volonté marquée, mais c'est sans doute parce que je n'étais pas spécialement attentif. Une BD pas toujours facile à lire, mais qui met bien en lumière la complexité du pouvoir royal souvent caricaturé de nos jours. Il est intéressant de voir la façon dont ces deux reines se sont côtoyés tout au long de leurs règnes respectifs, qui permet de réfléchir à la façon dont se sont passés les siècles suivants. Une belle lecture historique !
Stig & Tilde
Voila une très sympathique série pour jeune adolescent ! C'est un récit en tomes courts, proche du 48 pages traditionnel, sur deux enfants parti à 14 ans dans un voyage initiatique rituel, entrainé dans diverses aventures. Les trois tomes contiennent diverses choses, allant du fantastique au social, traitant de divers sujets tels que la violence des enfants entre eux, le rapport à la nature, la peur de la mort et l'amitié, l'entraide. Chaque histoire a sa morale, souvent très classique pour un récit jeunesse, mais sans jamais faire non plus dans l'absurde. C'est entrainant, les deux gamins sont pleins de ressources mais aussi, parfois, perdu et désemparé. La série semble vouloir explorer une île par volume et la fin du troisième tome semble faire conclusion d'un arc et ouverture vers la suite. C'est clairement bien mené, avec une insistance sur des valeurs positives dans un récit qui évolue à grande vitesse. Ce genre de série, au trait expressif et sans beaucoup de décors, est assez caractéristique du trait série-jeunesse et c'est tout à fait ce qu'il en ressort pour moi : une bonne série jeunesse. Ni indispensable ni passable, elle a de beaux atouts. Ça n'a pas du tout été un calvaire à lire, même plutôt un petit plaisir sympathique, et je pense qu'elle plaira encore d'avantage à un jeune public pour qui elle est clairement destinée. Recommandée !
Amazing Fantasy
Kaare Andrews revisite le mythe Marvel avec une proposition audacieuse qui mêle super-héros, pulp et fantasy brutale. J’ai vraiment été surpris par cette mini-série où trois versions emblématiques de héros : un Spider-Man adolescent, un Captain America en pleine Seconde Guerre mondiale et une Black Widow encore élève de la Red Room, sont arrachées de leurs époques respectives pour se retrouver projetées sur une île mystérieuse. J’ai trouvé cet univers, peuplé de créatures fantastiques, de tribus hostiles et de dangers constants, particulièrement dépaysant. Il évoque autant l’heroic fantasy classique que les vieux pulps qui ont inspiré les premiers comics Marvel. Cette ambiance quasi onirique installe un véritable mystère : sont-ils morts, rêvent-ils, ou découvrent-ils un monde réel mais inconnu ? Visuellement, Andrews m’a impressionné par son travail très personnel. J’ai reconnu son goût pour les compositions énergiques, les influences de peintres fantasy comme Frazetta, et ce rendu presque « sauvage » qui colle parfaitement aux décors et à la tonalité du récit. J’ai aussi beaucoup aimé la manière dont chaque personnage semble stylisé selon son époque d’origine : Cap rappelle les comics de guerre, Peter a tout d’un héros adolescent des débuts de Marvel, et Natasha porte encore l’ombre de la Red Room. Ce mélange graphique renforce chez moi le sentiment d’un croisement de timelines, rendant la lecture aussi intrigante que spectaculaire. Narrativement, j’ai trouvé que l’album alternait entre de très bonnes idées et quelques limites. Andrews réussit à créer une dynamique intéressante entre des héros qui ne devraient jamais se rencontrer à ces moments-là de leur vie, et certains échanges fonctionnent particulièrement bien. Mais j’ai aussi senti que le récit s’appuyait parfois sur des codes de la fantasy “pulp” un peu caricaturaux : orcs, hommes-lézards, tribus aux identités simplifiées… Ce n’est pas toujours très subtil, et certains dialogues manquent un peu de nuance. Malgré tout, je comprends le parti pris : c’est une aventure hybride, spectaculaire, qui rend hommage à des genres multiples sans chercher le réalisme absolu. Au final, Amazing Fantasy de Kaare Andrews m’apparaît comme un objet vraiment singulier dans le catalogue Marvel. J’ai été séduit par son audace visuelle et son mélange de genres, et je pense qu’il parlera aux lecteurs curieux, amateurs de mondes alternatifs ou sensibles aux expérimentations artistiques. L’histoire n’est pas parfaite, mais elle propose une expérience différente, marquée par l’énergie, l’imagination et la liberté créative d’un auteur qui s’amuse clairement à revisiter les mythes Marvel sous un angle inattendu. Note : 3,5/5
Il déserte - Georges ou la vie sauvage
En 1962, Georges De Caunes, père d'Antoine et célèbre présentateur télé et radio, déjà habitué aux expéditions polaires ou amazoniennes, décide de se lancer dans une aventure aussi radicale qu'intime : vivre un an en totale solitude sur un îlot désert du Pacifique, avec pour seules compagnies son chien et l'émission radio quotidienne qu'il doit enregistrer pour raconter son expérience. Il cherche à rompre avec son quotidien, à se retrouver, et à vivre une aventure qu'il imagine dans l'esprit de Robinson Crusoé, figure qui nourrit son imaginaire littéraire. Sauf que Robinson est un personnage de fiction, et que l'île où Georges choisit de s'isoler, Eiao, dans l'archipel des Marquises, est un caillou aride presque sans ombre. L'épreuve sera bien plus rude qu'il ne l'avait imaginée. Le récit mêle aventure et introspection. Il montre l'intimité de Georges face à la solitude, au doute, à la douleur, et à la dureté de l'île. Et il dévoile aussi celle d'Antoine de Caunes, qui tente de redécouvrir son père à travers ses souvenirs et ses carnets intimes, tout en s'interrogeant sur la relation entre un fils et un père capable de s'éloigner de manière aussi abrupte et prolongée. Au départ, c'est la curiosité qui m'a poussé à découvrir ce parcours : je ne connaissais pas vraiment Georges, sinon comme figure médiatique, et encore moins comme père d'une personnalité que j'apprécie. Puis l'appel de l'aventure a pris le relais : j'avais vraiment envie de voir comment une année de solitude totale, coupée du monde, pouvait se dérouler, sans doute influencé moi aussi par les récits de naufragés à la Robinson. Mais la brutalité de l'expérience apparaît dès les premières pages, et le récit devient très vite un combat intérieur ponctué de rêves, de cauchemars et d'hallucinations. Xavier Coste le traduit avec un graphisme aux couleurs intenses et à l'ambiance presque onirique, dominée par des oranges puissants qui évoquent sans cesse la chaleur écrasante de l'île. Son trait crée une atmosphère singulière qui accentue le caractère irréel, voire surréel, de l'épreuve, et donne l'impression que le temps se dilate à l'infini. En parallèle, le récit bascule peu à peu vers quelque chose de plus intime, parfois au prix de quelques longueurs qui le rendent moins prenant à mes yeux. J'ai été intéressé par l'expérience en elle-même, presque d'un point de vue scientifique, mais je suis resté moins sensible à l'aspect émotionnel et à la réflexion sur la relation père-fils. Je n'ai pas vraiment réussi à cerner cet homme ni à m'en sentir proche.