Les derniers avis (8 avis)

Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Marie-Antoinette - L’état de grâce
Marie-Antoinette - L’état de grâce

Une biographie en bonne et due forme de Marie-Antoinette qui se concentre sur la période allant de son arrivée en France à ses premiers pas en tant que véritable reine, après la mort de Louis XV. On y suit une adolescente déroutée par son arrivée à la cour de Versailles, loin de son pays natal et perdue au milieu d'intrigants, tandis que son époux ne lui prête aucune attention et paraît surtout trop mollasson face à son énergie et à son envie de faire la fête pour masquer son trouble. L'absence de numérotation laisse penser à un one-shot, mais l'album s'interrompt de façon inattendue avant même les prémices de la Révolution Française. Après plusieurs pages retraçant ses premiers gestes de souveraine, les écarts qui contribueront à la rendre impopulaire et sa rencontre avec le comte Fersen, l'histoire s'arrête brusquement, avec un mot de conclusion dont on ignore s'il annonce une suite ou s'il sert simplement de présage au destin tragique que les lecteurs connaissent déjà. Cette fin laisse perplexe sans être mauvaise. Le dessin est de bonne qualité, même s'il paraît parfois un peu figé. Les costumes et coiffures sont soignés, tandis que les visages manquent d'uniformité, oscillant entre charmants et moins réussis. La mise en scène rapproche le lecteur de cette future reine, la rendant à la fois humaine par son malaise et ses doutes, et distante par sa déconnexion totale de la réalité du peuple. Un exemple parlant apparaît lorsqu'elle apprend que les Français manquent de pain et meurent de faim, et qu'elle choisit pour leur rendre hommage d'orner sa coiffure de petites madeleines décoratives. C'est bien construit, documenté, agréable à lire, mais l'ensemble reste trop académique et légèrement désuet pour vraiment captiver. J'ai même eu la sensation de lire une BD historique des années 1980.

10/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Travailleur de la nuit
Le Travailleur de la nuit

Ah bah zut, je pensais que j'allais succomber et finalement j'ai trouvé ça bien mais bof, juste pas mal donc. Ma "relative" désillusion doit beaucoup aussi à mes attentes. J'espérais un truc qui m'emporte du début à la fin et si je reconnais à l'ensemble une fluidité à toute épreuve, ma lecture s'est révélée sans réelle passion. Je crois que le fautif est le personnage principal, interressant au demeurant mais zéro empathie ou attachement. Pourtant le scénariste fait tout pour, il fait tout pour le rendre sympathique mais comme certains de mes prédécesseurs, je tique sur quelques faits, montrés mais vite oubliés grâce au rythme donné. Niveau graphisme, c'est très agréable sans être vraiment marquant. C'est avec cet album que j'avais découvert le dessinateur, et il fera bien mieux par la suite. Dans le cas présent, je ne peux m'empêcher de le comparer au travail d'Efa sur Django que je trouve bien plus abouti et fignolé. Une oeuvre avec beaucoup de qualités mais que ne m'a pas tant parlé.

10/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Silent Jenny
Silent Jenny

Mathieu Bablet nous livre pour cette fin d'année, un album monumental très attendu : une histoire où Jenny file un mauvais coton dans un monde post-apocalyptique d'où les abeilles ont totalement disparu. On avait été bluffé par Mathieu Bablet en 2020 et sa très belle histoire d'amour entre deux androïdes : Carbone & Silicium. Le revoici avec de nouveau un gros album monumental : Silent Jenny, un récit dystopique sur une planète d'où les abeilles ont disparu. L'univers de l'album : Une planète post-apocalyptique qui préfigure sans doute la nôtre. Eau raréfiée, nourriture artificielle, lacs d'acide, air vicié, météo en surchauffe, ... « le stress thermique mortel est à son maximum, aujourd'hui. Pensez à vous hydrater toutes les demi-heures. Quant aux mises en garde habituelles : évitez l'exposition directe au soleil. Et souvenez-vous : "demain sera un autre jour" ! » Jenny la taciturne travaille sur une monade : une sorte de navire terrestre ambulant où survit une petite communauté qui arpente la surface désertique de la planète. Pour la firme Pyrrhocorp elle va rechercher sous terre des traces ADN d'abeilles : elles ont disparu depuis longtemps. « Les abeilles, puis la pollinisation, la fin de la famine. Les gens penseront moins à survivre et Pyrrhocorp pourra rebâtir un système de santé qui tient la route. Des médicaments, des vaccins, des médecins ... c'était ça le monde d'avant, tu sais. Il ne faut jamais cesser d'y croire. » Pour cette recherche, Jenny se miniaturise en microïde et pénètre dans le sol, dans l'infra-monde. C'est une opération risquée pour l'organisme, surtout quand la « combinaison n'est plus très étanche ». le moindre bout de peau au contact de l'air se nécrose très vite à cause de la calcification. le sous-sol est d'ailleurs infesté de microïdes qui ne sont jamais remontés. La mission de Jenny est à haut risque « parce que les profondeurs appellent certaines personnes, et qu'à un moment, l'appel devient assourdissant ». Pour ces survivants, toute la difficulté est de parvenir à « s'enchanter du monde dans lequel on vit, tout en étant terrifié de la direction dans laquelle il va ». ? Mathieu Bablet se pose en digne successeur de Jean Giraud, aka Moebius : les mondes qu'il crée dans ses gros albums sont travaillés en profondeur, complexes et fouillés. Le terme de monade est emprunté à la philosophie (celle de Leibniz notamment) où une monade est l'unité ultime. Elles peuvent aussi évoquer une version mobile des conurbations de l'écrivain Robert Silverberg. Sur la planète de Jenny, les monades sont aussi nomades, sans cesse en déplacement car « la monade n'a pas d'autre mission que le mouvement ». Ces navires terrestres évoquent un peu les chars des sables de la planète Tatooine (celle de Star Wars) et certains personnages (les mange-cailloux, les pénitents, ...) peuvent même faire penser aux Jawas : l'univers de Mathieu Bablet est aussi dense que celui des grandes épopées stellaires et l'auteur nous délivre les informations tout au long de son récit où ce monde se dévoile peu à peu. ? Les enfants casqués sont aussi une belle trouvaille, à la fois graphique et scénaristique. « On n'a pas trouvé meilleure solution pour vous préserver des maladies et réduire la mortalité infantile. Une fois assez grands, vous risquerez moins de choper tout ce qui se balade dans l'air. » ? le graphisme est assez surprenant, sombre, onirique, touffu, organique souvent, avec des couleurs estompées sur papier mat : il faut un peu de temps pour s'habituer à cette richesse graphique et à cette avalanche de détails car c'est un monde assez obscur où nous invite Mathieu Bablet. Le dessin accompagne un scénario sombre, plutôt pessimiste, et j'avoue que le mal de vivre d'une Jenny mutique et dépressive plombe un peu la lecture. À réserver aux inconditionnels de cet auteur.

10/12/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
Couverture de la série L'Homme qui n'existait pas
L'Homme qui n'existait pas

Cyril Bonin continue d'explorer son style de prédilection, à savoir les histoires intimistes, sur la vie de gens ordinaires et souvent invisibles, dont on ne se rappelle pas. Ici, l'histoire sera sur un personnage qui va littéralement disparaitre du monde, devenant une sorte de fantôme puisqu'il n'existe presque plus dans la vie. En lisant la BD, j'ai repensé très fort à la BD Les Petites Distances de Véro Cazot qui a un sujet presque identique, à savoir un homme qui perd substance et va explorer autour de lui, tombant sur une femme spéciale. Mais la ressemblance de surface s'arrête vite, notamment parce que les deux BD ont des développements bien distincts. Et en refermant la BD, j'ai eu l'impression que le développement de celle-ci était franchement limitée. Le nombre de page restreint m'a vite fait craindre que la BD se terminerait trop tôt et c'est mon impression finale. Il manque clairement quelques ajouts au volume, peut-être une conclusion plus forte mais aussi, je trouve, quelque chose qui justifie le discours final du protagoniste qui sort un peu étrangement puisque je ne vois pas d'où lui vient cette prise de conscience soudaine. En fait la BD me semble à la fois trop rapide dans son exécution mais aussi très lente à se mettre en place. En comparant à d'autres lectures du même sujets, je trouve qu'il manque ici quelque chose de plus, un commentaire sur le monde ou ses personnages, ce que ça dirait de nous. Ici la BD est trop rapide dans son final et ne m'a pas laissée grande impression. Il est plus que probable que j'en oublie les grandes lignes d'ici quelques mois. Reste le dessin de l'auteur, toujours appréciable et qui colle au récit. Ça donne une atmosphère intimiste, quelque chose qui s'intéresse aux personnages et à leurs émotions. Je l'aime toujours autant, ce n'est clairement pas un souci lors de la lecture. Une BD oubliable bien que pas mauvaise. Dommage, j'aurais aimé plus.

10/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Il déserte - Georges ou la vie sauvage
Il déserte - Georges ou la vie sauvage

Mouais. Je n’ai pas été convaincu, tout du moins captivé par cet album. Je connaissais à peine la personne de Georges de Caunes, un peu plus celle d’Antoine de Caunes, mais c’est au hasard et sans en attendre spécialement grand-chose que j’ai emprunté cet album. Un album très épais, que j’ai traversé sans enthousiasme, et en m’ennuyant à plusieurs reprises. C’est avant tout grâce au dessin et aux couleurs de Xavier Coste (un trait simple, efficace et lumineux) que j’ai fini cette lecture. Car cette Robinsonnade moderne – et quand même médiatique, m’a laissé de côté. Surtout que l’aspect sans doute le plus intéressant de cet album, à savoir le dialogue entretenu à distance (géographique et temporelle) entre Antoine de Caunes et son père, a peiné me concernant à dépasser le cadre affectif familial. Si je conçois qu’Antoine de Caunes y a trouvé de quoi poursuivre ou clore un chapitre important de sa vie – voire soigner quelques blessures, ça ne m’a pas touché en tant que lecteur extérieur, le plaisir de lecture n’étant pas suffisamment au rendez-vous sur la durée, malgré quelques passages quand même intéressants. Sans doute n’était-ce pas ma came. Note réelle 2,5/5.

10/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Ted, drôle de coco
Ted, drôle de coco

Je n’avais pas trop accroché au dessin d’Emilie Gleason sur Ebouriffant.e.s, mais je dois dire que son style – très particulier – passe beaucoup mieux ici (même si je conçois qu’il puisse être clivant). En effet, ce style « élastique », ainsi qu’une colorisation tranchée et pétante, conviennent assez bien au ton du récit, et au personnage principal, Ted, un autiste fortement inspiré par le propre frère de l’auteure. Après un temps d’adaptation – au dessin et à l’histoire, mais aussi au personnage même de Ted – on entre de plain-pied dans un monde particulier, à la fois parallèle et ancré dans le nôtre, celui d’un autiste, aux réactions parfois surprenantes. La narration est un peu fouillis, mais on s’attache aisément à Ted – et la surprise brutale de la fin nous prend un peu au dépourvu. En tout cas c’est une lecture plutôt sympathique.

10/12/2025 (modifier)
Par Simili
Note: 3/5
Couverture de la série Lulu Femme Nue
Lulu Femme Nue

Je connaissais Etienne Davodeau en reporter engagé grâce à Rural ! et Les Ignorants, je le découvre aujourd'hui auteur à travers ce road trip. Lulu est une quadra, qui après une longue pause pour élever ses enfants, recherche un emploi. Après un énième entretien non concluant, elle décide de partir à "l'aventure"... L'histoire de Lulu, si elle est finalement assez simple, nous questionne sur la charge mentale, sur le sens de nos vies et ce besoin de se sentir vivant à un moment de sa vie où la flamme s'éteint peu à peu. Ce que l'on nomme communément la crise de la quarantaine est abordé avec beaucoup de pudeur par l'auteur. On ne sent aucun parti pris, aucun jugement sur les actions de son héroïne. Il existe un vrai contraste entre le rythme lent du roman qui nous laisse penser qu'il ne se passe pas grand chose et les aventures de Lulu qui sont riches en rencontres et rebondissements. Au niveau du dessin Davodeau fait … du Davodeau. Un dessin simple et sans fioritures. Il n'est certes pas exceptionnel mais ne recèle pas non plus de défauts rédhibitoires. On apprécie ou non son style mais on ne pourra pas dire que l'on soit surpris. Personnellement, je n'y suis pas allergique et je n'ai donc pas eu de mal en me lancer dans l'histoire de notre brave quadra. Globalement la lecture est assez plaisante mais il manque quand même le petit quelque chose qui permettrait d'emporter le lecteur avec lui.

10/12/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série La Métamorphose (Sakuraichi)
La Métamorphose (Sakuraichi)

L'adaptation du roman de Kafka par Bargain Sakuraichi, pseudonyme du mangaka Toshifumi Sakurai qui a fait deux séries que j'adore. On reconnait bien la patte de l'auteur avec à la fois son dessin si personnel et aussi avec son humour. Parce que c'est vraiment une adaptation réinterprétée par un autre artiste et pas seulement une adaptation fidèle qui ne ferait que reprendre point par point ce qui s'est passé dans l'œuvre de base. Au lieu de suivre ce qui arrive à ce pauvre Grégor, on voit surtout la réaction de sa famille et en particulier le père qui est le vrai personnage principal de cet album, Grégor étant relégué en personnage secondaire qui souvent n'apparait pas ou très peu au cours d'un chapitre. L'intrigue tourne surtout autour de ce que doit faire sa famille maintenant que celui qui ramenait l'argent au foyer ne peut plus travailler. J'avoue que j'étais un peu perplexe par ce que je lisais. On retrouve l'humour de l'auteur que j'aime bien, mais je ne pense pas que cela colle vraiment au style particulier de Kafka. Tous les gags autour de la libido du paternel me semblent hors de propos, mais il faut dire aussi que je n'ai pas lu le roman depuis très longtemps et que je n'ai que de vagues souvenirs. Je compare surtout cette adaptation avec d'autres adaptations de Kafka que j'ai lues ou vues et le ton est très différent de ce que j'avais vu jusqu'à présent dans les adaptations de Kafka. C'est pas trop mal même si certains gags sont un peu lourds. Une curiosité à lire en tout cas.

10/12/2025 (modifier)