J'hésite un peu pour ma note, mais c'est clairement entre le très bon et le bon. Lewis Trondheim a l'art de faire les choses de façon juste différente pour que l'on soit étonné, et cette BD en est l'exemple parfait.
L'album n'est qu'une longue suite de gags en quatre cases, mais où la thématique des enfants et des doudous est traité de façon originale. Chaque protagoniste a une façon d'y être lié, et l'ensemble résonne à la fois comme des gamins jouant avec leurs jouets dans un monde qu'ils imaginent, mais aussi comme un vrai monde à part où les enfants et leurs doudous prennent vie. Une sorte de fantasme de tout gosse, très bien rendu ici. En fait, ça m'évoque un peu Calvin et Hobbes, entre la réalité et le jeu d'enfant.
Dans cette métaphore, donc, Trondheim parle de gamins qui s'amusent, explorent, jouent, font leurs devoirs et doivent aller au lit à cause de la babysitter. C'est rigolo, pas toujours hilarant mais avec un décalage qui met toujours en joie. Le panda et son flegme, la jeune fille pétillante, le petit garçon intéressé par la guerre, l'ado qui tente de s'enfuir de ce monde pour grandir mais aime y retourner ... Ce sont des personnages simples mais rigolos, dont les interactions ont le charme de leur simplicité. J'ai pas ri aux éclats, mais j'ai souri tout du long et j'ai fermé l'album avec un sentiment de satisfaction.
Une très bonne BD jeunesse donc, qui fera plaisir aussi aux plus grands. Le genre de petit album qui se garde facilement de côté pour une petite relecture de temps en temps.
L’intrigue d’Hubert est originale dans son point de départ, il arrive facilement à nous faire accepter une incongruité. A savoir qu’une vieille dame (puis d’autres personnes) puissent continuer à vire, mortes parmi les vivants. Hubert développe ensuite son histoire autour de la vie de cette dame (que l’on découvre via des flash-backs), en introduisant peu à peu un côté polar un peu loufoque.
La narration est agréable et aérée, et, comme souvent, son compère Zanzim l’accompagne avec un dessin moderne et lui aussi agréable, simple.
La fin est un peu expédiée et sans doute trop « facile ». Petit hasard me concernant, j’ai lu ces deux albums juste après Bon voyage ?, et l’idée de finir sur une île déserte oubliée de tous semble avoir fait des émules…
Un diptyque sympathique (je l’ai lu dans l’intégrale). Sans doute pas ce qu’Hubert a fait de mieux, mais la lecture est plaisante.
Je précise que je ne suis pas adepte de ces réseaux (n’ayant été que sur What’s App, jamais sur les autres – même si je les connais un peu).
Même si je ne suis pas toujours d’accord avec l’auteur (je suis moins enthousiaste que lui par rapport à ces nouvelles technologies et préfère toujours avoir affaire à des êtres vivants et avoir un bouquin en mains), et si certains tics peuvent agacer (la narration est un peu « contaminée » par ces réseaux sociaux, avec un rythme un peu saccadé, et un « zapping » relatif), j’ai trouvé cette lecture intéressante, et recommandable.
L’auteur dialogue ici avec sa « fille » d’une vingtaine d’années (je ne sais pas si c’est un personnage fictif – peu importe d’ailleurs !) et nous présente l’historique du développement des réseaux sociaux, mais aussi les pièges qu’ils nous tendent, leurs « techniques commerciales » agressives. Et surtout ses recommandations pour s’en protéger sont plutôt sensées et à suivre. Et ces recommandations sont aussi bien exposées, c’est didactique et agréable à lire (le dessin, assez simple et centré sur les personnages – l’auteur et sa fille essentiellement – est lui aussi simple, agréable et efficace).
Un petit ouvrage à lire, alors que ces réseaux sociaux ont tendance à phagocyter nos vies. L’achat par des CDI ne serait pas inutile.
Ça se laisse lire facilement, le dessin est agréable, et la narration joue plutôt bien des flash-backs. Voilà donc un album qui peut convenir à pas mal de lecteurs. Surtout ceux cherchant une petite histoire feel good sans prétention.
Mais c’est un peu là que le bât blesse je trouve. C’est un peu trop sucré et plein de bonnes et belles intentions à mon goût. Et ça use d’un chouia trop de petites facilités. Même les « méchants » sont facilement amadoués, et le moment de tension dans l’avion est rapidement édulcoré. Tout ça m’empêche de mieux noter cette histoire.
Une histoire qui se laisse lire pourtant agréablement, comme je l’ai écrit, et qui nous présentent quelques pères Noël modernes souhaitant naïvement offrir un bonheur rare à quelques personnes choisies presque au hasard (même si habilement sélectionnées avec un questionnaires/jeu concours), au sortir de la guerre.
Une histoire qui manque d’aspérités donc, mais pas désagréable. Mais l’intérêt principal pour moi a été de découvrir ces gros hydravions, et les espoirs que la France avait placé en eux. Ainsi, le long dossier final est plutôt bien fait et intéressant. On finit donc cette lecture sur une très bonne note.
Je vais arrondir aux trois étoiles parce que certains gags m’ont fait sourire, et aussi parce que visiblement ça peut s’adresser à tous les publics, et surtout à des jeunes. Mais cette lecture (très rapide au demeurant tant dessin et textes sont minimalistes) m’a clairement laissé sur ma faim.
Je suis plutôt amateur de strips d’humour, surtout à tendance con, absurde, noir, voire trash. Ici, c’est plutôt la guimauve qui prédomine. C’est de l’humour gentil. Pourquoi pas ? Mais la plupart des gags manquent quand même de peps, la chute d’un certain nombre se laisse deviner en amont.
Je ne suis clairement pas le cœur de cible, et d’autres peuvent apprécier davantage cet album. Mais l’humour développé, les quelques touches un chouia poétiques, me le feraient surtout conseiller à un jeune lectorat.
Note réelle 2,5/5.
Cette BD part d'une idée de départ originale et gentiment burlesque, celle d'un micro héros, sorte de fils de la jungle au pays des microbes, passionné par l'arithmétique et par la vision du Tarzan de Johnny Weissmuller qu'il a vu par hasard. Cela m'a fait penser à certains albums de Winshluss ou
Krassinsky qui nous placent dans une situation fantasque avec sa propre logique. Et je comprends le charme que certains peuvent y trouver. Mais ce délire absurde et burlesque ne m'a jamais vraiment embarqué.
Le scenario m'a paru s'étirer et perdre de son impact, avec des personnages finalement peu enthousiasmants (notamment le scientifique qui parait sympathique au départ avant de se révéler borné et idiot). Quelques idées font sourire, sans jamais suffire à maintenir mon intérêt.
Le dessin en noir et blanc de Panaccione est cohérent avec l'ambiance rétro, mais ce trait volontairement brut, parfois proche du gribouillage, m'a moins convaincu que dans ses autres albums, que j'apprécie pourtant beaucoup.
Au final, je reconnais l'originalité et la singularité de l'ensemble, mais je suis resté sur le bord du chemin. Une curiosité qui parlera à certains, mais qui ne m'a pas vraiment convaincu, juste un peu diverti.
Note : 2,5/5
Une mère divorcée, sans histoire apparente, passe une soirée avec ses grands enfants et, presque sans l'avoir prémédité, leur révèle un épisode de sa vie où elle est sortie, pour un court instant, de son existence bien ordonnée.
Sur la forme, c'est une histoire sympathique. Le dessin m'a rappelé le style de certains blogs BD (je me rends compte après avoir écrit ça que je n'avais pas réalisé que c'était Pénélope Bagieu au dessin, je pensais à tort que c'était Lola Lafon car le style est légèrement différent des planches habituelles de Pénélope), avec un travail très agréable sur les couleurs chaudes et un vrai soin apporté aux décors, notamment dès la première page qui pose efficacement l'ambiance et le lieu. Les dialogues entre les quelques protagonistes sont justes et naturels, installant rapidement les caractères de chacun. Tout concourt à rapprocher le lecteur de cette petite réunion familiale et à susciter l'intérêt pour ce qu'elle va révéler.
Ma curiosité a d'ailleurs été rapidement éveillée à l'idée de comprendre ce que la mère souhaitait confier. Elle le fait avec beaucoup de naturel, dévoilant les choses progressivement. On sent son malaise à se livrer ainsi à sa fille. On s'amuse aussi de la manière dont elle arrange parfois la réalité pour dissimuler certains détails, tandis que nous, lecteurs, sommes témoins de ce qui s'est réellement passé.
Tout est fait avec justesse et sincérité. Mais en contrepartie, le récit souffre d'une grande lenteur. On se retrouve avec un album de plus de 200 pages qui, au final, raconte peu de choses. Et ce qui est raconté ne m'a pas touché, simplement vaguement intéressé. L'ensemble est à la fois légèrement édifiant et assez plat, ou du moins dépourvu d'une véritable envergure narrative. L'intrigue manque de développement et m'a laissé sur une impression d'indifférence, presque de perplexité, avec ce sentiment de "tout ça pour ça". Aussi naturels et compréhensibles que soient les sentiments et les comportements de la narratrice, la mayonnaise ne prend jamais et le soufflé reste désespérément plat.
Bref, j'ai trouvé cet album pas mal, mais pas enthousiasmant.
Note : 2,5/5
Un one-shot qui parle des problèmes de jeunes actuels vu qu'un des protagonistes est une fille trans et l'autre serait semble-t-il non-binaire (en tout cas moi j'ai cru pendant un bon moment que c'était juste un gars, je ne suis pas très perspicace).
Ce que j'ai aimé dans le scénario est que le ton est juste. Pour moi, l'adolescence est un stade où on se découvre, ce qui est le cas des deux personnages principaux qui se posent des questions sur ce qu'ils/elles/iels sont vraiment. L'adolescence est aussi une période où les émotions sont souvent extrêmes. Je me souviens ados que des types de mon école pouvait super-sympa une journée et lendemain être des gros cons et moi même j'ai vécu des journées où j'avais juste envie d'envoyer foutre le monde. On retrouve ça ici. Diana et Charlie sont très poches, mais parfois les choses vont mal et il y a des disputes. Les moments joyeux sont très joyeux et les moments tristes très tristes. Le ton est réaliste avec notamment les parents qui veulent le bien de leur enfants, mais qui ne savent pas trop comment s'y prendre.
Malgré des qualités dans le scénario, j'avoue ne pas avoir trouvé cela captivant à lire. Je trouve qu'il y a des longueurs dans le récit et que ça tourne parfois un peu en rond, mais je ne pense pas faire parti du public-cible initial de l'album. J'ai bien aimé le dessin très expressif et dynamique, mais sur certaines cases je trouvais qu'il y avait un peu trop de détails et que cela nuisait à la fluidité de la narration.
Une incursion dans le western, moi qui n’aime pas le genre.
Il est vrai que celui ci est original en suivant la vie de ce jeune apache exclu de sa tribu. Qui plus est, l’histoire se situe au tournant de la colonisation et de ce changement de civilisation de l’Amérique du Nord. Les jeux sont quasiment pliés et le jeune Woan vivra ces changements tout en cherchant sa place parmi les siens et dans ce nouveau monde.
Je reconnais que le dessin réussit à sublimer cette histoire en y apportant un souffle épique même dans les planches contemplatives. Les paysages nous happent littéralement.
Certes également, les personnages secondaires sont bien présents et intéressants mais voilà. J’ai toujours eu du mal avec les histoires amérindiennes, je ne sais pourquoi.
Peut-être cette double vision contradictoire assénée depuis longtemps dans les westerns. Celle des sauvages sanguinaires et scalpeurs de têtes des vieux films, ou celle des tribus pacifiques et proches de la nature idéalisées face à l’envahisseur.
Celui-ci évite ce manichéisme, et bien que je n’aie rien de fondamental à lui reprocher, je cherche encore le western qui me fera changer d’avis sur les westerns !
Vasco, neveu d'un riche banquier de Sienne, est envoyé par ce dernier en mission à travers l'Europe et l'Asie du XIVe siècle. Il vit ainsi des aventures aux quatre coins du monde, dans un strict cadre historique.
J'ai découvert cette série sur le tard et, comme beaucoup l'ont souligné avant moi, elle rappelle immanquablement Alix dans son ambition de proposer une série historique a l'ancienne, dont le graphisme se rapproche fortement de celui de Jacques Martin, mais aussi dans la mise en scène de manière générale. Même le lettrage change dès le deuxième tome pour devenir identique à celui d'Alix.
Ce graphisme est le gros point fort de la série.
Encore un peu hésitant sur les deux premiers tomes, le dessin de Gilles Chaillet trouve son apogée du tome 3 au tome 12 avant de décliner ensuite. Mais tout au long de la série, ses décors sont exceptionnels.
Le style est certes très académique, mais ses architectures, paysages et costumes historiques sont superbes. C'est un remarquable travail de reconstitution qui flatte l'œil et donne envie de découvrir ces lieux anciens aujourd'hui disparus ou profondément transformés. A noter aussi quelques belles scènes de bataille, à pied comme à cheval.
Dommage qu'en contrepartie, les anatomies soient nettement moins maitrisées. Outre des mains régulièrement disproportionnées, ce sont surtout les visages qui sont trop souvent ratés, un défaut qui s'accentue a partir du treizième tome. Quel dommage que cela vienne gâcher d'aussi beaux décors.
Je précise que je n'ai fait que feuilleter les tomes au-delà du 21e, après que d'autres dessinateurs aient remplacé Gilles Chaillet, car le dessin du tome 22 m'a rebuté et je n'étais pas suffisamment attaché à la série pour avoir envie de poursuivre.
Pourtant, il y a un aspect que j'ai vraiment apprécié : cette manière qu'a la série de nous faire découvrir de l'intérieur la grande Histoire du monde, a une époque relativement peu abordée dans d'autres œuvres : alors que la Renaissance italienne en est à ses prémices et que l'Europe subit encore les restes de la Peste Noire, après la période des Croisades mais avant la chute de Constantinople, après la Croisade des albigeois mais avant le plus dur de la Guerre de Cent ans... Et comme Vasco voyage beaucoup, cela permet d'apprendre ce qu'il se passait alors dans différentes régions du globe. Le concept de départ, mettant en avant l'implication des banquiers dans les affaires politiques, devient toutefois assez vite un simple prétexte a des aventures plus mouvementées ou plus personnelles pour le héros.
Mais voilà, j'ai nettement préféré la grande Histoire a la petite, celle de Vasco lui-même. Le personnage ne m'a jamais paru attachant : je ne me suis jamais senti proche de lui ni réellement concerné par ce qui lui arrivait. Ce sont surtout les intrigues qui m'ont laissé de marbre, tant elles sont molles et convenues. Les protagonistes ont souvent des comportements peu naturels, comme s'ils jouaient un mauvais rôle dans une pièce de théâtre d'aventure. Complots, traquenards et manigances s'enchainent dans des péripéties cousues de fil blanc, ou les trahisons et secrets s'accumulent sans susciter beaucoup d'intérêt. On retrouve bien quelques fils rouges, comme les allers-retours de la belle Sophie, dont Vasco est épris d'un amour impossible, ou encore ce choix étrange d'utiliser le frère du héros comme antagoniste récurrent, a la fois fraternel et pourtant régulièrement au service du camp adverse, mais jamais rien qui m'emporte.
J'ai aussi été irrité par la présence trop fréquente de fautes d'orthographe dans les dialogues et la narration, un manque de relecture qui déçoit.
Vasco est donc une série historique très classique dans sa forme et son ton, qui vaut avant tout pour l'excellence de ses décors et pour l'intérêt de découvrir en images le monde du XIVe siècle. Mais le manque de charisme de son héros, des intrigues peu enthousiasmantes et certaines faiblesses dans le dessin des visages m'ont empêché de vraiment m'y attacher. Je retiens toutefois quelques albums réussis, notamment ceux se déroulant en Turquie (tomes 3 et 4), en pays cathare (tomes 7 et 8), ainsi que la beauté des décors et costumes des albums situés en Asie (tomes 9 a 12).
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Jardins sucrés
J'hésite un peu pour ma note, mais c'est clairement entre le très bon et le bon. Lewis Trondheim a l'art de faire les choses de façon juste différente pour que l'on soit étonné, et cette BD en est l'exemple parfait. L'album n'est qu'une longue suite de gags en quatre cases, mais où la thématique des enfants et des doudous est traité de façon originale. Chaque protagoniste a une façon d'y être lié, et l'ensemble résonne à la fois comme des gamins jouant avec leurs jouets dans un monde qu'ils imaginent, mais aussi comme un vrai monde à part où les enfants et leurs doudous prennent vie. Une sorte de fantasme de tout gosse, très bien rendu ici. En fait, ça m'évoque un peu Calvin et Hobbes, entre la réalité et le jeu d'enfant. Dans cette métaphore, donc, Trondheim parle de gamins qui s'amusent, explorent, jouent, font leurs devoirs et doivent aller au lit à cause de la babysitter. C'est rigolo, pas toujours hilarant mais avec un décalage qui met toujours en joie. Le panda et son flegme, la jeune fille pétillante, le petit garçon intéressé par la guerre, l'ado qui tente de s'enfuir de ce monde pour grandir mais aime y retourner ... Ce sont des personnages simples mais rigolos, dont les interactions ont le charme de leur simplicité. J'ai pas ri aux éclats, mais j'ai souri tout du long et j'ai fermé l'album avec un sentiment de satisfaction. Une très bonne BD jeunesse donc, qui fera plaisir aussi aux plus grands. Le genre de petit album qui se garde facilement de côté pour une petite relecture de temps en temps.
Ma vie posthume
L’intrigue d’Hubert est originale dans son point de départ, il arrive facilement à nous faire accepter une incongruité. A savoir qu’une vieille dame (puis d’autres personnes) puissent continuer à vire, mortes parmi les vivants. Hubert développe ensuite son histoire autour de la vie de cette dame (que l’on découvre via des flash-backs), en introduisant peu à peu un côté polar un peu loufoque. La narration est agréable et aérée, et, comme souvent, son compère Zanzim l’accompagne avec un dessin moderne et lui aussi agréable, simple. La fin est un peu expédiée et sans doute trop « facile ». Petit hasard me concernant, j’ai lu ces deux albums juste après Bon voyage ?, et l’idée de finir sur une île déserte oubliée de tous semble avoir fait des émules… Un diptyque sympathique (je l’ai lu dans l’intégrale). Sans doute pas ce qu’Hubert a fait de mieux, mais la lecture est plaisante.
Les Réseaux sociaux et nos ados
Je précise que je ne suis pas adepte de ces réseaux (n’ayant été que sur What’s App, jamais sur les autres – même si je les connais un peu). Même si je ne suis pas toujours d’accord avec l’auteur (je suis moins enthousiaste que lui par rapport à ces nouvelles technologies et préfère toujours avoir affaire à des êtres vivants et avoir un bouquin en mains), et si certains tics peuvent agacer (la narration est un peu « contaminée » par ces réseaux sociaux, avec un rythme un peu saccadé, et un « zapping » relatif), j’ai trouvé cette lecture intéressante, et recommandable. L’auteur dialogue ici avec sa « fille » d’une vingtaine d’années (je ne sais pas si c’est un personnage fictif – peu importe d’ailleurs !) et nous présente l’historique du développement des réseaux sociaux, mais aussi les pièges qu’ils nous tendent, leurs « techniques commerciales » agressives. Et surtout ses recommandations pour s’en protéger sont plutôt sensées et à suivre. Et ces recommandations sont aussi bien exposées, c’est didactique et agréable à lire (le dessin, assez simple et centré sur les personnages – l’auteur et sa fille essentiellement – est lui aussi simple, agréable et efficace). Un petit ouvrage à lire, alors que ces réseaux sociaux ont tendance à phagocyter nos vies. L’achat par des CDI ne serait pas inutile.
Bon voyage ?
Ça se laisse lire facilement, le dessin est agréable, et la narration joue plutôt bien des flash-backs. Voilà donc un album qui peut convenir à pas mal de lecteurs. Surtout ceux cherchant une petite histoire feel good sans prétention. Mais c’est un peu là que le bât blesse je trouve. C’est un peu trop sucré et plein de bonnes et belles intentions à mon goût. Et ça use d’un chouia trop de petites facilités. Même les « méchants » sont facilement amadoués, et le moment de tension dans l’avion est rapidement édulcoré. Tout ça m’empêche de mieux noter cette histoire. Une histoire qui se laisse lire pourtant agréablement, comme je l’ai écrit, et qui nous présentent quelques pères Noël modernes souhaitant naïvement offrir un bonheur rare à quelques personnes choisies presque au hasard (même si habilement sélectionnées avec un questionnaires/jeu concours), au sortir de la guerre. Une histoire qui manque d’aspérités donc, mais pas désagréable. Mais l’intérêt principal pour moi a été de découvrir ces gros hydravions, et les espoirs que la France avait placé en eux. Ainsi, le long dossier final est plutôt bien fait et intéressant. On finit donc cette lecture sur une très bonne note.
Bulles de tendresse
Je vais arrondir aux trois étoiles parce que certains gags m’ont fait sourire, et aussi parce que visiblement ça peut s’adresser à tous les publics, et surtout à des jeunes. Mais cette lecture (très rapide au demeurant tant dessin et textes sont minimalistes) m’a clairement laissé sur ma faim. Je suis plutôt amateur de strips d’humour, surtout à tendance con, absurde, noir, voire trash. Ici, c’est plutôt la guimauve qui prédomine. C’est de l’humour gentil. Pourquoi pas ? Mais la plupart des gags manquent quand même de peps, la chute d’un certain nombre se laisse deviner en amont. Je ne suis clairement pas le cœur de cible, et d’autres peuvent apprécier davantage cet album. Mais l’humour développé, les quelques touches un chouia poétiques, me le feraient surtout conseiller à un jeune lectorat. Note réelle 2,5/5.
Toajêne
Cette BD part d'une idée de départ originale et gentiment burlesque, celle d'un micro héros, sorte de fils de la jungle au pays des microbes, passionné par l'arithmétique et par la vision du Tarzan de Johnny Weissmuller qu'il a vu par hasard. Cela m'a fait penser à certains albums de Winshluss ou Krassinsky qui nous placent dans une situation fantasque avec sa propre logique. Et je comprends le charme que certains peuvent y trouver. Mais ce délire absurde et burlesque ne m'a jamais vraiment embarqué. Le scenario m'a paru s'étirer et perdre de son impact, avec des personnages finalement peu enthousiasmants (notamment le scientifique qui parait sympathique au départ avant de se révéler borné et idiot). Quelques idées font sourire, sans jamais suffire à maintenir mon intérêt. Le dessin en noir et blanc de Panaccione est cohérent avec l'ambiance rétro, mais ce trait volontairement brut, parfois proche du gribouillage, m'a moins convaincu que dans ses autres albums, que j'apprécie pourtant beaucoup. Au final, je reconnais l'originalité et la singularité de l'ensemble, mais je suis resté sur le bord du chemin. Une curiosité qui parlera à certains, mais qui ne m'a pas vraiment convaincu, juste un peu diverti. Note : 2,5/5
La Nuit retrouvée
Une mère divorcée, sans histoire apparente, passe une soirée avec ses grands enfants et, presque sans l'avoir prémédité, leur révèle un épisode de sa vie où elle est sortie, pour un court instant, de son existence bien ordonnée. Sur la forme, c'est une histoire sympathique. Le dessin m'a rappelé le style de certains blogs BD (je me rends compte après avoir écrit ça que je n'avais pas réalisé que c'était Pénélope Bagieu au dessin, je pensais à tort que c'était Lola Lafon car le style est légèrement différent des planches habituelles de Pénélope), avec un travail très agréable sur les couleurs chaudes et un vrai soin apporté aux décors, notamment dès la première page qui pose efficacement l'ambiance et le lieu. Les dialogues entre les quelques protagonistes sont justes et naturels, installant rapidement les caractères de chacun. Tout concourt à rapprocher le lecteur de cette petite réunion familiale et à susciter l'intérêt pour ce qu'elle va révéler. Ma curiosité a d'ailleurs été rapidement éveillée à l'idée de comprendre ce que la mère souhaitait confier. Elle le fait avec beaucoup de naturel, dévoilant les choses progressivement. On sent son malaise à se livrer ainsi à sa fille. On s'amuse aussi de la manière dont elle arrange parfois la réalité pour dissimuler certains détails, tandis que nous, lecteurs, sommes témoins de ce qui s'est réellement passé. Tout est fait avec justesse et sincérité. Mais en contrepartie, le récit souffre d'une grande lenteur. On se retrouve avec un album de plus de 200 pages qui, au final, raconte peu de choses. Et ce qui est raconté ne m'a pas touché, simplement vaguement intéressé. L'ensemble est à la fois légèrement édifiant et assez plat, ou du moins dépourvu d'une véritable envergure narrative. L'intrigue manque de développement et m'a laissé sur une impression d'indifférence, presque de perplexité, avec ce sentiment de "tout ça pour ça". Aussi naturels et compréhensibles que soient les sentiments et les comportements de la narratrice, la mayonnaise ne prend jamais et le soufflé reste désespérément plat. Bref, j'ai trouvé cet album pas mal, mais pas enthousiasmant. Note : 2,5/5
Diana & Charlie
Un one-shot qui parle des problèmes de jeunes actuels vu qu'un des protagonistes est une fille trans et l'autre serait semble-t-il non-binaire (en tout cas moi j'ai cru pendant un bon moment que c'était juste un gars, je ne suis pas très perspicace). Ce que j'ai aimé dans le scénario est que le ton est juste. Pour moi, l'adolescence est un stade où on se découvre, ce qui est le cas des deux personnages principaux qui se posent des questions sur ce qu'ils/elles/iels sont vraiment. L'adolescence est aussi une période où les émotions sont souvent extrêmes. Je me souviens ados que des types de mon école pouvait super-sympa une journée et lendemain être des gros cons et moi même j'ai vécu des journées où j'avais juste envie d'envoyer foutre le monde. On retrouve ça ici. Diana et Charlie sont très poches, mais parfois les choses vont mal et il y a des disputes. Les moments joyeux sont très joyeux et les moments tristes très tristes. Le ton est réaliste avec notamment les parents qui veulent le bien de leur enfants, mais qui ne savent pas trop comment s'y prendre. Malgré des qualités dans le scénario, j'avoue ne pas avoir trouvé cela captivant à lire. Je trouve qu'il y a des longueurs dans le récit et que ça tourne parfois un peu en rond, mais je ne pense pas faire parti du public-cible initial de l'album. J'ai bien aimé le dessin très expressif et dynamique, mais sur certaines cases je trouvais qu'il y avait un peu trop de détails et que cela nuisait à la fluidité de la narration.
Golden West
Une incursion dans le western, moi qui n’aime pas le genre. Il est vrai que celui ci est original en suivant la vie de ce jeune apache exclu de sa tribu. Qui plus est, l’histoire se situe au tournant de la colonisation et de ce changement de civilisation de l’Amérique du Nord. Les jeux sont quasiment pliés et le jeune Woan vivra ces changements tout en cherchant sa place parmi les siens et dans ce nouveau monde. Je reconnais que le dessin réussit à sublimer cette histoire en y apportant un souffle épique même dans les planches contemplatives. Les paysages nous happent littéralement. Certes également, les personnages secondaires sont bien présents et intéressants mais voilà. J’ai toujours eu du mal avec les histoires amérindiennes, je ne sais pourquoi. Peut-être cette double vision contradictoire assénée depuis longtemps dans les westerns. Celle des sauvages sanguinaires et scalpeurs de têtes des vieux films, ou celle des tribus pacifiques et proches de la nature idéalisées face à l’envahisseur. Celui-ci évite ce manichéisme, et bien que je n’aie rien de fondamental à lui reprocher, je cherche encore le western qui me fera changer d’avis sur les westerns !
Vasco
Vasco, neveu d'un riche banquier de Sienne, est envoyé par ce dernier en mission à travers l'Europe et l'Asie du XIVe siècle. Il vit ainsi des aventures aux quatre coins du monde, dans un strict cadre historique. J'ai découvert cette série sur le tard et, comme beaucoup l'ont souligné avant moi, elle rappelle immanquablement Alix dans son ambition de proposer une série historique a l'ancienne, dont le graphisme se rapproche fortement de celui de Jacques Martin, mais aussi dans la mise en scène de manière générale. Même le lettrage change dès le deuxième tome pour devenir identique à celui d'Alix. Ce graphisme est le gros point fort de la série. Encore un peu hésitant sur les deux premiers tomes, le dessin de Gilles Chaillet trouve son apogée du tome 3 au tome 12 avant de décliner ensuite. Mais tout au long de la série, ses décors sont exceptionnels. Le style est certes très académique, mais ses architectures, paysages et costumes historiques sont superbes. C'est un remarquable travail de reconstitution qui flatte l'œil et donne envie de découvrir ces lieux anciens aujourd'hui disparus ou profondément transformés. A noter aussi quelques belles scènes de bataille, à pied comme à cheval. Dommage qu'en contrepartie, les anatomies soient nettement moins maitrisées. Outre des mains régulièrement disproportionnées, ce sont surtout les visages qui sont trop souvent ratés, un défaut qui s'accentue a partir du treizième tome. Quel dommage que cela vienne gâcher d'aussi beaux décors. Je précise que je n'ai fait que feuilleter les tomes au-delà du 21e, après que d'autres dessinateurs aient remplacé Gilles Chaillet, car le dessin du tome 22 m'a rebuté et je n'étais pas suffisamment attaché à la série pour avoir envie de poursuivre. Pourtant, il y a un aspect que j'ai vraiment apprécié : cette manière qu'a la série de nous faire découvrir de l'intérieur la grande Histoire du monde, a une époque relativement peu abordée dans d'autres œuvres : alors que la Renaissance italienne en est à ses prémices et que l'Europe subit encore les restes de la Peste Noire, après la période des Croisades mais avant la chute de Constantinople, après la Croisade des albigeois mais avant le plus dur de la Guerre de Cent ans... Et comme Vasco voyage beaucoup, cela permet d'apprendre ce qu'il se passait alors dans différentes régions du globe. Le concept de départ, mettant en avant l'implication des banquiers dans les affaires politiques, devient toutefois assez vite un simple prétexte a des aventures plus mouvementées ou plus personnelles pour le héros. Mais voilà, j'ai nettement préféré la grande Histoire a la petite, celle de Vasco lui-même. Le personnage ne m'a jamais paru attachant : je ne me suis jamais senti proche de lui ni réellement concerné par ce qui lui arrivait. Ce sont surtout les intrigues qui m'ont laissé de marbre, tant elles sont molles et convenues. Les protagonistes ont souvent des comportements peu naturels, comme s'ils jouaient un mauvais rôle dans une pièce de théâtre d'aventure. Complots, traquenards et manigances s'enchainent dans des péripéties cousues de fil blanc, ou les trahisons et secrets s'accumulent sans susciter beaucoup d'intérêt. On retrouve bien quelques fils rouges, comme les allers-retours de la belle Sophie, dont Vasco est épris d'un amour impossible, ou encore ce choix étrange d'utiliser le frère du héros comme antagoniste récurrent, a la fois fraternel et pourtant régulièrement au service du camp adverse, mais jamais rien qui m'emporte. J'ai aussi été irrité par la présence trop fréquente de fautes d'orthographe dans les dialogues et la narration, un manque de relecture qui déçoit. Vasco est donc une série historique très classique dans sa forme et son ton, qui vaut avant tout pour l'excellence de ses décors et pour l'intérêt de découvrir en images le monde du XIVe siècle. Mais le manque de charisme de son héros, des intrigues peu enthousiasmantes et certaines faiblesses dans le dessin des visages m'ont empêché de vraiment m'y attacher. Je retiens toutefois quelques albums réussis, notamment ceux se déroulant en Turquie (tomes 3 et 4), en pays cathare (tomes 7 et 8), ainsi que la beauté des décors et costumes des albums situés en Asie (tomes 9 a 12).