2.5
La scénariste raconte son périple dans des pays africains pour voir les résultats de l'ambitieux projet de la grande muraille verte, une initiative pour combattre le réchauffement climatique et la désertification.
Je ne savais rien sur ce projet et je trouvais cela intéressant de le découvrir, mais malheureusement ce n'est pas raconté de manière passionnante. La narration manque de fluidité et le dessin n'est pas dynamique, deux qualités qui me semble essentiel dans un documentaire qui contient autant d'informations. D'ailleurs, on apprend tellement de choses que j'ai un peu peur d'en avoir oublié la moitié, lorsqu'une nouvelle information rentrait dans ma tête une autre en sortait !
Le pire selon moi est qu'il y a beaucoup de textes en dehors des cases. Ça me rappelait les débuts de la bande dessinée français lorsque les bulles n'existaient pas et qu'on avait droit à du texte narratif en-dessous des images. J'ai toujours trouvé ce procédé indigeste à lire et je ne vais pas changer d'idée maintenant. Il y a des séquences d'art séquentiels, mais aussi d'autres où le dessin est pratiquement facultatif au point où faire un bouquin aurait été mieux.
En gros, l'album parle d'un projet important, mais c'est pas raconté de manière captivante.
L’argentin Ignacio Noé a développé une œuvre un peu inégale, mais globalement intéressante et originale, que ce soit pour les scénarios et pour le dessin de ses séries « érotiques » (voire pornographiques).
Cette série est l’une de ses meilleures du genre, avec Exposition.
D’abord parce que son dessin, au trait semi caricatural, est vraiment chouette. Agréable – que ce soit en général ou pour les scènes de sexe – et surtout qui accompagne très bien le ton insufflé par Noé à ses petites histoires.
On est en effet là dans la gaudriole caricaturale, qui joue sur un certain humour pour dépasser la simple fornication. La plupart des histoires sont bâties sur un canevas identique – qui varie bien sûr dans les détails.
A savoir notre « accordeur » appelé à la rescousse pour « soigner » un ou des pianos, puis une ou des scènes orgiaques, présentées sur le ton de l’exagération (bruits surjoués, positions, « vitesse d’exécution » elles aussi surjouées, et enfin une petite chute amusante. Si le deuxième tome montre un certain essoufflement (j’ai préféré le premier), l’ensemble est agréable à lire, souvent amusant dans sa conclusion, absurde ou décalée, notre accordeur décampant souvent sans avoir vraiment « accordé » quoi que ce soit – si ce n’est moult caresses et dons de sperme.
Les amateurs de l’auteur apprécieront sans doute ces deux tomes.
A noter que les éditions Dynamite viennent de sortir une belle intégrale, reprenant, outre les tomes de « L’accordeur », les albums La Diète (Illusions coquines), Exposition, Le Couvent infernal, le tout agrémenté de trois histoires courtes inédites d’une dizaine de pages chacune, une sorte d’intégrale de l’œuvre érotique de l’auteur.
Note réelle 3,5/5.
Une intrigue assez riche, mais ma lecture a quand même été un peu laborieuse, ce qui a influé sur mon ressenti, et ma note in fine.
Le dessin possède de réelles qualités, mais il n’est pas vraiment ma came, et de plus, j’ai trouvé plusieurs cases difficiles à déchiffrer (lors de combats, mais pas seulement).
Quant à l’histoire proprement dite, elle est relativement ambitieuse. Dans un univers post-apocalypse, alors que l’humanité a quasiment disparu, un dernier être « humain » se débat pour survivre, chaperonné par une femme IA, puis par des robots serviteurs, ravis de retrouver un maître à suivre, comme ils ont été programmés pour le faire. Car celui-ci est traqué par le système, dont les drones multiplient les attaques.
Hélas, comme pour le dessin, l’intrigue n’est pas toujours très claire à suivre. Certains détails m’ont échappé, et j’ai parfois dû accepter de suivre certains passages en apnée, avant de me raccrocher ensuite à l’intrigue générale. L’alternance entre flash-backs et « présent » accentue aussi ces difficultés de lecture.
Bref, une histoire dont les qualités intrinsèques n’ont pas toujours suffi à effacer mes difficultés à bien saisir tous les détails d’une intrigue qui m’a parfois un peu perdu.
Je ne sais pas ce que Combet a mis de lui-même dans ce récit, qui a l’air d’être au moins en partie autobiographique.
L’album est relativement épais, mais il se lit assez vite. D’une part parce que le texte n’est jamais abondant (il y a même pas mal de cases muettes), mais aussi car l’intrigue, sans être inintéressante, n’est pas très étoffée.
La narration use de nombreux flash-backs qui nous font découvrir le héros durant certains passages de son enfance et de son adolescence, la plupart du temps au cours de parties de randonnée/chasse en montagne avec son père et un ami de celui-ci. Passages qui nous permettent de comprendre le « coming in » du héros, Pierre, enfant sensible passionné par la nature, de plus en plus écœuré par les chasses auxquelles son père l’oblige à participer. Mais surtout de plus en plus en porte-à-faux avec les propos virilistes et homophobes de son père, alors même qu’il comprend qu’il est homosexuel : la rupture est inévitable entre eux.
Ces flash-backs alternent avec des périodes « contemporaines » durant lesquelles Pierre traine son mal être et quelques mauvaises expériences, jusqu’à ce que, vers la fin, il commence à faire le point, la paix : la figure du père disparue, la présence d’amis sûrs, lui donnent la force d’aller de l’avant, de retrouver l’inspiration artistique qui le quittait. Nous le quittons rasséréné.
La lecture est plaisante, accompagnée d’un dessin très esthétique, très lumineux. Je n’en suis pas fan a priori. Ça marche davantage pour les très beaux paysages alpestres, moins pour les personnages (affaire de goûts sans doute).
Le football est depuis longtemps le sport numéro 1 en France ; De nombreux joueurs sont professionnels, mais comment en est-on arrivé là ? C'est ce qu'a voulu raconter Jeff Legrand, dont le club de Coeur est le FC Sochaux-Montbéliard, ancienne place forte d foot français, et artisan actif de la professionnalisation de ce même foot français, ans les années 1920-1930.
C'est au travers de l'histoire de Philippe, un ouvrier méritant des usines Peugeot, que nous est racontée cette histoire, avec des détours du côté de la future dirigeance de ce FCSM, en lien avec l'entreprise Peugeot, auquel il fut étroitement lié pendant longtemps. Si elle est plaisante, cette histoire n'est pourtant pas un conte de fées. Considéré comme un surdoué à ses débuts, Philippe doit déchanter après une mauvaise prestation lors d'une tornée du club en Allemagne. L'occasion pour lui de réfléchir à ce qu'il veut être, et surtout ce qu'il veut préserver. j'ai bien aimé ce discours assez adulte, assez mature, alors qu'un avenir peut-être brillant s'ouvrait pour cet ouvrier jeune père de famille. L'histoire est donc raconté selon plusieurs points de vue, et c'est très fluide, car chronologique. Au-delà de cette période fondatrice, les auteurs nous proposent un autre petit récit, racontant une période plus proche du club, lorsque celui-ci s'est retrouvé au bord du gouffre, et n'a pu être sauvé que grâce à l'amour de ses supporters, qui se sont constitués en actionnaires. Même si le FCSM se bat actuellement en National (le niveau 3 national), il continue de faire vibrer son peuple.
Jeff Legrand est accompagné aux pinceaux et crayons par Geoffrey Champin, dessinateur au style assez naïf, mais très expressif. Un style qui fait honneur à cette époque un peu "native" concernant le sport français. En bonus nous avons quelques pages sur ces débuts professionnels, ainsi que quelques extraits du scénario et d storyboard.
C'est très sympathique.
3.5
Oyé oyé les aventures de l'habile chevalier à la tête de chien, accompagné du brave chevalier au chevron d'argent, épaulé du chevalier noirci.
Suivez-les lors de leurs tournois de duchés en comtés, pour prouver leur valeur mais également rançonner et financer leur voyage vers la prochaine foire organisée par le héraut local.
La fougue médiévale des tournois est bien retranscrite, on est dans la mêlée, l'odeur de la sueur pointe vers nos narines. On se prend au jeu de ces petites intrigues de provinces typiques de l'époque ou le panache avait la valeur des épices.
Chaque personnage est intéressant, a un profil étoffé, mis en valeur de façon maligne en début de chapitre sous la forme d'un monologue d'une page fortement contrastée. On est bien en leur compagnie, on s'énerve de ne pas pouvoir leur offrir ce qu'ils méritent, on veut leur crier "attention, derrière le toi, le méchant!" comme dans un spectacle de Guignol.
Bref une série que j'aurais noté 4 en terminant le tome 1. Mais la suite devient plus plan-plan, un air de manga à l'européenne se fait sentir.
Je viens à peine de découvrir les aventures d'Adèle Blanc-Sec avec la lecture des trois premiers tomes, honte à moi.
Le succès et la reconnaissance de cette série est un petit miracle car le style est très particulier, que ce soit dans le dessin (c'est Tardi donc on aime ou on déteste), dans la narration ou encore le ton général.
Afin d'apprécier plus aisément Adele Blanc sec, il faut comprendre que l'angle choisi par Tardi est une réinterprétation comique d'une sous catégorie du roman policier qui est le whodunit.
Pour construire ses intrigues, Tardi va s'appuyer sur les stéréotypes du genre pour mieux les tourner en dérision, à travers notamment le personnage d'Adele, détective amatrice mais aussi femme moderne et indépendante.
La résolution des énigmes ou mystères est un prétexte pour nous faire vivre des aventures aux rebondissements improbables, avec toute une galerie de personnages loufoques et caricaturaux, un recours au burlesque omnipresent, et un paquet de références un peu intellos.
La bd qui s'en rapproche le plus pour moi est un autre ovni publié bien plus tard de l'autre côté de l'Atlantique, Madman de Allreed. Même apparente légèreté, intrusion du fantastique, situations cocasses, multiplication de répères culturels.
Le tome 1 est assez brouillon au niveau de l'intrigue et cela s'améliore ensuite. A chaque tome, il y a des rappels aux épisodes précédents, et à la fin, un teasing du prochain volume. Ce procédé rend la lecture un peu pénible, on se sent obligé d'avoir lu tout ce qui précède et ce qui va paraître.
Ça n'a pas été pour moi un coup de foudre, même si on voit bien qu'on a affaire à l'œuvre atypique d'un auteur sans concession.
Pour les personnes souhaitant découvrir Tardi, ce n'est peut-être pas le meilleur choix, je conseillerais plutôt Nestor Burma, qui emprunte les codes du polar de manière beaucoup plus classique. C'est intéressant d'ailleurs de constater qu'après cette première œuvre somme toute assez élitiste, Tardi va essayer ensuite de conquérir un public plus large.
Je découvre cet auteur espagnol avec cet album et, malgré mes préventions au départ, je dois dire que c’est plutôt une bonne pioche.
Le point de départ est assez classique et sentait le déjà-vu dans le genre porno : un homme, Guillermo, est embarqué par ses potes pour un enterrement de vie de garçon au Japon. Bien évidemment ça tourne rapidement à l’orgie. Mais, tout aussi rapidement, Ikna introduit un nouveau paramètre, lorsque Guillermo fait la connaissance de Mitsuko qui, dès qu’elle a un orgasme, permet au jeune homme de retourner dans son passé, pour draguer et plus si affinité, toutes les filles ou femmes qu’il n'avait pas osé aborder. C’est ainsi l’occasion pour lui de coucher avec toutes ces femmes, et « d’effacer » d’éventuels regrets.
Mais un nouveau rebondissement va transformer ce fantasme en catastrophe…
Le récit est dynamique, ne se prend jamais totalement au sérieux. Les scènes de sexe sont explicites mais finalement elles n’occupent pas une place si importante.
Surtout, le dessin d’Ikna est pour beaucoup dans le rythme et le plaisir de lecture. Son trait caricatural fait merveille, et donne une touche parodique, humoristique à cette histoire pour adultes (j’ai juste trouvé les couleurs informatiques trop tranchées).
Une petite lecture agréable, pas émoustillante, mais fraiche et quelque peu amusante.
Bluebells Wood est un récit très introspectif qui avance à un rythme volontairement lent. L’histoire explore surtout le deuil, la solitude et une forme d’amour mélancolique, plus suggéré que véritablement raconté. Le scénario se concentre sur les états d’âme et la sensibilité des personnages plutôt que sur l’action, ce qui donne à l’ensemble une tonalité contemplative.
Graphiquement, l’album est remarquable. Les planches sont très travaillées, parfois presque picturales, et la mise en scène s’approche davantage de la poésie visuelle que de la narration classique. Les couleurs et les compositions installent une atmosphère douce-amère qui accompagne parfaitement le propos. Cette identité graphique forte est clairement le point le plus marquant de l’œuvre.
L’intrigue, plus diffuse que véritablement construite, se vit davantage comme une mélodie lente que comme un récit à rebondissements. Cela pourra séduire ceux qui recherchent une lecture sensible et immersive, mais laisser plus distants ceux qui préfèrent un scénario structuré. L’ensemble fonctionne pourtant bien dans son registre : une BD intime, élégante et émotionnelle.
Sortie cette année, cette BD m'a intéressée parce qu'elle exploite une idée que j'avais eu après discussion avec une amie assistante sociale qui maintient qu'il faut un permis pour être parent. Cette idée étrange, donc, est ici au centre d'une BD dystopique/utopique qui parle d'un monde futuriste (mais proche) où le bonheur est obligatoire, la médiation et l'apaisement des sentiment encouragé.
Pour un avis simple, je trouve que la BD est globalement sympathique, mais pas assez aboutie dans le traitement de son idée. Lorsqu'on parle de monde où sourire est une obligation, la médiation et le contrôle des sentiments la norme, la naissance conditionné à un permis absurde dans un système kafkaïen, j’imagine un monde dystopique à l'extrême ou absurde au dernier degré. Mais la BD reste "sage", avec une finalité un peu trop facile et qui esquive les questions soulevées dans le récit.
Pour plus de détails, disons déjà que le dessin fait très typé, avec un trait qui m'évoque Pénélope Bagieu ou Margaux Motin dans le trait, avec des personnages très souples et des a-plats de couleurs qui renforcent l'aspect cartoon du trait. C'est ce qui renforce l'aspect grotesque des scènes -voir en galerie- pour accentuer l'absurde de ce monde, donnant un ton humoristique et décalé à l'ensemble. Ce qui est dommage, lorsqu'une partie du récit flirte plus avec le glauque et le malsain, notamment lors de la scène d'examen avec le faux bébé. Mais globalement ça fonctionne plutôt bien.
Ce que je regrette c'est que la BD, malgré de bonnes idées, résout tout par un "je pars chez des gens qui sont restés normaux" qui semble tout résoudre magiquement. Si ce monde étrange et dystopique s'est installé, c'est pour répondre à des problématiques (évoquées mais jamais traités) et qu'en est-il en dehors ? Ce monde étrange qu'on nous dépeint, à quoi fait-il écho ? Quel est l'avenir en dehors de cette colonie ? Tant que questions balayées sous le tapis par les auteurs qui ne s’embarrassent pas de développer le lore qu'ils installent et c'est vraiment dommage. C'est la grande faiblesse du récit qui reste dans la surface de toutes les questions traitées.
Maintenant c'est aussi parce que le scénario fait le choix, clair et évident, de critiquer une société "instagram". Chacun doit être un parent-citoyen modèle, on reste dans la retenue des émotions, dans l’apaisement des conflits et le dialogue constant. C'est une société du paraitre, où rien de personnel ne s'affiche, dans lequel tout doit être beau, merveilleux, pacifié. Une sorte de dictature du bonheur qui pourtant ne marche clairement pas. Je comprends la critique sous-jacente, celle d'un monde de réseau et d'application, de technologie et de surveillance de notre participation à améliorer la société. Tout pue le faux, mais on fait semblant, pour notre bien à tous. Effectivement, je n'aime pas cette société.
Comme mentionné, la BD est à la croisé de deux thématiques mais en rate l'une des deux, selon moi. J'aurais aimé voir le développement des questions sociétales autour des naissances, pourquoi le choix individuel bascule vers un choix d'Etat, un choix politique et administratif. Il y a beaucoup de développement possible, de l'horreur kafkaïenne pure à des questionnements politiques et sociaux majeurs, mais la BD les esquive. Et je regrette un peu le choix d'avoir fait une fin aussi "heureuse", qui ne permet pas de réellement s'emparer d'un sujet pourtant très intéressant.
Dommage, une BD qui n'est pas mauvaise mais me laisse un gout d'inachevé.
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Dadji
2.5 La scénariste raconte son périple dans des pays africains pour voir les résultats de l'ambitieux projet de la grande muraille verte, une initiative pour combattre le réchauffement climatique et la désertification. Je ne savais rien sur ce projet et je trouvais cela intéressant de le découvrir, mais malheureusement ce n'est pas raconté de manière passionnante. La narration manque de fluidité et le dessin n'est pas dynamique, deux qualités qui me semble essentiel dans un documentaire qui contient autant d'informations. D'ailleurs, on apprend tellement de choses que j'ai un peu peur d'en avoir oublié la moitié, lorsqu'une nouvelle information rentrait dans ma tête une autre en sortait ! Le pire selon moi est qu'il y a beaucoup de textes en dehors des cases. Ça me rappelait les débuts de la bande dessinée français lorsque les bulles n'existaient pas et qu'on avait droit à du texte narratif en-dessous des images. J'ai toujours trouvé ce procédé indigeste à lire et je ne vais pas changer d'idée maintenant. Il y a des séquences d'art séquentiels, mais aussi d'autres où le dessin est pratiquement facultatif au point où faire un bouquin aurait été mieux. En gros, l'album parle d'un projet important, mais c'est pas raconté de manière captivante.
L'Accordeur
L’argentin Ignacio Noé a développé une œuvre un peu inégale, mais globalement intéressante et originale, que ce soit pour les scénarios et pour le dessin de ses séries « érotiques » (voire pornographiques). Cette série est l’une de ses meilleures du genre, avec Exposition. D’abord parce que son dessin, au trait semi caricatural, est vraiment chouette. Agréable – que ce soit en général ou pour les scènes de sexe – et surtout qui accompagne très bien le ton insufflé par Noé à ses petites histoires. On est en effet là dans la gaudriole caricaturale, qui joue sur un certain humour pour dépasser la simple fornication. La plupart des histoires sont bâties sur un canevas identique – qui varie bien sûr dans les détails. A savoir notre « accordeur » appelé à la rescousse pour « soigner » un ou des pianos, puis une ou des scènes orgiaques, présentées sur le ton de l’exagération (bruits surjoués, positions, « vitesse d’exécution » elles aussi surjouées, et enfin une petite chute amusante. Si le deuxième tome montre un certain essoufflement (j’ai préféré le premier), l’ensemble est agréable à lire, souvent amusant dans sa conclusion, absurde ou décalée, notre accordeur décampant souvent sans avoir vraiment « accordé » quoi que ce soit – si ce n’est moult caresses et dons de sperme. Les amateurs de l’auteur apprécieront sans doute ces deux tomes. A noter que les éditions Dynamite viennent de sortir une belle intégrale, reprenant, outre les tomes de « L’accordeur », les albums La Diète (Illusions coquines), Exposition, Le Couvent infernal, le tout agrémenté de trois histoires courtes inédites d’une dizaine de pages chacune, une sorte d’intégrale de l’œuvre érotique de l’auteur. Note réelle 3,5/5.
Origines
Une intrigue assez riche, mais ma lecture a quand même été un peu laborieuse, ce qui a influé sur mon ressenti, et ma note in fine. Le dessin possède de réelles qualités, mais il n’est pas vraiment ma came, et de plus, j’ai trouvé plusieurs cases difficiles à déchiffrer (lors de combats, mais pas seulement). Quant à l’histoire proprement dite, elle est relativement ambitieuse. Dans un univers post-apocalypse, alors que l’humanité a quasiment disparu, un dernier être « humain » se débat pour survivre, chaperonné par une femme IA, puis par des robots serviteurs, ravis de retrouver un maître à suivre, comme ils ont été programmés pour le faire. Car celui-ci est traqué par le système, dont les drones multiplient les attaques. Hélas, comme pour le dessin, l’intrigue n’est pas toujours très claire à suivre. Certains détails m’ont échappé, et j’ai parfois dû accepter de suivre certains passages en apnée, avant de me raccrocher ensuite à l’intrigue générale. L’alternance entre flash-backs et « présent » accentue aussi ces difficultés de lecture. Bref, une histoire dont les qualités intrinsèques n’ont pas toujours suffi à effacer mes difficultés à bien saisir tous les détails d’une intrigue qui m’a parfois un peu perdu.
La Mise à mort du tétras lyre
Je ne sais pas ce que Combet a mis de lui-même dans ce récit, qui a l’air d’être au moins en partie autobiographique. L’album est relativement épais, mais il se lit assez vite. D’une part parce que le texte n’est jamais abondant (il y a même pas mal de cases muettes), mais aussi car l’intrigue, sans être inintéressante, n’est pas très étoffée. La narration use de nombreux flash-backs qui nous font découvrir le héros durant certains passages de son enfance et de son adolescence, la plupart du temps au cours de parties de randonnée/chasse en montagne avec son père et un ami de celui-ci. Passages qui nous permettent de comprendre le « coming in » du héros, Pierre, enfant sensible passionné par la nature, de plus en plus écœuré par les chasses auxquelles son père l’oblige à participer. Mais surtout de plus en plus en porte-à-faux avec les propos virilistes et homophobes de son père, alors même qu’il comprend qu’il est homosexuel : la rupture est inévitable entre eux. Ces flash-backs alternent avec des périodes « contemporaines » durant lesquelles Pierre traine son mal être et quelques mauvaises expériences, jusqu’à ce que, vers la fin, il commence à faire le point, la paix : la figure du père disparue, la présence d’amis sûrs, lui donnent la force d’aller de l’avant, de retrouver l’inspiration artistique qui le quittait. Nous le quittons rasséréné. La lecture est plaisante, accompagnée d’un dessin très esthétique, très lumineux. Je n’en suis pas fan a priori. Ça marche davantage pour les très beaux paysages alpestres, moins pour les personnages (affaire de goûts sans doute).
De cuir et d'acier
Le football est depuis longtemps le sport numéro 1 en France ; De nombreux joueurs sont professionnels, mais comment en est-on arrivé là ? C'est ce qu'a voulu raconter Jeff Legrand, dont le club de Coeur est le FC Sochaux-Montbéliard, ancienne place forte d foot français, et artisan actif de la professionnalisation de ce même foot français, ans les années 1920-1930. C'est au travers de l'histoire de Philippe, un ouvrier méritant des usines Peugeot, que nous est racontée cette histoire, avec des détours du côté de la future dirigeance de ce FCSM, en lien avec l'entreprise Peugeot, auquel il fut étroitement lié pendant longtemps. Si elle est plaisante, cette histoire n'est pourtant pas un conte de fées. Considéré comme un surdoué à ses débuts, Philippe doit déchanter après une mauvaise prestation lors d'une tornée du club en Allemagne. L'occasion pour lui de réfléchir à ce qu'il veut être, et surtout ce qu'il veut préserver. j'ai bien aimé ce discours assez adulte, assez mature, alors qu'un avenir peut-être brillant s'ouvrait pour cet ouvrier jeune père de famille. L'histoire est donc raconté selon plusieurs points de vue, et c'est très fluide, car chronologique. Au-delà de cette période fondatrice, les auteurs nous proposent un autre petit récit, racontant une période plus proche du club, lorsque celui-ci s'est retrouvé au bord du gouffre, et n'a pu être sauvé que grâce à l'amour de ses supporters, qui se sont constitués en actionnaires. Même si le FCSM se bat actuellement en National (le niveau 3 national), il continue de faire vibrer son peuple. Jeff Legrand est accompagné aux pinceaux et crayons par Geoffrey Champin, dessinateur au style assez naïf, mais très expressif. Un style qui fait honneur à cette époque un peu "native" concernant le sport français. En bonus nous avons quelques pages sur ces débuts professionnels, ainsi que quelques extraits du scénario et d storyboard. C'est très sympathique.
Tête de Chien
3.5 Oyé oyé les aventures de l'habile chevalier à la tête de chien, accompagné du brave chevalier au chevron d'argent, épaulé du chevalier noirci. Suivez-les lors de leurs tournois de duchés en comtés, pour prouver leur valeur mais également rançonner et financer leur voyage vers la prochaine foire organisée par le héraut local. La fougue médiévale des tournois est bien retranscrite, on est dans la mêlée, l'odeur de la sueur pointe vers nos narines. On se prend au jeu de ces petites intrigues de provinces typiques de l'époque ou le panache avait la valeur des épices. Chaque personnage est intéressant, a un profil étoffé, mis en valeur de façon maligne en début de chapitre sous la forme d'un monologue d'une page fortement contrastée. On est bien en leur compagnie, on s'énerve de ne pas pouvoir leur offrir ce qu'ils méritent, on veut leur crier "attention, derrière le toi, le méchant!" comme dans un spectacle de Guignol. Bref une série que j'aurais noté 4 en terminant le tome 1. Mais la suite devient plus plan-plan, un air de manga à l'européenne se fait sentir.
Adèle Blanc-Sec
Je viens à peine de découvrir les aventures d'Adèle Blanc-Sec avec la lecture des trois premiers tomes, honte à moi. Le succès et la reconnaissance de cette série est un petit miracle car le style est très particulier, que ce soit dans le dessin (c'est Tardi donc on aime ou on déteste), dans la narration ou encore le ton général. Afin d'apprécier plus aisément Adele Blanc sec, il faut comprendre que l'angle choisi par Tardi est une réinterprétation comique d'une sous catégorie du roman policier qui est le whodunit. Pour construire ses intrigues, Tardi va s'appuyer sur les stéréotypes du genre pour mieux les tourner en dérision, à travers notamment le personnage d'Adele, détective amatrice mais aussi femme moderne et indépendante. La résolution des énigmes ou mystères est un prétexte pour nous faire vivre des aventures aux rebondissements improbables, avec toute une galerie de personnages loufoques et caricaturaux, un recours au burlesque omnipresent, et un paquet de références un peu intellos. La bd qui s'en rapproche le plus pour moi est un autre ovni publié bien plus tard de l'autre côté de l'Atlantique, Madman de Allreed. Même apparente légèreté, intrusion du fantastique, situations cocasses, multiplication de répères culturels. Le tome 1 est assez brouillon au niveau de l'intrigue et cela s'améliore ensuite. A chaque tome, il y a des rappels aux épisodes précédents, et à la fin, un teasing du prochain volume. Ce procédé rend la lecture un peu pénible, on se sent obligé d'avoir lu tout ce qui précède et ce qui va paraître. Ça n'a pas été pour moi un coup de foudre, même si on voit bien qu'on a affaire à l'œuvre atypique d'un auteur sans concession. Pour les personnes souhaitant découvrir Tardi, ce n'est peut-être pas le meilleur choix, je conseillerais plutôt Nestor Burma, qui emprunte les codes du polar de manière beaucoup plus classique. C'est intéressant d'ailleurs de constater qu'après cette première œuvre somme toute assez élitiste, Tardi va essayer ensuite de conquérir un public plus large.
La Liste - Mitsuko
Je découvre cet auteur espagnol avec cet album et, malgré mes préventions au départ, je dois dire que c’est plutôt une bonne pioche. Le point de départ est assez classique et sentait le déjà-vu dans le genre porno : un homme, Guillermo, est embarqué par ses potes pour un enterrement de vie de garçon au Japon. Bien évidemment ça tourne rapidement à l’orgie. Mais, tout aussi rapidement, Ikna introduit un nouveau paramètre, lorsque Guillermo fait la connaissance de Mitsuko qui, dès qu’elle a un orgasme, permet au jeune homme de retourner dans son passé, pour draguer et plus si affinité, toutes les filles ou femmes qu’il n'avait pas osé aborder. C’est ainsi l’occasion pour lui de coucher avec toutes ces femmes, et « d’effacer » d’éventuels regrets. Mais un nouveau rebondissement va transformer ce fantasme en catastrophe… Le récit est dynamique, ne se prend jamais totalement au sérieux. Les scènes de sexe sont explicites mais finalement elles n’occupent pas une place si importante. Surtout, le dessin d’Ikna est pour beaucoup dans le rythme et le plaisir de lecture. Son trait caricatural fait merveille, et donne une touche parodique, humoristique à cette histoire pour adultes (j’ai juste trouvé les couleurs informatiques trop tranchées). Une petite lecture agréable, pas émoustillante, mais fraiche et quelque peu amusante.
Bluebells wood
Bluebells Wood est un récit très introspectif qui avance à un rythme volontairement lent. L’histoire explore surtout le deuil, la solitude et une forme d’amour mélancolique, plus suggéré que véritablement raconté. Le scénario se concentre sur les états d’âme et la sensibilité des personnages plutôt que sur l’action, ce qui donne à l’ensemble une tonalité contemplative. Graphiquement, l’album est remarquable. Les planches sont très travaillées, parfois presque picturales, et la mise en scène s’approche davantage de la poésie visuelle que de la narration classique. Les couleurs et les compositions installent une atmosphère douce-amère qui accompagne parfaitement le propos. Cette identité graphique forte est clairement le point le plus marquant de l’œuvre. L’intrigue, plus diffuse que véritablement construite, se vit davantage comme une mélodie lente que comme un récit à rebondissements. Cela pourra séduire ceux qui recherchent une lecture sensible et immersive, mais laisser plus distants ceux qui préfèrent un scénario structuré. L’ensemble fonctionne pourtant bien dans son registre : une BD intime, élégante et émotionnelle.
Le Permis
Sortie cette année, cette BD m'a intéressée parce qu'elle exploite une idée que j'avais eu après discussion avec une amie assistante sociale qui maintient qu'il faut un permis pour être parent. Cette idée étrange, donc, est ici au centre d'une BD dystopique/utopique qui parle d'un monde futuriste (mais proche) où le bonheur est obligatoire, la médiation et l'apaisement des sentiment encouragé. Pour un avis simple, je trouve que la BD est globalement sympathique, mais pas assez aboutie dans le traitement de son idée. Lorsqu'on parle de monde où sourire est une obligation, la médiation et le contrôle des sentiments la norme, la naissance conditionné à un permis absurde dans un système kafkaïen, j’imagine un monde dystopique à l'extrême ou absurde au dernier degré. Mais la BD reste "sage", avec une finalité un peu trop facile et qui esquive les questions soulevées dans le récit. Pour plus de détails, disons déjà que le dessin fait très typé, avec un trait qui m'évoque Pénélope Bagieu ou Margaux Motin dans le trait, avec des personnages très souples et des a-plats de couleurs qui renforcent l'aspect cartoon du trait. C'est ce qui renforce l'aspect grotesque des scènes -voir en galerie- pour accentuer l'absurde de ce monde, donnant un ton humoristique et décalé à l'ensemble. Ce qui est dommage, lorsqu'une partie du récit flirte plus avec le glauque et le malsain, notamment lors de la scène d'examen avec le faux bébé. Mais globalement ça fonctionne plutôt bien. Ce que je regrette c'est que la BD, malgré de bonnes idées, résout tout par un "je pars chez des gens qui sont restés normaux" qui semble tout résoudre magiquement. Si ce monde étrange et dystopique s'est installé, c'est pour répondre à des problématiques (évoquées mais jamais traités) et qu'en est-il en dehors ? Ce monde étrange qu'on nous dépeint, à quoi fait-il écho ? Quel est l'avenir en dehors de cette colonie ? Tant que questions balayées sous le tapis par les auteurs qui ne s’embarrassent pas de développer le lore qu'ils installent et c'est vraiment dommage. C'est la grande faiblesse du récit qui reste dans la surface de toutes les questions traitées. Maintenant c'est aussi parce que le scénario fait le choix, clair et évident, de critiquer une société "instagram". Chacun doit être un parent-citoyen modèle, on reste dans la retenue des émotions, dans l’apaisement des conflits et le dialogue constant. C'est une société du paraitre, où rien de personnel ne s'affiche, dans lequel tout doit être beau, merveilleux, pacifié. Une sorte de dictature du bonheur qui pourtant ne marche clairement pas. Je comprends la critique sous-jacente, celle d'un monde de réseau et d'application, de technologie et de surveillance de notre participation à améliorer la société. Tout pue le faux, mais on fait semblant, pour notre bien à tous. Effectivement, je n'aime pas cette société. Comme mentionné, la BD est à la croisé de deux thématiques mais en rate l'une des deux, selon moi. J'aurais aimé voir le développement des questions sociétales autour des naissances, pourquoi le choix individuel bascule vers un choix d'Etat, un choix politique et administratif. Il y a beaucoup de développement possible, de l'horreur kafkaïenne pure à des questionnements politiques et sociaux majeurs, mais la BD les esquive. Et je regrette un peu le choix d'avoir fait une fin aussi "heureuse", qui ne permet pas de réellement s'emparer d'un sujet pourtant très intéressant. Dommage, une BD qui n'est pas mauvaise mais me laisse un gout d'inachevé.