Je n’ai pas lu le roman original de Fouad Laroui, donc il m’est difficile de juger la fidélité de cette adaptation. En revanche, j’ai apprécié cette bande dessinée pour ce qu’elle propose par elle-même.
On y suit Mehdi, un jeune Marocain boursier qui, dans les années 1970, rejoint un lycée français au Maroc. Il découvre un monde très différent du sien, celui des familles françaises expatriées, avec leurs codes et leurs maladresses.
J’ai trouvé le début un peu lent, le temps que l’histoire s’installe et que les personnages trouvent leur place. Mais une fois le récit lancé, on s’attache rapidement à Mehdi et on se laisse porter par son regard à la fois naïf et lucide sur ce milieu étranger.
Le dessin de BeneDì est superbe, avec des couleurs chaudes et une ambiance qui reflète bien la lumière et l’atmosphère du Maroc. L’ensemble dégage une vraie douceur et une certaine nostalgie.
Une BD touchante et bien écrite, qui aborde avec justesse les thèmes de la différence culturelle et de l’enfance. Même sans avoir lu le roman, la lecture reste agréable et humaine.
Depuis quelque temps, les BD traitant du réchauffement climatique et de la crise écologique se multiplient, et celle-ci s'inscrit clairement dans cette lignée. Ce qui la distingue, c'est la volonté d'identifier directement des responsables, en l'occurrence les ultra-riches et le libéralisme capitaliste. Le scénario, signé Hervé Kempf (rédacteur en chef de Reporterre), s'inscrit donc dans une démarche engagée, voire militante, et ne cherche pas à masquer son parti pris.
Graphiquement, Juan Mendez opte pour un dessin léger, avec une ligne plutôt humoristique. S'il est simple sur la forme, il permet d'agréablement alléger le ton et de supporter avec un sourire pincé le constat terrible d'un monde lancé à pleine vitesse vers une crise écologique et sociale majeure.
L'ouvrage se veut didactique, ponctué de nombreux chiffres et exemples concrets. Mais certains passages m'ont semblé trop démonstratifs, voire orientés, au détriment de la rigueur. Quelques simplifications ou choix visuels (comme la carte du Groenland très agrandie par la déformation d'une planisphère pour dire que c'était cette surface du monde qui avait été défrichée en 30 ans) brouillent parfois la justesse du message. De même, certaines caricatures notamment autour du nucléaire ou de ses défenseurs médiatiques alourdissent inutilement le propos.
Et puis il y a le message d'ensemble qui parait vain, comme si taxer quelques centaines de milliers de riches et consommer moins pour les quelques lecteurs francophones de cette BD allait empêcher les milliards d'habitants d'une Terre déjà surpeuplée de tout faire pour atteindre notre niveau de confort voire remplacer ces ultra-riches, entrainant immanquablement notre monde dans ce mur climatique.
Reste une idée intéressante : celle de la "rivalité ostentatoire", une explication psychologique du comportement irrationnel de certains privilégiés face à la consommation et au statut social. C'est l'un des apports les plus pertinents du livre, et il est développé de manière assez convaincante.
En fin de compte, cette BD remplit son rôle de plaidoyer : elle alerte, dénonce, fait réfléchir. Mais son ton trop partisan et certaines approximations affaiblissent sa portée. Le dessin, agréable et expressif, permet heureusement de maintenir l'intérêt malgré un discours un peu trop appuyé.
J'aime le Comté, j'aime le Jura, j'aime l'agriculture raisonnée et les bonnes traditions fromagères (et crêmières comme nous l'apprend cet ouvrage), mais... je n'ai lu là qu'un simple documentaire. C'est un documentaire bien fait dans le sens où son auteur va visiter beaucoup d'endroits différents, rencontrer beaucoup de personne, aborder tous les aspects de la filière Comté, et qu'au passage il donne un bref aperçu de la région qui le produit, mais... c'est juste un documentaire... et je n'ai pas trouvé qu'il sortait tellement du lot.
Le sujet est sympa, le dessin plaisant même si j'ai trouvé certains choix de couleurs un peu étranges, mais je n'ai pas été passionné. Sur la forme, ce sont des mises en scène de rencontres entre l'auteur et telle personne à tel endroit sur tel sujet : ils dialoguent, ils transmettent des infos, et l'auteur en rajoutent un peu avec du narratif ici et là. Mais rien qui m'ait captivé, et même à quelques endroits j'ai décroché avec un léger ennui.
Bon documentaire, sans plus.
Et hop ! Encore un nouveau venu autour de la saga Avatar !
Cette fois on nous plonge un peu avant le premier film de James Cameron. Le programme Avatar n'en est qu'à ses débuts sur Pandora ; notre Dr Grace Augustine est déjà de la partie et cherche à améliorer les relations entre nos deux peuples. Pour ce faire elle veut ouvrir une école pour les enfants Na'vi. Mais une mystérieuse maladie touchant avant tout les enfants va tout remettre en cause, que ce soit l'école elle même, ou tout simplement la maigre confiance qui règne entre communautés.
Si l'immersion dans la planète Pandora est toujours aussi agréable, le scénario peine quand même un peu à nous embarquer, surtout quand on connaît la suite. L'histoire est des plus classique, tout comme le dessin de Beni Lobel.
Bref, plaisant, mais cet opus ravira plus certainement les aficionados de la saga qu'autre chose.
(2.5/5)
J'ai lu le roman quand j'étais adolescent et, malgré quelques naïvetés par rapport aux autres chefs-d'oeuvre de SF que je dévorais à l'époque, j'en gardais un bon souvenir, surtout de la première partie centrée sur l'exploration scientifique et la découverte des vestiges d'une civilisation antédiluvienne. Cette adaptation en BD, en revanche, ne m'a pas procuré les mêmes émotions.
Sur le plan graphique, j'apprécie le travail en couleurs directes de Christian De Metter, mais je regrette la raideur des personnages et une certaine désuétude de l'ambiance visuelle. L'auteur a choisi de transposer le récit dans notre XXIe siècle tout en conservant des éléments typiques des années 60/70, époque de la parution du roman : ce mélange donne un résultat sans véritable époque et un peu bancal.
Côté scénario, l'essentiel est bien restitué et l'intrigue tient la route, mais je n'ai pas été transporté. L'exploration scientifique du début manque d'intensité ; peut-être parce que je savais déjà à quoi m'attendre. La découverte de Gondawa ne m'a pas vraiment dépaysé, et j'y ai même retrouvé des clichés un peu kitsch de la SF ancienne, ce qui était sans doute déjà présent dans le roman, que ma mémoire avait idéalisé. La course-poursuite des deux héros, elle aussi, m'a paru convenue et parfois confuse : De Metter excelle davantage dans les ambiances lentes que dans les scènes d'action. Quant à la fin, le retournement essentiel ne pouvait évidemment plus me surprendre.
Au final, j'ai trouvé cette adaptation correcte mais dispensable. Elle respecte le matériau d'origine sans réellement parvenir à en retrouver la magie. Pour découvrir cette histoire, je conseillerais sans hésiter de lire plutôt le roman.
J'adore le trait de Paru Itagaki, je trouve son travail des expressions excellent et admire sa capacité à créer des récits barrés et chaotiques qui lui font plaisir. Pourtant je n'ai jamais réussi à vraiment rentrer dans Beastars (sa série la plus connue) et n'avais pas été extrêmement emballée par son Sanda (même si j'avoue que je suis bien curieuse de voir comment ce récit a pu évoluer depuis), alors quand je suis tombée sur un oneshot de sa part, sur une idée encore une fois bien barrée, j'ai sauté sur l'occasion et me suis dit que je lui redonnerai bien sa chance.
Et j'ai bien fait parce que j'ai bien aimé !
Il est question ici d'une jeune femme souffrant de mysophobie, autrement dit elle a une peur maniaque et irrationnelle de tout ce qui a trait à la saleté, à l'impureté. Pire qu'une simple peur, son nez explose en immenses jets de sang dès lors qu'elle pense être entrée en contact avec quelque chose de malpropre. Ce problème atypique l'empêche de former de véritables liens humains avec les autres, les inconnu-e-s la jugeant bien promptement pour son comportement anormal et pour les litres d'hémoglobine qu'elle répend partout où elle passe, si bien qu'elle s'est lancée dans une quête improbable : trouver le moyen de faire l'amour sans saigner ! Oui, privée de tout contact humain, son image de l'amour et des relations brisée par des traumatismes d'enfance liés à l'infidélité de son père et la mysophobie que sa mère lui a malheureusement inculquée, Mako ne vit plus que dans l'espoir de trouver quelqu'un qui accepte enfin de coucher avec elle.
Son absence de réel contact humain l'enfermant dans une vision extrêmement déformée des rapports amoureux, ses traumatismes qu'elle n'a jamais vraiment essayé d'affronter directement, ses névroses liées à la saleté qui l'empêchent de pouvoir mener une vie normale, tout ça créé un excellent personnage de tragi-comédie. On rit de ses déboires autant qu'on en pleure, sa solitude fait peine à voir - et souffrant moi-même de tocs et de névroses liés à l'hygiène je me suis particulièrement sentie touchée par l'histoire de Mako.
J'ai d'ailleurs bien aimé le côté surprenant de l'œuvre, car à plusieurs moments le scénario semble se diriger vers des clichés de récits romantiques pour au final les prendre à contrepied, surprendre lae lecteur-ice. Au final le sujet de l'histoire de Mako est bien moins une histoire de romance que l'histoire d'une jeune femme parvenant enfin à aller de l'avant.
L'album contient également un petit oneshot amusant centré sur le Père Noël et une escort girl. Il n'est pas révolutionnaire mais tout de même assez divertissant, et c'est surtout drôle d'apprendre via la postface que c'est de ce oneshot qu'est en partie né le projet Sanda et, par là-même, Bota Bota.
Un album pas parfait mais sincèrement agréable à lire, drôle et touchant par moment, un petit conte moderne teinté d'humour noir ma foi bien amusant.
Et puis ça fait plaisir d'enfin pouvoir pleinement rentrer dans le délire pour apprécier au mieux le travail graphique de Paru Itagaki !
Je serais moins enthousiaste que le précédent avis.
C'est dommage parce que j'aurais bien voulu aimer cette série qui a des qualités. Le scénario est bien fait. Je trouve assez crédible la manière dont la société réagit lorsque des spectres se mettent à annoncer la mort des gens. Le fait que cela ne dure que 2 tomes et que chaque tome mets en avant un personnage différent sont deux bons points. L'histoire se renouvelle et ne dure pas trop longtemps comparé à d'autres séries du même genre.
Malheureusement, je n'ai pas totalement accroché à cause d'une raison bien simple: le dessin. Dès les premières pages je savais que je ne l'aimais pas. C'est du dessin réaliste que je trouve froid et un peu moche. On dirait souvent que c'est dessiné par-dessus des photos. C'est probablement pas le cas, mais c'est l'impression que j'ai eu.
C'est triste de ne pas accrocher à un scénario au thématique aussi riche, mais pour moi le dessin autant que le scénario est un élément important d'une BD et qu'il est difficile pour moi de rentrer dans un récit si je n'accroche pas au dessin.
Adaptation du roman de Marguerite Duras (ou peut-être plutôt de son film par Jean-Jacques Annaud, je ne sais pas, n'ayant lu ni vu aucun des deux), l'histoire raconte la vie d'une jeune Française pauvre en Indochine, se laissant volontairement séduire par un riche héritier chinois. D'abord attirée par son argent et par le sexe, elle finit par développer un lien plus profond avec lui.
Ne connaissant que le synopsis des œuvres originales, c'est à travers ce manga que j'ai pu découvrir l'histoire en détail. Je m'attendais à une intrigue plus complexe ; elle se résume finalement assez rapidement. Le dessin adopte un style manga réaliste agréable, renforcé par une belle colorisation qui contribue à l'ambiance. L'autrice semble s'être fortement inspirée des images du film, visibles dans les costumes et les traits des personnages, et peut-être dans certaines scènes. Cela m'a rappelé l'effet que me faisait les annonces du film à l'époque, dont le résumé me gênait un peu : l'idée d'une adolescente de mon âge prétendant être une femme épanouie sexuellement m'agaçait. Ce sentiment n'a pas surgi à la lecture du manga, sans doute parce que la dimension sexuelle me touche moins aujourd'hui, mais aussi parce que l'adaptation permet de mieux comprendre le caractère de la jeune fille et les raisons désabusées de ses actes. Cet accent sur le désabusement est d'ailleurs parfois appuyé de façon un peu lourde par l'autrice, notamment par les énormes cernes noirs dessinés sous ses yeux.
En définitive, j'ai trouvé cette lecture intéressante pour le portrait de l'Indochine des années 30, le comportement social des personnages et les raisons de la célébrité du roman et du film. L'intrigue, en revanche, manque de développement et ne m'a pas particulièrement touché.
Carmilla s'inscrit dans la lignée des précédentes œuvres gothiques de Pascal Croci (Dracula, Elizabeth Bathory...), mêlant fascination morbide, beauté glaciale et sensualité mélancolique. L'auteur revisite librement la nouvelle de Sheridan Le Fanu en transposant l'histoire d'une jeune fille du XIXe siècle, Laura, qui accueille dans le château familial une cousine mystérieuse, Carmilla. Rapidement, un lien ambigu se tisse entre elles, tandis que d'étranges phénomènes annoncent la présence d'un mal surnaturel.
Graphiquement, l'album est d'une beauté indéniable. Le trait longiligne et blême de Croci, ses visages émaciés et ses atmosphères brumeuses et neigeuses composent un univers à la fois fascinant et figé, où chaque planche s'admire comme un tableau. Mais ce style si singulier, entre élégance et froideur, finit par tourner en boucle : les personnages se ressemblent trop, leurs doigts filiformes agacent, les poses langoureuses se répètent, et la narration se dilue dans une succession d'images superbes mais statiques. L'ensemble manque de souffle et de vie, comme si le dessin s'était pétrifié dans sa propre esthétique.
En outre, si les textes semblent parfois repris directement du roman, les images qui les accompagnent paraissent parfois si décorrélées qu'on a souvent l'impression de lire deux récits distincts. Il m'est même arrivé de lire tout le texte avant de revenir contempler les planches, qui deviennent alors plus des illustrations muettes que de vivantes séquences de bande dessinée.
Sur le plan narratif, le scénario reste trop éthéré. J'aimerais citer l'avis d'Agecanonix ci-dessous, car ses termes d'errances romantico-saphiques traduisent bien mon ressenti face à cette œuvre taillée pour séduire les adolescentes romantiques amatrices d'ambiances gothiques et d'absence de mâles vulgaires. Il en découle une œuvre belle mais distante, un récit poétique et vaporeux qui frôle souvent l'ennui. J'ai aimé son atmosphère et la délicatesse du ton, mais j'aurais voulu y trouver plus de chair, plus d'émotion, et moins de postures romantiques figées.
Je ne descends pas davantage ma note car j'ai apprécié l'esthétique de cet album, mais son récit se révèle convenu, poseur et légèrement soporifique.
Note : 2,5/5
En feuilletant cet album en librairie, j'ai été vraiment emballé. Quelques pages et déjà, j'entrais dans l'univers de Marko et Le Naour. A la fin de la lecture complète de ces 220 pages, mon avis s'est légèrement nuancé.
C'est une belle œuvre que nous proposent les deux auteurs ici. Ils choisissent de reprendre le Petit Lavisse, publié par Ernest Lavisse au début du XXe siècle et publié jusque dans les années 1950, et d'en proposer une lecture critique. Ce manuel a été si influent au XXe siècle qu'on comprend pourquoi les deux auteurs ont choisi ce manuel pour le relire ensemble, mais on avoue qu'en 2025, la pertinence de vouloir corriger un livre d'histoire qui a plus d'un siècle pose un peu question.
En fait, Le Naour et Marko essayent de nous proposer une histoire "neutre". J'écris le mot entre guillemets, car il en ressort bien que finalement, la neutralité n'est sans doute jamais totalement possible, et plusieurs formulations des auteurs nous permettent souvent de voir de quel côté de la barrière historiographique ils se situent. Pour autant, force est de reconnaître que l'exercice est relativement réussi. Dès que les événements racontés (par Lavisse ou par les auteurs) risquent d'être interprété d'une manière "droitarde" ou "gauchiste", Le Naour et Marko ramènent systématiquement le discours au milieu, en le contrebalançant. C'est intéressant, car on apprend parfois des choses, ou on corrige certains clichés qu'on avait gobés comme tout le monde. Mais souvent, les chapitres se révèlent frustrants, car si les auteurs n'oublient jamais d'expliquer pourquoi l'interprétation d'un événement par tel historien ou tel homme politique est biaisée voire fausse, ils oublient régulièrement de nous dire pourquoi elle l'est. Par exemple, à la fin du chapitre sur Charlemagne, il nous est (très bien) expliqué comment s'est forgé le mythe de Charlemagne, récupéré par tous les bords politiques d'une manière où d'une autre. Lavisse enthousiaste, conclut par "Quelle histoire, non ?", tandis que le personnage représentant les auteurs répond "Quelle légende, plutôt !". Pourquoi "quelle légende" ? On n'en saura rien, le récit continuant sur la division de l'empire entre les fils de Charlemagne.
Parfois, ça n'est guère gênant, mais c'est souvent frustrant.
Malgré cela, je reconnais avoir pris beaucoup de plaisir à lire cet ouvrage. Il est bien écrit, joliment dessiné, et les interactions entre les personnages sont souvent très amusantes et réussies. C'est une manière globalement très plaisante d'apprendre ou réapprendre notre histoire de France, en ayant la garantie d'en lire une qui ne sera pas trop partisane. Souvent, toutefois, il sera bon d'avoir la culture historique nécessaire à combler certains trous du récit.
Le chapitre final conclut assez bien l'ensemble, en nous expliquant les différents courants historiographiques, leurs points communs et leurs points de dissensions. Pour conclure, évidemment, que l'histoire du temps court ne s'oppose pas au temps long, qu'une histoire des dates et des événements n'est pas incompatible avec une histoire des structures, etc. Un point de vue mesuré et en soi plutôt juste, mais je trouve que ce chapitre sur les différents courants historiographiques aurait gagné à être mieux dilué dans l'ensemble des chapitres. Le Naour et Marko le font régulièrement, mais il faut tout de même attendre la fin de l'ouvrage pour comprendre un peu mieux leur projet (finalement assez consensuel).
Dans l'ensemble, Historix est donc une bande dessinée sérieuse, au projet intéressant, et à la lecture agréable. Je pense toutefois qu'à force de vouloir prendre aucun parti et de marcher à ce point sur des œufs, elle finit par ne plus dire assez. C'est donc une lecture que j'ai tout de même tendance à recommander, tout en ayant conscience qu'elle ne fera sûrement pas date.
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Une année chez les Français
Je n’ai pas lu le roman original de Fouad Laroui, donc il m’est difficile de juger la fidélité de cette adaptation. En revanche, j’ai apprécié cette bande dessinée pour ce qu’elle propose par elle-même. On y suit Mehdi, un jeune Marocain boursier qui, dans les années 1970, rejoint un lycée français au Maroc. Il découvre un monde très différent du sien, celui des familles françaises expatriées, avec leurs codes et leurs maladresses. J’ai trouvé le début un peu lent, le temps que l’histoire s’installe et que les personnages trouvent leur place. Mais une fois le récit lancé, on s’attache rapidement à Mehdi et on se laisse porter par son regard à la fois naïf et lucide sur ce milieu étranger. Le dessin de BeneDì est superbe, avec des couleurs chaudes et une ambiance qui reflète bien la lumière et l’atmosphère du Maroc. L’ensemble dégage une vraie douceur et une certaine nostalgie. Une BD touchante et bien écrite, qui aborde avec justesse les thèmes de la différence culturelle et de l’enfance. Même sans avoir lu le roman, la lecture reste agréable et humaine.
Comment les riches ravagent la planète - et comment les en empêcher
Depuis quelque temps, les BD traitant du réchauffement climatique et de la crise écologique se multiplient, et celle-ci s'inscrit clairement dans cette lignée. Ce qui la distingue, c'est la volonté d'identifier directement des responsables, en l'occurrence les ultra-riches et le libéralisme capitaliste. Le scénario, signé Hervé Kempf (rédacteur en chef de Reporterre), s'inscrit donc dans une démarche engagée, voire militante, et ne cherche pas à masquer son parti pris. Graphiquement, Juan Mendez opte pour un dessin léger, avec une ligne plutôt humoristique. S'il est simple sur la forme, il permet d'agréablement alléger le ton et de supporter avec un sourire pincé le constat terrible d'un monde lancé à pleine vitesse vers une crise écologique et sociale majeure. L'ouvrage se veut didactique, ponctué de nombreux chiffres et exemples concrets. Mais certains passages m'ont semblé trop démonstratifs, voire orientés, au détriment de la rigueur. Quelques simplifications ou choix visuels (comme la carte du Groenland très agrandie par la déformation d'une planisphère pour dire que c'était cette surface du monde qui avait été défrichée en 30 ans) brouillent parfois la justesse du message. De même, certaines caricatures notamment autour du nucléaire ou de ses défenseurs médiatiques alourdissent inutilement le propos. Et puis il y a le message d'ensemble qui parait vain, comme si taxer quelques centaines de milliers de riches et consommer moins pour les quelques lecteurs francophones de cette BD allait empêcher les milliards d'habitants d'une Terre déjà surpeuplée de tout faire pour atteindre notre niveau de confort voire remplacer ces ultra-riches, entrainant immanquablement notre monde dans ce mur climatique. Reste une idée intéressante : celle de la "rivalité ostentatoire", une explication psychologique du comportement irrationnel de certains privilégiés face à la consommation et au statut social. C'est l'un des apports les plus pertinents du livre, et il est développé de manière assez convaincante. En fin de compte, cette BD remplit son rôle de plaidoyer : elle alerte, dénonce, fait réfléchir. Mais son ton trop partisan et certaines approximations affaiblissent sa portée. Le dessin, agréable et expressif, permet heureusement de maintenir l'intérêt malgré un discours un peu trop appuyé.
Chroniques de la fruitière
J'aime le Comté, j'aime le Jura, j'aime l'agriculture raisonnée et les bonnes traditions fromagères (et crêmières comme nous l'apprend cet ouvrage), mais... je n'ai lu là qu'un simple documentaire. C'est un documentaire bien fait dans le sens où son auteur va visiter beaucoup d'endroits différents, rencontrer beaucoup de personne, aborder tous les aspects de la filière Comté, et qu'au passage il donne un bref aperçu de la région qui le produit, mais... c'est juste un documentaire... et je n'ai pas trouvé qu'il sortait tellement du lot. Le sujet est sympa, le dessin plaisant même si j'ai trouvé certains choix de couleurs un peu étranges, mais je n'ai pas été passionné. Sur la forme, ce sont des mises en scène de rencontres entre l'auteur et telle personne à tel endroit sur tel sujet : ils dialoguent, ils transmettent des infos, et l'auteur en rajoutent un peu avec du narratif ici et là. Mais rien qui m'ait captivé, et même à quelques endroits j'ai décroché avec un léger ennui. Bon documentaire, sans plus.
Avatar - S'adapter ou mourir
Et hop ! Encore un nouveau venu autour de la saga Avatar ! Cette fois on nous plonge un peu avant le premier film de James Cameron. Le programme Avatar n'en est qu'à ses débuts sur Pandora ; notre Dr Grace Augustine est déjà de la partie et cherche à améliorer les relations entre nos deux peuples. Pour ce faire elle veut ouvrir une école pour les enfants Na'vi. Mais une mystérieuse maladie touchant avant tout les enfants va tout remettre en cause, que ce soit l'école elle même, ou tout simplement la maigre confiance qui règne entre communautés. Si l'immersion dans la planète Pandora est toujours aussi agréable, le scénario peine quand même un peu à nous embarquer, surtout quand on connaît la suite. L'histoire est des plus classique, tout comme le dessin de Beni Lobel. Bref, plaisant, mais cet opus ravira plus certainement les aficionados de la saga qu'autre chose. (2.5/5)
La Nuit des Temps
J'ai lu le roman quand j'étais adolescent et, malgré quelques naïvetés par rapport aux autres chefs-d'oeuvre de SF que je dévorais à l'époque, j'en gardais un bon souvenir, surtout de la première partie centrée sur l'exploration scientifique et la découverte des vestiges d'une civilisation antédiluvienne. Cette adaptation en BD, en revanche, ne m'a pas procuré les mêmes émotions. Sur le plan graphique, j'apprécie le travail en couleurs directes de Christian De Metter, mais je regrette la raideur des personnages et une certaine désuétude de l'ambiance visuelle. L'auteur a choisi de transposer le récit dans notre XXIe siècle tout en conservant des éléments typiques des années 60/70, époque de la parution du roman : ce mélange donne un résultat sans véritable époque et un peu bancal. Côté scénario, l'essentiel est bien restitué et l'intrigue tient la route, mais je n'ai pas été transporté. L'exploration scientifique du début manque d'intensité ; peut-être parce que je savais déjà à quoi m'attendre. La découverte de Gondawa ne m'a pas vraiment dépaysé, et j'y ai même retrouvé des clichés un peu kitsch de la SF ancienne, ce qui était sans doute déjà présent dans le roman, que ma mémoire avait idéalisé. La course-poursuite des deux héros, elle aussi, m'a paru convenue et parfois confuse : De Metter excelle davantage dans les ambiances lentes que dans les scènes d'action. Quant à la fin, le retournement essentiel ne pouvait évidemment plus me surprendre. Au final, j'ai trouvé cette adaptation correcte mais dispensable. Elle respecte le matériau d'origine sans réellement parvenir à en retrouver la magie. Pour découvrir cette histoire, je conseillerais sans hésiter de lire plutôt le roman.
Bota Bota
J'adore le trait de Paru Itagaki, je trouve son travail des expressions excellent et admire sa capacité à créer des récits barrés et chaotiques qui lui font plaisir. Pourtant je n'ai jamais réussi à vraiment rentrer dans Beastars (sa série la plus connue) et n'avais pas été extrêmement emballée par son Sanda (même si j'avoue que je suis bien curieuse de voir comment ce récit a pu évoluer depuis), alors quand je suis tombée sur un oneshot de sa part, sur une idée encore une fois bien barrée, j'ai sauté sur l'occasion et me suis dit que je lui redonnerai bien sa chance. Et j'ai bien fait parce que j'ai bien aimé ! Il est question ici d'une jeune femme souffrant de mysophobie, autrement dit elle a une peur maniaque et irrationnelle de tout ce qui a trait à la saleté, à l'impureté. Pire qu'une simple peur, son nez explose en immenses jets de sang dès lors qu'elle pense être entrée en contact avec quelque chose de malpropre. Ce problème atypique l'empêche de former de véritables liens humains avec les autres, les inconnu-e-s la jugeant bien promptement pour son comportement anormal et pour les litres d'hémoglobine qu'elle répend partout où elle passe, si bien qu'elle s'est lancée dans une quête improbable : trouver le moyen de faire l'amour sans saigner ! Oui, privée de tout contact humain, son image de l'amour et des relations brisée par des traumatismes d'enfance liés à l'infidélité de son père et la mysophobie que sa mère lui a malheureusement inculquée, Mako ne vit plus que dans l'espoir de trouver quelqu'un qui accepte enfin de coucher avec elle. Son absence de réel contact humain l'enfermant dans une vision extrêmement déformée des rapports amoureux, ses traumatismes qu'elle n'a jamais vraiment essayé d'affronter directement, ses névroses liées à la saleté qui l'empêchent de pouvoir mener une vie normale, tout ça créé un excellent personnage de tragi-comédie. On rit de ses déboires autant qu'on en pleure, sa solitude fait peine à voir - et souffrant moi-même de tocs et de névroses liés à l'hygiène je me suis particulièrement sentie touchée par l'histoire de Mako. J'ai d'ailleurs bien aimé le côté surprenant de l'œuvre, car à plusieurs moments le scénario semble se diriger vers des clichés de récits romantiques pour au final les prendre à contrepied, surprendre lae lecteur-ice. Au final le sujet de l'histoire de Mako est bien moins une histoire de romance que l'histoire d'une jeune femme parvenant enfin à aller de l'avant. L'album contient également un petit oneshot amusant centré sur le Père Noël et une escort girl. Il n'est pas révolutionnaire mais tout de même assez divertissant, et c'est surtout drôle d'apprendre via la postface que c'est de ce oneshot qu'est en partie né le projet Sanda et, par là-même, Bota Bota. Un album pas parfait mais sincèrement agréable à lire, drôle et touchant par moment, un petit conte moderne teinté d'humour noir ma foi bien amusant. Et puis ça fait plaisir d'enfin pouvoir pleinement rentrer dans le délire pour apprécier au mieux le travail graphique de Paru Itagaki !
Hellbound - L'Enfer
Je serais moins enthousiaste que le précédent avis. C'est dommage parce que j'aurais bien voulu aimer cette série qui a des qualités. Le scénario est bien fait. Je trouve assez crédible la manière dont la société réagit lorsque des spectres se mettent à annoncer la mort des gens. Le fait que cela ne dure que 2 tomes et que chaque tome mets en avant un personnage différent sont deux bons points. L'histoire se renouvelle et ne dure pas trop longtemps comparé à d'autres séries du même genre. Malheureusement, je n'ai pas totalement accroché à cause d'une raison bien simple: le dessin. Dès les premières pages je savais que je ne l'aimais pas. C'est du dessin réaliste que je trouve froid et un peu moche. On dirait souvent que c'est dessiné par-dessus des photos. C'est probablement pas le cas, mais c'est l'impression que j'ai eu. C'est triste de ne pas accrocher à un scénario au thématique aussi riche, mais pour moi le dessin autant que le scénario est un élément important d'une BD et qu'il est difficile pour moi de rentrer dans un récit si je n'accroche pas au dessin.
L'Amant
Adaptation du roman de Marguerite Duras (ou peut-être plutôt de son film par Jean-Jacques Annaud, je ne sais pas, n'ayant lu ni vu aucun des deux), l'histoire raconte la vie d'une jeune Française pauvre en Indochine, se laissant volontairement séduire par un riche héritier chinois. D'abord attirée par son argent et par le sexe, elle finit par développer un lien plus profond avec lui. Ne connaissant que le synopsis des œuvres originales, c'est à travers ce manga que j'ai pu découvrir l'histoire en détail. Je m'attendais à une intrigue plus complexe ; elle se résume finalement assez rapidement. Le dessin adopte un style manga réaliste agréable, renforcé par une belle colorisation qui contribue à l'ambiance. L'autrice semble s'être fortement inspirée des images du film, visibles dans les costumes et les traits des personnages, et peut-être dans certaines scènes. Cela m'a rappelé l'effet que me faisait les annonces du film à l'époque, dont le résumé me gênait un peu : l'idée d'une adolescente de mon âge prétendant être une femme épanouie sexuellement m'agaçait. Ce sentiment n'a pas surgi à la lecture du manga, sans doute parce que la dimension sexuelle me touche moins aujourd'hui, mais aussi parce que l'adaptation permet de mieux comprendre le caractère de la jeune fille et les raisons désabusées de ses actes. Cet accent sur le désabusement est d'ailleurs parfois appuyé de façon un peu lourde par l'autrice, notamment par les énormes cernes noirs dessinés sous ses yeux. En définitive, j'ai trouvé cette lecture intéressante pour le portrait de l'Indochine des années 30, le comportement social des personnages et les raisons de la célébrité du roman et du film. L'intrigue, en revanche, manque de développement et ne m'a pas particulièrement touché.
Carmilla (Croci)
Carmilla s'inscrit dans la lignée des précédentes œuvres gothiques de Pascal Croci (Dracula, Elizabeth Bathory...), mêlant fascination morbide, beauté glaciale et sensualité mélancolique. L'auteur revisite librement la nouvelle de Sheridan Le Fanu en transposant l'histoire d'une jeune fille du XIXe siècle, Laura, qui accueille dans le château familial une cousine mystérieuse, Carmilla. Rapidement, un lien ambigu se tisse entre elles, tandis que d'étranges phénomènes annoncent la présence d'un mal surnaturel. Graphiquement, l'album est d'une beauté indéniable. Le trait longiligne et blême de Croci, ses visages émaciés et ses atmosphères brumeuses et neigeuses composent un univers à la fois fascinant et figé, où chaque planche s'admire comme un tableau. Mais ce style si singulier, entre élégance et froideur, finit par tourner en boucle : les personnages se ressemblent trop, leurs doigts filiformes agacent, les poses langoureuses se répètent, et la narration se dilue dans une succession d'images superbes mais statiques. L'ensemble manque de souffle et de vie, comme si le dessin s'était pétrifié dans sa propre esthétique. En outre, si les textes semblent parfois repris directement du roman, les images qui les accompagnent paraissent parfois si décorrélées qu'on a souvent l'impression de lire deux récits distincts. Il m'est même arrivé de lire tout le texte avant de revenir contempler les planches, qui deviennent alors plus des illustrations muettes que de vivantes séquences de bande dessinée. Sur le plan narratif, le scénario reste trop éthéré. J'aimerais citer l'avis d'Agecanonix ci-dessous, car ses termes d'errances romantico-saphiques traduisent bien mon ressenti face à cette œuvre taillée pour séduire les adolescentes romantiques amatrices d'ambiances gothiques et d'absence de mâles vulgaires. Il en découle une œuvre belle mais distante, un récit poétique et vaporeux qui frôle souvent l'ennui. J'ai aimé son atmosphère et la délicatesse du ton, mais j'aurais voulu y trouver plus de chair, plus d'émotion, et moins de postures romantiques figées. Je ne descends pas davantage ma note car j'ai apprécié l'esthétique de cet album, mais son récit se révèle convenu, poseur et légèrement soporifique. Note : 2,5/5
Historix - Les Coulisses de l'Histoire de France
En feuilletant cet album en librairie, j'ai été vraiment emballé. Quelques pages et déjà, j'entrais dans l'univers de Marko et Le Naour. A la fin de la lecture complète de ces 220 pages, mon avis s'est légèrement nuancé. C'est une belle œuvre que nous proposent les deux auteurs ici. Ils choisissent de reprendre le Petit Lavisse, publié par Ernest Lavisse au début du XXe siècle et publié jusque dans les années 1950, et d'en proposer une lecture critique. Ce manuel a été si influent au XXe siècle qu'on comprend pourquoi les deux auteurs ont choisi ce manuel pour le relire ensemble, mais on avoue qu'en 2025, la pertinence de vouloir corriger un livre d'histoire qui a plus d'un siècle pose un peu question. En fait, Le Naour et Marko essayent de nous proposer une histoire "neutre". J'écris le mot entre guillemets, car il en ressort bien que finalement, la neutralité n'est sans doute jamais totalement possible, et plusieurs formulations des auteurs nous permettent souvent de voir de quel côté de la barrière historiographique ils se situent. Pour autant, force est de reconnaître que l'exercice est relativement réussi. Dès que les événements racontés (par Lavisse ou par les auteurs) risquent d'être interprété d'une manière "droitarde" ou "gauchiste", Le Naour et Marko ramènent systématiquement le discours au milieu, en le contrebalançant. C'est intéressant, car on apprend parfois des choses, ou on corrige certains clichés qu'on avait gobés comme tout le monde. Mais souvent, les chapitres se révèlent frustrants, car si les auteurs n'oublient jamais d'expliquer pourquoi l'interprétation d'un événement par tel historien ou tel homme politique est biaisée voire fausse, ils oublient régulièrement de nous dire pourquoi elle l'est. Par exemple, à la fin du chapitre sur Charlemagne, il nous est (très bien) expliqué comment s'est forgé le mythe de Charlemagne, récupéré par tous les bords politiques d'une manière où d'une autre. Lavisse enthousiaste, conclut par "Quelle histoire, non ?", tandis que le personnage représentant les auteurs répond "Quelle légende, plutôt !". Pourquoi "quelle légende" ? On n'en saura rien, le récit continuant sur la division de l'empire entre les fils de Charlemagne. Parfois, ça n'est guère gênant, mais c'est souvent frustrant. Malgré cela, je reconnais avoir pris beaucoup de plaisir à lire cet ouvrage. Il est bien écrit, joliment dessiné, et les interactions entre les personnages sont souvent très amusantes et réussies. C'est une manière globalement très plaisante d'apprendre ou réapprendre notre histoire de France, en ayant la garantie d'en lire une qui ne sera pas trop partisane. Souvent, toutefois, il sera bon d'avoir la culture historique nécessaire à combler certains trous du récit. Le chapitre final conclut assez bien l'ensemble, en nous expliquant les différents courants historiographiques, leurs points communs et leurs points de dissensions. Pour conclure, évidemment, que l'histoire du temps court ne s'oppose pas au temps long, qu'une histoire des dates et des événements n'est pas incompatible avec une histoire des structures, etc. Un point de vue mesuré et en soi plutôt juste, mais je trouve que ce chapitre sur les différents courants historiographiques aurait gagné à être mieux dilué dans l'ensemble des chapitres. Le Naour et Marko le font régulièrement, mais il faut tout de même attendre la fin de l'ouvrage pour comprendre un peu mieux leur projet (finalement assez consensuel). Dans l'ensemble, Historix est donc une bande dessinée sérieuse, au projet intéressant, et à la lecture agréable. Je pense toutefois qu'à force de vouloir prendre aucun parti et de marcher à ce point sur des œufs, elle finit par ne plus dire assez. C'est donc une lecture que j'ai tout de même tendance à recommander, tout en ayant conscience qu'elle ne fera sûrement pas date.