Le Permis
Dans un futur proche, la société a trouvé un remède à toutes nos angoisses : la méditation en toute occasion et l'obtention de permis dès qu'on désire franchir une nouvelle étape dans sa vie. Désormais, les inégalités ne se fondent plus que sur le mérite individuel : pour accéder à la propriété, il suffit de réussir les épreuves du permis immobilier, et pour avoir le droit d'élever un enfant, c'est le permis bébé qu'il s'agit d'obtenir.
La BD au féminin La Boite à Bulles Les petits éditeurs indépendants Maternité, paternité Utopies, Dystopies
Lorsque Liz tombe involontairement enceinte, son mari Denis et elle n'ont plus de temps à perdre et se lancent dans une préparation intensive du précieux sésame. Pour cela, ils se voient attribuer un couple de formateurs bienveillants mais intransigeants, des « grands-parents » qui les confrontent aux situations les plus extrêmes - voire farfelues - possible : entrainements à l'allaitement, courses-poursuites en tricycle, agression en pleine rue... Un enfant, plus que toute autre chose, ça se mérite. Pour Liz et Denis, l'échec n'est pas une option car il risqueraient de devoir abandonner leur enfant... à moins de partir vivre et l'élever de l'« autre côté »...
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Editeur
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Genre
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Public
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Type
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| Date de parution | 27 Août 2025 |
| Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Sortie cette année, cette BD m'a intéressée parce qu'elle exploite une idée que j'avais eu après discussion avec une amie assistante sociale qui maintient qu'il faut un permis pour être parent. Cette idée étrange, donc, est ici au centre d'une BD dystopique/utopique qui parle d'un monde futuriste (mais proche) où le bonheur est obligatoire, la médiation et l'apaisement des sentiment encouragé. Pour un avis simple, je trouve que la BD est globalement sympathique, mais pas assez aboutie dans le traitement de son idée. Lorsqu'on parle de monde où sourire est une obligation, la médiation et le contrôle des sentiments la norme, la naissance conditionné à un permis absurde dans un système kafkaïen, j’imagine un monde dystopique à l'extrême ou absurde au dernier degré. Mais la BD reste "sage", avec une finalité un peu trop facile et qui esquive les questions soulevées dans le récit. Pour plus de détails, disons déjà que le dessin fait très typé, avec un trait qui m'évoque Pénélope Bagieu ou Margaux Motin dans le trait, avec des personnages très souples et des a-plats de couleurs qui renforcent l'aspect cartoon du trait. C'est ce qui renforce l'aspect grotesque des scènes -voir en galerie- pour accentuer l'absurde de ce monde, donnant un ton humoristique et décalé à l'ensemble. Ce qui est dommage, lorsqu'une partie du récit flirte plus avec le glauque et le malsain, notamment lors de la scène d'examen avec le faux bébé. Mais globalement ça fonctionne plutôt bien. Ce que je regrette c'est que la BD, malgré de bonnes idées, résout tout par un "je pars chez des gens qui sont restés normaux" qui semble tout résoudre magiquement. Si ce monde étrange et dystopique s'est installé, c'est pour répondre à des problématiques (évoquées mais jamais traités) et qu'en est-il en dehors ? Ce monde étrange qu'on nous dépeint, à quoi fait-il écho ? Quel est l'avenir en dehors de cette colonie ? Tant que questions balayées sous le tapis par les auteurs qui ne s’embarrassent pas de développer le lore qu'ils installent et c'est vraiment dommage. C'est la grande faiblesse du récit qui reste dans la surface de toutes les questions traitées. Maintenant c'est aussi parce que le scénario fait le choix, clair et évident, de critiquer une société "instagram". Chacun doit être un parent-citoyen modèle, on reste dans la retenue des émotions, dans l’apaisement des conflits et le dialogue constant. C'est une société du paraitre, où rien de personnel ne s'affiche, dans lequel tout doit être beau, merveilleux, pacifié. Une sorte de dictature du bonheur qui pourtant ne marche clairement pas. Je comprends la critique sous-jacente, celle d'un monde de réseau et d'application, de technologie et de surveillance de notre participation à améliorer la société. Tout pue le faux, mais on fait semblant, pour notre bien à tous. Effectivement, je n'aime pas cette société. Comme mentionné, la BD est à la croisé de deux thématiques mais en rate l'une des deux, selon moi. J'aurais aimé voir le développement des questions sociétales autour des naissances, pourquoi le choix individuel bascule vers un choix d'Etat, un choix politique et administratif. Il y a beaucoup de développement possible, de l'horreur kafkaïenne pure à des questionnements politiques et sociaux majeurs, mais la BD les esquive. Et je regrette un peu le choix d'avoir fait une fin aussi "heureuse", qui ne permet pas de réellement s'emparer d'un sujet pourtant très intéressant. Dommage, une BD qui n'est pas mauvaise mais me laisse un gout d'inachevé.
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