Voilà une sympathique nouvelle série à destination des préadolescent(e)s qui se cherchent et qui parfois font telle ou telle activité pour plaire à leurs parents. Pour Colette cela se double d'un traumatisme familial, la perte de la sœur jumelle préférée, celle qui attirait la lumière.
La BD est centrée sur le problème relationnel entre la mère et la fille, le reste de la famille est un peu effacé dans cette histoire, ce qui est un peu dommage. Le reste de l'histoire est assez classique, ça ressemble un peu au film Billy Elliott dans un renversement des sports et des sexes, la dimension sociale en moins. C'est assez crédible dans l'ensemble, je suis curieux de voir ce que va donner la suite de l'histoire. J'aime bien le trait de Carole Maurel, ce style semi-réaliste très expressif, plein de vie et de mouvement.
Sympa, à suivre.
Après avoir fait de Shiro Kuroi un de ses auteurs coups de coeur (Leviathan, Dragon Hunt Tribe), la maison Ki-oon nous propose un recueil de ses histoires de jeunesse, jusque-là inédites en "vraie" publication. Leur point commun est l'évocation d'une maison située dans les Limbes, au sein de laquelle les morts peuvent prendre un peu de repos avant de traverser la rivière qui les sépare de la mort. L'occasion pour eux de s'y arrêter, de réfléchir (à revenir, qui sait ?) ou de faire des rencontres parfois inattendues.
Comme l'indique l'auteur en postface, c'étaient des récits de jeunesse, sans véritable ambition, et d'une qualité peut-être un peu basse. On a un peu l'impression que certains sont inachevés, inaboutis, qu'ils manquent un peu d'écriture parfois. Mais il s'en dégage néanmoins une atmosphère un peu particulière, pas du tout éthérée, mais tout de même suspendue, hors du temps, comme on peut s'imaginer que sont les Limbes, quand on y croit ou qu'on les évoque. Cette atmosphère est renforcée par le traitement en couleurs, avec des tons doux, qui imprègnent fortement les histoires.
Graphiquement Kuroi avait déjà un sacré niveau, un style assez réaliste et pas du tout figé. Par la suite il s'est éloigné de ce style natif, mais je pense que s'il y revenait dans de futurs projets, ce serait vraiment beau.
Bref, un bon moment de lecture, assez émouvant au final.
Après Beastars, Paru Itagaki propose un nouveau manga un brin déjanté, cette fois-ci sur un format court, puisque Ki-oon l'a publié en un seul volume.
Le concept est simple : Mako est une jeune femme qui souffre d'une misophobie un peu particulière : son nez se met à saigner abondamment lorsqu'elle touche quelque chose de sale, et ce depuis son enfance. Un problème qui l'empêche d'embrasser un homme ou de coucher avec, à son grand désespoir. Le récit nous la fait suivre dans sa quête de l'homme idéal, tel que l'a défini sa mère et à condition que son nez le supporte...
C'est un peu tordu, Itagaki est spécialiste de ce genre d'idées, mais elle nous livre une histoire relativement sobre, finalement, avec des situations certes un peu cocasses, mais pas si spectaculaires, si on excepte celle où l'on voit Mako entièrement nue, couverte de sang et portant par exemple un homme évanoui. Pas de créature fantastique, pas de déviance sexuelle particulière, tout juste voit-on Mako rencontrer un homme incapable d'aimer. Une autre affection qui existe réellement (je ne sais pas si celle dont souffre la jeune femme existe, par contre). Ce n'est pas palpitant, mais relativement sympathique. Itagaki a un style de dessin un peu particulier, le visage de Mako est très rond, avec d'énormes yeux un peu déstabilisants. Il y a un peu de folie dans la composition, certains regards, mais rien de bien méchant.
Ah oui, le titre ! Botabota ou potapota est, en japonais, l'onomatopée correspondant au bruit du clapotis de l'eau. Ici c'est le sang qui coule, donc l'association est vite faite.
A noter que le volume se clôt sur une histoire courte, plus ancienne, mettant en scène une prostituée et le Père Noël. Pas bien folichonne, ma foi.
Tout le sujet est dans le titre : l'album est une succession de génèses, de récits des origines du monde et de l'humanité, qui se termineront systématiquement de manière tragique ou déprimante (ou au mieux mystérieuse dans le cas du récit sur le secret de la mort).
Chaque génèse présentée se centre sur un nouveau sujet : la quête de l'héroïsme, les questionnements métaphysiques, les constructions sociales, ... Mais tous ces récits sont unis par cette même narration pessimiste teintée de comique, par ce même dessin minimaliste ne servant qu'à illustrer les paraboles qui nous sont racontées.
Intéressant, mais finalement assez oubliable. Je ne sais pas, je n'ai pas été transcendée par ma lecture. Mis à part le récit sur la mort et le philosophe et quelques jolies tournures de phrases par moment j'ai trouvé la lecture assez quelconque. Pas de grande prise de risque dans ces génèses, pas de discours novateurs non plus. J'ai vraiment eu l'impression d'avoir déjà/vu lu ce genre d'idées, ce genre de propos. Nul doute que Trondheim a placé ici ses pensées noires et pessimistes sur la nature humaine, et que les propos qu'il présente ici lui sont chers, mais je dois avouer qu'ils me paraissent également bien communs. Pas un mal en soi, mais si le but était de présenter une pensée originale, tenir un discours qui s'entend malgré tout très souvent n'est pas la meilleure manière.
L'album reste bon, hein, mais pas transcendant pour autant.
Une trilogie imposante en termes de pagination, mais qui se lit relativement rapidement. D’abord parce que nombreuses sont les pages muettes (le premier album de plus de 400 pages l’est même totalement), mais aussi parce que le texte est globalement peu présent, et que l’intrigue n’est pas très fouillée.
Ce premier tome justement, est assez déroutant. Totalement muet, il bénéficie d’un dessin au trait nerveux, au rendu parfois proche de la gravure, mais qui n’est pas toujours très lisible (difficulté accentuée parfois par un découpage des cases qui m’a un temps laissé perplexe quant à l’ordre de leur lecture). En tout cas, par-delà ces difficultés de lecture, c’est d’emblée très noir, centré sur l’horrible occupation japonaise de la Corée durant la seconde guerre mondiale.
Les deux tomes suivant se déroulent durant la guerre de Corée quelques années plus tard (la fin du troisième boucle la boucle, puisque nous retrouvons le vieil homme croisé au début, dans une prison, l’ensemble se présentant donc comme une sorte de flash-back, de rêves/cauchemars éveillés, d’une génération sacrifiée par les conflits).
Ces deux derniers tomes sont davantage colorisés, il y a des dialogues, c’est un peu plus simple à suivre. Le dessin reste brouillon, pas inintéressant, mais le rendu « gravure » est moins présent.
Ça reste en tout cas violent et noir.
Reste que la narration est encore confuse, qu’on s’attache plus à la violence générale subie par les Coréens qu’aux personnages en particulier.
Toutefois, au milieu de la violence et d’une ambiance très noire, l’auteur parvient tout de même à glisser quelques notes d’espoir, un peu de poésie (les rapprochements furtifs entre soldats des deux Corée, le personnage du peintre/dessinateur, le gamin au lance-pierre – par ailleurs un peu soulant parfois, etc.).
Note réelle 2,5/5.
Gunnm est un monument du manga, un incontournable de la SF.
Aussi, je m'y suis plongé l'été dernier. Avec le regret de n'y trouver qu'une série ado d'action/SF avec ici ou là des thématiques intéressantes, mais traitées dans la plus grande confusion. Côté rythme, c'est également inégal : la frénésie de certains passages laisse place à des rajouts narratifs des plus artificiels, à des transitions souvent abruptes.
Il est plus intéressant de constater que malgré ces défauts, cette série est parvenue à imprégner un imaginaire collectif en usant de figures qu'elle a su transcender sinon incarner, notamment visuellement : le chasseur de primes, le motorball (variante des rollerball, speedball, Mécanique céleste, rugball de Cobra...), la décharge, la combattante "badass", la ville cyberpunk, etc.
Bien trop inégal, Gunnm ne mérite pas son aura. Mais ses qualités sont réelles.
Cette adaptation me permet de découvrir Krassinsky.
Le sujet est beau : le quotidien des Inuits, leur lutte pour la survie, leur organisation sociale et notamment la condition des femmes, leurs traditions et croyances, leur rapport à la nature et à la faune environnante.
Le style graphique l'est également : de tendres couleurs à l'aquarelle, un trait rond assez expressif, une économie de mots pour magnifier les cases amples et la mise en page dynamique.
Pour autant, la magie n'a pas opéré et la distance entre cette culture et la mienne est demeurée profonde. Le sujet du viol m'interpellait, mais je n'ai pu comprendre comment cet accommodement forcé de l'héroïne a pu dévier vers un banal refoulement (en 2025, il n'est plus possible pour le narrateur de prendre autant de distance avec cet événement, de s'en tenir aux agissements certes plausibles et vraisemblables de son héroïne-victime). Cette distance se retrouve également lors des chants chamaniques qui n'atteignent pas la poésie espérée.
Une jolie saga, un sujet rare, mais un regard absent proposant du descriptif quand de la vie et des destins étaient espérés.
Retour chez Dargaud pour Trondheim, engendrant l'arrêt des Nouvelles aventures de Lapinot et le lancement de cette "Aventure de Lapinot dans une situation pas possible". Aucune véritable rupture néanmoins hormis ce changement d'éditeur.
Je ne sais si l'impulsion et l'inspiration s'étaient quelque peu taries dans les locaux de L'Association, je constate modestement que la qualité était moindre depuis que les aventures avaient perdu en formidable, davantage la faute selon moi à des scénarios souvent bien maigres, que l'auteur parvenait néanmoins à sublimer via des illustrations chaleureuses et sympathiques associées à un réel talent de dialoguiste.
Le scénario de ce premier tome est totalement rocambolesque et eut pu être écrit par l'inénarrable personnage de Richard. Peut-être un moyen pour l'auteur de personnifier une liberté éditoriale retrouvée, pour un résultat que L'Association aurait néanmoins sans doute validé, tant il s'inscrit dans une continuité.
C'est toujours très agréable à lire, un divertissement humaniste discourant sans véritable revendication ni accusation sur nos sociétés contemporaines.
Mon point de vue sur les Nouvelles aventures est encore d'actualité pour cette aventure-ci, pas de baisse de régime selon moi (manque d'objectivité, horizon d'attente préparé par l'avis de Tomdelapampa ?).
Le scénariste adapte son propre roman et disons que ça se voit que c'est un roman au vu des nombreux textes narratifs, ça peut prendre des pages avant qu'un des personnages parle !
On suit la vie d'Ernst Hanfstaengl, un des premiers compagnons d'Hitler qui est peu connu. Il faut dire que le dictateur l'a vite viré de son entourage une fois qu'il a obtenu le pouvoir. Il y a des bonnes anecdotes, mais on tombe dans les travers des biographies en BD : on a souvent un résumé de ce qui arrive à Hanfstaengl et on saute d'une époque à une autre rapidement. J'aurais préféré, par exemple, qu'on voit un peu plus en quoi celui qu'on surnommait Putzi a été important dans les premières années politiques d'Hitler. Il parait qu'il avait des contacts influents, mais on voit surtout qu'Hitler aimait sa femme et qu'il joue Wagner au piano. S'il y a des bons passages, cela devient un peu monotone à un moment vu que le type a l'habitude de manquer son rendez-vous avec l'histoire et à la fin il a l'air d'un gros loser. Enfin un loser qui a vécu libre plus longtemps que la plupart de ses compagnons d'armes, la vie de Putzi est à lire pour au moins découvrir à quel point la vie est ironique.
Le dessin est correct, mais la mise en page manque de dynamique, ce qui accentue le fait que ce one-shot est pas mal, mais c'est surtout un album à emprunter parce que l'envie de relecture est tout de même un peu nulle.
Tronchet est un auteur que j’aime bien, surtout lorsqu’il nous propose des histoires dominées par un humour un peu con, de l’humour noir et pas mal de cynisme, avec des anti-héros frôlant le pathétique. Même s’il a aussi publié des histoires plus classiques et intéressantes hors de ce cadre, c’est quand même dans cette veine humoristique que je l’attendais (ou l’espérais ?) ici. Il faut dire que le titre, allez savoir pourquoi, m’avais fait penser à l’album de Fabcaro Carnet du Pérou, ce qui avait renforcé mes attentes.
Sauf que, contrairement à Fabcaro, Tronchet a bien mis les pieds dans le pays décrit – il y est même resté près de trois ans avec sa femme (Anne Sibran) et leur fils. Et qu’en plus ici on est plus proche du carnet de voyage classique que de la franche déconne.
La lecture est plaisante, mais m’a un chouia laissé sur ma faim. Surtout la première partie, intéressante, avec quelques anecdotes amusantes ou plaisantes, mais qui n’égale pas les récits de Guy Delisle. La deuxième moitié de l’album m’a davantage intéressé. On quitte Quito pour aller à la rencontre d’Indigènes dans la forêt amazonienne, puis on traverse un immense lac de sel, pour finir par évoquer une mine d’argent (cette dernière visite inspirera probablement en partie Anne Sibran pour un roman, puis Tronchet pour son adaptation en BD dans Le Monde du dessous). Là il y a plus de réflexion, la partie documentaire et critique affleure davantage et rehausse l’intérêt de la lecture.
Les parents n’ont pas hésité à laisser leur fils vivre un long séjour parmi les « Indigènes », et plus généralement des aventures exotiques et hors des sentiers battus – je ne sais pas si je l’aurais fait, même si on imagine les expériences et souvenirs extraordinaires que cela a pu lui procurer.
Une petite lecture sympathique.
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Mi-Mouche
Voilà une sympathique nouvelle série à destination des préadolescent(e)s qui se cherchent et qui parfois font telle ou telle activité pour plaire à leurs parents. Pour Colette cela se double d'un traumatisme familial, la perte de la sœur jumelle préférée, celle qui attirait la lumière. La BD est centrée sur le problème relationnel entre la mère et la fille, le reste de la famille est un peu effacé dans cette histoire, ce qui est un peu dommage. Le reste de l'histoire est assez classique, ça ressemble un peu au film Billy Elliott dans un renversement des sports et des sexes, la dimension sociale en moins. C'est assez crédible dans l'ensemble, je suis curieux de voir ce que va donner la suite de l'histoire. J'aime bien le trait de Carole Maurel, ce style semi-réaliste très expressif, plein de vie et de mouvement. Sympa, à suivre.
L'Hôtel de l'autre monde
Après avoir fait de Shiro Kuroi un de ses auteurs coups de coeur (Leviathan, Dragon Hunt Tribe), la maison Ki-oon nous propose un recueil de ses histoires de jeunesse, jusque-là inédites en "vraie" publication. Leur point commun est l'évocation d'une maison située dans les Limbes, au sein de laquelle les morts peuvent prendre un peu de repos avant de traverser la rivière qui les sépare de la mort. L'occasion pour eux de s'y arrêter, de réfléchir (à revenir, qui sait ?) ou de faire des rencontres parfois inattendues. Comme l'indique l'auteur en postface, c'étaient des récits de jeunesse, sans véritable ambition, et d'une qualité peut-être un peu basse. On a un peu l'impression que certains sont inachevés, inaboutis, qu'ils manquent un peu d'écriture parfois. Mais il s'en dégage néanmoins une atmosphère un peu particulière, pas du tout éthérée, mais tout de même suspendue, hors du temps, comme on peut s'imaginer que sont les Limbes, quand on y croit ou qu'on les évoque. Cette atmosphère est renforcée par le traitement en couleurs, avec des tons doux, qui imprègnent fortement les histoires. Graphiquement Kuroi avait déjà un sacré niveau, un style assez réaliste et pas du tout figé. Par la suite il s'est éloigné de ce style natif, mais je pense que s'il y revenait dans de futurs projets, ce serait vraiment beau. Bref, un bon moment de lecture, assez émouvant au final.
Bota Bota
Après Beastars, Paru Itagaki propose un nouveau manga un brin déjanté, cette fois-ci sur un format court, puisque Ki-oon l'a publié en un seul volume. Le concept est simple : Mako est une jeune femme qui souffre d'une misophobie un peu particulière : son nez se met à saigner abondamment lorsqu'elle touche quelque chose de sale, et ce depuis son enfance. Un problème qui l'empêche d'embrasser un homme ou de coucher avec, à son grand désespoir. Le récit nous la fait suivre dans sa quête de l'homme idéal, tel que l'a défini sa mère et à condition que son nez le supporte... C'est un peu tordu, Itagaki est spécialiste de ce genre d'idées, mais elle nous livre une histoire relativement sobre, finalement, avec des situations certes un peu cocasses, mais pas si spectaculaires, si on excepte celle où l'on voit Mako entièrement nue, couverte de sang et portant par exemple un homme évanoui. Pas de créature fantastique, pas de déviance sexuelle particulière, tout juste voit-on Mako rencontrer un homme incapable d'aimer. Une autre affection qui existe réellement (je ne sais pas si celle dont souffre la jeune femme existe, par contre). Ce n'est pas palpitant, mais relativement sympathique. Itagaki a un style de dessin un peu particulier, le visage de Mako est très rond, avec d'énormes yeux un peu déstabilisants. Il y a un peu de folie dans la composition, certains regards, mais rien de bien méchant. Ah oui, le titre ! Botabota ou potapota est, en japonais, l'onomatopée correspondant au bruit du clapotis de l'eau. Ici c'est le sang qui coule, donc l'association est vite faite. A noter que le volume se clôt sur une histoire courte, plus ancienne, mettant en scène une prostituée et le Père Noël. Pas bien folichonne, ma foi.
Genèses Apocalyptiques
Tout le sujet est dans le titre : l'album est une succession de génèses, de récits des origines du monde et de l'humanité, qui se termineront systématiquement de manière tragique ou déprimante (ou au mieux mystérieuse dans le cas du récit sur le secret de la mort). Chaque génèse présentée se centre sur un nouveau sujet : la quête de l'héroïsme, les questionnements métaphysiques, les constructions sociales, ... Mais tous ces récits sont unis par cette même narration pessimiste teintée de comique, par ce même dessin minimaliste ne servant qu'à illustrer les paraboles qui nous sont racontées. Intéressant, mais finalement assez oubliable. Je ne sais pas, je n'ai pas été transcendée par ma lecture. Mis à part le récit sur la mort et le philosophe et quelques jolies tournures de phrases par moment j'ai trouvé la lecture assez quelconque. Pas de grande prise de risque dans ces génèses, pas de discours novateurs non plus. J'ai vraiment eu l'impression d'avoir déjà/vu lu ce genre d'idées, ce genre de propos. Nul doute que Trondheim a placé ici ses pensées noires et pessimistes sur la nature humaine, et que les propos qu'il présente ici lui sont chers, mais je dois avouer qu'ils me paraissent également bien communs. Pas un mal en soi, mais si le but était de présenter une pensée originale, tenir un discours qui s'entend malgré tout très souvent n'est pas la meilleure manière. L'album reste bon, hein, mais pas transcendant pour autant.
Fleur
Une trilogie imposante en termes de pagination, mais qui se lit relativement rapidement. D’abord parce que nombreuses sont les pages muettes (le premier album de plus de 400 pages l’est même totalement), mais aussi parce que le texte est globalement peu présent, et que l’intrigue n’est pas très fouillée. Ce premier tome justement, est assez déroutant. Totalement muet, il bénéficie d’un dessin au trait nerveux, au rendu parfois proche de la gravure, mais qui n’est pas toujours très lisible (difficulté accentuée parfois par un découpage des cases qui m’a un temps laissé perplexe quant à l’ordre de leur lecture). En tout cas, par-delà ces difficultés de lecture, c’est d’emblée très noir, centré sur l’horrible occupation japonaise de la Corée durant la seconde guerre mondiale. Les deux tomes suivant se déroulent durant la guerre de Corée quelques années plus tard (la fin du troisième boucle la boucle, puisque nous retrouvons le vieil homme croisé au début, dans une prison, l’ensemble se présentant donc comme une sorte de flash-back, de rêves/cauchemars éveillés, d’une génération sacrifiée par les conflits). Ces deux derniers tomes sont davantage colorisés, il y a des dialogues, c’est un peu plus simple à suivre. Le dessin reste brouillon, pas inintéressant, mais le rendu « gravure » est moins présent. Ça reste en tout cas violent et noir. Reste que la narration est encore confuse, qu’on s’attache plus à la violence générale subie par les Coréens qu’aux personnages en particulier. Toutefois, au milieu de la violence et d’une ambiance très noire, l’auteur parvient tout de même à glisser quelques notes d’espoir, un peu de poésie (les rapprochements furtifs entre soldats des deux Corée, le personnage du peintre/dessinateur, le gamin au lance-pierre – par ailleurs un peu soulant parfois, etc.). Note réelle 2,5/5.
Gunnm
Gunnm est un monument du manga, un incontournable de la SF. Aussi, je m'y suis plongé l'été dernier. Avec le regret de n'y trouver qu'une série ado d'action/SF avec ici ou là des thématiques intéressantes, mais traitées dans la plus grande confusion. Côté rythme, c'est également inégal : la frénésie de certains passages laisse place à des rajouts narratifs des plus artificiels, à des transitions souvent abruptes. Il est plus intéressant de constater que malgré ces défauts, cette série est parvenue à imprégner un imaginaire collectif en usant de figures qu'elle a su transcender sinon incarner, notamment visuellement : le chasseur de primes, le motorball (variante des rollerball, speedball, Mécanique céleste, rugball de Cobra...), la décharge, la combattante "badass", la ville cyberpunk, etc. Bien trop inégal, Gunnm ne mérite pas son aura. Mais ses qualités sont réelles.
De pierre et d'os
Cette adaptation me permet de découvrir Krassinsky. Le sujet est beau : le quotidien des Inuits, leur lutte pour la survie, leur organisation sociale et notamment la condition des femmes, leurs traditions et croyances, leur rapport à la nature et à la faune environnante. Le style graphique l'est également : de tendres couleurs à l'aquarelle, un trait rond assez expressif, une économie de mots pour magnifier les cases amples et la mise en page dynamique. Pour autant, la magie n'a pas opéré et la distance entre cette culture et la mienne est demeurée profonde. Le sujet du viol m'interpellait, mais je n'ai pu comprendre comment cet accommodement forcé de l'héroïne a pu dévier vers un banal refoulement (en 2025, il n'est plus possible pour le narrateur de prendre autant de distance avec cet événement, de s'en tenir aux agissements certes plausibles et vraisemblables de son héroïne-victime). Cette distance se retrouve également lors des chants chamaniques qui n'atteignent pas la poésie espérée. Une jolie saga, un sujet rare, mais un regard absent proposant du descriptif quand de la vie et des destins étaient espérés.
Les Aventures de Lapinot
Retour chez Dargaud pour Trondheim, engendrant l'arrêt des Nouvelles aventures de Lapinot et le lancement de cette "Aventure de Lapinot dans une situation pas possible". Aucune véritable rupture néanmoins hormis ce changement d'éditeur. Je ne sais si l'impulsion et l'inspiration s'étaient quelque peu taries dans les locaux de L'Association, je constate modestement que la qualité était moindre depuis que les aventures avaient perdu en formidable, davantage la faute selon moi à des scénarios souvent bien maigres, que l'auteur parvenait néanmoins à sublimer via des illustrations chaleureuses et sympathiques associées à un réel talent de dialoguiste. Le scénario de ce premier tome est totalement rocambolesque et eut pu être écrit par l'inénarrable personnage de Richard. Peut-être un moyen pour l'auteur de personnifier une liberté éditoriale retrouvée, pour un résultat que L'Association aurait néanmoins sans doute validé, tant il s'inscrit dans une continuité. C'est toujours très agréable à lire, un divertissement humaniste discourant sans véritable revendication ni accusation sur nos sociétés contemporaines. Mon point de vue sur les Nouvelles aventures est encore d'actualité pour cette aventure-ci, pas de baisse de régime selon moi (manque d'objectivité, horizon d'attente préparé par l'avis de Tomdelapampa ?).
Putzi
Le scénariste adapte son propre roman et disons que ça se voit que c'est un roman au vu des nombreux textes narratifs, ça peut prendre des pages avant qu'un des personnages parle ! On suit la vie d'Ernst Hanfstaengl, un des premiers compagnons d'Hitler qui est peu connu. Il faut dire que le dictateur l'a vite viré de son entourage une fois qu'il a obtenu le pouvoir. Il y a des bonnes anecdotes, mais on tombe dans les travers des biographies en BD : on a souvent un résumé de ce qui arrive à Hanfstaengl et on saute d'une époque à une autre rapidement. J'aurais préféré, par exemple, qu'on voit un peu plus en quoi celui qu'on surnommait Putzi a été important dans les premières années politiques d'Hitler. Il parait qu'il avait des contacts influents, mais on voit surtout qu'Hitler aimait sa femme et qu'il joue Wagner au piano. S'il y a des bons passages, cela devient un peu monotone à un moment vu que le type a l'habitude de manquer son rendez-vous avec l'histoire et à la fin il a l'air d'un gros loser. Enfin un loser qui a vécu libre plus longtemps que la plupart de ses compagnons d'armes, la vie de Putzi est à lire pour au moins découvrir à quel point la vie est ironique. Le dessin est correct, mais la mise en page manque de dynamique, ce qui accentue le fait que ce one-shot est pas mal, mais c'est surtout un album à emprunter parce que l'envie de relecture est tout de même un peu nulle.
Vertiges de Quito
Tronchet est un auteur que j’aime bien, surtout lorsqu’il nous propose des histoires dominées par un humour un peu con, de l’humour noir et pas mal de cynisme, avec des anti-héros frôlant le pathétique. Même s’il a aussi publié des histoires plus classiques et intéressantes hors de ce cadre, c’est quand même dans cette veine humoristique que je l’attendais (ou l’espérais ?) ici. Il faut dire que le titre, allez savoir pourquoi, m’avais fait penser à l’album de Fabcaro Carnet du Pérou, ce qui avait renforcé mes attentes. Sauf que, contrairement à Fabcaro, Tronchet a bien mis les pieds dans le pays décrit – il y est même resté près de trois ans avec sa femme (Anne Sibran) et leur fils. Et qu’en plus ici on est plus proche du carnet de voyage classique que de la franche déconne. La lecture est plaisante, mais m’a un chouia laissé sur ma faim. Surtout la première partie, intéressante, avec quelques anecdotes amusantes ou plaisantes, mais qui n’égale pas les récits de Guy Delisle. La deuxième moitié de l’album m’a davantage intéressé. On quitte Quito pour aller à la rencontre d’Indigènes dans la forêt amazonienne, puis on traverse un immense lac de sel, pour finir par évoquer une mine d’argent (cette dernière visite inspirera probablement en partie Anne Sibran pour un roman, puis Tronchet pour son adaptation en BD dans Le Monde du dessous). Là il y a plus de réflexion, la partie documentaire et critique affleure davantage et rehausse l’intérêt de la lecture. Les parents n’ont pas hésité à laisser leur fils vivre un long séjour parmi les « Indigènes », et plus généralement des aventures exotiques et hors des sentiers battus – je ne sais pas si je l’aurais fait, même si on imagine les expériences et souvenirs extraordinaires que cela a pu lui procurer. Une petite lecture sympathique.