Boucq est un auteur que j’aime bien, et surtout dans ses œuvres d’humour plus ou moins absurde. C’est dans cette veine que s’inscrit cette série, et donc a priori c’est ma came.
Le dessin de Boucq est vraiment bon. Avec un trait classique, qui vire parfois à la caricature, il parvient à croquer tout et n’importe quoi – et il y a parfois du n’importe quoi ! – avec un minimum de moyens. C’est très expressif, mais les décors sont souvent évacués. Par contre, sur des histoires plus tardives, l’apport de la couleur n’est pas nécessaire, j’ai préféré lorsqu’il se contentait du Noir et Blanc.
Le point de départ est assez osé, puisque nous suivons un duo constitué de la Mort et d’un cochon domestique nommé Lao Tseu ! La Mort se baladant par monts et par vaux pour chercher du client. Il y a là matière à franche déconnade, c’est certain. Car, même si depuis nombreux ont été les auteurs à user du personnage de la Mort pour développer de l’humour noir ou con, c’était plus rare dans les années 1990 (et surtout sur des histoires plus ou moins longues, loin des strips qui dominent sur le sujet depuis).
Ce qui me laisse un peu sur ma faim concernant cette série, c’est que j’attendais de Boucq quelque chose de plus uniformément absurde, loufoque, et ça n’est pas toujours ou exactement le cas. En effet, si l’humour est bien présent, il s’accompagne aussi de quelques réflexions sur la vie, la mort – ou autres – et l’humour n’est pas toujours aussi présent qu’escompté, et pas aussi percutant qu’espéré. La Mort s’embourgeoise parfois, perd le cynisme de ses débuts, s’accommode parfois de vivre « normalement » au milieu des mortels.
Mais bon, ça reste globalement une série amusante, intéressante, même si c’est loin d’être ma série préférée de Boucq.
Comme souvent avec les séries traitant du handicap, l'auteur est directement touché par le sujet. Ainsi Jean-Paul Eid nous avoue qu'il est papa d'un fils atteint de paralysie cérébrale. Cela crédibilise son œuvre qui se situe donc entre fiction et témoignage. Le témoignage décrit le parcours classique des personnes confrontées à une telle situation sans y être préparées du choc initial à la découverte d'un bonheur en dehors des normes sociétales compétitives. Je n'ai pas pu m'empêcher de faire le parallèle avec le très beau Ce n'est pas toi que j'attendais de Fabien Toulmé qui se met bien plus en scène que Eid. Le côté fictionnel plus prononcé chez Eid accentue à mes yeux les émotions dues à l'indignation de certaines situations et au choix de l'auteur de favoriser un parcours tragique pour le petit Tom. Toutefois la narration reste fluide et le récit se lit facilement.
Le graphisme est très moderne , précis et très expressif. Les détails extérieurs sont soignés et procurent une belle ambiance autour du petit Tom.
Une lecture intéressante sur une thématique du handicap fondamentale pour notre notion d'humanité.
Cette BD part d'une excellente idée, inspirée d'un essai d'anthropologie fictive de 1978 qui imaginait que si les hommes avaient leurs règles, celles-ci seraient une source de fierté, de rituels virils, de privilèges et d'exclusion des femmes. L'essai montrait par contraste comment un fait biologique neutre est socialement construit comme une faiblesse lorsqu'il concerne les femmes. Je trouve cette idée particulièrement juste (et je n'y avais jamais pensé auparavant) : dans une société patriarcale comme la nôtre, si les règles étaient masculines, elles auraient probablement été élevées au rang de preuve de courage et de virilité, au même titre que les fameuses "couilles".
À partir de cette base, les auteurs imaginent des saynètes disséminées dans l'histoire humaine, montrant comment la société serait bâtie si ses dirigeants masculins avaient leurs règles chaque mois, avec douleurs, sautes hormonales et même endométriose. Le début de l'album fonctionne très bien : les gags sont drôles, la mise en scène efficace et l'humour percutant. En même temps, cela pousse à réfléchir sur la manière dont un même phénomène peut être perçu de façon totalement différente selon le regard social qui le glorifie ou le stigmatise.
Le problème, c'est que le concept s'essouffle. Malgré des efforts visibles pour varier les situations et ancrer les saynètes dans différentes circonstances bien documentées, l'album devient vite redondant. On trouve bien quelques sujets de gags différent (le concours de révérences des officiers anglais et français m'a fait rire), mais pas assez pour compenser un sentiment de lassitude face à ce fil rouge trop répétitif.
Une très bonne idée de départ, bien mise en scène au début, qui combine humour et réflexion sociétale, mais qui finit par tourner un peu en rond et peine à maintenir son rythme sur la longueur d'un album entier.
Un témoignage de l'autrice sur la grossophobie, c'est-à-dire la peur des gros, tout autant que la peur d'être gros. Et malheureusement, je trouve que la BD reste dans ce biais que j'ai souvent vu, celui du simple témoignage qui n'apporte pas plus que son récit au sujet.
Le sujet de la grossophobie commence petit à petit à émerger dans les discussions et les médias, avec toute la question soulevée autour de la question du corps et de son appréciation. Que ce soit une autrice n'est pas anodin, le corps des femmes étant bien plus sujet à débat et critique (ce qui ne veut pas dire que le corps des hommes n'est pas soumis à un regard critique, juste moindre). Bref, c'est un sujet intéressant, profond et qui touche beaucoup de monde aujourd'hui, avec le côté voyeuriste que ça peut développer (j'ai un souvenir glaçant d'émission américaine sur des types qu'on aide à maigrir), mais aussi le mal-être, la souffrance, la violence insidieuse ...
Concernant cette BD, je trouve malheureusement que la BD reste très en surface de tout ça. Beaucoup de choses sont à peine évoquées et jamais creusées, le tout restant sur le récit de l'autrice sans jamais creuser tout ce que son sujet soulève. A un moment donné elle mentionne les nombreuses raisons du surpoids qui se multiplie sociétalement, sans jamais les développer ou expliquer ce que ça implique (sédentarisation, changement de nourriture et notamment surabondance des sucres, multiplication des transports motorisés, travail moins physique ...). Mais il manque également toute la partie sociale, là aussi à peine évoquée, et les questions que ça soulève (notamment la question du surpoids selon le niveau social). De même, toute la question des représentations entre hommes et femmes sur ce sujet, où même la question médicale autour de ce sujet.
En fait, je ressors un peu frustré de la BD car elle se limite à son témoignage, qui est intéressant et touchant, mais ne me suffit pas. La critique de notre société est sous-jacente mais jamais clairement évoqué, comme dans les questions de notre industrie, de notre culture ou de nos modes des vies. Ces questions centrales sont cruciales pour un sujet qui touche surtout les prolétaires et révèle une société qui stigmatise tout ce qui vient de la culture populaire.
C'est une BD qui peut vous intéresser si le sujet vous tente, mais elle n'apporte pas beaucoup de réponses, malheureusement.
Pas mal, presque bon je dirais !
Le manga est assez linéaire dans son déroulé mais surprenant, avec une petite touche de drame qui mettent en lumière une deuxième partie bien plus triste. Le tout dans une question autour de la BD (enfin, du manga) et de la volonté de dessiner, de l'amitié entre deux filles qui aiment écrire et de se réaliser dans sa vie.
Dis comme ça, la BD semble plus riche qu'elle n'est réellement, puisque le récit est très linéaire encore une fois, laissant d'ailleurs la place au temps et à la contemplation avec la répétition de cases dans laquelle l'héroïne dessine de dos. C'est un récit plus posé, faisant état du temps qui passe et de la maturité de ses personnages qui se développe doucement devant nos yeux. Et l'héroïne principale du récit est attachante par son caractère qui se complexifie, son talent qui se développe et s'affirme, tout comme son dessin.
Le dessin aide beaucoup à l'immersion dans le récit. C'est sobre et simple, mais avec de bonnes idées dans la mise en page et ces longs moments posés pour apprécier le temps, le décor. C'est dommage que cette histoire soit finalement aussi peu développée, avec notamment une longue première partie et une deuxième qui a un écart qui semble être fantastique avant de retomber sur ses pieds dans la partie finale. Du fait de ce découpage étrange, il y a une vraie différence entre les deux parties où les choses importantes semblent se concentrer sur la deuxième partie du récit. Et l'ensemble se conclut assez vite, un peu trop à mon gout notamment à cause de ce développement de personnages et de relations qui auraient mérités d'être plus approfondies et développées.
Bref, sympathique mais manque un petit peu pour pouvoir dire franchement bon.
Je ne possède pas l'ouvrage présenté ici, mais une anthologie anglo-saxonne similaire que j'avais acquise lors d'un voyage à l'étranger.
Elle regroupe les mêmes 21 histoires constituant l'ensemble de la production d'Alex Toth pour les magazines Eerie et Creepy.
On y retrouve notamment les 8 récits qui formaient Comique Mécanique, publié par Futuropolis en 1981.
L'album est en noir et blanc, mais Alex Toth change régulièrement de technique pour varier les rendus. Il y a même une histoire en format italien.
Elles font entre 5 et 12 pages, ce qui limite forcément les développements.
Néanmoins, certaines sont des modèles d'ambiance et d'efficacité.
Parmi mes préférées, je citerais :
- "Grave undertaking", dans laquelle nous sommes témoins des agissements de deux croque-morts peu scrupuleux.
- "Unreal!" (ou Comique Mécanique dans l'adaptation de 1981) où l'on suit un acteur de cinéma muet genre Buster Keaton.
- "The Killing", en pleine guerre de sécession.
- "Malphisto's illusion", une enquête parmi les illusionnistes.
- "Daddy & Pie" (ou "Papa et Pie" dans l'adaptation de 1981), qui traite d'une rencontre du troisième type.
- "Jacque Cocteau's circus of the bizarre", je vous laisse découvrir^^
Je garde un faible pour le trait d'Alex Toth, synthétique mais précis et agréable, qui a influencé nombre d'artistes de comics, dont Bruce Timm (Batman, Superman...) et John Paul Leon (Superman, Batman, X-Men...).
A noter qu'il fut assisté par d'autres dessinateurs dans certaines planches.
Note réelle : 3,5/ 5
Barbe Rouge, c’est vraiment le grand classique de la BD de pirates, une icône de la période Pilote et du monde franco-belge. On y retrouve toute l’aventure à l’ancienne, avec des rebondissements à chaque page, une vraie ambiance de cape et d’épée, et surtout une solide documentation qui rend l’ensemble crédible. Charlier avait ce talent de feuilletoniste incroyable, capable de tenir son lecteur en haleine avec un suspense permanent, et Hubinon au dessin a donné des planches certes très académiques et parfois un peu raides mais souvent splendides dans le soin et les détails, en particulier les navires et les grandes batailles navales. Rien que pour ça, certains albums sont excellents.
Mais il faut reconnaître que la série est inégale et cela explique que j'ai lu la série par portions, sans jamais la lire toute en une fois. Les débuts sont marqués par un côté un peu naïf et verbeux, avec beaucoup de texte, parfois lourd. Les changements de dessinateurs et de scénaristes ont aussi cassé la cohérence : Hubinon et Charlier, c’était le sommet ; Jijé ou Pellerin ont apporté de belles choses ; mais la période Ollivier et Gaty, par exemple, est franchement décevante. Quant à la reprise plus récente par Perrissin et Bourgne, elle a le mérite d’être plus lisible et moderne, mais elle dénature un peu les personnages et l’esprit d’origine.
Cela dit, il y a des albums remarquables : les aventures contre les Ottomans, la quête du trésor aztèque, ou encore le diptyque du vaisseau fantôme ont assez peu vieilli et représentent des moments de la BD d’aventure à l'ancienne. A noter également cette particularité de n'avoir pas un seul mais bien deux héros séparés (Barbe Rouge et son fils) qui peuvent vivre des aventures indépendantes. Et malgré ses défauts, son côté parfois daté et “BD à papa”, Barbe Rouge a un vrai charme et reste un grand classique. À mon sens, il n’est pas nécessaire de tout lire, mais certains albums sont très bons pour qui aime la piraterie et les grandes fresques maritimes.
Adaptée d'une nouvelle de H.G. Wells, cette BD raconte l'histoire d'un homme ordinaire d'un petit village anglais qui découvre un soir qu'il peut réaliser absolument tous les souhaits qu'il formule. De la plus simple envie, comme faire apparaître une allumette, jusqu'au désir le plus extravagant, il lui suffit de parler pour que cela se produise. Mais ce personnage foncièrement simple et sans malice ne sait pas vraiment quoi faire d'un tel don. Il s'interroge sur son origine, doute même de sa réalité, avant d'aller en parler au prêtre du village, lequel imagine aussitôt de grandes choses à accomplir pour le bien de l'humanité.
José Luis Munuera s'essaie une fois de plus à l'adaptation d'une nouvelle du XIXe siècle, et l'exercice lui convient parfaitement. Le matériau de base lui fournit un scénario solide et adapté à un album court, tandis que son dessin continue de s'affirmer avec une grande maîtrise. On y retrouve sa patte graphique : des décors réalistes et envoutants en couleurs directes, alliés à des personnages proches de l'animation mais plus posés que dans ses premières œuvres. C'est visuellement splendide, parfaitement mis en scène, et l'adaptation en elle-même est irréprochable.
Reste l'histoire, qui demeure volontairement légère. Le récit prend la forme d'une fable : que se passerait-il si un homme ordinaire et bienveillant se retrouvait soudain doté du pouvoir de réaliser tous ses désirs ? Quelles envies exprimerait-il, et jusqu'où cela pourrait-il aller ? Ici, les conséquences oscillent entre l'anecdotique et le cataclysmique. Le héros se contente de petites fantaisies, comme changer la couleur d'un vase ou métamorphoser son chapeau en lapin, sans jamais songer à la richesse ou au pouvoir. Le pire qu'il ait fait a été d'envoyer par erreur un policier en enfer (avec une pleine page amusante à ce sujet) avant de le renvoyer plutôt à San Francisco. Ce n'est que lorsque le prêtre s'en mêle avec une fausse bonne idée que la situation dérape... avant de se conclure très rapidement quelques pages plus loin.
C'est un conte amusant et naïf, plus divertissant que profond, qui se lit avec plaisir mais sans grande intensité. L'album est séduisant visuellement, charmant dans son ton, mais son intrigue reste assez anecdotique et se boucle un peu trop vite. Cela n'empêche pas l'ensemble d'être une lecture agréable : légère, souriante, bien dessinée et efficace dans ce qu'elle entreprend.
Sur la côte d'un pays imaginaire appelé Macaronésie, aux accents méditerranéens et tropicaux, se trouve un charmant café en bord de mer. La pâtissière s'étant cassé le bras, c'est sa jeune soeur qui reprend le flambeau avec l'énergie et la passion de son âge. Entre deux fournées, elle observe les clients, rêve d'amour et perfectionne ses talents de pâtissière.
Le grand atout de cette BD réside dans son graphisme. On y perçoit des influences asiatiques, une atmosphère qui évoque parfois Ghibli (notamment Porco Rosso), mais aussi une élégance européenne proche de l’Italie. L’autrice déploie un univers lumineux fait de ciels bleus, de fleurs éclatantes, de plages, de nature et d’architectures aux accents méridionaux. Le travail sur les couleurs est remarquable. Si on a droit le plus souvent à des scènes de discussions ou de monlogues en cadre serré de personnages animaliers aux visages de chats, elles mêmes déjà réussies, ce sont surtout les trop rares décors et architectures qui m'ont charmé. L'autrice excelle également dans la représentation des pâtisseries, mises en valeur par de pleines pages où leur beauté visuelle donne réellement faim. C'est un album qui captive les yeux et envoûte par son ambiance.
Côté intrigue, le récit est plus fragile. On a l'impression d'entrer directement dans le quotidien de personnages déjà installés, ce qui demande un petit temps d'adaptation. L'histoire est surtout contemplative : elle valorise la douceur de vivre dans ce décor idyllique et le charme des rêveries adolescentes de l'héroïne, encore hésitante en amour mais appliquée dans son métier. L'action est quasi inexistante sur près de 160 pages, et certaines mises en scène manquent de clarté. J'ai moi-même confondu plusieurs personnages (les chats roux se ressemblent trop pour moi) et je me suis trompé un long moment sur qui était l'intérêt amoureux de l'héroïne.
Une histoire trop anecdotique pour marquer le lecteur donc, mais la beauté des dessins, l'atmosphère lumineuse et le sentiment de voyage en font une lecture dépaysante et agréable, portée avant tout par la force de son univers visuel.
Avec Maruo ou Ito, Kago est sans doute l’un des rares mangakas qui m’intéressent et dont je cherche à lire ce qu’ils ont pu produire. Et l’Ero-Guro m’attire, en tout cas certains de ses aspects. Ici on est en plein dans ce domaine (comme pouvait l’être La Chenille de Maruo, avec laquelle j'avais découvert cet univers).
Le recueil regroupe plusieurs histoires. Les dernières, plus courtes, semblent plus anciennes, si j’en croit le dessin, moins affirmé parfois. Mais toutes, après une mise en bouche plus ou moins longues, sombrent dans un érotisme gore et étrange, malsain, où les corps torturés, découpés, occupent les pensées et l’espace.
Comme certaines œuvres de Maruo (La Chenille surtout) ou de Blanquet (l’érotisme en moins sans doute), il y a une mise en avant des corps incomplets, difformes, un questionnement sur la normalité.
Dans la première histoire – la plus longues, divisée en plusieurs chapitres – Kago se met lui-même en scène et, en alternance avec les chapitres de l’histoire elle-même (qui tourne autour d’un mystérieux tueur en série qui charcute les femmes qu’il tue), il discute avec une éditrice et explique les faux semblants, les méthodes scénaristiques permettant à l’écrivain de tromper le lecteur. On fait ainsi le parallèle avec le tueur trompant victimes et enquêteurs, mais aussi Kago nous livre une des clés de lecture de ses œuvres. Cet aspect est intéressant et ajoute du piment à l’histoire.
Alors, certes, c’est à réserver à un public averti – et adulte ! – mais cet album confirme l’originalité et l’intérêt de l’œuvre de Kago, que je continuerai à suivre.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Les Aventures de La Mort et de Lao-Tseu
Boucq est un auteur que j’aime bien, et surtout dans ses œuvres d’humour plus ou moins absurde. C’est dans cette veine que s’inscrit cette série, et donc a priori c’est ma came. Le dessin de Boucq est vraiment bon. Avec un trait classique, qui vire parfois à la caricature, il parvient à croquer tout et n’importe quoi – et il y a parfois du n’importe quoi ! – avec un minimum de moyens. C’est très expressif, mais les décors sont souvent évacués. Par contre, sur des histoires plus tardives, l’apport de la couleur n’est pas nécessaire, j’ai préféré lorsqu’il se contentait du Noir et Blanc. Le point de départ est assez osé, puisque nous suivons un duo constitué de la Mort et d’un cochon domestique nommé Lao Tseu ! La Mort se baladant par monts et par vaux pour chercher du client. Il y a là matière à franche déconnade, c’est certain. Car, même si depuis nombreux ont été les auteurs à user du personnage de la Mort pour développer de l’humour noir ou con, c’était plus rare dans les années 1990 (et surtout sur des histoires plus ou moins longues, loin des strips qui dominent sur le sujet depuis). Ce qui me laisse un peu sur ma faim concernant cette série, c’est que j’attendais de Boucq quelque chose de plus uniformément absurde, loufoque, et ça n’est pas toujours ou exactement le cas. En effet, si l’humour est bien présent, il s’accompagne aussi de quelques réflexions sur la vie, la mort – ou autres – et l’humour n’est pas toujours aussi présent qu’escompté, et pas aussi percutant qu’espéré. La Mort s’embourgeoise parfois, perd le cynisme de ses débuts, s’accommode parfois de vivre « normalement » au milieu des mortels. Mais bon, ça reste globalement une série amusante, intéressante, même si c’est loin d’être ma série préférée de Boucq.
Le Petit Astronaute
Comme souvent avec les séries traitant du handicap, l'auteur est directement touché par le sujet. Ainsi Jean-Paul Eid nous avoue qu'il est papa d'un fils atteint de paralysie cérébrale. Cela crédibilise son œuvre qui se situe donc entre fiction et témoignage. Le témoignage décrit le parcours classique des personnes confrontées à une telle situation sans y être préparées du choc initial à la découverte d'un bonheur en dehors des normes sociétales compétitives. Je n'ai pas pu m'empêcher de faire le parallèle avec le très beau Ce n'est pas toi que j'attendais de Fabien Toulmé qui se met bien plus en scène que Eid. Le côté fictionnel plus prononcé chez Eid accentue à mes yeux les émotions dues à l'indignation de certaines situations et au choix de l'auteur de favoriser un parcours tragique pour le petit Tom. Toutefois la narration reste fluide et le récit se lit facilement. Le graphisme est très moderne , précis et très expressif. Les détails extérieurs sont soignés et procurent une belle ambiance autour du petit Tom. Une lecture intéressante sur une thématique du handicap fondamentale pour notre notion d'humanité.
Si les hommes avaient leurs règles
Cette BD part d'une excellente idée, inspirée d'un essai d'anthropologie fictive de 1978 qui imaginait que si les hommes avaient leurs règles, celles-ci seraient une source de fierté, de rituels virils, de privilèges et d'exclusion des femmes. L'essai montrait par contraste comment un fait biologique neutre est socialement construit comme une faiblesse lorsqu'il concerne les femmes. Je trouve cette idée particulièrement juste (et je n'y avais jamais pensé auparavant) : dans une société patriarcale comme la nôtre, si les règles étaient masculines, elles auraient probablement été élevées au rang de preuve de courage et de virilité, au même titre que les fameuses "couilles". À partir de cette base, les auteurs imaginent des saynètes disséminées dans l'histoire humaine, montrant comment la société serait bâtie si ses dirigeants masculins avaient leurs règles chaque mois, avec douleurs, sautes hormonales et même endométriose. Le début de l'album fonctionne très bien : les gags sont drôles, la mise en scène efficace et l'humour percutant. En même temps, cela pousse à réfléchir sur la manière dont un même phénomène peut être perçu de façon totalement différente selon le regard social qui le glorifie ou le stigmatise. Le problème, c'est que le concept s'essouffle. Malgré des efforts visibles pour varier les situations et ancrer les saynètes dans différentes circonstances bien documentées, l'album devient vite redondant. On trouve bien quelques sujets de gags différent (le concours de révérences des officiers anglais et français m'a fait rire), mais pas assez pour compenser un sentiment de lassitude face à ce fil rouge trop répétitif. Une très bonne idée de départ, bien mise en scène au début, qui combine humour et réflexion sociétale, mais qui finit par tourner un peu en rond et peine à maintenir son rythme sur la longueur d'un album entier.
Ne jamais couler
Un témoignage de l'autrice sur la grossophobie, c'est-à-dire la peur des gros, tout autant que la peur d'être gros. Et malheureusement, je trouve que la BD reste dans ce biais que j'ai souvent vu, celui du simple témoignage qui n'apporte pas plus que son récit au sujet. Le sujet de la grossophobie commence petit à petit à émerger dans les discussions et les médias, avec toute la question soulevée autour de la question du corps et de son appréciation. Que ce soit une autrice n'est pas anodin, le corps des femmes étant bien plus sujet à débat et critique (ce qui ne veut pas dire que le corps des hommes n'est pas soumis à un regard critique, juste moindre). Bref, c'est un sujet intéressant, profond et qui touche beaucoup de monde aujourd'hui, avec le côté voyeuriste que ça peut développer (j'ai un souvenir glaçant d'émission américaine sur des types qu'on aide à maigrir), mais aussi le mal-être, la souffrance, la violence insidieuse ... Concernant cette BD, je trouve malheureusement que la BD reste très en surface de tout ça. Beaucoup de choses sont à peine évoquées et jamais creusées, le tout restant sur le récit de l'autrice sans jamais creuser tout ce que son sujet soulève. A un moment donné elle mentionne les nombreuses raisons du surpoids qui se multiplie sociétalement, sans jamais les développer ou expliquer ce que ça implique (sédentarisation, changement de nourriture et notamment surabondance des sucres, multiplication des transports motorisés, travail moins physique ...). Mais il manque également toute la partie sociale, là aussi à peine évoquée, et les questions que ça soulève (notamment la question du surpoids selon le niveau social). De même, toute la question des représentations entre hommes et femmes sur ce sujet, où même la question médicale autour de ce sujet. En fait, je ressors un peu frustré de la BD car elle se limite à son témoignage, qui est intéressant et touchant, mais ne me suffit pas. La critique de notre société est sous-jacente mais jamais clairement évoqué, comme dans les questions de notre industrie, de notre culture ou de nos modes des vies. Ces questions centrales sont cruciales pour un sujet qui touche surtout les prolétaires et révèle une société qui stigmatise tout ce qui vient de la culture populaire. C'est une BD qui peut vous intéresser si le sujet vous tente, mais elle n'apporte pas beaucoup de réponses, malheureusement.
Look Back
Pas mal, presque bon je dirais ! Le manga est assez linéaire dans son déroulé mais surprenant, avec une petite touche de drame qui mettent en lumière une deuxième partie bien plus triste. Le tout dans une question autour de la BD (enfin, du manga) et de la volonté de dessiner, de l'amitié entre deux filles qui aiment écrire et de se réaliser dans sa vie. Dis comme ça, la BD semble plus riche qu'elle n'est réellement, puisque le récit est très linéaire encore une fois, laissant d'ailleurs la place au temps et à la contemplation avec la répétition de cases dans laquelle l'héroïne dessine de dos. C'est un récit plus posé, faisant état du temps qui passe et de la maturité de ses personnages qui se développe doucement devant nos yeux. Et l'héroïne principale du récit est attachante par son caractère qui se complexifie, son talent qui se développe et s'affirme, tout comme son dessin. Le dessin aide beaucoup à l'immersion dans le récit. C'est sobre et simple, mais avec de bonnes idées dans la mise en page et ces longs moments posés pour apprécier le temps, le décor. C'est dommage que cette histoire soit finalement aussi peu développée, avec notamment une longue première partie et une deuxième qui a un écart qui semble être fantastique avant de retomber sur ses pieds dans la partie finale. Du fait de ce découpage étrange, il y a une vraie différence entre les deux parties où les choses importantes semblent se concentrer sur la deuxième partie du récit. Et l'ensemble se conclut assez vite, un peu trop à mon gout notamment à cause de ce développement de personnages et de relations qui auraient mérités d'être plus approfondies et développées. Bref, sympathique mais manque un petit peu pour pouvoir dire franchement bon.
Eerie & Creepy présentent Alex Toth
Je ne possède pas l'ouvrage présenté ici, mais une anthologie anglo-saxonne similaire que j'avais acquise lors d'un voyage à l'étranger. Elle regroupe les mêmes 21 histoires constituant l'ensemble de la production d'Alex Toth pour les magazines Eerie et Creepy. On y retrouve notamment les 8 récits qui formaient Comique Mécanique, publié par Futuropolis en 1981. L'album est en noir et blanc, mais Alex Toth change régulièrement de technique pour varier les rendus. Il y a même une histoire en format italien. Elles font entre 5 et 12 pages, ce qui limite forcément les développements. Néanmoins, certaines sont des modèles d'ambiance et d'efficacité. Parmi mes préférées, je citerais : - "Grave undertaking", dans laquelle nous sommes témoins des agissements de deux croque-morts peu scrupuleux. - "Unreal!" (ou Comique Mécanique dans l'adaptation de 1981) où l'on suit un acteur de cinéma muet genre Buster Keaton. - "The Killing", en pleine guerre de sécession. - "Malphisto's illusion", une enquête parmi les illusionnistes. - "Daddy & Pie" (ou "Papa et Pie" dans l'adaptation de 1981), qui traite d'une rencontre du troisième type. - "Jacque Cocteau's circus of the bizarre", je vous laisse découvrir^^ Je garde un faible pour le trait d'Alex Toth, synthétique mais précis et agréable, qui a influencé nombre d'artistes de comics, dont Bruce Timm (Batman, Superman...) et John Paul Leon (Superman, Batman, X-Men...). A noter qu'il fut assisté par d'autres dessinateurs dans certaines planches. Note réelle : 3,5/ 5
Barbe-Rouge
Barbe Rouge, c’est vraiment le grand classique de la BD de pirates, une icône de la période Pilote et du monde franco-belge. On y retrouve toute l’aventure à l’ancienne, avec des rebondissements à chaque page, une vraie ambiance de cape et d’épée, et surtout une solide documentation qui rend l’ensemble crédible. Charlier avait ce talent de feuilletoniste incroyable, capable de tenir son lecteur en haleine avec un suspense permanent, et Hubinon au dessin a donné des planches certes très académiques et parfois un peu raides mais souvent splendides dans le soin et les détails, en particulier les navires et les grandes batailles navales. Rien que pour ça, certains albums sont excellents. Mais il faut reconnaître que la série est inégale et cela explique que j'ai lu la série par portions, sans jamais la lire toute en une fois. Les débuts sont marqués par un côté un peu naïf et verbeux, avec beaucoup de texte, parfois lourd. Les changements de dessinateurs et de scénaristes ont aussi cassé la cohérence : Hubinon et Charlier, c’était le sommet ; Jijé ou Pellerin ont apporté de belles choses ; mais la période Ollivier et Gaty, par exemple, est franchement décevante. Quant à la reprise plus récente par Perrissin et Bourgne, elle a le mérite d’être plus lisible et moderne, mais elle dénature un peu les personnages et l’esprit d’origine. Cela dit, il y a des albums remarquables : les aventures contre les Ottomans, la quête du trésor aztèque, ou encore le diptyque du vaisseau fantôme ont assez peu vieilli et représentent des moments de la BD d’aventure à l'ancienne. A noter également cette particularité de n'avoir pas un seul mais bien deux héros séparés (Barbe Rouge et son fils) qui peuvent vivre des aventures indépendantes. Et malgré ses défauts, son côté parfois daté et “BD à papa”, Barbe Rouge a un vrai charme et reste un grand classique. À mon sens, il n’est pas nécessaire de tout lire, mais certains albums sont très bons pour qui aime la piraterie et les grandes fresques maritimes.
L'Homme qui pouvait accomplir des miracles
Adaptée d'une nouvelle de H.G. Wells, cette BD raconte l'histoire d'un homme ordinaire d'un petit village anglais qui découvre un soir qu'il peut réaliser absolument tous les souhaits qu'il formule. De la plus simple envie, comme faire apparaître une allumette, jusqu'au désir le plus extravagant, il lui suffit de parler pour que cela se produise. Mais ce personnage foncièrement simple et sans malice ne sait pas vraiment quoi faire d'un tel don. Il s'interroge sur son origine, doute même de sa réalité, avant d'aller en parler au prêtre du village, lequel imagine aussitôt de grandes choses à accomplir pour le bien de l'humanité. José Luis Munuera s'essaie une fois de plus à l'adaptation d'une nouvelle du XIXe siècle, et l'exercice lui convient parfaitement. Le matériau de base lui fournit un scénario solide et adapté à un album court, tandis que son dessin continue de s'affirmer avec une grande maîtrise. On y retrouve sa patte graphique : des décors réalistes et envoutants en couleurs directes, alliés à des personnages proches de l'animation mais plus posés que dans ses premières œuvres. C'est visuellement splendide, parfaitement mis en scène, et l'adaptation en elle-même est irréprochable. Reste l'histoire, qui demeure volontairement légère. Le récit prend la forme d'une fable : que se passerait-il si un homme ordinaire et bienveillant se retrouvait soudain doté du pouvoir de réaliser tous ses désirs ? Quelles envies exprimerait-il, et jusqu'où cela pourrait-il aller ? Ici, les conséquences oscillent entre l'anecdotique et le cataclysmique. Le héros se contente de petites fantaisies, comme changer la couleur d'un vase ou métamorphoser son chapeau en lapin, sans jamais songer à la richesse ou au pouvoir. Le pire qu'il ait fait a été d'envoyer par erreur un policier en enfer (avec une pleine page amusante à ce sujet) avant de le renvoyer plutôt à San Francisco. Ce n'est que lorsque le prêtre s'en mêle avec une fausse bonne idée que la situation dérape... avant de se conclure très rapidement quelques pages plus loin. C'est un conte amusant et naïf, plus divertissant que profond, qui se lit avec plaisir mais sans grande intensité. L'album est séduisant visuellement, charmant dans son ton, mais son intrigue reste assez anecdotique et se boucle un peu trop vite. Cela n'empêche pas l'ensemble d'être une lecture agréable : légère, souriante, bien dessinée et efficace dans ce qu'elle entreprend.
Cat Café
Sur la côte d'un pays imaginaire appelé Macaronésie, aux accents méditerranéens et tropicaux, se trouve un charmant café en bord de mer. La pâtissière s'étant cassé le bras, c'est sa jeune soeur qui reprend le flambeau avec l'énergie et la passion de son âge. Entre deux fournées, elle observe les clients, rêve d'amour et perfectionne ses talents de pâtissière. Le grand atout de cette BD réside dans son graphisme. On y perçoit des influences asiatiques, une atmosphère qui évoque parfois Ghibli (notamment Porco Rosso), mais aussi une élégance européenne proche de l’Italie. L’autrice déploie un univers lumineux fait de ciels bleus, de fleurs éclatantes, de plages, de nature et d’architectures aux accents méridionaux. Le travail sur les couleurs est remarquable. Si on a droit le plus souvent à des scènes de discussions ou de monlogues en cadre serré de personnages animaliers aux visages de chats, elles mêmes déjà réussies, ce sont surtout les trop rares décors et architectures qui m'ont charmé. L'autrice excelle également dans la représentation des pâtisseries, mises en valeur par de pleines pages où leur beauté visuelle donne réellement faim. C'est un album qui captive les yeux et envoûte par son ambiance. Côté intrigue, le récit est plus fragile. On a l'impression d'entrer directement dans le quotidien de personnages déjà installés, ce qui demande un petit temps d'adaptation. L'histoire est surtout contemplative : elle valorise la douceur de vivre dans ce décor idyllique et le charme des rêveries adolescentes de l'héroïne, encore hésitante en amour mais appliquée dans son métier. L'action est quasi inexistante sur près de 160 pages, et certaines mises en scène manquent de clarté. J'ai moi-même confondu plusieurs personnages (les chats roux se ressemblent trop pour moi) et je me suis trompé un long moment sur qui était l'intérêt amoureux de l'héroïne. Une histoire trop anecdotique pour marquer le lecteur donc, mais la beauté des dessins, l'atmosphère lumineuse et le sentiment de voyage en font une lecture dépaysante et agréable, portée avant tout par la force de son univers visuel.
Fraction
Avec Maruo ou Ito, Kago est sans doute l’un des rares mangakas qui m’intéressent et dont je cherche à lire ce qu’ils ont pu produire. Et l’Ero-Guro m’attire, en tout cas certains de ses aspects. Ici on est en plein dans ce domaine (comme pouvait l’être La Chenille de Maruo, avec laquelle j'avais découvert cet univers). Le recueil regroupe plusieurs histoires. Les dernières, plus courtes, semblent plus anciennes, si j’en croit le dessin, moins affirmé parfois. Mais toutes, après une mise en bouche plus ou moins longues, sombrent dans un érotisme gore et étrange, malsain, où les corps torturés, découpés, occupent les pensées et l’espace. Comme certaines œuvres de Maruo (La Chenille surtout) ou de Blanquet (l’érotisme en moins sans doute), il y a une mise en avant des corps incomplets, difformes, un questionnement sur la normalité. Dans la première histoire – la plus longues, divisée en plusieurs chapitres – Kago se met lui-même en scène et, en alternance avec les chapitres de l’histoire elle-même (qui tourne autour d’un mystérieux tueur en série qui charcute les femmes qu’il tue), il discute avec une éditrice et explique les faux semblants, les méthodes scénaristiques permettant à l’écrivain de tromper le lecteur. On fait ainsi le parallèle avec le tueur trompant victimes et enquêteurs, mais aussi Kago nous livre une des clés de lecture de ses œuvres. Cet aspect est intéressant et ajoute du piment à l’histoire. Alors, certes, c’est à réserver à un public averti – et adulte ! – mais cet album confirme l’originalité et l’intérêt de l’œuvre de Kago, que je continuerai à suivre.