Trif s’est fait une spécialité de l’adaptation des contes célèbres dans une version très érotique. Avec celle-ci, je me suis longtemps demandé s’il n’était pas devenu plus « sage » dans ses illustrations.
En effet, la première scène de sexe n’apparait qu’après la quarantième page du premier tome – même si la « Belle » passe l’essentiel des pages quasiment nue. Plus de sensualité donc que de porno – même si les dernières pages de ce tome sont un peu plus corsées, et si quelques scènes – de masturbation essentiellement – se greffent au récit tout au long de son déroulé. Le second album joue sur le même registre.
Car Trif livre là une version finalement soft, jouant davantage sur un érotisme latent, sur les désirs (de la Belle comme de la Bête) presque retenus. Le résultat est fluide et agréable, bien plus fin que la plupart des œuvres du genre.
Le dessin de Trif – qui met l’accent sur les gros plans et les corps des personnages – est aussi pour beaucoup dans le plaisir de lecture.
C’est plutôt une belle adaptation de cette histoire, dont je ne connaissais que les versions de Cocteau ou de Disney.
Un récit feel-good, mais cette tonalité est poussée à l'extrême ici.
Le personnage principal est légèrement niais, il a été élevé par une mère adoptive, sa mère biologique l'ayant abandonné à sa naissance. Il vit dans une petite ville reculée du Maine. Huck, c'est son nom, ça ressemble fortement à Hulk, il en a d'ailleurs la force herculéenne. Mais il a aussi le don de pouvoir retrouver tout être vivant où qu'il se cache.
Mark Millar prend le parti pris de pousser à l'extème son idée de départ, et son récit en pâti. Il est simpliste et le déroulé de l'histoire manque cruellement de vraisemblance. Mais malgré cela, j'ai passé un moment agréable aux côtés de Huck, sa gentillesse, son innocence et la narration rythmée m'ont fait passer outre tous les défauts de ce comics.
Une lecture rayon de soleil.
J'ai connu Raphael Albuquerque plus inspiré, mais son dessin fait le job : dynamique, lisible et agréable à regarder.
Comme Erik et Gaston, je me sens incapable de mettre moins que 3 étoiles.
La proposition faite par cette trilogie est de raconter l'histoire de la ville de Jérusalem. Cette cité bâtie il y a plusieurs millénaires et qui constitue un carrefour prépondérant dans l'histoire des religions. Autant dire qu'il y a beaucoup à raconter.
Notre récit commence non pas à la fondation de la ville, mais lorsque David en devint le roi. On découvre comment il a régné sur la ville, comment il l'a fait prospérer en dépit des complots et des guerres ambiantes. C'est le début de la légende de la ville. Puis David décline jusqu'à ce que son fils Salomon le remplace sur le trône. Lui aussi devra composer entre alliances, trahisons et prophéties pour gouverner la cité. Cela occupe une bonne première partie de l'album, et même si tout n'est pas approfondi et daté, cela donne une bonne vision des faits historiques marquants de l'époque.
Par la suite le rythme s'accélère grandement et 40 ans de règne peuvent être expédiés en deux planches. Un mariage ou une alliance peut se sceller en une case. Les différents descendants du roi David se succèdent à vitesse grand V. En quelques cases on a droit aux principaux faits notables de leur mandat. Difficile d'aller dans les détails, les personnages s'enchainent un peu vite, et on n'a pas le temps de comprendre qui était le rival qu'on est déjà à la génération suivante.
Le dessin sert efficacement le propos. Le trait est très lisible et il offre quelques belles vues de la cité. Résumer un millénaire d'Histoire en 180 planches impose forcément de faire des choix et prendre des raccourcis. Ce premier tome apporte, malgré cela, une vision synthétique et plutôt intéressante de ce pan de l'Histoire.
2,5
Le moins qu'on puisse dire est que le scénario est assez original et totalement délirant comme les auteurs japonais ont le secret !
C'est tellement délirant que pendant un bon moment j'étais tout de même un peu perdu à la lecture des trois premiers tomes. Le début est quand même pas trop clair. Je comprends que les mangakas subissent la pression des votes des lecteurs et qu'il faut attirer l'attention dès le départ, mais je pense qu'un premier chapitre qui explique un peu plus l'univers où vit les personnages auraient été le bienvenue. Pour l'instant, je trouve que c'est quand même un peu le bordel au niveau du scénario: il y a des bonnes idées, mais elles sont souvent introduites mal. Il y a pleins de trucs qui semblent sortir de nulle part. Les scènes de combats ne m'ont pas intéressé non plus, je pense que je devins trop vieux pour ce genre de shonen. Au moins le ton est plus original que 'machin veut devenir le plus fort dans tel domaine'.
Parmi les qualités de la série, les personnages sont attachants et le dessin est dynamique et expressif comme je l'aime.
Mouais.
Je n’ai été que moyennement convaincu – en tout cas moyennement intéressé – par cet album.
Pourtant j’aime bien ce format à l’italienne, et Roca est un auteur dont j’ai déjà pu apprécier plusieurs œuvres.
Mais ici, j’ai trouvé que Roca n’avait pas forcément su retransmettre ce qui le touchait personnellement, dans ce récit qui s’intéresse à sa mère – et plus largement à la famille de celle-ci. En tout cas il n’est pas parvenu à dépasser ce regard filial pour faire du récit quelque chose de plus universel.
Et ce récit/enquête, qui part de quelques photographies, s’il est pourtant lisible, ne m’a clairement pas captivé.
Roca lui-même, ou d’autres auteurs espagnols (comme Jaime Martin) ont su retranscrire une époque lourde (l’Espagne franquiste) au travers d’un récit familial. Ici je reste sur ma faim.
Note réelle 2,5/5.
Voici un récit qui est léger sur la forme (« l’intrigue » n’est pas étoffée, il y a peu de texte), mais assez lourd sur le fond.
En effet, nous suivons une femme, Katerina (qui revient de Berlin où elle s’était installée quelques années auparavant pour gagner un peu d’argent pour aider sa famille) et qui revient chercher sa fille Katya dans sa région d’origine. Mais celle-ci, ce sont les environs de Grozny en Tchétchénie, au plus fort des « actions de l’armée russe.
C’est dire que les décors que nous allons traverser et observer, derrière Katerina, ne sont que des villages voire des villes en ruines, des cadavres de chars. Et la certitude que Katya a été « enlevée » par les soldats russes lorsqu’ils ont rasé et massacré son village. Mais Katerina est tenace et veut savoir ce qui lui est réellement arrivée, et où elle se trouve. Tenace jusqu’à défier des officiers russes, probablement responsables de la disparition de sa fille.
Au milieu des ruines et de l’horreur de cette Tchétchénie martyrisée, où la mort étend son règne, l’obstination de Katerina semble comme un défi fou. En tout cas elle entretient la petite flamme de la vie. D’autant plus qu’elle est aidée par un jeune homme quasi orphelin, et ces deux personnages, leur encontre en elle-même aussi d’ailleurs, sont la preuve que tout n’est pas perdu.
Un album qui ne nous montre que quelques jours de vie sur les terres de la mort, mais cette tranche de vie est pleine d’espoir – on se raccroche à peu dans ces contrées !
J’ai eu du mal au départ avec le dessin de Schiffers, mais finalement j’ai trouvé son trait un peu minimaliste et hésitant assez beau, et raccord avec l’univers décrit.
Note réelle 3,5/5.
Manara s'attaque à un classique de la littérature, et je ne sais pas trop que penser du résultat.
Déjà, soulignons que le livre de Eco est réputé lourd, dense et probablement inadaptable, même si le film de Jean-Jacques Annaud lui rend parfaitement hommage et réussit le tour de force de rendre une grande partie de sa force. Du reste, il est impossible d'adapter le labyrinthe de genre, d'idées et de motifs que Eco à tressé dans son ouvrage majeur. Si je parle du film, c'est qu'il me semble que Manara n'a pas dédaigné de le revoir avant de commencer son œuvre (ou de s'en inspirer) puisque de nombreux liens semblent se faire entre les deux. Notamment dans certains cadrages et quelques visuels que le film avait de marquant.
Maintenant, concernant la BD en elle-même, je peux comparer avec le livre ce qui n'aurait pas grand intérêt. Mais je dirais que même une personne non-connaisseuse ne peut que ressentir l'adaptation. En effet, il y a une grande quantité de textes directement repris du livre, parfois explicatifs de ce que l'on voit par ailleurs (je pense à la séquence finale avec la fille) tout comme la narration fait très littéraire et manque un peu de travail d'adaptation. C'est dommage, j'ai l'impression que Manara à bien capté des choses du livre et se veut un transcripteur à la fois fidèle (presque trop) mais aussi personnel, ajoutant sa patte et son énergie (notamment dans le dessin). Sauf que je trouve pour l'instant que ça manque de corps, ça manque de clarté.
Pour l'instant je n'aime pas plus que ça mais ça reste très lisible. Manara sait s'y faire, et je ne lui reproche rien à ce niveau ! Disons que je suis sur une réserve prudente en attendant la suite.
Sauf rarissime exception, même lorsque David Snug me propose quelque chose de très moyen, je suis toujours indulgent avec lui, tant j’apprécie la fraicheur de ses albums, très loin du main stream (dans le fond et dans la forme des propos).
Si, comme à son habitude, on a droit ici à quelque chose d’autobiographique, avec pas mal de critiques sur les études sans « débouché » et le refus du salariat, cet album est centré sur la musique. Plutôt les musiques, auxquelles s’est frotté notre auteur anar/grunge/punk, jusqu’à trouver « sa voie » et former son groupe (très loin des sentiers battus forcément).
Au milieu des coups de gueules et du franc parler habituels, Snug n’oublie pas là encore de glisser de l’humour, de l’auto-dérision, qui rendent vivantes ses saillies.
Un album sympathique, qui plaira aux amateurs de l’auteur.
Je retrouve Alicia Jaraba après son excellent Celle qui parle. Et cet album m'a moins convaicu.
Une BD qui nous plonge à la croisé des chemins d'un jeune couple. En effet, Aimée et Ulysse sont ensembles depuis des années, ces vacances en van aménagé semblent être la dernière chance pour recoller les morceaux. Un fossé s'est creusé, invisible, l'usure du temps, une communication difficile, les premiers doutes sur leurs attentes respectives sont des sujets qu'il va falloir aborder.
Une introspection (très bien l'analogie avec la plongée sous-marine) sous forme de road movie, où nos jeunes gens feront la rencontre d'un drôle de gugus qui aura un regard extérieur sur leur relation. Le récit reflète bien ce qui peut se passer dans une relation amoureuse en perte de vitesse, avec toujours cette envie de ne pas faire mal à l'autre. Mais doit-on sacrifier ses rêves pour l'être aimé ?
Une histoire dont on devine la fin inéluctable.
Je suis une fois de plus sous le charme du dessin d'Alicia Jaraba, son trait fluide et précis retranscrit les émotions.
Les couleurs sont lumineuses.
Du très bon boulot.
Une lecture où la tendresse transpire sur chaque planche, mais il m'a manqué une dose d'originalité.
J'ai démarré la lecture un peu septique. Et puis il faut bien avouer que ça fonctionne.
Le côté décalé mais normal des choses rend l'ensemble très cool. En particulier grâce à Fabienne, la grenouille et femme de notre héros, qui donne une saveur particulière à ce cocktail décalé, patiné de dessin pour enfant faussement naïf.
Sans ce côté créatif et légèrement loufoque, sur le fond rien de transcendant sur le scénario en lui même, parfois un peu top léger même si c'est fluide et plaisant à lire. D’où une note de 3/5.
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La Belle et la Bête (Tabou)
Trif s’est fait une spécialité de l’adaptation des contes célèbres dans une version très érotique. Avec celle-ci, je me suis longtemps demandé s’il n’était pas devenu plus « sage » dans ses illustrations. En effet, la première scène de sexe n’apparait qu’après la quarantième page du premier tome – même si la « Belle » passe l’essentiel des pages quasiment nue. Plus de sensualité donc que de porno – même si les dernières pages de ce tome sont un peu plus corsées, et si quelques scènes – de masturbation essentiellement – se greffent au récit tout au long de son déroulé. Le second album joue sur le même registre. Car Trif livre là une version finalement soft, jouant davantage sur un érotisme latent, sur les désirs (de la Belle comme de la Bête) presque retenus. Le résultat est fluide et agréable, bien plus fin que la plupart des œuvres du genre. Le dessin de Trif – qui met l’accent sur les gros plans et les corps des personnages – est aussi pour beaucoup dans le plaisir de lecture. C’est plutôt une belle adaptation de cette histoire, dont je ne connaissais que les versions de Cocteau ou de Disney.
Huck
Un récit feel-good, mais cette tonalité est poussée à l'extrême ici. Le personnage principal est légèrement niais, il a été élevé par une mère adoptive, sa mère biologique l'ayant abandonné à sa naissance. Il vit dans une petite ville reculée du Maine. Huck, c'est son nom, ça ressemble fortement à Hulk, il en a d'ailleurs la force herculéenne. Mais il a aussi le don de pouvoir retrouver tout être vivant où qu'il se cache. Mark Millar prend le parti pris de pousser à l'extème son idée de départ, et son récit en pâti. Il est simpliste et le déroulé de l'histoire manque cruellement de vraisemblance. Mais malgré cela, j'ai passé un moment agréable aux côtés de Huck, sa gentillesse, son innocence et la narration rythmée m'ont fait passer outre tous les défauts de ce comics. Une lecture rayon de soleil. J'ai connu Raphael Albuquerque plus inspiré, mais son dessin fait le job : dynamique, lisible et agréable à regarder. Comme Erik et Gaston, je me sens incapable de mettre moins que 3 étoiles.
Jérusalem (Delcourt)
La proposition faite par cette trilogie est de raconter l'histoire de la ville de Jérusalem. Cette cité bâtie il y a plusieurs millénaires et qui constitue un carrefour prépondérant dans l'histoire des religions. Autant dire qu'il y a beaucoup à raconter. Notre récit commence non pas à la fondation de la ville, mais lorsque David en devint le roi. On découvre comment il a régné sur la ville, comment il l'a fait prospérer en dépit des complots et des guerres ambiantes. C'est le début de la légende de la ville. Puis David décline jusqu'à ce que son fils Salomon le remplace sur le trône. Lui aussi devra composer entre alliances, trahisons et prophéties pour gouverner la cité. Cela occupe une bonne première partie de l'album, et même si tout n'est pas approfondi et daté, cela donne une bonne vision des faits historiques marquants de l'époque. Par la suite le rythme s'accélère grandement et 40 ans de règne peuvent être expédiés en deux planches. Un mariage ou une alliance peut se sceller en une case. Les différents descendants du roi David se succèdent à vitesse grand V. En quelques cases on a droit aux principaux faits notables de leur mandat. Difficile d'aller dans les détails, les personnages s'enchainent un peu vite, et on n'a pas le temps de comprendre qui était le rival qu'on est déjà à la génération suivante. Le dessin sert efficacement le propos. Le trait est très lisible et il offre quelques belles vues de la cité. Résumer un millénaire d'Histoire en 180 planches impose forcément de faire des choix et prendre des raccourcis. Ce premier tome apporte, malgré cela, une vision synthétique et plutôt intéressante de ce pan de l'Histoire.
Sanda
2,5 Le moins qu'on puisse dire est que le scénario est assez original et totalement délirant comme les auteurs japonais ont le secret ! C'est tellement délirant que pendant un bon moment j'étais tout de même un peu perdu à la lecture des trois premiers tomes. Le début est quand même pas trop clair. Je comprends que les mangakas subissent la pression des votes des lecteurs et qu'il faut attirer l'attention dès le départ, mais je pense qu'un premier chapitre qui explique un peu plus l'univers où vit les personnages auraient été le bienvenue. Pour l'instant, je trouve que c'est quand même un peu le bordel au niveau du scénario: il y a des bonnes idées, mais elles sont souvent introduites mal. Il y a pleins de trucs qui semblent sortir de nulle part. Les scènes de combats ne m'ont pas intéressé non plus, je pense que je devins trop vieux pour ce genre de shonen. Au moins le ton est plus original que 'machin veut devenir le plus fort dans tel domaine'. Parmi les qualités de la série, les personnages sont attachants et le dessin est dynamique et expressif comme je l'aime.
Retour à l'Eden
Mouais. Je n’ai été que moyennement convaincu – en tout cas moyennement intéressé – par cet album. Pourtant j’aime bien ce format à l’italienne, et Roca est un auteur dont j’ai déjà pu apprécier plusieurs œuvres. Mais ici, j’ai trouvé que Roca n’avait pas forcément su retransmettre ce qui le touchait personnellement, dans ce récit qui s’intéresse à sa mère – et plus largement à la famille de celle-ci. En tout cas il n’est pas parvenu à dépasser ce regard filial pour faire du récit quelque chose de plus universel. Et ce récit/enquête, qui part de quelques photographies, s’il est pourtant lisible, ne m’a clairement pas captivé. Roca lui-même, ou d’autres auteurs espagnols (comme Jaime Martin) ont su retranscrire une époque lourde (l’Espagne franquiste) au travers d’un récit familial. Ici je reste sur ma faim. Note réelle 2,5/5.
Katya
Voici un récit qui est léger sur la forme (« l’intrigue » n’est pas étoffée, il y a peu de texte), mais assez lourd sur le fond. En effet, nous suivons une femme, Katerina (qui revient de Berlin où elle s’était installée quelques années auparavant pour gagner un peu d’argent pour aider sa famille) et qui revient chercher sa fille Katya dans sa région d’origine. Mais celle-ci, ce sont les environs de Grozny en Tchétchénie, au plus fort des « actions de l’armée russe. C’est dire que les décors que nous allons traverser et observer, derrière Katerina, ne sont que des villages voire des villes en ruines, des cadavres de chars. Et la certitude que Katya a été « enlevée » par les soldats russes lorsqu’ils ont rasé et massacré son village. Mais Katerina est tenace et veut savoir ce qui lui est réellement arrivée, et où elle se trouve. Tenace jusqu’à défier des officiers russes, probablement responsables de la disparition de sa fille. Au milieu des ruines et de l’horreur de cette Tchétchénie martyrisée, où la mort étend son règne, l’obstination de Katerina semble comme un défi fou. En tout cas elle entretient la petite flamme de la vie. D’autant plus qu’elle est aidée par un jeune homme quasi orphelin, et ces deux personnages, leur encontre en elle-même aussi d’ailleurs, sont la preuve que tout n’est pas perdu. Un album qui ne nous montre que quelques jours de vie sur les terres de la mort, mais cette tranche de vie est pleine d’espoir – on se raccroche à peu dans ces contrées ! J’ai eu du mal au départ avec le dessin de Schiffers, mais finalement j’ai trouvé son trait un peu minimaliste et hésitant assez beau, et raccord avec l’univers décrit. Note réelle 3,5/5.
Le Nom de la Rose
Manara s'attaque à un classique de la littérature, et je ne sais pas trop que penser du résultat. Déjà, soulignons que le livre de Eco est réputé lourd, dense et probablement inadaptable, même si le film de Jean-Jacques Annaud lui rend parfaitement hommage et réussit le tour de force de rendre une grande partie de sa force. Du reste, il est impossible d'adapter le labyrinthe de genre, d'idées et de motifs que Eco à tressé dans son ouvrage majeur. Si je parle du film, c'est qu'il me semble que Manara n'a pas dédaigné de le revoir avant de commencer son œuvre (ou de s'en inspirer) puisque de nombreux liens semblent se faire entre les deux. Notamment dans certains cadrages et quelques visuels que le film avait de marquant. Maintenant, concernant la BD en elle-même, je peux comparer avec le livre ce qui n'aurait pas grand intérêt. Mais je dirais que même une personne non-connaisseuse ne peut que ressentir l'adaptation. En effet, il y a une grande quantité de textes directement repris du livre, parfois explicatifs de ce que l'on voit par ailleurs (je pense à la séquence finale avec la fille) tout comme la narration fait très littéraire et manque un peu de travail d'adaptation. C'est dommage, j'ai l'impression que Manara à bien capté des choses du livre et se veut un transcripteur à la fois fidèle (presque trop) mais aussi personnel, ajoutant sa patte et son énergie (notamment dans le dessin). Sauf que je trouve pour l'instant que ça manque de corps, ça manque de clarté. Pour l'instant je n'aime pas plus que ça mais ça reste très lisible. Manara sait s'y faire, et je ne lui reproche rien à ce niveau ! Disons que je suis sur une réserve prudente en attendant la suite.
Je n'ai pas de projet professionnel
Sauf rarissime exception, même lorsque David Snug me propose quelque chose de très moyen, je suis toujours indulgent avec lui, tant j’apprécie la fraicheur de ses albums, très loin du main stream (dans le fond et dans la forme des propos). Si, comme à son habitude, on a droit ici à quelque chose d’autobiographique, avec pas mal de critiques sur les études sans « débouché » et le refus du salariat, cet album est centré sur la musique. Plutôt les musiques, auxquelles s’est frotté notre auteur anar/grunge/punk, jusqu’à trouver « sa voie » et former son groupe (très loin des sentiers battus forcément). Au milieu des coups de gueules et du franc parler habituels, Snug n’oublie pas là encore de glisser de l’humour, de l’auto-dérision, qui rendent vivantes ses saillies. Un album sympathique, qui plaira aux amateurs de l’auteur.
Loin
Je retrouve Alicia Jaraba après son excellent Celle qui parle. Et cet album m'a moins convaicu. Une BD qui nous plonge à la croisé des chemins d'un jeune couple. En effet, Aimée et Ulysse sont ensembles depuis des années, ces vacances en van aménagé semblent être la dernière chance pour recoller les morceaux. Un fossé s'est creusé, invisible, l'usure du temps, une communication difficile, les premiers doutes sur leurs attentes respectives sont des sujets qu'il va falloir aborder. Une introspection (très bien l'analogie avec la plongée sous-marine) sous forme de road movie, où nos jeunes gens feront la rencontre d'un drôle de gugus qui aura un regard extérieur sur leur relation. Le récit reflète bien ce qui peut se passer dans une relation amoureuse en perte de vitesse, avec toujours cette envie de ne pas faire mal à l'autre. Mais doit-on sacrifier ses rêves pour l'être aimé ? Une histoire dont on devine la fin inéluctable. Je suis une fois de plus sous le charme du dessin d'Alicia Jaraba, son trait fluide et précis retranscrit les émotions. Les couleurs sont lumineuses. Du très bon boulot. Une lecture où la tendresse transpire sur chaque planche, mais il m'a manqué une dose d'originalité.
Animan
J'ai démarré la lecture un peu septique. Et puis il faut bien avouer que ça fonctionne. Le côté décalé mais normal des choses rend l'ensemble très cool. En particulier grâce à Fabienne, la grenouille et femme de notre héros, qui donne une saveur particulière à ce cocktail décalé, patiné de dessin pour enfant faussement naïf. Sans ce côté créatif et légèrement loufoque, sur le fond rien de transcendant sur le scénario en lui même, parfois un peu top léger même si c'est fluide et plaisant à lire. D’où une note de 3/5.