Les derniers avis (112861 avis)

Par Lodi
Note: 5/5
Couverture de la série La Maison où rêvent les arbres
La Maison où rêvent les arbres

Les gens se plaignent de trop d'explications, mais quand on les laisse cogiter, dériver dans les songes, il n'y a plus personne ! Des êtres capables d'en rêver d'autres, les arbres, se rebellent contre les humains. Lesquels ne sont pas diabolisés, leur charge pèse trop sur les arbres, c'est tout, ils nous rejettent. Réaction vitale de la vie, bien évidemment de l'ordre du mythe ! Les arbres rêvant ne sont pas plus sympas que le commun des humains dont on peut penser qu'il vaut mieux qu'ils se purgent de leur agressivité dans la chasse qu'entre eux, et c'est bien vu, la vie n'est pas gentille, souffrance et mort existant bien avant l'espèce humaine et trouvant des développements inédits avec elle. Ce sont souvent les innocents qui paient pour les autres, ça aussi, c'est bien vu. Il y a une fin ouverte terrifiante : et si tout ce qui vient des arbres nous rejetait ? Les amateurs de BD savent qu'ils serait difficile de s'en passer, ne fut-ce que parce que les BD et autres livres se lisent surtout sur du papier tiré de leur coupe.. La petite fille, personnage principal, est la plus intelligente, sorte d'Alice au pays des merveilles d'un monde à peine esquissé opportunément recouvert de brume. Les animaux de rêve sont marrants, exemple l'enfant a peur de dormir à cause du monstre qu'elle craint qu'il y ait sous le lit ? L'animal dit qu'il y en a toujours un sur un ton normal, et comme si rien de mal ne pouvait en advenir. Pour une fois, Comes fait quelques références sur la BD, et en plus, elles ne tombent pas comme un cheveu sur la soupe. Chapeau l'artiste !

08/11/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 5/5
Couverture de la série Silence
Silence

Comes est vraiment très inégal, et par là, je vise surtout ses albums en couleur, dispensables que je noterais à 2 si je m'en donnais la peine. Son talent pour le noir et blanc égale les créateurs de Mort Cinder et Corto Maltese, ce n'est pas rien. Mais ses visages sont peu variés, oscillant souvent entre dégénérés de la campagne et visages à la Giacometti de partout. Encore que la vieille très ridée au visage de masque de La maison où rêvent les arbres, et l'ingénuité de sa petite fille amorcent une diversification passée incroyablement inaperçue ! J'aime l'exploration d'une ruralité non idéalisée mais défendue contre le mépris de trop d'urbains. Il y a des éclats de magie, offrant une évasion à certains mal intégrés par la société en raison d'un psychisme particulier comme le héros éponyme Silence, ou bien parce que femmes insoumises. L'appétence vers l'esthétique nazie me met mal à l'aise, me semblant présentée comme morbide, certes, mais aussi le privilège de certains êtres raffinés. Cependant, tout cela me semble non une complaisance idéologique, mais des résurgences historiques dans le psychisme des personnages et la prolongation perverse du romantisme allemand. Pour alléger un peu l'atmosphère, un humour bienvenue apparaît parfois. Mais à son meilleur comme ici, Comes mérite toutes nos étoiles.

08/11/2025 (modifier)
Couverture de la série Electric Miles
Electric Miles

Ok donc, il s’agit d’une fiction basée on l’imagine sur la fondation de l’Église de Scientologie par L. Ron Hubbard. Nous sommes dans un tome introductif où cette secte n’a pas encore de nom mais les parallèles paraissent évident : Wilbur Arbogast écrivain autrefois populaire pour le magazine Outstanding est cet écrivain de science-fiction raté qu’était Hubbard, et la dianétique de l’un c’est la psychogénie de l’autre. C’est une histoire qui va tourner autour de la mystification, de l’escroquerie intellectuelle, de la manipulation psychologique, et de carottage financier. Je pense que le clin d’œil au film Nightmare Alley est très clair, pour ceux qui ont la réf’. Voilà, il y a rien d’autre à dire de plus, si le sujet vous passionne, allez-y, c’est bien écrit, c’est du Brüno dans le style, donc ça se lit vite malgré la centaine de pages. Perso je ne suis pas trop dans ce genre d’ambiance en ce moment donc je fais l’impasse sur la suite. Une autre fois peut être…

08/11/2025 (modifier)
Par Chazelas
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Sherlock Holmes contre Arsène Lupin
Sherlock Holmes contre Arsène Lupin

Un graphisme emballant et des couleurs parfaites qui m’emmenent à l’interieur. Des personnages un tout petit peu en dessous des canons dans les dialogues, dans la mesure de leur ego. Il manque quelques planches pour mieux comprendre les passages de deduction de l’un et l’autre. MAIS je retrouve mes deux heros préférés avec un grand bonheur. Et une pointe d’acidité digne de "la ligue des gentlemens extraordinaires" Une tres tres bonne bd decouverte par hazard sur un rayon.

07/11/2025 (modifier)
Couverture de la série Polina
Polina

Une belle BD, très sensible, qui aborde la danse avec réalisme. J’ai aimé la progression de Polina, son rapport complexe avec son professeur et sa recherche d’émancipation artistique. Le dessin en noir et blanc, tout en légèreté, capte bien la grâce et la tension des corps. L’histoire est touchante, mais le rythme reste très lent et la narration assez silencieuse, ce qui peut frustrer par moments. On sent la profondeur du propos : la rigueur, le doute, la liberté, mais j’aurais aimé un peu plus d’émotion ou de densité narrative. Il est à noter qu’une polémique entoure l’auteur : certaines de ses œuvres (pas celle-ci) sont accusées de banaliser l’inceste et la pédocriminalité

07/11/2025 (modifier)
Couverture de la série Undertaker
Undertaker

Pas grand chose à ajouter à mes prédécesseurs, je fais partie des très satisfaits avec cette série. Depuis le début, la partie graphique est d’une solidité à toute épreuve. Ralph Meyer régale tout simplement, on savait qu’il avait du talent mais dans ce genre ça explose. Franchement rien à redire. Niveau histoire, on aura ses préférences en fonction des diptyques (4 à ce jour) mais ça ne faiblit pas (peut-être même l’inverse), c’est d’une belle constance. J’aime toujours autant le cynisme du héros, Jonas Crow est encore loin de m’avoir saoulé. Je suis même bien plus impatient (qu’avec les précédents tomes) de connaître la suite de ses aventures. Du très bon western avec juste ce qu’il faut de classique et différent. Une série qui monte tout doucement les marches des véritables poids lourds dans la catégorie.

07/11/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Les Grands Esprits se rencontrent - Une histoire des sciences de l'Antiquité à nos jours
Les Grands Esprits se rencontrent - Une histoire des sciences de l'Antiquité à nos jours

Documentaire destiné aux lecteurs de 9 à 109 ans (au-delà, c'est interdit), cette BD retrace, par grandes étapes et à travers quelques figures marquantes, l'évolution de la science depuis la Grèce antique jusqu'à nos jours. Après une page d'introduction avec un bref texte expliquant le contexte, chacun des courts chapitres met en scène deux enfants venus du futur pour interviewer les savants, les rencontrant successivement dans des mises en scène plus symboliques que réalistes, allant de Pythagore à Feynman, en passant les savants arabes du Moyen-âge mais aussi beaucoup de scientifiques féminines, l'accent étant mis sur le rappel que les femmes aussi ont compté pour les sciences. C'est une initiative sympathique, mise en image dans un style simple et accessible rappelant l'esprit des séries documentaires Casterman telles que L'Histoire de l'Art en BD ou L'Histoire de France en BD. La mise en scène reprend le bon principe de commencer simplement, en posant les bases de ce qu'est la science et comment se sont faites les premières découvertes et les premières hypothèses. Puis on voit comment les choses évoluent et s'affinent avec les siècles avant forcément de se densifier plus on s'approche de l'ère contemporaine et de l'accélération des progrès scientifiques. Toutes les étapes scientifiques et tous les scientifiques ne sont pas représentés, un choix a été fait par les auteurs mais il me parait valable et suffisamment cohérent pour ne pas entrainer de reproche. Le contenu est intéressant, allant à l'essentiel avec un ton léger, approprié pour une lecture jeunesse ou de pur néophyte. On notera toutefois que cela se complexifie un peu sur les derniers chapitres, ou du moins le texte se densifie ce qui peut faire décrocher certains. Je ne suis pas persuadé que tous les jeunes lecteurs seront assez motivés pour aller jusqu'au bout de l'album. Pour ma part, avec un bagage scientifique, j'ai trouvé la lecture plaisante même si j'y ai peu appris de nouveautés mais j'ai découvert avec intérêt la partie consacrée à l'âge d'or scientifique du monde musulman, période dont je connaissais l'influence, mais pas le détail.

07/11/2025 (modifier)
Couverture de la série Vertu de St-Cyr
Vertu de St-Cyr

Voilà une œuvre sur laquelle je ne sais pas encore pleinement quoi penser mais que je trouve indéniablement intéressante. Vertu de St-Cyr, avec son titre et sa couverture, m'a paru à l'origine être un banal récit historique vantant la gloire passée et (disons-le) grandement enjolivée (voire même inventée) de la France, le tout dans un enrobage "girl-power". Sauf que voilà, curieuse que je suis, j'ai quand-même essayé de voir de quoi il retournait et, quand j'ai vu qu'il s'agissait vraisemblablement d'un récit souhaitant surtout parler de sujets comme le harcèlement scolaire, l'élitisme bourgeois et la cruauté et le froideur d'un système patriarcal, j'avoue que j'ai sincèrement eu envie de voir de quoi il retournait. Vertu de St-Cyr nous raconte l'histoire de Vertu Dumas, une jeune femme souhaitant rejoindre les rangs de l'armée et qui devra faire face à un système archaïque, cruel et inhumain broyant chacun-e des élèves entrant dans l'école. Ou l'on plie, ou l'on casse. Vertu, orgueilleuse et désireuse de justice, fera tout son possible pour résister mais finira par rejoindre malgré elle l'infernale machine qui régit l'école, et c'est avec Ysaure L'Éstoiles, une jeune fille dont la vie sociale a été réduite en miette lorsque d'affreuses rumeurs sur sa soi-disante perte de virginité on commencé à circuler, et Alyosha Novotny, petit frère du grand chef de la bande dirigeante, secrètement homosexuel, que Vertu va commencer à instaurer une rébellion, une vengeance même. Bon, sur ce point, difficile pour moi d'en dire plus, c'est justement là que ce premier tome se termine. L'histoire est classique, la mise en scène ne m'a pas convaincue et le dessin, bien qu'expressif, ne me parle pas tant que ça. Sur ces points l'album ne m'a pas vraiment marqué en bien, et pourtant je vous ai partagé le fait que je le trouvais tout de même très intéressant lors de mon introduction. Pourquoi ? Parce que l'album ne mets pas des gants et souhaite aborder son sujet ouvertement et clairement. Harcèlement systémique, pression social, bizutages, peur, contrôle des foules, discours sexistes, racistes, classistes, nationalistes et homophobes normalisés et intériorisés, la radicalisation des pensées et des paroles, les beaux discours de façades et les actions "positives" qui ne font pas de vague, qui ne changent rien… On nous parle de tout, tout ce qui constitue un système social cherchant par tout les moyens à conserver des séparations de classes, de sexes/genres claires et qui cherche à se donner des airs de progressisme. Le fait que le récit et la mise en scène, tant dans les dialogues que dans l'usage de certaines commodités modernes, mélange le récit historique et certains us et coutumes de notre époque à nous nous rappelle le caractère intemporel de ce genre de récit. Au delà du caractère intemporel, il est aussi question d'un fonctionnement de pensée, d'une construction sociale qui refuse de mourir, qui se cache sous des atours progressistes et bien pensants mais qui continue bel et bien d'exister, d'agir, d'écraser les mentalités. La post-face où les autrices parlent de ce qui les a inspiré pour ce récit est justement intéressant. Le sujet de l'embrigadement et de la dichotomie entre les discours tenues et les actions effectuées par les classes dirigeantes, par les institutions nationales, sont encore bel et bien d'actualité. Donc voilà, même si la forme du récit ne me parle pas vraiment, que la narration m'a paru trop convenue, je reconnais amplement à cette création de ne pas être creuse et mièvre pour autant, d'être joliment travaillée et documentée dans son fond même. Je n'irais sans doute pas plus loin, faute d'attache, mais nul doute que d'autres personnes pour qui ce style parle plus sauront apprécier ce récit qui, je l'espère avec cette prémisse engageante (bien que classique), semble bien parti pour être a minima sympathique et réfléchie.

07/11/2025 (modifier)
Couverture de la série Anthologie - Fujimoto Tatsuki
Anthologie - Fujimoto Tatsuki

Je suis une grande admiratrice du travail de Fujimoto, alors même si je ne m'attendais pas à être transcendée par cette anthologie j'avoue avoir été très curieuse de lire les premières œuvres de l'auteur. Comme je m'y attendais, comme souvent de toute façon avec les premières œuvres, c'est très inégal. On reconnait déjà les thèmes chers à l'artiste, la complexité des relations humaines pour ne citer que la plus évidente. On retrouve sa passion pour le sujet de l'attraction sexuelle (souvent employée comme illustration d'un désir de connexion plus large), son goût pour les récits violents et surtout son amour des synopsis abracadabrantesques (pas nécessairement constaté son amour du cinéma qu'il exprimera pourtant dans ses œuvres postérieures cela-dit). Je n'ai pas aussi été touchée par ces récits que j'ai pu l'être face aux autres créations plus connues de l'auteur, mais bon je pouvais m'en douter, il s'agit ici de premières esquisses et de premiers faits d'armes. J'avoue néanmoins avoir bien apprécié les deux derniers récits du dernier tome, tous deux centrés sur des relations adelphiques complexes et sur la difficulté de la communication et de la compréhension d'autrui. Inégal, sans doute pas indispensable (surtout pour des personnes souhaitant découvrir l'auteur), mais j'avoue avoir tout de même trouvé la lecture intéressante. Note réelle 2,5.

07/11/2025 (modifier)
Couverture de la série Quartier Western
Quartier Western

Tehem es un auteur que j'apprécie, surtout quand il nous parle de son île d'adoption, La Réunion. La série propose un très sympathique récit choral autour de la boutique du "Chinois" amateur de photographie. En ce 22 septembre 1976, Titi, Gérard, Céline, Angelo, Turpin et ses fantômes vont être entrainer dans une folle sarabande où se mêlent zamal, rhum trafiqué, alcool à brûler, #dénoncemonporc et punition divine. La construction en quatre chapitres qui se recoupent parfaitement pour fournir de multiples rebondissements dans une progression qui ne dévoile rien du final. C'est aussi un prétexte pour nous décrire le ressenti d'un petit "Zoreille" qui vit au milieu de ce quartier cosmopolite dans un langage mi français mi créole très chantant et facile à lire. L'auteur utilise un univers animalier qui rend bien le cosmopolitisme de la situation dans un graphisme précis et dynamique. Ma seule réserve tient au choix d'un N&B qui nous prive des couleurs de l'île. Une belle découverte.

07/11/2025 (modifier)