Ah oui, non, là j'ai pas franchement aimé le récit. C'est imputable à deux soucis : déjà j'ai eu du mal avec l'adaptation, et ensuite j'ai eu du mal avec le type de récit.
L'adaptation de livre en BD souffre souvent d'un défaut que j'ai déjà repéré sur d'autres lectures : la volonté de reprendre la narration du livre. Hors si les deux médias (BD et livres) sont souvent identifiés comme proche, j'estime qu'ils sont fondamentalement différents sur la forme. La BD est une narration visuelle, le livre est une narration narrative. Lorsqu'on décrit dans un livre, c'est le choix du mot, de la phrase, du rythme qui crée la fluidité et le plaisir de lecture. Dans une BD, c'est le dessin, son arrangement, sa façon de rythmer la page, les temps de narration par phylactère qui ponctuent l'action.
Bref, c'est une façon tout à fait différente de traiter le média, et cela n'empêche pas la BD d'être bavarde (je pense à la série Le Tueur qui comprend de long monologues dudit tueur). Mais ici, je vois et je sens que le texte est celui du livre, de l'auteur d'origine. Sauf que si je veux ce texte, je peux aller voir le livre. Là, j'ai une BD et je trouve que commencer directement par cette voix-off omnisciente qui n'est ni la voix d'un protagoniste ni un descriptif, mais bien la narration de l'auteur, manque clairement d'intérêt pour moi. La lecture devient celle d'un texte de livre mis en image, parfois en dialogue. Mais j'ai passé une bonne partie du début de la BD à me dire que j'aurais aimé voir ce texte réellement adapté.
C'est dommage puisque la BD en elle-même pose une ambiance avec son dessin de bas-fonds parisien, de tripot paumé et de gueules abimés. Ce dessin aurait mérité d'être développé plus et d'être le vrai support de la narration. C'est un défaut formel à mes yeux, et ça m'a agacé plus qu'autre chose lors de ma lecture.
L'autre souci, donc, c'est que le contenu de la lecture est très typé polar noir et que j'étais pas franchement convaincu. Le milieu militant anarchiste, gauche revendicatrice et révolutionnaire, l'ambiance de fin de conviction dans une France qui s'assagit pourrait être intéressante. Mais il manque les motivations de leurs anarchismes, les raisons d'y croire encore et de lutter, les violences de ce monde existantes ... D'ailleurs que le seul personnage féminin du récit s'auto-qualifie de pute directement pourrait être un commentaire sur la place sociétale des femmes, mais ne sert à rien au récit. Si ce n'est qu'elle est sexy et qu'un des types veut -et va- se la taper. Merci la potiche qu'on aurait pu remplacer par une plante en pot !
Ce qui est le plus embêtant, c'est que tout le contexte anarchistes et gauche révolutionnaire prête à faire des attentats ne sert presque pas. Le récit aurait été le même avec des truands ordinaires sur un gros coups, à la différence d'un message final laissé par un des types sur les erreurs de son engagement. Sauf que ce message est trop tardif, il n'y a pas eu de vrai engagement de leurs parts et la finalité est celle d'un coup qui tourne mal, comme je l'ai vu dans des dizaines d'histoires avec de simples mafieux. Je ne comprends pas trop l'importance de ce passé politique, toujours en marge mais jamais clairement traité. C'est un coup manqué pour moi, ce qui aurait donné l'intérêt à l'histoire.
Bref, une histoire qui a deux gros défauts que je me devais de reprendre parce qu'ils m'ont clairement bloqué lors de ma lecture. J'en ressors sans avoir de eu de réel plaisir de lecture ni d'intérêt à long terme. Je laisse cette BD à ceux qui l'apprécient, je m'en vais lire autre chose !
Ce tome introductif se laisse lire sans trop de problème, avec un scénario à la fois solide, classique et sans surprise. J’avoue qu’il m’en faut un peu plus pour que cela soit réellement captivant, alors que le genre western m’intéresse – tout comme le monde amérindien et sa « rencontre » désastreuse avec les conquérants anglo-saxons.
A l’image du scénario, le dessin est lui aussi classique et sans surprise, sans aspérité et, osons le dire, sans trop de personnalité. Et la colorisation (assistée par ordinateur ?) ne donne pas un rendu fabuleux je trouve.
Pour revenir à l’histoire elle-même, elle se situe au milieu des années 1860, au moment où le flot de colons/militaires est sur le point de submerger les territoires pourtant « définitivement » accordés aux tribus des plaines par le traité de Fort Laramie. Je déplore au passage que Marc Bourgne n’ait pas précisé davantage les différents traités (à la fois les détails, mais aussi qui les a respectés, qui les a trahis), ce qui rend un peu confuse l’attitude des Lakotas et des Cheyennes (l’intrigue se déroule surtout au milieu des Sioux, avec Sitting Bull comme personnage charismatique). Personnage lui aussi présenté de manière confuse (une courte bibliographie est présentée en début d’album, mais elle m’a paru succincte et assez fragile).
C’est une femme de l’Est, photographe et peintre qui est le personnage principale de la série (et qui est franchement improbable dans la société de l’époque – que ce soit parmi les Blancs ou parmi les Indiens !). Attirée par l’Ouest sauvage, par les Indiens (et par un chef sioux en particulier…), elle cherche à témoigner sur ce monde indien, et s’insurge contre l’attitude des Blancs de la « frontier ».
Hélas, en plus du caractère improbable de cette partie de l’intrigue, le reste est décevant (que ce soit trop classique ou trop « facile »). C’est un peu gentil et manichéen, tout en manquant de profondeur et de dynamisme.
A voir ce que la suite donnera, mais en l’état, je suis sorti déçu de ma lecture.
*********************
Je reviens mettre à jour mon avis, après lecture/relecture de l'ensemble des trois tomes.
Certaines facilités sont encore notables (essentiellement autour du personnage central de Diane, et de ses allers-retours entre villages Lakotas et monde "blanc"), et certains passages manquent de liant, comme ce long passage où l'on nous explique le rituel du mariage chez les Lakotas (pas inintéressant, mais le ton employé, très "pédagogique", tranche trop avec la narration classique du reste de l'intrigue).
Mais, globalement, j'en suis venu à relativiser mes critiques initiales. En effet, ça se laisse lire agréablement, et les auteurs nous amènent tout naturellement au final, la bataille de la Little Big Horn (même si le personnage de Custer - sans aller aux outrances caricaturales de l'excellent film Little Big Man - aurait mérité d'être affiné: son côté raciste, arriviste et carriériste à outrance n'est pas trop visible).
C'est une série qui prend le temps de donner la parole aux Lakotas, sans trop les caricaturer, même si c'est parfois un peu simpliste (ce qui me ramène à la bibliographie citée en début d'albums, elle aussi très simple: au moins aurait-il fallu citer "Elan Noir parle", excellente porte d'entrée dans la pensée Lakota, qui plus est par quelqu'un qui était présent lors de la bataille de la Little Big Horn).
Mais les amateurs de westerns centrés sur les Indiens des plaines trouveront leur compte dans ce triptyque globalement bien mené, malgré les défauts évoqués plus hauts.
Je connais de loin l'auteur Golo Zhao dont j'ai directement reconnu le trait, mais c'est la première BD que je lis de sa part. Et c'est très mignon, peut-être un poil trop parfois, et quelque peu redondant dans les histoires présentées.
J'ai lu l'album sur quelques jours, puisqu'il s'agit de petites histoires indépendantes avec juste une personne qui lie les récits et sera le cœur de la dernière histoire. Chaque histoire est le récit d'une personne décédée et de sa vie, globalement autour des relations sociales. Celles-ci sont principalement amoureuses, mais il y a aussi des récits d'amitié qui parsèment l'ouvrage. Le tout dans une Chine contemporaine qui ne semble pas si dépaysante puisqu'on y retrouve les mêmes histoires : amitié qui s'effilochent, amour d'enfance, bagarres avec les grands, le temps qui passe ... C'est une série mignonne, parfois un peu trop à mon gout avec cette tendance à être trop sucrée et bon sentiment, mais de temps en temps ça ne fait pas de mal. Comme les carreaux de chocolat.
L'histoire est servie par un dessin tout en rondeur et très coloré. C'est assez clair et lisible, même si parfois (je suppose traduction oblige) il y a des pavés de textes imprimés en tout petit qui sont franchement pas facile à lire. L'absence de bulles ne les fait pas ressortir du paysage, ce qui est dommage. Mais en dehors de ce détail, c'est assez clair et lisible.
Je dirais juste que la dernière histoire m'a paru la plus incompréhensible, cependant. C'est sans doute dû à deux personnages qui ont presque la même tête (c'est intégré au récit) mais j'ai eu du mal à comprendre qui était qui et ce qu'il s'était passé. Une dernière histoire pas des plus simples donc, mais le reste est de bonne facture. Une lecture sympathique et distrayante.
Du bourrin, du n’importe quoi souvent, les dialogues et les rafales claquent à tout va. C’est souvent bête et con, mais dans le genre divertissement pas prise de tête, voilà une série qui propose quelque chose d’assez amusant.
Les premières pages donnent le ton, avec des dialogues très drôles, percutants, une chouette entame. La suite est plus inégale au niveau des dialogues – même si régulièrement des échanges jouissifs nous raccrochent aux personnages et à l’intrigue.
Car, en sus de dialogues très dynamiques, nous avons là quelques beaux spécimens d’abrutis, de déjantés (mais alors graves !), réunis dans tout petit périmètre perdu au cœur des États-Unis.
Et surtout régulièrement l’action prend le relai des dialogues, pour nous proposer une surenchère de mitraillages, avec un arsenal improbable.
Car tout ici est exagéré. De la connerie humaine (mention spéciale au shériff) en passant par l’histoire (souvent très très loufoque – avec ce bunker souterrain où une caricature de Frau nazie se prend pour une Frankenstein hitlérienne, créant la future race supérieure victorieuse, à base de cochon…), des bastons et courses poursuites (du Mad Max débile), rien n’est épargné au lecteur.
Un lecteur qui doit accepter pas mal de facilités scénaristiques, une succession de révélations elles aussi improbables dans le dernier tome à propos des protagonistes. C’est sans doute un peu trop, et le dernier tome est moins équilibré, jouant trop sur le dézingage à tout va.
Mais, globalement, c’est un très bon divertissement, une série B qui abuse des clichés (grosse nazie vicieuse, flic débile, ploucs dégénérés, un vieux fou vivotant dans une grange et quelques caravanes avec de quoi équipé un régiment de forces spéciales, etc.), mais qui ne se prend jamais au sérieux, l’humour faisant passer à peu près tout.
Un gros défouloir recommandé en tout cas.
Je pense que l’aspect fantastique aurait pu être évité, il est ici de trop (l’homme porc, les « pouvoirs » de la gamine sur la fin…).
Note réelle 3,5/5.
Encore une bande dessinée au fort potentiel qui se révèle frustrante... La vie de Takashi et Midori Nagai est probablement passionnante, mais Nathalie Fourmy peine ici à le rendre correctement.
La faute d'abord à une narration maladroite. Les dialogues et le situations sonnent souvent très artificiels et on a du mal à se plonger dans ces enchaînements parfois peu adroits, parfois juste anecdotiques, qui donnent l'impression qu'on a tellement voulu garder l'essentiel du récit qu'on a fini par en enlever tout ce qui l'aurait rendu plein de vie.
La faute ensuite à un dessin qui manque d'ampleur. Certes, Nathalie Fourmy a un vrai coup de crayon, on ne peut le lui enlever, mais ce dernier s'avère trop inégal. Certaines cases sont très belles, joliment épurées, et les personnages y sont très réussis, tandis que d'autres cases sont terriblement pauvres. Quand il s'agit notamment de raconter des épisodes guerriers, la qualité graphique s'amoindrit terriblement. A l'inverse, quand il s'agit d'évoquer la mort et le deuil, le dessin fait plutôt preuve d'une belle pudeur.
Dans tous les cas, il apparaît très clairement que Nagasaki 1945 est une hagiographie, c'est-à-dire une vie de saint (même si le couple Nagai n'a pas encore été canonisé par l'Église catholique, mais le processus est en cours), ce qui est logique puisque c'est la spécialité de l'éditeur Plein vent. Mais contrairement à d'autres, c'est probablement là où la bande dessinée est la plus naïve. L'autrice a beau essayer d'habiller ça comme pour ne pas tomber dans le prosélytisme, le ton reste très catéchétique. Et s'il est évident que tout le monde pourra admirer l'héroïsme, le dévouement et la force morale des époux Nagai, ceux qui n'aiment pas qu'on leur fasse la morale risquent de ne pas aimer la tonalité du récit.
Ce récit de conversion n'est jamais vraiment mis en perspective, jamais questionné autrement que sous l'angle des persécutions (bien réelles) du gouvernement japonais contre la religion catholique. Cette histoire est racontée de manière vraiment trop linéaire et naïve pour toucher d'autres publics que déjà acquis à la cause de l'autrice et de son personnage. Ce n'est pas un défaut en soi, dans la mesure où la démarche est assumée. Au vu du résumé, il est évident que l'éditeur s'adresse spécifiquement à un lectorat catholique. Cela n'empêchait peut-être pas, toutefois, d'avoir recours à un discours plus nuancé et moins didactique.
Je n'en reste pas moins satisfait d'avoir découvert la belle vie des époux Nagai, mais reste un peu frustré par cette impression de ne pas avoir lu un récit à la hauteur de ce qu'a pu être leur épopée.
J’ai été touché par ce récit même si je lui reproche quelques petits détails qui m’empêchent de lui accorder une autre note qu’un simple « pas mal ».
Débarrassons-nous directement de ces détails :
- J’ai eu du mal à « lire » certaines illustrations. Trop sombres, trop fouillis, trop énigmatiques, elles gâchent quelque peu la bonne impression laissée par d’autres planches que je trouve tout simplement magnifiques ;
- Le thème central du personnage féminin atteint d’une maladie incurable est complété en fin d’album par deux autres thématiques. Si je comprends encore l’intérêt de la première (et la parallèle que l’on peut faire entre cette maladie et l’extinction de masse dans laquelle nous sommes), la thématique de l’homosexualité m’est apparue clairement inutile. Si, à une époque, un héros de bande dessinée se devait d’être roux ou d’avoir un ami roux, aujourd’hui, dans les romans graphiques réalisés par une autrice, le personnage central se doit d’être lesbien. Et ce genre de stéréotype, à force, ça saoule. D’autant plus que, dans le cas présent, les préférences sexuelles de l’héroïne n’ont aucun intérêt et n’influencent en rien les thématiques de fond.
Mais, à côté de ça, j’ai vraiment bien aimé ce récit. Je l’ai trouvé très bien écrit (la scénariste est romancière à l’origine et cela se ressent). L’absence de dialogues devient une force et la narration renforce le sentiment pour le lecteur d’être à l’intérieur de la tête du personnage central, et d’ainsi mieux la comprendre (même quand elle agit comme une vraie conne).
Les illustrations sont souvent très belles même si très sombres. Il y a beaucoup d’images de nature et d’arbres sur lesquelles je me suis arrêté (parfois pour bien les « comprendre », c’est vrai, mais souvent aussi pour les admirer).
Un bel ouvrage. Pas parfait mais vraiment pas mal.
S'agissant d'un recueil de gags à l'humour absurde, limite franchement con, parus indépendamment dans Psikopat et L'Echo des Savanes, cette origine multiple apporte une certaine variété de genres (western, polar, SF, horreur, super-héros…), sans pour autant réussir à convaincre et à me faire rire.
Le style graphique volontairement rétro, très comics des années 60, vise clairement la parodie et le décalage. Reuzé pousse l'absurde très loin, parfois jusqu'à la saturation. Pris par petites touches, cela fonctionne un peu, mais lu d'une traite, l'effet d'overdose arrive vite : la surenchère finit par anesthésier l'impact comique. Trop souvent, j'ai eu l'impression que l'auteur trouvait une idée de gag à peine suffisante pour remplir un strip, puis étirait la sauce sur une ou deux pages sans jamais dépasser son concept initial ni ses conséquences prévisibles.
L'humour absurde a déjà été largement exploré dans ce registre. Je pense notamment à Alexis, dont le style réaliste et pince-sans-rire se rapprochait parfois de celui de ces planches, mais avec bien plus de surprise, de finesse et d'impact narratif. Ici, ces qualités font défaut.
Pour le dire simplement, les gags tombent à plat : je n'ai pas esquissé le moindre sourire.
J'ai acheté cet album en connaissance de cause, ayant bien noté qu'il était peu apprécié dans les avis ci-dessous. Mais je suis un grand fan d'Andreas, autant pour ses scénarios que pour son dessin, et je voulais voir ce qu'il avait apporté à cette collaboration avec Eddy Paape sur cette BD.
La contribution d'Andreas est en réalité difficilement perceptible. Le dessin adopte majoritairement le style de Paape, et ce n'est que dans la seconde histoire de l'album que j'ai reconnu la patte d'Andreas, notamment sur le personnage féminin et dans la mise en page d'une ou deux planches. Il semble que, pour le reste, il ait volontairement adapté son trait à celui de Paape. Ce n'est pas désagréable, mais c'est à mes yeux moins séduisant. On est sur un graphisme plus désuet, très ancré dans le moule des productions du journal Tintin des années 70. Ça a son charme, mais cela a clairement vieilli.
En revanche, je comprends le peu d'enthousiasme des autres lecteurs concernant le scénario. L'album propose deux histoires courtes fouillis, accumulant des péripéties mal agencées. Dès la première page, on a l'impression d'entrer dans une série au long cours, avec un héros déjà bien installé et des ennemis récurrents, alors qu'on n'a jamais entendu parler de cet univers auparavant.
Le personnage d'Udolfo, écrivain public qui se révèle être un super-enquêteur immensément riche, doté de multiples cachettes secrètes, paraît totalement artificiel. Son manque de crédibilité est tel qu'un épilogue tente de le justifier par une révélation de science-fiction aussi incongrue que proche du ridicule. Avant cette explication, le personnage apparaît surtout comme boursouflé d'ego, imbu de lui-même et excessivement favorisé par le scénario. Il m'a fait penser au Harry Dickson de Dupuis, dont certains épisodes récents présentent un héros presque détestable, sûr de lui, méprisant alliés et ennemis, persuadé d'être un surhomme tant intellectuellement que physiquement.
Quant aux intrigues, difficile de parler d'histoires cousues de fil blanc tant elles sont surtout artificielles et bancales. Les méchants mettent en place des machinations pour solliciter le héros parce que lui seul peut les aider, celui-ci se sort brillamment de toutes les situations, et les enchaînements n'obéissent qu'à une logique interne souvent hasardeuse. Les révélations et péripéties s'enchaînent de manière brinquebalante, soit peu crédibles, soit inutilement alambiquées au point d'en devenir confuses.
Bref, il s'agit d'une aventure à l'ancienne assez ratée, qui empile les clichés dans un ensemble maladroit, portée par un héros peu attachant et des intrigues artificielles.
Cette BD est l'adaptation d'un livre pour enfants de Tomi Ungerer. Elle raconte l'histoire d'un petit garçon ronchon qui en a assez que sa mère le couve et le traite comme un bébé. Il se considère désormais comme grand et estime avoir le droit d'être désagréable avec elle pour qu'elle le laisse tranquille. Cette colère, il l'emmène aussi à l'ecole, où elle l'entraine dans une bagarre avec le caïd de sa classe, qui se moquait de lui sur ce sujet.
C'est une histoire mignonne, à la morale juste. Les personnages sont des chats anthropomorphes, ce qui apporte une dose bienvenue de légèreté et d'humour, évitant le piège d'un conte moralisateur trop réaliste ou appuyé pour de jeunes lecteurs. On s'amuse notamment des pâtés de souris et autres spécialités très félines de cet univers. Pour le reste, il s'agit bien de la transposition d'un monde très humain.
Le dessin de Mathieu Sapin évoque celui de certains livres illustrés pour la jeunesse, comme les ouvrages de Roald Dahl illustrés par Quentin Blake, et fonctionne bien avec le genre et le public visé.
Le petit héros n'est pas très attachant au départ, tant sa colère et son mépris envers sa mère le rendent antipathique, mais c'est précisément le cœur du propos. L'intrigue apporte une réponse appropriée à ce comportement et se conclut de manière apaisante, ramenant le sourire.
C'est donc un album plutôt réussi et bien adapté aux jeunes lecteurs, auquel il peut offrir une piste de réflexion sur un sujet qui peut les concerner : vouloir grandir sans pour autant faire de peine a son entourage.
Au vu des couvertures et du casting, je m’imaginais bien – et je l’espérais très fort en fait ! – retrouver le plaisir ressenti à la lecture de Z comme don Diego.
Et c’est vrai que le trait hyper caricatural de Fabrice Erre, avec ses personnages difformes, ses gros nez, se prête très bien au comique loufoque et caricatural. Et encore une fois, il fait bien le travail.
Mais, hélas, Gilles Rochier ne parvient pas ici à concrétiser dans le premier album ce que Fabcaro avait réussi sur Z comme don Diego. En effet, l’humour est à la fois moins percutant et moins réussi. Ne reste qu’une certaine lourdeur, sans le gag final qui ferait passer la chose. C’est souvent poussif et peu drôle.
Certes, il y a bien quelques idées amusantes de-ci de-là (citations de films connus, personnages hors contexte – comme Lagerfeld dans le premier tome –, faire intervenir Dumas en panne d’inspiration, en bisbille avec un éditeur ou en proie à divers tracas domestiques, dans une mise en abîme qui aurait pu être davantage ou mieux exploitée), mais globalement ça m’a quand même laissé sur ma faim.
Reste que j’ai trouvé le deuxième album un peu meilleur que le premier, il y a plus de situations amusantes, et Rochier exploite un peu mieux les « à-côtés »: Dumas, la débilité des mousquetaires, et une Milady aux faux airs de Gargamel.
Note réelle 2,5/5.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Nada
Ah oui, non, là j'ai pas franchement aimé le récit. C'est imputable à deux soucis : déjà j'ai eu du mal avec l'adaptation, et ensuite j'ai eu du mal avec le type de récit. L'adaptation de livre en BD souffre souvent d'un défaut que j'ai déjà repéré sur d'autres lectures : la volonté de reprendre la narration du livre. Hors si les deux médias (BD et livres) sont souvent identifiés comme proche, j'estime qu'ils sont fondamentalement différents sur la forme. La BD est une narration visuelle, le livre est une narration narrative. Lorsqu'on décrit dans un livre, c'est le choix du mot, de la phrase, du rythme qui crée la fluidité et le plaisir de lecture. Dans une BD, c'est le dessin, son arrangement, sa façon de rythmer la page, les temps de narration par phylactère qui ponctuent l'action. Bref, c'est une façon tout à fait différente de traiter le média, et cela n'empêche pas la BD d'être bavarde (je pense à la série Le Tueur qui comprend de long monologues dudit tueur). Mais ici, je vois et je sens que le texte est celui du livre, de l'auteur d'origine. Sauf que si je veux ce texte, je peux aller voir le livre. Là, j'ai une BD et je trouve que commencer directement par cette voix-off omnisciente qui n'est ni la voix d'un protagoniste ni un descriptif, mais bien la narration de l'auteur, manque clairement d'intérêt pour moi. La lecture devient celle d'un texte de livre mis en image, parfois en dialogue. Mais j'ai passé une bonne partie du début de la BD à me dire que j'aurais aimé voir ce texte réellement adapté. C'est dommage puisque la BD en elle-même pose une ambiance avec son dessin de bas-fonds parisien, de tripot paumé et de gueules abimés. Ce dessin aurait mérité d'être développé plus et d'être le vrai support de la narration. C'est un défaut formel à mes yeux, et ça m'a agacé plus qu'autre chose lors de ma lecture. L'autre souci, donc, c'est que le contenu de la lecture est très typé polar noir et que j'étais pas franchement convaincu. Le milieu militant anarchiste, gauche revendicatrice et révolutionnaire, l'ambiance de fin de conviction dans une France qui s'assagit pourrait être intéressante. Mais il manque les motivations de leurs anarchismes, les raisons d'y croire encore et de lutter, les violences de ce monde existantes ... D'ailleurs que le seul personnage féminin du récit s'auto-qualifie de pute directement pourrait être un commentaire sur la place sociétale des femmes, mais ne sert à rien au récit. Si ce n'est qu'elle est sexy et qu'un des types veut -et va- se la taper. Merci la potiche qu'on aurait pu remplacer par une plante en pot ! Ce qui est le plus embêtant, c'est que tout le contexte anarchistes et gauche révolutionnaire prête à faire des attentats ne sert presque pas. Le récit aurait été le même avec des truands ordinaires sur un gros coups, à la différence d'un message final laissé par un des types sur les erreurs de son engagement. Sauf que ce message est trop tardif, il n'y a pas eu de vrai engagement de leurs parts et la finalité est celle d'un coup qui tourne mal, comme je l'ai vu dans des dizaines d'histoires avec de simples mafieux. Je ne comprends pas trop l'importance de ce passé politique, toujours en marge mais jamais clairement traité. C'est un coup manqué pour moi, ce qui aurait donné l'intérêt à l'histoire. Bref, une histoire qui a deux gros défauts que je me devais de reprendre parce qu'ils m'ont clairement bloqué lors de ma lecture. J'en ressors sans avoir de eu de réel plaisir de lecture ni d'intérêt à long terme. Je laisse cette BD à ceux qui l'apprécient, je m'en vais lire autre chose !
Le Sentier de la Guerre
Ce tome introductif se laisse lire sans trop de problème, avec un scénario à la fois solide, classique et sans surprise. J’avoue qu’il m’en faut un peu plus pour que cela soit réellement captivant, alors que le genre western m’intéresse – tout comme le monde amérindien et sa « rencontre » désastreuse avec les conquérants anglo-saxons. A l’image du scénario, le dessin est lui aussi classique et sans surprise, sans aspérité et, osons le dire, sans trop de personnalité. Et la colorisation (assistée par ordinateur ?) ne donne pas un rendu fabuleux je trouve. Pour revenir à l’histoire elle-même, elle se situe au milieu des années 1860, au moment où le flot de colons/militaires est sur le point de submerger les territoires pourtant « définitivement » accordés aux tribus des plaines par le traité de Fort Laramie. Je déplore au passage que Marc Bourgne n’ait pas précisé davantage les différents traités (à la fois les détails, mais aussi qui les a respectés, qui les a trahis), ce qui rend un peu confuse l’attitude des Lakotas et des Cheyennes (l’intrigue se déroule surtout au milieu des Sioux, avec Sitting Bull comme personnage charismatique). Personnage lui aussi présenté de manière confuse (une courte bibliographie est présentée en début d’album, mais elle m’a paru succincte et assez fragile). C’est une femme de l’Est, photographe et peintre qui est le personnage principale de la série (et qui est franchement improbable dans la société de l’époque – que ce soit parmi les Blancs ou parmi les Indiens !). Attirée par l’Ouest sauvage, par les Indiens (et par un chef sioux en particulier…), elle cherche à témoigner sur ce monde indien, et s’insurge contre l’attitude des Blancs de la « frontier ». Hélas, en plus du caractère improbable de cette partie de l’intrigue, le reste est décevant (que ce soit trop classique ou trop « facile »). C’est un peu gentil et manichéen, tout en manquant de profondeur et de dynamisme. A voir ce que la suite donnera, mais en l’état, je suis sorti déçu de ma lecture. ********************* Je reviens mettre à jour mon avis, après lecture/relecture de l'ensemble des trois tomes. Certaines facilités sont encore notables (essentiellement autour du personnage central de Diane, et de ses allers-retours entre villages Lakotas et monde "blanc"), et certains passages manquent de liant, comme ce long passage où l'on nous explique le rituel du mariage chez les Lakotas (pas inintéressant, mais le ton employé, très "pédagogique", tranche trop avec la narration classique du reste de l'intrigue). Mais, globalement, j'en suis venu à relativiser mes critiques initiales. En effet, ça se laisse lire agréablement, et les auteurs nous amènent tout naturellement au final, la bataille de la Little Big Horn (même si le personnage de Custer - sans aller aux outrances caricaturales de l'excellent film Little Big Man - aurait mérité d'être affiné: son côté raciste, arriviste et carriériste à outrance n'est pas trop visible). C'est une série qui prend le temps de donner la parole aux Lakotas, sans trop les caricaturer, même si c'est parfois un peu simpliste (ce qui me ramène à la bibliographie citée en début d'albums, elle aussi très simple: au moins aurait-il fallu citer "Elan Noir parle", excellente porte d'entrée dans la pensée Lakota, qui plus est par quelqu'un qui était présent lors de la bataille de la Little Big Horn). Mais les amateurs de westerns centrés sur les Indiens des plaines trouveront leur compte dans ce triptyque globalement bien mené, malgré les défauts évoqués plus hauts.
Passeur d'âmes
Je connais de loin l'auteur Golo Zhao dont j'ai directement reconnu le trait, mais c'est la première BD que je lis de sa part. Et c'est très mignon, peut-être un poil trop parfois, et quelque peu redondant dans les histoires présentées. J'ai lu l'album sur quelques jours, puisqu'il s'agit de petites histoires indépendantes avec juste une personne qui lie les récits et sera le cœur de la dernière histoire. Chaque histoire est le récit d'une personne décédée et de sa vie, globalement autour des relations sociales. Celles-ci sont principalement amoureuses, mais il y a aussi des récits d'amitié qui parsèment l'ouvrage. Le tout dans une Chine contemporaine qui ne semble pas si dépaysante puisqu'on y retrouve les mêmes histoires : amitié qui s'effilochent, amour d'enfance, bagarres avec les grands, le temps qui passe ... C'est une série mignonne, parfois un peu trop à mon gout avec cette tendance à être trop sucrée et bon sentiment, mais de temps en temps ça ne fait pas de mal. Comme les carreaux de chocolat. L'histoire est servie par un dessin tout en rondeur et très coloré. C'est assez clair et lisible, même si parfois (je suppose traduction oblige) il y a des pavés de textes imprimés en tout petit qui sont franchement pas facile à lire. L'absence de bulles ne les fait pas ressortir du paysage, ce qui est dommage. Mais en dehors de ce détail, c'est assez clair et lisible. Je dirais juste que la dernière histoire m'a paru la plus incompréhensible, cependant. C'est sans doute dû à deux personnages qui ont presque la même tête (c'est intégré au récit) mais j'ai eu du mal à comprendre qui était qui et ce qu'il s'était passé. Une dernière histoire pas des plus simples donc, mais le reste est de bonne facture. Une lecture sympathique et distrayante.
Valhalla Hotel
Du bourrin, du n’importe quoi souvent, les dialogues et les rafales claquent à tout va. C’est souvent bête et con, mais dans le genre divertissement pas prise de tête, voilà une série qui propose quelque chose d’assez amusant. Les premières pages donnent le ton, avec des dialogues très drôles, percutants, une chouette entame. La suite est plus inégale au niveau des dialogues – même si régulièrement des échanges jouissifs nous raccrochent aux personnages et à l’intrigue. Car, en sus de dialogues très dynamiques, nous avons là quelques beaux spécimens d’abrutis, de déjantés (mais alors graves !), réunis dans tout petit périmètre perdu au cœur des États-Unis. Et surtout régulièrement l’action prend le relai des dialogues, pour nous proposer une surenchère de mitraillages, avec un arsenal improbable. Car tout ici est exagéré. De la connerie humaine (mention spéciale au shériff) en passant par l’histoire (souvent très très loufoque – avec ce bunker souterrain où une caricature de Frau nazie se prend pour une Frankenstein hitlérienne, créant la future race supérieure victorieuse, à base de cochon…), des bastons et courses poursuites (du Mad Max débile), rien n’est épargné au lecteur. Un lecteur qui doit accepter pas mal de facilités scénaristiques, une succession de révélations elles aussi improbables dans le dernier tome à propos des protagonistes. C’est sans doute un peu trop, et le dernier tome est moins équilibré, jouant trop sur le dézingage à tout va. Mais, globalement, c’est un très bon divertissement, une série B qui abuse des clichés (grosse nazie vicieuse, flic débile, ploucs dégénérés, un vieux fou vivotant dans une grange et quelques caravanes avec de quoi équipé un régiment de forces spéciales, etc.), mais qui ne se prend jamais au sérieux, l’humour faisant passer à peu près tout. Un gros défouloir recommandé en tout cas. Je pense que l’aspect fantastique aurait pu être évité, il est ici de trop (l’homme porc, les « pouvoirs » de la gamine sur la fin…). Note réelle 3,5/5.
Nagasaki 1945
Encore une bande dessinée au fort potentiel qui se révèle frustrante... La vie de Takashi et Midori Nagai est probablement passionnante, mais Nathalie Fourmy peine ici à le rendre correctement. La faute d'abord à une narration maladroite. Les dialogues et le situations sonnent souvent très artificiels et on a du mal à se plonger dans ces enchaînements parfois peu adroits, parfois juste anecdotiques, qui donnent l'impression qu'on a tellement voulu garder l'essentiel du récit qu'on a fini par en enlever tout ce qui l'aurait rendu plein de vie. La faute ensuite à un dessin qui manque d'ampleur. Certes, Nathalie Fourmy a un vrai coup de crayon, on ne peut le lui enlever, mais ce dernier s'avère trop inégal. Certaines cases sont très belles, joliment épurées, et les personnages y sont très réussis, tandis que d'autres cases sont terriblement pauvres. Quand il s'agit notamment de raconter des épisodes guerriers, la qualité graphique s'amoindrit terriblement. A l'inverse, quand il s'agit d'évoquer la mort et le deuil, le dessin fait plutôt preuve d'une belle pudeur. Dans tous les cas, il apparaît très clairement que Nagasaki 1945 est une hagiographie, c'est-à-dire une vie de saint (même si le couple Nagai n'a pas encore été canonisé par l'Église catholique, mais le processus est en cours), ce qui est logique puisque c'est la spécialité de l'éditeur Plein vent. Mais contrairement à d'autres, c'est probablement là où la bande dessinée est la plus naïve. L'autrice a beau essayer d'habiller ça comme pour ne pas tomber dans le prosélytisme, le ton reste très catéchétique. Et s'il est évident que tout le monde pourra admirer l'héroïsme, le dévouement et la force morale des époux Nagai, ceux qui n'aiment pas qu'on leur fasse la morale risquent de ne pas aimer la tonalité du récit. Ce récit de conversion n'est jamais vraiment mis en perspective, jamais questionné autrement que sous l'angle des persécutions (bien réelles) du gouvernement japonais contre la religion catholique. Cette histoire est racontée de manière vraiment trop linéaire et naïve pour toucher d'autres publics que déjà acquis à la cause de l'autrice et de son personnage. Ce n'est pas un défaut en soi, dans la mesure où la démarche est assumée. Au vu du résumé, il est évident que l'éditeur s'adresse spécifiquement à un lectorat catholique. Cela n'empêchait peut-être pas, toutefois, d'avoir recours à un discours plus nuancé et moins didactique. Je n'en reste pas moins satisfait d'avoir découvert la belle vie des époux Nagai, mais reste un peu frustré par cette impression de ne pas avoir lu un récit à la hauteur de ce qu'a pu être leur épopée.
Dix ans
J’ai été touché par ce récit même si je lui reproche quelques petits détails qui m’empêchent de lui accorder une autre note qu’un simple « pas mal ». Débarrassons-nous directement de ces détails : - J’ai eu du mal à « lire » certaines illustrations. Trop sombres, trop fouillis, trop énigmatiques, elles gâchent quelque peu la bonne impression laissée par d’autres planches que je trouve tout simplement magnifiques ; - Le thème central du personnage féminin atteint d’une maladie incurable est complété en fin d’album par deux autres thématiques. Si je comprends encore l’intérêt de la première (et la parallèle que l’on peut faire entre cette maladie et l’extinction de masse dans laquelle nous sommes), la thématique de l’homosexualité m’est apparue clairement inutile. Si, à une époque, un héros de bande dessinée se devait d’être roux ou d’avoir un ami roux, aujourd’hui, dans les romans graphiques réalisés par une autrice, le personnage central se doit d’être lesbien. Et ce genre de stéréotype, à force, ça saoule. D’autant plus que, dans le cas présent, les préférences sexuelles de l’héroïne n’ont aucun intérêt et n’influencent en rien les thématiques de fond. Mais, à côté de ça, j’ai vraiment bien aimé ce récit. Je l’ai trouvé très bien écrit (la scénariste est romancière à l’origine et cela se ressent). L’absence de dialogues devient une force et la narration renforce le sentiment pour le lecteur d’être à l’intérieur de la tête du personnage central, et d’ainsi mieux la comprendre (même quand elle agit comme une vraie conne). Les illustrations sont souvent très belles même si très sombres. Il y a beaucoup d’images de nature et d’arbres sur lesquelles je me suis arrêté (parfois pour bien les « comprendre », c’est vrai, mais souvent aussi pour les admirer). Un bel ouvrage. Pas parfait mais vraiment pas mal.
La Limite n'a pas de connerie
S'agissant d'un recueil de gags à l'humour absurde, limite franchement con, parus indépendamment dans Psikopat et L'Echo des Savanes, cette origine multiple apporte une certaine variété de genres (western, polar, SF, horreur, super-héros…), sans pour autant réussir à convaincre et à me faire rire. Le style graphique volontairement rétro, très comics des années 60, vise clairement la parodie et le décalage. Reuzé pousse l'absurde très loin, parfois jusqu'à la saturation. Pris par petites touches, cela fonctionne un peu, mais lu d'une traite, l'effet d'overdose arrive vite : la surenchère finit par anesthésier l'impact comique. Trop souvent, j'ai eu l'impression que l'auteur trouvait une idée de gag à peine suffisante pour remplir un strip, puis étirait la sauce sur une ou deux pages sans jamais dépasser son concept initial ni ses conséquences prévisibles. L'humour absurde a déjà été largement exploré dans ce registre. Je pense notamment à Alexis, dont le style réaliste et pince-sans-rire se rapprochait parfois de celui de ces planches, mais avec bien plus de surprise, de finesse et d'impact narratif. Ici, ces qualités font défaut. Pour le dire simplement, les gags tombent à plat : je n'ai pas esquissé le moindre sourire.
Udolfo
J'ai acheté cet album en connaissance de cause, ayant bien noté qu'il était peu apprécié dans les avis ci-dessous. Mais je suis un grand fan d'Andreas, autant pour ses scénarios que pour son dessin, et je voulais voir ce qu'il avait apporté à cette collaboration avec Eddy Paape sur cette BD. La contribution d'Andreas est en réalité difficilement perceptible. Le dessin adopte majoritairement le style de Paape, et ce n'est que dans la seconde histoire de l'album que j'ai reconnu la patte d'Andreas, notamment sur le personnage féminin et dans la mise en page d'une ou deux planches. Il semble que, pour le reste, il ait volontairement adapté son trait à celui de Paape. Ce n'est pas désagréable, mais c'est à mes yeux moins séduisant. On est sur un graphisme plus désuet, très ancré dans le moule des productions du journal Tintin des années 70. Ça a son charme, mais cela a clairement vieilli. En revanche, je comprends le peu d'enthousiasme des autres lecteurs concernant le scénario. L'album propose deux histoires courtes fouillis, accumulant des péripéties mal agencées. Dès la première page, on a l'impression d'entrer dans une série au long cours, avec un héros déjà bien installé et des ennemis récurrents, alors qu'on n'a jamais entendu parler de cet univers auparavant. Le personnage d'Udolfo, écrivain public qui se révèle être un super-enquêteur immensément riche, doté de multiples cachettes secrètes, paraît totalement artificiel. Son manque de crédibilité est tel qu'un épilogue tente de le justifier par une révélation de science-fiction aussi incongrue que proche du ridicule. Avant cette explication, le personnage apparaît surtout comme boursouflé d'ego, imbu de lui-même et excessivement favorisé par le scénario. Il m'a fait penser au Harry Dickson de Dupuis, dont certains épisodes récents présentent un héros presque détestable, sûr de lui, méprisant alliés et ennemis, persuadé d'être un surhomme tant intellectuellement que physiquement. Quant aux intrigues, difficile de parler d'histoires cousues de fil blanc tant elles sont surtout artificielles et bancales. Les méchants mettent en place des machinations pour solliciter le héros parce que lui seul peut les aider, celui-ci se sort brillamment de toutes les situations, et les enchaînements n'obéissent qu'à une logique interne souvent hasardeuse. Les révélations et péripéties s'enchaînent de manière brinquebalante, soit peu crédibles, soit inutilement alambiquées au point d'en devenir confuses. Bref, il s'agit d'une aventure à l'ancienne assez ratée, qui empile les clichés dans un ensemble maladroit, portée par un héros peu attachant et des intrigues artificielles.
Pas de baiser pour maman
Cette BD est l'adaptation d'un livre pour enfants de Tomi Ungerer. Elle raconte l'histoire d'un petit garçon ronchon qui en a assez que sa mère le couve et le traite comme un bébé. Il se considère désormais comme grand et estime avoir le droit d'être désagréable avec elle pour qu'elle le laisse tranquille. Cette colère, il l'emmène aussi à l'ecole, où elle l'entraine dans une bagarre avec le caïd de sa classe, qui se moquait de lui sur ce sujet. C'est une histoire mignonne, à la morale juste. Les personnages sont des chats anthropomorphes, ce qui apporte une dose bienvenue de légèreté et d'humour, évitant le piège d'un conte moralisateur trop réaliste ou appuyé pour de jeunes lecteurs. On s'amuse notamment des pâtés de souris et autres spécialités très félines de cet univers. Pour le reste, il s'agit bien de la transposition d'un monde très humain. Le dessin de Mathieu Sapin évoque celui de certains livres illustrés pour la jeunesse, comme les ouvrages de Roald Dahl illustrés par Quentin Blake, et fonctionne bien avec le genre et le public visé. Le petit héros n'est pas très attachant au départ, tant sa colère et son mépris envers sa mère le rendent antipathique, mais c'est précisément le cœur du propos. L'intrigue apporte une réponse appropriée à ce comportement et se conclut de manière apaisante, ramenant le sourire. C'est donc un album plutôt réussi et bien adapté aux jeunes lecteurs, auquel il peut offrir une piste de réflexion sur un sujet qui peut les concerner : vouloir grandir sans pour autant faire de peine a son entourage.
Les Trois Mousquetaires (Rochier/Erre)
Au vu des couvertures et du casting, je m’imaginais bien – et je l’espérais très fort en fait ! – retrouver le plaisir ressenti à la lecture de Z comme don Diego. Et c’est vrai que le trait hyper caricatural de Fabrice Erre, avec ses personnages difformes, ses gros nez, se prête très bien au comique loufoque et caricatural. Et encore une fois, il fait bien le travail. Mais, hélas, Gilles Rochier ne parvient pas ici à concrétiser dans le premier album ce que Fabcaro avait réussi sur Z comme don Diego. En effet, l’humour est à la fois moins percutant et moins réussi. Ne reste qu’une certaine lourdeur, sans le gag final qui ferait passer la chose. C’est souvent poussif et peu drôle. Certes, il y a bien quelques idées amusantes de-ci de-là (citations de films connus, personnages hors contexte – comme Lagerfeld dans le premier tome –, faire intervenir Dumas en panne d’inspiration, en bisbille avec un éditeur ou en proie à divers tracas domestiques, dans une mise en abîme qui aurait pu être davantage ou mieux exploitée), mais globalement ça m’a quand même laissé sur ma faim. Reste que j’ai trouvé le deuxième album un peu meilleur que le premier, il y a plus de situations amusantes, et Rochier exploite un peu mieux les « à-côtés »: Dumas, la débilité des mousquetaires, et une Milady aux faux airs de Gargamel. Note réelle 2,5/5.