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Couverture de la série Stranger Things - Le voyage
Stranger Things - Le voyage

Quand j’ai ouvert Stranger Things : Le Voyage, j’ai immédiatement été plongé dans un thriller maritime oppressant. Être coincé sur un cargo avec une créature monstrueuse m’a tout de suite fait penser à Alien, mais transposé sur l’océan glacial plutôt que dans l’espace. La tension monte à chaque page. J’ai beaucoup aimé que Michael Moreci et Todor Hristov, les mêmes auteurs que Stranger Things : Kamchatka, aient réussi à créer un second one shot dans l’univers de Stranger Things. Les dessins de Hristov m’ont vraiment immergé dans l’ambiance. Les couleurs froides et sombres renforcent le sentiment de danger et d’isolement, et chaque planche me donnait presque l’impression de voir un film. Le seul petit bémol que j’ai ressenti, c’est que certains personnages secondaires manquent un peu de profondeur. J’aurais aimé pouvoir m’attacher davantage à eux, mais la tension constante rattrape largement ce point.

25/12/2025 (modifier)
Par Charly
Note: 4/5
Couverture de la série Légendes des Contrées Oubliées
Légendes des Contrées Oubliées

Dès les premières pages, j’ai eu l’impression de partir en voyage. Au début, tout semblait simple, presque tranquille. Mais très vite, j’ai senti que quelque chose se préparait. Il y a eu des moments où j’ai eu le cœur qui battait un peu plus vite, surtout quand les héros se retrouvent face à des choix difficiles. J’ai aimé me laisser surprendre. Parfois, j’étais perdu, mais ça ne m’a pas dérangé : ça faisait partie de l’aventure. À la fin, j’ai refermé la BD avec ce sentiment d’avoir vécu quelque chose d’important. Ce qui m’a touché, ce sont les idées derrière l’histoire. On parle de traditions, de secrets, de ce que les légendes peuvent faire à un peuple. J’ai senti une réflexion sur la peur et sur le poids du passé. Il y a aussi des moments sombres, où je me suis demandé : « Et moi, qu’est-ce que j’aurais fait à leur place ? ». Ce n’est pas juste une histoire de héros contre des monstres. C’est plus profond, et ça m’a fait réfléchir. Au début, je ne savais pas trop quoi penser des héros. Mais au fil des pages, j’ai appris à les aimer. Firfin m’a fait sourire avec son côté malin. Les nains, eux, m’ont impressionné par leur courage, même quand tout semble perdu. J’ai aussi eu des frissons avec certains personnages mystérieux. Parfois, j’avais envie de leur faire confiance, parfois non. Et c’est ça qui m’a plu : je me suis senti proche d’eux, comme si je faisais partie du voyage. Le dessin m’a donné une sensation étrange au début. C’est très détaillé, presque trop parfois. J’ai dû m’arrêter pour regarder chaque case. Mais plus j’avançais, plus j’ai compris que c’était ça qui donnait cette ambiance unique. Les couleurs sont un peu anciennes, mais elles collent parfaitement à l’histoire. J’ai adoré les paysages, qui m’ont fait rêver, et les créatures, qui m’ont parfois fait frissonner. À la fin, j’ai eu l’impression d’avoir traversé un monde entier.

25/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Fire Punch
Fire Punch

Bon, j'adore le travail de Fujimoto, j'ai déjà avisé la totalité de ses créations éditées en français, ne me restait plus que Fire Punch, la première œuvre du bonhomme dont on m'a parlé, celle dont j'ai entendu beaucoup de positif depuis si longtemps, celle qu'on m'a répété de lire maintes et maintes fois, ... Et que je n'avais ironiquement jamais lue jusqu'à présent. Verdict ? C'est du très bon... Mais également très imparfait. Allez, on accroche sa ceinture, c'est parti ! Dans cette histoire, le monde est ravagé par une nouvelle ère glaciaire, l'humanité est au bord de l'extinction, des gens dotés d'étranges pouvoirs jouent les élus divins, les prophètes ou, malheureusement, les batteries permettant au reste de l'humanité de tenir le coup. Agni, notre protagoniste, est doué d'un pouvoir de régénération. Sa capacité régénératrice est telle qu'il semble incapable de mourir, même après avoir été décapité, même après été immolé par des flammes qui consument tout ce qu'elles touchent jusqu'à destruction absolue. Et que se passe-t-il quand, un jour dramatique, un être qui jamais ne peut disparaitre entre en contact avec des flammes qui consument jusqu'à destruction totale de ce qu'elles ont touché ? Eh bien on obtient un feu éternel, un feu conscient puisque le pauvre Agni ne peut pas mourir, un feu souffrant car Agni brûle déjà depuis plusieurs années sans jamais s'éteindre, sans jamais perdre de vue son objectif : vivre et se venger. Enfin, "vivre", en tout cas, envers et contre tout. Une histoire de vengeance, de recherche d'un but, de souffrance et de désespoir humain, une histoire sur les pires aspects de l'humain aussi. Les personnages de cette histoire sont abjects, cruels, immoraux, comme souvent dans les récits post-apocalyptiques, l'humanité poussée dans ses derniers retranchements révèle ses tendances les plus sombres. Viols, ségrégations sexistes, meurtres à foison, cannibalisme, fanatisme, ... les personnages sombrent progressivement dans la folie ou bien ont déjà sombré il y a bien longtemps. Le sujet du fanatisme, de la facilité qu'ont les gens à croire des mensonges pour se rassurer et se persuader que tout ira bien, que tout a un sens, le fait que les mensonges (aussi légers soient-ils) peuvent avoir des conséquences désastreuses est assurément le sujet le plus proéminent de la série, par ailleurs. Bon, je trouve les personnages complexes et immoraux intéressants, l'histoire est simple, barrée mais prenante, j'ai un faible pour les récits sur la fin des choses (alors le post-apo j'aime beaucoup), c'est par Fujimoto dont j'apprécie habituellement l'écriture, pourquoi donc est-ce que je ressors mitigée de cette lecture ? Eh bien parce que l'œuvre est malheureusement fouillie, ou en tout cas je l'ai ressentie ainsi. Surtout dans la deuxième moitié des albums, j'ai vraiment ressenti que certains événements s'enchaînaient trop rapidement, que la psychologie des personnages (toute intéressante qu'elle soit sur le papier) prend parfois des directions un peu trop expédiées, que le côté fantastique de cette histoire prenait parfois trop le dessus, que les pouvoirs et explications devenaient parfois trop loufoques (en tout cas suffisamment pour me faire sortir du récit) - je pense notamment à tout ce délire autour se l'arbre, qui donne un final intéressant mais dont la justification et l'arrivée soudaine dans le récit m'ont vraiment semblé tirés par les cheveux. Il y aussi que les dessins, que je trouvais assez joliment travaillés au début de la série, m'ont semblé moins impactants sur la fin. Il y a toujours de très belles cases, la mise en scène reste travaillée, mais j'ai regretté la disparition de grandes cases extrêmement détaillées et les quelques folies de mise en scène que l'on avait notamment avec Togata jouant les "réals". Tiens, Togata, parlons-en ! Je ne serais pas négative sur le personnage, au contraire il est facilement mon préféré de cette histoire, je regrette juste un détail de la traduction VF à son égard puisque Togata est ici genré au féminin, par lui-même à plusieurs reprises, même après son coming out narratif, ce qui est très bizarre quand le personnage s'avère être une très bonne représentation d'un homme transgenre. Bon, par "bonne représentation" ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, les personnages sont tous immoraux et Togata ne fait pas exception. Pour vous faire un résumé rapide visualisez un sociopathe immortel passionné de cinéma, véritablement habité par une passion pour le septième art, et qui ne recule devant aucune dépravité, aucune cruauté, pour réaliser lui-même le film parfait. Il a un pet au casque, la narration littéraire se plie à sa volonté lorsqu'il est là et se permet un paquet de références cinématographiques, il est drôle, perturbant, tragique aussi (avoir un corps qui se régénère en permanence quand on n'est pas à l'aise dedans c'est on ne peut plus génant), ... bref, j'aime beaucoup Togata, je note d'ailleurs après lecture que c'est après son départ de la série que j'ai fini par pleinement me sentir détachée du récit, mais voilà je regrette ce défaut de traduction préférant visiblement le genré au feminin, même après découverte narrative de sa nature transgenre. C'est pas nouveau que la VF décide d'éclipser le côté trans d'un personnage, j'ai bien vérifié que ce n'était pas le cas en VO, ça fait chier, donc petit défaut à mentionner. Bref, l'histoire est intéressante, dérangeante même à plusieurs moments, mais se perd un peu narrativement vers la moitié, les délires incestueux du protagoniste m'ont un peu agacée sur la fin, il y a beaucoup de choses à dire sur cette série et pourtant j'en ressors vraiment mitigée. Je comprends pourquoi cette série a fait parler d'elle, pourquoi on m'en a dit tant de bien, mais je comprends aussi pourquoi ce n'est pas cette série là qui a pleinement fait exploser la popularité de Fujimoto. On reconnait déjà les prémisses d'autres de ses futures histoires mais in fine je préfère justement ces histoires antérieures, que je trouve plus finement travaillées, plus abouties. La série est bonne mais pas sûre que je la relise de si tôt.

25/12/2025 (modifier)
Couverture de la série La Branche Lincoln
La Branche Lincoln

Mouais. Disons que ça se laisse lire, paresseusement. On reste ici sur un créneau déjà bien encombré, mais qui peut avoir ses amateurs. A savoir un jeune héritier qui se retrouve au cœur d’un vaste complot, et qui va faire face à de multiples dangers – mais qui va bien sûr s’en sortir à chaque fois. Ça sent on le voit le déjà vu, dans Largo Winch par exemple, pour citer la tête de gondole du genre. Mais ici Herzet n’a pas forcément le talent de Van Hamme pour faire passer une foultitude de facilités scénaristiques. Surtout, il en fait trop, abuse de certains clichés, et multiplie les révélations improbables (en particulier cette attaque de parachutistes allemands aux États-Unis durant la seconde guerre mondiale, ou l’obscure affaire autour de la mort de Staline en URSS). Du coup on a beaucoup de mal à croire à ce complot d’un cartel de grands industriels, qui utilisent des informations secrètes d’un « shadow cabinet » américain (la « Branche Lincoln » donc) pour s’enrichir, en encourageant les conflits). Les clichés sont eux-aussi trop nombreux. Le héros infaillible, que rien n’avait préparé à affronter ce qui lui tombe dessus, et qui va s’avérer très fort en close combat, tireur d’élite (évidemment il avait été sélectionné en tir aux J.O. !), échappant aux fusillades, multiples tentatives d’assassinat, à des hordes de tueurs surentrainés, des services secrets et se moquant des enquêtes policières. Il est forcément accompagné d’une femme, journaliste, forcément jolie, et forcément toujours dénudée ou vêtue d’une mini-jupe. Un personnage tellement transparent qu’elle ne joue aucun rôle réel dans l’intrigue. Mais le héros lui-même est transparent, on ne s’attache pas à lui, il est froid, ne se pose pas trop de question. La narration n’est pas non plus emballante, les événements étant souvent plus « racontés » que « vécus », c’est parfois verbeux. Quant au dessin, c’est du classique pour le genre. Inégal, pas toujours réussi, plutôt s’améliorant au fil des tomes. Je ne suis a priori pas fan du changement en cours de série pour la colorisation. On a donc là une série à réserver aux amateurs du genre, du style « Largo Winch », mais je n’y ai pas trouvé mon compte.

25/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Atom Agency
Atom Agency

Une série sympathique, qui joue à fond la carte d'une certaine nostalgie. Visuellement d'abord, avec des récits se déroulant dans les années d'après guerre - avec des flash-backs durant la seconde guerre mondiale. Et un style graphique proposant une ligne claire modernisée (sans aller jusqu'à l'épure du style Atome - ce qui aurait encore plus justifié le nom du héros !), avec un dessin au trait faussement années 50, comme pouvait l'utiliser Franquin. Nostalgique aussi d'une époque, de son langage argotique, de certaines figures célèbres (acteurs surtout, chanteurs). Et une immersion dans le Paris de l'immigration arménienne. Mais c'est parfois déséquilibré : le premier tiers du deuxième tome est difficile à lire, tant les expressions argotiques ou en Arménien gênent la fluidité de la lecture. Cet album est d'ailleurs un peu moins réussi, avec une intrigue polar plus secondaire (elle est expédiée dans la seconde moitié de l'album). Mais le premier album est plus équilibré et sympa, plein d'une gouaille contagieuse. A re-découvrir...

25/12/2025 (modifier)
Couverture de la série It's lonely at the centre of the earth
It's lonely at the centre of the earth

J'avais trouvé interessants les albums de cette auteure que j'avais précédemment lus. Mais avec celui-ci j'en suis sorti clairement sur ma faim. En fait le dessin est agréable (même si les décors sont peu développés), Zoé Thogogood à du talent et parvient à faire passer pas mal de choses avec une économie de moyens. Mais ma lecture a été franchement ennuyeuse, au point que j'ai à plusieurs reprises zappé quelques passages. Le mal être et les questionnements de l'auteure, la possibilité du suicide, pourquoi pas ? Mais ici au bout d'un moment ça m'a laissé de côté. Plus que l'éventuel côté morbide c'est surtout que Thorogood n'a pas soigné rythme et "à côtés", en tout cas il m'a manqué quelque chose pour l'accompagner dans sa déprime.

25/12/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série U-9
U-9

Un véritable camouflet pour la Royal Navy. - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre, qui ne nécessite pas de connaissances préalables. Son édition originale date de 2025. Ila été réalisé par Jean-Yves Delitte pour le scénario, par Philippe Adamov (1956-2020) pour les dessins, ceux-ci ayant repris par Fabio Pezzi après le décès de l’artiste initial, avec une mise en couleurs réalisée par Douchka Delitte. Il comporte quarante-six pages de bande dessinée. Il se termine par un dossier de huit pages, rédigé par le scénariste, généreusement illustré par des documents d’archives, avec des parties portant les titres suivants : Il y a d’abord l’histoire, Touché, coulé !, U-Boot une arme allemande, Un engin sale et malodorant, … qui deviendra une arme terrifiante !, Le canon ou la torpille ?, De l’arme méprisée à l’exploit !, Et après ? Ils se croyaient invulnérables… Ils pensaient pouvoir couler les plus puissants des navires, comme David, qui avec une simple pierre, avait terrassé le géant Goliath. Mais ils auraient dû savoir que la flèche s’est toujours brisée sur l’armure. Leur submersible pouvait bien déplacer près de 800 tonnes et filer à plus de 15 nœuds, tout cela avait peu d’importance quand une masse qui déplace plus de 18.000 tonnes à 20 nœuds vous éperonne. Un sous-marin éventré gît par le fond, les cadavres des marins flottant entre deux eaux. En surface, les officiers commandant un énorme croiseur-cuirassé se félicitent : ils viennent d’heurter un sous-marin allemand, il y a enfin une justice ! Coupé en deux et pas un survivant. L’un d’entre d’eux a pu lire son immatriculation : U-29. Un autre renchérit : il paraît que cette saleté a attaqué au canon pas moins de six marchands en l’espace d’une semaine. Le troisième se félicite : une chose est sûre : ils entrent dans l’histoire leur HMS Dreadnought, malgré sa vétusté, est le premier cuirassé à couler un sous-marin. La scène se déroule à Pentland Firth, en Écosse le 18 mars 1915. À Danzig, dans l’empire allemand, le 4 août 1914, des marins sont en train de charger des torpilles dans un sous-marin. L’oberbootsmann les tance : ils doivent faire attention avec le palan, s’ils ne veulent pas les envoyer au Paradis avant l’heure ! Il y a plus de cent-soixante kilogrammes d’explosif dans ces cigares ! Si cela explose, il ne restera d’eux que des lambeaux de chair… sans même parler des autres navires qui les entourent. Otto Eduard Weddigen est rejoint par son frère Karl, ensemble ils grimpent la passerelle pour accéder au pont, où un officier tend un journal devant lui : ils sont en guerre contre l’Angleterre, la presse en fait écho ! Otto le sait déjà : il a reçu ses ordres, le jeu infernal des dominos a commencé. Il explique : un archiduc autrichien se fait tuer par un fanatique serbe et, au nom des alliances, toute l’Europe s’embrase. Y a-t-il vraiment quelque chose de réjouissant ? Les deux frères redescendent à quai : Otto explique à Karl qu’il va larguer les amarres pour aller à Heligoland, un bout de terre perdu dans la mer, le tout ne doit pas dépasser deux kilomètres carrés. D’autres ordres doivent l’y attendre. Karl s’emporte : Si c’est comme ça que leurs amiraux conçoivent la guerre, ce n’est pas demain qu’ils danseront sur les Champs Élysées ! Il faut attaquer sans attendre, comme l’a fait Bismarck en 1870. Attaquer ! Il est possible que le nom d’U-9 soit inconnu du lecteur et que ce dernier soit venu pour découvrir une nouvelle grande bataille navale dans cette collection dont il apprécie les caractéristiques. L’auteur sait inclure des informations de manière organique et bien dosée, c’est-à-dire sans tomber dans des pages d’exposition avec de longues cellules de texte en petits caractères. Progressivement, il distille les faits et les indications permettant de situer cette bataille dans le temps, de comprendre la nouveauté que représentent les sous-marins à l’époque, et de découvrir de quelle bataille il s’agit précisément et les caractéristiques qui la font sortir du lot, et qui l’ont fait passer à la postérité. Arrivé à la fin de cette histoire, le dossier vient apporter des compléments forts bienvenus : sur l’histoire du développement des sous-marins (Lequel peut être considéré comme avoir été le premier à mériter ce nom ?), sur le rapport de force entre un sous-marin et un croiseur-cuirassé, sur le temps qu’il a fallu pour que naisse la lutte anti-sous-marine, sur les circonstances qui ont fait que dans l’imagerie populaire d’aucuns attribueront la paternité de cette arme à l’Allemagne, sur l’évolution des sous-marins qui passent d’un engin sale et malodorant à une arme terrifiante, sur le choix de l’arme entre le canon et la torpille, et sur l’après. Cet ouvrage s’ouvre sur un mot du scénariste en mémoire de l’artiste, à l’époque où celui-ci dessinait les séries Le Vent des Dieux (tomes 1 à 5, 1985-1991), et Les Eaux de Mortelune (tomes 1 à 10, 1986-1998), toutes les deux écrites par le scénariste Patrick Cothias. Il explique que Philippe Adamov avait réalisé une vingtaine de pages crayonnées, avant de larguer les amarres définitivement, et qu’alors s’est posée la question de savoir que faire de ce travail inachevé. En fonction de sa familiarité avec l’œuvre de cet artiste (également la série L’impératrice rouge, avec Jean Dufaux, quatre tomes, 1999-2003), le lecteur peut identifier les pages en question, ou il peut constater qu’il ne ressent pas de différence entre les deux artistes. Comme à son accoutumée, la coloriste choisit une palette de teintes réalistes, un petit peu ternies et assombries, pour être en phase avec le sujet de la guerre, les morts au combat, et les affrontements. Elle sait jouer des nuances d’une même teinte pour accentuer le relief de certaines surfaces, pour nourrir les formes détourées, pour compléter les fonds de case, et même créer les cieux avec nuages et variation de luminosité, évoquer les reflets toujours changeant de la surface de la mer, rendre compte de l’exiguïté des coursives du sous-marin. Ainsi le lecteur peut ressentir l’ambiance d’un mois de septembre déjà rafraichi. Quoi qu’il en soit, le lecteur commence à tourner les pages, et il retrouve ce à quoi il s’attend visuellement : des militaires en train de parler, de belles cases mettant en valeur les navires de guerre, et bien sûr la mer. Il identifie tout de suite le savoir-faire du scénariste : une poignée de personnages nommés, ceux dont la postérité a retenu le nom, des discussions brèves régulièrement interrompues par le voyage en mer jusqu’à la bataille navale promise, et des personnages qui bougent. Pour ces derniers, les dessinateurs jouent le jeu : montrer ces hommes en train de parler, et représenter le décor avec un bon niveau de détail pour donner à voir l’environnement, que ce soit à terre ou à bord, en intérieur ou en extérieur. Il en découle une narration visuelle avec un rythme agréable, et des changements de décors réguliers apportant de la diversité. Bien évidemment, les deux dessinateurs se sont documentés sur les uniformes, les armes et les navires, et ils réalisent une reconstitution historique solide et fiable. L’enjeu du récit est d’arriver à la bataille navale en ayant informé le lecteur sur les forces en présence, sans se focaliser sur la vie à l’intérieur du long cigare de métal. Par voie de conséquence, les dessinateurs représentent aussi bien le port de Danzig, l’estuaire de la Forth, la rade de l’île de Heligoland, un cimetière de campagne, un bureau militaire allemand, et quelques zones du sous-marin. Bien sûr l’U-9 est également mis visuellement en avant, ainsi que les croiseurs-cuirassés britanniques, avec leurs armements, donnant lieu à quelques belles vues de ces navires en mer. Le scénariste installe progressivement les circonstances menant à la bataille, avec un certain naturel né l’expérience. La bataille elle-même se déroule en neuf pages, à la narration visuelle impeccable, limpide et factuelle. Dans le dossier final, le lecteur retrouve un résumé de la bataille, correspondant en tout point à ce qui est montré. Les auteurs restent dans ce registre factuel : des hommes normaux faisant leur métier, sans crise existentielle quant au fait de tuer des ennemis, c’est-à-dire des êtres humains, sans soif sanguinaire, sans rêve de devenir des héros de guerre, des supersoldats, ou de futurs officiers, que ce soit du côté allemand ou du côté britannique. Bref, une affaire rondement menée, sans chichi. Le lecteur en ressort avec une bonne compréhension du rôle joué par ce sous-marin, de l’effet de surprise dont profite son équipage, du fait d’équipages ennemis sans connaissance ou compréhension particulière de ce type d’attaque. En scénariste aguerri (c’est le cas de le dire), Jean-Yves Delitte sait intégrer quelques réflexions bien senties dans les dialogues. Le lecteur le constate dans les échanges entre les deux frères, celui qui commande un navire, et l’autre qui reste à terre dans une fonction administrative. Il apprécie plus le dialogue moins convenu entre deux marins : le premier expliquant au second que cette guerre se résume à des cousins qui s’entretuent, car les têtes couronnées de cette vieille Europe ont toutes des liens de parenté, ils vont être les témoins de la plus grande dispute familiale que le monde n’ait jamais connue. Au cours de la bataille, Otto Eduard Weddigen ne peut pas croire à la réaction totalement inconsciente des commandants britanniques qui n’ont aucune idée de ce qui leur arrive. Dans le même temps, une de ses réponses à un simple marin fait bien ressortir que les décisions du commandant engagent tous les membres de l’équipage, au risque qu’ils y perdent leur vie. Un tome de plus dans cette collection, avec plusieurs particularités. La première réside bien sûr dans la nature de la bataille du 22 septembre 1914, impliquant un sous-marin allemand. La seconde tient à Philippe Adamov qui a réalisé des planches différentes de celles sortant du moule habituel, avec une narration visuelle plus organique, à hauteur de simple mortel, ramenant le récit au niveau d’un reportage dépourvu de toute forme de glorification ou de dramatisation convenue. Un récit de guerre didactique, raconté avec honnêteté, contenant quelques remarques attestant d’une prise de recul.

25/12/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 2/5
Couverture de la série Les 7 vies de l'épervier
Les 7 vies de l'épervier

Se laisse lire. Relire ? Pas envie, le dessin ne m'ayant pas marqué. Sinon, bien sûr, les héros masqués et une plongée dans l'Histoire peuvent attirer, mais je trouve qu'on a fait bien mieux, alors… Juste pour rire, comment dénouer un nœud ? Le héros est bien fort, et il le faut pour vaincre un tas d'antagoniste. Mais allez savoir pourquoi, on veut s'en débarrasser. Comment faire ? Ben on lui envoie un antagoniste qui a appris à se battre à la samouraï, avec une épée de ce genre de guerrier. Et comme les deux sont plus tranchants que duellistes et épée occidentale, on dégage le héros. Et au Japon, ils font comment, s'ils veulent achever un héros ? J'imagine qu'ils font venir un guerrier d'Occident, qui lui tire tout simplement dessus : échange de bons procédés.

24/12/2025 (modifier)
Par grogro
Note: 4/5
Couverture de la série La Dent de l'iguanodon
La Dent de l'iguanodon

Ouais, c'est pas mal, même bien. Mais ça aurait pu être 'achement mieux. Bon déjà, le dessin n'est pas mon trop mon truc. Il fait le taf mais reste pour moi à l'état d'esquisse. Les personnages sont bien empoignés. On sent bien ce qui les anime. On sent leurs faiblesses et tout le poids de leur passé peser sur leurs épaules. L'histoire valait vraiment d'être racontée, et ça ramène un peu les pieds sur terre de se dire que oui, il y a deux cents ans, on en était encore (la Science) à lutter contre l'obscurantisme religieux, religion avec laquelle il fallait composer, quitte à tordre le récit scientifique pour le faire coïncider avec les textes bibliques. C'est peut être le scénar qui est peut-être un peu linéaire. Mais je fais mon difficile là ! La BD en tant qu'objet est soignée. Belle couv, reliure de qualité, donc solide. Chouette illustration qui induit d'ailleurs un peu en "erreur" sur le contenu graphique même. Non, au final, je ne vais pas faire le salaud. Je file 4/5, c'est pas de l'arnaque.

24/12/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 5/5
Couverture de la série Thermae Romae
Thermae Romae

Merveilleuse idée ! Et il n'y a rien de prétentieux chez les Japonais. L'auteur projette la façon nippone d'apprendre sur son Romain. Pas très exact historiquement, s'il est vrai que les Romains ont beaucoup imité, des Grecs, mais pas seulement. Autre objection à balayer : son Romain est anormalement peu curieux. Pardon, mais il est pile représentatif du Romain normal, sauf élite de l'élite intellectuelle, le Romain, pragmatique, s'occupe de ce qui marche ou pas, il y a peu de question du comment. Peuple bourré de rites mais sans mythes bien métaphysiques, qui reprend les résultats des Grecs en science sans trop s'attarder sur le cheminement intellectuel. Donc notre héros voit tout ce qu'il peut transposer dans ses thermes, et n'a pas l'idée d'aller explorer le nouveau monde des "faces plates". Pourquoi faire ? Son avance indique qu'on ne saurait le conquérir, et il ne semble pas tenté d'envahir Rome non plus, alors… Le Romain n'est pas un Carthaginois ou un Grec, la découverte du monde et lui, ça fait deux. Il ne conquiert et ne garde d'ailleurs que ce qu'il peut administrer, ainsi, Auguste dit basta ! L'idée étant de ne plus conquérir, on ne saurait administre ce qui déborde trop. Et non, ce n'est pas que pour empêcher un général victorieux de concurrencer son pouvoir par son prestige… Plus tard, Dioclétien coupera l'Empire en deux pour mieux administrer. Le Romain est pragmatique, il aime aussi dominer… Cela implique de ne pas se disperser, rien à voir avec les Gaulois et leurs druides, les Grecs et leurs philosophes et autres. Une chance pour l'auteur ! La monomanie de notre héros sur les bains n'aurait guère été crédible autrement. Là, si ! Le dessin ne se remarque pas, mais si on y pense… Il donne de la crédibilité question bains, on s'attache aux personnages, la lecture est dynamique. Parfait, donc !

24/12/2025 (modifier)