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Couverture de la série Lionel J. et les PD du cul
Lionel J. et les PD du cul

J’ai coutume de dire que les albums de Snug, par la grande fraicheur qu’ils montrent, et aussi grâce à l’anarchisme joyeux et bordélique, dénonçant le salariat, les médias et certains vices de la société libérale, ont presque toujours su m'intéresser. Hélas, ici je n’y ai pas trouvé mon compte. D’abord ici, contrairement à quasiment toutes les autres séries de l’auteur, ce dernier n’est pas le narrateur, et il n’y rien d’autobiographique. C’est un personnage animalier (un chat) qui mène la danse, rencontre un Lionel Jospin – qui vient de rompre avec la politique et déprime dans une cité – et qui forme, avec quelques loulous de cité, un groupe de hip-hop autour de la « star » qu’est Lionel (groupe qui porte le nom légèrement vulgaire qui exhibe sa poésie légère en couverture !). Si deux ou trois détails peuvent être amusants, et si un moment Snug fait passer certaines de ses idées (le hip-hop n’est clairement pas sa tasse de thé, et le socialisme libéral non plus !), le récit manque singulièrement d’intérêt, se finissant par un pugilat entre Jospin et Fabius sur le plateau de Michel Denisot. Snug a clairement fait des choses plus intéressantes ailleurs.

20/10/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Le Dernier été de mon innocence
Le Dernier été de mon innocence

J'ai acheté cette BD après l'excellent avis de Spooky (qui n'est pas passé avis de la semaine, quelle indignité !) mais j'avais déjà repéré cette BD chez mon libraire le matin même. Et si je l'ai acheté, ce n'est pas tant pour l'excellent avis qui a été posté, mais parce que j'aime bien l'auteur. Petite explication et retour en arrière : Antonin Gallo est un auteur de BD que j'ai connu à l'époque florissante des blogs-bd sur le net. Il avait, à cette époque, plusieurs publications de BD régulières comme Minito et la série "Oubliés !" dont le premier tome que je possède semble vouloir rester à jamais orphelin (snif ...). A l'époque, je suivais ses BD qu'il faisait avec sa comparse Marlène, autre dessinatrice de cette époque dont je ne trouve aucune nouvelle. Bref ! (je vais quelque part, promis) De cette époque donc est née une BD auto-éditée, "État des lieux". Enfin, éditée via le site Amilova, site de BD sur lequel il publiait régulièrement notamment "La vie rêvée des profs", encore un travail non publié. Tout le monde suit ? Cette BD "État des lieux" fut rééditée récemment (sans que je participe au kickstarter, ce qui me désole puisque j'ai perdu le tome de la première impression que j'avais), mais toujours en auto-édition. Et cette BD ici présente, "Le dernier été de mon innocence" est une forme de continuité de cette première publication. Cette longue digression est totalement inutile, mais j'aime bien ce que fait cet auteur et je me suis dit que c'était l'occasion d'en parler ! Bon, l'introduction faite, j'ai beaucoup appréciée cette BD. J'ai voulu parler de continuité, puisque j'ai reconnu certaines scènes issues de "État des lieux" redessinées ici avec un point de vue externe, celui de la fille (appelée Julie dans l'autre volume, mais ici Chloé). Mais pour le reste, ce gros album est tout à fait neuf et propose une histoire longue et sombre, même si la lumière apparait finalement au bout du tunnel. La BD est dense, même si elle est finalement assez rapide à lire au regard de la quantité de pages. C'est une histoire qui se déploie dans la durée en présentant cette jeune femme de petite ville, qui va connaitre un évènement bouleversant mais continuera à vivre. Et j'ai beaucoup aimé ce détail qui peut paraitre anodin mais fait tout le sel de cette BD : le temps. La BD étire son histoire entre bien avant l'évènement, décrivant les détails de la vie de cette jeune femme, puis étire à nouveau ce qu'il advint après. Et j'adore cette idée de décrire une chose horrible non pas seulement en tant que tel mais en l'intégrant dans un parcours de vie. Cela permet de mettre en lumière tout ce qui va se cristalliser autour et j'aime beaucoup le message que cela véhicule. Il faut dire que la BD ne sera pas tendre avec le personnage qui fera parfois des choix douteux, poussé par les évènements et son état d'esprit qui va l'emmener dans des plans foireux sans trop réfléchir. Et pourtant on sent que l'auteur a une grande affection pour son personnage, qui va évoluer et devoir s'en sortir malgré tout. Contrairement à certaines écritures faciles de personnages féminins de nos jours, ici il y a une vraie volonté de montrer que s'en sortir c'est avant tout l'entraide et la solidarité, notamment de genre ou de minorité. Parce que seul, on ne réchappe pas bien longtemps à la société. Le dessin de Antonion Gallo est semblable à celui que je lui connaissais et d'ailleurs un peu éloigné de son style dans Détox, où je lui trouvais un faux air de Jim. Ici c'est plus le trait de son blog, avec sa patte très personnelle (d'ailleurs je pourrais dire que ses personnage féminins ont tendance à souvent se ressembler si je voulais pinailler, mais on pourrait faire le même reproche à Manara). Les couleurs sépias évoquant les vieilles photographies et le contraste volontaire entre le passé et le présent au niveau de l'ambiance (dans les lumières) permettent de rendre instantanément visible les transitions. Et oui, je trouve que ça rend plutôt bien ! J'aimerai encore beaucoup m'étendre sur la BD, qui m'a vraiment beaucoup plu ! (et pas que parce que je suis l'auteur depuis des années) Son personnage est attachant, j'ai plongé tout de suite dans l'histoire et j'ai aimée son déroulé, parfois hors norme mais toujours logique. Et j'ajouterai que le récit sonne vrai dans bien des situations de ces petites villes de campagne, proche de là où je suis né. Des situations que j'ai connu, des ambiances que j'ai vu. Et de fait, ce qui me rend le plus triste dans tout ceci, c'est de me demander combien de jeunes filles que je croisais à cette époque ont finie par connaitre ce que Chloé à connue ... (Eh, franchement Monsieur To, c'est pour quand la réédition chez un éditeur de État des lieux qu'on puisse le mettre à côté dans la bibliothèque ?)

20/10/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 5/5
Couverture de la série Il était une fois en France
Il était une fois en France

Ouh, la belle claque que cette BD ! J'avais depuis très longtemps la série dans le viseur et j'ai enfin pu profiter de ma bibliothèque locale pour tout lire d'un coup. Et quelle lecture, c'est prenant et instructif, tout en posant de sérieuses questions sur l'humanité. Comme tout le monde, semblait-il, je ne connaissais pas cette figure contrastée de l'Histoire de France et de la Seconde Guerre Mondiale, mais je trouve que Fabien Nury a réussi un tour de force dans l'adaptation de la réalité à la BD. J'ai pu vérifier ensuite quelques détails qui me paraissaient presque trop gros pour être vrais, mais ils sont souvent ceux qui sont malheureusement très réaliste. Et quelle histoire ... Si je devais garder une idée de cette BD, c'est qu'il est facile de juger mais que personne ne nait saint ou salaud. Il n'y a qu'une infinité d'humains dans un monde qui n'est jamais tout noir ou tout gris. Que penser de Joanovici, après toute cette vie ? Quelle leçon en tirer, qu'en conclure ? Il est très très difficile de juger, et tant mieux. Le jugement, c'est dans un tribunal (et par sur Twitter), mais pour soi-même il est souvent bon de se l'interdire. En fait, au-delà de la figure sulfureuse du type, son parcours illustre bien les tensions qui habitèrent cette première moitié du vingtième siècle et les problématiques sociales, culturelles mais aussi économique de ce monde. Un milliardaire qui s'acoquine avec le pire de l'humain, mangeant aux deux râteliers et tentant sans cesse de sauver sa peau, jouant sur tout les tableaux pour toujours gagner ... Sa vie est sans doute moins "noble" et gentille que dans cette BD, mais elle montre ce que furent ces années-là, où tout devient progressivement permis. Le dessin de la BD va à merveille au récit, avec le trait de Sylvain Vallée qui se fait plaisir. Il croque des trognes, des gueules, des figures tout en ajoutant l'aspect historique bien travaillé dans les décors, les costumes mais aussi les types ayant réellement existé. Le tout fait rapidement immerger dans l'histoire et j'ai dévoré les six tomes en une soirée, happé par le récit et ne parvenant pas à m'en détacher. Sans fioritures, sans défaut, je trouve cette BD excellente. Le genre qui met une claque morale, celle où on se dit après que le monde n'est pas si simple à comprendre et que décidément, dans le pire des temps tout ce qui peut exister de l'humain ressort. Je ne peux que recommander cette lecture !

20/10/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 2/5
Couverture de la série Calpurnia
Calpurnia

Bon, j'ai lu le premier tome mais je ne pense pas lire la suite. C'est pas mauvais, mais clairement je m'en fiche. Je ne me suis pas spécialement intéressé à cette histoire de gamine de famille nombreuse dans un sud post-guerre civile. C'est mignon, elle apprend à être une bonne épouse mais se lie avec son grand-père et s'intéresse à l'entomologie. Et puis ... ben voila, avec quelques détails de vie d'enfants (premiers amours des frères, amitié qui évoluent, société de son époque ...), mais globalement j'avoue avoir été très indifférents à tout ce qui se passait. D'autant que le roman d'origine (et la BD du coup) ne semblent pas s'intéresser à la société d'ensemble. On voit juste des noirs en cuisine, mais ça ne semble choquer personne (évidemment) mais ce n'est pas non plus un sujet. D'ailleurs pas mal de choses qui pourraient être traitées ou au moins mises en lumière semblent assez peu évoquées. Il y a à peine quelques détails sur la condition des femmes (notamment à l'enseignement qu'on leur fournit) mais en dehors de quelques remarques du grand-père, ça ne vole pas très haut. En fait, je crois que l'aspect livre pour enfant ressort pas mal de l'ensemble et ça ne m'a pas du tout marqué. Contrairement à d'autres ouvrages du même genre, j'ai eu assez peu d'intérêt pour tout ce qui s'y est passé et j'ai fermé la BD en me disant que ça y est, je l'avais lu, et qu'elle allait quitter ma table de chevet. Et en fin de compte, j'aurais assez peu d'autres choses à en dire.

20/10/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
Couverture de la série Le Nom de la Rose
Le Nom de la Rose

Manara s'attaque à un classique de la littérature, et je ne sais pas trop que penser du résultat. Déjà, soulignons que le livre de Eco est réputé lourd, dense et probablement inadaptable, même si le film de Jean-Jacques Annaud lui rend parfaitement hommage et réussit le tour de force de rendre une grande partie de sa force. Du reste, il est impossible d'adapter le labyrinthe de genre, d'idées et de motifs que Eco à tressé dans son ouvrage majeur. Si je parle du film, c'est qu'il me semble que Manara n'a pas dédaigné de le revoir avant de commencer son œuvre (ou de s'en inspirer) puisque de nombreux liens semblent se faire entre les deux. Notamment dans certains cadrages et quelques visuels que le film avait de marquant. Maintenant, concernant la BD en elle-même, je peux comparer avec le livre ce qui n'aurait pas grand intérêt. Mais je dirais que même une personne non-connaisseuse ne peut que ressentir l'adaptation. En effet, il y a une grande quantité de textes directement repris du livre, parfois explicatifs de ce que l'on voit par ailleurs (je pense à la séquence finale avec la fille) tout comme la narration fait très littéraire et manque un peu de travail d'adaptation. C'est dommage, j'ai l'impression que Manara à bien capté des choses du livre et se veut un transcripteur à la fois fidèle (presque trop) mais aussi personnel, ajoutant sa patte et son énergie (notamment dans le dessin). Sauf que je trouve pour l'instant que ça manque de corps, ça manque de clarté. Pour l'instant je n'aime pas plus que ça mais ça reste très lisible. Manara sait s'y faire, et je ne lui reproche rien à ce niveau ! Disons que je suis sur une réserve prudente en attendant la suite.

20/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Je n'ai pas de projet professionnel
Je n'ai pas de projet professionnel

Sauf rarissime exception, même lorsque David Snug me propose quelque chose de très moyen, je suis toujours indulgent avec lui, tant j’apprécie la fraicheur de ses albums, très loin du main stream (dans le fond et dans la forme des propos). Si, comme à son habitude, on a droit ici à quelque chose d’autobiographique, avec pas mal de critiques sur les études sans « débouché » et le refus du salariat, cet album est centré sur la musique. Plutôt les musiques, auxquelles s’est frotté notre auteur anar/grunge/punk, jusqu’à trouver « sa voie » et former son groupe (très loin des sentiers battus forcément). Au milieu des coups de gueules et du franc parler habituels, Snug n’oublie pas là encore de glisser de l’humour, de l’auto-dérision, qui rendent vivantes ses saillies. Un album sympathique, qui plaira aux amateurs de l’auteur.

20/10/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 3/5
Couverture de la série Loin
Loin

Je retrouve Alicia Jaraba après son excellent Celle qui parle. Et cet album m'a moins convaicu. Une BD qui nous plonge à la croisé des chemins d'un jeune couple. En effet, Aimée et Ulysse sont ensembles depuis des années, ces vacances en van aménagé semblent être la dernière chance pour recoller les morceaux. Un fossé s'est creusé, invisible, l'usure du temps, une communication difficile, les premiers doutes sur leurs attentes respectives sont des sujets qu'il va falloir aborder. Une introspection (très bien l'analogie avec la plongée sous-marine) sous forme de road movie, où nos jeunes gens feront la rencontre d'un drôle de gugus qui aura un regard extérieur sur leur relation. Le récit reflète bien ce qui peut se passer dans une relation amoureuse en perte de vitesse, avec toujours cette envie de ne pas faire mal à l'autre. Mais doit-on sacrifier ses rêves pour l'être aimé ? Une histoire dont on devine la fin inéluctable. Je suis une fois de plus sous le charme du dessin d'Alicia Jaraba, son trait fluide et précis retranscrit les émotions. Les couleurs sont lumineuses. Du très bon boulot. Une lecture où la tendresse transpire sur chaque planche, mais il m'a manqué une dose d'originalité.

20/10/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
Couverture de la série Boulevard des monstres
Boulevard des monstres

Une cité peuplée de vampires, zombies, loups-garous, fantômes et autres aliens, vivant dans un monde coupé de celui des humains, où ils peuvent parfois se rendre pour leur travail consistant à les effrayer. Cette ville fragilement harmonieuse vacille lorsqu'une mystérieuse lumière tue successivement un vampire puis des loups-garous, déclenchant une série d'incidents et ravivant de vieilles haines. Au cœur de cette agitation, Gina, une zombie pâtissière mariée à un vampire, mène l'enquête pour sauver sa communauté. Sur le papier, le concept évoque un croisement entre Zombillénium et Monstres & Cie, dans une ville rappelant celle de Zootopie ou Top 10, où les animaux et super-héros seraient remplacés par des créatures d'Halloween, le tout embarqué dans une enquête improvisée teintée de satire sociale. Fred Pham Chuong livre des planches colorées, expressives et une galerie de monstres amusante. Son style, très inspiré des comics américains, dégage une belle énergie d'ensemble, même si le soin apporté à chaque page reste inégal : certaines donnent l'impression d'avoir été dessinées à la hâte. En outre, le foisonnement visuel, parfois brouillon, accentue la confusion d'un récit déjà trop chargé. Côté scénario, Paul Jenkins semble vouloir tout dire à la fois. Derrière les gags et les bons sentiments se cache une fable politique sur la peur, la manipulation et la tolérance, mais le propos, simpliste, se perd dans un enrobage trop appuyé. Les dialogues enfoncent les portes ouvertes, les personnages ne servent qu'à illustrer des idées et ont souvent des comportements qui sonnent totalement faux, et la narration se noie dans son propre univers. Le rythme narratif, décousu, donne l'impression que les protagonistes vivent des aventures plus claires dans l'esprit de leur auteur que dans celui des lecteurs. L'ambition est sincère, mais le ton hésite entre conte d'Halloween pour préados, pamphlet moralisateur et sitcom gothique. Il en résulte un récit bavard, confus et curieusement sans émotion, malgré quelques personnages qui auraient pu être attachants. Boulevard des Monstres voulait mêler humour, aventure et critique sociale dans une cité monstrueuse, mais finit par ressembler à une leçon de tolérance emballée dans un carnaval de clichés. Ma lecture fut laborieuse, pas foncièrement mauvaise, mais clairement bancale par moments.

20/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Animan
Animan

J'ai démarré la lecture un peu septique. Et puis il faut bien avouer que ça fonctionne. Le côté décalé mais normal des choses rend l'ensemble très cool. En particulier grâce à Fabienne, la grenouille et femme de notre héros, qui donne une saveur particulière à ce cocktail décalé, patiné de dessin pour enfant faussement naïf. Sans ce côté créatif et légèrement loufoque, sur le fond rien de transcendant sur le scénario en lui même, parfois un peu top léger même si c'est fluide et plaisant à lire. D’où une note de 3/5.

20/10/2025 (modifier)
Par Brodeck
Note: 3/5
Couverture de la série Les Sentiers d'Anahuac
Les Sentiers d'Anahuac

Un album à lire pour son esthétique et l'intelligence du propos. Dytar mêle avec brio les deux cultures avec de superbes trouvailles graphiques. Ça vaut sans souci la lecture, il m'a cependant manqué un peu d'émotion pour être transporté complètement par le récit. La fiction cède le pas au documentaire. Ça devient une caractéristique de Dytar, pas étonnant qu'il ait intitulé une de ses premières œuvres Le Sourire des Marionnettes : il y a un petit côté pantin qui s'agite (parfois en vain) dans ses personnages que l'auteur, en artisan doué, anime sous nos yeux, qui sursaute une dernière fois avant son " nomiquizpan ". Avec Dytar, la vie ressemble souvent à un théâtre d'ombres, un brin désincarné, très cérébral, mais toujours intéressant et graphiquement épatant. Je n'ai pas vibré pour cet album, mais c'est un des livres de l'année malgré tout. Si vous aimez les œuvres sur l'histoire des Mexicas, le roman" Azteca " de Jennings est à lire. Note réelle : 3,5. 4/5 pour la réalisation, un bon 3/5 pour le plaisir éprouvé lors de la lecture.

20/10/2025 (modifier)