Voilà une série SF qui n’est pas forcément hyper originale, mais dont la lecture s’évère globalement agréable.
Déjà par son rendu graphique. Le dessin de Grun est fluide et plaisant. Surtout, j’ai vraiment bien aimé les décors, qui nous plongent dans une ambiance d’usine désaffectée, un univers pollué, grisâtre, marron. Il y a dans ces décors urbains quelque chose du travail de Bilal sur La Trilogie Nikopol, ou de Ricci sur Urban, en plus noir et crasseux. Dessin et colorisation plutôt chouettes et à mon goût donc.
Une société dominée par une dictature implacable, et quelques inévitables grains de sable qui essayent de se glisser dans la mécanique pour l’empêcher de fonctionner. Du classique donc, mais Corbeyran fait bien prendre la sauce, ménageant des surprises et des retournements de situation, évitant même les conclusions trop faciles : sans spoiler, j’ai bien aimé la fin, très noire.
J’ai aussi bien aimé que Corbeyran glisse dans les dialogues et l’intrigue des questionnements essentiels sur le pouvoir, le droit à la résistance, le sacrifice individuel au profit d’une idée de la liberté, etc.
Les personnages sont bien campés, et globalement crédibles (même si j’ai un chouia tiqué à propos des aptitudes quasi militaires du journaliste/héros/poil à gratter).
Une lecture plaisante et recommandable donc.
Ayant apprécié Les aventures de Philip et Francis, je me suis naturellement dirigé vers l'autre grande série de ce duo d'auteurs. Et bien m'en a pris, car voilà une grande réussite, peut-être plus encore que Philip et Francis ! On retrouve vraiment la même identité dans l'humour loufoque et la parodie maîtrisée, c'est un plaisir. Les deux premiers tomes nous proposent de véritables enquêtes à la Sherlock Holmes où Veys réussit le tour de force de nous proposer des scénarios qui auraient pu sortir de la plume de Sir Arthur Conan Doyle lui-même (plus ou moins, bien sûr), mais avec un humour absolument craquant, qui ne détruit jamais la qualité des scénarios. C'est tellement drôle que je me suis même surpris à éclater de rire à voix haute !
J'attendais donc avec beaucoup d'impatience le diptyque qui allait emmener Sherlock Holmes, Watson, Lestrade et Mrs Hudson en Inde. Paradoxalement, c'est justement ces deux tomes les plus prometteurs (à mon sens) qui sont les moins réussis. Ce qui ne signifie en rien qu'ils soient mauvais, mais l'aspect aventures rompt peut-être un peu trop avec la dimension policière inhérente au personnage de Holmes (même si Conan Doyle lui-même glissait une grosse part de pure aventure dans ses romans), et nous entraîne finalement plus sur une sorte de parodie de Jules Verne. C'est plaisant, mais l'humour hilarant est un peu dilué dans des péripéties qui ont pour mission première de faire avancer le récit, et le mélange fonctionne un peu moins bien. Cela n'en reste pas moins très agréable à lire, et l'ensemble fourmille d'idées très drôles malgré tout (simplement, elles sont moins exploitées que dans les autres récits de la saga).
Enfin, le dernier tome de la saga nous ramène aux fondamentaux et renoue avec l'aspect policier de Holmes, y compris dans les quelques histoires de deux pages qui concluent la série.
Au bilan, malgré une très légère baisse de régime en milieu de saga, Baker Street est un pilier très solide de la bande dessinée d'humour et surtout de la bande dessinée parodique, un genre où il est très difficile de trouver l'équilibre. La réussite de Veys et Barral est certainement d'avoir trouvé cet équilibre et d'avoir ainsi su rester dans les limites du bon goût du début à la fin, tout en sachant nous emmener sur leur terrain absurde et loufoque. Bref, une bande dessinée que je relirai facilement, et qui sera un bon antidote à la moindre baisse de morale qui s'annoncerait à l'horizon !
Un manga d'action assez bof.
Je trouvais cela intéressant un manga d'action mettant en vedette des mamans qui veulent rendre le monde meilleur, mais au final c'est juste une autre série de plus remplit de scènes d'actions et avec un scénario limité (en tout cas, c'est pas aussi profond que l'éditeur veut le faire croire). Alors certes on parle de la violence que subissent les femmes et les enfants, des sujets malheureusement d'actualité, mais bon j'ai passé l'âge des récits mettant en vedettes des méchants très méchant qui existent uniquement pour être tué par les héroïnes badass. Alors certes je hais les violeurs et ceux qui font du trafique d'être humains, mais je ne suis pas trop fan de l'idée que le monde va devenir meilleurs juste en tuant les méchants de ce monde.
Je me suis ennuyé en lisant les deux premiers tomes et je n'ai pas lu le troisième tome. Peut-être que la fin relève le niveau, mai honnêtement je m'en fous. Le dessin est correct.
Je ne m'attendais pas à être autant ému et émerveillé en lisant cette BD.
"De pierre et d'os" est une fidèle adaptation du roman du même nom de Bérengère Cournut, elle retrace le parcours de vie d'une jeune inuite, Uqsuralik. Et ce parcours ne sera pas des plus facile. La glace qui craque et qui la sépare de sa famille, elle va devoir vivre ou plutôt survivre avec quelques chiens et un minimum d'outils. Un parcours fait de rencontres, pas toujours bienveillante (le Vieux), qui la feront grandir et devenir mère. Un voyage initiatique, écologique et spirituel (avec les différents esprits locaux) qui m'a embarqué dès les premières planches. J'ai particulièrement aimé les passages où le chamanisme est présent. L'évolution d'Uqsuralik, entre tristesse et joie, au fil des années permet de découvrir le mode vie des inuits.
Une narration dominée par la voix off d'Uqsuralik qui donne ce ton envoûtant empreint de poésie et d'onirisme qui prend aux tripes. Une lecture que je n'ai pu lâcher avant sa conclusion avec ce doux parfum de résilience.
Un dessin puissant et immersif aux lignes expressives rehaussé par de superbes couleurs à l'aquarelle. Des visages taillés à la serpe, des panoramas qui en mettent plein les yeux. Certaines planches sont de véritables tableaux montrant toute l'immensité et la rudesse des lieux. Que dire aussi de cette pleine page sur le visage du Vieux après son acte ignoble : juste glaçant.
Magnifique.
Une adaptation réussie. Bravo à Krassinsky.
Coup de cœur.
Le scénario est signé par le normand Bruno Duhamel (né en 75), un bédéaste aussi à l'aise avec les pinceaux qu'avec la plume, et qui est coutumier des personnages un peu décalés, en marge de notre bonne société.
Pour cet album Whisky, il a confié le dessin au franc comtois David Ratte (né en 70) sur les conseils de l'éditeur et le résultat confirme la pertinence du tandem.
Les personnages et le canevas :
Un vieux SDF, c'est Théo. Un jeune réfugié kurde, c'est Amir.
Théo et Amir vont "trouver" un petit chien sympa comme tout qu'ils baptiseront Whisky.
Le SDF devient vite papy gâteux, comme tout le monde avec un chien comme celui-ci.
Le réfugié, lui, ne supporte pas la bestiole, « on n'a pas assez pour nourrir ». Un animal qui lui rappelle certainement son pays ravagé par la guerre, où les chiens tenaient plus de la hyène ou du chacal que du yorkshire sorti du toilettage.
Alors ménage à trois ? Ou pas ?
On aime :
Nos deux compères "vivent" tous deux sous le même pont mais ne partagent pas tout à fait valeurs et cultures, ce qui nous vaut de savoureux dialogues.
« [...] - Allez l'arabe ! Au boulot !
- Pas arabe. Kurde.
- Ouais, c'est pareil. Au boulot ! »
Leur boulot, c'est « du vrai boulot de survivaliste » : chaparder quelques fruits au marché et fouiller les poubelles, tout cela sous le regard bienveillant d'affiches publicitaires pour la nourriture ayurvédique pour chats ou les compléments alimentaires en gélules. Décalage, on a dit ?
Et puis il y a les petites leçons de vie dispensées par le vieux Théo, bougon et réac.
« [...] - Tu pas aimer artistes ?
- Leçon du jour mon gars ...
Si tu veux pouvoir profiter d'un des rares terrains vagues qui existent encore, ne laisse JAMAIS les artistes s'y installer !
Les artistes, c'est l'avant-garde de la bourgeoisie ! »
Côté dessins, une ligne claire classique et bien lisible, avec des personnages croqués comme il faut et bien expressifs.
Côté intrigue, on frôle parfois le gentil conte de Noël pour ados (ça se passe en hiver sous la neige) mais derrière cette façade charmante, Duhamel réussit à glisser quelques critiques acerbes sur notre société bien organisée pour vivre confortablement à l'écart de ses sdf. Il faut même plusieurs lectures pour en profiter pleinement.
Avec le duo Kurde/SDF qui fonctionne parfaitement (belle trouvaille), le scénario s'avère bien plus malin qu'on ne le pensait. L'album est plein de charme et de poésie (la vie des SDF n'est peut-être pas aussi sympa que cela) et les deux personnages - oops, pardon pour le chien - les trois personnages sont vraiment attachants.
Eclepsis, c'est une histoire classique qui arrive par je ne sais quel miracle à rester fraiche et intéressante.
Je m'explique : Eclepsis c'est le récit adolescent typique du jeune héros souhaitant à tout prix rejoindre la plus prestigieuse école de magie de son monde et qui, de fil en aiguille, se retrouvera impliqué dans des complots et autres situations géopolitiques par lesquel-le-s l'avenir de son monde dépendra.
Classique, donc, on pense directement à bon nombre de récits jeunesse sortis ces trente dernières années en entendant ce résumé.
Et pourtant, comme dit précédemment, malgré le fait que cette recette ai été maintes et maintes fois reprise (bien trop souvent malheureusement sans réel effort, comme si simplement reprendre une formule qui fait mouche sans la retravailler un minimum était gage de qualité), et bien que je ne suis pas nécessairement le public visé par ce genre de récits, ici j'ai été plus qu'agréablement surprise de ma lecture.
Déjà, le monde donne envie d'être découvert. Cela se joue à peu de choses, je sais, mais j'ai su être intriguée par la situation géopolitique un minimum complexe que propose cet univers, avec cet empire aux ambitions vraisemblablement colonialistes, ses relations tendues avec ses allié-e-s, la forêt de Gouès et son statut de paria auprès du reste du monde, la vision et l'approche différente de la magie, tant dans sa pratique que dans la culture qui est construite autour, qui diffère d'un endroit à l'autre, … Ce n'est pas grand chose sur la papier, mais pour lire souvent des histoires qui proposent des worldbuilding qui se veulent imposants et sérieux, je peux malheureusement attesté que ce petit rien n'est pas toujours réussi.
Ensuite, il y a les personnages. Ils sont simples et attachants. Notre protagoniste est pour l'instant assez peu défini, c'est le héros qui veut faire ses preuves, qui rêve de grandeur, non pas pour la gloire mais pour le plaisir de de découvrir et d'apprendre davantage sur ce qui fait la magie, qui souhaite bien faire mais qui commet souvent des erreurs sans le vouloir. C'est l'archétype souvent utilisé dans ce type d'histoire, mais là encore le tout parvient à faire mouche. Le personnage a également la particularité d'être transgenre, et j'apprécie le fait que cela est à la fois banalisé dans l'histoire (par sa magie son passing est assuré et dès lors qu'il quitte sa région natale personne n'apprend ni ne se doute de sa transidentité) et en même temps que cela influence son rapport avec le monde (rejet auprès de certain-e-s de ses proches, relation conflictuelle avec les codes de sa société et leur rapport aux genres, …).
Les adjuvant-e-s, que nous découvrons à peine pour le moment, sont là encore assez peu définis mais suffisamment bariolés pour marqué et faire que l'on s'attache un minimum à elleux : le flamboyant (et oisif) fils de riche, la fille du bas port extrêmement studieuse et compétente, sa petite amie qui lui donne la réplique, … Du classique mais du bon, encore une fois.
Vraiment, c'est tout ce que j'ai à dire après avoir fermé ce premier album : du bon.
C'est une formule vue et revue qui ne me parle pas spécialement plus que ça, mais pourtant ici ça marche, et je serais même tentée de lire la suite. Ne serait-ce que par curiosité.
Bonne surprise.
Une chouette petite série de Lemire. Tout y est léger je trouve, de l’intrigue au dessin. Mais c’est plaisant.
Le dessin donc, très classique pour cet auteur canadien, économe en moyens, en décors, avec un trait rageur pour les visages, taillés au scalpel, tout en maintenant une certaine douceur.
Et un passage du réalisme au fantastique lui aussi plutôt doux – avec la transformation du criminel en fuite en éphémère géant.
Le récit est lui aussi très simple dans le premier tome. Un polar rural sans fioriture, avec un braquage qui tourne mal, le braqueur blessé qui se planque dans une ferme, où la fille de la maison, malmenée par son père, ses camarades de classe – et par la vie ! – le cache et se lie d’amitié avec lui. Lemire explique bien en fin de premier tome son inspiration : ses décors d’enfance, ces histoires d’éphémère (il n’invente presque rien en fait).
Du coup on attend la conclusion avec une certaine impatience dans le second tome. Et je dois dire que, même si certaines choses m’ont échappé, je n’ai pas été déçu. Alors qu’une lecture récente de Lemire (Family Tree) m’a laissé sur ma faim, j’ai trouvé la lecture de ces Éphémères très agréable. Le fantastique passe très bien, poésie et douleurs intimes se mêlent agréablement, et on s’attache aux personnages.
Note réelle 3,5/5.
Les deux auteurs restent immanquablement attachés pour moi à la série Les Pionniers du Nouveau Monde, qu’il va bien falloir que j’avise d’ailleurs. Ils reviennent avec cet album en Amérique, un peu plus au sud-ouest, et plus tard.
Je les retrouve ici dans un western qui s’affiche comme une adaptation du très beau roman de Conrad « Au cœur des ténèbres ».
Disons que l’album se laisse lire, mais qu’il m’a déçu à plusieurs titres.
D’abord parce que justement je n’ai pas forcément retrouvé la folie et la noirceur du roman d’origine – même si certaines scènes en toute fin d’album tentent de nous faire passer cela, c’est trop peu et trop tardif. Et le personnage d’Adam Pyle n’a pas la profondeur et le mysticisme fou de Kurtz.
Ensuite parce que l’histoire elle-même manque d’originalité et se révèle un peu mollassonne.
Toute la partie autour des bergers et de leurs moutons est un peu longue, et la façon dont Norman résout le problème avec les cowboys pour traverser la ville est un peu facile et ne m’a pas convaincu.
Enfin, lorsqu’enfin la rencontre entre les deux frères a lieu, et qu’on rencontre enfin Adam, tout est expédié brutalement, ce qui contraste avec la longue attente préalable. La fin est frustrante et manque de « corps » (comme l’intrigue en fait).
Mais bon, ça se laisse lire, les auteurs ayant placé dans ce récit pas mal de clichés du western, les amateurs ne cherchant pas la surprise y trouveront une lecture d’emprunt pas désagréable.
Parmi les clichés, les paysages. Et là, Jean-François Charles nous montre sa passion pour les films de John Ford, et ses paysages mythique. Le dessin n’est pas forcément très dynamique, mais il y a de belles planches, dans un style relevant presque plus parfois de l’illustration, voire de la peinture.
C’est un roman graphique qui a parfois des airs de documentaire. En effet, l’imposante bibliographie finale, ainsi que le dossier qui la complète, montrent bien que l’auteur a fait en amont un travail de recherche digne d’un bon documentaire.
Ce travail fouillé se ressent dans le récit, qui est extrêmement dense au niveau des personnages. Il vaut mieux être un minimum au fait des grandes lignes de la révolution cubaine pour ne pas trop se perdre dans les méandres de ses multiples acteurs. Je possède quelques bases sur le sujet, mais j’ai à plusieurs reprises dû faire une pause pour bien situer tel ou tel personnages.
En tout cas du coup j’ai appris un certain nombre de choses. La principale – et non des moindres – est l’existence de cet autre front révolutionnaire indépendant des castristes, le Segundo Frente, qui de complémentaire, va devenir rival.
Le récit est intéressant aussi pour montrer comment une révolution est le fait de multiples aspirations, de multiples acteurs, qui peuvent durablement se désunir dès lors que l’ennemi commun est vaincu, et ce d’autant plus que le pouvoir est à portée de main. Les désillusions de ceux qui ont gardé une certaine idée « pure » de la révolution (notre « Yankee » entre autres) recoupent celles de nombre de révolutions (voir les révolutions française et russe).
Fidel Castro et le Che ne sont pas toujours ici à leur avantage, même si l’intransigeance du Che et les calculs de Castro peuvent trouver à être compris et défendus en partie dans le contexte de l’époque (mais la soumission du régime à l’URSS et la rigidification qui s’en est suivie, avec élimination de ceux qui n’entraient plus dans le cadre orthodoxe ne se justifie pas pour autant).
Le récit est intéressant, même si un peu fouillis donc. Je regrette juste que n’ait pas été suffisamment montré la pression américaine (CIA, milieux d’affaires et/ou mafieux), qui explique en très grande partie l’évolution du régime castriste. Il n’y avait pas forcément de fatalité à le voir tomber dans les bras de l’URSS de Khrouchtchev. Et si on doit comparer son régime, c’est avec le précédent de Batista, alors défendu par les « démocraties » qu’il faut le faire (et alors Castro s’en tire largement à son avantage).
J’ai bien aimé cette lecture en tout cas.
Concernant le dessin, disons qu’il fait le travail, et qu’il est lisible. Mais je l’ai trouvé irrégulier, et surtout les personnages en mouvement ne sont pas toujours réussis, c’est un peu maladroit.
Mais ceux que la révolution cubaine intéresse trouveront dans cet album – et dans le dossier qui le conclut – un point de vue intéressant, et relativement original.
J'hésitais depuis longtemps à acquérir cette BD, merci à Cacal69 dont l'avis m'a convaincu de franchir le pas.
" La Reine de Saba " est effectivement un bon et bel album qui permet d'approfondir sa connaissance des mythes, de découvrir ou redécouvrir le portrait de Makeba, courageuse reine qui fera commerce avec le roi Salomon après une rencontre mémorable.
C'est parfois épique (des séquences trépidantes avec ces deux soldats aguerris notamment qui sont prêts à tout pour protéger et servir leur reine) , souvent beau (la Mer pourpre qui occupe un rôle central dans cette histoire, les palais, les jardins de Salomon sont superbement évoqués), touchant (beau récit de filiation entre Makeba et son père), sensuel (un côté Mille et une nuits et une reine au physique légendaire qui fait tourner les têtes, suscite les convoitises) et bien écrit (l'auteur rend ce texte mythique aux personnages multiples très digeste à travers des dialogues efficaces et soignés).
Une très bonne lecture, donc, qui donne également envie de s'intéresser de près à un autre album de Jean-Marie Michaud : Le Mahâbhârata.
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Voilà une série SF qui n’est pas forcément hyper originale, mais dont la lecture s’évère globalement agréable. Déjà par son rendu graphique. Le dessin de Grun est fluide et plaisant. Surtout, j’ai vraiment bien aimé les décors, qui nous plongent dans une ambiance d’usine désaffectée, un univers pollué, grisâtre, marron. Il y a dans ces décors urbains quelque chose du travail de Bilal sur La Trilogie Nikopol, ou de Ricci sur Urban, en plus noir et crasseux. Dessin et colorisation plutôt chouettes et à mon goût donc. Une société dominée par une dictature implacable, et quelques inévitables grains de sable qui essayent de se glisser dans la mécanique pour l’empêcher de fonctionner. Du classique donc, mais Corbeyran fait bien prendre la sauce, ménageant des surprises et des retournements de situation, évitant même les conclusions trop faciles : sans spoiler, j’ai bien aimé la fin, très noire. J’ai aussi bien aimé que Corbeyran glisse dans les dialogues et l’intrigue des questionnements essentiels sur le pouvoir, le droit à la résistance, le sacrifice individuel au profit d’une idée de la liberté, etc. Les personnages sont bien campés, et globalement crédibles (même si j’ai un chouia tiqué à propos des aptitudes quasi militaires du journaliste/héros/poil à gratter). Une lecture plaisante et recommandable donc.
Baker Street
Ayant apprécié Les aventures de Philip et Francis, je me suis naturellement dirigé vers l'autre grande série de ce duo d'auteurs. Et bien m'en a pris, car voilà une grande réussite, peut-être plus encore que Philip et Francis ! On retrouve vraiment la même identité dans l'humour loufoque et la parodie maîtrisée, c'est un plaisir. Les deux premiers tomes nous proposent de véritables enquêtes à la Sherlock Holmes où Veys réussit le tour de force de nous proposer des scénarios qui auraient pu sortir de la plume de Sir Arthur Conan Doyle lui-même (plus ou moins, bien sûr), mais avec un humour absolument craquant, qui ne détruit jamais la qualité des scénarios. C'est tellement drôle que je me suis même surpris à éclater de rire à voix haute ! J'attendais donc avec beaucoup d'impatience le diptyque qui allait emmener Sherlock Holmes, Watson, Lestrade et Mrs Hudson en Inde. Paradoxalement, c'est justement ces deux tomes les plus prometteurs (à mon sens) qui sont les moins réussis. Ce qui ne signifie en rien qu'ils soient mauvais, mais l'aspect aventures rompt peut-être un peu trop avec la dimension policière inhérente au personnage de Holmes (même si Conan Doyle lui-même glissait une grosse part de pure aventure dans ses romans), et nous entraîne finalement plus sur une sorte de parodie de Jules Verne. C'est plaisant, mais l'humour hilarant est un peu dilué dans des péripéties qui ont pour mission première de faire avancer le récit, et le mélange fonctionne un peu moins bien. Cela n'en reste pas moins très agréable à lire, et l'ensemble fourmille d'idées très drôles malgré tout (simplement, elles sont moins exploitées que dans les autres récits de la saga). Enfin, le dernier tome de la saga nous ramène aux fondamentaux et renoue avec l'aspect policier de Holmes, y compris dans les quelques histoires de deux pages qui concluent la série. Au bilan, malgré une très légère baisse de régime en milieu de saga, Baker Street est un pilier très solide de la bande dessinée d'humour et surtout de la bande dessinée parodique, un genre où il est très difficile de trouver l'équilibre. La réussite de Veys et Barral est certainement d'avoir trouvé cet équilibre et d'avoir ainsi su rester dans les limites du bon goût du début à la fin, tout en sachant nous emmener sur leur terrain absurde et loufoque. Bref, une bande dessinée que je relirai facilement, et qui sera un bon antidote à la moindre baisse de morale qui s'annoncerait à l'horizon !
Mighty Mothers
Un manga d'action assez bof. Je trouvais cela intéressant un manga d'action mettant en vedette des mamans qui veulent rendre le monde meilleur, mais au final c'est juste une autre série de plus remplit de scènes d'actions et avec un scénario limité (en tout cas, c'est pas aussi profond que l'éditeur veut le faire croire). Alors certes on parle de la violence que subissent les femmes et les enfants, des sujets malheureusement d'actualité, mais bon j'ai passé l'âge des récits mettant en vedettes des méchants très méchant qui existent uniquement pour être tué par les héroïnes badass. Alors certes je hais les violeurs et ceux qui font du trafique d'être humains, mais je ne suis pas trop fan de l'idée que le monde va devenir meilleurs juste en tuant les méchants de ce monde. Je me suis ennuyé en lisant les deux premiers tomes et je n'ai pas lu le troisième tome. Peut-être que la fin relève le niveau, mai honnêtement je m'en fous. Le dessin est correct.
De pierre et d'os
Je ne m'attendais pas à être autant ému et émerveillé en lisant cette BD. "De pierre et d'os" est une fidèle adaptation du roman du même nom de Bérengère Cournut, elle retrace le parcours de vie d'une jeune inuite, Uqsuralik. Et ce parcours ne sera pas des plus facile. La glace qui craque et qui la sépare de sa famille, elle va devoir vivre ou plutôt survivre avec quelques chiens et un minimum d'outils. Un parcours fait de rencontres, pas toujours bienveillante (le Vieux), qui la feront grandir et devenir mère. Un voyage initiatique, écologique et spirituel (avec les différents esprits locaux) qui m'a embarqué dès les premières planches. J'ai particulièrement aimé les passages où le chamanisme est présent. L'évolution d'Uqsuralik, entre tristesse et joie, au fil des années permet de découvrir le mode vie des inuits. Une narration dominée par la voix off d'Uqsuralik qui donne ce ton envoûtant empreint de poésie et d'onirisme qui prend aux tripes. Une lecture que je n'ai pu lâcher avant sa conclusion avec ce doux parfum de résilience. Un dessin puissant et immersif aux lignes expressives rehaussé par de superbes couleurs à l'aquarelle. Des visages taillés à la serpe, des panoramas qui en mettent plein les yeux. Certaines planches sont de véritables tableaux montrant toute l'immensité et la rudesse des lieux. Que dire aussi de cette pleine page sur le visage du Vieux après son acte ignoble : juste glaçant. Magnifique. Une adaptation réussie. Bravo à Krassinsky. Coup de cœur.
Whisky (Duhamel/Ratte)
Le scénario est signé par le normand Bruno Duhamel (né en 75), un bédéaste aussi à l'aise avec les pinceaux qu'avec la plume, et qui est coutumier des personnages un peu décalés, en marge de notre bonne société. Pour cet album Whisky, il a confié le dessin au franc comtois David Ratte (né en 70) sur les conseils de l'éditeur et le résultat confirme la pertinence du tandem. Les personnages et le canevas : Un vieux SDF, c'est Théo. Un jeune réfugié kurde, c'est Amir. Théo et Amir vont "trouver" un petit chien sympa comme tout qu'ils baptiseront Whisky. Le SDF devient vite papy gâteux, comme tout le monde avec un chien comme celui-ci. Le réfugié, lui, ne supporte pas la bestiole, « on n'a pas assez pour nourrir ». Un animal qui lui rappelle certainement son pays ravagé par la guerre, où les chiens tenaient plus de la hyène ou du chacal que du yorkshire sorti du toilettage. Alors ménage à trois ? Ou pas ? On aime : Nos deux compères "vivent" tous deux sous le même pont mais ne partagent pas tout à fait valeurs et cultures, ce qui nous vaut de savoureux dialogues. « [...] - Allez l'arabe ! Au boulot ! - Pas arabe. Kurde. - Ouais, c'est pareil. Au boulot ! » Leur boulot, c'est « du vrai boulot de survivaliste » : chaparder quelques fruits au marché et fouiller les poubelles, tout cela sous le regard bienveillant d'affiches publicitaires pour la nourriture ayurvédique pour chats ou les compléments alimentaires en gélules. Décalage, on a dit ? Et puis il y a les petites leçons de vie dispensées par le vieux Théo, bougon et réac. « [...] - Tu pas aimer artistes ? - Leçon du jour mon gars ... Si tu veux pouvoir profiter d'un des rares terrains vagues qui existent encore, ne laisse JAMAIS les artistes s'y installer ! Les artistes, c'est l'avant-garde de la bourgeoisie ! » Côté dessins, une ligne claire classique et bien lisible, avec des personnages croqués comme il faut et bien expressifs. Côté intrigue, on frôle parfois le gentil conte de Noël pour ados (ça se passe en hiver sous la neige) mais derrière cette façade charmante, Duhamel réussit à glisser quelques critiques acerbes sur notre société bien organisée pour vivre confortablement à l'écart de ses sdf. Il faut même plusieurs lectures pour en profiter pleinement. Avec le duo Kurde/SDF qui fonctionne parfaitement (belle trouvaille), le scénario s'avère bien plus malin qu'on ne le pensait. L'album est plein de charme et de poésie (la vie des SDF n'est peut-être pas aussi sympa que cela) et les deux personnages - oops, pardon pour le chien - les trois personnages sont vraiment attachants.
Eclepsis
Eclepsis, c'est une histoire classique qui arrive par je ne sais quel miracle à rester fraiche et intéressante. Je m'explique : Eclepsis c'est le récit adolescent typique du jeune héros souhaitant à tout prix rejoindre la plus prestigieuse école de magie de son monde et qui, de fil en aiguille, se retrouvera impliqué dans des complots et autres situations géopolitiques par lesquel-le-s l'avenir de son monde dépendra. Classique, donc, on pense directement à bon nombre de récits jeunesse sortis ces trente dernières années en entendant ce résumé. Et pourtant, comme dit précédemment, malgré le fait que cette recette ai été maintes et maintes fois reprise (bien trop souvent malheureusement sans réel effort, comme si simplement reprendre une formule qui fait mouche sans la retravailler un minimum était gage de qualité), et bien que je ne suis pas nécessairement le public visé par ce genre de récits, ici j'ai été plus qu'agréablement surprise de ma lecture. Déjà, le monde donne envie d'être découvert. Cela se joue à peu de choses, je sais, mais j'ai su être intriguée par la situation géopolitique un minimum complexe que propose cet univers, avec cet empire aux ambitions vraisemblablement colonialistes, ses relations tendues avec ses allié-e-s, la forêt de Gouès et son statut de paria auprès du reste du monde, la vision et l'approche différente de la magie, tant dans sa pratique que dans la culture qui est construite autour, qui diffère d'un endroit à l'autre, … Ce n'est pas grand chose sur la papier, mais pour lire souvent des histoires qui proposent des worldbuilding qui se veulent imposants et sérieux, je peux malheureusement attesté que ce petit rien n'est pas toujours réussi. Ensuite, il y a les personnages. Ils sont simples et attachants. Notre protagoniste est pour l'instant assez peu défini, c'est le héros qui veut faire ses preuves, qui rêve de grandeur, non pas pour la gloire mais pour le plaisir de de découvrir et d'apprendre davantage sur ce qui fait la magie, qui souhaite bien faire mais qui commet souvent des erreurs sans le vouloir. C'est l'archétype souvent utilisé dans ce type d'histoire, mais là encore le tout parvient à faire mouche. Le personnage a également la particularité d'être transgenre, et j'apprécie le fait que cela est à la fois banalisé dans l'histoire (par sa magie son passing est assuré et dès lors qu'il quitte sa région natale personne n'apprend ni ne se doute de sa transidentité) et en même temps que cela influence son rapport avec le monde (rejet auprès de certain-e-s de ses proches, relation conflictuelle avec les codes de sa société et leur rapport aux genres, …). Les adjuvant-e-s, que nous découvrons à peine pour le moment, sont là encore assez peu définis mais suffisamment bariolés pour marqué et faire que l'on s'attache un minimum à elleux : le flamboyant (et oisif) fils de riche, la fille du bas port extrêmement studieuse et compétente, sa petite amie qui lui donne la réplique, … Du classique mais du bon, encore une fois. Vraiment, c'est tout ce que j'ai à dire après avoir fermé ce premier album : du bon. C'est une formule vue et revue qui ne me parle pas spécialement plus que ça, mais pourtant ici ça marche, et je serais même tentée de lire la suite. Ne serait-ce que par curiosité. Bonne surprise.
Les Éphémères
Une chouette petite série de Lemire. Tout y est léger je trouve, de l’intrigue au dessin. Mais c’est plaisant. Le dessin donc, très classique pour cet auteur canadien, économe en moyens, en décors, avec un trait rageur pour les visages, taillés au scalpel, tout en maintenant une certaine douceur. Et un passage du réalisme au fantastique lui aussi plutôt doux – avec la transformation du criminel en fuite en éphémère géant. Le récit est lui aussi très simple dans le premier tome. Un polar rural sans fioriture, avec un braquage qui tourne mal, le braqueur blessé qui se planque dans une ferme, où la fille de la maison, malmenée par son père, ses camarades de classe – et par la vie ! – le cache et se lie d’amitié avec lui. Lemire explique bien en fin de premier tome son inspiration : ses décors d’enfance, ces histoires d’éphémère (il n’invente presque rien en fait). Du coup on attend la conclusion avec une certaine impatience dans le second tome. Et je dois dire que, même si certaines choses m’ont échappé, je n’ai pas été déçu. Alors qu’une lecture récente de Lemire (Family Tree) m’a laissé sur ma faim, j’ai trouvé la lecture de ces Éphémères très agréable. Le fantastique passe très bien, poésie et douleurs intimes se mêlent agréablement, et on s’attache aux personnages. Note réelle 3,5/5.
Au coeur du désert
Les deux auteurs restent immanquablement attachés pour moi à la série Les Pionniers du Nouveau Monde, qu’il va bien falloir que j’avise d’ailleurs. Ils reviennent avec cet album en Amérique, un peu plus au sud-ouest, et plus tard. Je les retrouve ici dans un western qui s’affiche comme une adaptation du très beau roman de Conrad « Au cœur des ténèbres ». Disons que l’album se laisse lire, mais qu’il m’a déçu à plusieurs titres. D’abord parce que justement je n’ai pas forcément retrouvé la folie et la noirceur du roman d’origine – même si certaines scènes en toute fin d’album tentent de nous faire passer cela, c’est trop peu et trop tardif. Et le personnage d’Adam Pyle n’a pas la profondeur et le mysticisme fou de Kurtz. Ensuite parce que l’histoire elle-même manque d’originalité et se révèle un peu mollassonne. Toute la partie autour des bergers et de leurs moutons est un peu longue, et la façon dont Norman résout le problème avec les cowboys pour traverser la ville est un peu facile et ne m’a pas convaincu. Enfin, lorsqu’enfin la rencontre entre les deux frères a lieu, et qu’on rencontre enfin Adam, tout est expédié brutalement, ce qui contraste avec la longue attente préalable. La fin est frustrante et manque de « corps » (comme l’intrigue en fait). Mais bon, ça se laisse lire, les auteurs ayant placé dans ce récit pas mal de clichés du western, les amateurs ne cherchant pas la surprise y trouveront une lecture d’emprunt pas désagréable. Parmi les clichés, les paysages. Et là, Jean-François Charles nous montre sa passion pour les films de John Ford, et ses paysages mythique. Le dessin n’est pas forcément très dynamique, mais il y a de belles planches, dans un style relevant presque plus parfois de l’illustration, voire de la peinture.
El Comandante Yankee
C’est un roman graphique qui a parfois des airs de documentaire. En effet, l’imposante bibliographie finale, ainsi que le dossier qui la complète, montrent bien que l’auteur a fait en amont un travail de recherche digne d’un bon documentaire. Ce travail fouillé se ressent dans le récit, qui est extrêmement dense au niveau des personnages. Il vaut mieux être un minimum au fait des grandes lignes de la révolution cubaine pour ne pas trop se perdre dans les méandres de ses multiples acteurs. Je possède quelques bases sur le sujet, mais j’ai à plusieurs reprises dû faire une pause pour bien situer tel ou tel personnages. En tout cas du coup j’ai appris un certain nombre de choses. La principale – et non des moindres – est l’existence de cet autre front révolutionnaire indépendant des castristes, le Segundo Frente, qui de complémentaire, va devenir rival. Le récit est intéressant aussi pour montrer comment une révolution est le fait de multiples aspirations, de multiples acteurs, qui peuvent durablement se désunir dès lors que l’ennemi commun est vaincu, et ce d’autant plus que le pouvoir est à portée de main. Les désillusions de ceux qui ont gardé une certaine idée « pure » de la révolution (notre « Yankee » entre autres) recoupent celles de nombre de révolutions (voir les révolutions française et russe). Fidel Castro et le Che ne sont pas toujours ici à leur avantage, même si l’intransigeance du Che et les calculs de Castro peuvent trouver à être compris et défendus en partie dans le contexte de l’époque (mais la soumission du régime à l’URSS et la rigidification qui s’en est suivie, avec élimination de ceux qui n’entraient plus dans le cadre orthodoxe ne se justifie pas pour autant). Le récit est intéressant, même si un peu fouillis donc. Je regrette juste que n’ait pas été suffisamment montré la pression américaine (CIA, milieux d’affaires et/ou mafieux), qui explique en très grande partie l’évolution du régime castriste. Il n’y avait pas forcément de fatalité à le voir tomber dans les bras de l’URSS de Khrouchtchev. Et si on doit comparer son régime, c’est avec le précédent de Batista, alors défendu par les « démocraties » qu’il faut le faire (et alors Castro s’en tire largement à son avantage). J’ai bien aimé cette lecture en tout cas. Concernant le dessin, disons qu’il fait le travail, et qu’il est lisible. Mais je l’ai trouvé irrégulier, et surtout les personnages en mouvement ne sont pas toujours réussis, c’est un peu maladroit. Mais ceux que la révolution cubaine intéresse trouveront dans cet album – et dans le dossier qui le conclut – un point de vue intéressant, et relativement original.
La Reine de Saba
J'hésitais depuis longtemps à acquérir cette BD, merci à Cacal69 dont l'avis m'a convaincu de franchir le pas. " La Reine de Saba " est effectivement un bon et bel album qui permet d'approfondir sa connaissance des mythes, de découvrir ou redécouvrir le portrait de Makeba, courageuse reine qui fera commerce avec le roi Salomon après une rencontre mémorable. C'est parfois épique (des séquences trépidantes avec ces deux soldats aguerris notamment qui sont prêts à tout pour protéger et servir leur reine) , souvent beau (la Mer pourpre qui occupe un rôle central dans cette histoire, les palais, les jardins de Salomon sont superbement évoqués), touchant (beau récit de filiation entre Makeba et son père), sensuel (un côté Mille et une nuits et une reine au physique légendaire qui fait tourner les têtes, suscite les convoitises) et bien écrit (l'auteur rend ce texte mythique aux personnages multiples très digeste à travers des dialogues efficaces et soignés). Une très bonne lecture, donc, qui donne également envie de s'intéresser de près à un autre album de Jean-Marie Michaud : Le Mahâbhârata.