Les derniers avis (111586 avis)

Couverture de la série Au coeur du désert
Au coeur du désert

Les deux auteurs restent immanquablement attachés pour moi à la série Les Pionniers du Nouveau Monde, qu’il va bien falloir que j’avise d’ailleurs. Ils reviennent avec cet album en Amérique, un peu plus au sud-ouest, et plus tard. Je les retrouve ici dans un western qui s’affiche comme une adaptation du très beau roman de Conrad « Au cœur des ténèbres ». Disons que l’album se laisse lire, mais qu’il m’a déçu à plusieurs titres. D’abord parce que justement je n’ai pas forcément retrouvé la folie et la noirceur du roman d’origine – même si certaines scènes en toute fin d’album tentent de nous faire passer cela, c’est trop peu et trop tardif. Et le personnage d’Adam Pyle n’a pas la profondeur et le mysticisme fou de Kurtz. Ensuite parce que l’histoire elle-même manque d’originalité et se révèle un peu mollassonne. Toute la partie autour des bergers et de leurs moutons est un peu longue, et la façon dont Norman résout le problème avec les cowboys pour traverser la ville est un peu facile et ne m’a pas convaincu. Enfin, lorsqu’enfin la rencontre entre les deux frères a lieu, et qu’on rencontre enfin Adam, tout est expédié brutalement, ce qui contraste avec la longue attente préalable. La fin est frustrante et manque de « corps » (comme l’intrigue en fait). Mais bon, ça se laisse lire, les auteurs ayant placé dans ce récit pas mal de clichés du western, les amateurs ne cherchant pas la surprise y trouveront une lecture d’emprunt pas désagréable. Parmi les clichés, les paysages. Et là, Jean-François Charles nous montre sa passion pour les films de John Ford, et ses paysages mythique. Le dessin n’est pas forcément très dynamique, mais il y a de belles planches, dans un style relevant presque plus parfois de l’illustration, voire de la peinture.

29/06/2025 (modifier)
Couverture de la série El Comandante Yankee
El Comandante Yankee

C’est un roman graphique qui a parfois des airs de documentaire. En effet, l’imposante bibliographie finale, ainsi que le dossier qui la complète, montrent bien que l’auteur a fait en amont un travail de recherche digne d’un bon documentaire. Ce travail fouillé se ressent dans le récit, qui est extrêmement dense au niveau des personnages. Il vaut mieux être un minimum au fait des grandes lignes de la révolution cubaine pour ne pas trop se perdre dans les méandres de ses multiples acteurs. Je possède quelques bases sur le sujet, mais j’ai à plusieurs reprises dû faire une pause pour bien situer tel ou tel personnages. En tout cas du coup j’ai appris un certain nombre de choses. La principale – et non des moindres – est l’existence de cet autre front révolutionnaire indépendant des castristes, le Segundo Frente, qui de complémentaire, va devenir rival. Le récit est intéressant aussi pour montrer comment une révolution est le fait de multiples aspirations, de multiples acteurs, qui peuvent durablement se désunir dès lors que l’ennemi commun est vaincu, et ce d’autant plus que le pouvoir est à portée de main. Les désillusions de ceux qui ont gardé une certaine idée « pure » de la révolution (notre « Yankee » entre autres) recoupent celles de nombre de révolutions (voir les révolutions française et russe). Fidel Castro et le Che ne sont pas toujours ici à leur avantage, même si l’intransigeance du Che et les calculs de Castro peuvent trouver à être compris et défendus en partie dans le contexte de l’époque (mais la soumission du régime à l’URSS et la rigidification qui s’en est suivie, avec élimination de ceux qui n’entraient plus dans le cadre orthodoxe ne se justifie pas pour autant). Le récit est intéressant, même si un peu fouillis donc. Je regrette juste que n’ait pas été suffisamment montré la pression américaine (CIA, milieux d’affaires et/ou mafieux), qui explique en très grande partie l’évolution du régime castriste. Il n’y avait pas forcément de fatalité à le voir tomber dans les bras de l’URSS de Khrouchtchev. Et si on doit comparer son régime, c’est avec le précédent de Batista, alors défendu par les « démocraties » qu’il faut le faire (et alors Castro s’en tire largement à son avantage). J’ai bien aimé cette lecture en tout cas. Concernant le dessin, disons qu’il fait le travail, et qu’il est lisible. Mais je l’ai trouvé irrégulier, et surtout les personnages en mouvement ne sont pas toujours réussis, c’est un peu maladroit. Mais ceux que la révolution cubaine intéresse trouveront dans cet album – et dans le dossier qui le conclut – un point de vue intéressant, et relativement original.

29/06/2025 (modifier)
Par Brodeck
Note: 4/5
Couverture de la série La Reine de Saba
La Reine de Saba

J'hésitais depuis longtemps à acquérir cette BD, merci à Cacal69 dont l'avis m'a convaincu de franchir le pas. " La Reine de Saba " est effectivement un bon et bel album qui permet d'approfondir sa connaissance des mythes, de découvrir ou redécouvrir le portrait de Makeba, courageuse reine qui fera commerce avec le roi Salomon après une rencontre mémorable. C'est parfois épique (des séquences trépidantes avec ces deux soldats aguerris notamment qui sont prêts à tout pour protéger et servir leur reine) , souvent beau (la Mer pourpre qui occupe un rôle central dans cette histoire, les palais, les jardins de Salomon sont superbement évoqués), touchant (beau récit de filiation entre Makeba et son père), sensuel (un côté Mille et une nuits et une reine au physique légendaire qui fait tourner les têtes, suscite les convoitises) et bien écrit (l'auteur rend ce texte mythique aux personnages multiples très digeste à travers des dialogues efficaces et soignés). Une très bonne lecture, donc, qui donne également envie de s'intéresser de près à un autre album de Jean-Marie Michaud : Le Mahâbhârata.

29/06/2025 (modifier)
Par Brodeck
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Electric Miles
Electric Miles

" Electric Miles ", c'est de la balle ! Un découpage canon qui offre presque une expérience sensorielle avec des séquences de haute volée (les auteurs donnent l'impression de faire du Christopher Nolan en BD !), Brüno au sommet de son art, quelques touches d'humour bien senties, une introduction prenante, bourrée de références, un Wilbur insaisissable (gourou charismatique ou être fantasque au sérieux délicieusement ridicule). Nury semble aussi bien s'amuser dans cet album en s'affichant en démiurge tout puissant qui expose de façon volontairement caricaturale les liens pernicieux entre l'artiste qui a soif de création et les esprits mercantiles grossiers dont il dépend. Et les femmes de Brüno, ah ses femmes ! Bref, ça donne envie de lire la suite !

29/06/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série Tremblez enfance Z46
Tremblez enfance Z46

Petit chat… J’ai besoin de trouver la sortie de ce labyrinthe… - Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2012. Il a été réalisé par emg pour le scénario, les dessins et les couleurs. Il comprend quatre-vingt-douze pages de bande dessinée, ou plutôt deux fois quarante-six pages. La nuit, Hicham, un homme invisible dont la silhouette se devine grâce à une bandelette blanche enroulée autour de son corps est en train de dormir dans son lit, rêvant à un rondin de bois en train d’être coupé par une scie. Il rêve qu’il est en train de scier un rondin dans une grande plaine vallonée en montagne sur une table rudimentaire : un plateau de planches posés sur trois bûches. À quelques dizaines de mètres de là, une femme l’appelle par son prénom. Cette vision le tire de son sommeil et il se redresse sur son séant avec un nom sur les lèvres : Wassila ? Il se lève et va faire ses ablutions dans la salle de bains, un petit robot jaune humanoïde avec une tête conique lui tendant une serviette. Puis il passe dans la cuisine et téléphone à la femme de son rêve. Il lui dit que c’est étrange, que c’étaient les pentes du Djebel Rhaggar. Il commence une autre phrase : il espère… Mais la communication a coupé. Il se rend au travail où il est posté sur une chaîne, manipulant des cartons contenant des objets sphériques. Il fait un faux mouvement et trois objets tombent au sol. Deux robots papotent en le surveillant, et l’un des deux le hèle : Hé, la momie, du nerf. À la pause, Hisham rappelle Wassila. Il l’informe qu’il prend le train de 14h55. Il vient de téléphoner à l’AIKA. C’est maintenant ou jamais. Le passage dont on lui a parlé est proche de Bab-Sbaa, la porte des Lions. Il la rappellera vers 17 heures. Elle lui répond de l’appeler à l’hôtel Arcadia, elle va lui donner le numéro. Derrière lui, un autre robot lui rappelle que les pauses téléphone n’excède pas 5 minutes ! Le règlement ne s’applique pas qu’aux chiens. À la fin de sa journée, Hicham court à l’extérieur et il hèle un taxi volant. Une fois assis il demande au robot conducteur si la gare n’est pas dans l’autre sens. Le robot lui répond de ne pas s’inquiéter, il a pris un détour raccourcissant. Arrivé à la gare, il se renseigne auprès d’un autre robot pour savoir si le train pour Villefrontière se trouve bien… La réponse sèche : Indiqué sur le panneau d’affichage, attention au coup de sifflet. L’homme monte à bord du train, qui part en même temps que plusieurs autres. Dans les haut-parleurs, une voix commente : Et c’est parti ! Trèèès bon départ de Général de Pommeau au quai n°2 – suivi par Speedy Crown au n°1 – et Rajah Quadrivalse qui s’arrache du paddock comme un coup de tonnerre ! Et déjà le premier obstacle, Darcy-en-Fenouil, franchi sans encombre par les trois attelages de tête… Ouille ! une chute sévère pour Silver Pistol voie n°5… Mélodie Antarctique qui s’échappe à la corde… Voilà le virage des Vents Couverts… Premiers décrochages quais n°7 et 8… Mais le train d’Hicham marque un arrêt à la gare : problème technique ! Un robot annonce : On fait demi-tour ! Le conducteur a été éjecté de son siège ! Quel étrange ouvrage, très déroutant. Déjà le titre : Tremblez enfance Z46… Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire. ? Puis les graphismes : mis à part Hicham, chaque élément est représenté par un assemblage de formes géométriques : traits bien droits, cercles et ellipses, avec une netteté très aseptisée, stérile et sèche. Le lecteur se dit qu’il apparaît une vague irrégularité dans le vallonnement de l’alpage, puis il regarde les espèces de cubes flottant en arrière-plan avec une forme irrégulière sur le devant, se rendant compte que cela doit figurer des moutons. Retour à l’appartement d’Hicham : tout est toujours aussi géométrique et conceptuel. La mise en couleurs est faite sur la base d’aplats bien propres, sans déclinaison en nuances, sans ombres. L’ambiance lumineuse dégage une artificialité intense. Le petit robot porteur de serviette dans la salle de bains suit le personnage dans la cuisine et semble l’observer immobile alors qu’Hicham téléphone, comme un animal de compagnie. L’incongruité de la scène de travail saute aux yeux du lecteur : un être humain invisible dont la présence est marquée par des bandelettes horizontales autour de son corps, non jointives, surveillé par deux robots qui papotent. Que dire des autres bizarreries : des phylactères en trois dimensions, un clocher miniature qui semble flotter dans l’air au-dessus de la voiture volante, une onomatopée BANG en trois dimensions pour donner le départ des trains, Tintin & Milou sur le quai de la gare, etc. Pour autant, la trame de l’intrigue apparaît clairement : Hicham a décidé de rejoindre Wassila, peut-être sa bien-aimée, peut-être un être très cher de sa famille, et pour cela il doit atteindre le point de passage, ce qui donne lieu à quelques péripéties comme prendre le métreau (une variante du métro où l’on se déplace avec les poissons sous l’eau), se faire faire un formulaire PP451 (purification Polaroïd), s’en remettre aux mains des passeurs pour atteindre le point de franchissement. Et… Et le récit abandonne Hicham pour passer à Wassila. Dans un premier temps le lecteur se trouve décontenancé, comme si la trame narrative présentait des bizarreries, des solutions de continuité dans l’enchaînement des causes à effets, voire une inversion temporelle. S’il n’y a pas encore prêté attention, son œil finit par être attiré par la numérotation en bas de page, pas si facilement déchiffrable. Il finit par remarquer qu’elle se déroule à rebours. Il revient en arrière, au début : la première planche porte bien le numéro Un, puis la deuxième Deux, et ainsi de suite… Jusqu’à ce qu’il arrive à la planche quarante-six, et celle en vis-à-vis est également numérotée quarante-six. Soit il termine la lecture de cette deuxième partie numérotée à rebours, soit il teste de lire la bande dessinée à partir de la dernière page (numérotée Un), jusqu’à celle numérotée quarante-six, située en milieu d’ouvrage. Il comprend alors le dispositif narratif : dans le sens de lecture occidental (de gauche à droite) il découvre la journée d’Hicham dans l’ordre chronologique, dans le sens inverse (de droite à gauche depuis la quatrième de couverture) il découvre la journée de Wassila dans l’ordre chronologique. Il en déduit que c’est la bonne méthode de lecture, jusqu’à ce que les deux personnages se retrouvent de part et d’autre de la porte du passage, en page quarante-six dans un sens, et quarante-six de l’autre. Au départ, l’immersion dans la lecture peut nécessiter un temps d’adaptation plus ou moins important, que ce soit pour le choix esthétique très fort, ou pour les choix de représentation. D’un autre côté, la lecture se révèle facile : une case par page, quarante-six pages muettes (sauf une ou deux onomatopées), c’est-à-dire la moitié de la pagination, un fil conducteur clair, c’est-à-dire le chemin à parcourir pour les retrouvailles. Sous réserve que les formes géométriques et les couleurs ne provoquent pas un rejet esthétique, le lecteur tombe vite sous le charme de la bizarrerie poétique : un individu inexistant sauf par les bandelettes, une course de train avec un commentateur enjoué, la superbe trouvaille du métreau (Hicham s’enfonce dans le flux d’une rivière, se retrouve sur un quai, voyage avec un requin, la prise de photographie qui tue, des motifs récurrents de damiers aux couleurs criardes, des motifs de briques parfois flottantes, les onomatopées en 3D, un taxi avec des petits taxis autour de lui, la cheminée d’un bateau qui émet de petits nuages de fumée dont chacun est composé des sigles CO2, etc. C’est un monde à la fois artificiel, fabriqué de toute pièce, comme construit avec un logiciel infographique des années 1980, et à la fois une interprétation décalée de la réalité entre anticipation (voitures volantes), rétrofuturisme (il n’y a pas de téléphone portable) et fantastique (Hicham respire sous l’eau). C’est aussi une lecture très étrange car le lecteur s’investit de manière conséquente dans la première partie, à la fois pour s’adapter aux graphismes et à la narration, et lit la deuxième partie de manière plus rapide car elle comprend moins d’informations, et certaines sont redondantes par rapport à la première. Finalement, il s’agit d’un individu qui souhaite retrouver une personne aimée. Le lecteur ne sait rien des circonstances qui les ont séparées. C’est aussi une fable sur l’immigration, avec Hicham réduit à l’état de quantité négligeable, de sous-citoyen par des encadrants robots, Wassila ne bénéficiant pas de plus considération. C’est avant tout une véritable aventure de lecture. À chaque élément visuel, le lecteur s’interroge sur son sens, sur sa contrepartie dans le monde réel, sur ce que dit la manière dont il a été déformé, réinterprété par l’auteur, sur ce que ces déformations induisent comme modification dans le rapport entre l’individu et cet élément de son environnement, faisant ainsi apparaître des liens cachés, une nouvelle façon de les considérer. L’aventure visuelle s’avère beaucoup plus riche que ces décalages induit par la représentation réimaginée. L’artiste met à profit la connaissance du langage BD et de ses conventions par le lecteur : à commencer par cette scie coupant du bois pour figurer le son du ronflement, ou aussi le principe d’onomatopée et de phylactère, et encore le principe d’évocation de la silhouette humaine, reconnaissable et identifiable, même sous la forme de bandelettes, ou d’une construction de petits traits secs pour les passeurs. L’invention visuelle prend différentes formes : l’avancée réciproque des trains sous forme de course hippique, le principe de métro dans le flux d’une rivière, et les similitudes purement visuelles (le rondin et la scie pour le ronflement ou le sommeil, similaire au rondin scié par Hicham). Ces jeux visuels amènent le lecteur à s’interroger sur ce qui est signifiant dans ce qui est représenté, ce qui importe à l’intrigue, par opposition à ce qui ne sert que d’éléments de décors sans incidence sur le récit… mais pas sans incidence sur son ressenti. Il remarque que l’auteur joue également avec le rapport entre signifiant et signifié : par exemple un panneau de signalisation routière incompréhensible (un cercle au milieu d’un panneau triangulaire d’avertissement). Il relève aussi de subtiles correspondances entre l’histoire d’Hicham et celle de Wassila, au-delà des deux facettes de la même histoire, comme ce requin observé par un passager du bateau sur lequel se trouve Wassila, qui renvoie au requin qui se trouve derrière Hicham dans le métreau. Quelle étrange lecture : une forme de dessins géométriques, une retranscription de la réalité décalée entre l’anticipation et le surréalisme, avec une touche de fantastique et d’onirisme. L’histoire d’un homme qui veut rejoindre son être aimé, puis d’une femme cheminant elle aussi vers cet homme. Un monde similaire à la réalité avec des environnements et des individus réinterprétés, entre immigration et déconsidération par des robots, interrogations sur ce qui fait signal et ce qui constitue du bruit, entre le signifiant et le signifié. Singulier.

29/06/2025 (modifier)
Par Canarde
Note: 4/5
Couverture de la série Champs de Bataille - L'histoire enfouie du remembrement
Champs de Bataille - L'histoire enfouie du remembrement

Je n'ai rien à ajouter à l'avis de Grogro : Vous devez lire cette BD pour deux raisons : - ça vous tire les larmes - le message est d'utilité publique. Comment le désir irrationnel de profit peut-il mettre à bas les petites vies pauvres et paisibles de centaines de milliers de personnes et de millions d'animaux, sans parler des écosystèmes tout entiers ? On voit le costard de René Dumont agronome, qui soutient dans la première partie de sa vie l'augmentation attendue de la productivité et se rend compte qu'il n'obtient que la mort des sols et donc de la potabilité de l'eau....et se présente aux élections en 1974. Toutes ces femmes restées seules après la guerre qui se font rouler dans la farine, voient leurs fils se faire tabasser par la gendarmerie, les méandres de leurs rivières rectifiées à coup de tractopelles, leurs pommiers arrachés... Les voisins qui se déchirent (les uns pour et les autres contre) pour le profit des actionnaires... Apparemment il y a peu de publications sur ce sujet , pourtant c'est vraiment le nœud de l'agriculture paysanne qui a été tranché pour fabriquer du gluten, des protéines animales, et végétales, et l'industrie agro-alimentaire, et mettre tout le monde en ville... Et maintenant quoi ? ce système performant n'est pas résiliant : en arrière toute !

27/01/2025 (MAJ le 28/06/2025) (modifier)
Par Canarde
Note: 4/5
Couverture de la série Le Grand Monde
Le Grand Monde

On ne peut que s'incliner devant le travail de deux auteurs qui maîtrisent (normal pour ces deux-là aux noms prédestinés : Lemaitre et de Metter ) parfaitement leur techniques. L'artisan du scénario sait donner chair à ces personnages et construire une intrigue multigénérationnelle. Chacun se démerde à tirer son épingle du jeux dans une situation historique où l'empire colonial français se déglingue à grand coup de concussion, et le carcan familial plein de pognon et de non-dit rend ses membres pour le moins déviants... Le dessin de de Metter est toujours éblouissant de subtilité, en particulier dans le modelé des visages...on a du mal à croire qu'il n'ait pas pris de vrais modèles...comment inventer de toute pièces des personnages aussi précis ? Les décors sont plus esquissés mais avec beaucoup d'aisance, les couleurs en revanche reste dans des camaïeux un peu convenus. Du travail de pro, mais pour les habitués c'est sans surprise. Pour ceux qui n'ont jamais lu des BD de ce couple et qui aime les scénarios complexes et bien huilés : courez-y !

28/06/2025 (modifier)
Par Canarde
Note: 2/5
Couverture de la série Carcoma
Carcoma

Belle couverture et titre attirant d'une histoire de corsaires au pitch étrange...une équipe de pirates mixte (hommes et femmes) qui adopte et nourit un bébé sirène dans le dos du capitaine. La sirène est très bien imaginée, elle étonne, et il y a une sorte de trouvaille visuelle... Mais le scénario s'arrête là, l'auteur n'arrive pas à déployer une véritable narration construite à partir de cette image de départ. C'est flou, long, et on ne comprend pas bien où Andres Garrido veut en venir. Vu le prix et le poids de l'album on attend un peu plus de nourriture. En petit format souple, en noir et blanc, ça pourrait passer. Mais là, je me suis sentie flouée par un dessin aux couleurs verdâtres et répétitives, des personnages à peine esquissés et une intrigue univoque et sans épaisseur.

28/06/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Scarlet Queen
Scarlet Queen

Dans le monde de Calice, l'amour est littéralement une force magique. Les sentiments partagés donnent naissance à des liens surnaturels, permettant aux aimés de manipuler les aimants et d'accumuler une énergie dévotionnelle aux effets puissants. Ainsi, les souverains tirent leur légitimité de l'affection que leur porte le peuple, qu'ils entretiennent par le soin apporté à leurs sujets. Un royaume peut même en soumettre un autre si le monarque adverse tombe amoureux de son dirigeant. C'est dans ce contexte que la reine Lizaru, pourtant redoutable car aimé d'un peuple gigantesque, se retrouve menacée par un ennemi dissimulant soigneusement ses intentions, échappant inexplicablement à ses capacités de détection. Le concept est original et donne naissance à un univers fantasy singulier, avec une organisation sociale et politique façonnée par la magie des sentiments. L'ensemble se distingue par sa richesse et sa capacité à renouveler les codes du genre. Pour accompagner le lecteur, des doubles pages explicatives viennent éclairer les particularités de ce monde, de ses règles aux rapports de force entre royaumes. Visuellement, l'album laisse une impression plus mitigée. Le dessin fonctionne mais manque d'aisance technique. Les décors paraissent fâdes et un peu vides, les personnages figés, y compris dans les scènes censées transmettre de l'énergie ou du mouvement. Cette raideur nuit à l'immersion et affaiblit l'exotisme pourtant suggéré par l'univers. Quant à l'intrigue, malgré un postulat intrigant et la présence d'une reine Lizaru charismatique et énigmatique, le récit peine à convaincre. Les autres figures restent ternes, souvent enfermées dans des rôles trop simplistes. Difficile de s'attacher à ce garde du corps obstiné, prêt à tout pour plaire à la souveraine, ou de se sentir investi dans une traque à l'espion dont les enjeux restent nébuleux. Le premier tome manque de clarté, ce qui affaiblit l'implication émotionnelle. Peut-être que la conclusion, prévue au deuxième volume, apportera le souffle et la cohérence qui font encore défaut.

28/06/2025 (modifier)
Par Cleck
Note: 3/5
Couverture de la série Marcie
Marcie

BD d'une jolie fraîcheur et très contemporaine sur l'invisibilité des femmes "d'un certain âge". La thématique est intelligemment traitée via un mélange de tranche de vie feel good et de comédie policière : comment une mère célibataire de 50 ans réinvente son terne quotidien en renouant avec ses rêves d'enfant (concrètement en épousant la carrière "aventureuse" de détective privée). Les personnages, l'usage ironique de ce "pouvoir d'invisibilité", les dialogues, le fébrile crayonné des illustrations, tout est charmant tant que cette thématique initiale demeure le centre d'intérêt ; mais le souhait de véritablement développer et clore l'intrigue policière a malheureusement pour revers de nuire à ce si séduisant charme initial. Une lecture agréable, qui s'essouffle malheureusement un peu au fil des pages. L'ensemble demeurant assez réjouissant.

28/06/2025 (modifier)