J’étais très intriguée par cette série depuis que Ro l’a postée sur le site il y a de cela presque dix jours. Les jolis décors à l’esthétique grecque, les personnages aux bouilles adorables, la promesse d’aventure(s), … Tout ça titille des cordes sensibles chez moi.
Et puis, c’est Kerascoët au dessin. J’adore Kerascoët ! Facilement parmi mes dessinateur-ice-s préféré-e-s du medium. Leurs personnages ont toujours des designs sobres et élégants, des visages très expressifs et charmants, je trouve leur trait sincèrement très chiadés, … Ouais, les voir au dessin, ça m’annonce du bon, ne serait-ce que visuellement.
Fort heureusement, l’histoire est elle aussi intéressante.
Elle commence sur l’île de l’Atlantide, visiblement coupée du reste du monde depuis la disparition il y a fort longtemps de l’électricité (pardon, "l’élektricité"), l’énergie que les habitant-e-s étaient les seul-e-s à maîtriser et qui leur permettait d’alimenter des machines très complexes. Mais aujourd’hui, c'est dommage, l’élektricité à disparu. Tout du moins, c’est ce que l’on pense, car un jeune garçon du nom d’Icare découvre un beau jour qu’il est un "élu", quelqu’un capable de produire et de contrôler l’élektricité. Mauvaise surprise en réalité, car on raconte qu’un mystérieux peuple venu des mers aurait par le passé enlevé tous-tes les élu-e-s atlantes.
Voilà, une base simple mais très prometteuse. Et l’exécution est plus que bonne. Icare, le jeune garçon timide et un peu gringalet, et Kalio, la jeune fille sage et autoritaire qui l’accompagne et pour qui il a le béguin, sont très attachant-e-s. Les personnages secondaires sont tout aussi charmants (tout spécialement la sœur de Kalio et la grand-mère d’Icare). Et, comme dit Ro, il se dégage déjà dès ce premier album une ambiance qui n’est pas sans rappeler les Mystérieuses Cités d’Or.
Franchement, c’est un très bon départ de série. J’attend déjà le second tome avec impatience.
Le coup de cœur pour un premier tome de 48 pages est peut-être risqué, mais je suis honnêtement charmée par les promesses de cette histoire. Et puis, si ça peut aider à la visibilité de la série et assurer qu’elle puisse être menée à terme, j’ai envie de dire qu’elle le mérite bien. On n’a qu’à dire que c’était un coup de foudre.
Des contes pour comprendre
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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il regroupe les 4 épisodes de la série, initialement parus en 2021 (pour la VO), écrits par Matt Kindt, dessinés et encrés par Matt Lesniewski qui a également assuré le lettrage (pour la VO). La mise en couleurs a été réalisée par Bill Crabtree. Les couvertures ont été réalisées par Lesniewski, les couvertures variantes par Malashi Ward, Jill Thompson, Patric Reynolds, Marguerite Sauvage, Tyler Bence. Le tome se termine avec 5 pages extraites du carnet de croquis de l'artiste.
Il y a une vingtaine d'années de cela, la jeune fille Crimson se glisse dans le bureau de son père qui est en train de travailler. Elle sait que si elle se montre discrète, elle peut lire et le regarder travailler. Elle va sur la pointe des pieds, chercher sur une étagère, son livre préféré : un recueil de contes slaves. Elle s'installe dans le grand fauteuil profond et se met à lire dans le calme de ce bureau. Au temps présent, elle conduit sa voiture dans les rues de Saint-Pétersbourg pour se rendre à un rendez-vous avec un médecin. Elle travaille pour le groupe Cardinal Perennial Pharmaceuticals en tant que représentante. Elle-même est sous traitement, des médicaments produits par le même laboratoire : elle a conscience de son état et vit bien avec. Ce jour-là, elle déroule son argumentaire de vente bien rodé, mais elle n'est pas venue pour réaliser une vente. Elle termine son intervention sur le fait que ces médicaments ont prouvé leur efficacité sur quatre types de schizophrénie. Un instant, elle a la sensation que son interlocuteur a une tête de loup. Elle peut confier un an de stock au médecin, en échange d'un service. Elle souhaite savoir s'il a déjà vu un patient nommé Anton Shubin.
Le médecin explique qu'il ne peut pas divulguer ce genre d'information. Elle le prend à la gorge d'un geste vif pour l'étrangler et il finit par céder et lui confier le dossier de son patient. Crimson s'en va, le médecin lui promettant de porter plainte. Elle se rend à l'adresse figurant dans le dossier, dans un quartier pauvre. Elle monte dans la cage d'escalier en piteux état et frappe à la porte 73. Un homme âgé entrouvre le battant et le referme après qu'elle se soit présentée. Elle parle plus fort et indique qu'elle peut lui confier un tube complet à titre gracieux. Anton Shubin entrebâille rapidement la porte et saisit le tube. Crimson tire violemment la porte pour la refermer, Shubin reculant de douleur, puis elle donne un violent coup de pied pour l'ouvrir en grand. L'homme est à terre et lui demande ce qu'elle veut. Elle lui intime de parler de lui pour commencer : c'est un tueur. Est-ce qu'il se souvient ? Il y a vingt ans, se souvient-il de ce qu'il a fait, de son père à elle ? Est-ce lui qui l'a assassiné en l'étranglant avec une corde, puis en le poignardant dans le dos ? Il explique qu'il se cache de ses anciens employeurs pour qui il était un assassin. Il sait qu'il n'a pas tué le père de Crimson car il n'utilise pas de poignard. Cette réponse évoque un conte à Crimson et elle se met à le raconter : l'histoire d'un jeune garçon, à la recherche d'un boulot. Il voulait être mineur, et donc les mineurs lui ont proposé de passer un test, une épreuve : descendre jusqu'au fond de la mine avec une torche enflammée.
Après un véritable chef d'œuvre MIND MGMT , et une autre série Dept. H, Matt Kindt a décidé de réaliser des histoires courtes avec des artistes différents à chaque fois pour plusieurs éditeurs. Le premier contact avec le récit s'établit avec la couverture : elle est un peu chargée et semble promettre une aventure de type Fantasy, avec la présence étrange d'une jeune femme avec une valise, et cette chaîne d'ADN en médicaments. La première page évoque le plaisir de la lecture des contes durant l'enfance, avec des dessins descriptifs avec un fort niveau de détails. La deuxième séquence en 3 pages montre le monde réel, à nouveau avec un bon niveau de détails, des personnages avec une tête un peu grande (Crimson Flower) ou un peu petite pour le médecin, et cette case inattendue dans laquelle ce dernier a une tête de loup. Dans la séquence suivante, l'artiste et le scénariste semblent prendre plus de liberté : le corps distordu d'Anton Shubin, le passage au mode conte avec un jeune garçon fluet et petit et les mineurs à la carrure trop large pour être plausible, et le torse comme un tonneau. Le récit fonctionne donc sur une dynamique de mystère, ou plutôt d'énigme incitant le lecteur à se prêter au jeu, en faisant des hypothèses sur les capacités physiques de Crimson Flower, sur le parallèle entre la réalité et les contes, sur cette quête de vengeance pour le meurtre du père, sur la réalité même de la façon dont Crimson interprète les faits, voire les invente de toute pièce.
En découvrant le premier conte, le lecteur reconnaît le plaisir que prend le scénariste à entremêler la réalité avec la fiction, à jouer sur le rapport entre les deux, à créer une mise en abîme. Ici, le conte est une fiction dans la fiction, et renvoie le lecteur au fait que l'histoire qu'il lit est toute aussi fictive que l'histoire dans l'histoire. S'il entretient des réserves sur l'adéquation des particularités des dessins avec l'histoire au temps présent, le lecteur est vite conquis par sa pertinence pour les contes. Il retrouve la manière d'exagérer des morphologies pour que des personnages incarnent plus un état ou un caractère marqué, ainsi que les environnements avec des éléments oniriques. Le jeune garçon avec sa torche exsude une envie de bien faire et une forme d'insouciance de la jeunesse, progressant dans des tunnels sans étai, plus une forme de grotte que de mine. Le second conte survient dans le deuxième épisode, alors que Crimson Flower essaye d'échapper à deux assassins professionnels avec une longue expérience. Elle devient une héroïne, une chasseresse, et ses deux poursuivants deviennent des créatures démoniaques ailées. Il suffit du premier conte pour que le lecteur comprenne la pertinence du choix de cet artiste. Après coup, il comprend que les bizarreries de ses dessins au temps présent dans le monde réel agissent comme des rémanences de la narration des contes. Pour une raison qui est à découvrir, la réalité est empreinte du ton des contes. Ceux-ci servent-ils à Crimson Flower pour donner sens aux événements ? Y a-t-il une dimension fantastique à prendre au premier degré, avec la coexistence des deux mondes ? S'agit-il du pouvoir des ennemis contre lesquels elle se bat ? Faut-il envisager une autre possibilité ?
Le récit est court, seulement 4 épisodes, et les auteurs ne font pas de remplissage. Chaque numéro fait avancer l'intrigue et comporte un conte (3 même dans l'épisode 3), ainsi que des scènes d'action. Le lecteur a bien compris que Crimson Flower a vu son père assassiné sous yeux et qu'elle a juré de se venger. Elle est à la recherche de son assassin, ce qui l'amène à se confronter à des tueurs pour leur poser la question de savoir si c'est eux qui ont perpétré ce meurtre. Les dessins montrent une jeune femme costaud sans être bodybuildée, pas si habile que ça au combat à main nu, profitant souvent des circonstances pour s'en sortir, plutôt que de vaincre par la force ou par ses compétences de combattante. Elle se bat contre des hommes à la mine patibulaire, ce qui les rend immédiatement coupables des pires exactions dans le contexte de ce type de bande dessinée. Le lecteur entretient un doute, mais il est levé par les aveux d'Anton Bushin. Pour autant, la dynamique ludique l'incite à prêter attention à tous les détails, à se demander si telle remarque, ou tel geste est bien cohérent avec l'idée qu'il se fait de la situation. Il tombe sous le charme des contes qui fonctionnent parfaitement, pouvant être transposés directement à la situation de Crimson Flower à ce moment-là. Il réfléchit à la manière dont la morale du conte peut s'appliquer à l'héroïne, et finit par prendre conscience que son vrai nom n'ait jamais prononcé. Il se dit qu'elle est une sorte de justicière qui élimine des assassins, peut-être grâce au fruit de son enquête, peut-être pour partie par chance. Progressivement une autre possibilité commence à apparaître.
Étrange : une couverture intrigante, mais un peu chargée, pas facile à déchiffrer entre cette guerrière médiévale, ces mineurs à la mine renfrognée, et cet ADN de médicaments. Un peu bizarre au début, ces dessins qui malmènent un peu la morphologie, qui montrent des personnages peu avenants, y compris l'héroïne, dans les mauvais quartiers d'un monde réaliste. Irrésistible cette narration ludique associant des doutes sur la perception de la réalité par le personnage principal, et ses efforts pour comprendre les événements ou les comportements de ses opposants grâce à la sagesse de contes slaves qu'elle lisait quand elle était petite. Quoi qu'il en soit, la dynamique de la vengeance accroche le lecteur assurant un divertissement de bonne qualité. Puis le premier conte rend évidente la qualité de la narration graphique, et la manière dont les contes colorent la compréhension de Crimson Flower, dont ils contaminent la réalité. Le thème de l'intrication à double sens entre réalité et fiction se pose également comme une évidence. L'histoire acquiert encore plus d'épaisseur quand il s'avère que les différents mystères participent d'une unique énigme qui ajoute une interaction supplémentaire entre fiction et réalité pour une histoire fonctionnant au premier degré et en abîme.
J'ai découvert L'Île de Minuit sans grande conviction au début, en lecture à suivre dans le journal Spirou. Mais contrairement à Tanis, une série parue simultanément, qui a vu peu à peu mon intérêt s'émousser, la BD de Lylian et Grebil n'a eu de cesse de l'augmenter. Voici mon avis à l'issue du premier tome.
L'autre point commun avec Tanis, c'est que ce qui m'a emporté de prime abord, c'est le dessin. Je trouve le trait de Grebil élégant, plaisant à l'œil sans tomber dans les excès d'une modernité criarde. Avec ses couleurs chaleureuses, il m'a emporté dans les méandres de cette série que je craignais trop exclusivement destinée à la jeunesse.
Bien sûr, on ne perdra jamais de vue le public cible du récit, mais Lylian a le bon goût d'instaurer un mystère suffisamment captivant pour susciter l'attention d'un public plus expérimenté sans le lasser. On ne pourra pas ne pas voir planer sur ce scénario les dangereuses ombres de Lost, Sa Majesté des Mouches et Seuls, dont on espère que cette nouvelle série ne sera pas un simple palimpseste. Mais jusqu'à présent, Lylian semble avoir réussi à tracer sa route, quoiqu'on a toujours peur de revenir en terrain connu...
Quoiqu'il en soit, je sors de ce premier tome amplement satisfait. L'univers est bon, le mystère est vraiment accrocheur, la qualité graphique et narrative de l'ensemble est tout à fait convaincante. J'avoue qu'arrivé à ce stade, j'ai un peu du mal à voir comment les multiples twists dont on imagine que la suite du scénario sera jonchée pourraient me surprendre, tant j'ai l'impression que ce genre de récit mystérieux a été trop balisé pour qu'on puisse en découvrir un embranchement encore inconnu, mais je me suis pris à vraiment espérer que pourtant, Lylian ait réussi à découvrir un tel embranchement. Affaire à suivre, on espère dans le moins longtemps possible !
Un témoignage qui montre les coulisses de la Francophonie, un organisme qui m'intéresse beaucoup vu que je trouve la protection du français important, mais lorsqu'on voit l'état de cette organisme, des manigances en coulisses et ce qui arrive en Afrique francophone depuis les événements décrits dans cet album, je me dis que malheureusement le français va finir par disparaitre avec ses dirigeants qui ont aussi peu de vision. Mais bon on va peut-être aussi tous mourir de chaleur ou dans une guerre nucléaire avant que cela se produise alors ne dramatisons pas trop.
Le scénariste a travaillé sous Michaëlle Jean, une ancienne journaliste qui a sans doute beaucoup de bonnes idées et de bonnes intentions, mais qui ne sait pas trop comment bien communiquer et de toute façon le seul coin francophone de la planète qui la connait vraiment s'est le Québec où elle n’a pas bonne presse depuis qu'elle a accepté d'être gouverneure général du Canada (en gros un poste monarchie inutile où on vie de l'argent des contribuables). Elle va finir par se faire dégager suite aux manigances de Macron et au lâchage de Trudeau. C'est intéressant à lire si on aime lire les coulisses de la vie politique et comme une bonne partie de l'action se passe au Québec, cela va dépayser les lecteurs européens. Le rythme manque quand même un peu de dynamisme toutefois.
Le dessin est sympathique.
Le nouveau Jim Bishop, forcément j'y vais les yeux fermés.
Après Lettres perdues et Mon ami Pierrot, voici "L'Enfantôme", et cet album est différent des deux précédents.
Différent puisqu'ici le récit ne se déroule pas dans un univers fantastique, mais dans le monde réel des années 90/2000.
Différent graphiquement, si dans les deux autres albums cités ci-dessus, la touche manga était bien présente, elle prend ici une place beaucoup plus importante. Cet album est un hommage aux mangas qui ont bercé la jeunesse de Jim Bishop. Un trait tout en rondeur, expressif et dynamique aux couleurs moins chatoyantes qu'à l'accoutumé. Quelques belles planches en noir et blanc. Tous ces yeux sur la couverture ne sont pas là par hasard...
Différent dans le contenu, d'abord il puise dans le vécu de l'auteur, ensuite l'intrigue m'a désarçonné avec ce premier gros chapitre qui se focalise sur le contrat qui va lier nos deux adolescents (le boutonneux et la bizarre) avec l'étrange conseiller d'orientation : vous réussissez votre année scolaire ou sinon vos parents vous butent ! Un nouveau système basé sur la peur pour motiver la petite troupe. Mais y a un truc qui déconne, car les gamins vont vite s'apercevoir qu'ils risquent réellement leur peau. Violent dans tous les sens du terme !
Différent dans le genre, si du fantastique sera bien présent, avec la présence de la Mort, de fantômes et d'un mystérieux détective au doux nom de postmortem, dans le deuxième (et dernier) chapitre, des passages horrifiques vont venir se greffer à l'histoire.
Un récit très dur, il aborde le thème de l'adolescence (mal-être et harcèlement scolaire), une période souvent difficile avec l'incompréhension du monde des adultes, mais aussi celui de l'école, avec la réussite scolaire en point de mire, il n'y pas de place pour les nuls. Jim Bishop démonte une certaine éducation et les parents qui mettent une grosse pression sur les épaules de leurs progénitures. Un système où la compétition entre élèves ne laisse pas de place aux rêveurs, le cœur n'a plus son mot à dire.
Un conte moderne et métaphorique à la narration singulière et violente avec deux parties distinctes (une rupture brutale entre les deux), parfaitement maîtrisée, elle fera fonctionner vos méninges.
Un titre qui prend tout son sens.
J'ai essayé d'en dire le moins possible, laissez-vous surprendre.
Bon, 10.000 avant JC, en Égypte ? Pourquoi pas.
Des pyramides à degrés, alors que la première connue dans le coin date du 4ème millénaire ? Admettons.
Des monuments qui ressemblent bcp au Moyen Empire qui sera mis en place quelques siècles plus tard ? On va dire que c'est une licence poétique.
Une héroïne avec des yeux d'Horus (divinité composite qui date de plus tard), royalement peu charismatique, qui me rappelle Aria avec bcp moins de personnalité ? À la rigueur.
Une louche de SF et de super-pouvoirs +/- divins, pour lier la sauce ? Les Anglo-saxons font pire avec la sauce à la menthe sur le poulet dominical. Et puis ça permet de mettre en place des trucs qui mettent plein la vue. Je conçois la chose, ça facilite les scénarios.
Mais des farouches vikings à cette lointaine époque, alors là, je bloque à fond ! À moins qu'il existe qqpart une machine à remonter le temps...
Le scénario est du n'importe quoi, avec des grosses ficelles, des violons ''maltapropos'', et c'est dommage. De plus, ils sont 2 à pondre un truc pareil ? Pourtant Valérie Mangin, ce n'est pas du pipi de chat (bien que, parfois, c'est assez ''space''). Son mari de Denis Bajram, non plus. Peut-être que le couple s'est dit : c'est pour Spirou, allez, on peut y aller franco.
En revanche, le graphisme est de toute beauté. Je tire mon chapeau au dessinateur. Je regrette simplement qu'il ait mis son art au service d'une telle b***e, c'est triste, c'est du gaspillage.
Je mets 2 étoiles parce que j'ai du mal à digérer le contexte, la trame. Mais j'aurais bien mis 5 étoiles pour le graphisme.
Dommage aussi que l'héroïne soit si insipide et naïve, un cas d'école.
Maintenant, peut-être que la pilule passera mieux auprès d'un public plus jeune.
Une histoire qui se laisse lire, mais sans plus me concernant. La partie polar est très classique (même si ça se moque un peu du whodunit), et l’arrière-plan historique (la montée des violences racistes nazies dans l’Allemagne des années 1930 – ici à Hambourg) n’est finalement pas tellement exploité (en tout cas pas autant que je ne l’espérais au vu des premières pages).
Reste une deuxième partie plus originale et étrange sur le paquebot. Je ne spoilerai pas, mais si c’est un peu surprenant, ça ne relève pas suffisamment le plat je trouve.
Le dessin de Chendi est lui aussi surprenant. Original. Mais pas vraiment de ceux qui me touchent, je n’en suis clairement pas fan. C’est lisible, mais brouillon. Mais c’est affaire de goût et je n’accroche pas à son style.
Voilà, un album qui peut trouver son public, mais je ne fais pas partie du cœur de cible, c’est tout.
Note réelle 2,5/5.
Au vu de la couverture, j’ai pensé retrouver quelque chose de proche du travail de Benjamin Renner (Le Grand Méchant Renard, mais surtout l’excellent et très drôle Un bébé à livrer), une aventure animalière survitaminée développant un humour tout public poilant.
Mes attentes étaient sans doute trop hautes, ou alors je visais à côté. Du coup, alors que l’album est plutôt sympathique, je suis sorti un chouia sur ma faim de cette lecture. Car l’humour est gentillet, et les quelques punch-lines des débuts s’estompent. Idem pour le rythme. Même si c’est une sorte de road trip, j’ai trouvé certains passages un peu mollassons. En fait, contrairement aux albums de Renner, je pense que celui-ci s’adresse avant tout à un jeune public. L’adulte que je suis y a moins trouvé son compte (c’est en tout cas à l’aune du public cible que je l’évalue).
Car c’est un récit parfois amusant, qui peut trouver son public. Avec un duo improbable, de belles valeurs. Et un clin d’œil final tout mimi mais bien amené.
Une intrigue assez peu originale mais bien amenée. Les dessins et l'ambiance général vous embarque dans l'aventure de ce truand en soutane.
Cependant GROOOOS bémol pour ma part sur les nombreux échanges teintés d'homophobie. Ok on côtoie des truands et des prêtres mais les raccourcis : peureux = ''pd ou pédale''. Je ne vois pas pourquoi la virilité des personnages est associé à leur sexualité présumée. Pour une BD de 2024... On souffle fort !
Cette série vous arrache volontiers un petit sourire, son dessin donne immédiatement le ton. Dès la deuxième page on sait à quoi s'attendre et la suite ne donne pas tord à cette première impression. Le trait est très agréable, dynamique, tout en rondeur, les visages sont expressifs, et le tout est servi par de chatoyantes couleurs qui donnent des ambiances différentes, mais harmonieuses, à chaque double page.
Pour accompagner ce visuel, les bons mots ne tardent pas à arriver. Les rimes amusantes et les belles tournures de phrases sont nombreuses. Si on ajoute à cela des mousquetaires, des capes, des personnages animaliers... est ce que ça ne vous rappellerait pas quelque chose ? Evidement. Sans atteindre le génie de maitre Ayrolles, il faut reconnaitre que l'auteur s'en sort très bien. Mais nulle compassion n'est évidement possible, parlons plutôt d'un sympathique clin d'oeil. En tout cas, les dialogues sont bien écrits et plutôt amusants. L'univers est réussi, on plonge volontiers dans cette fable teintée de fantastique, d'humour, d'aventures, de capes et d'épées.
Le petit twist qui permet l'entrée en scène des personnages animaliers est très bien vu. On n'a pas juste imposé au lecteur des animaux qui parlent. Non l'histoire explique comment et pourquoi ils sont là. C'est malin et complètement au service de l'histoire. Il sera question dans celle-ci d'une révolte animale. Nos héros vont enquêter à leur risques et périls sur l'origine de ce conflit, pour tenter d'y mettre fin. Ils seront bien aidé par un certain monsieur De La Fontaine. Le clin d'oeil est également très sympa, son rôle à lui aussi est bien trouvé. Qui d'autre que lui aurait pu faire un meilleur lien avec les animaux ?
Au final tout cela s'emboite plutôt bien. On a un récit rythmé et amusant, mélange équilibré d'aventures et de fantastique. Il se passe pas mal de choses, on ne s'ennuie pas. La conclusion appelle une suite, mais ce premier tome raconte une histoire complète et terminée qui se lit comme un one shot.
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J’étais très intriguée par cette série depuis que Ro l’a postée sur le site il y a de cela presque dix jours. Les jolis décors à l’esthétique grecque, les personnages aux bouilles adorables, la promesse d’aventure(s), … Tout ça titille des cordes sensibles chez moi. Et puis, c’est Kerascoët au dessin. J’adore Kerascoët ! Facilement parmi mes dessinateur-ice-s préféré-e-s du medium. Leurs personnages ont toujours des designs sobres et élégants, des visages très expressifs et charmants, je trouve leur trait sincèrement très chiadés, … Ouais, les voir au dessin, ça m’annonce du bon, ne serait-ce que visuellement. Fort heureusement, l’histoire est elle aussi intéressante. Elle commence sur l’île de l’Atlantide, visiblement coupée du reste du monde depuis la disparition il y a fort longtemps de l’électricité (pardon, "l’élektricité"), l’énergie que les habitant-e-s étaient les seul-e-s à maîtriser et qui leur permettait d’alimenter des machines très complexes. Mais aujourd’hui, c'est dommage, l’élektricité à disparu. Tout du moins, c’est ce que l’on pense, car un jeune garçon du nom d’Icare découvre un beau jour qu’il est un "élu", quelqu’un capable de produire et de contrôler l’élektricité. Mauvaise surprise en réalité, car on raconte qu’un mystérieux peuple venu des mers aurait par le passé enlevé tous-tes les élu-e-s atlantes. Voilà, une base simple mais très prometteuse. Et l’exécution est plus que bonne. Icare, le jeune garçon timide et un peu gringalet, et Kalio, la jeune fille sage et autoritaire qui l’accompagne et pour qui il a le béguin, sont très attachant-e-s. Les personnages secondaires sont tout aussi charmants (tout spécialement la sœur de Kalio et la grand-mère d’Icare). Et, comme dit Ro, il se dégage déjà dès ce premier album une ambiance qui n’est pas sans rappeler les Mystérieuses Cités d’Or. Franchement, c’est un très bon départ de série. J’attend déjà le second tome avec impatience. Le coup de cœur pour un premier tome de 48 pages est peut-être risqué, mais je suis honnêtement charmée par les promesses de cette histoire. Et puis, si ça peut aider à la visibilité de la série et assurer qu’elle puisse être menée à terme, j’ai envie de dire qu’elle le mérite bien. On n’a qu’à dire que c’était un coup de foudre.
Crimson flower
Des contes pour comprendre - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il regroupe les 4 épisodes de la série, initialement parus en 2021 (pour la VO), écrits par Matt Kindt, dessinés et encrés par Matt Lesniewski qui a également assuré le lettrage (pour la VO). La mise en couleurs a été réalisée par Bill Crabtree. Les couvertures ont été réalisées par Lesniewski, les couvertures variantes par Malashi Ward, Jill Thompson, Patric Reynolds, Marguerite Sauvage, Tyler Bence. Le tome se termine avec 5 pages extraites du carnet de croquis de l'artiste. Il y a une vingtaine d'années de cela, la jeune fille Crimson se glisse dans le bureau de son père qui est en train de travailler. Elle sait que si elle se montre discrète, elle peut lire et le regarder travailler. Elle va sur la pointe des pieds, chercher sur une étagère, son livre préféré : un recueil de contes slaves. Elle s'installe dans le grand fauteuil profond et se met à lire dans le calme de ce bureau. Au temps présent, elle conduit sa voiture dans les rues de Saint-Pétersbourg pour se rendre à un rendez-vous avec un médecin. Elle travaille pour le groupe Cardinal Perennial Pharmaceuticals en tant que représentante. Elle-même est sous traitement, des médicaments produits par le même laboratoire : elle a conscience de son état et vit bien avec. Ce jour-là, elle déroule son argumentaire de vente bien rodé, mais elle n'est pas venue pour réaliser une vente. Elle termine son intervention sur le fait que ces médicaments ont prouvé leur efficacité sur quatre types de schizophrénie. Un instant, elle a la sensation que son interlocuteur a une tête de loup. Elle peut confier un an de stock au médecin, en échange d'un service. Elle souhaite savoir s'il a déjà vu un patient nommé Anton Shubin. Le médecin explique qu'il ne peut pas divulguer ce genre d'information. Elle le prend à la gorge d'un geste vif pour l'étrangler et il finit par céder et lui confier le dossier de son patient. Crimson s'en va, le médecin lui promettant de porter plainte. Elle se rend à l'adresse figurant dans le dossier, dans un quartier pauvre. Elle monte dans la cage d'escalier en piteux état et frappe à la porte 73. Un homme âgé entrouvre le battant et le referme après qu'elle se soit présentée. Elle parle plus fort et indique qu'elle peut lui confier un tube complet à titre gracieux. Anton Shubin entrebâille rapidement la porte et saisit le tube. Crimson tire violemment la porte pour la refermer, Shubin reculant de douleur, puis elle donne un violent coup de pied pour l'ouvrir en grand. L'homme est à terre et lui demande ce qu'elle veut. Elle lui intime de parler de lui pour commencer : c'est un tueur. Est-ce qu'il se souvient ? Il y a vingt ans, se souvient-il de ce qu'il a fait, de son père à elle ? Est-ce lui qui l'a assassiné en l'étranglant avec une corde, puis en le poignardant dans le dos ? Il explique qu'il se cache de ses anciens employeurs pour qui il était un assassin. Il sait qu'il n'a pas tué le père de Crimson car il n'utilise pas de poignard. Cette réponse évoque un conte à Crimson et elle se met à le raconter : l'histoire d'un jeune garçon, à la recherche d'un boulot. Il voulait être mineur, et donc les mineurs lui ont proposé de passer un test, une épreuve : descendre jusqu'au fond de la mine avec une torche enflammée. Après un véritable chef d'œuvre MIND MGMT , et une autre série Dept. H, Matt Kindt a décidé de réaliser des histoires courtes avec des artistes différents à chaque fois pour plusieurs éditeurs. Le premier contact avec le récit s'établit avec la couverture : elle est un peu chargée et semble promettre une aventure de type Fantasy, avec la présence étrange d'une jeune femme avec une valise, et cette chaîne d'ADN en médicaments. La première page évoque le plaisir de la lecture des contes durant l'enfance, avec des dessins descriptifs avec un fort niveau de détails. La deuxième séquence en 3 pages montre le monde réel, à nouveau avec un bon niveau de détails, des personnages avec une tête un peu grande (Crimson Flower) ou un peu petite pour le médecin, et cette case inattendue dans laquelle ce dernier a une tête de loup. Dans la séquence suivante, l'artiste et le scénariste semblent prendre plus de liberté : le corps distordu d'Anton Shubin, le passage au mode conte avec un jeune garçon fluet et petit et les mineurs à la carrure trop large pour être plausible, et le torse comme un tonneau. Le récit fonctionne donc sur une dynamique de mystère, ou plutôt d'énigme incitant le lecteur à se prêter au jeu, en faisant des hypothèses sur les capacités physiques de Crimson Flower, sur le parallèle entre la réalité et les contes, sur cette quête de vengeance pour le meurtre du père, sur la réalité même de la façon dont Crimson interprète les faits, voire les invente de toute pièce. En découvrant le premier conte, le lecteur reconnaît le plaisir que prend le scénariste à entremêler la réalité avec la fiction, à jouer sur le rapport entre les deux, à créer une mise en abîme. Ici, le conte est une fiction dans la fiction, et renvoie le lecteur au fait que l'histoire qu'il lit est toute aussi fictive que l'histoire dans l'histoire. S'il entretient des réserves sur l'adéquation des particularités des dessins avec l'histoire au temps présent, le lecteur est vite conquis par sa pertinence pour les contes. Il retrouve la manière d'exagérer des morphologies pour que des personnages incarnent plus un état ou un caractère marqué, ainsi que les environnements avec des éléments oniriques. Le jeune garçon avec sa torche exsude une envie de bien faire et une forme d'insouciance de la jeunesse, progressant dans des tunnels sans étai, plus une forme de grotte que de mine. Le second conte survient dans le deuxième épisode, alors que Crimson Flower essaye d'échapper à deux assassins professionnels avec une longue expérience. Elle devient une héroïne, une chasseresse, et ses deux poursuivants deviennent des créatures démoniaques ailées. Il suffit du premier conte pour que le lecteur comprenne la pertinence du choix de cet artiste. Après coup, il comprend que les bizarreries de ses dessins au temps présent dans le monde réel agissent comme des rémanences de la narration des contes. Pour une raison qui est à découvrir, la réalité est empreinte du ton des contes. Ceux-ci servent-ils à Crimson Flower pour donner sens aux événements ? Y a-t-il une dimension fantastique à prendre au premier degré, avec la coexistence des deux mondes ? S'agit-il du pouvoir des ennemis contre lesquels elle se bat ? Faut-il envisager une autre possibilité ? Le récit est court, seulement 4 épisodes, et les auteurs ne font pas de remplissage. Chaque numéro fait avancer l'intrigue et comporte un conte (3 même dans l'épisode 3), ainsi que des scènes d'action. Le lecteur a bien compris que Crimson Flower a vu son père assassiné sous yeux et qu'elle a juré de se venger. Elle est à la recherche de son assassin, ce qui l'amène à se confronter à des tueurs pour leur poser la question de savoir si c'est eux qui ont perpétré ce meurtre. Les dessins montrent une jeune femme costaud sans être bodybuildée, pas si habile que ça au combat à main nu, profitant souvent des circonstances pour s'en sortir, plutôt que de vaincre par la force ou par ses compétences de combattante. Elle se bat contre des hommes à la mine patibulaire, ce qui les rend immédiatement coupables des pires exactions dans le contexte de ce type de bande dessinée. Le lecteur entretient un doute, mais il est levé par les aveux d'Anton Bushin. Pour autant, la dynamique ludique l'incite à prêter attention à tous les détails, à se demander si telle remarque, ou tel geste est bien cohérent avec l'idée qu'il se fait de la situation. Il tombe sous le charme des contes qui fonctionnent parfaitement, pouvant être transposés directement à la situation de Crimson Flower à ce moment-là. Il réfléchit à la manière dont la morale du conte peut s'appliquer à l'héroïne, et finit par prendre conscience que son vrai nom n'ait jamais prononcé. Il se dit qu'elle est une sorte de justicière qui élimine des assassins, peut-être grâce au fruit de son enquête, peut-être pour partie par chance. Progressivement une autre possibilité commence à apparaître. Étrange : une couverture intrigante, mais un peu chargée, pas facile à déchiffrer entre cette guerrière médiévale, ces mineurs à la mine renfrognée, et cet ADN de médicaments. Un peu bizarre au début, ces dessins qui malmènent un peu la morphologie, qui montrent des personnages peu avenants, y compris l'héroïne, dans les mauvais quartiers d'un monde réaliste. Irrésistible cette narration ludique associant des doutes sur la perception de la réalité par le personnage principal, et ses efforts pour comprendre les événements ou les comportements de ses opposants grâce à la sagesse de contes slaves qu'elle lisait quand elle était petite. Quoi qu'il en soit, la dynamique de la vengeance accroche le lecteur assurant un divertissement de bonne qualité. Puis le premier conte rend évidente la qualité de la narration graphique, et la manière dont les contes colorent la compréhension de Crimson Flower, dont ils contaminent la réalité. Le thème de l'intrication à double sens entre réalité et fiction se pose également comme une évidence. L'histoire acquiert encore plus d'épaisseur quand il s'avère que les différents mystères participent d'une unique énigme qui ajoute une interaction supplémentaire entre fiction et réalité pour une histoire fonctionnant au premier degré et en abîme.
L'Île de Minuit
J'ai découvert L'Île de Minuit sans grande conviction au début, en lecture à suivre dans le journal Spirou. Mais contrairement à Tanis, une série parue simultanément, qui a vu peu à peu mon intérêt s'émousser, la BD de Lylian et Grebil n'a eu de cesse de l'augmenter. Voici mon avis à l'issue du premier tome. L'autre point commun avec Tanis, c'est que ce qui m'a emporté de prime abord, c'est le dessin. Je trouve le trait de Grebil élégant, plaisant à l'œil sans tomber dans les excès d'une modernité criarde. Avec ses couleurs chaleureuses, il m'a emporté dans les méandres de cette série que je craignais trop exclusivement destinée à la jeunesse. Bien sûr, on ne perdra jamais de vue le public cible du récit, mais Lylian a le bon goût d'instaurer un mystère suffisamment captivant pour susciter l'attention d'un public plus expérimenté sans le lasser. On ne pourra pas ne pas voir planer sur ce scénario les dangereuses ombres de Lost, Sa Majesté des Mouches et Seuls, dont on espère que cette nouvelle série ne sera pas un simple palimpseste. Mais jusqu'à présent, Lylian semble avoir réussi à tracer sa route, quoiqu'on a toujours peur de revenir en terrain connu... Quoiqu'il en soit, je sors de ce premier tome amplement satisfait. L'univers est bon, le mystère est vraiment accrocheur, la qualité graphique et narrative de l'ensemble est tout à fait convaincante. J'avoue qu'arrivé à ce stade, j'ai un peu du mal à voir comment les multiples twists dont on imagine que la suite du scénario sera jonchée pourraient me surprendre, tant j'ai l'impression que ce genre de récit mystérieux a été trop balisé pour qu'on puisse en découvrir un embranchement encore inconnu, mais je me suis pris à vraiment espérer que pourtant, Lylian ait réussi à découvrir un tel embranchement. Affaire à suivre, on espère dans le moins longtemps possible !
Éléments de langage – Cacophonie en Francophonie
Un témoignage qui montre les coulisses de la Francophonie, un organisme qui m'intéresse beaucoup vu que je trouve la protection du français important, mais lorsqu'on voit l'état de cette organisme, des manigances en coulisses et ce qui arrive en Afrique francophone depuis les événements décrits dans cet album, je me dis que malheureusement le français va finir par disparaitre avec ses dirigeants qui ont aussi peu de vision. Mais bon on va peut-être aussi tous mourir de chaleur ou dans une guerre nucléaire avant que cela se produise alors ne dramatisons pas trop. Le scénariste a travaillé sous Michaëlle Jean, une ancienne journaliste qui a sans doute beaucoup de bonnes idées et de bonnes intentions, mais qui ne sait pas trop comment bien communiquer et de toute façon le seul coin francophone de la planète qui la connait vraiment s'est le Québec où elle n’a pas bonne presse depuis qu'elle a accepté d'être gouverneure général du Canada (en gros un poste monarchie inutile où on vie de l'argent des contribuables). Elle va finir par se faire dégager suite aux manigances de Macron et au lâchage de Trudeau. C'est intéressant à lire si on aime lire les coulisses de la vie politique et comme une bonne partie de l'action se passe au Québec, cela va dépayser les lecteurs européens. Le rythme manque quand même un peu de dynamisme toutefois. Le dessin est sympathique.
L'Enfantôme
Le nouveau Jim Bishop, forcément j'y vais les yeux fermés. Après Lettres perdues et Mon ami Pierrot, voici "L'Enfantôme", et cet album est différent des deux précédents. Différent puisqu'ici le récit ne se déroule pas dans un univers fantastique, mais dans le monde réel des années 90/2000. Différent graphiquement, si dans les deux autres albums cités ci-dessus, la touche manga était bien présente, elle prend ici une place beaucoup plus importante. Cet album est un hommage aux mangas qui ont bercé la jeunesse de Jim Bishop. Un trait tout en rondeur, expressif et dynamique aux couleurs moins chatoyantes qu'à l'accoutumé. Quelques belles planches en noir et blanc. Tous ces yeux sur la couverture ne sont pas là par hasard... Différent dans le contenu, d'abord il puise dans le vécu de l'auteur, ensuite l'intrigue m'a désarçonné avec ce premier gros chapitre qui se focalise sur le contrat qui va lier nos deux adolescents (le boutonneux et la bizarre) avec l'étrange conseiller d'orientation : vous réussissez votre année scolaire ou sinon vos parents vous butent ! Un nouveau système basé sur la peur pour motiver la petite troupe. Mais y a un truc qui déconne, car les gamins vont vite s'apercevoir qu'ils risquent réellement leur peau. Violent dans tous les sens du terme ! Différent dans le genre, si du fantastique sera bien présent, avec la présence de la Mort, de fantômes et d'un mystérieux détective au doux nom de postmortem, dans le deuxième (et dernier) chapitre, des passages horrifiques vont venir se greffer à l'histoire. Un récit très dur, il aborde le thème de l'adolescence (mal-être et harcèlement scolaire), une période souvent difficile avec l'incompréhension du monde des adultes, mais aussi celui de l'école, avec la réussite scolaire en point de mire, il n'y pas de place pour les nuls. Jim Bishop démonte une certaine éducation et les parents qui mettent une grosse pression sur les épaules de leurs progénitures. Un système où la compétition entre élèves ne laisse pas de place aux rêveurs, le cœur n'a plus son mot à dire. Un conte moderne et métaphorique à la narration singulière et violente avec deux parties distinctes (une rupture brutale entre les deux), parfaitement maîtrisée, elle fera fonctionner vos méninges. Un titre qui prend tout son sens. J'ai essayé d'en dire le moins possible, laissez-vous surprendre.
Tanis
Bon, 10.000 avant JC, en Égypte ? Pourquoi pas. Des pyramides à degrés, alors que la première connue dans le coin date du 4ème millénaire ? Admettons. Des monuments qui ressemblent bcp au Moyen Empire qui sera mis en place quelques siècles plus tard ? On va dire que c'est une licence poétique. Une héroïne avec des yeux d'Horus (divinité composite qui date de plus tard), royalement peu charismatique, qui me rappelle Aria avec bcp moins de personnalité ? À la rigueur. Une louche de SF et de super-pouvoirs +/- divins, pour lier la sauce ? Les Anglo-saxons font pire avec la sauce à la menthe sur le poulet dominical. Et puis ça permet de mettre en place des trucs qui mettent plein la vue. Je conçois la chose, ça facilite les scénarios. Mais des farouches vikings à cette lointaine époque, alors là, je bloque à fond ! À moins qu'il existe qqpart une machine à remonter le temps... Le scénario est du n'importe quoi, avec des grosses ficelles, des violons ''maltapropos'', et c'est dommage. De plus, ils sont 2 à pondre un truc pareil ? Pourtant Valérie Mangin, ce n'est pas du pipi de chat (bien que, parfois, c'est assez ''space''). Son mari de Denis Bajram, non plus. Peut-être que le couple s'est dit : c'est pour Spirou, allez, on peut y aller franco. En revanche, le graphisme est de toute beauté. Je tire mon chapeau au dessinateur. Je regrette simplement qu'il ait mis son art au service d'une telle b***e, c'est triste, c'est du gaspillage. Je mets 2 étoiles parce que j'ai du mal à digérer le contexte, la trame. Mais j'aurais bien mis 5 étoiles pour le graphisme. Dommage aussi que l'héroïne soit si insipide et naïve, un cas d'école. Maintenant, peut-être que la pilule passera mieux auprès d'un public plus jeune.
L’Extraordinaire Traversée de Julius Crèvecoeur
Une histoire qui se laisse lire, mais sans plus me concernant. La partie polar est très classique (même si ça se moque un peu du whodunit), et l’arrière-plan historique (la montée des violences racistes nazies dans l’Allemagne des années 1930 – ici à Hambourg) n’est finalement pas tellement exploité (en tout cas pas autant que je ne l’espérais au vu des premières pages). Reste une deuxième partie plus originale et étrange sur le paquebot. Je ne spoilerai pas, mais si c’est un peu surprenant, ça ne relève pas suffisamment le plat je trouve. Le dessin de Chendi est lui aussi surprenant. Original. Mais pas vraiment de ceux qui me touchent, je n’en suis clairement pas fan. C’est lisible, mais brouillon. Mais c’est affaire de goût et je n’accroche pas à son style. Voilà, un album qui peut trouver son public, mais je ne fais pas partie du cœur de cible, c’est tout. Note réelle 2,5/5.
Voyage de malade
Au vu de la couverture, j’ai pensé retrouver quelque chose de proche du travail de Benjamin Renner (Le Grand Méchant Renard, mais surtout l’excellent et très drôle Un bébé à livrer), une aventure animalière survitaminée développant un humour tout public poilant. Mes attentes étaient sans doute trop hautes, ou alors je visais à côté. Du coup, alors que l’album est plutôt sympathique, je suis sorti un chouia sur ma faim de cette lecture. Car l’humour est gentillet, et les quelques punch-lines des débuts s’estompent. Idem pour le rythme. Même si c’est une sorte de road trip, j’ai trouvé certains passages un peu mollassons. En fait, contrairement aux albums de Renner, je pense que celui-ci s’adresse avant tout à un jeune public. L’adulte que je suis y a moins trouvé son compte (c’est en tout cas à l’aune du public cible que je l’évalue). Car c’est un récit parfois amusant, qui peut trouver son public. Avec un duo improbable, de belles valeurs. Et un clin d’œil final tout mimi mais bien amené.
Habemus Bastard
Une intrigue assez peu originale mais bien amenée. Les dessins et l'ambiance général vous embarque dans l'aventure de ce truand en soutane. Cependant GROOOOS bémol pour ma part sur les nombreux échanges teintés d'homophobie. Ok on côtoie des truands et des prêtres mais les raccourcis : peureux = ''pd ou pédale''. Je ne vois pas pourquoi la virilité des personnages est associé à leur sexualité présumée. Pour une BD de 2024... On souffle fort !
Mousquetaires Fantastiques
Cette série vous arrache volontiers un petit sourire, son dessin donne immédiatement le ton. Dès la deuxième page on sait à quoi s'attendre et la suite ne donne pas tord à cette première impression. Le trait est très agréable, dynamique, tout en rondeur, les visages sont expressifs, et le tout est servi par de chatoyantes couleurs qui donnent des ambiances différentes, mais harmonieuses, à chaque double page. Pour accompagner ce visuel, les bons mots ne tardent pas à arriver. Les rimes amusantes et les belles tournures de phrases sont nombreuses. Si on ajoute à cela des mousquetaires, des capes, des personnages animaliers... est ce que ça ne vous rappellerait pas quelque chose ? Evidement. Sans atteindre le génie de maitre Ayrolles, il faut reconnaitre que l'auteur s'en sort très bien. Mais nulle compassion n'est évidement possible, parlons plutôt d'un sympathique clin d'oeil. En tout cas, les dialogues sont bien écrits et plutôt amusants. L'univers est réussi, on plonge volontiers dans cette fable teintée de fantastique, d'humour, d'aventures, de capes et d'épées. Le petit twist qui permet l'entrée en scène des personnages animaliers est très bien vu. On n'a pas juste imposé au lecteur des animaux qui parlent. Non l'histoire explique comment et pourquoi ils sont là. C'est malin et complètement au service de l'histoire. Il sera question dans celle-ci d'une révolte animale. Nos héros vont enquêter à leur risques et périls sur l'origine de ce conflit, pour tenter d'y mettre fin. Ils seront bien aidé par un certain monsieur De La Fontaine. Le clin d'oeil est également très sympa, son rôle à lui aussi est bien trouvé. Qui d'autre que lui aurait pu faire un meilleur lien avec les animaux ? Au final tout cela s'emboite plutôt bien. On a un récit rythmé et amusant, mélange équilibré d'aventures et de fantastique. Il se passe pas mal de choses, on ne s'ennuie pas. La conclusion appelle une suite, mais ce premier tome raconte une histoire complète et terminée qui se lit comme un one shot.