Les derniers avis (111532 avis)

Par Canarde
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Moheeb sur le parking
Moheeb sur le parking

J'avais beaucoup apprécié Merel, qui racontait la ruralité d'aujourd'hui dans une fiction très bien construite, où la psychologie des personnages était très fouillée et touchante. Avec Moheeb, l'autrice persévère dans son génie de l'observation psycho-sociale. Dit comme ça, j'ai conscience que ce n'est pas très excitant. Pourtant on lit rarement des BD qui vous ouvrent des portes sur un monde que vous cotoyez et que pour autant vous n'avez jamais compris. C'est très émouvant d'accéder à son prochain, finalement. Un parking dans une petite ville, des jeunes qui glandouillent en jouant vaguement avec un ballon dégonflé... On a tous vu ça. Mais on ne l'a pas observé, et tous les signes qui étaient pourtant sous nos yeux n'ont pas révélé les diverses trames de scénario en train de se jouer. C'est ce tissage de liens et d'indifférence mêlés qui est parfaitement rendu et exploré. Le dessin est légèrement moins élégant que dans Merel, tirant parfois vers le comics underground à la Backderf ( Mon ami Dahmer et Trashed) mais cela apporte quelque chose que j'ai du mal à définir. A d'autres moments les couleurs et les lumières reprennent leur capacité d'évocation sensuelle. Toutes les générations trouvent leur place dans ce scénario centré sur Moheeb et sur toutes ses sensations ( l'odeur d'un mouchoir, les piqûres d'ortie où on frotte du plantain, la sensation de la limace sur les doigts, les bourdonnements des voitures, des insectes, la pluie sur le goudron éventré...) mais il s'ouvre sur chacun de nous traversant ce parking et finissant par jouer son rôle dans la partition. Je ressors de ma lecture pleine d'émotion et d'admiration pour Clara Lodewick.

28/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Dernier Quai
Le Dernier Quai

Tout comme les aviseurs précédents, j'ai passé plutôt un bon moment de lecture avec ce one-shot. L'ensemble reste toutefois un peu trop bon enfant et prévisible pour que je bascule ma note vers un 4/5. C'est une BD dont le cœur de cible est selon moi plus les adolescents que les adultes. L'histoire de départ est malgré tout habile : un hôtel tenu par un maître bienveillant, Emile, accueille les âmes des personnes qui viennent de trépasser. Sorte de purgatoire, Emile les accompagnera le temps nécessaire pour qu'ils fassent la paix avec les événements qui se sont passés lors de leur vie terrestre. On sent toutefois rapidement venir le renversement de situation (que je ne décrirai pas ici pour ne pas spoiler) et la fin reste également assez convenue. Côté dessin, tout comme Ro, j'ai fortement ressenti l'influence de Miyazaki dans l'ambiance générale (âmes perdues dans la forêt notamment) et le graphisme. Le découpage des scènes est assez dynamique et la colorisation vive colle bien avec l'univers. Une mention spéciale à la très belle couverture où les notes de rose sont rappelées sur la tranche et les contre plats. Une lecture agréable, pleine de bons sentiments, à partager avec ses enfants . SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 7/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 7/10 NOTE GLOBALE : 14/20

27/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Si nous étions adultes...
Si nous étions adultes...

"Si nous étions adultes..." est une série avec d'indéniables qualités dont l'ambition sincère de dépeindre les sujet de l'homosexualité, de l'adultère, du triangle amoureux, de la difficulté de la vie d'adulte et du poids et des attentes familiales avec beaucoup de sérieux et la volonté de s'éloigner des carcans lycéens et souvent fétichisés des yuris moyens, le tout sous la forme d'une histoire se voulant réaliste et un dessin aux traits ronds et épurés qui accroche l’œil. De bien belle ambitions qui fort heureusement sont réussis. Et pourtant… Bon, vous voyez ma note, vous vous doutez qu'il y a anguille sous roche, mais je tiens vraiment à commencer cet avis en pointant du doigts les qualités de l'œuvre. Je ne prend vraiment aucun plaisir à ne mettre que deux étoiles pour cette série, cela m'emmerde même car sur son concept elle aurait dû me plaire, pourtant il me faut être honnête : je n'ai pas réussi à rentrer dans l'histoire. J'étais tombée par hasard sur la série au complet dans une librairie il y a de ça quelques mois et je m'étais tentée à acheter les deux premiers tomes après avoir feuilleté quelques pages et lu la prémisse (oui, je sais, j'avais promis de ne plus faire d'achats sur des coups de têtes il y a déjà plusieurs avis de cela mais je reste incorrigible…). Je les avais lu et, bien que j'ai pu constater tout le soin apporté à cette œuvre par son autrice, impossible pour moi d'accrocher à l'histoire. Les personnages m'ont semblés un peu trop froids, parfois même antipathiques (alors que le sujet de l'indécision et de la souffrance que cela peut causer à autrui comme à la personne indécise est un sujet qui me touche normalement). Bon, j'aurais pu m'arrêter là, je n'accroche pas à la série, rien de grave en soi. Mais comme ladite série n'était pas encore sur le site je me suis dit que cela serait dommage de ne pas pouvoir présenter et aviser la série au complet. Ne souhaitant pas acheter toute la série pour autant je suis passée par une offre "tierce" (kof kof), mais toujours peu enthousiaste à l'idée de continuer l'histoire j'ai laissé trainer le tout. J'ai tellement laissé trainer que j'ai fini par délaisser toutes mes autres lectures pour me forcer à finir celle-ci et, au bout de quelques mois, après avoir terminer le sixième tome, j'ai eu le déclic : pourquoi me forcer si je n'aime pas ? Un déclic digne d'un enfant de primaire, certes, mais on n'est jamais trop vieille pour sortir de sa connerie. Encore une fois, la série a objectivement des qualités, mais je ne vais pas non plus me forcer jusqu'au bout alors que, clairement, je n'y prend aucun plaisir. Pour tout dire j'ai même peur qu'à force de continuer je ne fasse que noircir davantage mon ressenti de la série. Alors j'arrête les frais avec ce tome six. Une histoire imparfaite pleine de qualités et de bonnes intentions qui m'a laissée complètement de marbre. Je n'étais peut-être pas le public cible, tout simplement. Peut-être faudrait-il être une japonaise trentenaire vivant une situation similaire pour pleinement rentrer dans l'histoire... Quoi qu'il en soit la série n'était pas pour moi, malheureusement. J'espère sincèrement que quelqu'un pour qui cette série parlera plus l'avisera un jour, je me dis que ce serait bête qu'elle ne reste ici qu'avec ma déconvenue.

27/06/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Les Grimpeurs
Les Grimpeurs

Ça faisait un moment que je n'avais pas lu une nouvelle série humoristique à thème, de celles qui s'intéressent à un métier, un sport ou un loisir. Cette fois, c'est l'escalade qui est à l'honneur, et plus précisément l'escalade de bloc : celle qu'on pratique essentiellement en salle, sur des murs bas, sans harnais mais avec de gros matelas au sol en cas de chute. Les auteurs nous embarquent aux côtés d'un couple de débutants qui découvre cette discipline, s'intègre au groupe et partage rapidement des moments de fun, avec une légère touche de compétition. Il s'agit ici d'une de ces quelques séries qui utilisent l'humour comme porte d'entrée pour faire découvrir un univers. Ce n'est pas un ouvrage documentaire, même si un petit cahier explicatif vient conclure l'album, mais les gags permettent de saisir les grandes lignes du sport, ses accessoires, ses techniques, son ambiance. C'est un aspect qui m'a plu et qui a piqué ma curiosité, bien que certains dialogues semblent s'adresser à des initiés. J'ignore toujours, par exemple, ce qu'est une "lolotte", un terme croisé deux fois sans explication. Graphiquement, c'est plutôt réussi. Le trait est assuré, et les personnages évoquent par moments le style de Mo-CDM, avec un bon équilibre entre réalisme et caricature. Les décors sont minimalistes sans jamais paraître vides, ce qui rend l'ensemble agréable à l'œil. En revanche, les gags ne m'ont pas fait rire. Aucun ne m'a vraiment accroché, et certains m'ont même semblé un peu plats ou attendus. Cela dit, l'atmosphère générale est sympathique, et la mise en scène suffit à faire naître un sourire. À lire si vous êtes curieux de découvrir le bloc de façon légère ou si vous en êtes adepte et souhaitez retrouver votre passion transposée avec un certain humour en BD.

27/06/2025 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5
Couverture de la série Jésus aux Enfers
Jésus aux Enfers

Que les choses soient claires, je ne suis pas particulièrement intéressé par les questions religieuses. Je ne suis catholique que par baptême et ne crois pas en l’existence d’un dieu, surtout pas celui auquel on m’a demandé de croire, vous savez, le vieux type à barbe blanche pas toujours sympa qui promet l’enfer et les flammes à quiconque qui s’écarte du « droit chemin ». La Bible a toujours été pour moi un conte destiné aux enfants dociles, une fiction truffée de propos culpabilisant, rédigée sur plusieurs siècles d’après des rumeurs et dont on ne connaît même pas les auteurs, souvent utilisée par ses promoteurs pour domestiquer les esprits et asseoir leur pouvoir. Je caricature peut-être mais globalement, c’est ainsi que je vois les choses. Je pense pourtant être ouvert d’esprit mais ce pavé qu’est la Bible m’a toujours paru rébarbatif et quelque peu obscur. Je ne la connais que par les citations entendues çà et là, notamment à l’église lorsqu’enfant on m’obligeait à assister à la messe. J’ai cependant voulu tenter ce « Jésus aux Enfers », peut-être parce qu’au fond de moi, l’enfer m’a toujours interrogé voire un peu effrayé (on n’échappe jamais totalement à son éducation), mais également en raison de son volume beaucoup plus raisonnable (120 pages !). Comme il le dit en préface, Thierry Robin a toujours « caressé le projet de raconter (…) l’aventure de l’écriture des Evangiles ». C’est lors de travaux préparatoires qu’il a découvert l’évangile de Nicomède, où est raconté la descente aux enfers de Jésus. Mais curieusement, cet évangile semble avoir été délaissé, considéré comme fantaisiste et peu crédible… Paradoxalement, il est pourtant évoqué dans le fameux Credo, récité par les Chrétiens du monde entier, de façon brève certes, mais au final, bien malin celui qui arriverait à interpréter avec précision cette « sainte écriture », qui ouvre la voie à toutes les spéculations. C’est ainsi que Thierry Robin s’est emparé de ce « passage silencieux de trois jours », attiré par les éléments fantastiques de l’évangile en question, mais aussi par le portrait inédit et plein d’humanité qui a été fait du Christ. Pour un mécréant comme moi, qui n’avait retenu que la fable de la crucifixion, mais se mélangeait les pinceaux dès qu’on lui parlait de Pâques ou de l’Ascension, qui à mes yeux représentaient surtout un jour de repos pour le salarié que je suis (rare point positif pour lequel je peux me dire reconnaissant envers la religion), je dois avouer que ce récit a clarifié pas mal de choses, dont par ailleurs je m’étais toujours contrefoutu comme de ma première communion. Thierry Robin a réussi là quelque chose de peu ordinaire. Il a élaboré une œuvre moderne à partir de « textes sacrés » tombés dans l’oubli, textes qu’il a rendus compréhensibles au commun des mortels, sans aucune volonté de les tourner en dérision, et sans pour autant apparaître ringard. « Jésus aux Enfers » se lit comme une BD fantastique, alliant mythologie et heroic fantasy… Avec un graphisme tout à fait conforme aux codes du genre, l’élégance et la finesse du trait en plus, l’auteur nous offre une mise en page très variée et souvent spectaculaire, avec une belle utilisation du noir et blanc pour les clair-obscur. Abbadon, le gardien des enfers est représenté comme un ninja, et Satan ressemble à s’y méprendre à Nosferatu. Les démons apparaissent tels des trolls polymorphes tout droit sortis du « Seigneur des anneaux », dans un décor évoquant peu ou prou la Moria. Bien sûr, les échanges demeurent plus biblico-philosophiques que physiques, mais la lecture n’en est que plus fascinante, Thierry Robin n’a pas non plus cherché à la jouer blockbuster en mode bourrin, loin de là. La rencontre finale entre Jésus et Satan est saisissante et fait presque froid dans le dos, même si Satan est dépeint de manière plutôt humaine (rappelons au passage qu’il est un ange déchu, un peu comme le fut Darth Vador avant de passer du côté obscur). On n’est donc pas obligé d’être érudit en « sciences des religions » pour apprécier « Jésus aux Enfers », et encore moins croyant ou pratiquant. La preuve en est que j’ai passé un bon moment avec cette lecture très instructive, qui je tiens à le préciser, n’a pas remis en cause mon opinion sur le christianisme — même si je reconnais le bien-fondé du message christique qui hélas n’a jamais été vraiment appliqué par nombre de ses adeptes ni empêché les guerres de religion — mais aussi toutes les religions dans leur ensemble.

27/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Contrition
Contrition

Comme ma note l'indique j'ai franchement adoré cette lecture. Dès les premières planches je suis rentré dans le récit. En premier lieu j'ai immédiatement adopté le personnage de Marcia, journaliste Afro-Américaine du modeste Palm Beach Sun qui a fidélisé son lectorat dans les nouvelles de proximité. Par un revers de fortune de son compagnon, c'est elle qui a la fonction gratifiante dans le foyer. Elle parle d'égal à égal avec la police, son chef la respecte et elle peut prendre des initiatives qui lui permettent ( à ses risques familiaux et financiers) de poursuivre son enquête avec des alliées ( blanches) de circonstance. Carlos Portela installe donc son récit dans une Amérique moderne sur de nombreux points ( place de la femme, mixité dans le travail) jusqu'au personnage de Clay , Capitaine malheureux qui revient d'une mission à double tranchant en Irak: faire la transparence sur les exactions de ses frères d'armes dans la prison d'Abou Ghraib. Portela n'est pas naïf pour autant puisqu'il installe son récit en pleine crise des subprimes (2008) dont il fait de nombreuses allusions déguisées dans son récit. Au contraire d'une Amérique déboussolée, Marcia incarne une nation mixte, gardant le goût du risque , de la recherche de la vérité et qui réussit à surmonter ses difficultés (ici familiales, financières et professionnelles). C'est d'ailleurs à mon avis l'un des deux grands axes du scénario très riche de Portela. Comme le signale Clay au révérend en page 138 la finalité de tout cela est "d'être capable de surmonter les épreuves". Le deuxième axe est évidemment celui des mauvaises actions et des mauvaises personnes. C'est la thématique du "Diable au corps" qui s'exprime soit par opportunité soit par autorité abusive. L'auteur ne se contente pas d'une psychologie de comptoir. Il fouille son personnage de Clay afin de lui proposer plusieurs réponses comme une palette des réactions que nous pourrions avoir. C'est d'autant plus subtil que l'auteur abat d'un coup les défenses humanistes de son lectorat en centrant son récit sur la pédophilie de Christian. Pas d'actes monstrueux en visuel, pas de complaisance au voyeurisme malsain, mais une approche bien plus fine avec ce chat numérique que nombre de parents ne peuvent maitriser aujourd'hui. Portela revient alors sur la thématique de la vérité des mots et des images entre une population naïve et vulnérable et une autre qui triche à tous les étages. Pour moi ce scénario et un régal de construction et de justesse. La construction avec des aller-retour aurait pu nuire à la fluidité du récit. C'est tout le contraire à mes yeux car l'auteur nous invite à "changer de point de vue". Il y a donc de la cohérence à changer de narrateur en passant de Marcia à Clay car on peut les lire comme les deux versants du même personnage. Pour compléter ce superbe scénario le graphisme de Keko nous installe dans une ambiance N&B comme un négatif du beau soleil de Floride. C'est sûrement la couleur des pensées de Clay hanté par l'horreur de sa situation et celles de Marcia coincée entre "une routine aliénante" p41 et puis ses soucis familiaux et financiers. Tout est recherche de la lumière vérité dans cet accumulation d'ombres. Le trait est fort portant une formidable expressivité des personnages. Cela fortifie la narration qui s'adapte parfaitement à la puissance du récit. Une très belle lecture où les auteurs touchent à des thématiques fondamentales sur le Mal qui fait de nous de potentiels bourreaux. C'est traité sans complaisance, ni facilité. Du très beau travail.

27/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Heidi (Yamada)
Heidi (Yamada)

Même si cette collection présente des hauts et des bas, je commence à l'apprécier de plus en plus. En effet c'est l'occasion de découvrir des ouvrages de nombreux horizons que je ne connaissais que de nom. C'est le cas pour la petite Heidi envers laquelle j'avais de nombreux préjugés. Comme presque toujours les auteurs de la collection présentent une adaptation très fidèle au déroulé du roman d'origine. J'avoue avoir été séduit par ce récit qui devrait permettre l'éveil des jeunes lecteurs des thématiques très contemporaines. Depuis 1880 on se rend compte en lisant Spyri que les thématiques fondamentales abordées sont toujours d'actualité: respect et amour de la nature, accès à l'éducation et lutte contre l'illettrisme, ouverture aux autres et regard bienveillant vers le handicap. Heidi/Spyri propose toutes ces belles valeurs sans mièvrerie ni leçon de morale . J'ai été réellement conquis par le ton utilisé et les choix de Gyugo Yamada. J'ai bien des petites réserves sur la construction graphique avec quelques imprécisions dans les bulles de dialogues. Toutefois cela reste très fluide et facilement accessible dès l'âge de six ans. Le trait est simple mais reste précis et sobre avec des personnages facilement identifiables pour des jeunes lecteurs-trices sûrement familié(e)s de ce style. Je pousse un peu ma note mais j'ai trouvé cette lecture très recommandable pour un jeune public.

27/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Pionniers
Les Pionniers

J'avais beaucoup apprécié la lecture de la biographie d'Alice Guy. La série des pionniers reprend la même période de la naissance du cinéma en élargissant la narration à de nombreux autres intervenants. Toutefois le récit est centré sur trois personnages principaux Charles Pathé, Gaumont et Alice Guy. C'est d'ailleurs un point positif d'avoir mis le personnage de la jeune femme au devant de l'histoire. C'est toutefois Pathé qui sert de colonne vertébrale à la narration comme noyau autour duquel gravitent un nombre important de noms parfois peu connus. Le travail de recherche et de synthèse de Damien Maric et de Guillaume Dorison est donc énorme tant les initiatives sont diverses et nombreuses puisque tout était à inventer. Cela part quelque fois dans tous les sens et j'ai trouvé la lecture moins aisée que pour la biographie d'Alice Guy . En effet des trois personnages c'est Alice Guy la plus créatrice et artistique dans ce qui a fait le succès du cinéma: les films. La bataille Pathé/Gaumont reste une bataille industrielle autour du matériel, des brevets, des studio , des réseaux de distributions ou d'alliances internationales. Mais l'âme du cinéma est ailleurs et de films on en parle assez peu. Pour masquer cette aridité, les auteurs mettent l'accent sur le sensationnel et le tragique porteurs d'émotions comme le prouve l'ouverture de la série . Le graphisme de Jean-Baptiste Hostache donne la priorité aux visages des principaux personnages. Il y a donc beaucoup de dialogues dans des scènes assez statiques. L'ambiance 1900 est bien restituée par les costumes , les extérieurs rares mais travaillés et la mise en couleur qui tend à rappeler le sépia. Une lecture intéressante mais exigeante. Les intervenants du récit étant plus des techniciens, des entrepreneurs que des artistes je suis resté sur ma faim.

27/06/2025 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Watership Down
Watership Down

« Watership Down » est un roman culte, ici en Angleterre où j’habite depuis 25 ans, même si la plupart des gens semblent plutôt être familiers avec l’adaptation en dessin-animé sortie en 1978. Il s’agit d’une histoire de survie dans une communauté de lapins, inspirée des expériences de l’auteur du roman, Richard Adams, lors de la seconde guerre mondiale, et plus particulièrement de l’opération « Market Garden ». Le ton est donc très guerrier, et la violence et la cruauté des protagonistes ont traumatisé beaucoup d’enfants, surtout via le support film. En tout cas l’histoire est prenante et haletante, surtout sur la fin. Je me suis attaché aux personnages et pris beaucoup de plaisir à suivre leurs aventures. L’adaptation est excellente. Dans la postface, James Sturm explique le processus, les coupes effectuées, la réduction du nombre de lapins pour alléger la narration… il recommande d’ailleurs aux lecteurs de lire le roman, pour découvrir la version « complète » de l’histoire. Le cadre du Hampshire est magnifique, et superbement mis en image par Joe Sutphin. Il faut savoir que ce lieu existe vraiment, allez donc sur Google Maps entre Whitchurch et Kingsclere, tourner la carte pour que le nord soit à gauche, et vous retrouverez exactement la carte fournie avec la BD : routes, ruisseaux, hameaux, et même la voie de chemin de fer ! Les auteurs se sont d’ailleurs rendus sur les lieux, ont suivi l’itinéraire exact du périple du roman, et pris des centaines de photos de référence, accompagnés des filles de Richard Adams… du sérieux ! Notez qu’il existe une petite stèle en l’honneur du roman, ainsi qu’un pub The Watership Down Inn estampillé d’une chouette mini-fresque, que j’espère visiter un jour ! Un moment de lecture magique et captivant.

27/06/2025 (modifier)
Couverture de la série Amour, sexe et Terre Promise - Reportage en Israël et Palestine
Amour, sexe et Terre Promise - Reportage en Israël et Palestine

Bon, le titre est aguicheur – racoleur ou humoristique, c’est selon. Le sujet en tout cas n’est pas sans intérêt. Comme le signale Gaston, l’ensemble n’est pas forcément palpitant, l’enquête ne prétend pas à être exhaustive ou à dresser un portrait sociologique d’une population. D’une part parce que plusieurs sujets s’entrechoquent ici : les relations entre musulmans et juifs, entre Palestiniens et Israéliens, entre hommes et femmes (mais aussi le regard de la société, des « plus anciens » sur les relations amoureuses ici présentées). D’autres part parce que l’album compile une série de témoignages très variées (concernant les situations et les catégories de population concernées), ce qui fait qu’on a parfois l’impression de lire une suite d’anecdotes mal reliées entre elles. Mais la lecture est quand même intéressante, justement du fait de l’éclectisme des témoignages. Cela donne pas mal de points d’attaque pour le sujet des relations amoureuses dans cette région qui fait souvent l’actualité pour la haine et la guerre qui s’y propagent. Et justement, le hasard a voulu que cette enquête ait été menée et finie juste avant les attaques du 7 octobre 2023 (même si la publication en est légèrement postérieure), et la riposte génocidaire à Gaza (et l’accentuation de la violence coloniale en Cisjordanie occupée) ainsi que la droitisation et la crispation de la société israélienne qui s’en sont suivis. En catastrophe, les auteurs ont concocté une introduction pour évoquer cet événement, et leurs questionnements quant à l’opportunité de publier leur enquête malgré tout. Disons que, sans être un génie, on peut augurer que les relations entre Arabes et Juifs vont durablement être compliquées, voire quasi impossibles (ne parlons pas de l’impossibilité d’aimer sous les bombes à Gaza !). Ça ne nous fait que plus regretter cette guerre – qui n’a pas débuté le 7 octobre – et le racisme qui l’accompagne. Le nationalisme et les religions (juives et musulmanes) semblaient déjà dans l’enquête être des freins importants à l’épanouissement de relations amoureuses inter-communautés – voire de relations amoureuses tout court. Hélas ça ne va faire qu’empirer, les extrémistes de tous bords faisant leur nid dans la haine omniprésente. Pas palpitant donc, mais quand même intéressant, pour montrer une possibilité, une petite lueur d’espérance, au milieu de la nuit qui tombe.

27/06/2025 (modifier)