Jésus aux Enfers

Jouant avec les interstices de l'abondante littérature biblique, l'auteur met en scène un épisode méconnu ou resté silencieux de la vie du Christ : entre sa crucifixion et sa résurrection, trois jours passés aux enfers.
Quadrants Spiritualité et religion
Une prière fondatrice, le credo, le mentionne ainsi : « (Jésus) (...) est mort, a été enseveli, est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts (...) ». Que s'est-il passé durant ce mystérieux séjour aux enfers ? Jésus a-t-il rencontré le maître des lieux, Satan ? S'appuyant sur les Évangiles et les travaux d'exégètes, l'auteur propose une interprétation audacieuse et éclairante. Trois jours méconnus de la vie de Jesus. Trois jours séparant sa mise au tombeau, après sa crucifixion, jusqu’au matin dès sa résurrection et sa rencontre avec Marie Madeleine. Trois jours passés dans le séjour des morts, puis en enfer où il rencontre Satan. Un texte apocryphe date du IIe siècle de notre ère, ultérieurement intégré à l’Evangile de Nicodème, a inspiré ce récit.
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Date de parution | 02 Avril 2025 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis


Que les choses soient claires, je ne suis pas particulièrement intéressé par les questions religieuses. Je ne suis catholique que par baptême et ne crois pas en l’existence d’un dieu, surtout pas celui auquel on m’a demandé de croire, vous savez, le vieux type à barbe blanche pas toujours sympa qui promet l’enfer et les flammes à quiconque s’écarte du « droit chemin ». La Bible a toujours été pour moi un conte destiné aux enfants dociles, une fiction truffée de propos culpabilisants, rédigée sur plusieurs siècles d’après des rumeurs et dont on ne connaît même pas les auteurs, souvent utilisée par ses promoteurs pour domestiquer les esprits et asseoir leur pouvoir. Je caricature peut-être mais globalement, c’est ainsi que je vois les choses. Je pense pourtant être ouvert d’esprit mais ce pavé qu’est la Bible m’a toujours paru rébarbatif et quelque peu obscur. Je ne la connais que par les citations entendues çà et là, notamment à l’église lorsqu’enfant on m’obligeait à assister à la messe. J’ai cependant voulu tenter ce « Jésus aux Enfers », peut-être parce qu’au fond de moi, l’enfer m’a toujours interrogé voire un peu effrayé (on n’échappe jamais totalement à son éducation), mais également en raison de son volume beaucoup plus raisonnable (120 pages !). Comme il le dit en préface, Thierry Robin a toujours « caressé le projet de raconter (…) l’aventure de l’écriture des Evangiles ». C’est lors de travaux préparatoires qu’il a découvert l’évangile de Nicomède, où est raconté la descente aux enfers de Jésus. Mais curieusement, cet évangile semble avoir été délaissé, considéré comme fantaisiste et peu crédible… Paradoxalement, il est pourtant évoqué dans le fameux Credo, récité par les Chrétiens du monde entier, de façon brève certes, mais au final, bien malin celui qui arriverait à interpréter avec précision cette « sainte écriture », qui ouvre la voie à toutes les spéculations. C’est ainsi que Thierry Robin s’est emparé de ce « passage silencieux de trois jours », attiré par les éléments fantastiques de l’évangile en question, mais aussi par le portrait inédit et plein d’humanité qui a été fait du Christ. Pour un mécréant comme moi, qui n’avait retenu que la fable de la crucifixion, mais se mélangeait les pinceaux dès qu’on lui parlait de Pâques ou de l’Ascension, qui à mes yeux représentaient surtout un jour de repos pour le salarié que je suis (rare point positif pour lequel je peux me dire reconnaissant envers la religion), je dois avouer que ce récit a clarifié pas mal de choses, dont par ailleurs je m’étais toujours contrefoutu comme de ma première communion. Thierry Robin a réussi là quelque chose de peu ordinaire. Il a élaboré une œuvre moderne à partir de « textes sacrés » tombés dans l’oubli, textes qu’il a rendus compréhensibles au commun des mortels, sans aucune volonté de les tourner en dérision, et sans pour autant apparaître ringard. « Jésus aux Enfers » se lit comme une BD fantastique, alliant mythologie et heroic fantasy… Avec un graphisme tout à fait conforme aux codes du genre, l’élégance et la finesse du trait en plus, l’auteur nous offre une mise en page très variée et souvent spectaculaire, avec une belle utilisation du noir et blanc pour les clair-obscur. Abbadon, le gardien des enfers est représenté comme un ninja, et Satan ressemble à s’y méprendre à Nosferatu. Les démons apparaissent tels des trolls polymorphes tout droit sortis du « Seigneur des anneaux », dans un décor évoquant peu ou prou la Moria. Bien sûr, les échanges demeurent plus biblico-philosophiques que physiques, mais la lecture n’en est que plus fascinante, Thierry Robin n’a pas non plus cherché à la jouer blockbuster en mode bourrin, loin de là. La rencontre finale entre Jésus et Satan est saisissante et fait presque froid dans le dos, même si Satan est dépeint de manière plutôt humaine (rappelons au passage qu’il est un ange déchu, un peu comme le fut Darth Vador avant de passer du côté obscur). On n’est donc pas obligé d’être érudit en « sciences des religions » pour apprécier « Jésus aux Enfers », et encore moins croyant ou pratiquant. La preuve en est que j’ai passé un bon moment avec cette lecture très instructive, qui je tiens à le préciser, n’a pas remis en cause mon opinion sur le christianisme — même si je reconnais le bien-fondé du message christique qui hélas n’a jamais été vraiment appliqué par nombre de ses adeptes ni empêché les guerres de religion — mais aussi toutes les religions dans leur ensemble.


Un bon album mais j’avoue que je regrette un peu mon achat compulsif. Ma faute aussi, je me suis jeté dessus dès que j’ai vu le nom de l’auteur sans chercher à en connaître davantage sur le fond du récit … et finalement c’est là où ça coince un peu. La partie graphique est conforme à mes attentes. J’apprécie toujours autant le découpage de Thierry Robin, on trouve souvent de chouettes trouvailles ou double pages. Cependant (et personnellement) je trouve que ce n’est pas son meilleur travail. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser que c’était parfois trop sage ici, les couleurs ternes (la plupart du temps) n’aident sans doute pas non plus, et les personnages non pas un gros charisme (exception faite de Satan). On reconnaît quand même bien son style et le voyage pictural reste très agréable. Par contre, ça a été moins le cas pour cette balade aux enfers. Il faut dire que tous les trucs autour des religions sont loin de me titiller et j’imaginais une adaptation « plus libre » de la part de l’auteur. Ici et à mon goût, ça manque clairement de fantaisie, l’auteur ne s’éloigne pas (trop) du texte « officiel » (même si ce dernier dénote déjà un peu des classiques, le clergé ne se pressant pas pour mettre en avant ce passage). Le récit démarre donc par la crucifixion de Jésus et se termine par son ascension. L’entre-deux fera la part belle à ces 3 jours aux enfers. J’ai vraiment mis du temps à rentrer ou à trouver quelque chose aux péripéties de notre héros. Le début est un peu chiant (hormis le passage avec Abaddon où Jésus se la joue limite super-héros), c’est la rencontre avec de nombreux personnages bloqués dans le Shéol : Jean, David (de Goliath), Moïse, Noé … jusqu’à Adam et Ève que Jésus libèrera pour les amener aux cieux. Bref cette partie est loin d’être ma came, en plus c’est ponctué de nombreux passages de la bible pour appuyer (psaumes, actes …) ou donner du crédit. Mon intérêt est réellement venu à l’arrivée de Satan et des joutes avec notre héros où l’on sent l’auteur plus libre, il présente même quelques idées intéressantes autour de Judas, l’histoire Juive avant le Christianisme ou de rédemptions. Cependant ça ne vient pas chambouler notre vision, ça reste juste à l’état d’idées. Dommage que ça manque un peu de force, j’aurais bien plus adhéré si le ton ou la fin étaient plus iconoclastes. Un résultat mi-figue mi-raisin pour moi donc, j’espérais autre chose qu’une transposition « fidèle » d’un événement méconnu. La réalisation est bonne mais le fond peut vraiment vous laisser dubitatif (ou non) en fonction de votre sensibilité ou tolérance aux écrits religieux. Du gros boulot de la part de Thierry Robin mais j’aurais souhaité plus de trahison.
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