Les derniers avis (10 avis)

Couverture de la série Aldobrando
Aldobrando

Cette œuvre construit un récit initiatique d’une grande justesse, jouant en permanence sur une apparente simplicité pour mieux atteindre une profondeur émotionnelle rare. La naïveté volontaire du ton n’affaiblit jamais le propos : elle sert de filtre pour aborder la violence, la loyauté et la construction de soi sans cynisme. Le scénario, linéaire mais solidement charpenté, maintient une tension douce qui rend la progression d’Aldobrando à la fois crédible et touchante. La fin est vraiment satisfaisante et me laisse un joli sourire aux lèvres. Graphiquement, le style caricatural – qui pourrait sembler déroutant hors contexte – fonctionne ici comme un amplificateur narratif. Les proportions exagérées, les visages expressifs et le traitement chromatique épuré renforcent l’innocence du protagoniste et la dureté du monde qui l’entoure. Le dessin accompagne la montée en maturité du personnage et soutient la dynamique émotionnelle du livre de manière précise, sans surcharge. L’ensemble forme un conte moderne, dur et doux à la fois, capable de toucher un large public. Les lecteurs sensibles aux récits initiatiques, aux univers médiévaux sobres et aux fables morales y trouveront un équilibre rare entre simplicité et profondeur.

05/12/2025 (modifier)
Couverture de la série 1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta
1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta

La série impressionne par la précision de son récit et par la manière dont elle détourne l’attente d’une simple aventure maritime pour explorer une véritable dérive sociétale. Le scénario, extrêmement documenté, maîtrise parfaitement la montée en tension : la catastrophe initiale sert de déclencheur à une dynamique de pouvoir, de manipulation et d’effondrement moral. Les parallèles implicites avec d’autres tragédies historiques – notamment le radeau de La Méduse, où les plus vulnérables subissent la brutalité des puissants – donnent au récit une profondeur supplémentaire sans jamais quitter le cadre strictement narratif. L’ensemble attise constamment la curiosité grâce à la solidité des faits historiques mobilisés. Le dessin, d’une grande précision, renforce l’immersion. Les ambiances, les visages et les corps sont rendus avec un réalisme qui incarne parfaitement chaque personnage. Cette exactitude graphique rend les scènes plus crédibles et accentue la dureté psychologique du récit. On “y est”, tant dans la tension des situations que dans la représentation sans fioritures de la marine de l'époque. Cette adéquation entre style graphique et matière narrative constitue un des points forts majeurs de l’ouvrage. L’ensemble s’adresse clairement à un lectorat appréciant les récits historiques exigeants, les chroniques humaines extrêmes et les constructions scénaristiques très rigoureuses. La force documentaire, la densité thématique et la cohérence entre fond et forme en font une lecture marquante, même si son intensité peut dérouter les lecteurs cherchant un divertissement plus léger.

05/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Loup des Mers
Le Loup des Mers

Cette adaptation propose un récit solide porté par l’atmosphère maritime, qui constitue son principal atout. Le huis clos à bord du navire fonctionne bien : l’univers rude, parfois volontairement caricatural, est renforcé par un dessin expressif qui accentue les tensions sociales et le climat brutal de la traversée. L’ensemble crée une immersion immédiate, même sans connaissance préalable de l’œuvre littéraire. Le scénario avance de manière très linéaire, parfois trop, avec quelques développements attendus. Malgré cette simplicité, le rythme reste efficace et la lecture fluide. Le capitaine, personnage central du récit, apporte une vraie complexité psychologique : difficile à lire, oscillant entre fascination et incompréhension, il élève le niveau narratif mais génère aussi quelques zones d’opacité. La conclusion, cohérente, manque toutefois d’impact et laisse une légère impression d’inachevé. Graphiquement, l’album s’accorde parfaitement au ton dur et rugueux du récit. Le trait, anguleux et expressif, accentue la violence sociale et morale du navire, donnant une cohérence forte entre fond et forme. Cela contribuera à séduire les lecteurs appréciant les ambiances maritimes âpres, les huis clos psychologiques et les adaptations littéraires accessibles.

05/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Sara Lone
Sara Lone

La série propose un récit rythmé et immersif, porté par une représentation très vivante des États-Unis d’époque, proche d'une série télévisée. Le rythme général reste soutenu, mêlant enquête, thriller et portrait de vie, ce qui donne à l’ensemble une tonalité hybride assez efficace. Les personnages sont traités avec suffisamment d’attention pour susciter de l’attachement, même si certains arcs secondaires apparaissent moins approfondis, générant quelques zones d’ombre ou questions laissées en suspens. Graphiquement, la série s’appuie sur un dessin réaliste, clair et proche des codes du comic ou du roman graphique. La mise en scène est lisible, expressive, avec des planches qui soutiennent bien la tension du récit. L’ancrage historique apporte de la texture et enrichit l’atmosphère, même si son rôle oscille entre toile de fond utile et élément parfois moins indispensable à l’essentiel de l’intrigue. L’ensemble forme un thriller solide, visuellement attrayant et globalement bien rythmé, malgré quelques longueurs et certains traitements superficiels. Une série recommandable pour les lecteurs appréciant les récits policiers dynamiques et les ambiances américaines bien restituées.

05/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Marsupilami de Frank Pé et Zidrou - La Bête
Le Marsupilami de Frank Pé et Zidrou - La Bête

Cette relecture du mythe du Marsupilami s’impose comme une proposition mature, sombre et cohérente, bien distincte des approches classiques de la franchise. Le scénario, construit avec un sens affirmé du rythme, installe une tension constante sans basculer dans la démonstration. L’univers plus noir, presque naturaliste, donne au récit une densité émotionnelle réelle. Les évolutions des personnages sont traitées avec finesse : chacun progresse par petites touches, sans surenchère, ce qui rend leurs réactions crédibles et leur peine perceptible sans que le récit ne force l’émotion. Graphiquement, l’album atteint une intensité rare. Le trait expressif de Frank Pé, ample et détaillé, parvient à véhiculer immédiatement les émotions des protagonistes comme celles de l’animal. Les ambiances sombres, la gestion des lumières et la mise en scène très physique des corps renforcent le ton dramatique du récit. L’ensemble crée une immersion forte où la beauté du dessin soutient le propos plutôt que de le surcharger. La série peut séduire un public adulte appréciant les réinterprétations ambitieuses, les atmosphères denses et les récits émotionnels sans pathos. Les amateurs de travaux graphiques expressifs y trouveront également un grand intérêt. Ses principaux atouts résident dans la cohérence du ton, la qualité du dessin et la délicatesse apportée à la caractérisation. Les rares limites tiennent à la noirceur générale, qui pourra moins parler à ceux qui attendent un esprit plus aventureux ou léger.

05/12/2025 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Criminal
Criminal

Je viens de relire les 7 tomes de cette série, 18 ans après l’avoir découverte… 18 ans durant lesquels j’ai lu bon nombre de polars, sans jamais trouver mieux dans le genre. Le duo Brubaker / Phillips nous propose une série dans la pure tradition des polars noirs américains. Des flics pourris, des trafiquants de drogue tarés, des fusillades… et au milieu de tout ça, des personnages attachants à la personnalité bien développée, comme on en voit rarement dans la BD franco-belge. Les intrigues sont prenantes, bien construites et parfaitement narrées, et varient suffisamment d’un tome à l’autre pour éviter la monotonie. Après, c’est sûr, il faut se faire au dessin typé comics, ce n’est pas du Blacksad… je note d’ailleurs que les 2 seuls posteurs ayant mis 3/5 à ce jour ont eu un blocage à ce niveau-là, ce que je comprends tout à fait. Moi, je trouve le dessin super efficace, et parfait pour représenter la noirceur de l’univers de Crminal. Une superbe série, sans doute la meilleure dans le genre « polar noir ». Je vous conseille aussi tous les spin-off – voir notre thème. Vivement la série télévisée !

29/02/2008 (MAJ le 05/12/2025) (modifier)
Couverture de la série Alys et Vicky
Alys et Vicky

J’ai eu l’occasion de lire le tome 2. On a là une série d’humour gentiment érotique, qui se situe dans une petite moyenne du genre, dans une veine pas mal exploitée par Dany. Suffisamment de gags m’ont fait sourire pour que ma lecture soit plaisante, mais ça n’est pas non plus hyper original. Les deux héroïnes ont une belle plastique (et Di Sano ne fait pas grand-chose pour nous la cacher), sont parfois naïves, ingénues, et se retrouvent souvent à montrer leur corps – sans l’avoir voulu – à un public de voyeurs. Elles ne se rendent pas toujours compte de l’effet qu’elles provoquent chez les hommes qu’elles croisent. Di Sano est un vieux routier du genre. Il se situe dans la lignée de Walthery – en moins précis et soigné quand même (au vu de la galerie j’ai l’impression que dans le premier tome le trait était plus net). Mais bon, c’est globalement agréable. Une petite curiosité. Note réelle 2,5/5.

05/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Bye bye tristesse
Bye bye tristesse

Je serais un chouia moins dur que gruizzli, mais j’ai comme lui trouvé cet album très moyen. C’est très verbeux, avec une sorte de monologue – vaguement entrecoupé de quelques réparties d’autres protagonistes – d’une femme qui, s’adressant à son mari (ou ex-mari, tant la situation semble distendue entre eux deux) d’une femme qui nous raconte son enfance, son éveil aux plaisirs charnels (au sein d’une famille de la haute plutôt vieux jeu), puis sa vie sexuelle et sensuelle (surtout sexuelle en fait), dans ce qui ressemble à une auto-analyse sans grande profondeur. Pas mal de scènes érotiques, sans que ce soit vraiment porno. Pas mal d’ennui surtout. Il ne se passe pas grand-chose, et les atermoiements et autres questionnements de la donzelle masquent mal la vacuité du scénario, alors même que le rythme est d’une lenteur ! Restent quelques jolis dessins (même si le trait un peu gras manque parfois de détails), qui me rendent un peu plus indulgent que certains de mes camarades. Mais l’album est très vite lu (peu de texte, un scénario qui fait le minimum), et tout aussi vite oublier je le crains.

05/12/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 3/5
Couverture de la série Sur la piste de Blueberry
Sur la piste de Blueberry

J'ai lu quelques Blueberry pendant mon adolescence, mais depuis je n'ai plus touché à un album. Je reprends contact avec ce personnage avec cet hommage collectif. Les noms au générique y sont pour beaucoup. L'album débute par une préface de l'éditeur. Puis nous allons suivre quelques petits récits mettant en scène Blueberry, de sa prime jeunesse jusqu'à un âge avancé. Chacune de ces petites histoires est précédée par un petit mot des auteurs sur leur rencontre avec ce mythique cow-boy. Des petits bouts de vie qui se laissent lire, mais rien de vraiment passionnant. C'est d'un niveau inégal, mais bon, en trois planches on peut rarement faire des miracles. La partie graphique est dans l'ensemble très agréable à contempler. C'est Philippe Xavier qui m'a le moins convaincu, ensuite les auteurs font le job, chacun dans son style. Je fais la connaissance d'Anlor et elle me donne envie de découvrir son Ladies with guns (il faut vraiment cliquer sur le lien aujourd'hui). Par contre, je delivre un A+ à Dominique Bertail avec sa colorisation neutre dans les tons marrons, à Alexandre Coutelis pour son rendu sale et dépouillé et enfin à Thierry Martin dans un style proche de Brüno, ce dernier a le don de me surprendre après Mortel et Dernier souffle. Un bon 3 étoiles.

05/12/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Le Pouvoir des innocents
Le Pouvoir des innocents

Incroyable, cette série ! Je voulais la lire depuis longtemps et j'ai franchi le pas en la trouvant à la bibliothèque. Et je suis sidéré de sa qualité, parce qu'elle accuse l'âge de 30 ans aujourd'hui ! Luc Brunschwig n'est pas un manche en terme de scénario, je le savais déjà, mais là j'ai été soufflé par la qualité de sa production. Si la BD accuse un certain âge au niveau du dessin qui est perfectible, notamment dans certains gros plans et dans une organisation de page pas toujours très claire dans le premier tome, qui va progressivement s'améliorer au fur et à mesure du temps, si la BD accuse un certain âge niveau dessin donc, le scénario est curieusement très actuel à mon gout. Bien qu'installé dans les politiques des années 90 et de l'insécurité de New-York dans ces années-là, le commentaire de la BD est tout à fait pertinent aujourd'hui encore, et peut-être même plus depuis quelques années. J'avoue que le premier tome m'avait laissé craindre une direction spécifique de la BD : la constatation des échecs politiques dans l'idée de lutter contre la criminalité et l'apparition -et la glorification- du héros vengeur, le justicier individuel qui vient faire régner l'ordre et la loi dans la ville. A l'image d'un Bronson dans "Un justicier dans la ville", quoi. Mais très vite le scénario bifurque et installe des propos politiques que j'ai beaucoup apprécié. Parce que c'est toujours les mêmes aujourd'hui : la sécurité mise en avant au détriment du reste, le détournement d'argent pour financer des campagnes avec magouille derrière, les liens entre politiques et mafias (et riches, mais les riches et les mafieux se confondent vite), l'oubli de tout les pauvres ... Et j'ai beaucoup aimé ce qui est dit dans la BD. Si la plupart des personnages sont gris et que le final flamboyant remet en place les différentes pièces du puzzle, il reste dedans quelques personnages très typés. A commencer par Jessica Rupert. J'ai lu dans plusieurs avis et je comprends que certains n'ont pas aimé ce personnage trop gentil, trop parfait et trop altruiste. Je dois dire que je n'ai pas eu de problème avec ça, puisque je le vois comme un idéal. Pur, certes, irréaliste pour certains, mais personnellement ça m'a fait du bien de la voir et de voir ses discours. Parce que je pense sincèrement qu'elle a raison : oui, l'entraide et la solidarité sont nécessaire, oui, aller vers l'autre nous fera tous mieux vivre, oui, il est plus sympa d'être gentil. C'est le message du film "Everything, everywhere, all at once" : "si rien ne compte, autant être gentil". En fait, je trouve que la BD est furieusement dans l'air du temps. C'est même dingue de voir que ce sont les mêmes sujets, les mêmes débats, les mêmes problématiques, et la finalité est la même : entraide, solidarité, gentillesse, liens sociaux. Je sais que c'est parfois naïf à entendre, mais le monde capitaliste que nous avons développé se base sur l'exact inverse. D'ailleurs la BD est pour moi l'expression politique d'une lutte capitaliste, et si on peut y voir une candeur, c'est peut-être parce que nous sommes devenus si blasés et désespérés dans notre lutte politique qu'imaginer la gentillesse gagner nous parait désormais absurde. Et ça me parait terrible. Une série que je recommande, elle a quelques défauts, notamment l'abondance de retours en arrière à partir du tome 3 pour expliquer ce qu'il s'est passé et qui n'est pas toujours indispensable (j'aurais aimé que la femme de Joshua soit développée avant son flashback). Mais en global, la série est portée par un message intelligent sur les dérives d'un monde autoritaire, sécuritaire, glorifiant l'individu au détriment du groupe. Et sa réponse me convient, alors évidemment j'apprécie !

05/12/2025 (modifier)