Un BD typique de la fin des années 90-début 2000: comprenez une bonne histoire de complot absolument pas crédible avec un héros héritier qui se retrouve embarqué dedans à son corps défendant, mais qui se révèle être bien plus coriace que prévu, tout en ayant une gueule de top-model avec en plus une femme magnifique à ses côtés.
Cela vous rappelle quelque chose? Largo Winch&co? Exactement.
Alors notre personnage principal s'appelle Ted Voss et il est bô, il est blond, il est riche, il a une super nana, et hérite des papiers compromettants de son père disparu.
Il découvre qu'arrière grand-papa était vraiment un gros pourri qui a établi une espèce de société secrète infiltrée un peu partout avec en plus une armée de mercenaires clonés au crâne rasé qui tuent tout le monde à droite et à gauche (bon ce sont pas des clones mais ils ont vraiment tous la même tête rasée). Tout cela est annoncé dans les lettres que lui a légué son père. Or la société secrète ne veut pas que tout cela se sache (enfin je crois, c'est franchement pas clair pourquoi la société anonyme veut tuer le p'tit Ted), donc ils veulent éliminer Ted. Heureusement, Ted, en plus d'être imbuvable et incroyablement prétentieux (le personnage est d'une arrogance sans mesure, mais sans deuxième degré), est aussi un ancien champion olympique de tir. Donc il va mettre la pâtée aux gros méchants. Avec l'aide d'un ancien nazi repenti, et de la NSA.
On a donc une galerie de personnages soit à peine esquissée, soit franchement antipathique, des rebondissements aussi délirants que peu crédibles, une conspiration sans queue ni tête (on ne comprend pas grand-chose aux motivations des protagonistes en fin de compte, aussi bien les méchonts que super-ted), secouez le tout et vous avez la branche lincoln (titre dont le sens est dévoilé très vite, mais n'a pas grand-chose à voir avec ce qui fait figure d'intrigue).
La cerise sur le gâteau: dans les dernières pages du dernier tome, on nous dévoile l'identité du Docteur Gang..Heu non, de Darth Sidious..Ah non pardon, l'identité du chef des méchonts. Et ce dévoilement nous laisse complètement froid: il s'agit d'un personnage dont tout le monde se fout, qui n'apparait en tout et pour tout que sur 3-4 pages dans les 4 tomes, et dont le background n'est pas révélé. C'est un "c'était donc lui" qui tombe complètement à plat. Et le sort du grand chef laisse autant sur sa faim que celui dédié à Palpatine dans le retour du Jedi (comprenez: foiré, anti-épique, et limite ridicule..Heu non oubliez le "limite").
Quand j’ai ouvert le premier tome du Château des Animaux, j’ai senti immédiatement que j’entrais dans une œuvre rare. J’ai acheté les quatre tomes en édition luxe, et dès les premières pages, j’ai compris que j’avais entre les mains quelque chose d’exceptionnel. C’est beau, c’est intelligent, c’est puissant. On sent évidemment l’inspiration de La Ferme des animaux d’Orwell, mais jamais comme une copie : ici, c’est une réinterprétation sensible et moderne, une fable politique qui prend sa propre ampleur.
Ce qui m’a frappé en premier, c’est l’atmosphère. On est plongé dans un château sombre, oppressant, où les animaux sont soumis à un régime brutal mené par un taureau tyrannique. Et pourtant, au milieu de cette noirceur, une petite lueur persiste : celle de l’espoir, fragile mais tenace. J’ai ressenti une empathie immense pour Miss Bengalore et les autres animaux qui rêvent de liberté. Le récit parle de courage, de révolte, mais surtout de résistance non violente. Et ça, je ne m’y attendais pas. Cette approche apporte une profondeur incroyable : on ne suit pas juste une lutte, on suit une philosophie.
Les dessins, eux, m’ont laissé bouche bée. Les planches sont d’une finesse incroyable, chaque animal a une expression presque humaine, un regard chargé d’émotion. Les ambiances sont sublimes : les jeux d’ombre, les lumières, la texture des fourrures, même les silences semblent dessinés. À plusieurs moments, j’ai dû m’arrêter juste pour contempler une page. Félix Delep livre un travail qui, franchement, mérite d’être vu en grand format – d’où mon immense satisfaction d’avoir choisi l’édition luxe.
Et puis, au-delà de l’esthétique, cette BD fait réfléchir. Beaucoup. Elle parle du pouvoir, de la peur, des masses qui se résignent, du courage de quelques-uns qui refusent d’abandonner. Elle m’a rappelé que les révolutions ne commencent pas toujours avec des cris, mais parfois avec un geste simple, un refus, un sourire, une main tendue.
En refermant le quatrième tome, j’ai ressenti un mélange d’admiration et de mélancolie. Cette série, pour moi, c’est un 5/5 impeccable : une œuvre riche, humaine, magnifiquement dessinée et profondément inspirante. Le genre de BD qu’on relit, qu’on montre, qu’on conseille et qu’on garde précieusement dans sa bibliothèque.
Album introspectif et accessible, Coming In trouve un équilibre solide entre récit personnel et dimension pédagogique. Le scénario alterne moments d’avancée narrative et respirations réflexives, ce qui rend la lecture fluide tout en donnant du poids aux enjeux identitaires abordés. L’approche reste douce, structurée, sans alourdir le propos : on suit un cheminement intérieur avec justesse, sans sensation de dramatisation inutile.
Le dessin, volontairement simple, accompagne parfaitement cette tonalité. Il sert de cadre lisible à un contenu plus profond, en soutenant la légèreté apparente tout en laissant la place au sérieux du sujet. Cette cohérence graphique renforce l’impression d’un texte pensé pour être compris, ressenti et transmis, sans artifice.
L’ensemble se lit comme une BD nécessaire : un ouvrage qui ouvre l’esprit, bienveillant, clair, et qui parvient à toucher sans appuyer. Accessible à tous, elle trouvera un écho particulier auprès des lecteurs intéressés par les récits d’acceptation de soi, mais peut réellement parler à un public très large.
Bluebells Wood est un récit très introspectif qui avance à un rythme volontairement lent. L’histoire explore surtout le deuil, la solitude et une forme d’amour mélancolique, plus suggéré que véritablement raconté. Le scénario se concentre sur les états d’âme et la sensibilité des personnages plutôt que sur l’action, ce qui donne à l’ensemble une tonalité contemplative.
Graphiquement, l’album est remarquable. Les planches sont très travaillées, parfois presque picturales, et la mise en scène s’approche davantage de la poésie visuelle que de la narration classique. Les couleurs et les compositions installent une atmosphère douce-amère qui accompagne parfaitement le propos. Cette identité graphique forte est clairement le point le plus marquant de l’œuvre.
L’intrigue, plus diffuse que véritablement construite, se vit davantage comme une mélodie lente que comme un récit à rebondissements. Cela pourra séduire ceux qui recherchent une lecture sensible et immersive, mais laisser plus distants ceux qui préfèrent un scénario structuré. L’ensemble fonctionne pourtant bien dans son registre : une BD intime, élégante et émotionnelle.
La série propose un récit de piraterie classique dans le bon sens du terme : un univers globalement réaliste, ponctué d’un léger souffle fantastique juste assez présent pour nourrir le mystère sans détourner l’ancrage historique. L’intrigue assemble gouverneurs corrompus, pirates imprévisibles, enjeux religieux, quêtes de trésor et trahisons successives. Le mélange fonctionne bien : l’histoire reste lisible, rythmée, avec une dose d’humour et de romance qui allège la noirceur ambiante.
Le dessin de Jérémy est solide, efficace, cohérent avec le registre. Il n’a rien de révolutionnaire mais restitue correctement les décors coloniaux, les codes visuels de la piraterie et des personnages expressifs. Les figures féminines contribuent à la dynamique du récit, entre séduction, pouvoir et ambiguïtés, sans tomber dans la gratuité. L’ensemble offre un divertissement maîtrisé, accessible à ceux qui aiment les histoires d’aventure maritimes structurées et généreuses en rebondissements.
Les points forts résident dans le rythme, la variété des situations et une atmosphère bien installée ; les limites, dans une formule parfois très classique et un dessin qui privilégie l’efficacité à l’innovation. Pour les amateurs de récits d’aventure, de complots et de piraterie, c’est une lecture très plaisante.
Sortie cette année, cette BD m'a intéressée parce qu'elle exploite une idée que j'avais eu après discussion avec une amie assistante sociale qui maintient qu'il faut un permis pour être parent. Cette idée étrange, donc, est ici au centre d'une BD dystopique/utopique qui parle d'un monde futuriste (mais proche) où le bonheur est obligatoire, la médiation et l'apaisement des sentiment encouragé.
Pour un avis simple, je trouve que la BD est globalement sympathique, mais pas assez aboutie dans le traitement de son idée. Lorsqu'on parle de monde où sourire est une obligation, la médiation et le contrôle des sentiments la norme, la naissance conditionné à un permis absurde dans un système kafkaïen, j’imagine un monde dystopique à l'extrême ou absurde au dernier degré. Mais la BD reste "sage", avec une finalité un peu trop facile et qui esquive les questions soulevées dans le récit.
Pour plus de détails, disons déjà que le dessin fait très typé, avec un trait qui m'évoque Pénélope Bagieu ou Margaux Motin dans le trait, avec des personnages très souples et des a-plats de couleurs qui renforcent l'aspect cartoon du trait. C'est ce qui renforce l'aspect grotesque des scènes -voir en galerie- pour accentuer l'absurde de ce monde, donnant un ton humoristique et décalé à l'ensemble. Ce qui est dommage, lorsqu'une partie du récit flirte plus avec le glauque et le malsain, notamment lors de la scène d'examen avec le faux bébé. Mais globalement ça fonctionne plutôt bien.
Ce que je regrette c'est que la BD, malgré de bonnes idées, résout tout par un "je pars chez des gens qui sont restés normaux" qui semble tout résoudre magiquement. Si ce monde étrange et dystopique s'est installé, c'est pour répondre à des problématiques (évoquées mais jamais traités) et qu'en est-il en dehors ? Ce monde étrange qu'on nous dépeint, à quoi fait-il écho ? Quel est l'avenir en dehors de cette colonie ? Tant que questions balayées sous le tapis par les auteurs qui ne s’embarrassent pas de développer le lore qu'ils installent et c'est vraiment dommage. C'est la grande faiblesse du récit qui reste dans la surface de toutes les questions traitées.
Maintenant c'est aussi parce que le scénario fait le choix, clair et évident, de critiquer une société "instagram". Chacun doit être un parent-citoyen modèle, on reste dans la retenue des émotions, dans l’apaisement des conflits et le dialogue constant. C'est une société du paraitre, où rien de personnel ne s'affiche, dans lequel tout doit être beau, merveilleux, pacifié. Une sorte de dictature du bonheur qui pourtant ne marche clairement pas. Je comprends la critique sous-jacente, celle d'un monde de réseau et d'application, de technologie et de surveillance de notre participation à améliorer la société. Tout pue le faux, mais on fait semblant, pour notre bien à tous. Effectivement, je n'aime pas cette société.
Comme mentionné, la BD est à la croisé de deux thématiques mais en rate l'une des deux, selon moi. J'aurais aimé voir le développement des questions sociétales autour des naissances, pourquoi le choix individuel bascule vers un choix d'Etat, un choix politique et administratif. Il y a beaucoup de développement possible, de l'horreur kafkaïenne pure à des questionnements politiques et sociaux majeurs, mais la BD les esquive. Et je regrette un peu le choix d'avoir fait une fin aussi "heureuse", qui ne permet pas de réellement s'emparer d'un sujet pourtant très intéressant.
Dommage, une BD qui n'est pas mauvaise mais me laisse un gout d'inachevé.
La série propose une fantasy épique pleinement assumée, portée par un dessin extrêmement expressif : corps sculptés, visages tendus, compositions puissantes. Cette exagération permanente — y compris une hypersexualisation marquée — s’inscrit dans l’esthétique choisie, presque opératique, et correspond bien à l’univers brutal, mystique et démesuré d’Arawn. L’ensemble vise clairement le spectaculaire et assume son identité jusqu’au bout.
Le scénario, construit comme une grande fresque mythologique, enchaîne destin tragique, luttes fratricides et montée en puissance du personnage-titre. La narration reste efficace : directe, rythmée, pensée pour divertir. La violence, omniprésente, et le souffle héroïque contribuent à donner une dimension épique continue, plus émotionnelle que subtile, mais parfaitement cohérente avec le parti pris général.
Arawn s’adresse surtout à ceux qui recherchent une BD de dark-fantasy intense : combats, sensualité, enjeux grandioses et un graphisme dense qui capte le regard.
Cette biographie dessinée est une immersion d’une grande finesse dans l’intimité d’Anaïs Nin. Le récit s’appuie sur une narration très humaine, où les questions d’amour, de fidélité, de vulnérabilité et de construction de soi sont traitées avec une justesse rare. L’album parvient à évoquer la multiplicité des formes d’amour sans tomber dans le romanesque, en laissant affleurer la complexité émotionnelle et les contradictions de Nin. La relation au père, choquante et difficile à saisir, apporte un contrepoint essentiel : elle empêche toute lecture confortable et garde ouverte cette zone d’incompréhension qui nourrit l’empathie sans offrir de réponses simples.
Le dessin est remarquable. Léonie Bischoff mêle une apparente simplicité – presque un coloriage d’enfant dans l’approche chromatique – à une précision d’adulte dans la composition. Le résultat est un style à la fois épuré, dynamique et profondément expressif. Les couleurs servent de vecteur émotionnel sans surcharge, et plusieurs planches frappent par leur puissance visuelle. L’ensemble crée une cohérence graphique qui accompagne parfaitement l’exploration intérieure du personnage.
Cette BD touchera particulièrement les lecteurs sensibles aux récits introspectifs, aux biographies littéraires et aux œuvres où le travail graphique est indissociable du propos. Elle exige un minimum de disponibilité émotionnelle, mais offre en retour une lecture dense, belle et marquante.
Série qui surprend par son contraste : derrière une intrigue en apparence simple, presque ironique, se déploie un récit d’une dureté morale réelle. La progression d’Alim dans cet univers théocratique, rigide et souvent cruel, produit une tension continue, presque révoltante par moments. Le scénario joue habilement sur les ruptures, les ellipses et les changements d’environnement, ce qui confère à l’ensemble une profondeur inattendue. Cette structure donne du poids à chaque étape de la fuite, tout en maintenant une lecture fluide.
Le dessin, d’abord perçu comme caricatural, s’impose progressivement comme un élément central de l’équilibre du récit. Il donne une légèreté apparente qui sert justement à souligner la gravité de ce qui se joue en arrière-plan. L’expressivité, la dynamique des cases et la gestion des décors accompagnent efficacement la narration, rendant l’univers cohérent sans alourdir la lecture. Le contraste entre style graphique et thèmes abordés fonctionne pleinement.
La série pourra plaire à ceux qui apprécient les récits d’aventure construits sur une critique sociale forte, avec un rythme soutenu et un univers très structuré. Les lecteurs cherchant une fantasy « légère » pourraient être désarçonnés par la noirceur sous-jacente.
Les points forts résident dans la cohérence du monde, la tension psychologique et l’usage intelligent des ellipses. La limite principale est précisément ce décalage entre apparence et réalité, qui peut laisser une impression de trahison ou de malaise.
Les spectaculaires met en scène une petite bande de saltimbanques justiciers, qui résolvent petits mystères divers avec l'aide de gadgets fournis par un inventeur assez loufoque, le professeur Pipolet.
Le leader de la bande est une charmante jeune fille appelée Pétronille. Et comme l'a dit le commentateur précédent, il s'agit plus ou moins du seul personnage un minimum creusé et évolutif. Et donc le plus intéressant, car au final plusieurs intrigues sont centrées autour d'elle, directement ou indirectement.
Car si chaque intrigue est indépendante, un fil rouge les relie, l'histoire personnelle de Pétronille qui va découvrir petit à petit des pans entiers de son passé.
Cela pourrait être intéressant, si tout le reste était à l'unisson.
Or ce n'est pas le cas.
A part Pipolet, tous les autres personnages sont sans intérêt aucun. Ils n'évoluent pas, on n'apprend rien sur eux, et pire je trouve qu'ils font plutôt office de gros boulets plus qu'autre chose, le tout avec des inventions de Pipolet qui se révèlent souvent foireuses et plus proches de Pif Gadget que de James Bond.
Ajoutons à cela des intrigues assez inoffensives (on vise clairement un public jeune à ce niveau, alors que le reste semble plutôt s'adresser à des adultes). Et des relations assez illogiques: on découvre par exemple que Pétronille a une sœur jumelle...Avec laquelle aucun lien ne se crée. Elles resteront des étrangères sans aucun sentiment l'une pour l'autre. Pourtant, toutes les études démontrent que des vrais jumeaux ont un lien toute leur vie, même si ils ont été séparés et se retrouvent par la suite. Et c'était une belle occasion d'apporter de la profondeur..Niet, la sœur est aussi peu développée que les autres perso.
Le premier tome est franchement réussi, mais la qualité décroit progressivement. Les multiples clin d'œil historiques (vol de la joconde, méthode Bertillon) ne font pas une bonne histoire, surtout que la confusion s'installe en ajoutant des références à la fiction (Rouletabille, une caricature d'Arsène Lupin appelée Arsène Lapin...)
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La Branche Lincoln
Un BD typique de la fin des années 90-début 2000: comprenez une bonne histoire de complot absolument pas crédible avec un héros héritier qui se retrouve embarqué dedans à son corps défendant, mais qui se révèle être bien plus coriace que prévu, tout en ayant une gueule de top-model avec en plus une femme magnifique à ses côtés. Cela vous rappelle quelque chose? Largo Winch&co? Exactement. Alors notre personnage principal s'appelle Ted Voss et il est bô, il est blond, il est riche, il a une super nana, et hérite des papiers compromettants de son père disparu. Il découvre qu'arrière grand-papa était vraiment un gros pourri qui a établi une espèce de société secrète infiltrée un peu partout avec en plus une armée de mercenaires clonés au crâne rasé qui tuent tout le monde à droite et à gauche (bon ce sont pas des clones mais ils ont vraiment tous la même tête rasée). Tout cela est annoncé dans les lettres que lui a légué son père. Or la société secrète ne veut pas que tout cela se sache (enfin je crois, c'est franchement pas clair pourquoi la société anonyme veut tuer le p'tit Ted), donc ils veulent éliminer Ted. Heureusement, Ted, en plus d'être imbuvable et incroyablement prétentieux (le personnage est d'une arrogance sans mesure, mais sans deuxième degré), est aussi un ancien champion olympique de tir. Donc il va mettre la pâtée aux gros méchants. Avec l'aide d'un ancien nazi repenti, et de la NSA. On a donc une galerie de personnages soit à peine esquissée, soit franchement antipathique, des rebondissements aussi délirants que peu crédibles, une conspiration sans queue ni tête (on ne comprend pas grand-chose aux motivations des protagonistes en fin de compte, aussi bien les méchonts que super-ted), secouez le tout et vous avez la branche lincoln (titre dont le sens est dévoilé très vite, mais n'a pas grand-chose à voir avec ce qui fait figure d'intrigue). La cerise sur le gâteau: dans les dernières pages du dernier tome, on nous dévoile l'identité du Docteur Gang..Heu non, de Darth Sidious..Ah non pardon, l'identité du chef des méchonts. Et ce dévoilement nous laisse complètement froid: il s'agit d'un personnage dont tout le monde se fout, qui n'apparait en tout et pour tout que sur 3-4 pages dans les 4 tomes, et dont le background n'est pas révélé. C'est un "c'était donc lui" qui tombe complètement à plat. Et le sort du grand chef laisse autant sur sa faim que celui dédié à Palpatine dans le retour du Jedi (comprenez: foiré, anti-épique, et limite ridicule..Heu non oubliez le "limite").
Le Château des Animaux
Quand j’ai ouvert le premier tome du Château des Animaux, j’ai senti immédiatement que j’entrais dans une œuvre rare. J’ai acheté les quatre tomes en édition luxe, et dès les premières pages, j’ai compris que j’avais entre les mains quelque chose d’exceptionnel. C’est beau, c’est intelligent, c’est puissant. On sent évidemment l’inspiration de La Ferme des animaux d’Orwell, mais jamais comme une copie : ici, c’est une réinterprétation sensible et moderne, une fable politique qui prend sa propre ampleur. Ce qui m’a frappé en premier, c’est l’atmosphère. On est plongé dans un château sombre, oppressant, où les animaux sont soumis à un régime brutal mené par un taureau tyrannique. Et pourtant, au milieu de cette noirceur, une petite lueur persiste : celle de l’espoir, fragile mais tenace. J’ai ressenti une empathie immense pour Miss Bengalore et les autres animaux qui rêvent de liberté. Le récit parle de courage, de révolte, mais surtout de résistance non violente. Et ça, je ne m’y attendais pas. Cette approche apporte une profondeur incroyable : on ne suit pas juste une lutte, on suit une philosophie. Les dessins, eux, m’ont laissé bouche bée. Les planches sont d’une finesse incroyable, chaque animal a une expression presque humaine, un regard chargé d’émotion. Les ambiances sont sublimes : les jeux d’ombre, les lumières, la texture des fourrures, même les silences semblent dessinés. À plusieurs moments, j’ai dû m’arrêter juste pour contempler une page. Félix Delep livre un travail qui, franchement, mérite d’être vu en grand format – d’où mon immense satisfaction d’avoir choisi l’édition luxe. Et puis, au-delà de l’esthétique, cette BD fait réfléchir. Beaucoup. Elle parle du pouvoir, de la peur, des masses qui se résignent, du courage de quelques-uns qui refusent d’abandonner. Elle m’a rappelé que les révolutions ne commencent pas toujours avec des cris, mais parfois avec un geste simple, un refus, un sourire, une main tendue. En refermant le quatrième tome, j’ai ressenti un mélange d’admiration et de mélancolie. Cette série, pour moi, c’est un 5/5 impeccable : une œuvre riche, humaine, magnifiquement dessinée et profondément inspirante. Le genre de BD qu’on relit, qu’on montre, qu’on conseille et qu’on garde précieusement dans sa bibliothèque.
Coming In
Album introspectif et accessible, Coming In trouve un équilibre solide entre récit personnel et dimension pédagogique. Le scénario alterne moments d’avancée narrative et respirations réflexives, ce qui rend la lecture fluide tout en donnant du poids aux enjeux identitaires abordés. L’approche reste douce, structurée, sans alourdir le propos : on suit un cheminement intérieur avec justesse, sans sensation de dramatisation inutile. Le dessin, volontairement simple, accompagne parfaitement cette tonalité. Il sert de cadre lisible à un contenu plus profond, en soutenant la légèreté apparente tout en laissant la place au sérieux du sujet. Cette cohérence graphique renforce l’impression d’un texte pensé pour être compris, ressenti et transmis, sans artifice. L’ensemble se lit comme une BD nécessaire : un ouvrage qui ouvre l’esprit, bienveillant, clair, et qui parvient à toucher sans appuyer. Accessible à tous, elle trouvera un écho particulier auprès des lecteurs intéressés par les récits d’acceptation de soi, mais peut réellement parler à un public très large.
Bluebells wood
Bluebells Wood est un récit très introspectif qui avance à un rythme volontairement lent. L’histoire explore surtout le deuil, la solitude et une forme d’amour mélancolique, plus suggéré que véritablement raconté. Le scénario se concentre sur les états d’âme et la sensibilité des personnages plutôt que sur l’action, ce qui donne à l’ensemble une tonalité contemplative. Graphiquement, l’album est remarquable. Les planches sont très travaillées, parfois presque picturales, et la mise en scène s’approche davantage de la poésie visuelle que de la narration classique. Les couleurs et les compositions installent une atmosphère douce-amère qui accompagne parfaitement le propos. Cette identité graphique forte est clairement le point le plus marquant de l’œuvre. L’intrigue, plus diffuse que véritablement construite, se vit davantage comme une mélodie lente que comme un récit à rebondissements. Cela pourra séduire ceux qui recherchent une lecture sensible et immersive, mais laisser plus distants ceux qui préfèrent un scénario structuré. L’ensemble fonctionne pourtant bien dans son registre : une BD intime, élégante et émotionnelle.
Barracuda
La série propose un récit de piraterie classique dans le bon sens du terme : un univers globalement réaliste, ponctué d’un léger souffle fantastique juste assez présent pour nourrir le mystère sans détourner l’ancrage historique. L’intrigue assemble gouverneurs corrompus, pirates imprévisibles, enjeux religieux, quêtes de trésor et trahisons successives. Le mélange fonctionne bien : l’histoire reste lisible, rythmée, avec une dose d’humour et de romance qui allège la noirceur ambiante. Le dessin de Jérémy est solide, efficace, cohérent avec le registre. Il n’a rien de révolutionnaire mais restitue correctement les décors coloniaux, les codes visuels de la piraterie et des personnages expressifs. Les figures féminines contribuent à la dynamique du récit, entre séduction, pouvoir et ambiguïtés, sans tomber dans la gratuité. L’ensemble offre un divertissement maîtrisé, accessible à ceux qui aiment les histoires d’aventure maritimes structurées et généreuses en rebondissements. Les points forts résident dans le rythme, la variété des situations et une atmosphère bien installée ; les limites, dans une formule parfois très classique et un dessin qui privilégie l’efficacité à l’innovation. Pour les amateurs de récits d’aventure, de complots et de piraterie, c’est une lecture très plaisante.
Le permis
Sortie cette année, cette BD m'a intéressée parce qu'elle exploite une idée que j'avais eu après discussion avec une amie assistante sociale qui maintient qu'il faut un permis pour être parent. Cette idée étrange, donc, est ici au centre d'une BD dystopique/utopique qui parle d'un monde futuriste (mais proche) où le bonheur est obligatoire, la médiation et l'apaisement des sentiment encouragé. Pour un avis simple, je trouve que la BD est globalement sympathique, mais pas assez aboutie dans le traitement de son idée. Lorsqu'on parle de monde où sourire est une obligation, la médiation et le contrôle des sentiments la norme, la naissance conditionné à un permis absurde dans un système kafkaïen, j’imagine un monde dystopique à l'extrême ou absurde au dernier degré. Mais la BD reste "sage", avec une finalité un peu trop facile et qui esquive les questions soulevées dans le récit. Pour plus de détails, disons déjà que le dessin fait très typé, avec un trait qui m'évoque Pénélope Bagieu ou Margaux Motin dans le trait, avec des personnages très souples et des a-plats de couleurs qui renforcent l'aspect cartoon du trait. C'est ce qui renforce l'aspect grotesque des scènes -voir en galerie- pour accentuer l'absurde de ce monde, donnant un ton humoristique et décalé à l'ensemble. Ce qui est dommage, lorsqu'une partie du récit flirte plus avec le glauque et le malsain, notamment lors de la scène d'examen avec le faux bébé. Mais globalement ça fonctionne plutôt bien. Ce que je regrette c'est que la BD, malgré de bonnes idées, résout tout par un "je pars chez des gens qui sont restés normaux" qui semble tout résoudre magiquement. Si ce monde étrange et dystopique s'est installé, c'est pour répondre à des problématiques (évoquées mais jamais traités) et qu'en est-il en dehors ? Ce monde étrange qu'on nous dépeint, à quoi fait-il écho ? Quel est l'avenir en dehors de cette colonie ? Tant que questions balayées sous le tapis par les auteurs qui ne s’embarrassent pas de développer le lore qu'ils installent et c'est vraiment dommage. C'est la grande faiblesse du récit qui reste dans la surface de toutes les questions traitées. Maintenant c'est aussi parce que le scénario fait le choix, clair et évident, de critiquer une société "instagram". Chacun doit être un parent-citoyen modèle, on reste dans la retenue des émotions, dans l’apaisement des conflits et le dialogue constant. C'est une société du paraitre, où rien de personnel ne s'affiche, dans lequel tout doit être beau, merveilleux, pacifié. Une sorte de dictature du bonheur qui pourtant ne marche clairement pas. Je comprends la critique sous-jacente, celle d'un monde de réseau et d'application, de technologie et de surveillance de notre participation à améliorer la société. Tout pue le faux, mais on fait semblant, pour notre bien à tous. Effectivement, je n'aime pas cette société. Comme mentionné, la BD est à la croisé de deux thématiques mais en rate l'une des deux, selon moi. J'aurais aimé voir le développement des questions sociétales autour des naissances, pourquoi le choix individuel bascule vers un choix d'Etat, un choix politique et administratif. Il y a beaucoup de développement possible, de l'horreur kafkaïenne pure à des questionnements politiques et sociaux majeurs, mais la BD les esquive. Et je regrette un peu le choix d'avoir fait une fin aussi "heureuse", qui ne permet pas de réellement s'emparer d'un sujet pourtant très intéressant. Dommage, une BD qui n'est pas mauvaise mais me laisse un gout d'inachevé.
Arawn
La série propose une fantasy épique pleinement assumée, portée par un dessin extrêmement expressif : corps sculptés, visages tendus, compositions puissantes. Cette exagération permanente — y compris une hypersexualisation marquée — s’inscrit dans l’esthétique choisie, presque opératique, et correspond bien à l’univers brutal, mystique et démesuré d’Arawn. L’ensemble vise clairement le spectaculaire et assume son identité jusqu’au bout. Le scénario, construit comme une grande fresque mythologique, enchaîne destin tragique, luttes fratricides et montée en puissance du personnage-titre. La narration reste efficace : directe, rythmée, pensée pour divertir. La violence, omniprésente, et le souffle héroïque contribuent à donner une dimension épique continue, plus émotionnelle que subtile, mais parfaitement cohérente avec le parti pris général. Arawn s’adresse surtout à ceux qui recherchent une BD de dark-fantasy intense : combats, sensualité, enjeux grandioses et un graphisme dense qui capte le regard.
Anaïs Nin - Sur la mer des mensonges
Cette biographie dessinée est une immersion d’une grande finesse dans l’intimité d’Anaïs Nin. Le récit s’appuie sur une narration très humaine, où les questions d’amour, de fidélité, de vulnérabilité et de construction de soi sont traitées avec une justesse rare. L’album parvient à évoquer la multiplicité des formes d’amour sans tomber dans le romanesque, en laissant affleurer la complexité émotionnelle et les contradictions de Nin. La relation au père, choquante et difficile à saisir, apporte un contrepoint essentiel : elle empêche toute lecture confortable et garde ouverte cette zone d’incompréhension qui nourrit l’empathie sans offrir de réponses simples. Le dessin est remarquable. Léonie Bischoff mêle une apparente simplicité – presque un coloriage d’enfant dans l’approche chromatique – à une précision d’adulte dans la composition. Le résultat est un style à la fois épuré, dynamique et profondément expressif. Les couleurs servent de vecteur émotionnel sans surcharge, et plusieurs planches frappent par leur puissance visuelle. L’ensemble crée une cohérence graphique qui accompagne parfaitement l’exploration intérieure du personnage. Cette BD touchera particulièrement les lecteurs sensibles aux récits introspectifs, aux biographies littéraires et aux œuvres où le travail graphique est indissociable du propos. Elle exige un minimum de disponibilité émotionnelle, mais offre en retour une lecture dense, belle et marquante.
Alim le tanneur
Série qui surprend par son contraste : derrière une intrigue en apparence simple, presque ironique, se déploie un récit d’une dureté morale réelle. La progression d’Alim dans cet univers théocratique, rigide et souvent cruel, produit une tension continue, presque révoltante par moments. Le scénario joue habilement sur les ruptures, les ellipses et les changements d’environnement, ce qui confère à l’ensemble une profondeur inattendue. Cette structure donne du poids à chaque étape de la fuite, tout en maintenant une lecture fluide. Le dessin, d’abord perçu comme caricatural, s’impose progressivement comme un élément central de l’équilibre du récit. Il donne une légèreté apparente qui sert justement à souligner la gravité de ce qui se joue en arrière-plan. L’expressivité, la dynamique des cases et la gestion des décors accompagnent efficacement la narration, rendant l’univers cohérent sans alourdir la lecture. Le contraste entre style graphique et thèmes abordés fonctionne pleinement. La série pourra plaire à ceux qui apprécient les récits d’aventure construits sur une critique sociale forte, avec un rythme soutenu et un univers très structuré. Les lecteurs cherchant une fantasy « légère » pourraient être désarçonnés par la noirceur sous-jacente. Les points forts résident dans la cohérence du monde, la tension psychologique et l’usage intelligent des ellipses. La limite principale est précisément ce décalage entre apparence et réalité, qui peut laisser une impression de trahison ou de malaise.
Les Spectaculaires
Les spectaculaires met en scène une petite bande de saltimbanques justiciers, qui résolvent petits mystères divers avec l'aide de gadgets fournis par un inventeur assez loufoque, le professeur Pipolet. Le leader de la bande est une charmante jeune fille appelée Pétronille. Et comme l'a dit le commentateur précédent, il s'agit plus ou moins du seul personnage un minimum creusé et évolutif. Et donc le plus intéressant, car au final plusieurs intrigues sont centrées autour d'elle, directement ou indirectement. Car si chaque intrigue est indépendante, un fil rouge les relie, l'histoire personnelle de Pétronille qui va découvrir petit à petit des pans entiers de son passé. Cela pourrait être intéressant, si tout le reste était à l'unisson. Or ce n'est pas le cas. A part Pipolet, tous les autres personnages sont sans intérêt aucun. Ils n'évoluent pas, on n'apprend rien sur eux, et pire je trouve qu'ils font plutôt office de gros boulets plus qu'autre chose, le tout avec des inventions de Pipolet qui se révèlent souvent foireuses et plus proches de Pif Gadget que de James Bond. Ajoutons à cela des intrigues assez inoffensives (on vise clairement un public jeune à ce niveau, alors que le reste semble plutôt s'adresser à des adultes). Et des relations assez illogiques: on découvre par exemple que Pétronille a une sœur jumelle...Avec laquelle aucun lien ne se crée. Elles resteront des étrangères sans aucun sentiment l'une pour l'autre. Pourtant, toutes les études démontrent que des vrais jumeaux ont un lien toute leur vie, même si ils ont été séparés et se retrouvent par la suite. Et c'était une belle occasion d'apporter de la profondeur..Niet, la sœur est aussi peu développée que les autres perso. Le premier tome est franchement réussi, mais la qualité décroit progressivement. Les multiples clin d'œil historiques (vol de la joconde, méthode Bertillon) ne font pas une bonne histoire, surtout que la confusion s'installe en ajoutant des références à la fiction (Rouletabille, une caricature d'Arsène Lupin appelée Arsène Lapin...)