L’Héritage fossile est une BD originale qui mêle récit intime et réflexion écologique. Le dessin réaliste soutient un propos engagé sur notre rapport aux énergies et à la mémoire du passé. Un album enrichissant, parfois un peu dense, mais marquant.
Une lecture plaisante. Probablement à réserver à un jeune lectorat, mais Aurel a réussi quelque chose d’intéressant.
Il nous présente une très jeune Agatha Christie, vive, espiègle, qui donne libre cours à son imagination, et ne s’en laisse jamais conter.
Pour ajouter au dynamisme de la gamine, et captiver davantage les jeunes lecteurs, de petites énigmes s’invitent régulièrement dans les histoires courtes (solutions en fin de volume).
Album sympathique pour les futurs lecteurs de la reine du polar british !
Ce monde est scindé en deux royaumes : celui des humains et de leurs héros, et celui des démons, ennemis par essence sans véritable autre raison que leur opposition naturelle. À la tête des démons se trouve un jeune roi surpuissant, doté d’un mana quasi illimité lui permettant de réaliser toutes les magies qu'il désire. Pourtant, malgré cette toute-puissance, il s'ennuie ferme dans son rôle. Fasciné par une héroïne encore adolescente mais animée d’un sens du devoir inébranlable, il en tombe presque amoureux. Il passe son temps à l'observer à distance grâce à sa vision magique, l'encourageant en secret et cherchant à la motiver pour qu'elle revienne l'affronter.
Le dessin est maîtrisé et agréable, même s'il reste très classique pour le genre. On est clairement plus proche du registre shonen que du seinen. Côté scénario, le point de départ surprend et intrigue, mais laisse d’abord perplexe : la narration s'avère très aérée et les premiers chapitres paraissent assez creux. Le ton penche parfois vers le nunuche, entre la passion exagérée du roi démon pour sa jeune héroïne et l'attitude de celle-ci, romantique et un brin immature malgré son statut de guerrière.
L’intrigue, au final, reste simple mais tient la route. Elle occupe bien ses cinq tomes quoiqu'il n'en aurait pas fallu davantage car le concept n’aurait guère permis davantage de développements. Au fil de la lecture, on finit tout de même par s’attacher à ce roi démon fleur bleue, à son assistante rigide et mystérieuse, ainsi qu'à cette héroïne au cœur pur, naïve mais touchante. Le rythme est bon, l’histoire se lit sans ennui malgré quelques répétitions, et la conclusion se révèle étonnamment réussie : elle trouve une idée convaincante et un peu inattendue, et offre une grande scène finale à la fois drôle et efficace.
En bref, ce n’est pas un grand manga, mais une série courte, plaisante et divertissante.
Un ex-mafieux minable et fraîchement sorti de prison se retrouve par hasard dans une ferme où la fermière vient de poignarder son mari. Il l'aide à faire disparaître le corps, avant de découvrir que la victime était en réalité le comptable de son ancienne mafia. Très vite, ses anciens comparses, persuadés qu'il a réglé un vieux compte, se lancent à ses trousses…
Le ton oscille entre polar et comédie noire. Aldo, mafieux un peu balourd mais attachant, Lou, fermière imprévisible au couteau facile, un jeune policier bienveillant mais pas très futé et une galerie de mafieux obstinés composent un casting volontairement caricatural. L'intrigue repose davantage sur les quiproquos, les excès et les situations absurdes que sur la vraisemblance. On est presque dans le vaudeville criminel, où l'on enchaîne les cadavres et les malentendus sans jamais trop se soucier du réalisme.
Le dessin, relâché et orienté humour, reste basique mais lisible. Il manque parfois de rigueur dans les enchaînements de cases, mais l’ensemble garde une fluidité agréable, renforcée par une mise en page aérée. Rien de spectaculaire, mais cela soutient bien le rythme et les dialogues.
C'est une lecture légère, plaisante et sans prétention. Une histoire improbable mais amusante, qui arrache plus de sourires que de rires, et qui s'avère un peu anecdotique mais sympathique.
Le récit se lit globalement agréablement. Et relativement rapidement, car il n’y a pas trop de texte, et l’intrigue est assez linéaire.
Le groupe de héros hétéroclites ne part pas ici comme dans les récits à la Tolkien pour sauver le monde d’un méchant, mais tout simplement pour se sauver eux-mêmes d’un péril cataclysmique, l’arrivée d’une comète menaçant l’existence même de toute vie.
Si les membres de ce groupe sont intéressants, l’histoire m’a d’emblée laissé de côté, tant Desberg nous force à avaler quelques grosses couleuvres.
En effet, on est dans un univers médiéval fantastique, et pourtant, sous la seule observation d’une lumière lointaine, quasiment tout le monde sait instantanément qu’une comète approche, et qu’elle va ravager le monde, en déclenchant d’immenses vagues: c'est franchement improbable. Et ce d’autant plus que, le roi ayant fui avec sa suite (de façon incroyablement discrète) vers des lointains plus en hauteur, là aussi instantanément tout le monde est au courant, et se lance dans les meurtres, le pillage, les viols.
Le manque de crédibilité de tout ça m’a clairement empêché d’apprécier réellement la suite. Et ce d’autant plus que Desberg use et abuse d’un personnage, le Lingual, qui sert un peu trop de baguette magique, pour tirer nos héros de mauvais pas.
Enfin, dernière critique, le manque de nuance de certains personnages, à commencer par le roi, monstre de sadisme sanguinaire.
Du coup, si je suis bien allé au bout des deux tomes, j’en suis ressorti assez déçu. La fin, noire et désespérante, est brutale, comme si Desberg s’était débarrassé d’une histoire mal embarquée.
Note réelle 2,5/5.
Une lecture plutôt agréable, et un album que je me serais bien vu mieux noter. Certains détails m’ont toutefois un chouia laissé sur ma faim.
Le récit est intéressant, la narration est assez vive, et on s’attache aux personnages. Au travers des citation introduisant les chapitres, mais aussi des dialogues et de l’intrigue elle-même, Corbeyran ne fait pas mystère de ses intentions de dénoncer certaines tares de nos sociétés actuelles.
En effet, le productivisme déshumanisant des ouvriers interchangeables, la surconsommation d’objets standardisés, la surveillance omniprésente via des caméras sont ici présentés de façon presque ubuesque tant c’est outrancier. L’ultralibéralisme actuel est à l’évidence singé par Corbeyran.
Et, au milieu de cette société froide et dystopique, quelques inévitables grains de sable pour gripper la machine, vont dynamiser l’intrigue.
C’est donc dynamique, parfois amusant, en particulier ce qui tourne autour d’Anatole, le meilleur « surveillant », qui tombe amoureux d’une voleuse à la tire, et qui va se retrouver au milieu de tous ceux qui luttent contre ce système implacable et mortifère.
Même si la plupart des femmes ont tendance à trop se ressembler, j’ai bien aimé le dessin. Il est surprenant dans son rendu (idem pour la colorisation), mais j’ai trouvé sympa ce côté un peu rétro, un peu loufoque et ressemblant à certains vieux dessins animés.
Par contre, j’ai trouvé décevante la fin, trop facile et sucrée, trop rapide. La violence physique reste trop symbolique, la violence sociale un peu trop « lointaine », et surtout le château de cartes tombe trop aisément.
Mais cela reste néanmoins une lecture agréable.
C’est un énième album traitant de la guerre d’Espagne et de ses conséquences, mais qui le fait de façon intéressante, avec un flash-back plutôt bien amené : une femme découvre par hasard que sa vieille mère, commence à perdre la tête, en tout cas à parler espagnol dans la maison de retraite où elle se trouve, ce qui la surprend, puisqu’elle ne l’a jamais fait et ne lui a jamais parlé de l’Espagne. C’est l’occasion de mener une enquête pour comprendre cela, et donc de retourner en Espagne, là où s’est déroulée la « Retirada » à la fin de la guerre d’Espagne, lorsque les familles de Républicains fuyaient désespérément la répression franquiste.
Sur un sujet déjà pas mal traité donc, et relativement sensible, Bruno Loth parvient à tenir un récit au ton équilibré, presque dépassionné (le moment où la gamine se retrouve seule en mer alors que sa mère se noie est prenant, mais vite évacué.
Surtout, Loth inscrit son récit dans l’actualité contemporaine de l’Espagne, alors que de grosses manifestations se déroulent, et que les élections portent au pouvoir des élus du mouvement contestataire Podemos, contre la corruption et la mainmise des partis traditionnels (Parti populaire en tête). Sans y toucher, Loth relève certains points communs entre les luttes contemporaines et celles qui étaient menées par les Républicains.
Le récit est en tout cas agréable à lire.
Cette série pacifiste est à lire en complément du documentaire vidéo " L'Âme en sang. Retour d'Irak". Contrairement au film où Olivier Morel n'intervient jamais et reste invisible et inaudible. La série le met en scène de façon importante. Cela montre très bien comment son action n'est pas neutre sur le réveil des traumatismes que connaissent beaucoup de vétérans depuis le conflit irakien. L'auteur n'insiste pas spécialement sur les exactions conduites en Irak à Ramadi, Abou Ghraib ou ailleurs. Seules quelques situations signifiantes rappellent l'horreur. Ce qui est plus marquant est la démonstration qu'une même scène peut être vécue de façon très différente d'un soldat à l'autre. Morel s'attache ,lui, aux traumatisés qui ont été acteurs ou témoins de scènes indicibles. Ce sont de jeunes hommes ou femmes , tout juste sorti-e-s de l'adolescence et confronté-e-s à une réalité qui les dépasse. Le livre n'est pas un pamphlet de plus contre une guerre atroce car toutes les guerres sont atroces. Morel s'attache plus à montrer comment des êtres, éduqués et sincères peuvent revenir vivre avec ce trauma de bourreau tabou pour la société qui l'entoure.
Le dessin de Maël restitue bien cette ambiance oppressante et dramatique. Les images de la guerre sont rares (inexistantes dans la vidéo). Pour éviter une suite d'entretiens possiblement lassante, les auteurs intègrent les témoignages des vétérans ou de leur famille dans le contexte d'une Amérique à plusieurs vitesse ou dans le parcours de Morel à son accession à la nationalité américaine.
Une lecture émouvante qui reste d'une malheureuse actualité.
J'avais beaucoup aimé Les Innocents coupables qui travaillait sur la même thématique de l'univers pénitentiaire pour enfants/adolescents, il y a plus d'un siècle. Autour de documents d'archives, Julien Hillion construit une fiction sur le personnage de Mathurin Réto envoyé à 14 ans dans le "bagne pour enfants" de Belle-Île. Je suis resté un peu sur ma faim à cause d'un déroulé du récit trop rapide à mes yeux. En voulant dramatiser à l'excès son récit l'auteur fait de son héros un personnage auquel j'ai eu du mal à m'attacher. De plus la construction du récit m'a donné l'impression que les brutalités se concentraient uniquement sur Mathurin et son ami Ernest. J'aurais aimé une vision plus large de la vie de la prison. Le personnage du gardien narrateur aurait eu plus de poids si dans le récit on avait noté un vrai lien entre les personnages.
Même si le graphisme de René Coquin n'est pas mon style préféré, son trait pointu avec des visages taillés à la serpe correspond bien à la dureté de l'ambiance. Le final, historiquement avéré, arrive un peu abruptement à mon goût car tout le début du récit donne l'impression d'un Mathurin indestructible.
Une lecture plaisante mais un peu superficielle sur certain points à mes yeux.
"Si vous daignez nous écouter patiemment,
Notre zèle s'efforcera de corriger notre insuffisance."
Je n'ai pas pu résister de reprendre le texte de Shakespeare pour introduire cet avis acerbe. C'est dommage car j'apprécie cette collection avec plusieurs titres intéressants. Malheureusement quand la collection s'égare dans de la littérature plus adulte , le risque de dénaturer les œuvres et la pensée du récit original devient trop important et rend la lecture pénible. C'est le cas ici où Isakawa ose prendre Shakespeare pour référence en produisant un texte d'une faiblesse digne du début primaire. J'aime bien les adaptations théâtrales en BD sous réserve que l'on respecte le texte. Ma lecture a ainsi été un long calvaire. Une épreuve encore plus grande à cause d'un graphisme bas de gamme où Juliette ressemble à une gamine de 10 ans, dans un univers vide de décors. En effet l'auteur ne s'est pas embarrassé de détails extérieurs en multipliant les fonds blancs ou gris.
A éviter, il y a bien mieux dans cette collection.
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L'Héritage fossile
L’Héritage fossile est une BD originale qui mêle récit intime et réflexion écologique. Le dessin réaliste soutient un propos engagé sur notre rapport aux énergies et à la mémoire du passé. Un album enrichissant, parfois un peu dense, mais marquant.
Les Petits Génies - Little Agatha Christie
Une lecture plaisante. Probablement à réserver à un jeune lectorat, mais Aurel a réussi quelque chose d’intéressant. Il nous présente une très jeune Agatha Christie, vive, espiègle, qui donne libre cours à son imagination, et ne s’en laisse jamais conter. Pour ajouter au dynamisme de la gamine, et captiver davantage les jeunes lecteurs, de petites énigmes s’invitent régulièrement dans les histoires courtes (solutions en fin de volume). Album sympathique pour les futurs lecteurs de la reine du polar british !
Lord of the fans
Ce monde est scindé en deux royaumes : celui des humains et de leurs héros, et celui des démons, ennemis par essence sans véritable autre raison que leur opposition naturelle. À la tête des démons se trouve un jeune roi surpuissant, doté d’un mana quasi illimité lui permettant de réaliser toutes les magies qu'il désire. Pourtant, malgré cette toute-puissance, il s'ennuie ferme dans son rôle. Fasciné par une héroïne encore adolescente mais animée d’un sens du devoir inébranlable, il en tombe presque amoureux. Il passe son temps à l'observer à distance grâce à sa vision magique, l'encourageant en secret et cherchant à la motiver pour qu'elle revienne l'affronter. Le dessin est maîtrisé et agréable, même s'il reste très classique pour le genre. On est clairement plus proche du registre shonen que du seinen. Côté scénario, le point de départ surprend et intrigue, mais laisse d’abord perplexe : la narration s'avère très aérée et les premiers chapitres paraissent assez creux. Le ton penche parfois vers le nunuche, entre la passion exagérée du roi démon pour sa jeune héroïne et l'attitude de celle-ci, romantique et un brin immature malgré son statut de guerrière. L’intrigue, au final, reste simple mais tient la route. Elle occupe bien ses cinq tomes quoiqu'il n'en aurait pas fallu davantage car le concept n’aurait guère permis davantage de développements. Au fil de la lecture, on finit tout de même par s’attacher à ce roi démon fleur bleue, à son assistante rigide et mystérieuse, ainsi qu'à cette héroïne au cœur pur, naïve mais touchante. Le rythme est bon, l’histoire se lit sans ennui malgré quelques répétitions, et la conclusion se révèle étonnamment réussie : elle trouve une idée convaincante et un peu inattendue, et offre une grande scène finale à la fois drôle et efficace. En bref, ce n’est pas un grand manga, mais une série courte, plaisante et divertissante.
Le Goût du sang
Un ex-mafieux minable et fraîchement sorti de prison se retrouve par hasard dans une ferme où la fermière vient de poignarder son mari. Il l'aide à faire disparaître le corps, avant de découvrir que la victime était en réalité le comptable de son ancienne mafia. Très vite, ses anciens comparses, persuadés qu'il a réglé un vieux compte, se lancent à ses trousses… Le ton oscille entre polar et comédie noire. Aldo, mafieux un peu balourd mais attachant, Lou, fermière imprévisible au couteau facile, un jeune policier bienveillant mais pas très futé et une galerie de mafieux obstinés composent un casting volontairement caricatural. L'intrigue repose davantage sur les quiproquos, les excès et les situations absurdes que sur la vraisemblance. On est presque dans le vaudeville criminel, où l'on enchaîne les cadavres et les malentendus sans jamais trop se soucier du réalisme. Le dessin, relâché et orienté humour, reste basique mais lisible. Il manque parfois de rigueur dans les enchaînements de cases, mais l’ensemble garde une fluidité agréable, renforcée par une mise en page aérée. Rien de spectaculaire, mais cela soutient bien le rythme et les dialogues. C'est une lecture légère, plaisante et sans prétention. Une histoire improbable mais amusante, qui arrache plus de sourires que de rires, et qui s'avère un peu anecdotique mais sympathique.
Shayne
Le récit se lit globalement agréablement. Et relativement rapidement, car il n’y a pas trop de texte, et l’intrigue est assez linéaire. Le groupe de héros hétéroclites ne part pas ici comme dans les récits à la Tolkien pour sauver le monde d’un méchant, mais tout simplement pour se sauver eux-mêmes d’un péril cataclysmique, l’arrivée d’une comète menaçant l’existence même de toute vie. Si les membres de ce groupe sont intéressants, l’histoire m’a d’emblée laissé de côté, tant Desberg nous force à avaler quelques grosses couleuvres. En effet, on est dans un univers médiéval fantastique, et pourtant, sous la seule observation d’une lumière lointaine, quasiment tout le monde sait instantanément qu’une comète approche, et qu’elle va ravager le monde, en déclenchant d’immenses vagues: c'est franchement improbable. Et ce d’autant plus que, le roi ayant fui avec sa suite (de façon incroyablement discrète) vers des lointains plus en hauteur, là aussi instantanément tout le monde est au courant, et se lance dans les meurtres, le pillage, les viols. Le manque de crédibilité de tout ça m’a clairement empêché d’apprécier réellement la suite. Et ce d’autant plus que Desberg use et abuse d’un personnage, le Lingual, qui sert un peu trop de baguette magique, pour tirer nos héros de mauvais pas. Enfin, dernière critique, le manque de nuance de certains personnages, à commencer par le roi, monstre de sadisme sanguinaire. Du coup, si je suis bien allé au bout des deux tomes, j’en suis ressorti assez déçu. La fin, noire et désespérante, est brutale, comme si Desberg s’était débarrassé d’une histoire mal embarquée. Note réelle 2,5/5.
Les Yeux doux
Une lecture plutôt agréable, et un album que je me serais bien vu mieux noter. Certains détails m’ont toutefois un chouia laissé sur ma faim. Le récit est intéressant, la narration est assez vive, et on s’attache aux personnages. Au travers des citation introduisant les chapitres, mais aussi des dialogues et de l’intrigue elle-même, Corbeyran ne fait pas mystère de ses intentions de dénoncer certaines tares de nos sociétés actuelles. En effet, le productivisme déshumanisant des ouvriers interchangeables, la surconsommation d’objets standardisés, la surveillance omniprésente via des caméras sont ici présentés de façon presque ubuesque tant c’est outrancier. L’ultralibéralisme actuel est à l’évidence singé par Corbeyran. Et, au milieu de cette société froide et dystopique, quelques inévitables grains de sable pour gripper la machine, vont dynamiser l’intrigue. C’est donc dynamique, parfois amusant, en particulier ce qui tourne autour d’Anatole, le meilleur « surveillant », qui tombe amoureux d’une voleuse à la tire, et qui va se retrouver au milieu de tous ceux qui luttent contre ce système implacable et mortifère. Même si la plupart des femmes ont tendance à trop se ressembler, j’ai bien aimé le dessin. Il est surprenant dans son rendu (idem pour la colorisation), mais j’ai trouvé sympa ce côté un peu rétro, un peu loufoque et ressemblant à certains vieux dessins animés. Par contre, j’ai trouvé décevante la fin, trop facile et sucrée, trop rapide. La violence physique reste trop symbolique, la violence sociale un peu trop « lointaine », et surtout le château de cartes tombe trop aisément. Mais cela reste néanmoins une lecture agréable.
Dolorès (Loth)
C’est un énième album traitant de la guerre d’Espagne et de ses conséquences, mais qui le fait de façon intéressante, avec un flash-back plutôt bien amené : une femme découvre par hasard que sa vieille mère, commence à perdre la tête, en tout cas à parler espagnol dans la maison de retraite où elle se trouve, ce qui la surprend, puisqu’elle ne l’a jamais fait et ne lui a jamais parlé de l’Espagne. C’est l’occasion de mener une enquête pour comprendre cela, et donc de retourner en Espagne, là où s’est déroulée la « Retirada » à la fin de la guerre d’Espagne, lorsque les familles de Républicains fuyaient désespérément la répression franquiste. Sur un sujet déjà pas mal traité donc, et relativement sensible, Bruno Loth parvient à tenir un récit au ton équilibré, presque dépassionné (le moment où la gamine se retrouve seule en mer alors que sa mère se noie est prenant, mais vite évacué. Surtout, Loth inscrit son récit dans l’actualité contemporaine de l’Espagne, alors que de grosses manifestations se déroulent, et que les élections portent au pouvoir des élus du mouvement contestataire Podemos, contre la corruption et la mainmise des partis traditionnels (Parti populaire en tête). Sans y toucher, Loth relève certains points communs entre les luttes contemporaines et celles qui étaient menées par les Républicains. Le récit est en tout cas agréable à lire.
Revenants
Cette série pacifiste est à lire en complément du documentaire vidéo " L'Âme en sang. Retour d'Irak". Contrairement au film où Olivier Morel n'intervient jamais et reste invisible et inaudible. La série le met en scène de façon importante. Cela montre très bien comment son action n'est pas neutre sur le réveil des traumatismes que connaissent beaucoup de vétérans depuis le conflit irakien. L'auteur n'insiste pas spécialement sur les exactions conduites en Irak à Ramadi, Abou Ghraib ou ailleurs. Seules quelques situations signifiantes rappellent l'horreur. Ce qui est plus marquant est la démonstration qu'une même scène peut être vécue de façon très différente d'un soldat à l'autre. Morel s'attache ,lui, aux traumatisés qui ont été acteurs ou témoins de scènes indicibles. Ce sont de jeunes hommes ou femmes , tout juste sorti-e-s de l'adolescence et confronté-e-s à une réalité qui les dépasse. Le livre n'est pas un pamphlet de plus contre une guerre atroce car toutes les guerres sont atroces. Morel s'attache plus à montrer comment des êtres, éduqués et sincères peuvent revenir vivre avec ce trauma de bourreau tabou pour la société qui l'entoure. Le dessin de Maël restitue bien cette ambiance oppressante et dramatique. Les images de la guerre sont rares (inexistantes dans la vidéo). Pour éviter une suite d'entretiens possiblement lassante, les auteurs intègrent les témoignages des vétérans ou de leur famille dans le contexte d'une Amérique à plusieurs vitesse ou dans le parcours de Morel à son accession à la nationalité américaine. Une lecture émouvante qui reste d'une malheureuse actualité.
Enfermé - Mathurin Reto, pupille à Belle-Ile
J'avais beaucoup aimé Les Innocents coupables qui travaillait sur la même thématique de l'univers pénitentiaire pour enfants/adolescents, il y a plus d'un siècle. Autour de documents d'archives, Julien Hillion construit une fiction sur le personnage de Mathurin Réto envoyé à 14 ans dans le "bagne pour enfants" de Belle-Île. Je suis resté un peu sur ma faim à cause d'un déroulé du récit trop rapide à mes yeux. En voulant dramatiser à l'excès son récit l'auteur fait de son héros un personnage auquel j'ai eu du mal à m'attacher. De plus la construction du récit m'a donné l'impression que les brutalités se concentraient uniquement sur Mathurin et son ami Ernest. J'aurais aimé une vision plus large de la vie de la prison. Le personnage du gardien narrateur aurait eu plus de poids si dans le récit on avait noté un vrai lien entre les personnages. Même si le graphisme de René Coquin n'est pas mon style préféré, son trait pointu avec des visages taillés à la serpe correspond bien à la dureté de l'ambiance. Le final, historiquement avéré, arrive un peu abruptement à mon goût car tout le début du récit donne l'impression d'un Mathurin indestructible. Une lecture plaisante mais un peu superficielle sur certain points à mes yeux.
Roméo et Juliette (Isakawa)
"Si vous daignez nous écouter patiemment, Notre zèle s'efforcera de corriger notre insuffisance." Je n'ai pas pu résister de reprendre le texte de Shakespeare pour introduire cet avis acerbe. C'est dommage car j'apprécie cette collection avec plusieurs titres intéressants. Malheureusement quand la collection s'égare dans de la littérature plus adulte , le risque de dénaturer les œuvres et la pensée du récit original devient trop important et rend la lecture pénible. C'est le cas ici où Isakawa ose prendre Shakespeare pour référence en produisant un texte d'une faiblesse digne du début primaire. J'aime bien les adaptations théâtrales en BD sous réserve que l'on respecte le texte. Ma lecture a ainsi été un long calvaire. Une épreuve encore plus grande à cause d'un graphisme bas de gamme où Juliette ressemble à une gamine de 10 ans, dans un univers vide de décors. En effet l'auteur ne s'est pas embarrassé de détails extérieurs en multipliant les fonds blancs ou gris. A éviter, il y a bien mieux dans cette collection.