Voilà une œuvre sur laquelle je ne sais pas encore pleinement quoi penser mais que je trouve indéniablement intéressante.
Vertu de St-Cyr, avec son titre et sa couverture, m'a paru à l'origine être un banal récit historique vantant la gloire passée et (disons-le) grandement enjolivée (voire même inventée) de la France, le tout dans un enrobage "girl-power". Sauf que voilà, curieuse que je suis, j'ai quand-même essayé de voir de quoi il retournait et, quand j'ai vu qu'il s'agissait vraisemblablement d'un récit souhaitant surtout parler de sujets comme le harcèlement scolaire, l'élitisme bourgeois et la cruauté et le froideur d'un système patriarcal, j'avoue que j'ai sincèrement eu envie de voir de quoi il retournait.
Vertu de St-Cyr nous raconte l'histoire de Vertu Dumas, une jeune femme souhaitant rejoindre les rangs de l'armée et qui devra faire face à un système archaïque, cruel et inhumain broyant chacun-e des élèves entrant dans l'école. Ou l'on plie, ou l'on casse. Vertu, orgueilleuse et désireuse de justice, fera tout son possible pour résister mais finira par rejoindre malgré elle l'infernale machine qui régit l'école, et c'est avec Ysaure L'Éstoiles, une jeune fille dont la vie sociale a été réduite en miette lorsque d'affreuses rumeurs sur sa soi-disante perte de virginité on commencé à circuler, et Alyosha Novotny, petit frère du grand chef de la bande dirigeante, secrètement homosexuel, que Vertu va commencer à instaurer une rébellion, une vengeance même. Bon, sur ce point, difficile pour moi d'en dire plus, c'est justement là que ce premier tome se termine.
L'histoire est classique, la mise en scène ne m'a pas convaincue et le dessin, bien qu'expressif, ne me parle pas tant que ça. Sur ces points l'album ne m'a pas vraiment marqué en bien, et pourtant je vous ai partagé le fait que je le trouvais tout de même très intéressant lors de mon introduction. Pourquoi ? Parce que l'album ne mets pas des gants et souhaite aborder son sujet ouvertement et clairement. Harcèlement systémique, pression social, bizutages, peur, contrôle des foules, discours sexistes, racistes, classistes, nationalistes et homophobes normalisés et intériorisés, la radicalisation des pensées et des paroles, les beaux discours de façades et les actions "positives" qui ne font pas de vague, qui ne changent rien… On nous parle de tout, tout ce qui constitue un système social cherchant par tout les moyens à conserver des séparations de classes, de sexes/genres claires et qui cherche à se donner des airs de progressisme. Le fait que le récit et la mise en scène, tant dans les dialogues que dans l'usage de certaines commodités modernes, mélange le récit historique et certains us et coutumes de notre époque à nous nous rappelle le caractère intemporel de ce genre de récit. Au delà du caractère intemporel, il est aussi question d'un fonctionnement de pensée, d'une construction sociale qui refuse de mourir, qui se cache sous des atours progressistes et bien pensants mais qui continue bel et bien d'exister, d'agir, d'écraser les mentalités.
La post-face où les autrices parlent de ce qui les a inspiré pour ce récit est justement intéressant. Le sujet de l'embrigadement et de la dichotomie entre les discours tenues et les actions effectuées par les classes dirigeantes, par les institutions nationales, sont encore bel et bien d'actualité.
Donc voilà, même si la forme du récit ne me parle pas vraiment, que la narration m'a paru trop convenue, je reconnais amplement à cette création de ne pas être creuse et mièvre pour autant, d'être joliment travaillée et documentée dans son fond même. Je n'irais sans doute pas plus loin, faute d'attache, mais nul doute que d'autres personnes pour qui ce style parle plus sauront apprécier ce récit qui, je l'espère avec cette prémisse engageante (bien que classique), semble bien parti pour être a minima sympathique et réfléchie.
Je suis une grande admiratrice du travail de Fujimoto, alors même si je ne m'attendais pas à être transcendée par cette anthologie j'avoue avoir été très curieuse de lire les premières œuvres de l'auteur.
Comme je m'y attendais, comme souvent de toute façon avec les premières œuvres, c'est très inégal. On reconnait déjà les thèmes chers à l'artiste, la complexité des relations humaines pour ne citer que la plus évidente. On retrouve sa passion pour le sujet de l'attraction sexuelle (souvent employée comme illustration d'un désir de connexion plus large), son goût pour les récits violents et surtout son amour des synopsis abracadabrantesques (pas nécessairement constaté son amour du cinéma qu'il exprimera pourtant dans ses œuvres postérieures cela-dit).
Je n'ai pas aussi été touchée par ces récits que j'ai pu l'être face aux autres créations plus connues de l'auteur, mais bon je pouvais m'en douter, il s'agit ici de premières esquisses et de premiers faits d'armes. J'avoue néanmoins avoir bien apprécié les deux derniers récits du dernier tome, tous deux centrés sur des relations adelphiques complexes et sur la difficulté de la communication et de la compréhension d'autrui.
Inégal, sans doute pas indispensable (surtout pour des personnes souhaitant découvrir l'auteur), mais j'avoue avoir tout de même trouvé la lecture intéressante.
Note réelle 2,5.
Tehem es un auteur que j'apprécie, surtout quand il nous parle de son île d'adoption, La Réunion. La série propose un très sympathique récit choral autour de la boutique du "Chinois" amateur de photographie. En ce 22 septembre 1976, Titi, Gérard, Céline, Angelo, Turpin et ses fantômes vont être entrainer dans une folle sarabande où se mêlent zamal, rhum trafiqué, alcool à brûler, #dénoncemonporc et punition divine. La construction en quatre chapitres qui se recoupent parfaitement pour fournir de multiples rebondissements dans une progression qui ne dévoile rien du final. C'est aussi un prétexte pour nous décrire le ressenti d'un petit "Zoreille" qui vit au milieu de ce quartier cosmopolite dans un langage mi français mi créole très chantant et facile à lire. L'auteur utilise un univers animalier qui rend bien le cosmopolitisme de la situation dans un graphisme précis et dynamique. Ma seule réserve tient au choix d'un N&B qui nous prive des couleurs de l'île.
Une belle découverte.
J'ai dégusté avec délectation ce premier essai de la jeune anglaise de vingt ans ( à l'époque), Zoé Thorogood. Comme quoi le talent... . J'ai immédiatement été séduit par son talent graphique qui peint à merveille cette ambiance un peu poisseuse des rues désertes et plus ou moins mal famées de Middlesborough ou de Londres. C'est à la fois dynamique et moderne avec un formidable sentiment de vitalité qui rend son héroïne Billie si attachante dans cette lutte entre fragilité et volonté. La mise en couleur est parfaite avec ce N&B dominateur dans un environnement peuplé de laissés pour compte mais où percent les couleurs du printemps final comme des perce-neiges obstinément optimistes à combattre l'obscurité hivernale. Combattre l'obscurité c'est bien ce que doit faire Billie dans un scénario compte à rebours digne d'un très bon thriller. L'idée initiale est originale et l'auteure en extrait un récit fluide, tonique et d'une grande humanité. Les rencontres et les lieux que Zoé/Billie explore ont fortement résonné avec mon vécu associatif. Je suis même impressionné comment une artiste aussi jeune arrive à mettre autant de profondeur et de justesse dans la personnalité de ses personnages. Toutefois le récit reste résolument optimiste sans jamais tomber dans la mièvrerie sentimentale.
J'ai eu l'impression que Zoé jetait tout ce qu'elle avait dans cette œuvre comme si ensuite la lumière pouvait s'éteindre. Cela dégage une envie de création très forte.
Je me suis retenu pour ne pas mettre la note max mais cette œuvre m'a beaucoup parlé par sa thématique et son exécution. Un vrai coup de cœur.
Je vais être un peu moins sévère que mes prédécesseur-e-s malgré une lecture déroutante. Je l'ai trouvé déroutante parce que les auteur-es privilégient le côté irrationnel du récit. Il manque surement quelques explications pour que le lecteur-trice sorte du récit rassasié. Les auteur-e-s nous proposent d'accompagner Elsie dans un curieux voyage à la recherche de vérité et d'apaisement. De plus la thématique écologique est fortement présente dans une confrontation entre les occidentaux avides et les autochtones en perte de repères. C'est cette colère qui apporte la disharmonie de la forêt par la violence qui lui est faite ( la déforestation) ou la violence faite aux femmes.
La lecture n'est pas simple car le texte est rare et les situations souvent énigmatiques dans une ambiance cauchemardesque proche de la folie.
Par contre cette ambiance d'irrationalité est très bien traduite par le très beau graphisme de Karine Bernadou. Ses peintures s'appuient sur un trait souple qui donne un beau mouvement au visuel. La mise en couleur très recherchée entre les bleus sombres et les rouges lumineux renforce l'esprit fantasmagorique de la narration.
Une lecture qui peut s'avérer déroutante mais qui est pleine de richesses.
Roman graphique transformant a posteriori Rébétiko en un diptyque historique sur cette musique populaire durant la dictature grecque de Metaxas.
Des thématiques merveilleuses et stimulantes au possible : l'amour de la musique, la marginalisation sociale, la censure et les intimidations sous une dictature, la place des femmes dans des sociétés réactionnaires, le tout saupoudré de romance, de comportements autodestructeurs, de passions trahies et de rêves d'ailleurs.
L'ensemble est servi par un trait fin élégant, même si assez carré et relativement figé, des couleurs chaudes à la pâleur discrète et une mise en page épurée et aérée.
Du bel ouvrage a priori, qui malheureusement ne parvient véritablement à embarquer son lecteur du fait d'une articulation de l'ensemble des thématiques plutôt maladroite. L'intrigue privilégie la tranche de vie romantique au romanesque historique. L'arrière-plan du fascisme, de la censure, du racisme, de la population scindée entre soutien au régime et rébellion, tout cela est simplement esquissé, lointainement présent, fort peu développé, au contraire des intrigues sentimentales.
Ce second tome poursuit la veine du premier Rébétiko, en adoptant justement/opportunément le point de vue des personnages féminins.
Une jolie BD privilégiant le panache des perdants magnifiques à la fresque historique engagée, un peu frustrante tant on eut aimé y croiser les deux.
Roman graphique devenu a posteriori 1er tome d'un diptyque historique sur le rébétiko (une musique populaire aux sonorités orientales associée à la danse et aux migrations turques) et plus particulièrement sur la censure le visant durant la dictature grecque du fasciste Metaxas.
Des thématiques merveilleuses et stimulantes au possible : l'amour de la musique, la marginalisation sociale, la censure et les intimidations sous une dictature, la place des femmes dans des sociétés réactionnaires, le tout saupoudré de romance, de comportements autodestructeurs, de passions trahies et de rêves d'ailleurs.
L'ensemble est servi par un trait fin élégant, même si assez carré et relativement figé, des couleurs chaudes à la pâleur discrète et une mise en page épurée et aérée.
Du bel ouvrage a priori, qui malheureusement ne parvient véritablement à embarquer son lecteur du fait d'une articulation de l'ensemble des thématiques plutôt maladroite. L'intrigue privilégie la tranche de vie romantique au romanesque historique. L'arrière-plan du fascisme, de la censure, du racisme, de la population scindée entre soutien au régime et rébellion, tout cela est simplement esquissé, lointainement présent, fort peu développé, au contraire des intrigues sentimentales.
Le second tome, "Rébétissa", poursuit la veine du premier "Rébétiko", en adoptant justement/opportunément le point de vue des personnages féminins.
Une jolie BD privilégiant le panache des perdants magnifiques à la fresque historique engagée, un peu frustrante tant on eut aimé y croiser les deux.
Une série bien poétique ! Le trait, beau, n'est pas son seul attrait. Assez d'action pour chasser l'ennui, assez de contemplation pour être plongé dans une atmosphère étrange autant qu'esthétique. Et les deux ne me semblent faire qu'un, de même que l'auteur parlant de sa vie ne parvient pas à casser le rythme. Je l'attribue au fait que la dame est talentueuse, mais pas que. Il n'y a pas opposition entre la nature, et la culture, le réel et l'imaginaire, mais des glissements très subtils, au Japon.
Sinon, j'aime que le héros protège les humains des yokais agressifs, mais aussi qu'il délivre "ses" yokais et protège aussi les créatures magiques quand c'est possible. Commenter me donne envie de le relire, ce qui va influencer ma note.
Je ne sais trop quoi penser de cet album, que j’ai trouvé vraiment déroutant.
Le dessin tout d’abord, avec des personnages animaliers, des décors au rendu souvent hyper réaliste (même si finalement il y en a peu), est plutôt intrigant. Et un personnage dont on ne voit pas le visage, caché qu’il est par des bandelettes. En tout cas j’ai vraiment bien aimé l’aspect graphique.
Déroutant aussi le texte en appoint des images. Un texte qui a des allures de long poème triste, qui serait déclamé par le héros, notre chat au visage de momie.
Déroutante enfin la construction de l’album. Aucune bulle, mais un texte mis à côté des images. Parfois même plusieurs pages avec uniquement du texte, puis de longues séquences avec seulement des images.
Du coup je sors avec un ressenti mitigé de cette lecture. Le dessin est plutôt agréable, le texte pas inintéressant, mais le mélange des deux m’a un peu laissé sur ma faim. Publié avec le label d’Amnesty International, j’imagine qu’on a là une sorte d’allégorie de tous les régimes dictatoriaux (ici des chiens qui menacent et traquent parfois de façon indiscriminé les chats, des balles qui fusent, des explosions qui menacent), mais le message est soit trop « simple », soit trop abstrait.
En fait la beauté poétique de certains passages anesthésie plutôt la violence semble-t-il dénoncée par le récit, qui perd en intelligibilité ce qu’il a gagné en poésie. Le « message » s’est perdu quelque part.
Pas mal de qualités dans cet album, même si au final je resterai sur trois étoiles (note réelle 3,5/5).
Le travail de De Metter tout d’abord, avec son dessin toujours agréable à l’œil, et qui retranscrit bien l’époque – que ce soit en France ou en Indochine. Du bon boulot, plaisant et dynamique.
Je ne connais pas le roman de Lemaitre, mais l’adaptation en donne quelque chose là aussi agréable à suivre, bien huilé au niveau de l’intrigue – ou des intrigues qui s’emboîtent.
La description de la déliquescence coloniale en Indochine, des magouilles dont tout le monde profite (colons bien placés comme Indochinois bien renseignés – y compris les Viet-Minh d’ailleurs), au détriment des caisses de l’Etat colonisateur, est assez bien vue et pleine d’ironie. Une ironie, une certaine noirceur, un côté grinçant qui percent aussi dans les relations familiales des Pelletier (surtout pour le couple formé par « Bouboule » et sa femme assez cynique). Les deux niveaux de l’histoire se retrouvent et la mécanique, qui ménage des surprises, fonctionne bien pour le lecteur.
Mais la fin m’a déçu. Comme si, tout s’éclairant, on se débarrassait brusquement de questions encombrantes. Et il reste des questions donc (et quelques facilités – comme la façon dont Bouboule échappe à ses responsabilités après le meurtre dans le cinéma).
Mais bon, ça reste un album qi plaira aux amateurs de polar ancré dans l’histoire de l’immédiat après-guerre.
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Vertu de St-Cyr
Voilà une œuvre sur laquelle je ne sais pas encore pleinement quoi penser mais que je trouve indéniablement intéressante. Vertu de St-Cyr, avec son titre et sa couverture, m'a paru à l'origine être un banal récit historique vantant la gloire passée et (disons-le) grandement enjolivée (voire même inventée) de la France, le tout dans un enrobage "girl-power". Sauf que voilà, curieuse que je suis, j'ai quand-même essayé de voir de quoi il retournait et, quand j'ai vu qu'il s'agissait vraisemblablement d'un récit souhaitant surtout parler de sujets comme le harcèlement scolaire, l'élitisme bourgeois et la cruauté et le froideur d'un système patriarcal, j'avoue que j'ai sincèrement eu envie de voir de quoi il retournait. Vertu de St-Cyr nous raconte l'histoire de Vertu Dumas, une jeune femme souhaitant rejoindre les rangs de l'armée et qui devra faire face à un système archaïque, cruel et inhumain broyant chacun-e des élèves entrant dans l'école. Ou l'on plie, ou l'on casse. Vertu, orgueilleuse et désireuse de justice, fera tout son possible pour résister mais finira par rejoindre malgré elle l'infernale machine qui régit l'école, et c'est avec Ysaure L'Éstoiles, une jeune fille dont la vie sociale a été réduite en miette lorsque d'affreuses rumeurs sur sa soi-disante perte de virginité on commencé à circuler, et Alyosha Novotny, petit frère du grand chef de la bande dirigeante, secrètement homosexuel, que Vertu va commencer à instaurer une rébellion, une vengeance même. Bon, sur ce point, difficile pour moi d'en dire plus, c'est justement là que ce premier tome se termine. L'histoire est classique, la mise en scène ne m'a pas convaincue et le dessin, bien qu'expressif, ne me parle pas tant que ça. Sur ces points l'album ne m'a pas vraiment marqué en bien, et pourtant je vous ai partagé le fait que je le trouvais tout de même très intéressant lors de mon introduction. Pourquoi ? Parce que l'album ne mets pas des gants et souhaite aborder son sujet ouvertement et clairement. Harcèlement systémique, pression social, bizutages, peur, contrôle des foules, discours sexistes, racistes, classistes, nationalistes et homophobes normalisés et intériorisés, la radicalisation des pensées et des paroles, les beaux discours de façades et les actions "positives" qui ne font pas de vague, qui ne changent rien… On nous parle de tout, tout ce qui constitue un système social cherchant par tout les moyens à conserver des séparations de classes, de sexes/genres claires et qui cherche à se donner des airs de progressisme. Le fait que le récit et la mise en scène, tant dans les dialogues que dans l'usage de certaines commodités modernes, mélange le récit historique et certains us et coutumes de notre époque à nous nous rappelle le caractère intemporel de ce genre de récit. Au delà du caractère intemporel, il est aussi question d'un fonctionnement de pensée, d'une construction sociale qui refuse de mourir, qui se cache sous des atours progressistes et bien pensants mais qui continue bel et bien d'exister, d'agir, d'écraser les mentalités. La post-face où les autrices parlent de ce qui les a inspiré pour ce récit est justement intéressant. Le sujet de l'embrigadement et de la dichotomie entre les discours tenues et les actions effectuées par les classes dirigeantes, par les institutions nationales, sont encore bel et bien d'actualité. Donc voilà, même si la forme du récit ne me parle pas vraiment, que la narration m'a paru trop convenue, je reconnais amplement à cette création de ne pas être creuse et mièvre pour autant, d'être joliment travaillée et documentée dans son fond même. Je n'irais sans doute pas plus loin, faute d'attache, mais nul doute que d'autres personnes pour qui ce style parle plus sauront apprécier ce récit qui, je l'espère avec cette prémisse engageante (bien que classique), semble bien parti pour être a minima sympathique et réfléchie.
Anthologie - Fujimoto Tatsuki
Je suis une grande admiratrice du travail de Fujimoto, alors même si je ne m'attendais pas à être transcendée par cette anthologie j'avoue avoir été très curieuse de lire les premières œuvres de l'auteur. Comme je m'y attendais, comme souvent de toute façon avec les premières œuvres, c'est très inégal. On reconnait déjà les thèmes chers à l'artiste, la complexité des relations humaines pour ne citer que la plus évidente. On retrouve sa passion pour le sujet de l'attraction sexuelle (souvent employée comme illustration d'un désir de connexion plus large), son goût pour les récits violents et surtout son amour des synopsis abracadabrantesques (pas nécessairement constaté son amour du cinéma qu'il exprimera pourtant dans ses œuvres postérieures cela-dit). Je n'ai pas aussi été touchée par ces récits que j'ai pu l'être face aux autres créations plus connues de l'auteur, mais bon je pouvais m'en douter, il s'agit ici de premières esquisses et de premiers faits d'armes. J'avoue néanmoins avoir bien apprécié les deux derniers récits du dernier tome, tous deux centrés sur des relations adelphiques complexes et sur la difficulté de la communication et de la compréhension d'autrui. Inégal, sans doute pas indispensable (surtout pour des personnes souhaitant découvrir l'auteur), mais j'avoue avoir tout de même trouvé la lecture intéressante. Note réelle 2,5.
Quartier Western
Tehem es un auteur que j'apprécie, surtout quand il nous parle de son île d'adoption, La Réunion. La série propose un très sympathique récit choral autour de la boutique du "Chinois" amateur de photographie. En ce 22 septembre 1976, Titi, Gérard, Céline, Angelo, Turpin et ses fantômes vont être entrainer dans une folle sarabande où se mêlent zamal, rhum trafiqué, alcool à brûler, #dénoncemonporc et punition divine. La construction en quatre chapitres qui se recoupent parfaitement pour fournir de multiples rebondissements dans une progression qui ne dévoile rien du final. C'est aussi un prétexte pour nous décrire le ressenti d'un petit "Zoreille" qui vit au milieu de ce quartier cosmopolite dans un langage mi français mi créole très chantant et facile à lire. L'auteur utilise un univers animalier qui rend bien le cosmopolitisme de la situation dans un graphisme précis et dynamique. Ma seule réserve tient au choix d'un N&B qui nous prive des couleurs de l'île. Une belle découverte.
Dans les yeux de Billie Scott
J'ai dégusté avec délectation ce premier essai de la jeune anglaise de vingt ans ( à l'époque), Zoé Thorogood. Comme quoi le talent... . J'ai immédiatement été séduit par son talent graphique qui peint à merveille cette ambiance un peu poisseuse des rues désertes et plus ou moins mal famées de Middlesborough ou de Londres. C'est à la fois dynamique et moderne avec un formidable sentiment de vitalité qui rend son héroïne Billie si attachante dans cette lutte entre fragilité et volonté. La mise en couleur est parfaite avec ce N&B dominateur dans un environnement peuplé de laissés pour compte mais où percent les couleurs du printemps final comme des perce-neiges obstinément optimistes à combattre l'obscurité hivernale. Combattre l'obscurité c'est bien ce que doit faire Billie dans un scénario compte à rebours digne d'un très bon thriller. L'idée initiale est originale et l'auteure en extrait un récit fluide, tonique et d'une grande humanité. Les rencontres et les lieux que Zoé/Billie explore ont fortement résonné avec mon vécu associatif. Je suis même impressionné comment une artiste aussi jeune arrive à mettre autant de profondeur et de justesse dans la personnalité de ses personnages. Toutefois le récit reste résolument optimiste sans jamais tomber dans la mièvrerie sentimentale. J'ai eu l'impression que Zoé jetait tout ce qu'elle avait dans cette œuvre comme si ensuite la lumière pouvait s'éteindre. Cela dégage une envie de création très forte. Je me suis retenu pour ne pas mettre la note max mais cette œuvre m'a beaucoup parlé par sa thématique et son exécution. Un vrai coup de cœur.
Elsie A.
Je vais être un peu moins sévère que mes prédécesseur-e-s malgré une lecture déroutante. Je l'ai trouvé déroutante parce que les auteur-es privilégient le côté irrationnel du récit. Il manque surement quelques explications pour que le lecteur-trice sorte du récit rassasié. Les auteur-e-s nous proposent d'accompagner Elsie dans un curieux voyage à la recherche de vérité et d'apaisement. De plus la thématique écologique est fortement présente dans une confrontation entre les occidentaux avides et les autochtones en perte de repères. C'est cette colère qui apporte la disharmonie de la forêt par la violence qui lui est faite ( la déforestation) ou la violence faite aux femmes. La lecture n'est pas simple car le texte est rare et les situations souvent énigmatiques dans une ambiance cauchemardesque proche de la folie. Par contre cette ambiance d'irrationalité est très bien traduite par le très beau graphisme de Karine Bernadou. Ses peintures s'appuient sur un trait souple qui donne un beau mouvement au visuel. La mise en couleur très recherchée entre les bleus sombres et les rouges lumineux renforce l'esprit fantasmagorique de la narration. Une lecture qui peut s'avérer déroutante mais qui est pleine de richesses.
Rébétissa (L'Antidote)
Roman graphique transformant a posteriori Rébétiko en un diptyque historique sur cette musique populaire durant la dictature grecque de Metaxas. Des thématiques merveilleuses et stimulantes au possible : l'amour de la musique, la marginalisation sociale, la censure et les intimidations sous une dictature, la place des femmes dans des sociétés réactionnaires, le tout saupoudré de romance, de comportements autodestructeurs, de passions trahies et de rêves d'ailleurs. L'ensemble est servi par un trait fin élégant, même si assez carré et relativement figé, des couleurs chaudes à la pâleur discrète et une mise en page épurée et aérée. Du bel ouvrage a priori, qui malheureusement ne parvient véritablement à embarquer son lecteur du fait d'une articulation de l'ensemble des thématiques plutôt maladroite. L'intrigue privilégie la tranche de vie romantique au romanesque historique. L'arrière-plan du fascisme, de la censure, du racisme, de la population scindée entre soutien au régime et rébellion, tout cela est simplement esquissé, lointainement présent, fort peu développé, au contraire des intrigues sentimentales. Ce second tome poursuit la veine du premier Rébétiko, en adoptant justement/opportunément le point de vue des personnages féminins. Une jolie BD privilégiant le panache des perdants magnifiques à la fresque historique engagée, un peu frustrante tant on eut aimé y croiser les deux.
Rébétiko
Roman graphique devenu a posteriori 1er tome d'un diptyque historique sur le rébétiko (une musique populaire aux sonorités orientales associée à la danse et aux migrations turques) et plus particulièrement sur la censure le visant durant la dictature grecque du fasciste Metaxas. Des thématiques merveilleuses et stimulantes au possible : l'amour de la musique, la marginalisation sociale, la censure et les intimidations sous une dictature, la place des femmes dans des sociétés réactionnaires, le tout saupoudré de romance, de comportements autodestructeurs, de passions trahies et de rêves d'ailleurs. L'ensemble est servi par un trait fin élégant, même si assez carré et relativement figé, des couleurs chaudes à la pâleur discrète et une mise en page épurée et aérée. Du bel ouvrage a priori, qui malheureusement ne parvient véritablement à embarquer son lecteur du fait d'une articulation de l'ensemble des thématiques plutôt maladroite. L'intrigue privilégie la tranche de vie romantique au romanesque historique. L'arrière-plan du fascisme, de la censure, du racisme, de la population scindée entre soutien au régime et rébellion, tout cela est simplement esquissé, lointainement présent, fort peu développé, au contraire des intrigues sentimentales. Le second tome, "Rébétissa", poursuit la veine du premier "Rébétiko", en adoptant justement/opportunément le point de vue des personnages féminins. Une jolie BD privilégiant le panache des perdants magnifiques à la fresque historique engagée, un peu frustrante tant on eut aimé y croiser les deux.
Le Pacte des Yôkai
Une série bien poétique ! Le trait, beau, n'est pas son seul attrait. Assez d'action pour chasser l'ennui, assez de contemplation pour être plongé dans une atmosphère étrange autant qu'esthétique. Et les deux ne me semblent faire qu'un, de même que l'auteur parlant de sa vie ne parvient pas à casser le rythme. Je l'attribue au fait que la dame est talentueuse, mais pas que. Il n'y a pas opposition entre la nature, et la culture, le réel et l'imaginaire, mais des glissements très subtils, au Japon. Sinon, j'aime que le héros protège les humains des yokais agressifs, mais aussi qu'il délivre "ses" yokais et protège aussi les créatures magiques quand c'est possible. Commenter me donne envie de le relire, ce qui va influencer ma note.
Au pays de la mémoire blanche
Je ne sais trop quoi penser de cet album, que j’ai trouvé vraiment déroutant. Le dessin tout d’abord, avec des personnages animaliers, des décors au rendu souvent hyper réaliste (même si finalement il y en a peu), est plutôt intrigant. Et un personnage dont on ne voit pas le visage, caché qu’il est par des bandelettes. En tout cas j’ai vraiment bien aimé l’aspect graphique. Déroutant aussi le texte en appoint des images. Un texte qui a des allures de long poème triste, qui serait déclamé par le héros, notre chat au visage de momie. Déroutante enfin la construction de l’album. Aucune bulle, mais un texte mis à côté des images. Parfois même plusieurs pages avec uniquement du texte, puis de longues séquences avec seulement des images. Du coup je sors avec un ressenti mitigé de cette lecture. Le dessin est plutôt agréable, le texte pas inintéressant, mais le mélange des deux m’a un peu laissé sur ma faim. Publié avec le label d’Amnesty International, j’imagine qu’on a là une sorte d’allégorie de tous les régimes dictatoriaux (ici des chiens qui menacent et traquent parfois de façon indiscriminé les chats, des balles qui fusent, des explosions qui menacent), mais le message est soit trop « simple », soit trop abstrait. En fait la beauté poétique de certains passages anesthésie plutôt la violence semble-t-il dénoncée par le récit, qui perd en intelligibilité ce qu’il a gagné en poésie. Le « message » s’est perdu quelque part.
Le Grand Monde
Pas mal de qualités dans cet album, même si au final je resterai sur trois étoiles (note réelle 3,5/5). Le travail de De Metter tout d’abord, avec son dessin toujours agréable à l’œil, et qui retranscrit bien l’époque – que ce soit en France ou en Indochine. Du bon boulot, plaisant et dynamique. Je ne connais pas le roman de Lemaitre, mais l’adaptation en donne quelque chose là aussi agréable à suivre, bien huilé au niveau de l’intrigue – ou des intrigues qui s’emboîtent. La description de la déliquescence coloniale en Indochine, des magouilles dont tout le monde profite (colons bien placés comme Indochinois bien renseignés – y compris les Viet-Minh d’ailleurs), au détriment des caisses de l’Etat colonisateur, est assez bien vue et pleine d’ironie. Une ironie, une certaine noirceur, un côté grinçant qui percent aussi dans les relations familiales des Pelletier (surtout pour le couple formé par « Bouboule » et sa femme assez cynique). Les deux niveaux de l’histoire se retrouvent et la mécanique, qui ménage des surprises, fonctionne bien pour le lecteur. Mais la fin m’a déçu. Comme si, tout s’éclairant, on se débarrassait brusquement de questions encombrantes. Et il reste des questions donc (et quelques facilités – comme la façon dont Bouboule échappe à ses responsabilités après le meurtre dans le cinéma). Mais bon, ça reste un album qi plaira aux amateurs de polar ancré dans l’histoire de l’immédiat après-guerre.