Les derniers avis (67 avis)

Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série Griffes d'Ange
Griffes d'Ange

Maintenant l’incommensurable fleur du présent allait devoir s’ouvrir. - Ce tome contient un récit complet, indépendant de tout autre. Son édition originale date de 1994. Il a été réalisé par Alejandro Jodorowsky pour le scénario, et par Mœbius pour les dessins. Il s’agit d’une bande dessinée en noir & blanc qui comprend soixante-neuf pages. Elle se termine avec une postface, un texte d’une page, rédigé par Diana Widmaier-Picasso. Dans celui-ci, elle évoque les circonstances dans lesquelles ce magnifique ouvrage lui a été offert, la dédicace que lui avait faite le scénariste (Pour Diana, avec une érection angélicale), les griffes de l’ange qui offrent autant de plaisir que de douleur, la communication artistique de ses deux créateurs, le parcours d’une belle jeune femme cherchant à se libérer par l’accomplissement de ses fantasmes les plus enfouis. Une femme nue, recroquevillée sur elle-même gît à même le sol parmi des feuilles, au pied d’une foule indifférente, une corde passant sous elle. Une jeune femme se tient debout, les mains jointes, dans une belle robe de cérémonie. Une jeune femme se dévêtit totalement en ne gardant que son chapeau de deuil avec sa voilette, au pied de la croix de la tombe de son père qui vient d’être enterré. Les obsèques durèrent des heures : le cadavre de son père s’obstinait à sortir du cercueil pour aller danser avec ses veuves. Il fallut six gardiens pour venir à bout de sa résistance épileptique et sceller le couvercle. En guise de terre, ils remplirent la fosse avec les corps des veuves. Elle retournait seule en ville. Elle savait bien que la maison était abandonnée depuis un demi-siècle, il fallait pourtant qu’elle y dirige ses pas : de ses fenêtres ouvertes se dégageait l’appel d’une épaisse odeur de sperme. La jeune femme s’est détournée de profil, ses longs cheveux flottant au vent derrière elle, alors qu’elle contemple une sorte de larve en suspension devant ses yeux. La fille éplorée par la mort de son père marche dans la rue et se dirige vers une maison. Elle n’utilisait pas de tampons ; cependant, au lieu de couler, le sang menstruel se cristallisait dans son vagin, formant peu à peu un diamant rouge… Devant la porte d’entrée l’attendait son père, murmurant avide, de lui donner ce joyau. Elle monte les marches du perron et se dirige vers lui alors qu’il tient son sexe en érection dans ses mains. La jeune femme s’incline devant la larve qui est devenu un long tentacule. La jeune femme en robe de deuil s’agenouille devant l’homme qi est peut-être son père. Elle retrousse ses jupes et elle dépose le caillot entre ses mains, tout en tenant son sexe de la main droite. Il s’éleva dans l’air pour se mutiler l’asperger d’une pluie sanglante. Il l’interpelle en l’appelant Griffes d’ange, et en lui disant qu’elle est désormais invulnérable. Elle peut maintenant explorer le passé, lui dit-il d’une voix qui ne jaillissait pas de sa gorge mais de la plaie ouverte comme une bouche entre ses cuisses. Passée la porte, un abîme s’ouvrit derrière elle qui avala le monde extérieur. Quel album singulier ! Et ce n’est rien de le dire, même si un homme averti en vaut deux. Pour commencer sa forme : il s’ouvre avec un dessin en pleine page, la forme d’une jeune femme nue recroquevillée sur elle-même, à terre, sous le regard de badauds dont on ne voit que les pieds. Puis viennent soixante-huit pages conçues comme des doubles pages. Sur celle de gauche se trouve une seule case en haut à gauche consacrée à une jeune femme à la longue chevelure vêtue d’une tunique plus ou moins longue selon les pages, parfois d’un pantalon ou d’une robe, semblant contempler une créature ayant une forme de grosse larve en lévitation, parfois une forme de tentacules, parfois plusieurs larves animées d’un mouvement de vol autonome. À côté de cette case un texte de quelques lignes, à la longueur variable, évoquant la situation d’une femme, semblant toutefois sans rapport avec ce qui est dessiné dans la case. La page en vis-à-vis comporte une unique illustration en pleine page, en lien direct avec le texte sur la page de gauche. À une exception près (la femme se dirigeant vers la maison), il s’agit d’un dessin de nature érotique ou pornographique où la nudité est présente, pour partie ou en totalité, parfois des gros plans sur une zone érogène ou une partie génitale, allant jusqu’à la pénétration, avec quelques pratiques sortant de l’ordinaire, pouvant être qualifiées de sadomasochistes ou même de déviantes. Ces représentations peuvent être de nature réaliste, ou teintée d’exagération en particulier pour les pratiques qui font mal, ou encore de fantastique et même de science-fiction, la narration visuelle se faisant alors métaphorique. Pour autant, le lecteur peut percevoir que le texte raconte une histoire avec une progression dramatique, une intrigue même. Tout commence par cette mention des obsèques qui durent des heures, celles du père de la jeune femme. Puis elle le retrouve dans cette maison isolée au milieu de la ville. Il s’en suit un mélange d’expériences sexuelles, et de cheminement spirituel. L’histoire évoque aussi bien des détails anatomiques (le sperme, les tétons, la chair, le corps, le sexe, la poitrine, le clitoris, le pénis), que des notions comme le rapport au père, à la mère, des expériences de transgression liées aux excréments, aux fluides corporels, à la douleur, une clef en forme d’infini, un arc-en-ciel d’albâtre, la perte d’identité, le recours à l’usage de masques, la mutilation symbolique, un acte rituel, la discipline et la méditation, un accouplement avec un ange, le piège de la pesanteur, etc. La femme traverse différents rites ou subit différentes initiations, reprenant parfois l’initiative, ayant évolué d’une manière ou d’une autre. Elle se trouve confrontée à des interdits, parfois des tabous, liés à sa féminité, au plaisir de la chair, au refoulé de nature psychanalytique. Elle entend une voix lui dire : Quand on perd l’espoir, on perd la peur. Elle déclare que : Au programme de son école n’était inscrite qu’une seule matière : apprendre à vivre… Il n’y avait qu’un professeur : elle-même. Jour après jour, on n’y méditait qu’une phrase : Aujourd’hui la discipline. Dans le même temps, le lecteur peut également approcher sa lecture comme une suite d’illustrations, celles des pages de droite, au nombre de trente-cinq. Passé la première illustration, celle de l’ange déchu à terre et celle de la troisième, il compulse alors un recueil de dessins allant de l’érotisme à la pornographie, le plus souvent très explicites. Fellation, exhibitionnisme, domination, saphisme, mutilation, piercings extrêmes jusqu’à l’impossible, latex, soumission, humiliation, fétichisme, tentacules… et même une simple étreinte vraiment amoureuse. Le trait de plume de l’artiste est fin et précis avec une décontraction élégante, apportant une touche de vie dans ces poses. Les dessins sont précis et cliniques, sans aucune hypocrisie montrant explicitement chaque chose, d’un parcmètre à des jambes écartées dévoilant un sexe épilé, en passant par des giclées de sang, un fouet ou une paire de chaussures choisie avec soin. L’artiste se situe dans le concret, représentant tout avec le même degré de réalisme, y compris les éléments fantastiques. Le lecteur approche alors chaque illustration comme un tableau se suffisant à lui-même. La fille éplorée se débarrassant de ses vêtements devant une tombe, la femme recevant des giclées de sang sur son opulente poitrine dénudée, la femme se cousant les lèvres du sexe, celle avec d’immenses aiguilles en guise de piercing des tétons, celle agenouillée, bâillonnée et ligotée en sous-vêtements, on encore celle dénudée lévitant à quelques centimètres au-dessus du sol. Le lecteur prête attention aux accessoires et aux détails, aussi bien ceux normaux, que ceux incongrus ou relevant du fantastique ou de la science-fiction. Des toiles accrochées au mur d’un couloir, les maillons d’une chaîne, une clef en forme d’infini, des masques à fermeture éclair, une tapisserie aux motifs incas, une statue d’art primitif du continent africain aux attributs généreux, un bureau de maîtresse devant un tableau, une serrure, des chaussures talons aiguilles… des sortes de larves flottant dans l’air. Comme un écho de celles se trouvant dans certaines petites cases de la page de gauche. D’ailleurs ces cases, à raison d’une par page de gauche, semblent former à elles seules leur propre trame narrative, qui rejoint l’histoire portée par les textes accompagnant les illustrations sur la page de droite. Peut-être que le scénariste a écrit son texte à partir d’une collection d’images réalisées par l’artiste, et peut-être celles-ci ont-elles été réalisées à partir de thèmes du scénariste imposés comme autant de défi au dessinateur ? Quoi qu’il en soit, le texte forme lui aussi une narration, celle d’une suite de rituels et d’épreuve pour la femme, et aussi des pistes d’interprétation et de réflexion sur les situations. Jodorowsky s’en donne à cœur joie avec la récurrence de l’image du père, la figure paternelle à enterrer, à embrasser, comme prisme déformant du regard porté sur chaque homme, avec la figure maternelle de laquelle la fille doit s’émanciper pour devenir femme et autonome. Il met en scène d’autres symboles et métaphores telles celle du masque, des fluides corporels (sang, sperme, urine), la force de la pulsion sexuelle, la quête de l’identité, le poids du passé, le sceptre du pouvoir obscur comme image phallique, la voracité des hommes dépravés par le désir sexuel, jusqu’à la transfiguration du personnage féminin, se libérant du dernier piège, le plus antique la pesanteur. En cours de narration, le lecteur relève la maxime relative à l’espoir (Quand on perd l’espoir, on perd la peur), le passage à l’âge adulte (L’enfant qui m’avait possédée depuis l’âge de neuf ans cessa d’orienter mes pas. Désormais le guide, c’était moi.), la notion d’éducation pour apprendre à vivre (aujourd’hui, la discipline). Le texte oscille entre flux de pensées, association libres, images métaphoriques (celles de la serrure par exemple), autour d’une trame de la transformation de soi pour se libérer. Une bien singulière expérience de lecture. Dans sa forme, une image à gauche accolée à un texte, un dessin en pleine page à droite, en rapport avec le texte. Des solutions de continuité d’une double page à la suivante, et aussi des éléments récurrents trouvant leur écho d’une scène dans une autre. Un voyage d’épreuves pour se libérer dans comportements et valeurs de la société, des souffrances libératrices, et des plaisirs, voire jouissances, transcendants, tout en restant dans le registre de l’hétérosexualité. Des dessins délicats et impitoyables, explicites et insoutenables, oniriques et méticuleux. Un voyage plus qu’une destination, une expérience plus qu’une lecture, une libération éprouvante. Entre surréalisme et pornographie.

20/12/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 4/5
Couverture de la série Le Vaisseau de Pierre
Le Vaisseau de Pierre

Alors moi j'aime autant Le vaisseau de Pierre que La croisière des Oubliés ! Je trouve que s'il en avait fait d'autre, Bilal aurait eu son cycle de Bretagne, pas arthurien mais rêveur tout de même. Et révolté, et proche du peuple ! Ici, on a le vieux terroriste qui ne veut finalement pas de l'utopie de l'errant proposant des utopies diverses, dans La Ville qui n'existait pas et La croisière des Oubliés. L'indépendantisme breton semble-t-il classé à droite n'est pas trop bien vu, même si le personnage est intégré au reste du village. Alors ? Les habitants du village vont obtenir ce qu'ils veulent autrement que par la violence et que ceux de La croisière des Oubliés… Qui veut savoir comment sera, je l'espère, tenté de lire Bilal ! Le fantastique fait une apparition très bienvenue, les personnages vous le diront. J'aime aussi l'ambiance dans le bar, les brumes… Les opposants sont-ils caricaturés ? Dur à dire, il y a de tout partout. Il faut juger la valeur des opposants aux gens que l'histoire montre dans leur droit, dans toute l'œuvre. Dans la plus réaliste, La ville qui n'existait pas, comme le dit le cadre le plus lucide à l'héritière, quels moyens n'utilisez-vous pas avec les… têtes faibles, peut-être ? Le plus capable obtient en récompense de sa lucidité, le pouvoir sur le groupe pourvu qu'il fasse vivre La ville qui n'existait pas ! Et un coup à droite, un coup à gauche, en somme, il y a pas mal de nuls aussi chez les soviétiques dans Partie de chasse. Je diagnostique que Bilal ne se fait pas d'illusion sur la capacité de la plupart des dirigeants à voir loin. Je pense aussi qu'il n'ignore pas les tares de la nature humaine, même si sa chaude fraternité pour les dominés renvoie cela à l'arrière-plan.

20/12/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 3/5
Couverture de la série Exterminateur 17
Exterminateur 17

Bilal pas tout à fait Bilal, entre Bilal et Moebius fait des dessins qui me plaisent véritablement, même si j'apprécie l'émancipation de Moebius ! Et l'histoire, mon dieu, l'histoire n'est pas si mal. En tout cas, je l'ai lue avec plaisir, et même en réveillant mon cerveau, à la fin. Eh oui, j'aime bien le dialogue entre le héros et le chef des manichéens de l'espace. Qu'est-ce que le pur et l'impur, qu'est-ce que le juste et l'injuste ? de façon revisitée… En fait, l'œuvre aurait pu être bien meilleure en creusant ce sillon. Mais bon, peut-être que Bilal, pas encore connu, n'a pas osé prendre la tête des lecteurs ? Peut-être que Dionnet a eu peur que les gens fuient à la moindre complexité ? A la fin, il ne vont pas refermer l'album, et on peut sortir de l'action vue cent fois des batailles et des fuites, et on a le dialogue avec le manichéen, et le dialogue presque silencieux et nostalgique avec un personnage donnant une part de mystère à l'œuvre.

19/12/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Partie de chasse
Partie de chasse

Prophétique Bilal annonçant la fin de l'URSS, avec ces hauts dignitaires soviétiques dont nous voyons les réalisations, crimes et échecs ! La pétrification des hommes de pouvoir par leur visage semblables à de la pierre effritée est sublimement rendue. Le sang envahissant les cases quand il le faut pour l'intérêt de l'histoire comme pour ajouter à la splendeur du graphisme et à son expressivité est éblouissant. La chasse fait partie des traditions humaines les plus ancrées, et surtout chez les dirigeants. Ainsi, il y a du réalisme dans partie de chasse, aussi bien que du symbolisme : en fait, une telle chasse sacrificielle* aurait ma foi bien été possible La femme hantant le dignitaire soviétique maître du jeu, elle qu'il a sacrifié à l'ogre Staline pour survivre est aussi un leitmotiv fort bien trouvé. On a le rigide dignitaire de la RDA et le fantaisiste retraité accueillant tout le monde et sa fable avec des oiseaux de proie. Quelle comédie humaine. Aucune case qui ne soit parfaite en soit et insérée dans le flux de la narration… J'ai lu et relu cette œuvre à user l'ouvrage et mon goût pour lui comme lors de ma phase jus de tomate enfant, je n'en pouvais plus… Et puis, ne s'ouvre-t-on pas forcément à d'autres œuvres ? Mais je pense que j'y reviendrais, comme l'augure mon cycle de critique sur Bilal. * Qui est intrigué par cette expression n'a qu'à lire l'œuvre !

19/12/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 4/5
Couverture de la série La Ville qui n'existait pas
La Ville qui n'existait pas

La ville qui n'existait pas fait exister et la ville réelle, du nord, de l'industrie et de ses conflits entre les patrons et les ouvriers, et une ville nouvelle utopique. Les deux ont leurs limites, les deux se lisent l'une dans l'autre, comme on ne le voit jamais mieux que dans les deux enfants toujours en manque de quelque chose dans l'une et dans l'autre. Vaut-il mieux une ville de misère mais de conflit ou une ville de loisirs et de beauté où l'héritière règne bienveillamment sur ses gens ? La majorité préfère fuir le travail aliénant, le chômage, les luttes qui ne mènent souvent pas à grand-chose, mais les syndicalistes rivaux préfèrent s'exiler pour lutter ailleurs, et le conseiller de l'héritière - et du village de La croisière des Oubliés - partent loin de l'utopie pour retourner dans le monde de boue, crasse et injustice, parce que c'est de lui qu'ils tirent leur identité et leur vitalité. Et pourquoi pas ? Des héros aimés par des femmes de rêve offrant l'éternelle jeunesse retournent bien dans le monde de la souffrance, que ce soit Ulysse fuyant Calypso et tant d'autres. Mais la majorité préfère tout de même la vie meilleure proposée par l'héritière. Laquelle est un peu triste de ce que son conseiller parte vers d'autres aventures, handicapée sur son fauteuil roulant délivrée de sa culpabilité pour le fait que ses ancêtres aient exploité les ouvriers, mais sans la compassion et la souffle de l'aventure de celui dont les discussions avaient fait naître le désir d'utopie en elle . Souvent, on a des utopies parfaites, souvent, on a des dystopies, ici, on a l'utopie nostalgique entre parenthèse du monde.

19/12/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 4/5
Couverture de la série Les Phalanges de l'ordre noir
Les Phalanges de l'ordre noir

Il me plait que les méchants fascistes - les vrais, pas des phantasmés par des excités ! - et les "gentils" opposants à ces affreux terroristes soient tous des vieux. Voilà qui change ! Et met en miroir le passé et le présent, savoir de l'époque de la création de l'œuvre. Les fascistes ne se sont pas améliorés, témoins, les attentats qu'ils commettent… Lesquels sont dessinés de façon aussi dramatique que belle par Bilal, des images qu'on n'oublie pas. Les antifascistes eux, sont toujours aussi courageux et plus tolérants qu'autrefois, mais se pose à la fin la question de savoir s'ils ne ressemblent pas un peu trop aux fascistes. Enfin, ce genre d'interrogation du narrateur montre qu'ils sont tout de même nettement plus lucides ! Le rythme de l'histoire, lent et rapide selon les nécessités de l'intrigue ? Parfait. Il y a même un soupçon d'humour plutôt inhabituel chez Bilal. Mais comme on n'est pas dans La croisière des oubliés, pas dans une fable fantastique mais dans un monde violent, il n'y a pas de happy end. Ah, comme je regrette que la production de légendes d'aujourd'hui ait cessé !

19/12/2025 (modifier)
Par Rene
Note: 2/5
Couverture de la série Les Chroniques de Saint-Roustan
Les Chroniques de Saint-Roustan

J’ai acheté cette BD en toute confiance mais franchement c’est pas terrible et très décevant. C’est vraiment glauque et très beauf.. cordialement

19/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Dragonseed
Dragonseed

Dragonseed propose un récit de fantasy classique, construit autour d’une quête sous contrainte temporelle et d’un conflit latent entre deux mondes. Le scénario est fluide, lisible et efficace, sans temps mort notable. Les thèmes abordés — identité, héritage, équilibre entre peuples — sont familiers et traités sans surprise, mais avec suffisamment de maîtrise pour rendre la lecture agréable. L’ensemble se laisse lire facilement et avec plaisir, sans toutefois dégager une forte singularité. Les personnages remplissent correctement leur rôle narratif mais restent assez archétypaux, ce qui limite l’impact émotionnel et la mémorisation de l’œuvre une fois refermée. Graphiquement, le dessin est réaliste, propre et maîtrisé. Il soutient efficacement la narration et l’univers proposé, même s’il peut parfois sembler un peu convenu dans ses choix visuels. Les couleurs accompagnent bien l’ambiance sans chercher à la transcender. Une bande dessinée solide et plaisante, idéale pour une lecture détente, mais qui ne marque pas durablement.

19/12/2025 (modifier)
Couverture de la série De pierre et d'os
De pierre et d'os

De pierre et d’os est un véritable coup de cœur. Le scénario adopte un rythme lent, assumé, mais construit avec une progression constante qui rend la lecture de plus en plus prenante. Le travail sur les relations humaines est particulièrement fort, notamment dans la manière dont sont abordées la violence masculine, la condition des femmes et, surtout, la fragilité comme état fondamental de l’existence. La résilience est au cœur du récit, sans jamais être idéalisée ni simplifiée. L’univers proposé est à la fois dur et profondément doux. Il agit comme une confrontation directe avec nos repères occidentaux, que ce soit dans le rapport à la famille, à la sexualité, à la nature ou à la spiritualité. L’intégration de chants, de récits et de fables enrichit considérablement le monde décrit et renforce cette sensation d’immersion culturelle, sans lourdeur explicative. Graphiquement, le dessin ne correspond pas forcément aux canons qui me séduisent d'habitude le plus, au premier abord, mais sa justesse est indéniable. Il est parfaitement en phase avec le contexte, sert le récit avec intelligence et possède une esthétique forte en tant que telle. Cette cohérence entre fond et forme contribue largement à faire de De pierre et d’os une œuvre sensible, profondément humaine et que je recommande.

19/12/2025 (modifier)
Couverture de la série De Cape et de Crocs
De Cape et de Crocs

Série manifestement très travaillée, séduisante dans son ambition comme dans son exécution, mais avec laquelle je suis resté à distance. L’écriture est dense, l’humour omniprésent et extrêmement référencé ; il fonctionne objectivement bien, sans pour autant m’être toujours accessible. Un certain décalage générationnel se fait sentir : on perçoit clairement la richesse du propos et des clins d’œil, mais sans forcément parvenir à tout saisir ou à en profiter pleinement à la première lecture. Le scénario se lit pourtant facilement, porté par des personnages solides et attachants, même s’ils assument pleinement leur dimension très archétypale. Cette galerie de figures fonctionne bien dans l’univers proposé, mais renforce aussi une impression de classicisme parfois un peu distant. L’ensemble donne le sentiment d’une œuvre à plusieurs niveaux, probablement conçue pour être relue afin d’en révéler toute la subtilité. Graphiquement, le dessin est précis, expressif et souvent très amusant. Le trait caricatural est parfaitement maîtrisé et totalement cohérent avec le ton de la série, même s’il ne correspond pas entièrement à mes goûts personnels. L’univers est riche, foisonnant, et le dessin joue un rôle central pour stimuler l’imaginaire du lecteur.

19/12/2025 (modifier)