Oulah, c'est pas très bon comme BD, ça ! Je vais être un peu sévère dans ma note, mais elle reflète mon ressenti au sortir de ma lecture et j'estime la BD franchement pas bonne.
C'est le genre de BD que j'appelle " BD de CDI", avec l'idée derrière que c'est une BD a caractère informatif tournée vers les plus jeunes et qui a comme idée de se faire claire et simple. le hic, c'est qu'elle est beaucoup trop claire et beaucoup trop simple, au-delà des bonnes intentions.
Sur le côté formel, la BD est un ensemble de planches très vides, parfois même inutiles (certaines planches décrivent des actions qui auraient pu prendre une seule case) tandis que l'ensemble se lit trop vite. Sur un tel sujet, je trouve qu'il y aurait eu plus à dire, à mon sens, mais la densité manque clairement. Les ajouts en fin de volumes sont un peu intéressants, mais malheureusement ne comblent pas le manque d'intérêt préalable.
D'autre part, il y a des choix que je trouve peu judicieux : les personnes parlant syriens voient leur bulles être traduites, sauf que comme aucun indicateur visuel n'est présent (couleur différente, italique, forme de la bulle ...) il est assez dur de comprendre la limite du langage. Chaque bulle est écrite en français mais dans certains dialogues les personnes parlent des langues différentes. L'absence de marqueur claire pour différencier ces langues ne permet pas de le visualiser directement et empêche de se rendre compte de la limitation que ces personnes ressentent. Il y a différents moyens pour le retransmettre visuellement (on est dans une BD, le langage est visuel), mais ça reste très plat et très simple dans le déroulé.
Niveau histoire, c'est l'arrivée d'une famille Syrienne qui fuit la guerre de son pays. L'idée aurait pu m'intéresser, mais on reste en surface avec quelques anecdotes racontées par la famille, qui s'oublient en quelques jours et ne marquent pas. La BD est pleine de bonne volonté, mais ça ne suffit pas à en faire une lecture intéressante : l'anecdote sur le vietnam n'a par exemple rien à faire ici. C'est complètement hors sujet et si elle raconte quelque chose de l'intégration, l'immigration et la communication, il aurait fallu développer cet aspect et le mettre en avant.
Personnellement je la déconseille. C'est le genre de BD qu'on sent animé de bonnes intentions, je ne le répéterais jamais assez, mais ça n'en fais pas une bonne BD. C'est une BD oubliable, que je ne peux vraiment pas recommander. Sur la Syrie, il y a pléthore d'autres BD qui sont sorties, et sur la question de personnes arrivées en France et s'installent, il y en a également plein. Celle-ci ne rajoute rien à ce que j'ai déjà lu.
L'histoire de "Catherine Sévère" est amusante et se prête bien à un format de gags en deux planches. Chaque scène suit un schéma clair : Catherine trouve un prétexte pour punir quelqu'un, puis on découvre la punition dans la page suivante. C'est drôle au début, mais à force de répéter le même type de blague, cela devient un peu lassant. J'ai eu l'impression qu'il manquait un peu de variété pour vraiment maintenir mon intérêt sur tout l'album.
Cette BD joue sur le thème du Sado-Maso de manière humoristique. Elle ne cherche pas à être sérieuse ou érotique dans un sens classique, mais plutôt à caricaturer et à exagérer. Ça m'a fait sourire à plusieurs reprises, même si certaines scènes peuvent sembler répétitives. J'ai apprécié que le ton soit léger et qu'il n'y ait pas de prétention à vouloir choquer gratuitement.
Catherine, le personnage principal, est une dominatrice exagérée à l'extrême. Elle est amusante à suivre, avec ses répliques cinglantes et son imagination sans limites pour les punitions. Par contre, les personnages secondaires sont plus effacés et servent surtout à mettre en valeur Catherine.
Le style de dessin est clair et précis, avec des traits anguleux qui donnent un côté très marqué à l'ensemble. J'ai bien aimé les détails et l'attention portée aux expressions des personnages, même si celles-ci restent parfois un peu figées. Les couleurs sont bien choisies et ajoutent une touche agréable à l'ensemble. Le tout correspond bien à l'ambiance humoristique et à l'époque de la parution.
En résumé, "Catherine Sévère" est une BD amusante à lire, mais qui aurait gagné à être un peu plus variée dans ses gags et ses personnages.
Cinq jeunes adultes vivent tranquillement leur vie jusqu'au jour où ils reçoivent chacun un étrange courrier très détaillé concernant une tragique virée en montagne qui les avait traumatisé 7 ans plus tôt. C'est alors l'heure des retrouvailles pour ces amis qui s'étaient plus ou moins perdu de vue pour essayer de comprendre le pourquoi de ces courriers et qui connaît aussi bien la terrible expérience qu'ils ont vécu...
Voilà un premier tome bien construit qui pose les bases d'un mystère bien épais quant à ce qui est arrivé à notre petit groupe lors de cette fameuse virée en montagne. Le dessin d’Élisa Ferrari est efficace, même s'il manque un peu de force dans les scènes d'action (ça reste un peu figé -surtout les scènes de voitures- ). Ses paysages et ses décors sont par contre plutôt soignés tout comme les pauses de ses personnages. Dommage que la mise en couleur d'Alex Gonzalbo ne soit pas à la hauteur, je trouve même qu'elle gâche le travail de la dessinatrice.
Sorti de ce premier tome on se demande toujours si on va basculer dans le fantastique ou s'il s'agit d'hallucinations collective ou encore d'un psychopathe s'amusant des légendes montagnardes au dépend de notre petit groupe... C'est plutôt malin, ça entretien bien le suspens, reste à voir comment cette histoire va évoluer pour retomber sur ses pattes.
Je lirai la suite avec curiosité.
*** Tome 2 ***
Bon bon bon... Après relecture du tome 1 pour me remettre dans l'ambiance et dans l'intrigue, j'avoue que cette série manque cruellement de force et de consistance au final.
D'une, le dessin d’Élisa Ferrari n'est pas ma tasse de thé (même s'il est très correct -mais pas valorisé par la colorisation), de deux, le scénario de Serge Carrere peine à nous embarquer et à nous convaincre ; j'ai trouvé ça un brin artificiel en jouant sur la surenchère. Le mélange des deux m'a finalement fait penser à une enquête à la "Scooby Doo like", sans la saveur et le décalage de ce dessin animé vintage.
Petite déception donc ; je baisse ma note à 2/5
Je trouve que le scénario de cette bande dessinée est bien pensé, mais parfois un peu trop théorique à mon goût. L'idée de créer une bande dessinée sur la bande dessinée est intéressante et originale. Cependant, certains passages peuvent paraître un peu arides et moins passionnants. J'ai parfois eu l'impression de lire un manuel scolaire plutôt qu'une histoire.
Cette BD aborde de nombreux thèmes fascinants comme le langage visuel, la gestion du temps et la communication par l'image. J'ai apprécié la façon dont l'auteur explique ces concepts complexes de manière simple et compréhensible. Néanmoins, j'aurais aimé voir une exploration plus approfondie de certains thèmes, comme la mise en page ou les techniques de scénarisation.
Le dessin est simple et efficace, ce qui rend la lecture fluide. Cependant, j'ai trouvé que le style était un peu trop dépouillé à certains moments. Cela dit, les dessins réussissent à bien illustrer les concepts évoqués, même si j'aurais préféré un peu plus de détails et de diversité dans les illustrations.
En résumé, cette bande dessinée est une lecture intéressante pour ceux qui veulent en savoir plus sur l'art de la BD. Elle est instructive et bien réalisée, mais manque parfois de profondeur et d'émotion.
Je me souviens avoir lu "Le Déclic" quand j'étais plus jeune. Le scénario du premier tome m'avait vraiment surpris par son originalité. L'idée de cette petite boîte qui contrôle les désirs de Claudia était intrigante. Mais, au fil des tomes, l'histoire devient répétitive et perd de son intérêt. Ce qui était au début une bonne idée devient lassant à la longue.
Les thèmes abordés dans "Le Déclic" sont principalement érotiques. Le contrôle du plaisir féminin est au coeur de l'histoire. Bien que ce soit un sujet audacieux, j'ai trouvé que certaines scènes étaient trop poussées et répétitives. Le côté érotique est évident, mais cela peut devenir gênant pour certains lecteurs.
Les personnages de "Le Déclic" sont assez simples. Claudia, l'héroïne, est une bourgeoise coincée qui se transforme sous l'effet de la boîte. J'ai trouvé intéressant de voir cette transformation, mais son personnage manque de profondeur. Les autres personnages, comme le mari et le savant, restent assez superficiels et n'apportent pas grand-chose de plus à l'histoire.
Ce qui m'a vraiment impressionné dans "Le Déclic", c'est la qualité des dessins. Milo Manara a un talent incroyable pour dessiner des femmes aux courbes magnifiques. Les décors sont également très bien réalisés, ajoutant une dimension visuelle agréable à la lecture. Même si le scénario me décevait un peu, les dessins de Manara ont toujours su retenir mon attention.
En somme, "Le Déclic" est une bande dessinée qui mérite d'être lue, surtout pour la beauté de ses dessins. Cependant, le scénario et les personnages n'ont pas su me convaincre pleinement.
J'étais jeune (majeur quand même) lorsque j'ai lu Druuna pour la première fois. Le scénario du premier tome m'a vraiment plu. Il y a une belle dynamique entre les personnages et l'intrigue est bien construite. Malheureusement, au fil des tomes, j'ai trouvé que l'histoire devenait de plus en plus confuse et difficile à suivre. C'était un peu décevant parce que le début promettait beaucoup.
Les thèmes abordés dans Druuna sont assez variés et parfois déroutants. On y retrouve des éléments de science-fiction, de dystopie et d'érotisme. Les questions de survie, de mutation et de quête de liberté sont omniprésentes. Toutefois, certains passages peuvent être un peu dérangeants, surtout en raison de la violence et des scènes érotiques très explicites.
Les personnages sont assez bien développés. Druuna, l'héroïne, est une femme courageuse et déterminée. J'ai trouvé intéressant de suivre son parcours et ses interactions avec les autres personnages, comme Lewis.
Ce qui m'a vraiment fasciné, c'est la beauté des dessins. Les décors sont incroyablement détaillés et les corps féminins sont magnifiquement représentés. Paolo Eleuteri Serpieri a un talent fou pour capturer les expressions et les mouvements de ses personnages. Chaque page est un véritable plaisir pour les yeux et cela a vraiment ajouté à mon appréciation de la bande dessinée.
Bien que le scénario se perde un peu au fil des tomes, la qualité des dessins et la richesse des thèmes abordés font de Druuna une bande dessinée que je recommande.
Il faut frapper les esprits, en faire des machines de guerre tout droit sorties de l’enfer !
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Ce tome contient une histoire complète de nature biographique. Son édition originale date de 2024. Il a été réalisé par Roger Seiter pour le scénario, par Frédéric Blier pour les dessins, et par Florence Fantini pour la mise en couleurs. Ce tome comprend soixante-deux pages de bande dessinée.
Automne 1343, au large des côtes bretonnes, un grand navire vogue toutes voiles dehors. À son bord, un soldat en cottes de maille fait observer au seigneur que ces côtes sont dangereuses, car la plupart des Bretons leur sont désormais hostiles. Le noble répond que certes, mais qu’ils n’oseront pas attaquer une nef royale lourdement armée. La vigie signale une voile à bâbord. Le soldat remarque qu’ils hissent un pavillon : un lion blanc sur fond rouge. Un deuxième navire à voile rouge apparaît et se rapproche du premier navire. Le capitaine de celui-ci ordonne à ses soldats de se préparer au combat. Il craint qu’il ne s’agisse pas d’Anglais, mais pire, des pirates qui ne feront pas de quartier. L’équipage du premier navire à voile rouge commence par envoyer une pluie nourrie de flèches qui font des ravages. À Paris quelques mois plus tôt, près de la forteresse du Châtelet, Jeanne de Belleville marche incognito dans la rue aux côtés de Guillaume Bérard. Elle lui rappelle qu’elle avait supplié son époux Olivier de Clisson de ne pas participer au tournoi. Elle se demande comme il a pu faire confiance au roi Philippe VI, tout le monde sait que ce Valois n’a pas d’honneur. Son interlocuteur lui dit qu’elle a raison : la fidélité d’Olivier à la couronne est incontestable, son arrestation est une grande injustice.
La conversation continue et Jeanne dit qu’elle craint le pire, il faut tirer son époux Olivier des griffes de Philippe avant qu’il ne soit trop tard. Guillaume répond que le plus urgent est de lui faire parvenir un message, et il pense avoir trouvé l’homme qu’il leur faut. Il ajoute que c’est son devoir d’écuyer, et qu’il est de son devoir d’épauler Jeanne et lui apporter son aide. Ils arrivent devant la boutique de Bertrand Clermont, un ami de la famille. Celui-ci les accueille chaleureusement à l’intérieur. Il les conduit dans son arrière-boutique : là les attend Pierre Nicolas, sergent du roi. Ce personnage a ses entrées au grand Châtelet, et il a accepté de les aider. Jeanne de Belleville lui demande s’il peut la mener secrètement à son époux. Le sergent répond que c’est impossible, car sur ordre du roi le sieur de Clisson est privé de toute visite. Il ajoute qu’elle-même a pris beaucoup de risques en venant dans la capitale. Si le roi Philippe l’apprenait, il pourrait fort bien donner l’ordre de l’arrêter. Jeanne ne se laisse pas impressionner et elle lui demande comme il peut l’aider elle. Il répond que pour dix pièces d’or, il peut faire passer un message à Olivier. Elle écrit un bref billet dans lequel elle annonce à son époux son intention de le faire évader. Le sergent indique qu’elle aura la réponse dans deux jours. Après cet entretien, elle va passer voir Thibaut de Parthenay, l’héritier d’une famille alliée aux Belleville.
Jeanne de Belleville (1300-1359) est un personnage historique ayant réellement existé : elle épouse en 1312 Geoffroy seigneur de Châteaubriant, puis après sa mort vient un second mariage qui sera annulé par le Pape Jean XXII, la troisième union sera avec Olivier de Clisson (1300-1343) avec qui elle aura quatre enfants Maurice, Olivier, Guillaume et Jeanne. L’image de couverture montre une femme guerrière portant un haubert et une gorgière de maille, à la tête d’une dizaine d’individus armés jusqu’aux dents sur le pont d’un navire avec une voile rouge, ornée d’un lion que l’on peut supposer blanc. Le paragraphe de la quatrième de couverture la désigne comme première femme pirate de l’Histoire, ayant livré une guerre sans merci au Royaume de France, en se montrant d’une cruauté implacable, ce qui lui vaudra ainsi le surnom de Tigresse bretonne. Le surnom de Lionne sanglante lui sera attribué au XIXe siècle. En fonction de sa connaissance sur le sujet, le lecteur en déduit que le scénariste va exposer une version ménageant la chèvre et le chou, en vérité historique attestée, et légende populaire. Après une introduction en mer, il entame son récit en 1343, alors que Olivier de Clisson est déjà prisonnier du roi à Paris, et que son épouse Jeanne essaye d’organiser une tentative d’évasion. Il élude ainsi la question de la situation de la famille Clisson avant le tournoi, et la situation est essentiellement exposée par le point de vue de Jeanne de Belleville, avec ses partis pris.
Au vu de la couverture et du thème du récit, l’horizon du lecteur correspond à un récit présentant une solide reconstitution historique. Tout commence avec un beau navire, toutes voiles dehors sur l’océan. Le lecteur observe les différents mâts, la coque, les écussons sur la proue, une bannière peut-être un peu trop longue. D’un autre côté, le lecteur peut apprécier les différentes activités au premier plan sur les berges de la Seine à Paris : le lavage du linge, le débarquement de ballots, le stockage de tonneaux, un palan avec une roue pour décharger des charges plus lourdes. Dans la case en-dessous, une vue subjective d’une rue de Paris, avec le caniveau central et un habitant qui jette le contenu de son seau directement dans le caniveau depuis sa porte, la cour du château de Philippe VI et sa chambre de torture, une vue générale du château de Clisson, une autre du château de Touffou, un magnifique pont en bois avec des maisons dessus jeté au-dessus de la Seine à Paris, le château fort de l’île d’Yeu, la citadelle de l’Aber-Wrac’h et son port, et bien sûr des combats maritimes. Le lecteur prend également le temps de regarder les tenues vestimentaires, ainsi que les armes et les protections des combattants, les armes des navires, les harnachements des chevaux, etc. Sans oublier la manière dont Jeanne de Belleville elle-même s’habille pour mener ses hommes au combat. Il peut ainsi apprécier l’investissement de l’artiste pour donner à voir cette époque.
Le scénariste a pris le parti de raconter cette histoire avec le point de vue de la tigresse de bretonne : ainsi est-elle présente visuellement dans quarante-deux pages sur soixante-deux, présente implicitement dans une demi-douzaine d’autres, le reste étant consacré à ses ennemis ou à son époux au début. Par comparaison avec d’autres bande dessinées historiques, le lecteur fait l’expérience qu’en effet les auteurs privilégient l’histoire personnelle de cette femme, plutôt que de verser dans un cours d’Histoire. Ils se cantonnent à la période correspondant à l’accomplissement de sa vengeance, à partir de l’emprisonnement de son époux, jusqu’à son terme. En fonction de son appétence, le lecteur peut se renseigner plus avant sur le règne de Philippe VI, sur les connaissances historiques consolidées sur cette veuve, sur le passé d’Olivier de Clisson, ou encore sur les relations entre l’Angleterre et de la France à cette époque, et entre Édouard III (1312-1377) et Olivier de Clisson. Jeanne de Belleville prononce son vœu de vengeance en page vingt-quatre. D’une certaine manière, ce choix narratif fait de Jeanne de Belleville, l’héroïne de sa propre vie et du récit. D’un autre côté, les auteurs montrent que cette femme mérite son surnom de Lionne sanglante, illustrant la phrase de Friedrich Nietzsche : “Dans la vengeance et en amour, la femme est plus barbare que l'homme. (Par-delà le bien et le mal).
En recevant la tête de feu son époux dans une cassette, Jeanne déclare : que les Clisson n’ont pas de larmes, mais des armes, que son époux hurle vengeance et qu’ils vont le venger, que le blason des Clisson a été souillé par la trahison et le déshonneur, et qu’elle va lui rendre son éclat en le lavant dans le sang frais. Le lecteur observe un personnage fidèle à sa réputation ou à sa légende : elle fait tuer les messagers, puis les prisonniers. Elle mène la prise du château de Touffou et après la victoire, elle en fait exécuter tous les habitants. Après la première victoire maritime, elle ordonne que les survivants aient les mains et les pieds tranchés, et qu’ils soient jetés par-dessus bord. Le dessinateur assume lui aussi cette caractéristique de la veuve en représentant la violence de manière explicite : visage tuméfié d’Olivier de Clisson alors qu’il est torturé, flèche transperçant la gorge d’un soldat, ou se fichant au beau milieu du front d’un autre, mêlées brutales entre cavaliers et fantassins, décapitation d’un chef à genou présentant son épée en signe de reddition, épée tranchant à moitié un crâne, épée s’enfonçant dans une cuisse, cadavres déposés par la marée avec les pieds et les mains tranchés, etc. La vengeance de Jeanne de Belleville est sanglante et sans pitié. Elle prend part aux combats, et fait systématiquement achever tous les survivants. Elle mène ses hommes au combat comme un guerrier. Elle entraîne ses jeunes fils à peine adolescents voire encore enfants avec elle, sur son navire. Il s’agit d’une véritable vengeance : la destruction de navires du royaume pour obtenir réparation, une véritable riposte plutôt qu’une vengeance. Elle est guidée par une volonté de destruction, habitée par sa colère, s’y donnant corps et âme, et elle en paye le prix.
Un album de bande dessinée bien troussé qui aborde la légende de la tigresse bretonne sur le plan humain, avec ce qu’il faut de reconstitution historique pour que le contexte soit consistant, sans qu’il ne prenne le pas sur la dimension humaine. L’artiste prend plaisir à donner à voir les châteaux, Paris et les combats navals. Jeanne de Belleville se montre une meneuse d’hommes fougueuse, et sans pitié. Une belle évocation.
2.5
Un documentaire qui parle de l'histoire de la psychologie ainsi que des différentes facettes de cette discipline.
Cet album cumul à la fois les forces et les faiblesses qu'on retrouve dans ce type de documentaire. Le scénariste est un spécialiste et le sujet est bien approfondi sauf qu'en même temps c'est verbeux et le dessin n'est pas très agréable pour les yeux. C'est dense et on parle d'un nouveau sujet ou personnage historique pratiquement à chaque page et du coup j'aurais un peu de difficulté à faire un résumé. J'ai trouvé que c'était un peu lourd à lire et cela m'a prit deux jours pour finir l'album, parfois lorsque je finissais un chapitre j'avais pas trop envie de continuer et j'ai fait autre chose.
Cela reste un ouvrage intéressant si on s'intéresse au sujet. J'ai bien aimé comment on n'a pas peur de montre le coté négative de la discipline comme le sexisme de plusieurs penseurs males (le cliché de la femme hystérique) ou les travaux largement discrédité de Freud qui avait malgré tout jusqu'à récemment une grande influence en France.
Une lecture plaisante.
Wiloucha est le nom de la ville de Troie dans la langue Hittite.
Cet album retrace les derniers instants de la guerre de Troie, donc, de ce côté pas de surprise, on sait comment ça se termine.
Un récit captivant qui permet de découvrir un troisième acteur dans cette guerre : les Hittites, ils avaient signé un traité d'alliance avec les Troyens.
Un récit violent, des têtes seront séparées de leur tronc, on jette un bébé par dessus les murailles de la cité et le sang va couler à flot. La bataille finale est bien orchestrée. On aura pu suivre auparavant les différentes intrigues et machinations qui amèneront au dénouement. La réalisation est maîtrisée, on passe d'un camp aux autres naturellement. Par contre, la mort du grand prêtre d'Apollon et de ses deux fils par une murène me laisse coi, c'est un peu n'importe quoi. Mais bon, les dieux en ont décidé ainsi.
Benjamin Blasco-Martinez a vraiment du talent, j'aime les ambiances qu'il arrive à créer dans des genres très différents, que ce soit le western avec Catamount ou la science-fiction avec Noir Horizon ou encore ici dans de l'historique. Un style réaliste qui plonge le lecteur dans de magnifiques contrées. Un visuel de toute beauté où les femmes sont félines et sensuelles.
Pour les amateurs du genre.
Et bah zut, je pensais que j’allais bien plus me régaler avec cet album.
Alors attention, c’est très bien.
Agnès Maupré ne cesse de s’améliorer sur la partie graphique, j’aime bien son trait et couleurs, les passages aquatiques sont ici particulièrement réussis, le reste sera plus classique mais d’une belle fluidité, je suis arrivé au bout très facilement.
L’idée du récit me plait bien et j’attendais beaucoup de la quête de nos 2 héroïnes. En fait j’ai eu exactement ce que j’attendais, à savoir une balade dans l’Antiquité avec un ton teinté de modernisme et féminisme. En ça, le contrat est bien rempli et la lecture agréable. C’est ponctué de chouettes idées comme le chapitrage, le coup des poèmes … on sent une certaine attention et soin.
Mais (le fameux mais), je me retrouve complètement dans l’avis de Ro.
Le fond et le résultat sont sympathiques mais pas tout le temps passionnant, ça se perd parfois en cours de route ou en nuances, qui fait que j’étais parfois en retrait.
Sinon ça reste un bon voyage et j’ai bien aimé l’utilisation de la mythologie. On croisera Astérios, le jardin des Hesperides, Persée et Méduse … et évidemment de nombreux fruits des amours de Zeus.
Pas le franchement bien attendu mais du bel ouvrage.
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Oulah, c'est pas très bon comme BD, ça ! Je vais être un peu sévère dans ma note, mais elle reflète mon ressenti au sortir de ma lecture et j'estime la BD franchement pas bonne. C'est le genre de BD que j'appelle " BD de CDI", avec l'idée derrière que c'est une BD a caractère informatif tournée vers les plus jeunes et qui a comme idée de se faire claire et simple. le hic, c'est qu'elle est beaucoup trop claire et beaucoup trop simple, au-delà des bonnes intentions. Sur le côté formel, la BD est un ensemble de planches très vides, parfois même inutiles (certaines planches décrivent des actions qui auraient pu prendre une seule case) tandis que l'ensemble se lit trop vite. Sur un tel sujet, je trouve qu'il y aurait eu plus à dire, à mon sens, mais la densité manque clairement. Les ajouts en fin de volumes sont un peu intéressants, mais malheureusement ne comblent pas le manque d'intérêt préalable. D'autre part, il y a des choix que je trouve peu judicieux : les personnes parlant syriens voient leur bulles être traduites, sauf que comme aucun indicateur visuel n'est présent (couleur différente, italique, forme de la bulle ...) il est assez dur de comprendre la limite du langage. Chaque bulle est écrite en français mais dans certains dialogues les personnes parlent des langues différentes. L'absence de marqueur claire pour différencier ces langues ne permet pas de le visualiser directement et empêche de se rendre compte de la limitation que ces personnes ressentent. Il y a différents moyens pour le retransmettre visuellement (on est dans une BD, le langage est visuel), mais ça reste très plat et très simple dans le déroulé. Niveau histoire, c'est l'arrivée d'une famille Syrienne qui fuit la guerre de son pays. L'idée aurait pu m'intéresser, mais on reste en surface avec quelques anecdotes racontées par la famille, qui s'oublient en quelques jours et ne marquent pas. La BD est pleine de bonne volonté, mais ça ne suffit pas à en faire une lecture intéressante : l'anecdote sur le vietnam n'a par exemple rien à faire ici. C'est complètement hors sujet et si elle raconte quelque chose de l'intégration, l'immigration et la communication, il aurait fallu développer cet aspect et le mettre en avant. Personnellement je la déconseille. C'est le genre de BD qu'on sent animé de bonnes intentions, je ne le répéterais jamais assez, mais ça n'en fais pas une bonne BD. C'est une BD oubliable, que je ne peux vraiment pas recommander. Sur la Syrie, il y a pléthore d'autres BD qui sont sorties, et sur la question de personnes arrivées en France et s'installent, il y en a également plein. Celle-ci ne rajoute rien à ce que j'ai déjà lu.
Catherine Sévère
L'histoire de "Catherine Sévère" est amusante et se prête bien à un format de gags en deux planches. Chaque scène suit un schéma clair : Catherine trouve un prétexte pour punir quelqu'un, puis on découvre la punition dans la page suivante. C'est drôle au début, mais à force de répéter le même type de blague, cela devient un peu lassant. J'ai eu l'impression qu'il manquait un peu de variété pour vraiment maintenir mon intérêt sur tout l'album. Cette BD joue sur le thème du Sado-Maso de manière humoristique. Elle ne cherche pas à être sérieuse ou érotique dans un sens classique, mais plutôt à caricaturer et à exagérer. Ça m'a fait sourire à plusieurs reprises, même si certaines scènes peuvent sembler répétitives. J'ai apprécié que le ton soit léger et qu'il n'y ait pas de prétention à vouloir choquer gratuitement. Catherine, le personnage principal, est une dominatrice exagérée à l'extrême. Elle est amusante à suivre, avec ses répliques cinglantes et son imagination sans limites pour les punitions. Par contre, les personnages secondaires sont plus effacés et servent surtout à mettre en valeur Catherine. Le style de dessin est clair et précis, avec des traits anguleux qui donnent un côté très marqué à l'ensemble. J'ai bien aimé les détails et l'attention portée aux expressions des personnages, même si celles-ci restent parfois un peu figées. Les couleurs sont bien choisies et ajoutent une touche agréable à l'ensemble. Le tout correspond bien à l'ambiance humoristique et à l'époque de la parution. En résumé, "Catherine Sévère" est une BD amusante à lire, mais qui aurait gagné à être un peu plus variée dans ses gags et ses personnages.
Le regard invisible
Cinq jeunes adultes vivent tranquillement leur vie jusqu'au jour où ils reçoivent chacun un étrange courrier très détaillé concernant une tragique virée en montagne qui les avait traumatisé 7 ans plus tôt. C'est alors l'heure des retrouvailles pour ces amis qui s'étaient plus ou moins perdu de vue pour essayer de comprendre le pourquoi de ces courriers et qui connaît aussi bien la terrible expérience qu'ils ont vécu... Voilà un premier tome bien construit qui pose les bases d'un mystère bien épais quant à ce qui est arrivé à notre petit groupe lors de cette fameuse virée en montagne. Le dessin d’Élisa Ferrari est efficace, même s'il manque un peu de force dans les scènes d'action (ça reste un peu figé -surtout les scènes de voitures- ). Ses paysages et ses décors sont par contre plutôt soignés tout comme les pauses de ses personnages. Dommage que la mise en couleur d'Alex Gonzalbo ne soit pas à la hauteur, je trouve même qu'elle gâche le travail de la dessinatrice. Sorti de ce premier tome on se demande toujours si on va basculer dans le fantastique ou s'il s'agit d'hallucinations collective ou encore d'un psychopathe s'amusant des légendes montagnardes au dépend de notre petit groupe... C'est plutôt malin, ça entretien bien le suspens, reste à voir comment cette histoire va évoluer pour retomber sur ses pattes. Je lirai la suite avec curiosité. *** Tome 2 *** Bon bon bon... Après relecture du tome 1 pour me remettre dans l'ambiance et dans l'intrigue, j'avoue que cette série manque cruellement de force et de consistance au final. D'une, le dessin d’Élisa Ferrari n'est pas ma tasse de thé (même s'il est très correct -mais pas valorisé par la colorisation), de deux, le scénario de Serge Carrere peine à nous embarquer et à nous convaincre ; j'ai trouvé ça un brin artificiel en jouant sur la surenchère. Le mélange des deux m'a finalement fait penser à une enquête à la "Scooby Doo like", sans la saveur et le décalage de ce dessin animé vintage. Petite déception donc ; je baisse ma note à 2/5
L'Art Invisible
Je trouve que le scénario de cette bande dessinée est bien pensé, mais parfois un peu trop théorique à mon goût. L'idée de créer une bande dessinée sur la bande dessinée est intéressante et originale. Cependant, certains passages peuvent paraître un peu arides et moins passionnants. J'ai parfois eu l'impression de lire un manuel scolaire plutôt qu'une histoire. Cette BD aborde de nombreux thèmes fascinants comme le langage visuel, la gestion du temps et la communication par l'image. J'ai apprécié la façon dont l'auteur explique ces concepts complexes de manière simple et compréhensible. Néanmoins, j'aurais aimé voir une exploration plus approfondie de certains thèmes, comme la mise en page ou les techniques de scénarisation. Le dessin est simple et efficace, ce qui rend la lecture fluide. Cependant, j'ai trouvé que le style était un peu trop dépouillé à certains moments. Cela dit, les dessins réussissent à bien illustrer les concepts évoqués, même si j'aurais préféré un peu plus de détails et de diversité dans les illustrations. En résumé, cette bande dessinée est une lecture intéressante pour ceux qui veulent en savoir plus sur l'art de la BD. Elle est instructive et bien réalisée, mais manque parfois de profondeur et d'émotion.
Le Déclic
Je me souviens avoir lu "Le Déclic" quand j'étais plus jeune. Le scénario du premier tome m'avait vraiment surpris par son originalité. L'idée de cette petite boîte qui contrôle les désirs de Claudia était intrigante. Mais, au fil des tomes, l'histoire devient répétitive et perd de son intérêt. Ce qui était au début une bonne idée devient lassant à la longue. Les thèmes abordés dans "Le Déclic" sont principalement érotiques. Le contrôle du plaisir féminin est au coeur de l'histoire. Bien que ce soit un sujet audacieux, j'ai trouvé que certaines scènes étaient trop poussées et répétitives. Le côté érotique est évident, mais cela peut devenir gênant pour certains lecteurs. Les personnages de "Le Déclic" sont assez simples. Claudia, l'héroïne, est une bourgeoise coincée qui se transforme sous l'effet de la boîte. J'ai trouvé intéressant de voir cette transformation, mais son personnage manque de profondeur. Les autres personnages, comme le mari et le savant, restent assez superficiels et n'apportent pas grand-chose de plus à l'histoire. Ce qui m'a vraiment impressionné dans "Le Déclic", c'est la qualité des dessins. Milo Manara a un talent incroyable pour dessiner des femmes aux courbes magnifiques. Les décors sont également très bien réalisés, ajoutant une dimension visuelle agréable à la lecture. Même si le scénario me décevait un peu, les dessins de Manara ont toujours su retenir mon attention. En somme, "Le Déclic" est une bande dessinée qui mérite d'être lue, surtout pour la beauté de ses dessins. Cependant, le scénario et les personnages n'ont pas su me convaincre pleinement.
Druuna
J'étais jeune (majeur quand même) lorsque j'ai lu Druuna pour la première fois. Le scénario du premier tome m'a vraiment plu. Il y a une belle dynamique entre les personnages et l'intrigue est bien construite. Malheureusement, au fil des tomes, j'ai trouvé que l'histoire devenait de plus en plus confuse et difficile à suivre. C'était un peu décevant parce que le début promettait beaucoup. Les thèmes abordés dans Druuna sont assez variés et parfois déroutants. On y retrouve des éléments de science-fiction, de dystopie et d'érotisme. Les questions de survie, de mutation et de quête de liberté sont omniprésentes. Toutefois, certains passages peuvent être un peu dérangeants, surtout en raison de la violence et des scènes érotiques très explicites. Les personnages sont assez bien développés. Druuna, l'héroïne, est une femme courageuse et déterminée. J'ai trouvé intéressant de suivre son parcours et ses interactions avec les autres personnages, comme Lewis. Ce qui m'a vraiment fasciné, c'est la beauté des dessins. Les décors sont incroyablement détaillés et les corps féminins sont magnifiquement représentés. Paolo Eleuteri Serpieri a un talent fou pour capturer les expressions et les mouvements de ses personnages. Chaque page est un véritable plaisir pour les yeux et cela a vraiment ajouté à mon appréciation de la bande dessinée. Bien que le scénario se perde un peu au fil des tomes, la qualité des dessins et la richesse des thèmes abordés font de Druuna une bande dessinée que je recommande.
La Tigresse bretonne
Il faut frapper les esprits, en faire des machines de guerre tout droit sorties de l’enfer ! - Ce tome contient une histoire complète de nature biographique. Son édition originale date de 2024. Il a été réalisé par Roger Seiter pour le scénario, par Frédéric Blier pour les dessins, et par Florence Fantini pour la mise en couleurs. Ce tome comprend soixante-deux pages de bande dessinée. Automne 1343, au large des côtes bretonnes, un grand navire vogue toutes voiles dehors. À son bord, un soldat en cottes de maille fait observer au seigneur que ces côtes sont dangereuses, car la plupart des Bretons leur sont désormais hostiles. Le noble répond que certes, mais qu’ils n’oseront pas attaquer une nef royale lourdement armée. La vigie signale une voile à bâbord. Le soldat remarque qu’ils hissent un pavillon : un lion blanc sur fond rouge. Un deuxième navire à voile rouge apparaît et se rapproche du premier navire. Le capitaine de celui-ci ordonne à ses soldats de se préparer au combat. Il craint qu’il ne s’agisse pas d’Anglais, mais pire, des pirates qui ne feront pas de quartier. L’équipage du premier navire à voile rouge commence par envoyer une pluie nourrie de flèches qui font des ravages. À Paris quelques mois plus tôt, près de la forteresse du Châtelet, Jeanne de Belleville marche incognito dans la rue aux côtés de Guillaume Bérard. Elle lui rappelle qu’elle avait supplié son époux Olivier de Clisson de ne pas participer au tournoi. Elle se demande comme il a pu faire confiance au roi Philippe VI, tout le monde sait que ce Valois n’a pas d’honneur. Son interlocuteur lui dit qu’elle a raison : la fidélité d’Olivier à la couronne est incontestable, son arrestation est une grande injustice. La conversation continue et Jeanne dit qu’elle craint le pire, il faut tirer son époux Olivier des griffes de Philippe avant qu’il ne soit trop tard. Guillaume répond que le plus urgent est de lui faire parvenir un message, et il pense avoir trouvé l’homme qu’il leur faut. Il ajoute que c’est son devoir d’écuyer, et qu’il est de son devoir d’épauler Jeanne et lui apporter son aide. Ils arrivent devant la boutique de Bertrand Clermont, un ami de la famille. Celui-ci les accueille chaleureusement à l’intérieur. Il les conduit dans son arrière-boutique : là les attend Pierre Nicolas, sergent du roi. Ce personnage a ses entrées au grand Châtelet, et il a accepté de les aider. Jeanne de Belleville lui demande s’il peut la mener secrètement à son époux. Le sergent répond que c’est impossible, car sur ordre du roi le sieur de Clisson est privé de toute visite. Il ajoute qu’elle-même a pris beaucoup de risques en venant dans la capitale. Si le roi Philippe l’apprenait, il pourrait fort bien donner l’ordre de l’arrêter. Jeanne ne se laisse pas impressionner et elle lui demande comme il peut l’aider elle. Il répond que pour dix pièces d’or, il peut faire passer un message à Olivier. Elle écrit un bref billet dans lequel elle annonce à son époux son intention de le faire évader. Le sergent indique qu’elle aura la réponse dans deux jours. Après cet entretien, elle va passer voir Thibaut de Parthenay, l’héritier d’une famille alliée aux Belleville. Jeanne de Belleville (1300-1359) est un personnage historique ayant réellement existé : elle épouse en 1312 Geoffroy seigneur de Châteaubriant, puis après sa mort vient un second mariage qui sera annulé par le Pape Jean XXII, la troisième union sera avec Olivier de Clisson (1300-1343) avec qui elle aura quatre enfants Maurice, Olivier, Guillaume et Jeanne. L’image de couverture montre une femme guerrière portant un haubert et une gorgière de maille, à la tête d’une dizaine d’individus armés jusqu’aux dents sur le pont d’un navire avec une voile rouge, ornée d’un lion que l’on peut supposer blanc. Le paragraphe de la quatrième de couverture la désigne comme première femme pirate de l’Histoire, ayant livré une guerre sans merci au Royaume de France, en se montrant d’une cruauté implacable, ce qui lui vaudra ainsi le surnom de Tigresse bretonne. Le surnom de Lionne sanglante lui sera attribué au XIXe siècle. En fonction de sa connaissance sur le sujet, le lecteur en déduit que le scénariste va exposer une version ménageant la chèvre et le chou, en vérité historique attestée, et légende populaire. Après une introduction en mer, il entame son récit en 1343, alors que Olivier de Clisson est déjà prisonnier du roi à Paris, et que son épouse Jeanne essaye d’organiser une tentative d’évasion. Il élude ainsi la question de la situation de la famille Clisson avant le tournoi, et la situation est essentiellement exposée par le point de vue de Jeanne de Belleville, avec ses partis pris. Au vu de la couverture et du thème du récit, l’horizon du lecteur correspond à un récit présentant une solide reconstitution historique. Tout commence avec un beau navire, toutes voiles dehors sur l’océan. Le lecteur observe les différents mâts, la coque, les écussons sur la proue, une bannière peut-être un peu trop longue. D’un autre côté, le lecteur peut apprécier les différentes activités au premier plan sur les berges de la Seine à Paris : le lavage du linge, le débarquement de ballots, le stockage de tonneaux, un palan avec une roue pour décharger des charges plus lourdes. Dans la case en-dessous, une vue subjective d’une rue de Paris, avec le caniveau central et un habitant qui jette le contenu de son seau directement dans le caniveau depuis sa porte, la cour du château de Philippe VI et sa chambre de torture, une vue générale du château de Clisson, une autre du château de Touffou, un magnifique pont en bois avec des maisons dessus jeté au-dessus de la Seine à Paris, le château fort de l’île d’Yeu, la citadelle de l’Aber-Wrac’h et son port, et bien sûr des combats maritimes. Le lecteur prend également le temps de regarder les tenues vestimentaires, ainsi que les armes et les protections des combattants, les armes des navires, les harnachements des chevaux, etc. Sans oublier la manière dont Jeanne de Belleville elle-même s’habille pour mener ses hommes au combat. Il peut ainsi apprécier l’investissement de l’artiste pour donner à voir cette époque. Le scénariste a pris le parti de raconter cette histoire avec le point de vue de la tigresse de bretonne : ainsi est-elle présente visuellement dans quarante-deux pages sur soixante-deux, présente implicitement dans une demi-douzaine d’autres, le reste étant consacré à ses ennemis ou à son époux au début. Par comparaison avec d’autres bande dessinées historiques, le lecteur fait l’expérience qu’en effet les auteurs privilégient l’histoire personnelle de cette femme, plutôt que de verser dans un cours d’Histoire. Ils se cantonnent à la période correspondant à l’accomplissement de sa vengeance, à partir de l’emprisonnement de son époux, jusqu’à son terme. En fonction de son appétence, le lecteur peut se renseigner plus avant sur le règne de Philippe VI, sur les connaissances historiques consolidées sur cette veuve, sur le passé d’Olivier de Clisson, ou encore sur les relations entre l’Angleterre et de la France à cette époque, et entre Édouard III (1312-1377) et Olivier de Clisson. Jeanne de Belleville prononce son vœu de vengeance en page vingt-quatre. D’une certaine manière, ce choix narratif fait de Jeanne de Belleville, l’héroïne de sa propre vie et du récit. D’un autre côté, les auteurs montrent que cette femme mérite son surnom de Lionne sanglante, illustrant la phrase de Friedrich Nietzsche : “Dans la vengeance et en amour, la femme est plus barbare que l'homme. (Par-delà le bien et le mal). En recevant la tête de feu son époux dans une cassette, Jeanne déclare : que les Clisson n’ont pas de larmes, mais des armes, que son époux hurle vengeance et qu’ils vont le venger, que le blason des Clisson a été souillé par la trahison et le déshonneur, et qu’elle va lui rendre son éclat en le lavant dans le sang frais. Le lecteur observe un personnage fidèle à sa réputation ou à sa légende : elle fait tuer les messagers, puis les prisonniers. Elle mène la prise du château de Touffou et après la victoire, elle en fait exécuter tous les habitants. Après la première victoire maritime, elle ordonne que les survivants aient les mains et les pieds tranchés, et qu’ils soient jetés par-dessus bord. Le dessinateur assume lui aussi cette caractéristique de la veuve en représentant la violence de manière explicite : visage tuméfié d’Olivier de Clisson alors qu’il est torturé, flèche transperçant la gorge d’un soldat, ou se fichant au beau milieu du front d’un autre, mêlées brutales entre cavaliers et fantassins, décapitation d’un chef à genou présentant son épée en signe de reddition, épée tranchant à moitié un crâne, épée s’enfonçant dans une cuisse, cadavres déposés par la marée avec les pieds et les mains tranchés, etc. La vengeance de Jeanne de Belleville est sanglante et sans pitié. Elle prend part aux combats, et fait systématiquement achever tous les survivants. Elle mène ses hommes au combat comme un guerrier. Elle entraîne ses jeunes fils à peine adolescents voire encore enfants avec elle, sur son navire. Il s’agit d’une véritable vengeance : la destruction de navires du royaume pour obtenir réparation, une véritable riposte plutôt qu’une vengeance. Elle est guidée par une volonté de destruction, habitée par sa colère, s’y donnant corps et âme, et elle en paye le prix. Un album de bande dessinée bien troussé qui aborde la légende de la tigresse bretonne sur le plan humain, avec ce qu’il faut de reconstitution historique pour que le contexte soit consistant, sans qu’il ne prenne le pas sur la dimension humaine. L’artiste prend plaisir à donner à voir les châteaux, Paris et les combats navals. Jeanne de Belleville se montre une meneuse d’hommes fougueuse, et sans pitié. Une belle évocation.
L'Incroyable Histoire de la Psychologie
2.5 Un documentaire qui parle de l'histoire de la psychologie ainsi que des différentes facettes de cette discipline. Cet album cumul à la fois les forces et les faiblesses qu'on retrouve dans ce type de documentaire. Le scénariste est un spécialiste et le sujet est bien approfondi sauf qu'en même temps c'est verbeux et le dessin n'est pas très agréable pour les yeux. C'est dense et on parle d'un nouveau sujet ou personnage historique pratiquement à chaque page et du coup j'aurais un peu de difficulté à faire un résumé. J'ai trouvé que c'était un peu lourd à lire et cela m'a prit deux jours pour finir l'album, parfois lorsque je finissais un chapitre j'avais pas trop envie de continuer et j'ai fait autre chose. Cela reste un ouvrage intéressant si on s'intéresse au sujet. J'ai bien aimé comment on n'a pas peur de montre le coté négative de la discipline comme le sexisme de plusieurs penseurs males (le cliché de la femme hystérique) ou les travaux largement discrédité de Freud qui avait malgré tout jusqu'à récemment une grande influence en France.
Wiloucha - Les dernières heures de Troie
Une lecture plaisante. Wiloucha est le nom de la ville de Troie dans la langue Hittite. Cet album retrace les derniers instants de la guerre de Troie, donc, de ce côté pas de surprise, on sait comment ça se termine. Un récit captivant qui permet de découvrir un troisième acteur dans cette guerre : les Hittites, ils avaient signé un traité d'alliance avec les Troyens. Un récit violent, des têtes seront séparées de leur tronc, on jette un bébé par dessus les murailles de la cité et le sang va couler à flot. La bataille finale est bien orchestrée. On aura pu suivre auparavant les différentes intrigues et machinations qui amèneront au dénouement. La réalisation est maîtrisée, on passe d'un camp aux autres naturellement. Par contre, la mort du grand prêtre d'Apollon et de ses deux fils par une murène me laisse coi, c'est un peu n'importe quoi. Mais bon, les dieux en ont décidé ainsi. Benjamin Blasco-Martinez a vraiment du talent, j'aime les ambiances qu'il arrive à créer dans des genres très différents, que ce soit le western avec Catamount ou la science-fiction avec Noir Horizon ou encore ici dans de l'historique. Un style réaliste qui plonge le lecteur dans de magnifiques contrées. Un visuel de toute beauté où les femmes sont félines et sensuelles. Pour les amateurs du genre.
Bâtardes de Zeus
Et bah zut, je pensais que j’allais bien plus me régaler avec cet album. Alors attention, c’est très bien. Agnès Maupré ne cesse de s’améliorer sur la partie graphique, j’aime bien son trait et couleurs, les passages aquatiques sont ici particulièrement réussis, le reste sera plus classique mais d’une belle fluidité, je suis arrivé au bout très facilement. L’idée du récit me plait bien et j’attendais beaucoup de la quête de nos 2 héroïnes. En fait j’ai eu exactement ce que j’attendais, à savoir une balade dans l’Antiquité avec un ton teinté de modernisme et féminisme. En ça, le contrat est bien rempli et la lecture agréable. C’est ponctué de chouettes idées comme le chapitrage, le coup des poèmes … on sent une certaine attention et soin. Mais (le fameux mais), je me retrouve complètement dans l’avis de Ro. Le fond et le résultat sont sympathiques mais pas tout le temps passionnant, ça se perd parfois en cours de route ou en nuances, qui fait que j’étais parfois en retrait. Sinon ça reste un bon voyage et j’ai bien aimé l’utilisation de la mythologie. On croisera Astérios, le jardin des Hesperides, Persée et Méduse … et évidemment de nombreux fruits des amours de Zeus. Pas le franchement bien attendu mais du bel ouvrage.