Les derniers avis (5 avis)

Par Hervé
Note: 4/5
Couverture de la série Corto Maltese (Quenehen et Vives)
Corto Maltese (Quenehen et Vives)

Océan Noir Les reprises ou les albums "vu par..." sont nombreux depuis quelques années. Si, à mon avis, certains se sont révélés désastreux (comme la reprise de Spirou, série que j'ai abandonnée), d'autres comme le Lucky Luke de Mathieu Bonhomme ou certains Blake et Mortimer, voire la version de Sfar & Blain de Blueberry sont assez voire très bien réussies. D'ailleurs, la reprise n'a jamais été autant meilleure lorsqu'elle fait exploser les codes comme Le dernier pharaon (Blake et Mortimer) de Schuiten, Van Dormael et Gunzig. Avec "Océan noir', Vivès et Martin Quenehen arrivent à nous surprendre avec leur vision d'un Corto Maltese plus contemporain. J'avoue que je ne suis guère un grand fan des aventures imaginées par Hugo Pratt, et je ne possède que 3 albums (dont l'excellent "Ballade de la mer salée"), mais j'ai été littéralement bluffé par cet album. Le dessin de Bastien Vivès est à la hauteur de l'enjeu, il a gardé son propre style tout en conservant l'atmosphère des albums d'Hugo Pratt ; et mon dieu que Raua est jolie sous les traits de Vivès. Le scénario de Martin Quennehen ne trahit en rien l'univers de Corto Maltese : rencontres, silence, mystère, quête et voyages en bateau, même Raspoutine est présent ! Très bel album que j'ai déjà lu deux fois. S'il fallait trouver une critique, ce serait sur le prix. En effet la version de luxe à 35 euros (celle que j'ai prise), et l'édition brochée à 22 euros, c'est abusé lorsque les albums brochés N&B de Corto Maltese que je possède m'avaient coûté 12 euros au début des années 2000 ! La Reine de Babylone Je suis, loin de là, un spécialiste de Corto Maltèse, ne possédant que 3 albums signés Hugo Pratt, pourtant je m'étais précipité, non sur la reprise de Juan Díaz Canalès et Rubén Pellejero , mais sur celle de Bastien Vivès et Martin Quenehen en 2021. Et j'avais adoré. Je suis de nouveau au rendez-vous avec "la reine de Babylone" signé du même duo d'auteurs. Je trouve que le dessin de Vivès s'inscrit toujours autant dans celui de Pratt, sans pour autant le copier. Bastien Vivès conserve son style propre dans un univers qui n'est pas le sien. Par contre, j'ai trouvé que cela allait un peu vite dans l'intrigue, avec pas mal de scènes d'actions et de nombreuses cases muettes. Il manque peut-être un soupçon de poésie ou de quiétude pour que l'album soit parfait. On retrouve la patte de Quenehen dans cette nouvelle aventure avec un périple à travers l'Europe, des actes de piraterie , une dose de CIA et un trésor. Malgré l'épaisseur de l'album (180 pages), j'ai savouré cette aventure de Corto Maltèse ,dans l'édition de luxe, qui il faut l'avouer en dépit de son prix assez élevé, est superbe. le jour d'avant C’est doute le moins bon des Corto Maltese signés Quenehen et Vivès , que je viens de lire. Pourtant peu adepte du personnage version Hugo Pratt, j’ai trouvé Corto assez éloigné de l’image que je me faisais de lui, et surtout du personnage qu’avaient repris ce duo d’auteurs. Cette intrigue est, à mon goût, trop ancrée dans l’actualité avec le dérèglement climatique en toile de fond. Et ce n’est pas tout, le scénario mêlant espionnage, guerre des gangs, et géopolitique devient presqu’indigeste. Trop d’actions tue l’action dans cet album. Où sont passés les silences, la poésie et le mystère de Corto Maltese ? J’ai eu du mal aussi avec le personnage de l’avocate activiste, trop caricaturale à mon goût et transformer ici Corto Maltese en mercenaire n’était pas la meilleure idée. Quant au dessin de Vivès, j‘ y adhère toujours autant. J’avais nettement préféré les deux premiers albums de Vivès et Quenehen, qui certes s’inscrivaient dans notre monde contemporain, mais étaient un peu plus déconnecté de l’actualité immédiate, dont on nous inonde à longueur de journée Bref, une déception pour ce troisième opus.

25/03/2022 (MAJ le 13/10/2025) (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série Helen de Wyndhorn
Helen de Wyndhorn

Une vieille gouvernante raconte comment elle a recueilli la jeune Helen, seize ans, après la mort de son père écrivain, avant de la ramener dans le manoir isolé de son grand-père. L'adolescente est à la fois brillante, rebelle et, aussi surprenant que ça puisse paraitre, déjà incroyablement alcoolique. Là, elle découvre un domaine somptueux mais inquiétant, peuplé de créatures rôdant dans le parc et dominé par la figure imposante d'un grand-père taciturne, sorte de mélange vieillissant entre Alan Quatermain et Conan le Barbare. Ce comics aurait parfaitement trouvé sa place dans la collection Vertigo de DC, aux côtés de Sandman ou Fables, tant il en partage la sophistication et l'atmosphère envoûtante. Et c'est un vrai compliment. Son principal atout réside dans un graphisme absolument éblouissant. Bilquis Evely, déjà remarquable dans Sandman - The Dreaming et magistrale dans Supergirl - Woman of Tomorrow, atteint ici un sommet encore plus haut. Son trait, à mi-chemin entre Barry Windsor-Smith et P. Craig Russell, déploie une élégance rare et une minutie impressionnante. Chaque planche, foisonnante de détails, est une œuvre d'art à part entière sans jamais sacrifier la fluidité du récit. Le travail de Matheus Lopez sur les couleurs amplifie encore la dimension merveilleuse, quasi mythologique, de l'ensemble. C'est somptueux, tout simplement. L'histoire, quant à elle, brille par son originalité : elle tisse un lien entre la réalité et un monde de fantasy où Helen et son père peuvent s'aventurer pour y vivre des épopées héroïques. Mais l'accès à cet univers demande une force et une maîtrise du combat que son grand-père doute de lui voir acquérir, au grand désarroi de la jeune fille. Entre promesses d'aventure, rêves brisés et mystères à demi dévoilés, le récit progresse lentement, parfois un peu trop. La conclusion, belle mais frustrante, laisse une impression d'inachevé, comme si le véritable envol du récit nous échappait de peu. Graphiquement, c'est un chef-d'œuvre. Narrativement, c'est un beau conte imparfait. Si l'histoire n'atteint pas la même intensité que son écrin visuel, la splendeur du dessin emporte malgré tout mon adhésion. Impossible de rester insensible devant une telle réussite esthétique.

13/10/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Duam
Duam

Dans cet univers, une trêve fragile unit les anciens dieux et les hommes : les premiers ont accepté de ne plus se nourrir des âmes humaines qu'après leur mort. Depuis, deux ordres magiques veillent à préserver cet équilibre : les shamans et les sorciers. Duam, jeune apprentie shaman, rompt cet ordre établi lorsqu'elle entreprend de ramener à la vie son animal disparu en puisant dans les âmes des morts pour leur offrir de nouveaux corps. Duam s'inscrit dans une veine de fantasy un peu rétro, avec des réminiscences de Métal Hurlant dans son esthétique et la construction de son monde. Son univers mystique, où les dieux dialoguent avec les hommes dans une tension permanente entre sacré et nature, évoque aussi Princesse Mononoke, que ce soit dans la figure des divinités, leur rapport ambigu aux humains ou certaines scènes visuellement proches du film. Le dessin est soigné et coloré, parfois un peu kitsch, ce qui contribue autant à son charme qu'à une certaine distance émotionnelle. L'héroïne reste froide, la narration en voix-off (toujours au présent) accentue ce détachement, et l'intrigue, finalement assez simple, manque d'envergure. On peine à sentir l'ampleur de ce monde où n'évoluent qu'une poignée de personnages, et le récit se conclut sur une impression d'inachèvement, comme si d'autres tomes avaient été envisagés. Malgré ces limites, la série reste plaisante à parcourir. C'est une lecture imparfaite, mais dépaysante et singulière.

13/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Kaya
Kaya

Kaya, publiée chez Glénat et signée Paola Barbato et Linda Cavallini, c’est le genre de BD qui te happe dès la première page, pas tant pour ce qu’elle raconte que pour ce qu’elle te fait ressentir. On y suit Kaya, une jeune fille perdue dans un monde post-apocalyptique où l’air est toxique, la nature déformée et les rares humains encore en vie se battent pour survivre. Ce pitch, on pourrait croire l’avoir déjà lu cent fois, mais Kaya tire son épingle du jeu par sa poésie, son ambiance et sa beauté visuelle. Graphiquement, c’est une claque. Les planches sont sublimes, parfois presque contemplatives : des ruines baignées de lumière, des paysages étranges mais pleins de sensibilité. On sent que chaque case a été pensée pour te plonger dans une émotion précise. Et puis il y a cette relation bouleversante entre Kaya et une louve mutante, à la fois menaçante et protectrice, qui apporte une vraie dimension d’humanité dans ce monde ravagé. C’est une alliance improbable, mais terriblement touchante, un lien entre la peur, la confiance et l’instinct de survie. Mais là où Kaya est vraiment originale, c’est dans sa manière d’être plus qu’une simple lecture : à chaque chapitre, tu peux scanner un QR code pour écouter une musique créée spécialement pour l’album. Ça change tout. Lire ces pages avec la bande-son dans les oreilles, c’est une expérience immersive, presque sensorielle. On ne lit plus seulement une BD, on la vit. Certes, le scénario reste assez classique : les thèmes de la survie, de la nature hostile, de la quête de sens dans un monde détruit. Mais la force de Kaya, c’est qu’elle ne cherche pas à révolutionner le genre, elle le transcende par la sensibilité et la grâce de sa mise en scène. On en ressort avec ce mélange de mélancolie et d’espoir, comme après avoir vu un beau film d’animation post-apocalyptique. En bref, Kaya est une œuvre à la fois douce et brutale, à lire le casque sur les oreilles, dans le silence du soir. Une BD qui ne fait pas beaucoup de bruit, mais qui laisse une empreinte durable.

13/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Daredevil / Echo - Quête de Vision (Daredevil - Echo)
Daredevil / Echo - Quête de Vision (Daredevil - Echo)

Pour moi, Daredevil / Echo – Quête de Vision n’est pas un simple comics, c’est une œuvre d’art totale. David Mack signe ici à la fois le scénario et les illustrations, et le résultat est incroyable. On est très loin du schéma classique du super-héros : c’est une expérience visuelle, poétique et spirituelle qui se vit plus qu’elle ne se lit. Mack mêle aquarelles, collages et symboles mystiques pour raconter une histoire sur la foi, la douleur, la rédemption et la recherche de sens. Daredevil et Echo y apparaissent comme deux âmes blessées en quête de lumière. Chaque page est un tableau à part entière — parfois même une méditation. J’ai eu l’impression de lire un roman graphique sur l’humanité, plus qu’une aventure de super-héros. Ce qui m’a le plus marqué, c’est à quel point le récit est sincère et émotionnel. Il y a une vraie beauté dans la manière dont Mack aborde les croyances amérindiennes, la spiritualité et la compassion. C’est une œuvre exigeante, parfois abstraite, mais d’une puissance rare. En refermant le livre, j’ai eu le sentiment d’avoir contemplé quelque chose d’unique, de profondément humain et artistique.

13/10/2025 (modifier)