Les derniers avis (243 avis)

Par Blue boy
Note: 4/5
Couverture de la série 1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta
1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta

Livre 1 Cette bande dessinée, premier volet d’un diptyque, est clairement la sensation du moment chez Glénat, et on comprend pourquoi. A commencer par le magnifique travail éditorial : livre en grand format doté d’une couverture luxueuse avec vernis sélectif doré et marque-page en tissu. Au-delà de ce bel emballage qui pourrait s’avérer trompeur, le contenu est tout à fait à la hauteur… Alors certes, graphiquement, on a affaire à ce style commun à toutes les grandes séries commerciales au long cours. Cela n’a rien d’original mais c’est très bien fait, avec cette touche cinématographique qui immerge le lecteur dans l’histoire : pleines pages spectaculaires, cadrages de haute volée, incrustation de petites cases en plans serrés pour un rendu hyper dynamique. Timothée Montaigne est doué, c’est incontestable, et le travail sur la couleur de Clara Tessier ne fait qu’en rehausser la qualité visuelle. Sans compter les mappemondes de l’époque et le plan en coupe du bateau au début qui confèrent au livre un côté « archive ». De la belle ouvrage, comme disaient les anciens. Le scénario de Xavier Dorison, inspiré d’une histoire vraie, n’est pas en reste. La narration est totalement maîtrisée, Dorison ayant conçu ici un véritable « page turner » qui vous happe sans plus vous lâcher jusqu’à la fin…de ce premier tome — dommage pour les impatients ! De même, les personnages principaux ont des personnalités bien marquées, ce qui ne gâche rien. Si le neuvième art regorge de récits sur les « Vieux gréements », un genre presque à lui seul, celui-ci nous met dans la peau des occupants du navire Batavia, rebaptisé ici Jakarta, qui tous sans exception endurèrent des conditions de vie extrêmement difficiles durant un périple depuis les Pays-Bas jusqu’à l’Indonésie, ancienne colonie hollandaise. En préface, Dorison nous avertit, cette aventure va nous montrer que l’Homme est capable de la pire barbarie, avec « arrêt complet de l’empathie », ce qui ne fait que renforcer notre curiosité, pour ne pas dire, toute honte bue, notre fascination pour le sordide ou le voyeurisme. Ce qui laisse penser que le second tome ira encore plus loin dans l’horreur, ce premier tome restant finalement assez « sage », toute proportion gardée. Heureusement, l’histoire ne se limitera pas à cette accroche, dans la mesure où elle se fait l’excellente métaphore — et c’est là tout son intérêt — du capitalisme financier moderne, le même qui aujourd’hui mène le monde à sa perte. Les Hollandais semblaient être précurseurs en la matière, le navire étant détenu par la première « multinationale » de l’Histoire, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, contrôlée par des actionnaires dont la puissance financière imposait des règles inhumaines d’une cruauté inégalée au sein de l’équipage. La tournure que va prendre l’aventure confirmera l’inadéquation totale d’un tel système avec la réalité la plus triviale. C’est du grand spectacle pour une épopée maritime qui le méritait bien, avec ce paradoxe d’être certes une invitation au voyage, mais plus sûrement un voyage vers l’enfer, laissant le lecteur entre l’émerveillement et la sidération face à l’horreur vécue par ces hommes. Il est rare qu’une œuvre dans sa première partie nous laisse avec une si forte envie de connaître sa conclusion, que les auteurs ne devraient pas manquer, espérons-le, d’amener à bon port… Livre 2 Loin de décevoir, le deuxième tome de cette épopée maritime reste dans la ligne du premier. Au-delà de l’aspect divertissant de cette aventure et de son écrin somptueux (oui, l’objet « livre » est vraiment magnifique), « 1629 – Livre II » est une réflexion saisissante sur le pouvoir, dans un contexte où les règles du monde dit civilisé n’ont plus cours. Dès lors, comme le montre cet ouvrage inspiré d’un fait historique, ce sont les réflexes les plus primitifs, les plus cruels, qui reprennent le dessus. Mais il questionne aussi les méthodes auxquelles est prêt à recouvrir un pouvoir se revendiquant civilisé afin de maintenir l’ordre. Des méthodes parfois brutales et sanguinaires, le plus souvent arbitraires, qui n’a rien à envier à la barbarie la plus féroce. Un ordre certes, mais au service de qui ? Des puissants ou des citoyens ? Dans le rôle du « méchant », Cornélius est le type même du personnage odieux et revanchard. Le trait est à peine forcé. Erudit, beau parleur, il a parfaitement compris comment son éloquence lui permettrait de manipuler la « plèbe » pour mieux imposer son pouvoir. A l’instar de certains politiciens, hélas trop nombreux, qui semblent souvent plus au service de leurs intérêts que ceux de leurs administrés. Face à Cornélius, le commandant Pelsaert n’est guère plus sympathique, bien qu’il soit dans le camp des « gentils. Mais la figure la plus intéressante ici est celle de Lucrétia Hans. A l’occasion de ce qui pour elle fera office d’expérience initiatique, la jeune femme à la forte personnalité va se révéler en découvrant des ressources en elle qu’elle ne soupçonnait pas. En passant du statut d’épouse fortunée à celui de naufragée en haillons, seule présence féminine parmi une meute d’hommes livrés à eux-mêmes, pas forcément bien intentionnés et « en manque d’affection », elle va devoir défendre sa peau et faire preuve de courage. Dépossédée de ses privilèges mais féministe avant l’heure, elle ne se montrera pas pour autant disposée à céder si facilement aux avances de Cornélius, et s’opposera même à lui en prenant la défense des plus vulnérables face aux nervis de ce dernier. Le dessin réaliste de Montaigne reste toujours efficace et maîtrisé, mais on retiendra surtout la grande expressivité des visages. Dans sa tournure académique, il est tout à fait adapté à ce genre d’histoire, même si, on ne va pas se mentir, ce type de proposition est destinée à faire un carton auprès du public. Mais l’essentiel est que, comme on peut souvent le vérifier, cela ne soit pas au détriment de la qualité. Force est de constater que le duo Dorison/Montaigne a très bien fonctionné dans cette aventure. Très bien accueillie par la critique et le public, la seconde partie de ce diptyque, également recommandée par l’auteur de ces lignes, recueillera fort logiquement une place de choix sur le tableau d’honneur des albums parus en 2024.

15/12/2022 (MAJ le 18/01/2025) (modifier)
Couverture de la série Stop !! Hibari-kun !
Stop !! Hibari-kun !

Je préfère être honnête, mon avis ne va pas être très positif. "Stop !! Hibari Kun !", c'est l'histoire de Kôsaku, un jeune homme qui va se retrouver hébergé chez un yakuza suite au décès de sa mère. Au départ terrifié, il finira par apprécier son séjour en réalisant qu'Ôzora, chef du clan, a quatre magnifiques filles. En particulier une, Hibari. Mais... Horreur ! Stupeur ! Hibari se révèle être en fait... un garçon !! Voilà, le concept est assez original, pourrait être marrant (soit façon Vaudeville soit, façon comédie tranche de vie, voire en récit plus sérieux), mais en fait non. En fait le premier tome m'a vraiment mise mal à l'aise tout du long, la faute au traitement du personnage éponyme, j'ai nommé Hibari. Hibari est constamment appelé-e "dégénéré", "pervers", "lopette" et autres joyeusetés. Or Hibari se contente juste de porter les vêtements qu'iel veut, de se dire femme et de vivre comme iel l'entend. D'un autre côté l'auteur lae mets plusieurs fois dans des situations où iel agit effectivement de manière perverse, elle frôle quand-même bien souvent la ligne du harcèlement sexuel envers Kôsaku. Il est d'ailleurs souvent sous-entendu qu'Hibari est attiré-e par Kôsaku (bien qu'il pourrait s'agir d'une "blague" - car oui c'est aussi dans ces moments-là qu'Hibari sort la carte "harcèlement") et que les sentiments seraient potentiellement partagés par Kôsaku, qui nie toujours en bloc parce que "il n'est pas un dégénéré, lui". Était-ce une tentative de l'auteur de parler du sujet de l'homosexualité ? Si c'est le cas c'est assez gênant car on associe ainsi constamment et sans se contredire que les homosexuels seraient des détraqués sexuels qu'il faudrait "corriger" ou cacher. Hibari serait-il en fait une elle ? Était-ce une tentative par une personne qui ne s'y connaît pas du tout de représenter des personnes transgenres (parce que même dans la société ultra-patriarcale et anti-queer de l'époque, il y en avait au Japon) ? Si c'est le cas, même ritournelle : doit-on en conclure que les personnes queer sont des détraqués mentaux à corriger ? Et valide-t-on cette hypothèse en représentant Hibari constamment jouer les harceleur-euse-s ? Trois possibilités s'offrent donc à nous, présentement : ou bien Hibari est une personne transgenre (binaire ou genderfluid) et dans ce cas-là l'humour repose sur de la transphobie, ou bien Hibari est un homme gay aimant le travestissement et dans ce cas-là l'humour repose sur de l'homophobie, ou bien encore Hibari est simplement un homme cis-hétéro aimant le travestissement et dans ce cas-là l'humour repose sur du sexisme et du machisme. J'ai envie de dire que le choix donne l'eau à la bouche ! Parce qu'en réalité je ne sais pas ce qui était cherché. Clairement, à faire de l'humour (même s'il me semble lourd je reconnais par sa forme que c'est de l'humour). Mais un humour reposant sur des stéréotypes nocifs et les appuyant et les validant dans son récit et sa mise en scène, ça ne fait qu'attaquer. Je suis sûr que pour des gens non-concernés il est plus facile d'en rire (surtout au Japon, pays extrêmement conservateur sur les visions de genres et de relations conjugales, encore plus à l'époque de parution), mais de mon point de vue de femme queer à une époque où les droits LGBT sont plus que jamais remis sur le devant de la scène et utilisés à des fins de violence, en particularité sur ce qui tourne autour du genre, eh bien ce manga m'a plus mise mal à l'aise qu'autre chose. Alors voilà, je vais paraître rabat-joie, ça aurait pu être bon, personnellement j'ai ressenti une insulte. Je reconnais que le concept de base était prometteur, et pour les personnes en doutant je vous jure qu'on peut rire sur le genre et sur l'homosexualité sans être offensant-e. J'aurais adoré suivre une comédie autour d'un-e enfant de yakuza gnc (gender non conforming). Donc bon, les amateur-ice-s d'histoires similaires (on trouve d'autres mangas du genre) pourront peut-être ignorer tout ces défauts, moi non. Je n'ai d'ailleurs pas continuer après le premier tome, je doute d'une quelconque amélioration et je n'avais pas envie de me forcer plus que ça. À l'époque de parution ce genre de traitement et de représentation des personnes queers était la norme (même parfois vu comme positif) mais par pitié, aujourd'hui plus jamais ça...

18/01/2025 (modifier)
Couverture de la série Alpha... directions / Beta... civilisations
Alpha... directions / Beta... civilisations

Impressionnant ! On ne peut qu’être bluffé par la somme de travail nécessaire pour produire cette œuvre plus qu’ambitieuse ! Je n’ai lu pour le moment que l’imposant premier tome, ALPHA, qui nous présente ni plus ni moins que la période allant de la création de l’univers jusqu’à l’apparition des hominidés. Une ambition énorme, mais qui s’appuie sur des qualités toutes aussi importantes pour nous proposer quelque chose de captivant. Car jamais le lecteur n’est mis de côté par les connaissances ou termes scientifiques (noms de période, de phénomènes, d’espèces, de réactions chimiques, etc.). C’est fluide et on n’est jamais perdu. Et on ne s’ennuie jamais non plus ! C’est en effet très rythmé, la narration mêlant didactisme et moments plus planant, laissant vagabonder l’imagination du lecteur. L’autre originalité et qualité de ce projet hors du commun, c’est son traitement graphique, que j’ai trouvé excellent, et pour une bonne part garant du plaisir de lecture. Le dessin est à la fois minutieux et agréable, dynamique et fluide. Et la colorisation, usant de diverses bichromies, accompagne très bien l’ensemble. Certaines planches illustrant les convulsions terrestres m’ont fait penser à au travail de Clément Vuillier (en particulier dans son album L'Année de la Comète). Surtout, Harder, que ce soit dans ses cases muettes ou dans celles accompagnées d’un texte – généralement placés en dessous des cases – va bien sûr dessiner de façon réaliste (et très réussi !) animaux, végétaux et matières organiques. Mais il va aussi utiliser une iconographie d’une grande richesse, puisant dans l’imagerie issue de toutes les civilisations. Européenne bien sûr – proximité oblige – mais aussi américaine, australienne, etc. Il ajoute aussi de nombreuses références issues de la BD, du cinéma. Tout ceci passe très bien et ne fait jamais artificiel, au contraire, tout fait sens et s’agrège naturellement au récit central, tout en l’aérant. Une pagination imposante, mais cela se dévore rapidement. Dès que je le pourrai, je lirai Civilisation. Même si a priori je crains que le procédé marche moins bien qu’avec ce premier album, duquel les hommes sont absents. Mais si la suite est du même acabit, je remonterai sans aucun doute ma note. Un album brillant en tout cas. ********************************* Je poursuis ma lecture de cette œuvre fleuve avec les deux tomes de « BETA », et je suis toujours impressionné par le travail de Jens Harder. Travail de recherche des connaissances historiques et scientifiques. Mais aussi un énorme travail pour assembler la documentation qui sert d’illustration à cette histoire du monde ! Ce travail graphique est toujours aussi bluffant, captivant. Encore avec des bichromies, métallisées cette fois-ci. Le rendu est très chouette. Surtout qu’Harder mêle encore reproduction de photos, de gravures, de BD, d’encyclopédies, d’œuvres d’art, etc. C’est éclectique, il use parfois d’anachronismes, de clins d’œil en mélangeant images d’époques différentes. Mais ça fonctionne toujours aussi bien. Je suis donc toujours admiratif et conquis. Mais j’ai été un chouia moins enthousiaste que pour ma lecture d’ « Alpha ». Pour plusieurs raisons je pense. D’abord ici ont est sur du temps moins long, moins lointain. C’est-à-dire que tout s’enchaine plus rapidement, les changements sont plus brusques (à l’échelle du temps long quand même, mais finalement de moins en moins). On est aussi sans doute moins émerveillé, car BETA traite d’époque que nous connaissons mieux – voire que nous vivons pour la fin du second tome (ces deux tomes traitent des hominidés, puis des premiers hommes jusqu'à la période contemporaine). Et du coup, notre proximité avec le sujet, le fait aussi que je connaisse beaucoup plus de choses dessus (je suis professeur d’histoire) a sans doute joué pour mon ressenti. Pour finir, Harder – qui ne prétend pas faire œuvre scientifique (voir les textes de postface) – est un peu victime du fait qu’il est Européen et qu’il a sans doute eu accès davantage à des sources « occidentales ». Mais il ne tombe pas non plus dans le récit uniquement européocentré. Bref, un projet toujours aussi audacieux (et bien soutenu par l’éditeur, avec une belle maquette et des paginations importantes pour tous les albums), qui tient le pari d’informer et de divertir sur la durée. J’attends avec un peu d’appréhension – mais aussi de plaisir à venir – la dernière partie, « Gamma », où Harder se lancera un peu dans l’inconnu. Une œuvre à lire en tout cas !

10/11/2024 (MAJ le 18/01/2025) (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
Couverture de la série La Mécanique
La Mécanique

Après Mezkal et Convoi, revoilà notre duo d'auteurs qui se lance dans une nouvelle série plus développée (3 tomes prévus). Nous voici projetés dans un univers SF bien noir qui pourrait faire penser à Blade Runner pour le background, même si l'action se situe dans une méta-cité de Lyon qui a bien changé avec le temps. Cette mégalopole est tenue d'une main de fer par le Mayor et sa milice et différentes factions mafieuses qui se partagent le marché de la drogue du moment : le Blast, seul échapatoire illusoire d'une populace essorée. Quand arrive sur le marché une contrefaçon meilleur prix, le fragile équilibre de ces magnats commence à vaciller et la mécanique du pire se pointe en ligne de mire... Si les personnages et l'intrigue fourmillent d'emprunts et de clins d'oeils, c'est avant tout le graphisme maîtrisé de Jeff qui nous accroche. Composition, dessin et colorisation sont une franche réussite. Côté scénario, ça sent quand même le déjà vu, même si (comme moi) les amateurs du genre ils trouveront leurs petits. La trame générale reste pour le moment avec ce tome introductif un peu floue, espérons que la suite développe davantage et ouvre de nouveaux horizons. En attendant, un bon premier tome qui donne l'eau à la bouche.

18/01/2025 (modifier)
Couverture de la série De Cape et de Crocs
De Cape et de Crocs

Bon, voilà, c'est mon centième avis. Et, sans grande originalité, il portera sur "De Cape et de Crocs". Bah oui, que voulez-vous ? Comme dit dans mon avis sur Edmond, c'est grâce à cette série (et grâce à Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand) que j'ai enfin compris ce que cherchais à accomplir le langage poétique. En tout cas j'ai compris l'une des manières de comprendre la poésie : la poésie comme un langage esthétique ancré dans le réel et le vivant, et non comme le cachet ampoulé et pédant que je pensais qu'elle était. Parce que de Cape et de Croc est une série poétique dans ce sens là. On cherche le beau mais pas comme une fin en soi. Ou alors si, justement, pour le simple plaisir de jouer avec les mots, de prendre plaisir à les dire, pour trouver le beau au delà de la simple image du beau. La forme est belle pour montrer que le fond l'est tout autant. Alors ça rime, ça rythme et ça compte, mais surtout pour appuyer des dialogues vifs, percutants, cinglants parfois même. Les personnages sont pour beaucoup inspirés d'archétypes théâtraux, provenant de la Comedia Del Arte comme du répertoire néo-classique français (je pense à des archétypes très Molièriens comme celui de Cénile Spilorcio, clairement inspiré d'Harpagon). Mais l'on retrouve aussi des références aux œuvres de La Fontaine, au Roman de Renart, à un poème de Baudelaire même ! Il y a même du cinéma, parfois ! Bref, les références et inspirations fusent tout du long, tout ça, encore une fois, dans un but d'esthétisme mais surtout de connivence. On ressent tout au long de l'histoire le plaisir qu'Ayroles a eu à l'écrire. Nos protagonistes, Don Lope et Armand, sont bons. Le premier est un hidalgo sanguin, brave et orgueilleux, le second un français poète et romantique. A eux-deux, ils forment un bon duo, jonglant sans transition entre le comique et l'épique, par leurs personnalités opposées entrant en conflit ou bien s'accordant en un éclair pour asséner à grand coup d'épée et de répliques cinglantes de cuisantes défaites à leurs adversaires. Ils sont également accompagnés d'Eusèbe, gentil et doux lapin, personnage principal des deux derniers albums (en réalité une préquel). Il y a également plein d'autres personnages importants, Kader, Hermine et Séléné pour ne citer que les plus célèbres de leurs adjuvant-e-s. Voilà, ça se bat avec panache, à l'épée comme à la langue, ça part à l'aventure jusqu'au bout du monde (et même hors du monde s'il le faut), ça fait des bons mots pour le plaisir même de les faire, ça sait être drôle comme ça sait être triste, en un mot comme en cent : j'adore. Certes, l'œuvre n'est pas sans défaut. Déjà, il y a les deux derniers albums centrés sur Eusèbe évoqués plus tôt. Bien qu'ils restent très bons, leurs qualités est moindre et contraste tellement avec les dix albums précédents qu'ils en pâlissent malgré eux. Il y a aussi certaines longueurs qui sont souvent reprochées à l'arc des sélénites, mais je dois bien avoué qu'ici je parlerais vraiment d'une affaire de goût. Je comprend d'où viennent les reproches, je constate bien que le rythme devient plus lent à ce moment là, sans doute trop lent pour certain-e-s, mais moi il ne m'a pas dérangé. Pire : j'aime bien cet arc. Alors voilà, si même face aux défauts j'en viens à me dire qu'ils ne me gênent guère, je n'aurais aucun scrupule à donner la note maximale à cette série. Certes, j'ai dit que les deux derniers albums étaient moindres (ils vaudraient un solide 4 étoiles à mes yeux) et selon mes critères de notation je devrait ajuster ma note en conséquent. Mais s'il y a bien une série qui doit être mon exception, un avis où j'ai envie d'envoyer voler l'impartialité sans une once de remords, c'est bien "De Cape et de Crocs".

18/01/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Soufflevent
Le Soufflevent

Hmm, mitigée. Le problème principal que j'ai eu lors de la lecture de cette série, c'est que je l'ai trouvée bien trop convenue. Une protagoniste en fuite qui se révèle être hors norme et surtout la clé de l'intrigue, le beau mec qu'elle rencontre sur sa route et qui va l'accompagner jusqu'au bout malgré tout, la romance sans grande alchimie entre les deux (un homme et une femme qui vivent une aventure, que voulez-vous ma bonne dame, c'est comme une parade nuptiale), la résolution finale qui arrivent comme un cheveux sur la soupe (avec supplément "happy ending"), ... Bref, c'est vu et revu, mais le vrai problème c'est que ça ne propose pas grand chose de convaincant au dessus je trouve. Il y aurait pu avoir moyen de davantage distinguer cette série des autres du même genre je trouve. Je lui reconnais tout de même quelques faits d'armes. Tout d'abord, même si cela n'est, là encore, pas nouveau dans le genre, j'ai bien aimé l'ambiance "aérienne" tout au long de la série. Les bateaux dirigeables, les nuages et la brume à perte de vue, les grands pics montagneux, ... Tout ça est très joli. Mon appréciation des dessins a variée tout au long de ma lecture, les décors et compositions de couleurs sont beaux mais les charadesigns des personnages m'ont parfois laissée de marbre. L'intrigue autour des inventions et du conflit politique, là encore sans être novatrice, reste prenante. Voilà, même si la lecture m'a semblée trop simple, trop lisse, sans grande prise de risque, elle n'en a pas pour autant été désagréable à lire.

18/01/2025 (modifier)
Couverture de la série G.I. Gay
G.I. Gay

A l’heure où le nouveau locataire de la Maison blanche affirme de façon très nauséabonde son homophobie (et plus largement son rejet de toute forme de LGBTQ+), il n’est pas inintéressant de montrer comment l’armée américaine (en cela pas déconnectée de la société de l’époque, mais toujours un peu plus rétrograde – et un peu plus longtemps) a traité les homosexuels (plutôt comment elle les a maltraités !). Alcante a bâti une intrigue crédible, autour d’une histoire d’amour entre un jeune médecin et un jeune engagé, au tout début de la seconde guerre mondiale, dans la Pacifique. Le scénario est assez classique – presque trop linéaire en fait, mais ça se laisse lire. On ne peut que rester abasourdi non seulement du rejet de l’homosexualité, mais aussi des méthodes pour « détecter » les homosexuels lors de leur engagement dans l’armée. Si ça n’était pas si triste et écœurant, il y aurait matière à rigoler, tant c’est absurde ! Je suis surpris de retrouver Munoz au dessin pour ce récit historique, moi qui n’avais lu de lui que Déviances (Canicules), où j’avais bien aimé son dessin, mais en Noir et Blanc. Ici son trait gras est intéressant, très lisible – peut-être arrière-plans et décors sont-ils parfois un peu trop négligés.

18/01/2025 (modifier)
Couverture de la série Qui est ce schtroumpf ?
Qui est ce schtroumpf ?

Je ne suis pas très fan de la série des Schtroumpfs mais je dois avouer que cet album parodie/hommage était très bon ! Déjà, il utilise bien les éléments de l'œuvre de base. Le caractère de certains schtroumpfs est bien utilisé pour faire des blagues, on rigole gentiment du chaos linguistique qu'est la langue schtroumpf, on fait (re)venir les personnages classiques de la série (ainsi que des personnages de Johan et Pirlouit), ... Bref, c'est gentiment soupoudré de petit clins d'œil pour les connaisseur-euse-s et de blague typiques sur la logique interne de l'univers. Ensuite, bah c'est drôle. C'est quand-même bien le minimum attendu d'une parodie comique et là c'est réussi. Le running gag des fautes grammaticales du schtroumpf inconnu marche très bien je trouve. Je ne suis pas très fan du dessin de Tébo mais je lui reconnait des traits dynamiques et j'apprécie la caractérisation/l'individualisation plus poussée qu'il a donné aux schtroumpfs ici (notamment le schtroumpf costaud, devenu ici une véritable montagne de muscles). Bref, une bonne bonne lecture (bien que courte).

18/01/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série L'Escadron de Catherine de Médicis
L'Escadron de Catherine de Médicis

Contexte historique rare : les années ayant précédé le massacre de la Saint-Barthélémy. Contexte politique intéressant : les guerres entre Catholiques et Protestants et les tentatives de la Reine Mère, Catherine de Medicis, de rétablir une paix fragile. Une héroïne au parcours particulier, jeune artistocrate de la région Lyonnaise un peu romantique et finalement présentée à la cour pour rejoindre ce qu'on appelle l'Escadron de la Reine, à savoir un petit groupe de jeunes suivantes qu'elle utilise à des fins politiques et d'espionnage, ayant pour but de charmer les nobles de deux camps pour s'attirer leurs faveurs et obtenir des informations parfois cruciales. Le tout mis en image dans un graphisme que je trouve charmant, tout aussi soigné dans ses décors et ses costumes qu'esthétique dans ses cadrages et ses couleurs. Un bel ouvrage historique donc que j'ai entamé avec une réelle envie tant les premières pages intriguent et donnent envie de voir où cela va nous mener, quoiqu'il soit un peu difficile de s'y retrouver dans tous ces noms de personnages historiques. J'ai toutefois trouvé que l'intrigue s'enlisait un peu une fois l'héroïne ayant intégré pour de bon l'Escadron, malgré un passage plus mouvementée où le roi et la reine doivent échapper à un danger très immédiat. J'étais un peu moins happé par le récit, sans doute parce que durant cette moitié d'album l'héroïne est placée de manière un peu plus distante pour le lecteur, au profit des intrigues politiques qui sont certes instructives mais pas aussi bien mises en scène que dans une série historique comme Le Trône d'argile ou la référence populaire qu'est Game of Thrones. C'est indéniablement une bonne série historique, dotée d'un très sympathique graphisme, mais elle pourrait ennuyer légèrement ceux qui ne s'intéressent pas tellement aux guerres de religion de la France du XVIe siècle.

18/01/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
Couverture de la série Le Voyage de Chihiro
Le Voyage de Chihiro

J'ai lu les 5 tomes pour vérifier (ou plutôt je les ai survolés) et je confirme que je ne vois vraiment pas l'intérêt de ces anime comics qui reprennent strictement les images et dialogues d'un film. Alors OK, celui-ci fait l'effort d'un découpage très aéré, n'hésitant pas à couper en 4 cases ou plus des scènes d'action d'une seconde ce qui permet de les rendre plus compréhensibles que dans la majorité des anime comics qui n'arrivent pas du tout à retranscrire ce que l'animation permet de faire. Mais ça reste tout de même assez bancal pour de la narration en BD et il faut avoir vu le film pour tout comprendre des scènes sans parole. Quant au reste, c'est strictement et rigoureusement le contenu du film, étalé sur 5 tomes, sans aucun ajout apporté par le manga, ni aux dialogues ni à la mise en scène. Et autant Chihiro est probablement mon Miazaki préféré, autant le lire en version anime comics est d'un ennui profond.

18/01/2025 (modifier)