Je ne suis pas un grand fan des créations de Christophe Arleston. Une fois encore son humour m'a laissé de glace. Pourtant cette gentille série junior à succès avait de nombreux atouts pour me séduire. Je suis friand des séries tout public qui rappelle la façon des années 70.
Le graphisme rond de Serge Carrère me convient parfaitement avec une mention très bien pour ses extérieurs citadins. Enfin j'aime beaucoup la douceur des couleurs du studio Cerise. Les enquêtes se renouvellent bien même si leurs résolutions sont simples et convenues.
Mon souci est que je n'ai pas du tout été séduit par les personnages principaux. Je trouve Léo d'une fadeur et d'une superficialité totale. On dirait un ado passif qui réagit plus qu'il n'agit même avec sa compagne Marlène. Une pauvre capitaine qui est bien souvent cantonnée à ses désirs de mariage et d'enfants. Enfin un tonton issu du croisement de Haddock et de Talon, au cerveau de petit pois et véritable estomac sur pattes dont "l'humour" basique m'a laissé perplexe.
Des qualités de détente mais une série qui me laisse insatisfait.
Je me retrouve assez dans l’avis de grogro, en tout cas dans sa déception – mis à part que moi je n’ai pas fait l’effort d’écouter la bande son proposée en accompagnement de certains passages de la BD (je ne suis pas fan de ce genre de chose, qui fait un peu gadget).
Le départ est intéressant, intrigant mais, une fois le décor post-apocalypse passé (le manque d’explication sur les causes n’est pas forcément gênant), j’ai trouvé que l’histoire se révélait creuse, linéaire, lente. Et, là où « La route » proposait quand même quelque chose de captivant, ici le côté noir et désespéré un peu vide m’a laissé sur ma faim, jusqu’au dénouement final, lui aussi expédié.
Enfin, je ne suis pas fan du mélange de photos retravaillés, de dessins informatiques.
Une lecture qui n’a pas tenu les quelques promesses entrevues au départ.
Un album qui se laisse lire, plutôt agréablement, mais qui ne m’a pas enthousiasmé plus que ça. En tout cas pas autant que je ne l’espérais au départ.
Le dessin et la colorisation sont plaisants. Classiques, efficaces et fluides.
L’intrigue titille la curiosité, mais ne prend finalement pas l’ampleur escomptée. Certes, on ne sombre pas dans une surenchère de n’importe quoi comme souvent dans ce type de récit. Mais c’est quand même très décousu, pas toujours très clair à suivre. Les aller-retours temporels n’apportent pas ici quelque chose de suffisamment original ou solide pour me satisfaire pleinement. Et la fin laisse quand même en suspens pas mal de questions.
Saria dépeint un univers hétéroclite, mélange de steampunk où se côtoient république de Venise et fascisme, démons et androïdes...
La grande force de l'histoire est que cela fonctionne plutôt bien, même si le récit ouvre des portes (private joke, lisez et vous comprendrez) qu'il ne referme pas toujours.
Dans le tome 2 Federici succède à Serpieri brillamment. Mais les vrais problèmes commencent au tome 3, qui est trop décousu. Il y a trop d'événements sortis de nul part qui désorientent le lecteur.
Étonnamment c'est Federici lui même qui explique une des causes possibles dans un épilogue, en expliquant avoir eu carte blanche de la part de Dufaux pour rajouter des éléments à l'histoire. Ce n'était peut-être pas la meilleure chose à faire.
Reste des dessins sublimes qui m'ont rappelé le travail et les illustrations d'Alex Ross. D'ailleurs Federici fera quelques incursions dans l'univers du comics par la suite.
Chacun des spin-off de Valkyrie Apocalypse est consacré à l'un des héros humains que l'on y croise. Cette fois-ci c'est un Jack l'Eventreur un peu particulier qui nous est présenté, puisqu'il n'est pas le tueur en série que l'on connaît, mais qu'il le tue assez rapidement dans ce premier tome, avant de reprendre son surnom et d'en faire... autre chose.
Sa particularité est de pouvoir voir, littéralement, les émotions et le caractère de ses interlocuteurs sous formes de taches de couleurs sur leurs corps. Concept intéressant (même si présent dans d'autres mangas), qui va certainement nous permettre des histoires autrement plus intéressantes que celles concernant Lü Bu, héros d'un autre spin-off, réduit à une sorte de guerrier assoiffé de combats. Jack a d'ailleurs d'autres talents, qui se révèlent au fil de ses affrontements avec d'autres personnages.
Sans être particulièrement virtuose, le travail graphique de Keita iizuka est plutôt agréable à l'œil, attiré par le gore mais sans en faire trop, cela donne un aspect visuel un peu inédit. dans ce genre d'histoire. Je lirai la suite avec intérêt.
Si tout le monde connaît le célèbre tableau de Géricault, qui a par ailleurs donné naissance à une expression du langage courant, peu de gens connaissent véritablement l’histoire de ce chef d'œuvre et les faits horribles qui l’ont inspiré. C’est donc une très bonne idée qu’ont eu les auteurs de cette bande dessinée de remettre en lumière la mésaventure des passagers de ce radeau de fortune, construit à partir de l'épave de la frégate Méduse échouée sur un banc de sable au large des côtes africaines. S’ils se sont basés sur les témoignages des survivants, ils n’ont pas hésité à insérer de la fiction dans leur récit, ainsi qu’une dose de romance, le but étant peut-être d’adoucir l’âpreté de la catastrophe, qui aurait vu certains naufragés recourir au cannibalisme. Si ces actes sont bien évoqués ici, ils ne sont heureusement que suggérés, évitant toute surenchère dans l’horreur, et c’est tant mieux.
C’est ainsi qu’ils ont transformé Blanche, la seule femme présente sur le radeau au milieu de 150 hommes (!), en héroïne au cœur pur, toute en abnégation d’elle-même pour tenter de soigner les blessés et les malades. Une extrapolation dont on ne saura leur tenir rigueur, étant donné la portée symbolique de ses interventions au cours du récit. La fiche Wikipédia se contente quant à elle d’évoquer « une femme de couleur noire », sans plus de précisions.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’histoire est prenante, et, si simple soit la trame, la narration s’avère enlevée. Les récits maritimes ont, si je puis dire, le vent en poupe, et celui-ci est une réussite. En comparaison, 1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta, cette autre BD récente à succès qui s’inspire de l’histoire vraie des naufragés du Batavia, passerait presque pour un séjour au Club Med, toute proportion gardée bien entendu.
Avec ce récit, narré ici par le docteur Savigny, témoin rescapé de cette effroyable épopée, Thierry Soufflard et Gilles Cazaux ont développé plusieurs thématiques. D’abord une critique virulente contre les pouvoirs autoritaires et arbitraires par le biais du capitaine de la Méduse, un certain Duroy de Chaumareys, dont l’incompétence n’a d’égale que la lâcheté. C’est lui qui, après avoir pris place sur une « confortable » chaloupe, abandonnera les marins et les soldats à leur triste sort en coupant la corde destinée à remorquer leur misérable radeau. Les auteurs montrent aussi comment, dans ce type de situation, la barbarie humaine a tôt fait de reprendre le dessus et ne grandit personne, mais que l’humanité héroïque d’une minorité peut parfois renverser la vapeur et redonner foi en un avenir plus harmonieux.
C’est également à travers le personnage de Blanche, modèle de bienveillance et de combativité, qu’est abordée la question de la place de la femme dans un monde masculin (la seule ici sur les 150 naufragés !). Le sujet reste toujours d’actualité même si du chemin a été fait depuis cette époque, où l’odieux patriarcat considérait sans états d’âme les « femelles » — la moitié de la population — comme des sous-citoyennes.
On notera le parallèle malicieux entre la meute royaliste déchaînée, scandalisée par le tableau au Salon du Louvre, et la bande de soudards agressifs entassés sur le radeau. La barbarie stupide et aveugle serait-elle donc autant du côté des bourgeois endimanchés que des gueux non éduqués ?
Le dessin de Gilles Cazaux est parfaitement en concordance avec ce récit saisissant. Avec son trait nerveux, il sait rendre les scènes énergiques et faire ressortir la tension imprégnant cette aventure hors normes, où sur une surface extrêmement restreinte, les proies potentielles devront redoubler de prudence et de doigté face à des prédateurs sans états d’âme.
« L’Oubliée du radeau de la Méduse » comblera autant les adeptes de sensations fortes que les amateurs d’art. Si ce huis clos incroyable nous expose les facettes les plus sombres de l’être humain, il compense en mettant en lumière son aptitude à transcender ses pires turpitudes, fut-ce le fait d’une minorité héroïque. Le tableau monumental de Géricault en est le parfait symbole, avec cet homme noir, l’un des rares survivants, agitant héroïquement un drapeau à l’approche des cotes. C’est ainsi que les auteurs ont su avec brio nous conter l’histoire entourant cette œuvre d'art prestigieuse.
Pour ma part j'ai été conquis !
Je ne m'attendais pas à de courts récits.
La voix off, les récits courts, efficaces, originaux sont déstabilisants de prime abords pour un album de Lucky Luke. Cependant dès le premier récit je trouve que l'on plonge dans l'ambiance. Il y a une cohérence d'ensemble et les récits, fluides, dessinent en creux le personnage de Lucky Luke.
Un ton peut être un petit plus sérieux, et bien plus mélancoliques évidemment, que la série originale. Côté mélancolie, il y avait déjà cette touche dans l’adaptation de "l'homme qui tua Lucky Luke" de Mathieu Bonhomme. Lucky Luke, en dehors du côté cartoon et western, a peut être aussi déployé une part d'imaginaire mélancolique, notamment avec la fameuse vignette de fin "I'm a poor lonesome cowboy" ?
Les dessins de Brüno sont très beaux et la sublime colorisation de Laurence Lacroix collent parfaitement à l'ambiance des 7 récits, qui ont chacun leur mélodie propre mais qui forment un ensemble homogène.
A noter la dernière double page avec "l'interview" de l"historien Gustav Frankenbaum (personnage de la série "les collines noires") qui est délicieuse, comme certains petits détails (j'ai bien aimé le clin d'oeil des "patates au lard" running gag de l'album "la diligence").
Arff, pas mieux que mes camarades.
J’adore la précédente œuvre des auteurs mais là malheureusement j’ai vraiment eu du mal avec ce personnage et sa vision décalée du monde. Franchement trop beatnik pour moi, les « mecs » à tout bout fatiguent rapidement, de même que son délire. J’ai juste envie de dire No, Man !
Dommage car le dessin et couleurs sont toujours aussi agréables.
Je ne suis pas un grand fan de Lucky Luke, mais j'ai pour la version proposée par Appollo et Brüno, depuis quelques années, une attirance particulière. Tout d'abord, le dessin épuré de Brüno reste pour moi un des summum de la bande dessinée actuelle. Et ensuite, le scénario d'Appollo est toujours de grande qualité, même lorsque comme ici, il se décline en sept histoires courtes.
Même si la talentueuse Laurence Croix assume les couleurs en rendant hommage aux albums de Morris, j'ai préféré, comme les autres récits signés de ces deux auteurs, lire cet album dans sa version noir & blanc, qui donne encore plus de force au dessin de Brüno, surtout dans les scènes sous la neige ou sous la pluie. J'ai d'ailleurs été surpris par la brutalité avec laquelle l'histoire intitulée "Averse" s'achève...j'ai eu l'impression soudaine qu'il manquait une page dans mon album!
C'est un Lucky Luke jeune que nous découvrons ici, sans Jolly Jumper et avec pas mal de références à ses aventures futures.
Bref un très bon album, avec, pour la version n&b, un bonus d'affiches de western de films célèbres.
Quant au dossier sur les origines de Lucky Luke, il faut le voir comme un canular.
Je ne dérogerais pas à la moyenne, c’est franchement sympa à suivre.
Philippe Valette surprend et régale, j’avais déjà succombé au mystère de la disquette molle. Il frappe cette fois dans un registre et genre où on ne l’attendais pas, une s-f plutôt dure et réaliste où son dessin fait merveille.
Ses personnages peuvent faire un peu peur de prime abord, un rendu un peu « naïf » dans le trait mais force et de constater qu’il sait nous embarquer. Ses décors en jettent, ses couleurs sont réussies et la narration « carré » est immersive pour ce récit à plusieurs temporalités.
On n’est jamais perdu et on est vraiment intrigué tout le long de l’aventure. La fin, sans qu’elle fasse Whoua, reste très satisfaisante et interroge sur beaucoup de choses sans que ce soit moralisateur.
Du bien bel ouvrage.
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Léo Loden
Je ne suis pas un grand fan des créations de Christophe Arleston. Une fois encore son humour m'a laissé de glace. Pourtant cette gentille série junior à succès avait de nombreux atouts pour me séduire. Je suis friand des séries tout public qui rappelle la façon des années 70. Le graphisme rond de Serge Carrère me convient parfaitement avec une mention très bien pour ses extérieurs citadins. Enfin j'aime beaucoup la douceur des couleurs du studio Cerise. Les enquêtes se renouvellent bien même si leurs résolutions sont simples et convenues. Mon souci est que je n'ai pas du tout été séduit par les personnages principaux. Je trouve Léo d'une fadeur et d'une superficialité totale. On dirait un ado passif qui réagit plus qu'il n'agit même avec sa compagne Marlène. Une pauvre capitaine qui est bien souvent cantonnée à ses désirs de mariage et d'enfants. Enfin un tonton issu du croisement de Haddock et de Talon, au cerveau de petit pois et véritable estomac sur pattes dont "l'humour" basique m'a laissé perplexe. Des qualités de détente mais une série qui me laisse insatisfait.
Kaya
Je me retrouve assez dans l’avis de grogro, en tout cas dans sa déception – mis à part que moi je n’ai pas fait l’effort d’écouter la bande son proposée en accompagnement de certains passages de la BD (je ne suis pas fan de ce genre de chose, qui fait un peu gadget). Le départ est intéressant, intrigant mais, une fois le décor post-apocalypse passé (le manque d’explication sur les causes n’est pas forcément gênant), j’ai trouvé que l’histoire se révélait creuse, linéaire, lente. Et, là où « La route » proposait quand même quelque chose de captivant, ici le côté noir et désespéré un peu vide m’a laissé sur ma faim, jusqu’au dénouement final, lui aussi expédié. Enfin, je ne suis pas fan du mélange de photos retravaillés, de dessins informatiques. Une lecture qui n’a pas tenu les quelques promesses entrevues au départ.
Neuf
Un album qui se laisse lire, plutôt agréablement, mais qui ne m’a pas enthousiasmé plus que ça. En tout cas pas autant que je ne l’espérais au départ. Le dessin et la colorisation sont plaisants. Classiques, efficaces et fluides. L’intrigue titille la curiosité, mais ne prend finalement pas l’ampleur escomptée. Certes, on ne sombre pas dans une surenchère de n’importe quoi comme souvent dans ce type de récit. Mais c’est quand même très décousu, pas toujours très clair à suivre. Les aller-retours temporels n’apportent pas ici quelque chose de suffisamment original ou solide pour me satisfaire pleinement. Et la fin laisse quand même en suspens pas mal de questions.
Saria (Les Enfers)
Saria dépeint un univers hétéroclite, mélange de steampunk où se côtoient république de Venise et fascisme, démons et androïdes... La grande force de l'histoire est que cela fonctionne plutôt bien, même si le récit ouvre des portes (private joke, lisez et vous comprendrez) qu'il ne referme pas toujours. Dans le tome 2 Federici succède à Serpieri brillamment. Mais les vrais problèmes commencent au tome 3, qui est trop décousu. Il y a trop d'événements sortis de nul part qui désorientent le lecteur. Étonnamment c'est Federici lui même qui explique une des causes possibles dans un épilogue, en expliquant avoir eu carte blanche de la part de Dufaux pour rajouter des éléments à l'histoire. Ce n'était peut-être pas la meilleure chose à faire. Reste des dessins sublimes qui m'ont rappelé le travail et les illustrations d'Alex Ross. D'ailleurs Federici fera quelques incursions dans l'univers du comics par la suite.
Valkyrie Apocalypse - L'Affaire Jack l'Eventreur
Chacun des spin-off de Valkyrie Apocalypse est consacré à l'un des héros humains que l'on y croise. Cette fois-ci c'est un Jack l'Eventreur un peu particulier qui nous est présenté, puisqu'il n'est pas le tueur en série que l'on connaît, mais qu'il le tue assez rapidement dans ce premier tome, avant de reprendre son surnom et d'en faire... autre chose. Sa particularité est de pouvoir voir, littéralement, les émotions et le caractère de ses interlocuteurs sous formes de taches de couleurs sur leurs corps. Concept intéressant (même si présent dans d'autres mangas), qui va certainement nous permettre des histoires autrement plus intéressantes que celles concernant Lü Bu, héros d'un autre spin-off, réduit à une sorte de guerrier assoiffé de combats. Jack a d'ailleurs d'autres talents, qui se révèlent au fil de ses affrontements avec d'autres personnages. Sans être particulièrement virtuose, le travail graphique de Keita iizuka est plutôt agréable à l'œil, attiré par le gore mais sans en faire trop, cela donne un aspect visuel un peu inédit. dans ce genre d'histoire. Je lirai la suite avec intérêt.
L'Oubliée du Radeau de la Méduse
Si tout le monde connaît le célèbre tableau de Géricault, qui a par ailleurs donné naissance à une expression du langage courant, peu de gens connaissent véritablement l’histoire de ce chef d'œuvre et les faits horribles qui l’ont inspiré. C’est donc une très bonne idée qu’ont eu les auteurs de cette bande dessinée de remettre en lumière la mésaventure des passagers de ce radeau de fortune, construit à partir de l'épave de la frégate Méduse échouée sur un banc de sable au large des côtes africaines. S’ils se sont basés sur les témoignages des survivants, ils n’ont pas hésité à insérer de la fiction dans leur récit, ainsi qu’une dose de romance, le but étant peut-être d’adoucir l’âpreté de la catastrophe, qui aurait vu certains naufragés recourir au cannibalisme. Si ces actes sont bien évoqués ici, ils ne sont heureusement que suggérés, évitant toute surenchère dans l’horreur, et c’est tant mieux. C’est ainsi qu’ils ont transformé Blanche, la seule femme présente sur le radeau au milieu de 150 hommes (!), en héroïne au cœur pur, toute en abnégation d’elle-même pour tenter de soigner les blessés et les malades. Une extrapolation dont on ne saura leur tenir rigueur, étant donné la portée symbolique de ses interventions au cours du récit. La fiche Wikipédia se contente quant à elle d’évoquer « une femme de couleur noire », sans plus de précisions. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’histoire est prenante, et, si simple soit la trame, la narration s’avère enlevée. Les récits maritimes ont, si je puis dire, le vent en poupe, et celui-ci est une réussite. En comparaison, 1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta, cette autre BD récente à succès qui s’inspire de l’histoire vraie des naufragés du Batavia, passerait presque pour un séjour au Club Med, toute proportion gardée bien entendu. Avec ce récit, narré ici par le docteur Savigny, témoin rescapé de cette effroyable épopée, Thierry Soufflard et Gilles Cazaux ont développé plusieurs thématiques. D’abord une critique virulente contre les pouvoirs autoritaires et arbitraires par le biais du capitaine de la Méduse, un certain Duroy de Chaumareys, dont l’incompétence n’a d’égale que la lâcheté. C’est lui qui, après avoir pris place sur une « confortable » chaloupe, abandonnera les marins et les soldats à leur triste sort en coupant la corde destinée à remorquer leur misérable radeau. Les auteurs montrent aussi comment, dans ce type de situation, la barbarie humaine a tôt fait de reprendre le dessus et ne grandit personne, mais que l’humanité héroïque d’une minorité peut parfois renverser la vapeur et redonner foi en un avenir plus harmonieux. C’est également à travers le personnage de Blanche, modèle de bienveillance et de combativité, qu’est abordée la question de la place de la femme dans un monde masculin (la seule ici sur les 150 naufragés !). Le sujet reste toujours d’actualité même si du chemin a été fait depuis cette époque, où l’odieux patriarcat considérait sans états d’âme les « femelles » — la moitié de la population — comme des sous-citoyennes. On notera le parallèle malicieux entre la meute royaliste déchaînée, scandalisée par le tableau au Salon du Louvre, et la bande de soudards agressifs entassés sur le radeau. La barbarie stupide et aveugle serait-elle donc autant du côté des bourgeois endimanchés que des gueux non éduqués ? Le dessin de Gilles Cazaux est parfaitement en concordance avec ce récit saisissant. Avec son trait nerveux, il sait rendre les scènes énergiques et faire ressortir la tension imprégnant cette aventure hors normes, où sur une surface extrêmement restreinte, les proies potentielles devront redoubler de prudence et de doigté face à des prédateurs sans états d’âme. « L’Oubliée du radeau de la Méduse » comblera autant les adeptes de sensations fortes que les amateurs d’art. Si ce huis clos incroyable nous expose les facettes les plus sombres de l’être humain, il compense en mettant en lumière son aptitude à transcender ses pires turpitudes, fut-ce le fait d’une minorité héroïque. Le tableau monumental de Géricault en est le parfait symbole, avec cet homme noir, l’un des rares survivants, agitant héroïquement un drapeau à l’approche des cotes. C’est ainsi que les auteurs ont su avec brio nous conter l’histoire entourant cette œuvre d'art prestigieuse.
Dakota 1880
Pour ma part j'ai été conquis ! Je ne m'attendais pas à de courts récits. La voix off, les récits courts, efficaces, originaux sont déstabilisants de prime abords pour un album de Lucky Luke. Cependant dès le premier récit je trouve que l'on plonge dans l'ambiance. Il y a une cohérence d'ensemble et les récits, fluides, dessinent en creux le personnage de Lucky Luke. Un ton peut être un petit plus sérieux, et bien plus mélancoliques évidemment, que la série originale. Côté mélancolie, il y avait déjà cette touche dans l’adaptation de "l'homme qui tua Lucky Luke" de Mathieu Bonhomme. Lucky Luke, en dehors du côté cartoon et western, a peut être aussi déployé une part d'imaginaire mélancolique, notamment avec la fameuse vignette de fin "I'm a poor lonesome cowboy" ? Les dessins de Brüno sont très beaux et la sublime colorisation de Laurence Lacroix collent parfaitement à l'ambiance des 7 récits, qui ont chacun leur mélodie propre mais qui forment un ensemble homogène. A noter la dernière double page avec "l'interview" de l"historien Gustav Frankenbaum (personnage de la série "les collines noires") qui est délicieuse, comme certains petits détails (j'ai bien aimé le clin d'oeil des "patates au lard" running gag de l'album "la diligence").
Fan Man - L'homme au ventilo
Arff, pas mieux que mes camarades. J’adore la précédente œuvre des auteurs mais là malheureusement j’ai vraiment eu du mal avec ce personnage et sa vision décalée du monde. Franchement trop beatnik pour moi, les « mecs » à tout bout fatiguent rapidement, de même que son délire. J’ai juste envie de dire No, Man ! Dommage car le dessin et couleurs sont toujours aussi agréables.
Dakota 1880
Je ne suis pas un grand fan de Lucky Luke, mais j'ai pour la version proposée par Appollo et Brüno, depuis quelques années, une attirance particulière. Tout d'abord, le dessin épuré de Brüno reste pour moi un des summum de la bande dessinée actuelle. Et ensuite, le scénario d'Appollo est toujours de grande qualité, même lorsque comme ici, il se décline en sept histoires courtes. Même si la talentueuse Laurence Croix assume les couleurs en rendant hommage aux albums de Morris, j'ai préféré, comme les autres récits signés de ces deux auteurs, lire cet album dans sa version noir & blanc, qui donne encore plus de force au dessin de Brüno, surtout dans les scènes sous la neige ou sous la pluie. J'ai d'ailleurs été surpris par la brutalité avec laquelle l'histoire intitulée "Averse" s'achève...j'ai eu l'impression soudaine qu'il manquait une page dans mon album! C'est un Lucky Luke jeune que nous découvrons ici, sans Jolly Jumper et avec pas mal de références à ses aventures futures. Bref un très bon album, avec, pour la version n&b, un bonus d'affiches de western de films célèbres. Quant au dossier sur les origines de Lucky Luke, il faut le voir comme un canular.
L'Héritage fossile
Je ne dérogerais pas à la moyenne, c’est franchement sympa à suivre. Philippe Valette surprend et régale, j’avais déjà succombé au mystère de la disquette molle. Il frappe cette fois dans un registre et genre où on ne l’attendais pas, une s-f plutôt dure et réaliste où son dessin fait merveille. Ses personnages peuvent faire un peu peur de prime abord, un rendu un peu « naïf » dans le trait mais force et de constater qu’il sait nous embarquer. Ses décors en jettent, ses couleurs sont réussies et la narration « carré » est immersive pour ce récit à plusieurs temporalités. On n’est jamais perdu et on est vraiment intrigué tout le long de l’aventure. La fin, sans qu’elle fasse Whoua, reste très satisfaisante et interroge sur beaucoup de choses sans que ce soit moralisateur. Du bien bel ouvrage.