Mouais. Je vois en l’avisant que cet album – présenté à l’origine comme une histoire complète – avait intégré une série. Il ne m’a en tout cas vraiment donné l’envie de m’y intéresser.
En effet, je suis largement resté sur ma faim avec cette histoire, qui manque singulièrement d’originalité, de rythme et de crédibilité. Et la fin m’est apparu franchement expédiée, avec moult facilités scénaristiques.
Tout transpire ici le mauvais téléfilm, et personnages et intrigue (du polar historique) m’ont paru artificiels. Je ne sais pas si la série a ensuite permis de mieux développer les intrigues, mais celle-ci m’a ennuyé. Reste le dessin, qui lui tire son épingle du jeu. Mais ça ne suffit pas.
4.5 pour la série à succès du prolifique Nob qui couche parfaitement sur papier ce que sont la famille et les responsabilitiés attenantes.
Une famille recomposée gérée du mieux possible par un père maladroit mais qui a su accumuler les conquètes de tous genres. Résultat, un quatuor de jeunes filles allant du bébé rampant à la grande studieuse représentant tout ce à quoi s'attendre lorsqu'on élève un enfant (enfin précisement une fille, à moins que votre garçon aime se pomponner). Chacune son caractère et ses centres d'intérêt, pas grand chose pour rendre la tribu soudée et pourtant si, comme dans la vie.
Les situations bien que parfois exagérées feront rire les jeunes et rendront nostaligiques certains parents revivant de beaux moments partagés (j'en suis à vivre le 4ème âge de ma fille, que de chemin parcouru). Les modes vestimentaires, les décors sont intemporels à la façon des Simpson mais la série intègre l'impact au quotidien d'éléments actuels comme les réseaux sociaux. Mais comme un astérix, cette série pourra se lire sans gêne dans quelques décennies.
Malgré le nombre de tomes, certaines histoires parviennent toujours à faire mouche et la direction prise de détailler le passé de chaque protagoniste est intéressante. Rajoutons à cela un dessin propre et joliment coloré et l'on obtient une série qui réjouit tout le monde à la maison.
3.5 pour des passages s'étirant un peu trop mais vers le haut pour la beauté du livre.
Une belle relecture de la dureté du Capitaine Nemo, mentor d'une enfant devenant adulte dans les 2 sens du terme, physiquement et psychologiquement.
Notre monde a disparu, on saura par la suite pourquoi merci à lui de ne pas éluder les explications par paresse (sous couvert du fréquent pétexte de "pour conserver une part de mystère"). C'est un monde où la nature est, ni bonne ni mauvaise. Les traces de notre civilisation demeurent dans les abyssses, remués pour une raison obscure par les bras du robot du capitaine qui semble animé, presque hypnostisé, par un but là aussi mystérieux mais qui sera développé.
Il est mâitre à bord d'un vaisseau à la fois protecteur et prison de nos deux personnages, forcés au début de cohabiter et puis s'attanchant l'un à l'autre, ne sommes-nous pas tous des animaux sociaux? Le taciturne Nemo acceptera peu à peu de reconnaître les qualités d'une fillette à qui il passera bien évidemment le relais, de manière assez flamboyante il faut le reconnaître.
Le dessin semble inspiré par l'animation américaine et judicieusement stylisé. Le ressenti des grands espaces, intérieuer et extérieurs, est bien rendu, la colorisation colle également, beau boulot. Une lecture pour ados qui a le mérite de glisser quelques réflexions philosophiques sur la transmission du savoir et la pérennité d'une civilisation.
J'hésite entre 2.5 et 3. Le double thème est bien maîtrisé: montrer la réalité du métier de mangaka et y intégrer un élément un peu fantastique pour imager des "et si". Le charadesign est soigné, les sujets sont abordés sans détour et sans forcer sur la pagination, ce qui laisse présager une série qui ne s'étirera pas sur des dizaines de tomes en prenant le lecteur pour un pigeon. Pas de doute, l'auteur respecte son lecteur.
Contrairement à beaucoup de managa didactiques typiques du Japon (on en trouve sur tous les sujets: préparation aux typhons, techniques de pêche...), il y a une volonté de montrer que le personnage subit, c'est son pain quotidien mais qu'il pourra aussi abuser de sa position si l'occasion s'en présente et qu'il le souhaite. La version adulte de l'auteur est délicieusement mystérieuse: avertissement ou tentation de découragement? Il est à la fois le Jiminy Cricket et le diablotin qui murmurent à l'oreille de Pinocchio. Et il y a le développement du personnage qui semblait être un kleenex dans le premier tome et qui révèle sa personnalité dans le second.
Dommage que certains personnages soient trop caricaturaux, on devine leurs intentions à leurs tronches, un peu de nuance aurait apporté une couche de suspens. Et puis, sérieusement, ces cases de hentai sont-elles vraiment nécessaires? A cause de ces 3-4 pages, ce récit éxclut un paquet de lecteurs potentiels, de jeunes voulant en savoir plus sur le monde de l'édition et de la création. Comment pourrais-je montrer ça à mon fils de 12 ans?
Alors les Fabrice, ce sont 2 gars qui érigent la bétise en art de vivre, qui sévissent dans l'édito tordant du journal Spirou.
Les 2 auteurs ont déjà bossé ensemble, on connaît leur style basé sur la compilation de séquences comiques ou de récits courts. Ici c'est bien une histoire complète au format standard qui prend le temps d'installer les situations. Le délire des clichés mexicains à base de moustache fait mouche direct avec moi, je suis aux anges.
Pas de temps morts, les situations d'aventure et d'humour décalé s'enchaînent mais peut-être à un rythme qu'ils semblent s'imposer et du coup, on a l'impression que la crétinerie de nos 2 gugusses tournent en rond. Je me marre de la pauvre guide qui se retrouve diminuée à chaque imprévu mais on se doute de plus en plus rapidement combien de cases vont s'écouler avant qu'elle ne morfle à nouveau. Mais ça tourne un peu en rond donc c'est frustrant.
Pourtant les décors et les personnages sont variés, peut-être que le récit aurait dû être plus court pour être plus punchy.
Quelles belles aquarelles, quel souffle épique.
On est en territoire connu, cette histoire s'intégre parfaitement dans le monde de Nausicaä de la vallée du vent (créée d'ailleurs à la même époque) : costumes, bestiaire, expressions du visage, thème de l'écologie et du rapport à notre civilisation... Autant d'éléments qui sont la patte Ghibli que l'on retrouve tout au long de la carrière du maître.
Mais ici c'est la forme qui change: pas de gaufrier, pas de bulles de dialogue mais seulement 1 ou 2 cases par page avec quelques lignes discrètes de voix off. Ce n'est pas un manga mais bien un conte qui serait destiné à de grands enfants capables d'affronter quelques thèmes plus durs (la traite d'esclaves, ce n'est pas du Ungerer). Mais pas vraiment non plus car on a aussi l'impression de feuilleter une sorte de story-board compilant des (magnifiques) croquis préparatoires, une case pouvant résumer une séquence d'action complète.
Une note moyenne car le nom Miyazaki est si lourd à porter que l'on est forcément plus sévère. Si l'auteur avait été moins connu et l'œuvre clairement classée comme un conte, la note serait supérieure.
Joe Sacco a déjà publié plusieurs albums sur la situation en Palestine – et à Gaza même. Tous de qualité. Et qui le suit sait qu’il a depuis longtemps cherché à consolider ses connaissances du sujet.
Cet album pêche par sa concision, et son côté « coup de gueule » brut et sans réel travail de construction. Il n’y a pas ici le travail de terrain habituel – et pour cause, puisque tous ceux qui pourraient témoigner sont impitoyablement tués.
Mais ce sont aussi ces caractéristiques qui en font sa force.
En effet, Sacco en appelle en fin d’album à Dante, décrivant l’enfer vécu par les Gazaouis. Près d’un an après le début de publication de ces rubriques aux États-Unis, la réalité dépasse l’entendement et les images formulées par Sacco. Les massacres s’enchaînent, les déclarations génocidaires et racistes des dirigeants israéliens se suivent. Et ceux qui dénoncent ces crimes sont eux-mêmes « criminalisés », poursuivis, en Europe ou aux États-Unis (ne parlons pas d’Israël), la censure étouffe ceux qui veulent encore croire à une réaction face à la barbarie (et les crimes – réels – du Hamas ne justifient en rien ce qui se fait depuis des mois à Gaza). Face à cette censure, Sacco propose d’user de l’expression « auto-défense génocidaire », oxymore dérisoire, qui ferait presque trait d’humour – noir – si les morts de Gaza ne nous empêchaient d’avoir envie de rire.
C’est pourquoi malgré ses défauts et son aspect presque minimaliste, le cri du cœur/coup de gueule de Sacco est salutaire, pour que le silence ne donne pas raison à ceux qui en Israël se comportent en parole et en acte comme pouvaient le faire ceux qui exterminaient les Juifs il y a quelques décennies.
Ici Sacco s’en prend à l’hypocrisie de Biden, qui arme copieusement ceux qui tuent, pour « en même temps » (décidément cette expression éclaire beaucoup d’hypocrisie !) – le cynisme de Trump n’ayant pas encore pleinement sévi au moment où Sacco écrivait ces lignes.
Je ne suis pas un grand fan de Jeff Lemire, mais au moins la plupart des histoires que j'ai lues de lui étaient sympathiques à lire. Ce n'est pas le cas avec ce one-shot qui fait partie d'un projet regroupant plusieurs livres se passant dans le même univers.
Lemire s'est clairement inspiré de classiques comme les récits de Lovecraft est c'est le principal problème du scénario. C'est trop classique, on dirait un pot-pourri des histoires d'horreur que je lis sur internet depuis maintenant pas mal d'années. Les personnages ne sont pas du tout attachants et je n'ai pas ressenti de peur durant ma lecture. J'ai surtout ressenti de l'ennui durant ma lecture et cela ne sent pas que c'est fait par un scénariste qui est professionnel depuis maintenant pas mal d'années, on dirait plus le travail d'un débutant qui reprend les éléments de récits d'horreur qu'il a aimés lorsqu'il était plus jeune.
Je ne suis pas trop fan non plus du dessin qui est le genre de dessin réaliste que je n'aime pas trop. Par moment on dirait juste des photos que quelqu'un a coloriées dessus.
Une relecture assez bof de l'histoire de Goliath et David.
Dans cette version, Goliath n'est pas du tout méchant et il est forcé de ce faire passer pour féroce afin d'effrayer l'ennemi. J'imagine que l'auteur voulait montrer l'absurdité et l'inutilité de la guerre, mais cela donne un récit qui sens le déjà vu avec une fin prévisible pour n'importe qui connaissant ce récit biblique. Lire un récit hyperconnu dont je sais la fin n'est pas nécessairement un problème si c'est bien raconté et ici c'est raconté de manière ennuyeuse. Il se passe rien d'intéressant et même lorsqu'il y a de l'action s'est ennuyeux. J'ai du lire ce one-shot en moins de 10 minutes, mais j'ai eu l'impression que ça m'a prit une heure tellement c'est peu intéressant à lire.
Il reste le dessin qui est pas trop mal.
Après une apocalypse nucléaire, une femme est choisie au hasard pour embarquer seule à bord d'une fusée afin d'explorer des planètes, dans l'espoir de trouver une nouvelle Terre ou de sauver ce qu'il reste de l'ancienne. Ce récit muet, riche en action, la montre voyageant de monde en monde, jusqu'à ce qu'elle atterrisse sur une planète où une population hostile l'attaque, elle ainsi qu'un autre explorateur extraterrestre au corps partiellement robotisé.
J'ai découvert cette BD peu après avoir lu Cometa, parue à la même période, qui raconte également, en silence, l'histoire d'un astronaute sur une planète désertique. Ici aussi, on est face à une œuvre plutôt contemplative, bien que le récit prenne davantage une orientation vers l'action. C'est encore une fois le graphisme qui constitue le principal attrait de cet album.
Le style est plaisant, bien que différent de celui de Cometa. En couleurs, il adopte une ligne élégante et légèrement rétrofuturiste, intégrant fréquemment des formes géométriques pour exprimer certains concepts. La mise en page se scinde parfois en une multitude de petites cases, ce qui, combiné à un trait parfois proche du style vectoriel, évoque par moments les albums de Chris Ware (Jimmy Corrigan). À l'instar de cet auteur, l'album propose quelques jeux narratifs sur la forme, comme cette page où la progression de l'héroïne suit des cases serpentant sur la page, à la manière d'un jeu de l'oie. J'apprécie ces expérimentations graphiques ainsi que le dessin dans son ensemble.
Cependant, comme toujours, le dessin ne suffit pas à lui seul pour que j'apprécie pleinement une BD : j'attends une histoire solide et cohérente. Or, ici, j'ai trouvé le récit trop léger et dénué de consistance. Au départ, j'étais intrigué, attiré par le contexte, la beauté du dessin, et curieux de suivre le périple de l'astronaute. Mais rapidement, l'histoire se perd dans une succession de combats et de poursuites sans grand intérêt, avant de basculer vers un registre mystique où l'héroïne se voit à toutes vitesses confier de grands pouvoirs qu'elle utilise sur Terre en quelques pages et voilà c'est fini. Le dénouement m'a laissé perplexe et surtout frustré, car le récit s'interrompt brutalement sans plus de développements. Cette conclusion expédiée donne le sentiment d'avoir lu un fragment d'histoire, avec quelques éléments accrocheurs, mais pas un récit complet et captivant.
Le livre apparaît plus comme un exercice d’expérimentations graphiques que comme une narration pleinement aboutie et, malgré une qualité esthétique évidente, le scénario manque de substance pour me satisfaire pleinement.
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Quand souffle le vent des îles
Mouais. Je vois en l’avisant que cet album – présenté à l’origine comme une histoire complète – avait intégré une série. Il ne m’a en tout cas vraiment donné l’envie de m’y intéresser. En effet, je suis largement resté sur ma faim avec cette histoire, qui manque singulièrement d’originalité, de rythme et de crédibilité. Et la fin m’est apparu franchement expédiée, avec moult facilités scénaristiques. Tout transpire ici le mauvais téléfilm, et personnages et intrigue (du polar historique) m’ont paru artificiels. Je ne sais pas si la série a ensuite permis de mieux développer les intrigues, mais celle-ci m’a ennuyé. Reste le dessin, qui lui tire son épingle du jeu. Mais ça ne suffit pas.
Dad
4.5 pour la série à succès du prolifique Nob qui couche parfaitement sur papier ce que sont la famille et les responsabilitiés attenantes. Une famille recomposée gérée du mieux possible par un père maladroit mais qui a su accumuler les conquètes de tous genres. Résultat, un quatuor de jeunes filles allant du bébé rampant à la grande studieuse représentant tout ce à quoi s'attendre lorsqu'on élève un enfant (enfin précisement une fille, à moins que votre garçon aime se pomponner). Chacune son caractère et ses centres d'intérêt, pas grand chose pour rendre la tribu soudée et pourtant si, comme dans la vie. Les situations bien que parfois exagérées feront rire les jeunes et rendront nostaligiques certains parents revivant de beaux moments partagés (j'en suis à vivre le 4ème âge de ma fille, que de chemin parcouru). Les modes vestimentaires, les décors sont intemporels à la façon des Simpson mais la série intègre l'impact au quotidien d'éléments actuels comme les réseaux sociaux. Mais comme un astérix, cette série pourra se lire sans gêne dans quelques décennies. Malgré le nombre de tomes, certaines histoires parviennent toujours à faire mouche et la direction prise de détailler le passé de chaque protagoniste est intéressante. Rajoutons à cela un dessin propre et joliment coloré et l'on obtient une série qui réjouit tout le monde à la maison.
Mobilis - Ma vie avec le Capitaine Nemo
3.5 pour des passages s'étirant un peu trop mais vers le haut pour la beauté du livre. Une belle relecture de la dureté du Capitaine Nemo, mentor d'une enfant devenant adulte dans les 2 sens du terme, physiquement et psychologiquement. Notre monde a disparu, on saura par la suite pourquoi merci à lui de ne pas éluder les explications par paresse (sous couvert du fréquent pétexte de "pour conserver une part de mystère"). C'est un monde où la nature est, ni bonne ni mauvaise. Les traces de notre civilisation demeurent dans les abyssses, remués pour une raison obscure par les bras du robot du capitaine qui semble animé, presque hypnostisé, par un but là aussi mystérieux mais qui sera développé. Il est mâitre à bord d'un vaisseau à la fois protecteur et prison de nos deux personnages, forcés au début de cohabiter et puis s'attanchant l'un à l'autre, ne sommes-nous pas tous des animaux sociaux? Le taciturne Nemo acceptera peu à peu de reconnaître les qualités d'une fillette à qui il passera bien évidemment le relais, de manière assez flamboyante il faut le reconnaître. Le dessin semble inspiré par l'animation américaine et judicieusement stylisé. Le ressenti des grands espaces, intérieuer et extérieurs, est bien rendu, la colorisation colle également, beau boulot. Une lecture pour ados qui a le mérite de glisser quelques réflexions philosophiques sur la transmission du savoir et la pérennité d'une civilisation.
Stand by me Kakuemon
J'hésite entre 2.5 et 3. Le double thème est bien maîtrisé: montrer la réalité du métier de mangaka et y intégrer un élément un peu fantastique pour imager des "et si". Le charadesign est soigné, les sujets sont abordés sans détour et sans forcer sur la pagination, ce qui laisse présager une série qui ne s'étirera pas sur des dizaines de tomes en prenant le lecteur pour un pigeon. Pas de doute, l'auteur respecte son lecteur. Contrairement à beaucoup de managa didactiques typiques du Japon (on en trouve sur tous les sujets: préparation aux typhons, techniques de pêche...), il y a une volonté de montrer que le personnage subit, c'est son pain quotidien mais qu'il pourra aussi abuser de sa position si l'occasion s'en présente et qu'il le souhaite. La version adulte de l'auteur est délicieusement mystérieuse: avertissement ou tentation de découragement? Il est à la fois le Jiminy Cricket et le diablotin qui murmurent à l'oreille de Pinocchio. Et il y a le développement du personnage qui semblait être un kleenex dans le premier tome et qui révèle sa personnalité dans le second. Dommage que certains personnages soient trop caricaturaux, on devine leurs intentions à leurs tronches, un peu de nuance aurait apporté une couche de suspens. Et puis, sérieusement, ces cases de hentai sont-elles vraiment nécessaires? A cause de ces 3-4 pages, ce récit éxclut un paquet de lecteurs potentiels, de jeunes voulant en savoir plus sur le monde de l'édition et de la création. Comment pourrais-je montrer ça à mon fils de 12 ans?
À la poursuite du trésor de Décalécatán
Alors les Fabrice, ce sont 2 gars qui érigent la bétise en art de vivre, qui sévissent dans l'édito tordant du journal Spirou. Les 2 auteurs ont déjà bossé ensemble, on connaît leur style basé sur la compilation de séquences comiques ou de récits courts. Ici c'est bien une histoire complète au format standard qui prend le temps d'installer les situations. Le délire des clichés mexicains à base de moustache fait mouche direct avec moi, je suis aux anges. Pas de temps morts, les situations d'aventure et d'humour décalé s'enchaînent mais peut-être à un rythme qu'ils semblent s'imposer et du coup, on a l'impression que la crétinerie de nos 2 gugusses tournent en rond. Je me marre de la pauvre guide qui se retrouve diminuée à chaque imprévu mais on se doute de plus en plus rapidement combien de cases vont s'écouler avant qu'elle ne morfle à nouveau. Mais ça tourne un peu en rond donc c'est frustrant. Pourtant les décors et les personnages sont variés, peut-être que le récit aurait dû être plus court pour être plus punchy.
Le Voyage de Shuna
Quelles belles aquarelles, quel souffle épique. On est en territoire connu, cette histoire s'intégre parfaitement dans le monde de Nausicaä de la vallée du vent (créée d'ailleurs à la même époque) : costumes, bestiaire, expressions du visage, thème de l'écologie et du rapport à notre civilisation... Autant d'éléments qui sont la patte Ghibli que l'on retrouve tout au long de la carrière du maître. Mais ici c'est la forme qui change: pas de gaufrier, pas de bulles de dialogue mais seulement 1 ou 2 cases par page avec quelques lignes discrètes de voix off. Ce n'est pas un manga mais bien un conte qui serait destiné à de grands enfants capables d'affronter quelques thèmes plus durs (la traite d'esclaves, ce n'est pas du Ungerer). Mais pas vraiment non plus car on a aussi l'impression de feuilleter une sorte de story-board compilant des (magnifiques) croquis préparatoires, une case pouvant résumer une séquence d'action complète. Une note moyenne car le nom Miyazaki est si lourd à porter que l'on est forcément plus sévère. Si l'auteur avait été moins connu et l'œuvre clairement classée comme un conte, la note serait supérieure.
Guerre à Gaza
Joe Sacco a déjà publié plusieurs albums sur la situation en Palestine – et à Gaza même. Tous de qualité. Et qui le suit sait qu’il a depuis longtemps cherché à consolider ses connaissances du sujet. Cet album pêche par sa concision, et son côté « coup de gueule » brut et sans réel travail de construction. Il n’y a pas ici le travail de terrain habituel – et pour cause, puisque tous ceux qui pourraient témoigner sont impitoyablement tués. Mais ce sont aussi ces caractéristiques qui en font sa force. En effet, Sacco en appelle en fin d’album à Dante, décrivant l’enfer vécu par les Gazaouis. Près d’un an après le début de publication de ces rubriques aux États-Unis, la réalité dépasse l’entendement et les images formulées par Sacco. Les massacres s’enchaînent, les déclarations génocidaires et racistes des dirigeants israéliens se suivent. Et ceux qui dénoncent ces crimes sont eux-mêmes « criminalisés », poursuivis, en Europe ou aux États-Unis (ne parlons pas d’Israël), la censure étouffe ceux qui veulent encore croire à une réaction face à la barbarie (et les crimes – réels – du Hamas ne justifient en rien ce qui se fait depuis des mois à Gaza). Face à cette censure, Sacco propose d’user de l’expression « auto-défense génocidaire », oxymore dérisoire, qui ferait presque trait d’humour – noir – si les morts de Gaza ne nous empêchaient d’avoir envie de rire. C’est pourquoi malgré ses défauts et son aspect presque minimaliste, le cri du cœur/coup de gueule de Sacco est salutaire, pour que le silence ne donne pas raison à ceux qui en Israël se comportent en parole et en acte comme pouvaient le faire ceux qui exterminaient les Juifs il y a quelques décennies. Ici Sacco s’en prend à l’hypocrisie de Biden, qui arme copieusement ceux qui tuent, pour « en même temps » (décidément cette expression éclaire beaucoup d’hypocrisie !) – le cynisme de Trump n’ayant pas encore pleinement sévi au moment où Sacco écrivait ces lignes.
Le Mythe de l’ossuaire - Le Passage
Je ne suis pas un grand fan de Jeff Lemire, mais au moins la plupart des histoires que j'ai lues de lui étaient sympathiques à lire. Ce n'est pas le cas avec ce one-shot qui fait partie d'un projet regroupant plusieurs livres se passant dans le même univers. Lemire s'est clairement inspiré de classiques comme les récits de Lovecraft est c'est le principal problème du scénario. C'est trop classique, on dirait un pot-pourri des histoires d'horreur que je lis sur internet depuis maintenant pas mal d'années. Les personnages ne sont pas du tout attachants et je n'ai pas ressenti de peur durant ma lecture. J'ai surtout ressenti de l'ennui durant ma lecture et cela ne sent pas que c'est fait par un scénariste qui est professionnel depuis maintenant pas mal d'années, on dirait plus le travail d'un débutant qui reprend les éléments de récits d'horreur qu'il a aimés lorsqu'il était plus jeune. Je ne suis pas trop fan non plus du dessin qui est le genre de dessin réaliste que je n'aime pas trop. Par moment on dirait juste des photos que quelqu'un a coloriées dessus.
Goliath
Une relecture assez bof de l'histoire de Goliath et David. Dans cette version, Goliath n'est pas du tout méchant et il est forcé de ce faire passer pour féroce afin d'effrayer l'ennemi. J'imagine que l'auteur voulait montrer l'absurdité et l'inutilité de la guerre, mais cela donne un récit qui sens le déjà vu avec une fin prévisible pour n'importe qui connaissant ce récit biblique. Lire un récit hyperconnu dont je sais la fin n'est pas nécessairement un problème si c'est bien raconté et ici c'est raconté de manière ennuyeuse. Il se passe rien d'intéressant et même lorsqu'il y a de l'action s'est ennuyeux. J'ai du lire ce one-shot en moins de 10 minutes, mais j'ai eu l'impression que ça m'a prit une heure tellement c'est peu intéressant à lire. Il reste le dessin qui est pas trop mal.
Hedra
Après une apocalypse nucléaire, une femme est choisie au hasard pour embarquer seule à bord d'une fusée afin d'explorer des planètes, dans l'espoir de trouver une nouvelle Terre ou de sauver ce qu'il reste de l'ancienne. Ce récit muet, riche en action, la montre voyageant de monde en monde, jusqu'à ce qu'elle atterrisse sur une planète où une population hostile l'attaque, elle ainsi qu'un autre explorateur extraterrestre au corps partiellement robotisé. J'ai découvert cette BD peu après avoir lu Cometa, parue à la même période, qui raconte également, en silence, l'histoire d'un astronaute sur une planète désertique. Ici aussi, on est face à une œuvre plutôt contemplative, bien que le récit prenne davantage une orientation vers l'action. C'est encore une fois le graphisme qui constitue le principal attrait de cet album. Le style est plaisant, bien que différent de celui de Cometa. En couleurs, il adopte une ligne élégante et légèrement rétrofuturiste, intégrant fréquemment des formes géométriques pour exprimer certains concepts. La mise en page se scinde parfois en une multitude de petites cases, ce qui, combiné à un trait parfois proche du style vectoriel, évoque par moments les albums de Chris Ware (Jimmy Corrigan). À l'instar de cet auteur, l'album propose quelques jeux narratifs sur la forme, comme cette page où la progression de l'héroïne suit des cases serpentant sur la page, à la manière d'un jeu de l'oie. J'apprécie ces expérimentations graphiques ainsi que le dessin dans son ensemble. Cependant, comme toujours, le dessin ne suffit pas à lui seul pour que j'apprécie pleinement une BD : j'attends une histoire solide et cohérente. Or, ici, j'ai trouvé le récit trop léger et dénué de consistance. Au départ, j'étais intrigué, attiré par le contexte, la beauté du dessin, et curieux de suivre le périple de l'astronaute. Mais rapidement, l'histoire se perd dans une succession de combats et de poursuites sans grand intérêt, avant de basculer vers un registre mystique où l'héroïne se voit à toutes vitesses confier de grands pouvoirs qu'elle utilise sur Terre en quelques pages et voilà c'est fini. Le dénouement m'a laissé perplexe et surtout frustré, car le récit s'interrompt brutalement sans plus de développements. Cette conclusion expédiée donne le sentiment d'avoir lu un fragment d'histoire, avec quelques éléments accrocheurs, mais pas un récit complet et captivant. Le livre apparaît plus comme un exercice d’expérimentations graphiques que comme une narration pleinement aboutie et, malgré une qualité esthétique évidente, le scénario manque de substance pour me satisfaire pleinement.