Les derniers avis (291 avis)

Couverture de la série De pierre et d'os
De pierre et d'os

De pierre et d’os est un véritable coup de cœur. Le scénario adopte un rythme lent, assumé, mais construit avec une progression constante qui rend la lecture de plus en plus prenante. Le travail sur les relations humaines est particulièrement fort, notamment dans la manière dont sont abordées la violence masculine, la condition des femmes et, surtout, la fragilité comme état fondamental de l’existence. La résilience est au cœur du récit, sans jamais être idéalisée ni simplifiée. L’univers proposé est à la fois dur et profondément doux. Il agit comme une confrontation directe avec nos repères occidentaux, que ce soit dans le rapport à la famille, à la sexualité, à la nature ou à la spiritualité. L’intégration de chants, de récits et de fables enrichit considérablement le monde décrit et renforce cette sensation d’immersion culturelle, sans lourdeur explicative. Graphiquement, le dessin ne correspond pas forcément aux canons qui me séduisent d'habitude le plus, au premier abord, mais sa justesse est indéniable. Il est parfaitement en phase avec le contexte, sert le récit avec intelligence et possède une esthétique forte en tant que telle. Cette cohérence entre fond et forme contribue largement à faire de De pierre et d’os une œuvre sensible, profondément humaine et que je recommande.

19/12/2025 (modifier)
Couverture de la série De Cape et de Crocs
De Cape et de Crocs

Série manifestement très travaillée, séduisante dans son ambition comme dans son exécution, mais avec laquelle je suis resté à distance. L’écriture est dense, l’humour omniprésent et extrêmement référencé ; il fonctionne objectivement bien, sans pour autant m’être toujours accessible. Un certain décalage générationnel se fait sentir : on perçoit clairement la richesse du propos et des clins d’œil, mais sans forcément parvenir à tout saisir ou à en profiter pleinement à la première lecture. Le scénario se lit pourtant facilement, porté par des personnages solides et attachants, même s’ils assument pleinement leur dimension très archétypale. Cette galerie de figures fonctionne bien dans l’univers proposé, mais renforce aussi une impression de classicisme parfois un peu distant. L’ensemble donne le sentiment d’une œuvre à plusieurs niveaux, probablement conçue pour être relue afin d’en révéler toute la subtilité. Graphiquement, le dessin est précis, expressif et souvent très amusant. Le trait caricatural est parfaitement maîtrisé et totalement cohérent avec le ton de la série, même s’il ne correspond pas entièrement à mes goûts personnels. L’univers est riche, foisonnant, et le dessin joue un rôle central pour stimuler l’imaginaire du lecteur.

19/12/2025 (modifier)
Couverture de la série La Dernière CroiZAD
La Dernière CroiZAD

Il ne faut pas chercher ici le réalisme et/ou la critique sociale et politique autour des conflits sociaux ayant donné lieu à la constitution de ZAD, avec une violence policière pour les démanteler – comme a pu le traiter Pignocchi dans La Recomposition des mondes par exemple. Non, s’il y a bien en arrière-plan un conflit et une sorte de mini « ZAD », ça reste du début à la fin trop caricatural, voire loufoque (voir les jets de ruches sur les CRS par exemple) pour être pris au sérieux. Je craignais d’ailleurs que la caricature ne soit trop poussée au départ, avec ce vieux noble péteux et snob, exprimant ses préjugés à coup d’imparfait du subjonctif. Mais finalement Pelaez trouve un certain équilibre, et ne force plus trop le trait par la suite. Reste qu’on est ici dans du feel good où le divertissement prend le pas sur l’aspect politique et social. L’humour gentillet et le casting caricatural se laissant apprivoiser, malgré quelques facilités (autour des enfants du couple de la Haute, mais aussi avec ce happy-end téléphoné), pour une lecture d’emprunt qui passe finalement. Note réelle 2,5/5.

19/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Conquêtes
Conquêtes

Excellente série de science-fiction d’anticipation, construite sur des récits indépendants par tome, chacun explorant une planète, un contexte et une problématique spécifique. Malgré une structure habituellement peu propice à l’attachement, la série parvient ici à créer une vraie implication grâce à un bon équilibre entre univers, enjeux et caractérisation des personnages. Chaque récit fonctionne de manière autonome tout en donnant envie de poursuivre la découverte de l’univers global. Le scénario privilégie des thématiques classiques mais solides de la SF (colonisation, rapport à l’altérité, manipulation politique, responsabilité humaine), traitées avec suffisamment de nuance pour éviter la simple mécanique. Le lien entre l’environnement planétaire et la trajectoire des personnages est particulièrement bien exploité, ce qui donne une cohérence interne forte à chaque album. Graphiquement, le dessin réaliste est très maîtrisé et constant, avec une mise en scène lisible et efficace.

19/12/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 4/5
Couverture de la série La Croisière des Oubliés
La Croisière des Oubliés

Du Bilal presque à son sommet, qui est à mon avis Partie de chasse. Et en plus, c'est une bd facile et qui fait du bien. Le dessin et la couleur sont très lisibles quoique le style Bilal soit là, et bien là, les constructions ne s'effritent pas trop en secrète ruine, et le visage des personnages n'est pas ravagé par l'exercice du pouvoir. En plus, nous sommes et dans la ruralité, savoir le village, et dans la croisière, il vole ! Tant qu'à dire que le propos politique est trop appuyé, il est des bd bien plus démonstratives qu'on ne critique pas pour si peu, alors… Et sinon, on ne fait pas que comprendre les personnages, on s'attache à eux, et ça finit bien. Alors que demande le peuple ?

19/12/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 2/5
Couverture de la série Blanche Neige (Ankama)
Blanche Neige (Ankama)

Je crois bien, après avoir réfléchi à cette lecture, que la BD a raté quelque chose. Et c'est dommage, il y avait une possibilité pour faire quelque chose d'unique avec ce conte. Blanche-neige est probablement l'un des contes allemand les plus connus aujourd’hui, notamment par son adaptation de Disney. Depuis, elle a été reprise en multiples genres, de la fantasy à l'humour, avec une adaptation ici en pleine high-fantasy, avec peuples différents, armures et combats, pose badass et magie. Une reprise classique, en définitive, reprenant les points du conte avec quelques modifications et qui finit sur une résolution qui m'a paru rapide puisque la fin de la BD est un énorme cahier graphique, sympathique au demeurant. Mais lorsque je dis que la BD rate quelque chose, c'est qu'elle abordait quelques thématiques qui m'ont parue génial mais qui ne sont en fin de compte jamais traité. Ici, la méchante reine utilise son règne pour retenir l'eau des neiges depuis la montagne et obliger tout le monde à subir son règne sans quoi elle assoiffe le monde, dessèche la forêt et laisse mourir les peuples. Et pendant un long moment du récit, j'attendais la métaphore sur le changement climatique, les guerres de l'eau, les guerres de ressources, la métaphore de Blanche-Neige qui peut faire tomber la neige et revenir l'eau ailleurs ... Sauf que rien de tout ça ne sert le récit, si ce n'est un barrage qui apparait dans le récit. Et qui ne sert pratiquement à rien d'ailleurs. Et c'est ce qui est dommage, c'est que là se trouve tout ce que la BD aurait du être : dépasser le conte, s'en servir pour parler d'autre chose, d'avoir une trame de conte déjà revue pour aller plus loin. Sauf que finalement tout est retombé à plat, et je pense que c'est presque pire d'avoir vu cette idée qui n'est finalement jamais exploitée. De fait, c'est frustrant, et je ne peux pas vraiment recommander cette lecture !

19/12/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
Couverture de la série Jardins sucrés
Jardins sucrés

J'hésite un peu pour ma note, mais c'est clairement entre le très bon et le bon. Lewis Trondheim a l'art de faire les choses de façon juste différente pour que l'on soit étonné, et cette BD en est l'exemple parfait. L'album n'est qu'une longue suite de gags en quatre cases, mais où la thématique des enfants et des doudous est traité de façon originale. Chaque protagoniste a une façon d'y être lié, et l'ensemble résonne à la fois comme des gamins jouant avec leurs jouets dans un monde qu'ils imaginent, mais aussi comme un vrai monde à part où les enfants et leurs doudous prennent vie. Une sorte de fantasme de tout gosse, très bien rendu ici. En fait, ça m'évoque un peu Calvin et Hobbes, entre la réalité et le jeu d'enfant. Dans cette métaphore, donc, Trondheim parle de gamins qui s'amusent, explorent, jouent, font leurs devoirs et doivent aller au lit à cause de la babysitter. C'est rigolo, pas toujours hilarant mais avec un décalage qui met toujours en joie. Le panda et son flegme, la jeune fille pétillante, le petit garçon intéressé par la guerre, l'ado qui tente de s'enfuir de ce monde pour grandir mais aime y retourner ... Ce sont des personnages simples mais rigolos, dont les interactions ont le charme de leur simplicité. J'ai pas ri aux éclats, mais j'ai souri tout du long et j'ai fermé l'album avec un sentiment de satisfaction. Une très bonne BD jeunesse donc, qui fera plaisir aussi aux plus grands. Le genre de petit album qui se garde facilement de côté pour une petite relecture de temps en temps.

19/12/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 2/5
Couverture de la série Le Chalet bleu
Le Chalet bleu

Servais fait du Servais, ce qui est la meilleure façon de présenter cet album. Le monsieur n'en est plus à son coup d'essai, et je dois dire que les défauts et qualités de son œuvre semblent revenir de plus en plus, au point de me donner une impression de redondance dans les critiques. Déjà, j'admire toujours autant le dessin. C'est beau, très beau, magnifique dans la représentation des décors et des animaux. Servais sait s'y prendre pour magnifier la nature, ce que je j'apprécie, et il sait également poser son récit, construire les cases qui reposent l’œil et temporisent, sans jamais paraitre chiant non plus. C'est un auteur qui a un talent indéniable dans la construction et la pagination, ce que je ne peux que constater une fois de plus. Là où le bat blesse à nouveau, c'est dans le récit. J'ai lu en introduction qu'il avait relu Bruno Bettelheim avant son écriture, et je trouve que ça se sent. C'est malheureusement un récit construit sur les thèses du monsieur, pas toujours très juste et surinterprétant des faits sociaux (dans la BD on parle de la représentation du serpent notamment), tout en proposant une lecture des histoires qu'on se raconte ou de la façon dont notre vie s'y retrouve. J'ai vite tiqué parce que j'ai eu l'occasion de voir certaines de ces idées démontées, mais disons que ce n'est pas le pire. Beaucoup de gens n'y verront rien à redire, et c'est anecdotique dans le récit. Non, le souci c'est plus que l'histoire est assez peu passionnante. C'est un récit opposant encore une fois la société humaine et la nature, avec un appel à la nature clairement établi dans le récit (un procédé rhétorique pas très habile). On oppose une jeune femme et des petits garçons, eux violent, elle douce et compréhensive. Déjà j'aime pas cette image sexiste au possible, d'autant que Servais à une certaine propension à dénuder ses femmes contrairement aux hommes. De plus cette image de la femme dans les bois, savante, proche de la nature, j'en ai soupé dans la reprise ad nauseam du mythe de la sorcière dans la littérature contemporaine. Et je trouve que cette représentation fait réellement sexiste. Les hommes sont donc condamnés à être représentés comme violent, lâche, surprotecteur de leurs enfants ? Ou est la place pour la nuance là-dedans ? Maintenant, cette BD plait -et plaira- à ceux qui aiment Servais. Parce qu'on y retrouve ses thèmes et obsessions, qu'il joue de cette esthétique pour des thématiques proche du new-age, d'un retour à la connexion avec la nature, d'une vie plus simple et harmonieuse. Pour moi ça flirte dangereusement avec l'isolation sociale, mais c'est le style qui veut ça, dira-t-on. En fait, en finissant ma lecture, je me suis surtout demandé : vu son trait, son univers, ses thématiques, son ton ... Pourquoi Servais n'a-t-il encore jamais travaillé avec Pierre Dubois ?

19/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Ma vie posthume
Ma vie posthume

L’intrigue d’Hubert est originale dans son point de départ, il arrive facilement à nous faire accepter une incongruité. A savoir qu’une vieille dame (puis d’autres personnes) puissent continuer à vire, mortes parmi les vivants. Hubert développe ensuite son histoire autour de la vie de cette dame (que l’on découvre via des flash-backs), en introduisant peu à peu un côté polar un peu loufoque. La narration est agréable et aérée, et, comme souvent, son compère Zanzim l’accompagne avec un dessin moderne et lui aussi agréable, simple. La fin est un peu expédiée et sans doute trop « facile ». Petit hasard me concernant, j’ai lu ces deux albums juste après Bon voyage ?, et l’idée de finir sur une île déserte oubliée de tous semble avoir fait des émules… Un diptyque sympathique (je l’ai lu dans l’intégrale). Sans doute pas ce qu’Hubert a fait de mieux, mais la lecture est plaisante.

19/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Réseaux sociaux et nos ados
Les Réseaux sociaux et nos ados

Je précise que je ne suis pas adepte de ces réseaux (n’ayant été que sur What’s App, jamais sur les autres – même si je les connais un peu). Même si je ne suis pas toujours d’accord avec l’auteur (je suis moins enthousiaste que lui par rapport à ces nouvelles technologies et préfère toujours avoir affaire à des êtres vivants et avoir un bouquin en mains), et si certains tics peuvent agacer (la narration est un peu « contaminée » par ces réseaux sociaux, avec un rythme un peu saccadé, et un « zapping » relatif), j’ai trouvé cette lecture intéressante, et recommandable. L’auteur dialogue ici avec sa « fille » d’une vingtaine d’années (je ne sais pas si c’est un personnage fictif – peu importe d’ailleurs !) et nous présente l’historique du développement des réseaux sociaux, mais aussi les pièges qu’ils nous tendent, leurs « techniques commerciales » agressives. Et surtout ses recommandations pour s’en protéger sont plutôt sensées et à suivre. Et ces recommandations sont aussi bien exposées, c’est didactique et agréable à lire (le dessin, assez simple et centré sur les personnages – l’auteur et sa fille essentiellement – est lui aussi simple, agréable et efficace). Un petit ouvrage à lire, alors que ces réseaux sociaux ont tendance à phagocyter nos vies. L’achat par des CDI ne serait pas inutile.

19/12/2025 (modifier)