Si je suis d’accord avec Spooky pour regretter que soient un peu évacués tous les soucis/risques administratifs, les emmerdes liées aux pillards, à la guerre, etc, je le regrette sans doute moins que lui. Surtout, je trouve que le côté presque « feel good » n’est pas désagréable, et permet de s’intéresser plaisamment à ce métier pas forcément si connu que ça.
Deux choses m’ont globalement plu dans cet album. D’abord nous suivons tout du long, sur une longue période et sur plusieurs lieux de fouilles différents, l’étude de restes d’énigmatiques constructions, surnommées des « kites ». Nous suivons plusieurs équipes, l’évolution de leurs hypothèses et, peu à peu, les explications.
Mais ça n’est jamais ennuyeux, on ne reste pas dans le scientifique pur. C’est très bien expliqué – y compris les hypothèses a priori farfelues. Mais surtout la narration est vraiment agréable, rythmée, jouant sur humour et auto dérision.
Le dessin, moderne et dynamique lui aussi, accompagne bien ce récit, qui pourra intéresser au-delà des amateurs d’archéologie – alors même que le sujet ici n’est pas forcément affriolant.
Note réelle 3,5/5.
J’ai emprunté ce manga uniquement pour le nom de Machiavel et pour voir ce qu’une adaptation de son « Prince » pouvait donner. Car la lecture de ce livre m’avait marqué lorsque je l’avais découvert – il y a bien longtemps maintenant.
En fait, c’est un mixe d’une adaptation du texte et de la vie de son auteur. Pourquoi pas ? Mais cela penche quand même davantage vers la biographie de l’auteur – du moins d’une partie de sa vie – que vers une adaptation du texte, même s’il est souvent cité, et si sont rappelés quelques épisodes ou rencontres l’ayant inspiré.
L’ensemble se laisse lire (globalement le contexte de Florence et sa région est bien retranscrit), mais l’album m’a laissé sur ma faim. D’abord parce que a priori je ne suis pas fan de manga, et que certaines façons d’exprimer les émotions ne me conviennent pas, avec des bouches souvent plus qu’ouvertes (idem pour tous les traits de visages effacés). Cet aspect a sans doute beaucoup joué sur mon ressenti mitigé.
Ensuite parce que l’aspect purement historique et politique n’est ici pas follement dynamique au niveau narratif.
Note réelle 2,5/5.
Une série tout public, mais qui clairement lorgne surtout vers les plus jeunes je pense.
En tout cas le talentueux touche-à-tout Trondheim nous propose quelque chose de frais et dynamique, pas prise de tête. Un humour gentil mais pas gentillet, autour de Suzie, une gamine à grosse tignasse (tellement grosse qu’elle abrite une chauve-souris !).
Suzie est espiègle, pleine de vie (son côté naturel, parfois sans filtre, lui vaut quelques petits problèmes à l’école…), et Trondheim lui a transféré une partie de son imagination, pour des (més)aventures du quotidien, où le fantastique s’invite (voir les bestioles des bois alentours). Pour dynamiser un ensemble fortement centré sur Suzie, quelques personnages secondaires eux aussi décalés s’invitent régulièrement – à commencer par un garçon « spécial », ou un professeur d’arts martiaux hors norme.
Au fur et à mesure des albums, le dessin de Bianco s’affine un peu, mais il est d’emblée simple, efficace, et plutôt chouette.
Si les échanges entre Suzie et sa chauve-souris rappellent un peu « Calvin et Hobbes », les dialogues sont quand même moins « percutants » et « philosophiques », et la série de Watterson est plus ambitieuse et réussie. Mais bon, oublions ces comparaisons, « Zizi » reste une lecture plaisante.
Cette BD évoque inévitablement l'excellent album Le Monde sans fin. Dans les deux cas, un ingénieur conférencier s'associe à un dessinateur pour dresser un état des lieux du monde en matière de ressources et d'environnement, en exposant réalités et perspectives. Mais là où Jancovici et Blain se concentraient sur la question énergétique, Philippe Bihouix et Vincent Perriot élargissent le propos à l'ensemble des ressources, en particulier les minerais. Car, de la même manière que le pétrole n'est pas infini, les métaux et terres rares sont eux aussi limités, et leur exploitation finira forcément par atteindre une limite peu compatible avec la croissance démographique, l'expansion économique et encore moins les ambitions démesurées des milliardaires de la Tech.
Si je reste plus sensible au génie graphique et narratif de Christophe Blain, Vincent Perriot signe ici un travail remarquable. Sa mise en scène rend le propos vivant et imagé, en transformant les explications en véritables voyages spatio-temporels. Son style, proche de sa série Negalyod, alterne entre grands espaces, visions futuristes peuplées de dinosaures ou de gadgets geeks, et paysages plus réalistes de notre monde actuel. Cette fantaisie visuelle dynamise un contenu pourtant très sérieux et en rend la lecture d'autant plus plaisante.
Côté fond, le discours de Philippe Bihouix se révèle clair et bien structuré, avec une progression qui facilite la compréhension. Quelques passages sont alourdis par des citations de philosophes ou de scientifiques, un peu moins digestes, mais l'ensemble reste fluide et instructif. Très bien documenté, il aborde des sujets très vastes avec une foule d'exemples et d'images à l'appui. Évidemment, le constat fait froid dans le dos : l'âge d'or dans lequel nous vivons ressemble à une parenthèse fragile et largement fondée sur le gaspillage. L'avenir qu'il esquisse inquiète pour les générations à venir, même si les pistes de solutions présentées en fin d'album apportent un peu d'espoir.
C'est donc une BD documentaire solide, imaginative dans sa forme et percutante dans son contenu, qui, sans égaler le brio du Monde sans fin, s'impose comme une lecture marquante et salutaire.
C'est la seconde belle collaboration entre Pratt et Manara que j'ai lue. Si les deux auteurs sont à louer, je trouve tout de même que le scénario de Pratt est un atout majeur et cadre parfaitement avec l'érotisme de Manara. Comme le souligne Présence dans son avis, la sensibilité du lecteur fera pencher la préférence vers l'histoire sentimentale et son érotisme ou vers l'intérêt historique du récit. J'avais d'ailleurs gardé la partie sensuelle en mémoire de ma lecture de jeunesse. Aujourd'hui j'ai redécouvert la série avec un goût bien plus marqué pour cette partie historique peu connue en France malgré son importance dans l'histoire sud américaine. Même si Pratt ne fouille pas avant dans le contexte historique de cet événement (guerres napoléoniennes, idées des Lumières, conflit irlandais, affirmation de l'identité créole, démission du vice roi (1810) pour aboutir à l'indépendance), son récit est une ouverture à comprendre comment un fait historique assez banal peut avoir des conséquences politiques importantes.
Le partage du travail entre les deux grands artistes est savamment équilibré. Manara introduisant sa patte sensuelle qui, paradoxalement, va dramatiser le récit bien plus que la bataille de Buenos Aires. Comme à l'accoutumé le trait reste fin, élégant et très expressif. Les décors des navires, des uniformes, de la mangrove ou de la ville sont d'un travail de grande précision. Ce graphisme nous immerge dans cette ambiance où une femme quelque soit son rang n'était pas à l'abri de la lâcheté des hommes.
Une très belle lecture adulte à redécouvrir.
J'ai apprécié cette lecture agréable et fraiche. Je ne pense pas que Cyril Bonin cherchait à réinventer le genre du triangle amoureux mais plutôt à rendre un bel hommage au cinéma des années 60. En effet les allusions ou parallèles au "Jules et Jim" de François Truffaut sont nombreux. Cela permet de construire trois personnages très crédibles dans leur parcours de brillants étudiants qui se retrouvent dans la culture Haut de gamme. La modernisation du thème propose une interrogation plus actuelle sur le progrès issu de la Science. Ce qui est vrai pour les nanoparticules ( très tendances il y a quelques années) pourrait l'être sur l'IA. L'auteur est d'ailleurs presque à accoupler les sujets via le lien numérique entre les deux problématiques. Le titre de l'ouvrage invite d'ailleurs à réfléchir à l'espace entre ces deux époques qui pour beaucoup de lecteurs sont dans un presque maintenant tant le temps s'est contracté.
Graphiquement j'ai adoré la couverture à la fois explicite à première vue et interrogative dans le détail médical. Ensuite j'ai pris plaisir à être avec les trois personnages tant je les ai trouvé attachants et crédibles dans les expressions et leurs comportements. Une belle et chaude mise en couleur complète le plaisir de lecture.
Une lecture détente rapide et intelligente comme un petit dessert.
A partir d'une anecdote avérée, tout droit issue d'un manque de bon sens incroyable, Bertrand Galic construit un road trip à l'allure de réquisitoire de la vie dans l'Ouest Américain au début du XXème siècle. L'anecdote est en effet, suffisamment ridicule pour être le point de départ d'un récit. Ainsi certains enfants furent assimilés à des colis et confiés au bon soin de la poste par leurs parents, si ils ne dépassaient pas 23 kg! C'est tellement absurde et ridicule que l'on aurait pu tirer un ressort comique à cette situation. Les auteurs choisissent un autre angle en dramatisant à l'excès le récit et en l'incluant dans une réalité parfois sordide. Il s'en suit une sorte de compilation de situations navrantes( racisme, faux prophètes, erreur judiciaire, mauvais traitement familial, message anti-viande…) mais traitées de façons assez sommaires et trop rapidement.
De plus je trouve que le graphisme assez soft de Vidal colle assez mal avec cette violence que veut traduire la narration et qui atteint son paroxysme dans un final déroutant.
A mes yeux une lecture qui a du mal à se positionner sur le thème d'origine. Un petit 3
2.5
Une série qui pour moi a été au final une déception.
J'ai commencé à lire cette série sans savoir c'était quoi le scénario. Au vu du titre et le fait que le scénariste a déjà écrit des histoires d'horreurs, j'ai cru tout d'abord que ça serait un récit d'horreur avec une prémice déjà vu où un groupe se retrouve bloqué du reste du monde au bord d'un lac et est victime d'un tueur en série ou d'une menace paranormale (fantômes, sorcières, démons, etc). J'ai été bien surpris lorsque le scénario tombe dans de la science-fiction et quel était le vrai but de réunir tous ces gens dans cette maison au bord d'un lac. Tout n'était pas parfait, avec autant de personnages c'est un peu dur au début de se rappeler qui est qui et ce qui n'aide pas est la colorisation sombre qui ne rend pas très claires plusieures cases.
Pendant un moment, j'avais bien envie de lire la suite et puis petit à petit mon enthousiasme est parti durant la lecture de second tome. On a droit à des pages et des pages qui mettent en avant chaque personnage et leurs histoires personnelles avec le mystérieux Walter. C'est bien de développer les protagonistes, mais j'ai eu l'impression qu'il y avait des longueurs et de la répétition. Les nombreux flashbacks m'auraient surement moins dérangés si dans les scènes du présent l'intrigue avançait, mais ce n'est pas le cas. On fait du surplace et on tourne en rond tellement longtemps que j'avais pratiquement plus grand chose à foutre lorsqu'il y a enfin de l'action. Les dernières pages m'ont tout de même donné envie de lire la suite, mais je viens de lire le résumé de la suite et j'ai vu que ça met en scène d'autres personnages et cela ne m'intéresse pas trop. Je pense que le scénariste a écrit une histoire complexe qui va durer quelques cycles avec pleins de personnages, mais ça sera sans moi.
Je serais moins enthousiaste que l'avis précédant.
Le récit utilise comme co-vedette le personnage historique de Yasuke qui était un samouraï noir dont on sait peu de choses. Les auteurs imaginent sa vie après qu'on perd sa trace et qu'il commence à être vieux. Le résultat est à mes yeux correct sans plus. Oui, l dessin est très beau, mais le scénario m'a semblé moyen.
À la décharge des auteurs, je ne suis pas un gros fan d'histoires de samouraïs alors peut-être que ça va plus plaire aux fans du genre vu qu'on retrouve plusieurs éléments récurrents de ce type de récit avec notamment l'honneur des samouraïs et de la vengeance. Le scénario possède des bons moments, mais ce n'est pas assez pour rendre la lecture passionnante et de plus le comportement des personnages, en particulier l'héroïne qui donne son nom au titre est un peu difficile à comprendre.
À emprunter à la bibliothèque.
Tome 2 sorti 05/09. Je n'ai pas été déçu. La série prend son allure de croisière et le résultat est correct. Reste maintenant à confirmer avec le tome 3, déjà annoncé en fin de l'album. Pourvu que les ventes suivent, car cette série pourrait devenir une bonne surprise annuelle.
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Sur les traces des archéologues
Si je suis d’accord avec Spooky pour regretter que soient un peu évacués tous les soucis/risques administratifs, les emmerdes liées aux pillards, à la guerre, etc, je le regrette sans doute moins que lui. Surtout, je trouve que le côté presque « feel good » n’est pas désagréable, et permet de s’intéresser plaisamment à ce métier pas forcément si connu que ça. Deux choses m’ont globalement plu dans cet album. D’abord nous suivons tout du long, sur une longue période et sur plusieurs lieux de fouilles différents, l’étude de restes d’énigmatiques constructions, surnommées des « kites ». Nous suivons plusieurs équipes, l’évolution de leurs hypothèses et, peu à peu, les explications. Mais ça n’est jamais ennuyeux, on ne reste pas dans le scientifique pur. C’est très bien expliqué – y compris les hypothèses a priori farfelues. Mais surtout la narration est vraiment agréable, rythmée, jouant sur humour et auto dérision. Le dessin, moderne et dynamique lui aussi, accompagne bien ce récit, qui pourra intéresser au-delà des amateurs d’archéologie – alors même que le sujet ici n’est pas forcément affriolant. Note réelle 3,5/5.
Le Prince (KuroSavoir)
J’ai emprunté ce manga uniquement pour le nom de Machiavel et pour voir ce qu’une adaptation de son « Prince » pouvait donner. Car la lecture de ce livre m’avait marqué lorsque je l’avais découvert – il y a bien longtemps maintenant. En fait, c’est un mixe d’une adaptation du texte et de la vie de son auteur. Pourquoi pas ? Mais cela penche quand même davantage vers la biographie de l’auteur – du moins d’une partie de sa vie – que vers une adaptation du texte, même s’il est souvent cité, et si sont rappelés quelques épisodes ou rencontres l’ayant inspiré. L’ensemble se laisse lire (globalement le contexte de Florence et sa région est bien retranscrit), mais l’album m’a laissé sur ma faim. D’abord parce que a priori je ne suis pas fan de manga, et que certaines façons d’exprimer les émotions ne me conviennent pas, avec des bouches souvent plus qu’ouvertes (idem pour tous les traits de visages effacés). Cet aspect a sans doute beaucoup joué sur mon ressenti mitigé. Ensuite parce que l’aspect purement historique et politique n’est ici pas follement dynamique au niveau narratif. Note réelle 2,5/5.
Zizi chauve-souris
Une série tout public, mais qui clairement lorgne surtout vers les plus jeunes je pense. En tout cas le talentueux touche-à-tout Trondheim nous propose quelque chose de frais et dynamique, pas prise de tête. Un humour gentil mais pas gentillet, autour de Suzie, une gamine à grosse tignasse (tellement grosse qu’elle abrite une chauve-souris !). Suzie est espiègle, pleine de vie (son côté naturel, parfois sans filtre, lui vaut quelques petits problèmes à l’école…), et Trondheim lui a transféré une partie de son imagination, pour des (més)aventures du quotidien, où le fantastique s’invite (voir les bestioles des bois alentours). Pour dynamiser un ensemble fortement centré sur Suzie, quelques personnages secondaires eux aussi décalés s’invitent régulièrement – à commencer par un garçon « spécial », ou un professeur d’arts martiaux hors norme. Au fur et à mesure des albums, le dessin de Bianco s’affine un peu, mais il est d’emblée simple, efficace, et plutôt chouette. Si les échanges entre Suzie et sa chauve-souris rappellent un peu « Calvin et Hobbes », les dialogues sont quand même moins « percutants » et « philosophiques », et la série de Watterson est plus ambitieuse et réussie. Mais bon, oublions ces comparaisons, « Zizi » reste une lecture plaisante.
Ressources - Un défi pour l'humanité
Cette BD évoque inévitablement l'excellent album Le Monde sans fin. Dans les deux cas, un ingénieur conférencier s'associe à un dessinateur pour dresser un état des lieux du monde en matière de ressources et d'environnement, en exposant réalités et perspectives. Mais là où Jancovici et Blain se concentraient sur la question énergétique, Philippe Bihouix et Vincent Perriot élargissent le propos à l'ensemble des ressources, en particulier les minerais. Car, de la même manière que le pétrole n'est pas infini, les métaux et terres rares sont eux aussi limités, et leur exploitation finira forcément par atteindre une limite peu compatible avec la croissance démographique, l'expansion économique et encore moins les ambitions démesurées des milliardaires de la Tech. Si je reste plus sensible au génie graphique et narratif de Christophe Blain, Vincent Perriot signe ici un travail remarquable. Sa mise en scène rend le propos vivant et imagé, en transformant les explications en véritables voyages spatio-temporels. Son style, proche de sa série Negalyod, alterne entre grands espaces, visions futuristes peuplées de dinosaures ou de gadgets geeks, et paysages plus réalistes de notre monde actuel. Cette fantaisie visuelle dynamise un contenu pourtant très sérieux et en rend la lecture d'autant plus plaisante. Côté fond, le discours de Philippe Bihouix se révèle clair et bien structuré, avec une progression qui facilite la compréhension. Quelques passages sont alourdis par des citations de philosophes ou de scientifiques, un peu moins digestes, mais l'ensemble reste fluide et instructif. Très bien documenté, il aborde des sujets très vastes avec une foule d'exemples et d'images à l'appui. Évidemment, le constat fait froid dans le dos : l'âge d'or dans lequel nous vivons ressemble à une parenthèse fragile et largement fondée sur le gaspillage. L'avenir qu'il esquisse inquiète pour les générations à venir, même si les pistes de solutions présentées en fin d'album apportent un peu d'espoir. C'est donc une BD documentaire solide, imaginative dans sa forme et percutante dans son contenu, qui, sans égaler le brio du Monde sans fin, s'impose comme une lecture marquante et salutaire.
El Gaucho
C'est la seconde belle collaboration entre Pratt et Manara que j'ai lue. Si les deux auteurs sont à louer, je trouve tout de même que le scénario de Pratt est un atout majeur et cadre parfaitement avec l'érotisme de Manara. Comme le souligne Présence dans son avis, la sensibilité du lecteur fera pencher la préférence vers l'histoire sentimentale et son érotisme ou vers l'intérêt historique du récit. J'avais d'ailleurs gardé la partie sensuelle en mémoire de ma lecture de jeunesse. Aujourd'hui j'ai redécouvert la série avec un goût bien plus marqué pour cette partie historique peu connue en France malgré son importance dans l'histoire sud américaine. Même si Pratt ne fouille pas avant dans le contexte historique de cet événement (guerres napoléoniennes, idées des Lumières, conflit irlandais, affirmation de l'identité créole, démission du vice roi (1810) pour aboutir à l'indépendance), son récit est une ouverture à comprendre comment un fait historique assez banal peut avoir des conséquences politiques importantes. Le partage du travail entre les deux grands artistes est savamment équilibré. Manara introduisant sa patte sensuelle qui, paradoxalement, va dramatiser le récit bien plus que la bataille de Buenos Aires. Comme à l'accoutumé le trait reste fin, élégant et très expressif. Les décors des navires, des uniformes, de la mangrove ou de la ville sont d'un travail de grande précision. Ce graphisme nous immerge dans cette ambiance où une femme quelque soit son rang n'était pas à l'abri de la lâcheté des hommes. Une très belle lecture adulte à redécouvrir.
Presque maintenant
J'ai apprécié cette lecture agréable et fraiche. Je ne pense pas que Cyril Bonin cherchait à réinventer le genre du triangle amoureux mais plutôt à rendre un bel hommage au cinéma des années 60. En effet les allusions ou parallèles au "Jules et Jim" de François Truffaut sont nombreux. Cela permet de construire trois personnages très crédibles dans leur parcours de brillants étudiants qui se retrouvent dans la culture Haut de gamme. La modernisation du thème propose une interrogation plus actuelle sur le progrès issu de la Science. Ce qui est vrai pour les nanoparticules ( très tendances il y a quelques années) pourrait l'être sur l'IA. L'auteur est d'ailleurs presque à accoupler les sujets via le lien numérique entre les deux problématiques. Le titre de l'ouvrage invite d'ailleurs à réfléchir à l'espace entre ces deux époques qui pour beaucoup de lecteurs sont dans un presque maintenant tant le temps s'est contracté. Graphiquement j'ai adoré la couverture à la fois explicite à première vue et interrogative dans le détail médical. Ensuite j'ai pris plaisir à être avec les trois personnages tant je les ai trouvé attachants et crédibles dans les expressions et leurs comportements. Une belle et chaude mise en couleur complète le plaisir de lecture. Une lecture détente rapide et intelligente comme un petit dessert.
La Petite Fille et le Postman
A partir d'une anecdote avérée, tout droit issue d'un manque de bon sens incroyable, Bertrand Galic construit un road trip à l'allure de réquisitoire de la vie dans l'Ouest Américain au début du XXème siècle. L'anecdote est en effet, suffisamment ridicule pour être le point de départ d'un récit. Ainsi certains enfants furent assimilés à des colis et confiés au bon soin de la poste par leurs parents, si ils ne dépassaient pas 23 kg! C'est tellement absurde et ridicule que l'on aurait pu tirer un ressort comique à cette situation. Les auteurs choisissent un autre angle en dramatisant à l'excès le récit et en l'incluant dans une réalité parfois sordide. Il s'en suit une sorte de compilation de situations navrantes( racisme, faux prophètes, erreur judiciaire, mauvais traitement familial, message anti-viande…) mais traitées de façons assez sommaires et trop rapidement. De plus je trouve que le graphisme assez soft de Vidal colle assez mal avec cette violence que veut traduire la narration et qui atteint son paroxysme dans un final déroutant. A mes yeux une lecture qui a du mal à se positionner sur le thème d'origine. Un petit 3
The Nice House on the lake
2.5 Une série qui pour moi a été au final une déception. J'ai commencé à lire cette série sans savoir c'était quoi le scénario. Au vu du titre et le fait que le scénariste a déjà écrit des histoires d'horreurs, j'ai cru tout d'abord que ça serait un récit d'horreur avec une prémice déjà vu où un groupe se retrouve bloqué du reste du monde au bord d'un lac et est victime d'un tueur en série ou d'une menace paranormale (fantômes, sorcières, démons, etc). J'ai été bien surpris lorsque le scénario tombe dans de la science-fiction et quel était le vrai but de réunir tous ces gens dans cette maison au bord d'un lac. Tout n'était pas parfait, avec autant de personnages c'est un peu dur au début de se rappeler qui est qui et ce qui n'aide pas est la colorisation sombre qui ne rend pas très claires plusieures cases. Pendant un moment, j'avais bien envie de lire la suite et puis petit à petit mon enthousiasme est parti durant la lecture de second tome. On a droit à des pages et des pages qui mettent en avant chaque personnage et leurs histoires personnelles avec le mystérieux Walter. C'est bien de développer les protagonistes, mais j'ai eu l'impression qu'il y avait des longueurs et de la répétition. Les nombreux flashbacks m'auraient surement moins dérangés si dans les scènes du présent l'intrigue avançait, mais ce n'est pas le cas. On fait du surplace et on tourne en rond tellement longtemps que j'avais pratiquement plus grand chose à foutre lorsqu'il y a enfin de l'action. Les dernières pages m'ont tout de même donné envie de lire la suite, mais je viens de lire le résumé de la suite et j'ai vu que ça met en scène d'autres personnages et cela ne m'intéresse pas trop. Je pense que le scénariste a écrit une histoire complexe qui va durer quelques cycles avec pleins de personnages, mais ça sera sans moi.
Hitomi
Je serais moins enthousiaste que l'avis précédant. Le récit utilise comme co-vedette le personnage historique de Yasuke qui était un samouraï noir dont on sait peu de choses. Les auteurs imaginent sa vie après qu'on perd sa trace et qu'il commence à être vieux. Le résultat est à mes yeux correct sans plus. Oui, l dessin est très beau, mais le scénario m'a semblé moyen. À la décharge des auteurs, je ne suis pas un gros fan d'histoires de samouraïs alors peut-être que ça va plus plaire aux fans du genre vu qu'on retrouve plusieurs éléments récurrents de ce type de récit avec notamment l'honneur des samouraïs et de la vengeance. Le scénario possède des bons moments, mais ce n'est pas assez pour rendre la lecture passionnante et de plus le comportement des personnages, en particulier l'héroïne qui donne son nom au titre est un peu difficile à comprendre. À emprunter à la bibliothèque.
Le Grizzli
Tome 2 sorti 05/09. Je n'ai pas été déçu. La série prend son allure de croisière et le résultat est correct. Reste maintenant à confirmer avec le tome 3, déjà annoncé en fin de l'album. Pourvu que les ventes suivent, car cette série pourrait devenir une bonne surprise annuelle.