Les derniers avis (237 avis)

Par Ro
Note: 2/5
Couverture de la série Les Aventures d'Ultra-Chômeur
Les Aventures d'Ultra-Chômeur

Les Aventures d'Ultra-Chômeur détournent les codes des histoires de super-héros pour proposer une critique du capitalisme financier et de l’Amérique post-crise de 2008. Il transpose des concepts économiques en personnages costumés, avec un dessin plutôt solide, bien ancré dans une tradition comics assumée. Les auteurs avaient aussi visiblement une vraie volonté pédagogique, avec un discours inspiré d’Occupy Wall Street, qui cherche à rendre lisibles des mécanismes économiques complexes. Mais à la lecture, l’ensemble m’a surtout laissé une impression de lourdeur. Outre des passages très verbeux, limite plombant, la mise en scène et l’humour, pourtant central, manquent cruellement de finesse : jeux de mots appuyés, personnifications trop littérales, satire frontale sans nuance. Tout cela parodie des thèmes aujourd’hui ultra-rebattus (finance prédatrice, rêve américain brisé, culpabilisation des pauvres) et le fait souvent de manière simpliste, là où d’autres ouvrages ont déjà abordé ces sujets avec plus d’intelligence et de subtilité. Le message prend systématiquement le pas sur le récit, au point que le scénario se dilue en une succession de saynètes bordéliques et peu surprenantes. Sans parler de quantités de sujets spécifiquement américains et de traductions qui ne parleront pas forcément aux lecteurs francophones. Au final, malgré quelques bonnes idées et un habillage graphique efficace, j’ai trouvé l’album daté et finalement assez mou dans son humour. Une curiosité qui attire l'attention au départ mais dont l’impact critique et comique s’émousse très vite, surtout si l’on a déjà lu mieux sur le même terrain.

15/12/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Le Problème avec les femmes
Le Problème avec les femmes

Le problème avec les femmes, c'est que certaines d'entre elles ont eu la mauvaise idée de vouloir sortir de la sphère domestique, alors même qu'elles n'y sont manifestement pas destinées. Heureusement, les génies (qui sont bien entendu des hommes) l'ont démontré depuis longtemps, et Jacky Fleming se charge ici de nous le rappeler avec un sérieux exemplaire. Son ouvrage s'appuie d'ailleurs largement sur de véritables citations de ces grands penseurs de l'Histoire, ce qui rend l'ensemble d'autant plus édifiant. Comment ne pas se moquer, dès lors, de toutes ces femmes qui ont osé, un jour ou l'autre, se prétendre artistes ou scientifiques, alors que leur volumineuse robe les empêchait déjà d'enfourcher un vélo ou d'approcher un microscope ? Soyons raisonnables. À raison d'un dessin par page accompagné d'un texte brillamment écrit, l'ouvrage passe en revue les grandes pensées mâles à travers les siècles (existe-t-il seulement une pensée femelle ?), et nous expose avec une implacable logique toutes les évidences prouvant qu'une femme n'est ni physiquement ni mentalement apte à accéder au rang du plus insignifiant des hommes (encore faudrait-il admettre qu'un tel homme puisse exister). Tout devient limpide lorsqu'on y réfléchit : les femmes n'ont ni la chevelure ni la barbe des génies, et si l'une d'entre elles tentait malgré tout de s'en rapprocher, sa poitrine se dégonflerait aussitôt et ses futurs enfants (dans l'hypothèse où elle parviendrait encore à trouver un mari) naîtraient inévitablement ratatinés. Quel plaisir de voir ces grandes vérités enfin rappelées au lecteur ! Et quel bonheur de rire devant l'accumulation d'idées aussi absurdes que parfaitement infondées. On pourra regretter un dessin parfois un peu faible (mais toujours supérieur à ce qu'une femme aurait pu produire, compte tenu de la fragilité bien connue de leurs mains, incapables de tenir un crayon plus de quelques instants), ainsi que quelques thèmes légèrement répétitifs ou moins inspirés. Malgré cela, j'ai ri de bon coeur à de nombreux passages tant le texte est finement tourné et redoutablement efficace. C'est donc un ouvrage solidement construit, qui combat avec intelligence cette idée grotesque selon laquelle les femmes pourraient un jour être l'égal de l'homme, en s'appuyant sur une abondance d'exemples historiques et de citations issues de véritables génies. Le résultat suscite rires et adhésion. Ah ah, ce n'est évidemment pas une femme qui aurait pu produire un tel livre.

15/12/2025 (modifier)
Par PatrikGC
Note: 2/5
Couverture de la série Orion
Orion

Les aventures d'Alix en Grèce - pardon - d'Orion en Grèce. C'est très académique, c'est bien dessiné, même si c'est un peu statique. Pour visiter la Grèce antique, c'est un bon guide, à condition de ne pas lire les textes. Le 1er tome est un peu rapide, donnant l'impression que l'auteur invente au fur et à mesure, comme dans le 1er Alix. Pourtant, JM avait de la bouteille quand il a commencé Orion. Le 2ème tome avec les hommes-lions est une catastrophe scénaristique. Je me demande ce que Jacques Martin avait pu consommer ce jour-là, ou bien c'est un défi stupide qu'il s'est lancé. Le 3ème tome me fait me demander si JM n'aurait pas interverti Orion et Keos... Le 4ème tome, je ne l'ai pas lu, mais ça ne me manque pas, car Orion est une BD peu attachante avec un héros encore plus tête à claques qu'Alix. Une fois de plus, il n'est pas bon d'être la petite amie d'un personnage Martinien, oh non ! ---Ajout décembre 2025--- J'ai pu lire le tome 4 (Les oracles), dessiné par Jailloux sur un scénario de Martin. J'aurait tendance à dire que c'est le meilleur du lot aussi bien du point de vue dessin (le 1er est aussi très bien) qu'histoire (le 2ème est le pire). Mis à part quelques bizarreries architecturales, graphiquement, ça tient très bien la route. Idem pour le scénario, malgré quelques facilités comme un éclair qui tombe à pic. Néanmoins, ça m'a bcp fait penser à un Alix de la période des années 60-70.

06/11/2022 (MAJ le 15/12/2025) (modifier)
Couverture de la série Ce que les corbeaux nous laissent
Ce que les corbeaux nous laissent

Pas mauvais. C’est l’histoire d’une mère et de ses deux enfants, d’une vengeance en entraînant une autre, de spectres du passé hantant les protagonistes, de difficultés à aller de l’avant suite à un évènement traumatisant, … Bref, une recette classique qui a fait ses preuves et qui, lorsque bien menée, sait généralement me charmer. Ici, malheureusement, je n’ai pas été véritablement touchée ou impactée pour des raisons que j’aborderais après mais je tenais quand-même à commencer par les qualités de l’album et dire que l’incipit, encore une fois bien que classique, n’est pas inintéressant. Le dessin n’est pas à mon goût, trop "lisse" à mes yeux, pas assez marqué pour pleinement résonner avec moi, mais je reconnais le travail des couleurs d'être un minimum intéressant, surtout en ce qui concerne la dimension ésotérique autour des fantômes et de la "magie". Bon, okay, vous le sentez à mon premier paragraphe, même lorsque j'aborde les qualités je finis irrémédiablement par commencer à pinailler sur des défauts. L’œuvre n'est pas mauvaise, vraiment, mais je ne l'ai pas trouvé excellente pour autant. L'évolution de la psyché des personnages est parfois accélérée en quelques cases, la confrontation finale se termine par de longs discours à cœur ouverts qui m'ont semblés malheureusement bien peu naturels et même un peu trop verbeux (disons qu'il y a des détails qu'il me semble bien étrange à révéler à ce moment précis qui sont échangés), le deuil s'avère finalement bien vite oublié une fois la conclusion passée (comme quoi pas besoin d'en faire tout un plat), les personnages analysent et déconstruisent les biais sociaux typiques de leur époque en deux coup de cuillère à pot et le tout se termine sur un happy ending absolu, ... Bref, la base de l'histoire m'intéresse mais j'ai finalement survolé l'intrigue. La psychologie, les relations entre les personnages, sujet central de ce genre de récits, ce qui m'attire justement dans ces intrigues, ne m'a malheureusement pas convaincue. C'est là, dans le fond, je le constate bien, je vois les moments clés de ce genre d'intrigues, mais les personnages ne m'ayant pas semblé avoir véritablement le temps d'évoluer naturellement dans la gestion de leur trauma je n'ai pas trouvé le résultat concluant. Encore une fois, pas mauvais (oui, je me répète, mais j'adore l'humour de répétition), la lecture ne se fait pas dans la douleur, j'aurais juste apprécier un peu... plus. Plus de corps, plus temps, ... plus quoi ! Pas nécessairement grand chose mais un petit plus de rien du tout ! L’œuvre m'a l'air de viser un public adolescent, je ne lui tiens pas pleinement rigueur sur ses aspects trop lisses, mais j'avoue que peu importe la tranche d'âge ciblée je suis d'avis de tout de même faire preuve de qualité et que les œuvres comme celle-ci, sans être mauvaises, ne sont pas vraiment marquante je trouve.

15/12/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Les Légendaires - Les Chroniques de Darkhell
Les Légendaires - Les Chroniques de Darkhell

Darkhell est le Sorcier Noir, principal antagoniste au début de la série Les Légendaires. Avec cette série dérivée, Patrick Sobral propose un prequel consacré à ses origines, retraçant son parcours depuis un jeune garçon vaillant et un peu rebelle jusqu'au sombre mage qui a bien failli dominer le monde d'Alysia. Le point de départ est simple : Galen, encore enfant, s'empare de l'épée Ténébris, une arme capable de lui offrir un pouvoir immense mais aussi de corrompre son âme s'il en oublie son humanité. Il s'agit clairement d'un prequel pensé avant tout pour les fans, qui joue à la fois sur la découverte d'un passé jusque-là méconnu et sur le plaisir de replonger dans Alysia, cent ans avant les événements de la série principale. Et, à la manière d'un Anakin Skywalker, on se demande comment le jeune Galen deviendra le terrible mage qu'il est censé devenir. Le premier cycle, composé de trois tomes et dessiné par Orpheelin, se situe donc un siècle avant Les Légendaires, alors que Galen est encore enfant. Le second cycle, qui se terminera bientôt en quatre tomes, est illustré par Lowenael et se déroule quelques années plus tard, à l'adolescence du personnage, et vient notamment confirmer une romance dont on devine assez vite qu'elle jouera un rôle clef dans son basculement vers le côté obscur. J'ai préféré le dessin du premier cycle, que je trouve plus mature que celui du second. L'ensemble reste très marqué par une esthétique shonen, dans la continuité graphique de la série principale, avec des couleurs numériques souvent pastel sans être criardes. Le style est efficace et les scènes d'action tiennent globalement bien la route. Le récit est dynamique, riche en action, en humour et en rebondissements, avec un bon sens du rythme et une mise en scène souvent très cinématographique. L'intrigue est accrocheuse, comme dans un bon shonen, et même sans connaître ou maîtriser la série Les Légendaires, on ne se sent pas perdu : les codes restent très classiques. Il est toutefois probable que les fans y trouveront un plaisir supplémentaire, en retrouvant lieux et personnages bien avant l'histoire principale. Les protagonistes fonctionnent dans l'ensemble, même s'ils reposent souvent sur des archétypes connus. La série s'adresse cependant clairement à un public jeune (pré-ados et ados). Même si un lecteur adulte peut y trouver un divertissement honnête, certaines faiblesses m'ont paru un peu trop visibles. Outre des transitions parfois abruptes, plusieurs retournements de situation et d'alliances m'ont semblé assez bancals, voire artificiels. Des antagonistes caricaturalement maléfiques deviennent subitement des alliés œuvrant pour une vision alternative du Bien, des adversaires acharnés comprendront d'un coup leur erreur et s'excuseront platement, tandis que des amis fidèles trahissent sans que leurs changements de convictions soient toujours crédibles. L'ensemble donne parfois l'impression d'un récit cousu de fil blanc, multipliant les péripéties pour impressionner le lecteur au détriment de la cohérence. Les Chroniques de Darkhell reste une série dérivée plutôt convaincante, parfois un peu dense et inégale dans son déroulé, mais portée par une intrigue efficace et un univers généreux. Tout n'est pas irréprochable, notamment ces retournements d'alliances discutables, mais c'est une lecture qui séduira sans aucun doute les amateurs des Légendaires et qui saura divertir correctement les autres.

15/12/2025 (modifier)
Par cac
Note: 3/5
Couverture de la série The Long Tomorrow
The Long Tomorrow

Un recueil d'histoires qui me semble assez mineur dans l'oeuvre de Moebius, un travail plutôt sur ses jeunes années avec des histoires de Métal Hurlant qui manquent un poil de percutant. Disons qu'en quelques pages, on n'a pas le temps de développer une histoire SF bien aboutie. C'est une sorte de court-métrage de ce que sera L'Incal plus tard. On retrouve aussi de l'humour dans ces pages. Le dessin de cette époque reste une référence.

14/12/2025 (modifier)
Par cac
Note: 3/5
Couverture de la série Dernier week-end de janvier
Dernier week-end de janvier

La couverture ne fait pas trop penser à un album de Vivès, très encré, mais on retrouve bien son style de dessin à l'intérieur. C'est une romance qui se passe à Angoulême pendant le festival, fin janvier. Denis Choupin est un auteur qui arrive le jeudi pour une série de dédicaces, il doit repartir en train samedi soir si possible pour les fiançailles de son fils le dimanche. Mais le hasard d'une rencontre avec une femme, médecin de son état et faisant la file pour son mari amateur de bd, va changer la donne et le sortir de sa léthargie. Un coup de foudre du moins pour lui mais semble-t-il réciproque. Au final une histoire qui peut laisser sceptique sur sa crédibilité mais je trouve que cela fonctionne, l'auteur a aussi de bons dialogues. Il arrive à faire monter la relation lentement au fil des jours, cela joue pas mal sur les silences aussi. Une histoire qui fait tout de même plus de 150 pages mais se lit assez rapidement d'une traite.

14/12/2025 (modifier)
Par cac
Note: 3/5
Couverture de la série Kurden People
Kurden People

Voici un récit du peuple kurde à travers la rencontre entre la protagoniste italienne Sonia revenant de vacances depuis la Grèce et un kurde aux yeux bleus. On en profite pour faire un historique de ce peuple réparti sur plusieurs pays, Turquie, Irak etc. On a aussi des petites histoires sur la mythologie. Le dessin est correct, un peu brouillon. Au final cela ne raconte pas grand chose. Un reportage qui ne creuse pas plus que ça selon moi. 2,5/5.

14/12/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
Couverture de la série Mon livre d'heures
Mon livre d'heures

C'est la première oeuvre de Frans Masereel que je lis. Avant de parcourir les quelques avis publiés ici, je ne connaissais absolument pas cet auteur et, à la vue de ses planches, je le pensais moderne, un peu underground mais contemporain. J'ai donc été surpris de découvrir ensuite qu'il avait publié ses oeuvres il y a plus d'un siècle. En observant simplement les images de la galerie, j'avais aussi l'impression d'avoir affaire à de simples recueils de gravures sans réel lien entre elles. La lecture de Mon livre d'heures m'a rassuré sur ce point : ces images racontent bien une histoire, ou du moins s'enchainent de manière cohérente, malgré quelques exceptions. L'enchainement entre certaines planches est en effet parfois très abrupt, donnant l'impression de passer soudainement à tout autre chose. Cela dit, je ne suis pas sensible à ce graphisme en gravures en aplats de noir et blanc. Je n'ai pas apprécié la narration muette, souvent trop vague et pas toujours facile à comprendre, même si le sens général se devine. Ce rythme narratif haché a fini par m'ennuyer. Bref, cette lecture ne m'a pas convaincu.

14/12/2025 (modifier)
Par pol
Note: 3/5
Couverture de la série Le Carnaval des cadavres
Le Carnaval des cadavres

Mike Mignola (Hellboy) signe ici un recueil d'histoires courtes fantastiques et folkloriques. Les contes proposés n'ont pas de lien entre eux, les personnages et les lieux n'ont pas de rapport entre eux. La seule ressemblance tient dans l'univers sombre dans lequel se déroule ces histoires. Des mondes moyenâgeux, ou l'on va croiser des aventuriers, des sorcières, le diable, des squelettes et autres joyeuses créatures du même acabit. Mike Mignola dit dans la postface : "Les idées ne manquaient pas, trop d'idées et pas de structures". C'est exactement ça. Ces contes regorgent d'idées mais il manque à l'ensemble un peu de profondeur. Les histoires sont inégales, et dans l'ensemble on sent qu'elles sont juste le prétexte à mettre sur papier quelques idées que l'auteur avait dans sa tête. Mais en l'absence de développement, certaines histoires sont assez quelconques. Par contre, il y en a une ou deux très sympas. A commencer par la première où un anti-héros va se retrouver malgré lui à la tête d'un grand pouvoir, simplement parce qu'il a gagné une partie de quilles, jouée avec des os contre des squelettes. Bonne idée plutôt rigolote, l'entrée en matière est réussie. La suite est moins convaincante. Au final c'est pas désagréable, mais la plupart de ces courtes histoires sont oubliées avant même la fin de l'album. Un pas mal sans plus, plutôt 2,5/5.

14/12/2025 (modifier)