Voilà un album plutôt original – un peu sur le fond, et bien plus sur la forme – et qui ne peut qu’intriguer ses lecteurs.
L’intrigue est centrée autour un personnage maladroit et étrange, qui peine à exprimer clairement ses pensées, en tout cas qui peine à le faire dans le cadre imposé par la société. De fait, il est en grande partie inadapté à la société, même si certains de ses proches – sa sœur, sa mère, et la jeune femme médecin avec laquelle il noue une relation – tentent de le raccrocher à cette société.
Confronté à la maladie de sa mère, il va quand même reprendre pied sur la réalité vers la fin.
Bon, ça n’est pas toujours très clair, et certaines choses ont dû m’échapper. En particulier toutes les dernières pages autour de la femme médecin, qu’elles soient métaphoriques ou pas, cette conclusion m’a laissé de côté.
La narration est souvent aussi elliptique, voire énigmatique que la pensée du héros, c’est un peu décousu.
La mise en page est elle aussi hors norme, avec des cases aux formes et aux nombres très variables (on a parfois une petite case au milieu de la page, entourée de blanc donc). Déroutant.
Le dessin est globalement très bon, semble-t-il rehaussé au lavis ou à l’aquarelle (toutes sortes de nuances de gris et de Noir et Blanc, avec certaines pages en couleurs). Ce dessin est centré sur les personnages, parfois en plan serré, les décors étant quasiment absents. Cela renforce la froideur de l’ensemble. Je ne suis pas fans des yeux, qui semblent être en permanence exorbités.
Étrange, déroutant, avec quelques longueurs, les qualités – réelles – de cet album n’ont que partiellement contrebalancé les côtés obscurs et froids de ce récit.
Une lecture plutôt sympa et très rapide – malgré une pagination conséquente – mais qui m’a laissé un peu sur ma faim. Qui me laisse en tout cas un goût de « trop peu » après avoir refermé l’album.
Le dessin est agréable, et certaines planches sont vraiment jolies, avec une belle colorisation. Mais ce dessin est aussi avare de détails : comme pour l’intrigue, il joue davantage sur l’ambiance, les marges, que sur quelque chose de précis et fouillé.
En effet, l’histoire est à la fois simple et légère. Plaisante à suivre, mais aussi manquant de développements, de profondeur. La société terrienne du XXIIIème siècle est à peine effleurée, alors que pourtant on nous la présente comme repoussante, l’Homme ayant visiblement continué à dégrader l’environnement, au point que des paysages sont projetés dans des intérieurs aux fenêtres closes, l’extérieur n’étant « pas beau à voir ».
Le récit est centré sur une femme, qui voyage dans l’espace (depuis près d’une dizaine d’années), explore – de façon virtuelle – les diverses planètes rencontrées – en espérant y trouver les ressources qui manquent désespérément à la Terre. Ses messages/dialogues avec l’ordinateur de bord sont ses seuls moyens d’être entendue – à défaut d’être écoutée – avec quelques passages d’énervement, d’incompréhension presque amusants. Apparait aussi une autre jeune femme – dans des flash-backs – que l’héroïne a aimée, mais qu’elle a dû quitter pour sa mission spatiale.
Comme je l’ai déjà écrit, ça se laisse lire facilement. Mais j’aurais aimé que soit plus étoffé l’intrigue. Surtout que la fin ouverte laisse le lecteur avec pas mal de questions.
Mais bon, cela part du choix de l’auteur j’imagine.
Note réelle 3,5/5.
Si je connais le personnage de comics, j'avoue n'avoir jamais pris le temps d'aller découvrir ce personnage de Spawn. Mais loin d'être un énième épisode de ses aventures, nos auteurs nous proposent ici une version cyberpunk qui nous propulse en 2107.
A cette période la guerre fait rage et une troupe d'élite de soldats augmentés version cyborgs foire magistralement sa mission ; la plupart des intervenants meurent et les rares survivants sont lourdement blessés. Peter Cairn, faisait parti du commando et s'est retrouvé amputé des deux jambes. Il se voit alors proposé des prothèses expérimentales et l'injection de nono-robots pour devenir un nouveau super-soldat. Mais forcément, ça va partir en sucette, un nouveau "monstre" est né...
Le dessin de Zé Carlos est plutôt bon, nous immergeant parfaitement dans cet univers futuriste. Il se marie en tout cas parfaitement au scénario concocté par Erica Schultz. Le rythme soutenu du récit est parfaitement porté par un découpage élégant et nerveux, et on est vite happé par le destin de Peter Cairn.
Voilà en tout cas un très bon premier tome qui donne envie de découvrir la suite !
Disons-le tout de suite, comme on peut s'en douter, cette bande dessinée est plutôt réservée à un public de niche, à savoir un public catholique, comme bon nombre de bandes dessinées des Éditions du Triomphe. Parue peu avant la dernière ostension de la Sainte Tunique d'Argenteuil, les auteurs ambitionnent de retracer toute la trajectoire de cette tunique que la tradition de l'Église vénère comme étant celle ayant appartenu au Christ, et ayant été tissée par sa mère. Comme le Saint Suaire de Turin, la science n'a pu établir avec sûreté ni son authenticité, ni son inauthenticité. Tout comme la relique de Turin, d'ailleurs, son origine n'est retraçable qu'à partir du Moyen-Âge, où son parcours a été relaté avec une certaine précision par différents chroniqueurs.
C'est la principale force de cet album, d'ailleurs : même si le parti pris des auteurs en faveur de l'authenticité de la relique est évident, ils s'en tiennent au maximum aux faits avérés, et ce qui est raconté dans cet album est toujours très sourcé. Des chroniqueurs médiévaux aux tentatives plus récentes de datation, tout le trajet de la tunique est décrit plus ou moins dans le détail, et certains épisodes sont très intéressants. Il faut bien reconnaître, en revanche, que cet album souffre des défauts de presque toutes les biographies souhaitant être "trop" complètes ou autres albums retraçant des histoires sur plusieurs siècles : le récit est trop découpé. Même si les auteurs font de visibles efforts pour donner un maximum de cohérence narrative à leur récit, on passe souvent trop vite d'une époque à une autre, ce qui donne un côté morcelé à l'histoire.
Reste un album assez intéressant, qui, au-delà de sa volonté de propager une dévotion catholique, nous apprend quelques épisodes historiques peu connus et qui dressent en creux un portrait du pouvoir en France à différentes époques, et de son rapport à la religion. Le dessin de Julie Ducoudray est très agréable à l'œil, et même si certaines cases semblent dessinées plus vite que d'autre, les pages sont très belles dans l'ensemble. Rien de très incontournable, donc, mais un album qui se laisse lire avec un certain intérêt. A condition - bien sûr - d'avoir un certain intérêt pour son sujet.
En vérité, elle était un million de fois plus belle que sur le dessin.
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Ce tome constitue un recueil d’histoires courtes de l’auteur. Son édition originale date de 2008. Les quinze histoires courtes regroupées ici ont toutes été réalisées par Edmond Baudoin pour le scénario et les dessins. Il comprend quatre-vingt-six pages de bande dessinée, réalisée sur une période de vingt ans, de 1983 pour la première à 2003 pour la dernière.
Blues, 1983, trois pages : Un afro-américain joue de la guitare en marchant dans les rues d’une petite bourgade des États-Unis et des hommes blancs se mettent le suivre, mal intentionnés. Dans son esprit, il pense à la situation : du blues, les blancs qui le dévorent, il hait les esclaves plus que les maîtres. - L’amour, 1989, deux pages : Violence. Haine. Bestialité… Impuissance des mots, alors il dessine. La main crispée sur le pinceau, le bras tétanisé, coincé dans son épaule, un rictus sur la bouche, dans la tête du béton, il dépose sur la feuille ce qu’il croit avoir appris sur le mal des hommes. Il dépose sur la feuille blanche sa violence, sa haine, sa bestialité. Et puis il recommence… encore… encore. Et puis il regarde. Non, ce n’est pas encore ça… Juste un pâle reflet de ce qu’il voulait exprimer… Encore travailler… son dessin. Demain il essaiera de peindre l’amour. – Le car, 1992, six pages : une femme effectue un voyage en car. Elle observe un homme qui regarde le paysage défiler… Quelque part en lui-même. Elle somnole vaguement, bercée par le ronron du car. Un peu enivrée par l’odeur de Jean, qui monte d’entre ses cuisses. Ils avaient fait l’amour juste avant son départ. Elle avait encore dans sa bouche, le souvenir de son passage. Lhomme à la fenêtre avait des bras comme elle aime. Des avant-bras surtout. Elle est sûre qu’elle peut dessiner le sexe d’un homme rien qu’à regarder ses bras. Elle a bien envie de vérifier. Ses yeux se sont perdus.
1420406088198, 1992, vingt-cinq pages : proche de Marseille ou de Nice, Baudoin est assis sur un rocher, une de ses filles à ses côtés, ils regardent l’horizon au loin au-dessus de la mer. Il explique à sa fille qu’il vient souvent ici, qu’il y reste. Quand il reste longtemps, il a du mal à retourner dans la ville, derrière eux. Il continue : La vrai richesse est devant, dans le vide de l’horizon, les vagues éphémères, l’argent de leurs reflets. Elle demande à son père ce qu’il a contre l’argent. Elle, elle aimerait avoir une Porsche, une Jaguar aussi. Il s’explique : L’argent lui semble être une maladie, ou plutôt comme un symptôme d’une maladie qu’ils auraient tous. Son père à lui, son grand-père, à elle était communiste, il disait que Ce sera le communisme quand plus personne dans le monde n’aura besoin d’argent. Edmond lui demandait alors comment on fera pour aller au cinéma ? Le monsieur qui fait le cinéma il sera payé comment ? La réponse du père : Ce sera gratuit, ils iront autant de fois qu’ils voudront. Le projectionniste ne sera pas payé, ça ne lui servirait à rien, tout sera gratuit. Les hommes travailleront pour le bien de tous.
Edmond Baudoin est un créateur prolifique que ce soient des bandes dessinées, des histoires courtes, et même des livres. Au fil de sa carrière, il a ainsi régulièrement réalisé des nouvelles dessinées de quelques pages, pour des éditeurs très divers. Ce recueil en rassemble quinze, allant d’une page pour la plus courte (intitulée : Tu m’aimes ?) à vingt-cinq pour la plus longue (intitulée 1420406088198), pour des publications souvent confidentielles comme Le citron hallucinogène n°17, Labo (Futuropolis), Transports fripons (Les Humanoïdes Associés), L’argent roi (éditions Autrement), Le cheval sans tête n°1, Ego comme X n°1, Manga Surprise (Kodansha), Algérie la douleur et le mal, Le drozophile n°4, El Lado Oscuro III, Comix 2000 (L’Association), Stripburger n°2, Bang n°3 (Casterman), Marseille l’Hebdo n°151. Le lecteur qui a suivi sa carrière apprécie de pouvoir avoir ainsi accès à des créations dont il ne connaissait pas forcément l’existence ou qu’il n’avait pas pu se procurer du fait d’un tirage et d’une diffusion confidentiels. Il retrouve également l’habitude de ce créateur de travailler avec de nombreux éditeurs différents, certains connus d’autres moins. Dans chacune des histoires, il retrouve les caractéristiques habituelles de ce créateur : dessins souvent au pinceau parfois rehaussés de traits à la plume, mise en page très libre allant de cases avec bordure à des illustrations agrémentées de commentaires, parfois il se met en scène d’autres fois non, et toujours ce regard bienveillant si humaniste caractéristique.
La diversité des histoires fait qu’il est aussi bien possible de les lire une par une en laissant passer du temps entre, que de les lire d’une traite sans crainte de répétition. Les histoires sont intitulées : Blues, L’amour, Le car, 1420406088198, America, Désemparé, Tu m’aimes ? Edmond Alain et Hughes, Algérie, Le train, Paris, Comix 2000, Sarajevo, Cuba. Baudoin y aborde de façon très personnelle à chaque fois des thèmes comme le racisme systémique envers les afro-américains, les émotions négatives envahissantes, son premier petit boulot de peintre de lettres sur des enseignes, un dialogue avec une américaine alors qu’il ne sait pas parler anglais, la situation déprimante d’un chômeur abandonné par sa femme et sa maitresse, l’incapacité des hommes à savoir aimer, trois potes en train de regarder les filles passer, la nécessité de s’aimer soi-même, la métaphore de la voie de chemin de fer, une soirée à zoner à Paris comme artiste sans le sou et sans toit, un coucher de soleil, la morbidité de la mission du tireur d’élite, des rencontres de rue à Cuba, la personnalité de Marseille. Ces histoires vont du plus concret comme un carnet de voyage au plus conceptuel comme les cinq pages sans parole consacrée à un coucher de soleil. Et toujours un regard sur le monde qui n’appartient qu’à cet être humain singulier, cet artiste.
À elle seule, en trois pages, la première histoire donne un excellent aperçu de l’étendue graphique de l’artiste. Chaque page est composée de trois cases de la largeur de la page, montrant l’avancée de l’afro-américain, avec un texte au-dessus ou en-dessous de la case, correspondant à la voix intérieure de ce joueur de blues. Dans trois de ces cases, le dessinateur représente la situation de manière descriptive, avec un jeu sur les aplats de noir pour renforcer les zones d’ombre jusqu’à l’expressionisme. Quatre cases se focalisent sur les individus, les traits de pinceau s’épaississent pour des rendus allant vers l’impressionnisme, plus la sensation produite par ses individus en faisant apparaître l’état d’esprit de la foule, exagérant les traits de visages, les ombres mangeant le visage, le langage corporel pour faire ressortir la menace. Cette approche bascule dans l’expressionnisme alors que les individus forment un groupe plus compact agissant comme un seul homme, et s’apprêtant à agresser le bluesman. L’avant dernière case adopte un cadrage conceptuel avec l’individu à terre comme à demi enfoncé dans le sol, et les habitations bien alignées sur la ligne d’horizon au loin. Déjà dans ce récit des débuts de l’artiste, le lecteur peut déceler sa grande liberté quant à sa conception de la bande dessinée.
En fonction de sa sensibilité, le lecteur apprécie plus le thème d’une histoire que celui d’une autre tout en ressentant l’expression de la personnalité de l’auteur dans chacune d’elle, et dans toutes il peut voir cette cohérence et cette diversité dans les représentations. Les gros coups de pinceau rageurs dans L’amour. Les beaux paysages du sud de la France délicatement esquissés dans Le car. Puis l’incroyable expressivité d’un simple coup de pinceau pour évoquer la côte ou la ligne d’horizon maritime, cette façon très visuelle de faire surgir une image ou plutôt une représentation mentale de la tête même d’un personnage, la représentation délicatement changeante d’un visage au fil d’un dialogue, la grâce féminine, les cases chargées d’un noir charbonneux pour transcrire l’angoisse habitant un individu au point de percevoir une réalité déformée par ses peurs, la dimension visuelle métaphorique d’un rail de voie ferrée, l’individu réduit à la morphologie d’une statue d’Alberto Giacometti (1901-1966), le contraste total et saisissant entre le lourd équipement d’un militaire et le corps ondulant et souple d’une jeune femme nue, des silhouettes en train de danser (extraordinaire dans leur mouvement), le portrait d’une vieille femme, ou encore l’évocation de quelques habitants de Marseille. Tout est perçu au travers du regard de l’artiste, chacun est habité d’une vie remarquable, avec un respect unique en son genre.
Par la force des choses, ce recueil de nouvelles dresse en creux le portrait de l’auteur, par les choix des thèmes, par le regard qu’il porte sur ses semblables, par ce sur quoi porte son attention et son intérêt. Ce que ces nouvelles disent d’Edmond Baudoin : sa capacité à identifier le racisme systémique et le dégout de soi-même qu’il peut provoquer chez la victime qui voit les ressemblances qui existent entre lui et ses persécuteurs, son combat contre ses instincts destructeurs (violence, haine, bestialité), son rapport de haine vis-à-vis de l’argent, son émerveillement devant la beauté féminine, sa conviction profonde que la capacité de donner la vie fait des femmes des êtres profondément différents des hommes, la nécessité de commencer par s’aimer soi-même, la fraternité entre les êtres humains, la beauté des paysages, des villes, et bien sûr des arbres. Le lecteur en ressort rasséréné qu’un tel être humain puisse exister, partager ce qu’il ressent, y compris ses doutes et ses défauts.
Un recueil de quinze nouvelles dont la parution s’est étalée sur vingt ans, une curiosité ? L’habitué de ce créateur découvre des œuvres d’un niveau de qualité égal à celle de ces bandes dessinées plus longues, avec la même liberté de forme, la même sensibilité extraordinaire, le même plaisir dans la fraternité humaine, cette chaleur humaine libre et honnête. Il en ressort avec la sensation d’une grande richesse visuelle unique en son genre, exprimant la personnalité de l’auteur, et des thèmes essentiels sur la condition humaine. Formidable.
Je trouve que Zidrou possède un réel talent pour nous conter des faits de vie. Dans cette série son regard se pose sur l'adoption, un sujet compliqué et ô combien casse gueule.
Au gré des différents cycles il s'attarde sur le vécu de cette expérience par les protagonistes, le chamboulement de leur vie. Mais il ne se place pas nécessairement au niveau de l'enfant adopté. Et finalement c'est peut être ce qu'il manque le plus à cette série car s'il est évident que la vie familiale ne peut qu'être bouleversée, j'imagine qu'au niveau de l'enfant cela doit être un cataclysme, surtout pour les 2 premiers bouts de chou
Cycle 1
Dans ce premier cycle l'objectif est braqué sur Gabriel, ancien boucher à la retraite, qui accueille avec scepticisme l'adoption d'une petite fille péruvienne par son fils. On suit l'évolution des sentiments chez ce papy bourru.
La conclusion, quoique finalement assez logique, m'a surpris.
Cycle 2
Ce second s'attarde sur les états d'âmes de Gaëlle, qui déjà maman, a souhaité replonger une dernière fois dans le grand bain de l'éducation en adoptant un jeune garçon arraché à la guerre au proche Orient. Mais tout comme la vie n'est pas un long fleuve tranquille, éduquer un enfant est un parcours semé d'embuches. Gaëlle l'avait sans doute oublié. La fin heureuse est somme toute rapide
Cycle 3
Un cinquième album dans lequel je n'ai pas retrouvé l'essence de la série. Non pas qu'il soit mauvais, mais j'ai trouvé qu'il n'avait pas sa place dans cette série car l'adoption n'y est quasiment pas abordé
Au final une série plaisante, fondamentalement humaine qui se lit facilement mais qui n'est pas exceptionnelle
Noir et blanc parfait et novateur : le fond, noir, offre un écrin pertinent, au propos bien noir : les Ogres règnent sur des Hommes qu'ils tuent soit par colère, soit pour les dévorer, certains étant élevés à cet effet ! Grandeur et décadence des humains du coin d'être tombés si bas, cependant que les autres continuent leurs progrès, avec des armes à feu pouvant changer le rapport de force. Grandeur et décadence d'Ogres consanguins de plus en plus bêtes et petits ! Cependant, certains Ogres se veulent humanistes, et certains humains dominer les leurs par les Ogres, voire manipuler ces derniers en sous-mains. Le dessin semi-réaliste est parfait : assez réaliste pour qu'on croie à l'action, laissant assez de place à l'indéterminé pour ménager sa place au rêve quand les Ogres relèvent tout de même du mythe.
Les femmes, humaines et Ogres, ne jouent pas les utilités : j'ai beaucoup aimé la grand-mère de Petit, ce personnage entre humain et Ogre qui n'est pas mal non plus. Et sa maman ! Un peu d'humour parsème les pages de l'histoire agrémentée de quelques pages expliquant mieux les tenants et les aboutissants, par exemple de la réforme ratée d'un Ogre roi éclairé, et l'origine de l'institutionnalisation du cannibalisme.
Seul bémol : l'inachèvement dont grâce aux commentateurs j'apprends qu'il est hélas, définitif !
Ce one-shot raconte un moment précis de la vie de Beethoven (avec tout de même une bonne dizaine de pages qui montre de manière générale sa vie avant et après l'incident).
Je me suis rendu compte en lisant cet album à quel point au final je ne connaissais pas grand chose de la vie de Beethoven. C'est vraiment la figure historique typique dont tout le monde connait le nom, mais très peu sa vie en dehors de quelques trucs généraux comme le fait qu'il est sourd. J'ai bien aimé découvrir la personnalité de Beethoven, qui aimait la liberté et qui était quelqu'un qui ne faisait pas de compromis devant ses idéaux. C'est ainsi qu'il finira par sacrifier le confort que lui apportait son riche mécène parce qu'il ne voulait pas jouer devant des officiers français. D'autres l'auraient fait pour ne pas créer de vague, mais Beethoven était d'un autre genre et j'admire lorsque quelqu'un va au bout de ses idéaux.
Cela dit, je n'ai pas trouvé le récit passionnant à lire. La faute au dessin que je trouve trop académique, notamment dans sa mise en scène avec ses personnages qui bougent parfois comme des acteurs de théâtre. La narration manque de dynamisme. Mais bon au moins l'album m'a raconté une anecdote que je ne connaissais pas et au moins c'est un peu divertissant.
Après le très réussi Voyage aux îles de la Désolation (que je relis souvent), Lepage revient douze plus tard, avec ce nouvel album, qui retrace son nouveau voyage aux îles Kerguelen. Le dessin est toujours aussi somptueux avec des pleines planches ou demi-planches d'une beauté à tomber par terre.
J'ai pris mon temps pour lire cette bande dessinée, mais j'avoue vers la fin avoir tourné les pages rapidement.
Là où "les îles de la Désolation" m'avait enchanté avec ses paysages, l'histoire des premiers aventuriers, cet album a fini par me lasser.
En fin de compte, j'ai du mal à me faire opinion sur cet album.
Peut-être que le livre tourne autour de trop de personnages, que cela en donne le tournis ! On ne sait plus qui est qui et j'ai du mal à avoir une empathie avec tous ces protagonistes, seul le personnage d'Alexis m'a touché.
En voulant donner la parole aux nombreux acteurs de terrain, Lepage rate un peu le but d'un tel ouvrage, celui de nous faire rêver...
Graphiquement superbe, je suis assez réservé sur le fond.
Mouais. Je suis d’habitude bon client des créations de Bouzard, dont j’apprécie l’humour absurde plein d’auto-dérision. Mais là je n’y ai pas trouvé mon compte.
Ça se laisse gentiment lire, mais l’histoire ne m’a globalement pas trop captivé. Il y a des longueurs, pas mal de situations qui me laissent perplexe. En tout cas où l’humour n’a pas fonctionné. Certes, quelques passages baignent dans l’absurde, comme cette course poursuite entre nos deux héros et la mafia et la police : pas facile de courir avec des palmes, en portant un coffre-fort… Mais ces passages amusants n’ont pas suffi.
Quant au dessin de Pourquié, a priori pas ma came, il passe assez bien. J’ai bien aimé la colorisation en tout cas.
Note réelle 2,5/5.
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Au-Dedans.
Voilà un album plutôt original – un peu sur le fond, et bien plus sur la forme – et qui ne peut qu’intriguer ses lecteurs. L’intrigue est centrée autour un personnage maladroit et étrange, qui peine à exprimer clairement ses pensées, en tout cas qui peine à le faire dans le cadre imposé par la société. De fait, il est en grande partie inadapté à la société, même si certains de ses proches – sa sœur, sa mère, et la jeune femme médecin avec laquelle il noue une relation – tentent de le raccrocher à cette société. Confronté à la maladie de sa mère, il va quand même reprendre pied sur la réalité vers la fin. Bon, ça n’est pas toujours très clair, et certaines choses ont dû m’échapper. En particulier toutes les dernières pages autour de la femme médecin, qu’elles soient métaphoriques ou pas, cette conclusion m’a laissé de côté. La narration est souvent aussi elliptique, voire énigmatique que la pensée du héros, c’est un peu décousu. La mise en page est elle aussi hors norme, avec des cases aux formes et aux nombres très variables (on a parfois une petite case au milieu de la page, entourée de blanc donc). Déroutant. Le dessin est globalement très bon, semble-t-il rehaussé au lavis ou à l’aquarelle (toutes sortes de nuances de gris et de Noir et Blanc, avec certaines pages en couleurs). Ce dessin est centré sur les personnages, parfois en plan serré, les décors étant quasiment absents. Cela renforce la froideur de l’ensemble. Je ne suis pas fans des yeux, qui semblent être en permanence exorbités. Étrange, déroutant, avec quelques longueurs, les qualités – réelles – de cet album n’ont que partiellement contrebalancé les côtés obscurs et froids de ce récit.
Au-delà de Neptune
Une lecture plutôt sympa et très rapide – malgré une pagination conséquente – mais qui m’a laissé un peu sur ma faim. Qui me laisse en tout cas un goût de « trop peu » après avoir refermé l’album. Le dessin est agréable, et certaines planches sont vraiment jolies, avec une belle colorisation. Mais ce dessin est aussi avare de détails : comme pour l’intrigue, il joue davantage sur l’ambiance, les marges, que sur quelque chose de précis et fouillé. En effet, l’histoire est à la fois simple et légère. Plaisante à suivre, mais aussi manquant de développements, de profondeur. La société terrienne du XXIIIème siècle est à peine effleurée, alors que pourtant on nous la présente comme repoussante, l’Homme ayant visiblement continué à dégrader l’environnement, au point que des paysages sont projetés dans des intérieurs aux fenêtres closes, l’extérieur n’étant « pas beau à voir ». Le récit est centré sur une femme, qui voyage dans l’espace (depuis près d’une dizaine d’années), explore – de façon virtuelle – les diverses planètes rencontrées – en espérant y trouver les ressources qui manquent désespérément à la Terre. Ses messages/dialogues avec l’ordinateur de bord sont ses seuls moyens d’être entendue – à défaut d’être écoutée – avec quelques passages d’énervement, d’incompréhension presque amusants. Apparait aussi une autre jeune femme – dans des flash-backs – que l’héroïne a aimée, mais qu’elle a dû quitter pour sa mission spatiale. Comme je l’ai déjà écrit, ça se laisse lire facilement. Mais j’aurais aimé que soit plus étoffé l’intrigue. Surtout que la fin ouverte laisse le lecteur avec pas mal de questions. Mais bon, cela part du choix de l’auteur j’imagine. Note réelle 3,5/5.
Rat City
Si je connais le personnage de comics, j'avoue n'avoir jamais pris le temps d'aller découvrir ce personnage de Spawn. Mais loin d'être un énième épisode de ses aventures, nos auteurs nous proposent ici une version cyberpunk qui nous propulse en 2107. A cette période la guerre fait rage et une troupe d'élite de soldats augmentés version cyborgs foire magistralement sa mission ; la plupart des intervenants meurent et les rares survivants sont lourdement blessés. Peter Cairn, faisait parti du commando et s'est retrouvé amputé des deux jambes. Il se voit alors proposé des prothèses expérimentales et l'injection de nono-robots pour devenir un nouveau super-soldat. Mais forcément, ça va partir en sucette, un nouveau "monstre" est né... Le dessin de Zé Carlos est plutôt bon, nous immergeant parfaitement dans cet univers futuriste. Il se marie en tout cas parfaitement au scénario concocté par Erica Schultz. Le rythme soutenu du récit est parfaitement porté par un découpage élégant et nerveux, et on est vite happé par le destin de Peter Cairn. Voilà en tout cas un très bon premier tome qui donne envie de découvrir la suite !
L'Épopée de la Sainte Tunique du Christ
Disons-le tout de suite, comme on peut s'en douter, cette bande dessinée est plutôt réservée à un public de niche, à savoir un public catholique, comme bon nombre de bandes dessinées des Éditions du Triomphe. Parue peu avant la dernière ostension de la Sainte Tunique d'Argenteuil, les auteurs ambitionnent de retracer toute la trajectoire de cette tunique que la tradition de l'Église vénère comme étant celle ayant appartenu au Christ, et ayant été tissée par sa mère. Comme le Saint Suaire de Turin, la science n'a pu établir avec sûreté ni son authenticité, ni son inauthenticité. Tout comme la relique de Turin, d'ailleurs, son origine n'est retraçable qu'à partir du Moyen-Âge, où son parcours a été relaté avec une certaine précision par différents chroniqueurs. C'est la principale force de cet album, d'ailleurs : même si le parti pris des auteurs en faveur de l'authenticité de la relique est évident, ils s'en tiennent au maximum aux faits avérés, et ce qui est raconté dans cet album est toujours très sourcé. Des chroniqueurs médiévaux aux tentatives plus récentes de datation, tout le trajet de la tunique est décrit plus ou moins dans le détail, et certains épisodes sont très intéressants. Il faut bien reconnaître, en revanche, que cet album souffre des défauts de presque toutes les biographies souhaitant être "trop" complètes ou autres albums retraçant des histoires sur plusieurs siècles : le récit est trop découpé. Même si les auteurs font de visibles efforts pour donner un maximum de cohérence narrative à leur récit, on passe souvent trop vite d'une époque à une autre, ce qui donne un côté morcelé à l'histoire. Reste un album assez intéressant, qui, au-delà de sa volonté de propager une dévotion catholique, nous apprend quelques épisodes historiques peu connus et qui dressent en creux un portrait du pouvoir en France à différentes époques, et de son rapport à la religion. Le dessin de Julie Ducoudray est très agréable à l'œil, et même si certaines cases semblent dessinées plus vite que d'autre, les pages sont très belles dans l'ensemble. Rien de très incontournable, donc, mais un album qui se laisse lire avec un certain intérêt. A condition - bien sûr - d'avoir un certain intérêt pour son sujet.
Patchwork
En vérité, elle était un million de fois plus belle que sur le dessin. - Ce tome constitue un recueil d’histoires courtes de l’auteur. Son édition originale date de 2008. Les quinze histoires courtes regroupées ici ont toutes été réalisées par Edmond Baudoin pour le scénario et les dessins. Il comprend quatre-vingt-six pages de bande dessinée, réalisée sur une période de vingt ans, de 1983 pour la première à 2003 pour la dernière. Blues, 1983, trois pages : Un afro-américain joue de la guitare en marchant dans les rues d’une petite bourgade des États-Unis et des hommes blancs se mettent le suivre, mal intentionnés. Dans son esprit, il pense à la situation : du blues, les blancs qui le dévorent, il hait les esclaves plus que les maîtres. - L’amour, 1989, deux pages : Violence. Haine. Bestialité… Impuissance des mots, alors il dessine. La main crispée sur le pinceau, le bras tétanisé, coincé dans son épaule, un rictus sur la bouche, dans la tête du béton, il dépose sur la feuille ce qu’il croit avoir appris sur le mal des hommes. Il dépose sur la feuille blanche sa violence, sa haine, sa bestialité. Et puis il recommence… encore… encore. Et puis il regarde. Non, ce n’est pas encore ça… Juste un pâle reflet de ce qu’il voulait exprimer… Encore travailler… son dessin. Demain il essaiera de peindre l’amour. – Le car, 1992, six pages : une femme effectue un voyage en car. Elle observe un homme qui regarde le paysage défiler… Quelque part en lui-même. Elle somnole vaguement, bercée par le ronron du car. Un peu enivrée par l’odeur de Jean, qui monte d’entre ses cuisses. Ils avaient fait l’amour juste avant son départ. Elle avait encore dans sa bouche, le souvenir de son passage. Lhomme à la fenêtre avait des bras comme elle aime. Des avant-bras surtout. Elle est sûre qu’elle peut dessiner le sexe d’un homme rien qu’à regarder ses bras. Elle a bien envie de vérifier. Ses yeux se sont perdus. 1420406088198, 1992, vingt-cinq pages : proche de Marseille ou de Nice, Baudoin est assis sur un rocher, une de ses filles à ses côtés, ils regardent l’horizon au loin au-dessus de la mer. Il explique à sa fille qu’il vient souvent ici, qu’il y reste. Quand il reste longtemps, il a du mal à retourner dans la ville, derrière eux. Il continue : La vrai richesse est devant, dans le vide de l’horizon, les vagues éphémères, l’argent de leurs reflets. Elle demande à son père ce qu’il a contre l’argent. Elle, elle aimerait avoir une Porsche, une Jaguar aussi. Il s’explique : L’argent lui semble être une maladie, ou plutôt comme un symptôme d’une maladie qu’ils auraient tous. Son père à lui, son grand-père, à elle était communiste, il disait que Ce sera le communisme quand plus personne dans le monde n’aura besoin d’argent. Edmond lui demandait alors comment on fera pour aller au cinéma ? Le monsieur qui fait le cinéma il sera payé comment ? La réponse du père : Ce sera gratuit, ils iront autant de fois qu’ils voudront. Le projectionniste ne sera pas payé, ça ne lui servirait à rien, tout sera gratuit. Les hommes travailleront pour le bien de tous. Edmond Baudoin est un créateur prolifique que ce soient des bandes dessinées, des histoires courtes, et même des livres. Au fil de sa carrière, il a ainsi régulièrement réalisé des nouvelles dessinées de quelques pages, pour des éditeurs très divers. Ce recueil en rassemble quinze, allant d’une page pour la plus courte (intitulée : Tu m’aimes ?) à vingt-cinq pour la plus longue (intitulée 1420406088198), pour des publications souvent confidentielles comme Le citron hallucinogène n°17, Labo (Futuropolis), Transports fripons (Les Humanoïdes Associés), L’argent roi (éditions Autrement), Le cheval sans tête n°1, Ego comme X n°1, Manga Surprise (Kodansha), Algérie la douleur et le mal, Le drozophile n°4, El Lado Oscuro III, Comix 2000 (L’Association), Stripburger n°2, Bang n°3 (Casterman), Marseille l’Hebdo n°151. Le lecteur qui a suivi sa carrière apprécie de pouvoir avoir ainsi accès à des créations dont il ne connaissait pas forcément l’existence ou qu’il n’avait pas pu se procurer du fait d’un tirage et d’une diffusion confidentiels. Il retrouve également l’habitude de ce créateur de travailler avec de nombreux éditeurs différents, certains connus d’autres moins. Dans chacune des histoires, il retrouve les caractéristiques habituelles de ce créateur : dessins souvent au pinceau parfois rehaussés de traits à la plume, mise en page très libre allant de cases avec bordure à des illustrations agrémentées de commentaires, parfois il se met en scène d’autres fois non, et toujours ce regard bienveillant si humaniste caractéristique. La diversité des histoires fait qu’il est aussi bien possible de les lire une par une en laissant passer du temps entre, que de les lire d’une traite sans crainte de répétition. Les histoires sont intitulées : Blues, L’amour, Le car, 1420406088198, America, Désemparé, Tu m’aimes ? Edmond Alain et Hughes, Algérie, Le train, Paris, Comix 2000, Sarajevo, Cuba. Baudoin y aborde de façon très personnelle à chaque fois des thèmes comme le racisme systémique envers les afro-américains, les émotions négatives envahissantes, son premier petit boulot de peintre de lettres sur des enseignes, un dialogue avec une américaine alors qu’il ne sait pas parler anglais, la situation déprimante d’un chômeur abandonné par sa femme et sa maitresse, l’incapacité des hommes à savoir aimer, trois potes en train de regarder les filles passer, la nécessité de s’aimer soi-même, la métaphore de la voie de chemin de fer, une soirée à zoner à Paris comme artiste sans le sou et sans toit, un coucher de soleil, la morbidité de la mission du tireur d’élite, des rencontres de rue à Cuba, la personnalité de Marseille. Ces histoires vont du plus concret comme un carnet de voyage au plus conceptuel comme les cinq pages sans parole consacrée à un coucher de soleil. Et toujours un regard sur le monde qui n’appartient qu’à cet être humain singulier, cet artiste. À elle seule, en trois pages, la première histoire donne un excellent aperçu de l’étendue graphique de l’artiste. Chaque page est composée de trois cases de la largeur de la page, montrant l’avancée de l’afro-américain, avec un texte au-dessus ou en-dessous de la case, correspondant à la voix intérieure de ce joueur de blues. Dans trois de ces cases, le dessinateur représente la situation de manière descriptive, avec un jeu sur les aplats de noir pour renforcer les zones d’ombre jusqu’à l’expressionisme. Quatre cases se focalisent sur les individus, les traits de pinceau s’épaississent pour des rendus allant vers l’impressionnisme, plus la sensation produite par ses individus en faisant apparaître l’état d’esprit de la foule, exagérant les traits de visages, les ombres mangeant le visage, le langage corporel pour faire ressortir la menace. Cette approche bascule dans l’expressionnisme alors que les individus forment un groupe plus compact agissant comme un seul homme, et s’apprêtant à agresser le bluesman. L’avant dernière case adopte un cadrage conceptuel avec l’individu à terre comme à demi enfoncé dans le sol, et les habitations bien alignées sur la ligne d’horizon au loin. Déjà dans ce récit des débuts de l’artiste, le lecteur peut déceler sa grande liberté quant à sa conception de la bande dessinée. En fonction de sa sensibilité, le lecteur apprécie plus le thème d’une histoire que celui d’une autre tout en ressentant l’expression de la personnalité de l’auteur dans chacune d’elle, et dans toutes il peut voir cette cohérence et cette diversité dans les représentations. Les gros coups de pinceau rageurs dans L’amour. Les beaux paysages du sud de la France délicatement esquissés dans Le car. Puis l’incroyable expressivité d’un simple coup de pinceau pour évoquer la côte ou la ligne d’horizon maritime, cette façon très visuelle de faire surgir une image ou plutôt une représentation mentale de la tête même d’un personnage, la représentation délicatement changeante d’un visage au fil d’un dialogue, la grâce féminine, les cases chargées d’un noir charbonneux pour transcrire l’angoisse habitant un individu au point de percevoir une réalité déformée par ses peurs, la dimension visuelle métaphorique d’un rail de voie ferrée, l’individu réduit à la morphologie d’une statue d’Alberto Giacometti (1901-1966), le contraste total et saisissant entre le lourd équipement d’un militaire et le corps ondulant et souple d’une jeune femme nue, des silhouettes en train de danser (extraordinaire dans leur mouvement), le portrait d’une vieille femme, ou encore l’évocation de quelques habitants de Marseille. Tout est perçu au travers du regard de l’artiste, chacun est habité d’une vie remarquable, avec un respect unique en son genre. Par la force des choses, ce recueil de nouvelles dresse en creux le portrait de l’auteur, par les choix des thèmes, par le regard qu’il porte sur ses semblables, par ce sur quoi porte son attention et son intérêt. Ce que ces nouvelles disent d’Edmond Baudoin : sa capacité à identifier le racisme systémique et le dégout de soi-même qu’il peut provoquer chez la victime qui voit les ressemblances qui existent entre lui et ses persécuteurs, son combat contre ses instincts destructeurs (violence, haine, bestialité), son rapport de haine vis-à-vis de l’argent, son émerveillement devant la beauté féminine, sa conviction profonde que la capacité de donner la vie fait des femmes des êtres profondément différents des hommes, la nécessité de commencer par s’aimer soi-même, la fraternité entre les êtres humains, la beauté des paysages, des villes, et bien sûr des arbres. Le lecteur en ressort rasséréné qu’un tel être humain puisse exister, partager ce qu’il ressent, y compris ses doutes et ses défauts. Un recueil de quinze nouvelles dont la parution s’est étalée sur vingt ans, une curiosité ? L’habitué de ce créateur découvre des œuvres d’un niveau de qualité égal à celle de ces bandes dessinées plus longues, avec la même liberté de forme, la même sensibilité extraordinaire, le même plaisir dans la fraternité humaine, cette chaleur humaine libre et honnête. Il en ressort avec la sensation d’une grande richesse visuelle unique en son genre, exprimant la personnalité de l’auteur, et des thèmes essentiels sur la condition humaine. Formidable.
L'Adoption
Je trouve que Zidrou possède un réel talent pour nous conter des faits de vie. Dans cette série son regard se pose sur l'adoption, un sujet compliqué et ô combien casse gueule. Au gré des différents cycles il s'attarde sur le vécu de cette expérience par les protagonistes, le chamboulement de leur vie. Mais il ne se place pas nécessairement au niveau de l'enfant adopté. Et finalement c'est peut être ce qu'il manque le plus à cette série car s'il est évident que la vie familiale ne peut qu'être bouleversée, j'imagine qu'au niveau de l'enfant cela doit être un cataclysme, surtout pour les 2 premiers bouts de chou Cycle 1 Dans ce premier cycle l'objectif est braqué sur Gabriel, ancien boucher à la retraite, qui accueille avec scepticisme l'adoption d'une petite fille péruvienne par son fils. On suit l'évolution des sentiments chez ce papy bourru. La conclusion, quoique finalement assez logique, m'a surpris. Cycle 2 Ce second s'attarde sur les états d'âmes de Gaëlle, qui déjà maman, a souhaité replonger une dernière fois dans le grand bain de l'éducation en adoptant un jeune garçon arraché à la guerre au proche Orient. Mais tout comme la vie n'est pas un long fleuve tranquille, éduquer un enfant est un parcours semé d'embuches. Gaëlle l'avait sans doute oublié. La fin heureuse est somme toute rapide Cycle 3 Un cinquième album dans lequel je n'ai pas retrouvé l'essence de la série. Non pas qu'il soit mauvais, mais j'ai trouvé qu'il n'avait pas sa place dans cette série car l'adoption n'y est quasiment pas abordé Au final une série plaisante, fondamentalement humaine qui se lit facilement mais qui n'est pas exceptionnelle
Les Ogres-Dieux
Noir et blanc parfait et novateur : le fond, noir, offre un écrin pertinent, au propos bien noir : les Ogres règnent sur des Hommes qu'ils tuent soit par colère, soit pour les dévorer, certains étant élevés à cet effet ! Grandeur et décadence des humains du coin d'être tombés si bas, cependant que les autres continuent leurs progrès, avec des armes à feu pouvant changer le rapport de force. Grandeur et décadence d'Ogres consanguins de plus en plus bêtes et petits ! Cependant, certains Ogres se veulent humanistes, et certains humains dominer les leurs par les Ogres, voire manipuler ces derniers en sous-mains. Le dessin semi-réaliste est parfait : assez réaliste pour qu'on croie à l'action, laissant assez de place à l'indéterminé pour ménager sa place au rêve quand les Ogres relèvent tout de même du mythe. Les femmes, humaines et Ogres, ne jouent pas les utilités : j'ai beaucoup aimé la grand-mère de Petit, ce personnage entre humain et Ogre qui n'est pas mal non plus. Et sa maman ! Un peu d'humour parsème les pages de l'histoire agrémentée de quelques pages expliquant mieux les tenants et les aboutissants, par exemple de la réforme ratée d'un Ogre roi éclairé, et l'origine de l'institutionnalisation du cannibalisme. Seul bémol : l'inachèvement dont grâce aux commentateurs j'apprends qu'il est hélas, définitif !
Beethoven - Le Prix de la liberté
Ce one-shot raconte un moment précis de la vie de Beethoven (avec tout de même une bonne dizaine de pages qui montre de manière générale sa vie avant et après l'incident). Je me suis rendu compte en lisant cet album à quel point au final je ne connaissais pas grand chose de la vie de Beethoven. C'est vraiment la figure historique typique dont tout le monde connait le nom, mais très peu sa vie en dehors de quelques trucs généraux comme le fait qu'il est sourd. J'ai bien aimé découvrir la personnalité de Beethoven, qui aimait la liberté et qui était quelqu'un qui ne faisait pas de compromis devant ses idéaux. C'est ainsi qu'il finira par sacrifier le confort que lui apportait son riche mécène parce qu'il ne voulait pas jouer devant des officiers français. D'autres l'auraient fait pour ne pas créer de vague, mais Beethoven était d'un autre genre et j'admire lorsque quelqu'un va au bout de ses idéaux. Cela dit, je n'ai pas trouvé le récit passionnant à lire. La faute au dessin que je trouve trop académique, notamment dans sa mise en scène avec ses personnages qui bougent parfois comme des acteurs de théâtre. La narration manque de dynamisme. Mais bon au moins l'album m'a raconté une anecdote que je ne connaissais pas et au moins c'est un peu divertissant.
Danser avec le vent
Après le très réussi Voyage aux îles de la Désolation (que je relis souvent), Lepage revient douze plus tard, avec ce nouvel album, qui retrace son nouveau voyage aux îles Kerguelen. Le dessin est toujours aussi somptueux avec des pleines planches ou demi-planches d'une beauté à tomber par terre. J'ai pris mon temps pour lire cette bande dessinée, mais j'avoue vers la fin avoir tourné les pages rapidement. Là où "les îles de la Désolation" m'avait enchanté avec ses paysages, l'histoire des premiers aventuriers, cet album a fini par me lasser. En fin de compte, j'ai du mal à me faire opinion sur cet album. Peut-être que le livre tourne autour de trop de personnages, que cela en donne le tournis ! On ne sait plus qui est qui et j'ai du mal à avoir une empathie avec tous ces protagonistes, seul le personnage d'Alexis m'a touché. En voulant donner la parole aux nombreux acteurs de terrain, Lepage rate un peu le but d'un tel ouvrage, celui de nous faire rêver... Graphiquement superbe, je suis assez réservé sur le fond.
Le Bras qui bouge - Les Tribulations de Pebble & Biozevitch
Mouais. Je suis d’habitude bon client des créations de Bouzard, dont j’apprécie l’humour absurde plein d’auto-dérision. Mais là je n’y ai pas trouvé mon compte. Ça se laisse gentiment lire, mais l’histoire ne m’a globalement pas trop captivé. Il y a des longueurs, pas mal de situations qui me laissent perplexe. En tout cas où l’humour n’a pas fonctionné. Certes, quelques passages baignent dans l’absurde, comme cette course poursuite entre nos deux héros et la mafia et la police : pas facile de courir avec des palmes, en portant un coffre-fort… Mais ces passages amusants n’ont pas suffi. Quant au dessin de Pourquié, a priori pas ma came, il passe assez bien. J’ai bien aimé la colorisation en tout cas. Note réelle 2,5/5.