Souvent, je trouve que des BD arborent inutilement crasse et poussière. En plus, je dois dire que je n'aime pas trop la grisaille... Mais ici, cela fait ressentir l'environnement et la guerre, et à la réflexion, s'imposait. Les humains, pour survivre à ce traitement, prouvent leur force, à l'image du héros défenseur des villes… Héros, oui, et quel héros, qui cogite et qui se bat, solitaire car venu seul, mais solidaire, qui agrège autour de lui ! En apprenant à se battre autrement, il réforme peuple et élites. Les personnages secondaires ne sont pas de simples faire valoir. Le discours sur la guerre n'est pas naïf, et ça change… Ni soif de gloire inclinant à la guerre, ni pacifisme à la soumission, que fait-il ? En bon Chinois, du juste milieu. Cette BD donne un aperçu du passé de la Chine sans l'immobilisme de tant de récits historiques. Un héros se détache sans écraser le reste, mais plutôt avec le désir d'en apprendre davantage. Une perle… grise !
Aussitôt lu, aussitôt oublié !
Je ne pense pas qu ce recueil d'histoires courtes me laissera un grand souvenir. Ça se lit viiiiiite.
En plus la conclusion des histoires est datée.
L'élégance du dessin est un vrai point positif (belle couverture...) mais je n'ai pas aimé l'angle par lequel l'auteur aborde la nudité. C'est très chaste. Je préfère la provocation d'un Manara.
Little ego souffre d'ailleurs de la comparaison avec Gulliveriana, autre voyage érotique au pays des rêves, qui est pour le coup un vrai chef d'oeuvre avec des planches iconiques.
Un trois très généreux.
Dès les premières pages de Colorado Train, l’ambiance est lourde, presque poisseuse : on est dans une petite ville minière du Colorado des années 90, avec des ados paumés, des vies brisées, de la misère sociale. L’intrigue : une disparition qui vire à l’horreur, monte progressivement en tension, et on sent qu’il y a quelque chose de très profond qui se cache derrière chaque personnage.?
Ce que j’ai le plus apprécié, c’est le dessin d’Alex W. Inker : un noir et blanc très charbonneux, qui correspond parfaitement au récit. Certains avis soulignent que ce trait « très noir » est parfois difficile à lire, mais pour moi, c’est justement cette densité graphique qui rend l’univers si crédible et oppressant. ?
Les personnages sont très bien écrits : Michael, Durham, Donnie et Suzy ont chacun leurs blessures, leurs désirs, et on ressent vraiment leurs espoirs et leurs peurs. Plusieurs lecteurs disent que l’album est plus une fresque adolescente qu’un simple thriller horrifique et je suis d’accord : l’amitié, l’ennui, la drogue, le skate, tout cela joue un rôle central. ?
Un gros plus selon moi : la musique. Le QR code à la fin pour accéder à une playlist grunge / rock des années 90 est une idée géniale. Ça renforce l’immersion et donne vraiment l’impression d’être dans cette époque, entre désespoir et rébellion. ?
Je comprends aussi les critiques, certains trouvent des longueurs et regrettent que la fin soit un peu expédiée. Mais personnellement, ça ne m’a pas gâché l’expérience, je trouve que l’album parvient à instiller son malaise et ses thèmes sociaux avec beaucoup de force.
En bref : Colorado Train est une BD sombre, intense, qui combine thriller, horreur et drame social de façon très réussie. Le dessin, l’ambiance, les personnages, tout fonctionne. Pour moi, c’est une lecture forte, à recommander si vous aimez les récits adultes, mélancoliques et ancrés dans la réalité.
Histoire excellente, ce que je préfère est sans doute la remise de la clef des enfers à Sandman par Morning star et ce qui en découle. Hélas, il y a un dessin où le meilleur et le pire se côtoient. Dans Corto, un humain mélange rêves et aventures, ici un éternel crée les rêves et vit des aventures qu'il n'est pas allé chercher, côtoyant des humains très ancrés dans le réel, des dieux, des extraterrestres et des animaux. Morphe se montre à eux sous la forme qui leur convient. Et des êtres cauchemar peuvent être terrifiants, des êtres lieu enchanteurs.
Morphée est l'un des éternels qui fait le mieux son job, mais quel salopard avec ses anciens amours ! Ce qui désacralise le personnage et lui offre une marge de progression. Œuvre foisonnante qui ne cache pas ses dettes en littérature et en bande dessinée, elle m'a fait lire Le paradis perdu et quelques Constantine, elle pâtit de la bonté, de la gentillesse de son scénariste jouant par trop collectif au lieu de se choisir un artiste excellent au lieu de laisser ses idées à l'aléas des meilleurs mais aussi des pires. Malgré tout, je note cette œuvre assez haut, par exemple pour l'image de Lucifer dialoguant sur la plage en admettant la beauté d'un coucher de soleil.
Voilà qui confirme que Pratt est bien meilleur en noir et blanc qu'en couleur, voilà surtout qui manque de profondeur. Qu'est le "héros" face à Corto ? Rien, tant qu'aux autres, n'en parlons pas. Amusant, c'est quand il fait dans la couleur que la subtilité, que la diversité échappe à Pratt. Les personnages sont tous tellement unidimensionnels que peu importe ce qu'ils peuvent devenir au lecteur, ils ne font pas réels. Les images ne sont pas aussi bien dessinées qu'avec Corto, et le rêve a déserté les pages du livre. L'auteur dédaigne de traiter la rivière et les arbres comme ils le méritent, qu'il retourne donc à la mer et au désert, tellement réussi avec Corto. Quelle déception que cette œuvre !
Les ex-people, comme leur nom l'indique, sont d'anciens gens, d'anciens humain-e-s pour être plus précise. Une escouade composée de sept fantômes, tous revenu-e-s à la vie, bloqué-e-s dans un état second avant la mort, qui décide de partir dans une quête improbable vers Jérusalem afin de pouvoir obtenir le moyen de revenir à la vie (et de redevenir normaux).
J'aime bien les histoires de protagonistes atypiques se rejoignant/regroupant sur le tas, par les hasards du destin, j'aime les groupes chaotiques mais soudés (souvent générateurs d'histoires vives et entrainantes), j'aime les récits qui sentent bon les contes et légendes et enfin j'aime beaucoup les histoires d'amour. Bon, vu que le diptyque coche toutes ces cases j'ai passé un très bon moment à la lecture, mais je regrette tout de même quelques facilités scénaristiques, une exposition du passé de certains personnages pas toujours amenée de manière fluide et un dénouement sympathique mais un peu trop rapide à mon goût. L'oeuvre est bonne, les personnages simples mais attachants et le dessin m'a beaucoup plu, mais il n'empêche qu'il me manque un je ne sais quoi pour pleinement apprécier cette histoire autant qu'elle aurait pu me plaire. Il y avait de quoi me faire fermer l'album avec des étoiles dans les yeux, le dessin d'Alexander Utkin me parle beaucoup, l'aventure m'a entrainée et les personnages, sans être révolutionnaires, sont sincèrement attachants, alors je trouve ça bien dommage que de légers petits défauts de la forme (notamment la fin) me rendent le tout finalement "bien sans plus"
Bref, un récit très agréable, certes pas parfait, mais tout de même sympathique.
P.T.S.D. (ou Stress Post-Traumatique chez nous), c'est le terme pour désigner le comportement anxieux et les troubles psychiques qui naissent après un événement extrêmement traumatisant.
Comme on peut s'y attendre avec un pareil titre et une telle couverture, il sera ici question du syndrôme post-traumatique d'une ancienne soldate revenue de la guerre et ne parvenant toujours pas à passer à autre chose.
Le pays dans lequel nous nous trouvons n'est pas mentionné, pas plus que la guerre et ses enjeux, au fond on s'en fiche : le sujet de l'album est le syndrome post-traumatique en lui-même. Pas la peine de nous préciser en détail le passé pour comprendre les enjeux ici, les soldat-e-s survivant-e-s qui se sont battu-e-s pour leur pays sont aujourd'hui laissé-e-s à l'abandon à même la rue, sans le moindre soutien de l'état. Livré-e-s à leur sort, réduit-e-s à vivre sous le joug des gangs pour espérer obtenir le moindre réconfort sous la forme de médicaments et de drogues, les vétérans souffrent et meurent en silence.
Parmi elleux nous suivons principalement Jun, une ancienne snipeuse ayant perdu toute son escouade ainsi que son œil droit à la fin de la guerre. Comme tous-tes les autres vétérans elle vit à même la rue, comme tous-tes les autres vétérans elle préfère se shooter aux médicaments plutôt que de revivre sobre ses cauchemars, mais contrairement à la plupart des autres vétérans elle s'est pleinement isolée des autres. Pas d'appartenance à un groupe, pas le moindre soutien émotionnel, Jun vit parfaitement seule.
L'histoire sera donc celle de son évolution, du changement de son rapport avec les autres (en bien comme en mal), d'une tentative d'aller de l'avant, de sortir enfin de la guerre et de, on l'espère, pouvoir enfin déposer les armes. Mais pour ça il faudrait encore que Jun le réalise avant qu'il ne soit trop tard...
L'oeuvre est violente, pas mal de scènes d'actions, pas mal de scènes de morts rapides et cruelles, une histoire de vendetta, des guerres de gangs, ... l'album donne vraiment l'impression d'un film d'action hong-kongais restranscrit en bande-dessinée (et, d'après les informations de fin d'album, cela faisait effectivement partie des influences/références pour l'album).
Le travail graphique de Singelin est intéressant, sa grande ville aux gratte-ciels gigantesques, aux marchés collorés et pleins de foule et aux petites ruelles froides, sales et parfois mal-famées est vivante. On croit à la vie de cette ville, à son découpage des quartiers, à la séparation des rues "civiles" et des rues où vivent les abandonné-e-s, celleux qui vont finir par s'entretuer. Le contraste entre les couleurs sales et ternes et les couleurs chaudes et vives pour signaler l'évolution de la perception de Jun est intéressant.
L'action est fluide et lisible, le monde et ses personnages sont à la fois mignons et sales, empathiques et cruels, en bref l'histoire est simple mais humaine.
Un album intéressant, classique mine de rien dans sa construction narrative mais rondement mené et très agréable à lire.
(Note réelle 3,5)
Dire que j’attendais « Les Carnets de Stamford Hawksmoor » avec impatience est un doux euphémisme. J’adore la série mère Grandville, et de manière générale toutes les œuvres de Bryan Talbot. J’avais d’ailleurs longuement interviewé l’auteur à Angoulême en janvier 2024, et découvert la centaine de planches alors réalisées, sur sa tablette… presque 2 ans plus tard, je mets enfin les mains sur l’album, fébrilement, ayant peur d’être déçu, de trop en attendre.
Et bien non, ouf.
Je précise tout d’abord une chose importante : il n’est absolument pas nécessaire d’avoir lu Grandville pour lire et apprécier cette préquelle. L’histoire est complètement indépendante, et propose une enquête « à la Sherlock » absolument passionnante… les références au personnage de Conan Doyle abondent, à commencer par le nom du protagoniste (Stamford apparait dans le premier roman, « Une étude en rouge »). L’enquête est bien construite et parfaitement narrée, même si sa complexité nécessite une lecture attentive.
Comme c’est souvent le cas, Bryan Talbot parsème son récit de parallèles et réflexions sur notre société… les allusions à la catastrophe « Brexit » sont évidentes, mais l’auteur en profite également pour parler de la montée de l’extrême droite et du nationalisme dans le monde, ou encore des déboulonnages de statues liées à l'esclavage, par exemple.
La mise en image est magnifique. La représentation brumeuse du Londres victorien est des plus réussies, notamment grâce aux superbes couleurs aquarelles sépia, pour un rendu vintage. Les personnages animaliers sont toujours aussi réussis, ainsi que les fiacres Hansom et les costumes d’époque.
Voilà, une enquête classique, certes, et parfois difficile à suivre, mais je me suis régalé, et je me prends à rêver d’une suite (même ce n’est pas du tout d’actualité). Un coup de cœur !
Voilà plus d’un siècle que l’identité du mystérieux Jack l’Éventreur nourrit tous les fantasmes. En février 2025, un détective amateur affirmait avoir enfin percé le secret grâce à des analyses ADN réalisées sur le châle porté par Catherine Eddowes, l’une des victimes. Selon lui, le meurtrier serait Aaron Kosminski, un immigrant juif venu de Pologne, barbier de son état et déjà suspecté à l’époque. Une conclusion qui, évidemment, a depuis été largement contestée…
C’est dans ce contexte que je me suis plongé dans From Hell d’Alan Moore, un véritable monument.
Alan Moore y propose, avec une précision quasi chirurgicale, sa propre lecture de la légende, appuyée sur un important travail d’enquête et de documentation. Comme l’ont souligné de nombreux lecteurs avant moi, il faut d’abord saluer l’ampleur colossale de ses recherches : chacune des scènes du récit repose sur des sources minutieusement référencées. Une annexe d’une quarantaine de pages détaille ainsi, chapitre après chapitre, les ouvrages et documents sur lesquels s’appuie sa théorie. À cela s’ajoute une reconstitution impressionnante du Londres victorien, en particulier de ses bâtiments religieux — le deuxième chapitre, d’une trentaine de pages, y est entièrement consacré.
Ce travail titanesque engendre toutefois quelques lourdeurs et un rythme parfois lent. Mais l’ensemble reste passionnant et m’a donné envie de creuser davantage le mythe de Jack l’Éventreur et les multiples hypothèses autour de son identité.
Ayant vu et apprécié l’adaptation cinématographique avant de lire la bande dessinée, je réalise maintenant que le film fait bien pâle figure face à l’œuvre d’Alan Moore.
Je regrette cependant que la partie graphique ne soit pas à la hauteur de la qualité du scénario. Dans l’intégrale en noir et blanc que j’ai lue, le trait m’a semblé souvent approximatif, parfois même bâclé. Il m’est arrivé de revenir plusieurs fois en arrière, peinant à distinguer certains éléments du décor ou à différencier les personnages.
Pour moi, une bande dessinée culte doit allier un récit original et prenant à un dessin agréable à l’œil — notion certes très subjective. Ici, l’aspect visuel m’empêche d’attribuer la note maximale, même si l’œuvre mérite clairement son statut tant elle marque ses lecteurs.
Un très beau coup de cœur malgré tout.
SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 10/10
GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 6/10
NOTE GLOBALE : 16/20
Et hop ! Encore un Avatar ! plutôt déçu par les derniers albums de la production qui gravite autour de la franchise, c'est un peu à reculons que je suis rentré dans ma lecture. Mais contre toute attente, j'ai trouvé celui-ci beaucoup plus intéressant que les précédents.
Si le dessin de Gabriel Guzman m'a un peu surpris au début (comparé aux derniers albums lus et illustrés par d'autres auteurs), j'ai trouvé qu'il était plutôt efficace pour représenter toute la richesse et la diversité de ce petit monde de Pandora. Toute l'intrigue va se focaliser sur la quête initiatique que va vivre So'lek, le seul na'avi survivant de sa tribu après la première grande guerre perdue par les na'avis. Evoluant au fil des ans de tribu en tribu, il va acquérir les savoir-faire spécifiques à chacune et apprendre de l'univers dans lequel il évolue... Jusqu'à sa nouvelle rencontre avec l'espèce humaine...
Beaucoup moins simpliste et dénué de fond que mes autres lectures autour d'Avatar, voilà un album qui devrait plaire et ravir les amateurs de cet univers.
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Bokko (Stratège)
Souvent, je trouve que des BD arborent inutilement crasse et poussière. En plus, je dois dire que je n'aime pas trop la grisaille... Mais ici, cela fait ressentir l'environnement et la guerre, et à la réflexion, s'imposait. Les humains, pour survivre à ce traitement, prouvent leur force, à l'image du héros défenseur des villes… Héros, oui, et quel héros, qui cogite et qui se bat, solitaire car venu seul, mais solidaire, qui agrège autour de lui ! En apprenant à se battre autrement, il réforme peuple et élites. Les personnages secondaires ne sont pas de simples faire valoir. Le discours sur la guerre n'est pas naïf, et ça change… Ni soif de gloire inclinant à la guerre, ni pacifisme à la soumission, que fait-il ? En bon Chinois, du juste milieu. Cette BD donne un aperçu du passé de la Chine sans l'immobilisme de tant de récits historiques. Un héros se détache sans écraser le reste, mais plutôt avec le désir d'en apprendre davantage. Une perle… grise !
Little Ego
Aussitôt lu, aussitôt oublié ! Je ne pense pas qu ce recueil d'histoires courtes me laissera un grand souvenir. Ça se lit viiiiiite. En plus la conclusion des histoires est datée. L'élégance du dessin est un vrai point positif (belle couverture...) mais je n'ai pas aimé l'angle par lequel l'auteur aborde la nudité. C'est très chaste. Je préfère la provocation d'un Manara. Little ego souffre d'ailleurs de la comparaison avec Gulliveriana, autre voyage érotique au pays des rêves, qui est pour le coup un vrai chef d'oeuvre avec des planches iconiques. Un trois très généreux.
Colorado train
Dès les premières pages de Colorado Train, l’ambiance est lourde, presque poisseuse : on est dans une petite ville minière du Colorado des années 90, avec des ados paumés, des vies brisées, de la misère sociale. L’intrigue : une disparition qui vire à l’horreur, monte progressivement en tension, et on sent qu’il y a quelque chose de très profond qui se cache derrière chaque personnage.? Ce que j’ai le plus apprécié, c’est le dessin d’Alex W. Inker : un noir et blanc très charbonneux, qui correspond parfaitement au récit. Certains avis soulignent que ce trait « très noir » est parfois difficile à lire, mais pour moi, c’est justement cette densité graphique qui rend l’univers si crédible et oppressant. ? Les personnages sont très bien écrits : Michael, Durham, Donnie et Suzy ont chacun leurs blessures, leurs désirs, et on ressent vraiment leurs espoirs et leurs peurs. Plusieurs lecteurs disent que l’album est plus une fresque adolescente qu’un simple thriller horrifique et je suis d’accord : l’amitié, l’ennui, la drogue, le skate, tout cela joue un rôle central. ? Un gros plus selon moi : la musique. Le QR code à la fin pour accéder à une playlist grunge / rock des années 90 est une idée géniale. Ça renforce l’immersion et donne vraiment l’impression d’être dans cette époque, entre désespoir et rébellion. ? Je comprends aussi les critiques, certains trouvent des longueurs et regrettent que la fin soit un peu expédiée. Mais personnellement, ça ne m’a pas gâché l’expérience, je trouve que l’album parvient à instiller son malaise et ses thèmes sociaux avec beaucoup de force. En bref : Colorado Train est une BD sombre, intense, qui combine thriller, horreur et drame social de façon très réussie. Le dessin, l’ambiance, les personnages, tout fonctionne. Pour moi, c’est une lecture forte, à recommander si vous aimez les récits adultes, mélancoliques et ancrés dans la réalité.
Sandman
Histoire excellente, ce que je préfère est sans doute la remise de la clef des enfers à Sandman par Morning star et ce qui en découle. Hélas, il y a un dessin où le meilleur et le pire se côtoient. Dans Corto, un humain mélange rêves et aventures, ici un éternel crée les rêves et vit des aventures qu'il n'est pas allé chercher, côtoyant des humains très ancrés dans le réel, des dieux, des extraterrestres et des animaux. Morphe se montre à eux sous la forme qui leur convient. Et des êtres cauchemar peuvent être terrifiants, des êtres lieu enchanteurs. Morphée est l'un des éternels qui fait le mieux son job, mais quel salopard avec ses anciens amours ! Ce qui désacralise le personnage et lui offre une marge de progression. Œuvre foisonnante qui ne cache pas ses dettes en littérature et en bande dessinée, elle m'a fait lire Le paradis perdu et quelques Constantine, elle pâtit de la bonté, de la gentillesse de son scénariste jouant par trop collectif au lieu de se choisir un artiste excellent au lieu de laisser ses idées à l'aléas des meilleurs mais aussi des pires. Malgré tout, je note cette œuvre assez haut, par exemple pour l'image de Lucifer dialoguant sur la plage en admettant la beauté d'un coucher de soleil.
Jesuit Joe
Voilà qui confirme que Pratt est bien meilleur en noir et blanc qu'en couleur, voilà surtout qui manque de profondeur. Qu'est le "héros" face à Corto ? Rien, tant qu'aux autres, n'en parlons pas. Amusant, c'est quand il fait dans la couleur que la subtilité, que la diversité échappe à Pratt. Les personnages sont tous tellement unidimensionnels que peu importe ce qu'ils peuvent devenir au lecteur, ils ne font pas réels. Les images ne sont pas aussi bien dessinées qu'avec Corto, et le rêve a déserté les pages du livre. L'auteur dédaigne de traiter la rivière et les arbres comme ils le méritent, qu'il retourne donc à la mer et au désert, tellement réussi avec Corto. Quelle déception que cette œuvre !
The Ex-People
Les ex-people, comme leur nom l'indique, sont d'anciens gens, d'anciens humain-e-s pour être plus précise. Une escouade composée de sept fantômes, tous revenu-e-s à la vie, bloqué-e-s dans un état second avant la mort, qui décide de partir dans une quête improbable vers Jérusalem afin de pouvoir obtenir le moyen de revenir à la vie (et de redevenir normaux). J'aime bien les histoires de protagonistes atypiques se rejoignant/regroupant sur le tas, par les hasards du destin, j'aime les groupes chaotiques mais soudés (souvent générateurs d'histoires vives et entrainantes), j'aime les récits qui sentent bon les contes et légendes et enfin j'aime beaucoup les histoires d'amour. Bon, vu que le diptyque coche toutes ces cases j'ai passé un très bon moment à la lecture, mais je regrette tout de même quelques facilités scénaristiques, une exposition du passé de certains personnages pas toujours amenée de manière fluide et un dénouement sympathique mais un peu trop rapide à mon goût. L'oeuvre est bonne, les personnages simples mais attachants et le dessin m'a beaucoup plu, mais il n'empêche qu'il me manque un je ne sais quoi pour pleinement apprécier cette histoire autant qu'elle aurait pu me plaire. Il y avait de quoi me faire fermer l'album avec des étoiles dans les yeux, le dessin d'Alexander Utkin me parle beaucoup, l'aventure m'a entrainée et les personnages, sans être révolutionnaires, sont sincèrement attachants, alors je trouve ça bien dommage que de légers petits défauts de la forme (notamment la fin) me rendent le tout finalement "bien sans plus" Bref, un récit très agréable, certes pas parfait, mais tout de même sympathique.
P.T.S.D.
P.T.S.D. (ou Stress Post-Traumatique chez nous), c'est le terme pour désigner le comportement anxieux et les troubles psychiques qui naissent après un événement extrêmement traumatisant. Comme on peut s'y attendre avec un pareil titre et une telle couverture, il sera ici question du syndrôme post-traumatique d'une ancienne soldate revenue de la guerre et ne parvenant toujours pas à passer à autre chose. Le pays dans lequel nous nous trouvons n'est pas mentionné, pas plus que la guerre et ses enjeux, au fond on s'en fiche : le sujet de l'album est le syndrome post-traumatique en lui-même. Pas la peine de nous préciser en détail le passé pour comprendre les enjeux ici, les soldat-e-s survivant-e-s qui se sont battu-e-s pour leur pays sont aujourd'hui laissé-e-s à l'abandon à même la rue, sans le moindre soutien de l'état. Livré-e-s à leur sort, réduit-e-s à vivre sous le joug des gangs pour espérer obtenir le moindre réconfort sous la forme de médicaments et de drogues, les vétérans souffrent et meurent en silence. Parmi elleux nous suivons principalement Jun, une ancienne snipeuse ayant perdu toute son escouade ainsi que son œil droit à la fin de la guerre. Comme tous-tes les autres vétérans elle vit à même la rue, comme tous-tes les autres vétérans elle préfère se shooter aux médicaments plutôt que de revivre sobre ses cauchemars, mais contrairement à la plupart des autres vétérans elle s'est pleinement isolée des autres. Pas d'appartenance à un groupe, pas le moindre soutien émotionnel, Jun vit parfaitement seule. L'histoire sera donc celle de son évolution, du changement de son rapport avec les autres (en bien comme en mal), d'une tentative d'aller de l'avant, de sortir enfin de la guerre et de, on l'espère, pouvoir enfin déposer les armes. Mais pour ça il faudrait encore que Jun le réalise avant qu'il ne soit trop tard... L'oeuvre est violente, pas mal de scènes d'actions, pas mal de scènes de morts rapides et cruelles, une histoire de vendetta, des guerres de gangs, ... l'album donne vraiment l'impression d'un film d'action hong-kongais restranscrit en bande-dessinée (et, d'après les informations de fin d'album, cela faisait effectivement partie des influences/références pour l'album). Le travail graphique de Singelin est intéressant, sa grande ville aux gratte-ciels gigantesques, aux marchés collorés et pleins de foule et aux petites ruelles froides, sales et parfois mal-famées est vivante. On croit à la vie de cette ville, à son découpage des quartiers, à la séparation des rues "civiles" et des rues où vivent les abandonné-e-s, celleux qui vont finir par s'entretuer. Le contraste entre les couleurs sales et ternes et les couleurs chaudes et vives pour signaler l'évolution de la perception de Jun est intéressant. L'action est fluide et lisible, le monde et ses personnages sont à la fois mignons et sales, empathiques et cruels, en bref l'histoire est simple mais humaine. Un album intéressant, classique mine de rien dans sa construction narrative mais rondement mené et très agréable à lire. (Note réelle 3,5)
Les Carnets de Stamford Hawksmoor
Dire que j’attendais « Les Carnets de Stamford Hawksmoor » avec impatience est un doux euphémisme. J’adore la série mère Grandville, et de manière générale toutes les œuvres de Bryan Talbot. J’avais d’ailleurs longuement interviewé l’auteur à Angoulême en janvier 2024, et découvert la centaine de planches alors réalisées, sur sa tablette… presque 2 ans plus tard, je mets enfin les mains sur l’album, fébrilement, ayant peur d’être déçu, de trop en attendre. Et bien non, ouf. Je précise tout d’abord une chose importante : il n’est absolument pas nécessaire d’avoir lu Grandville pour lire et apprécier cette préquelle. L’histoire est complètement indépendante, et propose une enquête « à la Sherlock » absolument passionnante… les références au personnage de Conan Doyle abondent, à commencer par le nom du protagoniste (Stamford apparait dans le premier roman, « Une étude en rouge »). L’enquête est bien construite et parfaitement narrée, même si sa complexité nécessite une lecture attentive. Comme c’est souvent le cas, Bryan Talbot parsème son récit de parallèles et réflexions sur notre société… les allusions à la catastrophe « Brexit » sont évidentes, mais l’auteur en profite également pour parler de la montée de l’extrême droite et du nationalisme dans le monde, ou encore des déboulonnages de statues liées à l'esclavage, par exemple. La mise en image est magnifique. La représentation brumeuse du Londres victorien est des plus réussies, notamment grâce aux superbes couleurs aquarelles sépia, pour un rendu vintage. Les personnages animaliers sont toujours aussi réussis, ainsi que les fiacres Hansom et les costumes d’époque. Voilà, une enquête classique, certes, et parfois difficile à suivre, mais je me suis régalé, et je me prends à rêver d’une suite (même ce n’est pas du tout d’actualité). Un coup de cœur !
From Hell
Voilà plus d’un siècle que l’identité du mystérieux Jack l’Éventreur nourrit tous les fantasmes. En février 2025, un détective amateur affirmait avoir enfin percé le secret grâce à des analyses ADN réalisées sur le châle porté par Catherine Eddowes, l’une des victimes. Selon lui, le meurtrier serait Aaron Kosminski, un immigrant juif venu de Pologne, barbier de son état et déjà suspecté à l’époque. Une conclusion qui, évidemment, a depuis été largement contestée… C’est dans ce contexte que je me suis plongé dans From Hell d’Alan Moore, un véritable monument. Alan Moore y propose, avec une précision quasi chirurgicale, sa propre lecture de la légende, appuyée sur un important travail d’enquête et de documentation. Comme l’ont souligné de nombreux lecteurs avant moi, il faut d’abord saluer l’ampleur colossale de ses recherches : chacune des scènes du récit repose sur des sources minutieusement référencées. Une annexe d’une quarantaine de pages détaille ainsi, chapitre après chapitre, les ouvrages et documents sur lesquels s’appuie sa théorie. À cela s’ajoute une reconstitution impressionnante du Londres victorien, en particulier de ses bâtiments religieux — le deuxième chapitre, d’une trentaine de pages, y est entièrement consacré. Ce travail titanesque engendre toutefois quelques lourdeurs et un rythme parfois lent. Mais l’ensemble reste passionnant et m’a donné envie de creuser davantage le mythe de Jack l’Éventreur et les multiples hypothèses autour de son identité. Ayant vu et apprécié l’adaptation cinématographique avant de lire la bande dessinée, je réalise maintenant que le film fait bien pâle figure face à l’œuvre d’Alan Moore. Je regrette cependant que la partie graphique ne soit pas à la hauteur de la qualité du scénario. Dans l’intégrale en noir et blanc que j’ai lue, le trait m’a semblé souvent approximatif, parfois même bâclé. Il m’est arrivé de revenir plusieurs fois en arrière, peinant à distinguer certains éléments du décor ou à différencier les personnages. Pour moi, une bande dessinée culte doit allier un récit original et prenant à un dessin agréable à l’œil — notion certes très subjective. Ici, l’aspect visuel m’empêche d’attribuer la note maximale, même si l’œuvre mérite clairement son statut tant elle marque ses lecteurs. Un très beau coup de cœur malgré tout. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 10/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 6/10 NOTE GLOBALE : 16/20
Avatar - Aux frontières de Pandora
Et hop ! Encore un Avatar ! plutôt déçu par les derniers albums de la production qui gravite autour de la franchise, c'est un peu à reculons que je suis rentré dans ma lecture. Mais contre toute attente, j'ai trouvé celui-ci beaucoup plus intéressant que les précédents. Si le dessin de Gabriel Guzman m'a un peu surpris au début (comparé aux derniers albums lus et illustrés par d'autres auteurs), j'ai trouvé qu'il était plutôt efficace pour représenter toute la richesse et la diversité de ce petit monde de Pandora. Toute l'intrigue va se focaliser sur la quête initiatique que va vivre So'lek, le seul na'avi survivant de sa tribu après la première grande guerre perdue par les na'avis. Evoluant au fil des ans de tribu en tribu, il va acquérir les savoir-faire spécifiques à chacune et apprendre de l'univers dans lequel il évolue... Jusqu'à sa nouvelle rencontre avec l'espèce humaine... Beaucoup moins simpliste et dénué de fond que mes autres lectures autour d'Avatar, voilà un album qui devrait plaire et ravir les amateurs de cet univers.