Les derniers avis (375 avis)

Couverture de la série Touriste
Touriste

Mouais. Voilà un album qui ne m’a pas passionné. Pire, je n’ai vraiment pas aimé certains aspects, au point d’envisager de ne lui mettre qu’une seule étoile. Si je ne l’ai pas fait, c’est parce que le dessin de Mademoiselle Caroline (habituée via des blogs au trait simple et efficace), sans être mon truc, est plutôt agréable, avec une colorisation tranchée. Il y a aussi quelques petites remarques intéressantes de la part de Julien Blanc-Gras – qui adapte ici son bouquin. Un aspect faussement documentaire, avec un regard critique sur le tourisme et certains touristes, pourquoi pas ? Mais, pour quelques remarques bien vues, pour quelques traits d’humour – rares – bien sentis, il y a hélas selon moi beaucoup trop de complaisance. Au point que rapidement je ne sentais plus trop la causticité prétendue du propos. En effet, lorsque l’auteur va dans une sorte de Club Med en Tunisie, lorsqu’il visite avec un guide une favela ou qu’il en fait de même en Colombie sur les traces de Pablo Escobar, et malgré ses petites pointes ironiques, je ne distingue pas trop son attitude de celle de beaufs authentiques, ou tout simplement du touriste lambda. Une sorte de critique de salon qui me gêne. Gros bof me concernant.

27/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Elise et les nouveaux partisans
Elise et les nouveaux partisans

L’album divise visiblement, et ne recueille d’ailleurs pas beaucoup d’avis, malgré la présence de Tardi au dessin. Eh bien moi je l’ai bien aimé. D’abord, pour revenir sur Tardi, parce que j’aime bien ce qu’il fait. Il excelle encore à représenter la banlieue parisienne, et il le fait d’autant plus volontiers que c’est pour mettre en avant des idées politiques (très à gauche) qui lui sont chères, ainsi qu’une dénonciation de certains pouvoirs politiques (le Gaullisme) et policier, durant les années 1960-1970. Tardi est aussi impliqué par le fait d’illustrer le travail de sa compagne. Qui nous présente ici un récit quasiment autobiographique, ainsi qu’une plongée dans l’histoire sociale et politique de ces deux décennies, du point de vue de l’extrême gauche. Ça a en tout cas le mérite de remettre sur le devant de la scène un certain nombre de faits et d’idées, oubliés, que ce soit autour de la guerre d’Algérie, des violences policières et patronales, ou de celles des gauchistes, dans ces années où l’État français s’est souvent éloigné de ses principes et de ses valeurs défendues (toute ressemblance avec certains faits plus récents – autour de la répression des Gilets jaunes par exemple – ne pourrait être que fortuite…). La narration est agréable, même si elle reprend de façon chronologique les luttes dans lesquelles Elise/Dominique Grange a été impliquée. Le sujet m’intéresse, et son traitement m’a plu.

27/04/2025 (modifier)
Couverture de la série La Déconfiture
La Déconfiture

J'ai toujours le même ressenti avec les l'œuvres de Pascal Rabaté. J'ai souvent du mal à adhérer à sa vision des événements. Ici encore j'ai trouvé la lecture bien banale. Rabaté n'a évidemment pas vécu cette période historique et la bibliographie sur laquelle se base son récit va dans le sens unique de cette débandade qui ridiculise un peu facilement l'armée française. Les images proposées ont été mille fois vues dans des documentaires sur le sujet. Rien de très nouveau. De plus Rabaté introduit de nombreux combats nocturnes assez improbables compte tenu de la stratégie de combat des JU 87. La narration est fluide mais j'y ai retrouvé de nombreuses scènes déjà vues ou lues ailleurs comme le racisme des allemands vis à vis des coloniaux, les cochons anthropophages, la ferme isolée tenue par des femmes … Comme il n'y a pratiquement pas d'action une grande partie de la narration tient dans un texte qui fait la part belle à la désillusion avec des intonations modernes. Rabaté choisit un graphisme sur le mode minimaliste qui privilégie l'expression des visages ainsi que leur diversité. L'auteur maîtrise parfaitement ses cadrages, ses ombrages et sa mise en scène ce qui fournit une narration textuelle vive malgré le peu d'actions dynamiques. Enfin le final est assez énigmatique tombant comme un cheveu sur la soupe sans une connaissance plus fine de la psychologie et du vécu du personnage. Une lecture mi figue mi raisin encore une fois pour moi avec cet auteur.

27/04/2025 (modifier)
Par Josq
Note: 3/5
Couverture de la série Mémoire morte
Mémoire morte

Découvrir une nouvelle œuvre de Marc-Antoine Mathieu est toujours à double tranchant. Il y a l'aspect grisant d'entrer une nouvelle fois dans son univers si particulier, si fascinant. Et il y a la crainte d'aller plus du côté de ses essais ratés (Otto, l'homme réécrit) que de ses coups de maître (Julius Corentin Acquefacques, évidemment). Je dirais qu'ici, on est un peu entre les deux, même si on penche plus du côté de ses œuvres réussies. L'univers est très proche de Julius Corentin Acquefacques, voire est exactement le même (un "Akfak" est mentionné un moment). Le dessin est du Mathieu tout ce qu'il y a de plus classique, et l'univers graphique auquel il a recours est connu. On se retrouve assez bien dans cette sorte d'extrapolation poussée à l'absurde de notre société. Nous sommes dans un monde régi par une sorte d'entité mystérieuse, où tous les hommes qui se promènent dans la ville sont dépendants d'une sorte de petite boîte noire qui leur dicte leur conduite. Évidemment, le parallèle est transparent, ce qui rend la lecture plutôt agréable, car on comprend bien ou MAM veut nous emmener. Et en même temps, n'est-ce pas là la limite de l'œuvre ? Certains parallèles sont parfois géniaux (ces boîtes noires qui happent l'identité des gens, ce transfert de la mémoire vers des boîtes informatiques qui entraînent l'amnésie des humains), et prennent en plus une résonance particulière à l'heure du développement sauvage et massif de l'IA. Mais ce discours n'est-il pas un discours vraiment facile ? C'est toujours très convenu de dénoncer les murs que les hommes construisent entre eux, et Mémoire morte n'entre jamais en profondeur dans cet aspect du sujet. Ce qui donne un peu l'impression de ces discours creusards d'hommes politiques qui ne veulent fâcher personne et s'attaquent aux murs et frontières bâties entre les hommes sans jamais en analyser les causes et proposer de solutions concrètes... Sur l'aspect "dépendance vis-à-vis du numérique", le discours vu d'aujourd'hui est relativement convenu, mais pour le coup, pour une bande dessinée de 2000, il devait l'être beaucoup moins à l'époque. Et surtout, j'aime bien ce rapport que fait l'auteur entre la manière dont on confie notre mémoire à l'informatique, ce qui, finalement, nous fait perdre tout souvenir, jusqu'à en perdre le langage. Et à ce titre, la phrase qui clôt le récit est véritablement glaçante, tant elle est lourde de sens, et tant elle, au moins, n'a pris aucune ride...

27/04/2025 (modifier)
Par Josq
Note: 4/5
Couverture de la série Tom et William
Tom et William

Un étrange ovni que celui-ci ! Lefeuvre signe ici une œuvre à la fois très complète et un peu courte. Très complet, l'univers de Lefeuvre l'est indéniablement. Les prémisses du récit sont captivantes à souhait, et les diverses ramifications qu'il emprunte par la suite sont très bien trouvées et pleines de sens. Les multiples personnages inventés et mis en scène par l'auteur sont tous intéressants, et Lefeuvre sait quoi en faire. Et en même temps, la bande dessinée n'aurait pas manqué d'une vingtaine de pages en plus, voire d'un développement sur 2 ou 3 tomes. Une fois le concept lancé, on peut le développer à l'infini, et il aurait été agréable de pouvoir se promener davantage dans cet univers, une fois qu'on en a bien compris les codes. Mais bon, ça ne m'empêchera par de relire ce one shot ! Ce qui rend Tom et William aussi réussi, malgré quelques séquences d'une trop grande confusion narrative, c'est évidemment son magnifique dessin. Le trait extrêmement rigoureux de Lefeuvre alterne à merveille entre le réalisme et une stylisation évoquant certains types de comics. C'est très pertinent vu le sujet, et surtout incroyablement élégant. Alors certes, la lecture de ce one shot est un peu trop rapide, et on aurait aimé que l'auteur développe davantage les innombrables potentialités de son univers, mais en attendant, c'est agréable à lire, original et bien trouvé. Voilà une BD qu'on n'a pas l'impression d'avoir déjà lu mille fois mais qu'on a diablement envie de relire !

27/04/2025 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Retour à Tomioka
Retour à Tomioka

Si « Retour à Tomioka » a toutes les apparences d’une lecture jeunesse, elle devrait pouvoir séduire tout aussi bien les grands enfants jusqu’à 77 ans et plus… Il est d’ailleurs difficile de classer cet album dans une catégorie quelconque. Aventure intimiste et poétique, « Retour à Tomioka » est un manga au format franco-belge, co-réalisé par deux auteurs français : Laurent Galandon au scénario et Michaël Crouzat au dessin, ce dernier étant un nouveau venu dans la bande dessinée. Elément notable : d’’un sujet anxiogène lié à la catastrophe de Fukushima, les auteurs ont réussi à produire quelque chose d’étonnamment apaisant… C’est une très belle lecture qu’ils nous offrent, en plaçant au cœur de l’histoire deux orphelins, en particulier le jeune Osamu qui est prêt à braver les restrictions de circulation imposées par le gouvernement pour rendre un hommage décent à sa grand-mère qui vient de décéder. Lui seul semble en capacité de communiquer avec les yokai, ces petites créatures espiègles issues du folklore japonais, ce qui ajoutera une touche d’humour au récit tout en permettant de prendre du recul. En évitant le pathos lié à cette terrible tragédie, Laurent Galandon et Michaël Crouzat ont réussi à produire un récit que l’on pourrait croire imaginé par Hayao Miyazaki lui-même, un récit où la nature fait jaillir toute sa puissante poésie à la façon d’un feu d’artifice, mais cette fois dans la foulée d’une catastrophe nucléaire. Car même si la région de Fukushima semble rayée de la carte, cette nature en mutation, symbolisée par un yokai atomique monstrueux, montre qu’elle est toujours là et cherche à reprendre l’ascendant sur une invention humaine spectaculaire qui aurait échappé à son créateur… D’un point de vue graphique, si l’univers évoque celui de Miyazaki, on ne peut également s’empêcher de penser à Jirô Taniguchi pour cette façon de produire une atmosphère rassurante dans ce Japon bien ordonné. Le trait tout en simplicité de Michaël Crouzat est maîtrisé, de même que le cadrage et la mise en page, et quand on sait que cet auteur a longtemps officié dans le dessin animé, il n’y a guère de quoi être surpris, tant les séquences s’enchaînent avec une plaisante fluidité. On pourra relever également le beau travail sur la couleur d’Andrès Garrido Martin et Clara Patiño Bueno, avec des tonalités évoluant en fonction des passages. Tout cela fait de « Retour à Tomioka » une réussite incontestable qui a largement mérité son prix jeunesse à Angoulême. Il y a beaucoup de magie dans cet album qui nous invite à conserver la meilleure part de notre enfance, cette part qui donne accès au monde invisible et que l’on a trop souvent tendance à oublier lorsque vient l’âge adulte.

26/04/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série Miss Tattoo
Miss Tattoo

Mais un bon deal valant mieux qu’un long et coûteux procès… - Ce tome constitue la première moitié d’un diptyque, d’une série centrée sur un nouveau personnage apparu pour la première fois dans les deux derniers tomes de la précédente série de l’auteur, Caroline Baldwin : Caroline Baldwin T18 - Half-blood (2018) & Caroline Baldwin - T19 - les faucons (2020), ainsi que dans le hors-série Caroline Baldwin, Miss Tattoo (2020). Son édition originale date de 2025. Il a été réalisé par André Taymans pour le scénario, les crayonnés et les couleurs, et par Elisabetta Barletta pour les dessins. Cyrielle Zurbrügg a servi d’inspiration et de modèle pour le personnage principal. Il comprend quarante-quatre pages de bande dessinée. Le récit s’apprécie mieux en ayant une connaissance des tomes 18 & 19 précités. Au cimetière de Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal, par une belle journée ensoleillée, une femme blonde en robe verte d’été se repère avec un plan dans la main. Elle finit par trouver la tombe qu’elle recherche : celle de Caroline Baldwin. Dans un costume classique, Gary Scott se tient devant la stèle en attendant. Vanina Lao présente ses excuses : elle est en retard, malgré le plan fourni par Scott, elle s’est perdue dans ce labyrinthe. Il lui demande si elle a fait bon voyage. Elle répond par l’affirmative et ils se recueillent un instant en mémoire de la défunte. Puis Scott reprend la parole, il se demande ce qui a finalement décidé Lao à venir, le besoin de changer de vie dit-elle. Il lui tend les clés de la maison de Caroline, la demi-sœur de Vanina : la maison est à elle à présent, il a lui aussi besoin de changer de vie. Elle s’y rend avec son sac de voyage et pénètre à l’intérieur : tout est sens dessus-dessous. La maison a été fouillée de fond en comble et il y règne un désordre indescriptible. Le téléphone sonne, un modèle filaire : Vanina Lao répond et un interlocuteur anonyme la menace violemment en exigeant qu’elle rende le dossier qu’elle leur a piqué, dans les vingt-quatre heures. Passé ce délai, elle sera morte. Alors qu’elle est encore sous le choc, la porte s’ouvre et l’inspecteur Philips pénètre à l’intérieur. Elle réagit immédiatement en indiquant qu’elle n’a pas ce qu’il recherche. Il se présente comme étant de la police, et un ami de Gary. Il lui propose de s’asseoir et de discuter. Après quelques échanges, il essaye de contacter Scott sur son portable, mais ce dernier ne répond pas. En continuant de discuter, les deux interlocuteurs en déduisent que l’état de la maison doit être lié au boulot de Caroline chez Wilson Investigation. Après avoir fait le tour de la maison, Philips propose à Vanina de l’emmener à New York, pour tirer cette affaire au clair ; elle accepte. Le lendemain, dans la mégapole, ils se présentent à la porte desdits bureaux : ils se heurtent à deux policiers qui leur interdisent le passage. Philips reconnaît un nouvel arrivant, Terry, un inspecteur qu’il connaît. Ce dernier accepte de les faire entrer et leur expose la situation. C’est le gardien qui a donné l’alerte ce matin : la porte des bureaux de Wilson avait été fracturée, quelqu’un avait vidé les armoires, emporté les disques durs externes, et surtout ils ont laissé un joli macchabée. Dix-neuf albums pour la série Caroline Baldwin, personnage créé en 1996, deux albums supplémentaires (Double dames en 2021 et Le voyageur en 2023) et une fin en bonne et due forme… avec quelques questions laissées en suspens. Le scénariste change donc de personnage, tout en reprenant les fils de l’intrigue. Le lecteur hésite entre plus de la même ou quelque chose de différent : cela valait-il la peine de changer de personnage ? On change d’une héroïne brune et élancée pour une héroïne blonde et tatouée : la différence n’est pas criante, d’autant que la nouvelle subit plutôt les évènements, trimballée par l’inspecteur Philips qui fait son boulot avec une totale liberté, mais aussi une vraie compétence. L’histoire reprend le principe de ce cabinet d’investigation, avec un ou deux secrets de nature à déstabiliser les plus hauts niveaux de l’état américain, une conspiration dans laquelle Caroline Baldwin aurait pu se retrouver à son corps défendant, se comportant comme un éléphant dans un magasin de porcelaine pour mener son enquête. Elle aurait sans nul doute été plus dans l’action que Vanina Lao. Enfin, Taymans a quasiment dessiné cet album : il en a fait le découpage et les crayonnés, confiant la finition des dessins à une dessinatrice, comme il avait confié les dessins définitifs de Le voyageur à Nico van de Walle. Bon voilà donc un album qui semble s’apparenter à une nouvelle aventure de Caroline Baldwin qui ne dit pas son nom. D’un autre côté, c’est bien le même auteur, il n’est guère surprenant qu’il crée un album dans la lignée des précédents. Son héroïne se trouve impliquée dans une affaire de chantage concernant des documents susceptibles de nuire à la réélection du président des États-Unis, dans un plan organisé par son concurrent. Ce dernier est légèrement empâté, avec une étrange chevelure blonde alambiquée, il joue au golf, et ses subalternes l’appellent gouverneur Duck, un nom qui sonne étrangement au départ, jusqu’au moment où le lecteur fait le lien avec un prénom qui est à la fois celui d’un canard (Duck) et celui du quarante-cinquième président des États-Unis. Mais voilà que la situation se complique avec l’implication du cabinet Wilson Investigation, et celle de Gary Scott, l’ancien compagnon de Caroline par intermittence, et également agent du FBI. Le lecteur apprécie l’expérience consommée avec laquelle l’auteur met à profit la mythologie propre à ce pays, avec également une sombre histoire du suicide collectif des membres d’une secte, évoquant des affaires réelles similaires. Pour autant, le lecteur remarque également les différences significatives avec la série précédente, et elles vont plus loin que la couleur des cheveux et la présence de tatouage, ou encore une paire de lunettes. Pour commencer, Vanina Loa ne mène pas l’enquête : ce n’est pas son métier, à la différence de Caroline Baldwin. Ensuite, elle ne semble pas souffrir de symptômes dépressifs, peut-être que l’auteur lui-même a laissé derrière lui quelques-uns de ses propres démons. En revanche, elle est tout aussi à l’aise que Caroline avec la nudité, et l’auteur a conservé cette caractéristique avec une scène de douche, qui permet d’admirer l’intégralité des tatouages de Miss Tatttoo. Pour autant, la dessinatrice dispose de sa personnalité propre pour les traits de contour, avec une sensibilité différente de celle de Taymans, ce qui donne une allure moins sexy à ce passage, plus prosaïque. En effet, Barletta utilise des traits de contours moins épurés, plus fins et plus appliqués, aboutissant à un rendu plus minutieux pour les personnages, parfois proche de celui de Taymans pour quelques éléments de décors. En fonction de ses goûts, le lecteur peut trouver le visage des personnages un peu trop littéral, ou apprécier ce rendu descriptif plus proche du réel. La page de garde de l’ouvrage comprend une photographie de Cyrielle Zurbrügg ce qui permet de constater la ressemblance du personnage dessiné avec son modèle. La narration visuelle repose sur une documentation concrète et des dessins descriptifs et réalistes. Le lecteur peut avoir l’assurance de la vraisemblable de la représentation du cimetière de Notre-Dame-des-Neiges, des rues de New York, de la Maison Blanche, d’un restaurant asiatique en entresol, ou encore d’un motel en pleine cambrousse, et d’un lodge isolé dans une zone naturelle sauvage. D’un côté, les dessins de Barletta comprennent plus d’éléments que ceux de Taymans ; de l’autre, ce dernier donnait une meilleure sensation des grands espaces naturels. Quoi qu’il en soit, les dessins donnent à voir concrètement les environnements et les différents éléments comme les aménagements intérieurs, les ameublements, les accessoires variés. Grâce à cela, le lecteur peut croire que la maison de Caroline Baldwin était effectivement encore équipée d’un poste de téléphone filaire, le saccage consécutif à la fouille est patent, il ne manque rien à l’équipement de pêche de Philips, les enseignes avec idéogrammes chinois apportent un cachet authentique au quartier asiatique de New York, la scène de décollage d’hélicoptère sur la pelouse de la Maison Blanche semble provenir des informations télévisées, il fait bon rouler dans les routes de basse montagne dans la région de Denver, etc. Le talent de metteur en scène et de découpage d’André Taymans fait son effet et Barletta sait s’adapter pour compléter les esquisses en les respectant et en en gardant l’esprit. La campagne de financement participatif de l’album offrait la possibilité d’acquérir en plus un album souple collector en tirage limité reprenant l’intégralité du storyboard d’André Taymans. Le créateur de l’héroïne Caroline Baldwin et de sa série revient avec un nouvel album avec un personnage secondaire assumant le premier rôle : Miss Tattoo, inspirée par Cyrielle Zurbrügg. Le lecteur retrouve de nombreux éléments de la série originale, à commencer par une intrigue policière nourrie par des éléments d’actualité, dans le territoire américain, mettant à profit aussi bien ses grands espaces naturels que le potentiel d’un complot politique. Il apprécie la qualité de la narration visuelle en termes de découpage et de plan de prises de vue réalisés par André Taymans, il s’adapte rapidement aux dessins d’Elisabetta Barletta. Un polar divertissant avec quelques clins d’œil savoureux à des faits bien réels, comme l’art des affaires.

26/04/2025 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
Couverture de la série Les Météores
Les Météores

J’ai beaucoup aimé ce récit choral, j’apprécie cet exercice narratif qui permet souvent une réflexion utile sur la façon dont nos vies se croisent et s’entrecroisent, sur le fait que nous savons peu de la souffrance des autres. Je comprends que certains trouvent le récit un peu « plat » ou la fin un peu décevante (voir les autres avis), mais ces petits défauts (s’ils en sont) ne m’ont pas vraiment dérangé. J’ai suivi les déboires des différents protagonistes avec beaucoup d’intérêt, je me suis vraiment pris au jeu, je me suis attaché à elles-eux. Pour la note, mon cœur balance entre 3/5 et 4/5… allez, j’arrondis à 4. Une lecture pas forcément poignante, mais belle et prenante.

26/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Supercanon ! - Le marchand d'armes qui visait les étoiles
Supercanon ! - Le marchand d'armes qui visait les étoiles

Je suis plutôt d’accord avec ce qui a plu à Mac Arthur et déplu à Bamiléké. Je me retrouve donc le cul entre deux chaises. Mais globalement, c’est un album qui m’a laissé sur ma faim. J’avais beaucoup aimé le film « Lord of War », qui dressait le portrait d’un marchand d’armes intelligent, roublard et d’un cynisme à toute épreuve. Je m’attendais au vu du titre et de la quatrième de couverture, à lire quelque chose de semblable, et de découvrir au travers de Gerry un personnage quasi identique. En fait il n’en est rien – ou quasiment rien – tant du point de vue du personnage lui-même, que du traitement proposé par Philippe Girard. Car, comme le souligne Mac Arthur, c’est une sorte de gamin qui garde ses rêves de gosse que nous suivons, un passionné de Jules Verne (le grand Verne fait d’ailleurs de nombreuses apparitions pour dialoguer fictivement avec le héros) qui cherche jusqu‘au bout, et par tous les moyens, une façon de finaliser et de financer ses rêves de canon pouvant envoyer dans l’espace (ou sur la lune !) satellites et autres objets. Mais voilà, la fin justifiant peu à peu les moyens, il va se retrouver aspiré par les appels d’air de certains services secrets (CIA et services canadiens en tête), certains états (Israël, puis Irak), et finalement ne produire que des armes, là où il ne cherchait qu’à produire des moyens de transports plus économes et plus efficaces. Traiter ce genre de personnage en ne s’intéressant quasiment qu’à ses aspirations, dresser le portrait d’un idéaliste inconscient des manipulations dont il est l’objet, et du dévoiement de ses idéaux, pourquoi pas ? Mais ici je n’ai pas été convaincu. Non pas parce que ce serait moche de présenter un concepteur et marchand d’armes comme un être intelligent et positif. Mais surtout parce que ça n’est pas crédible selon moi. Girard a forcément dû improviser sur ce point, et j’ai du mal à croire que notre ingénieur ait été aussi naïf. Qu’il ait eu des rêves de gosses oui, mais il les a laissés de côté, consciemment ou pas, sous la contrainte de la réalité ou pour satisfaire ses besoins familiaux ou autres. Des rêves de gosse oui, mais ça n’est plus un gosse ! Après avoir été lâché, trahi par la CIA, après avoir été condamné et banni, il poursuit dans la même voie, comme un drogué « replongeant ». Pas crédible sur la partie « inventée », immergée de l’iceberg Gerry, le scénario m’a aussi déçu pour toute la partie émergée, celle pour laquelle on peut avoir plus de connaissances factuelles. Ainsi l’action de la CIA, les différents régimes auxquels il vend des armes, tout est traité de façon trop lapidaire. Ne reste ainsi qu’une biographie fantasmée et parcellaire, un peu bancale. Au final, l’album n’est pas inintéressant. Mais, sur le matériau constitué par Gerry, il y avait peut-être quelque chose de plus fort à construire, je ne sais pas. Note réelle 2,5/5.

26/04/2025 (modifier)
Par Josq
Note: 3/5
Couverture de la série La Cage aux cons
La Cage aux cons

Dès les premières pages, on se sent embarqué. La narration en voix off est ultra-efficace, et tout le côté "film noir/comédie policière des années 50" est plutôt bien fait (jusqu'au logo Delcourt sur la 1re page qui parodie le logo Gaumont de 1948). Il y a de jolies punchlines, les personnages sont bien brossés, et les prémisses du récit extrêmement intrigantes. Sans compter que le nombre réduit de cases par planche fait de cette bande dessinée un tourne-pages digne de ce nom ! Bref, la magie opère indéniablement. On est pris et on n'a qu'une envie, arriver au fin mot de l'histoire, surtout que les avis qu'on trouve ici et là nous vendent tous un twist impossible à prévoir ! Et de fait, ils ont globalement raison. Seulement, c'est là que tout s'effondre... Sans être une catastrophe absolue, le twist est d'une facilité que n'égale que son manque total de vraisemblance (sans parler d'une assez forte chute dans le mauvais goût). Je n'arrive pas du tout à y croire. Alors certes, on serait dans une pure comédie parodique qui jouerait la carte de l'absurde, ça aurait pu très bien passer. Peut-être les plus cinéphiles se souviendraient-ils de l'hilarant Un Cadavre au dessert (avec rien de moins que Truman Capote, David Niven, Maggie Smith, Alec Guinness, Peter Sellers, Elsa Lanchester et James Cromwell !), qui s'amusait à abattre les cartes les plus délirantes pour finir par nous emmener dans un festival de grand n'importe quoi absolument réjouissant. Ici, le twist m'a vraiment fait penser à ce film, sauf que le ton n'y est pas assez absurde pour nous faire accepter n'importe quel twist. Ou alors il aurait fallu l'étoffer pour le rendre plus crédible... Cela ne signifie pas que La Cage aux cons soit une mauvaise bande dessinée. Mais je dois bien avouer qu'elle n'est pas du tout aussi marquante que je l'aurais souhaité. Reste le souvenir d'une lecture plaisante, très bien écrite et assez bien menée, mais dont, à la réflexion, j'aurais préféré ne pas lire la fin.

26/04/2025 (modifier)