Les derniers avis (326 avis)

Couverture de la série La Délicatesse
La Délicatesse

One-shot de très bonne tenue, fidèle aux récits introspectifs et aux relations humaines caractéristiques de David Foenkinos. Le propos est posé, réfléchi, sans chercher à bouleverser le lecteur : il invite plutôt à une observation attentive des trajectoires de vie et des micro-déséquilibres émotionnels. Le choix d’un narrateur omniscient à la troisième personne instaure une distance bienvenue, qui renforce la pudeur du récit. La thématique centrale — perte, deuil et reconstruction — est objectivement lourde, mais traitée avec une légèreté maîtrisée et une réelle bienveillance. Le récit progresse comme une valse discrète, fluide, laissant le temps aux silences et aux non-dits. En filigrane, des thèmes très actuels émergent : relations professionnelles, work-life balance, et surtout la frontière parfois ténue entre relation hiérarchique saine et dynamique potentiellement toxique. Graphiquement, le dessin se montre doux, lisible et cohérent avec l’intention narrative. S’il ne s’agit pas d’un style qui me plait particulièrement, il sert efficacement le récit par sa sobriété et son sens du rythme, en adéquation avec l’atmosphère feutrée de l’ensemble.

22/12/2025 (modifier)
Couverture de la série La Chronique des Immortels
La Chronique des Immortels

La série propose un récit sombre qui s’appuie efficacement sur l’imaginaire collectif du vampire et du roman noir, sans jamais basculer dans le fantastique démonstratif. Le scénario assume une approche volontairement énigmatique : les réponses sont distillées avec parcimonie, parfois jamais totalement livrées. Cette retenue nourrit l’atmosphère mais peut aussi laisser un sentiment d’inachevé, avec plusieurs zones d’ombre qui persistent jusqu’au bout. La narration privilégie une forme d’errance plus qu’un fil linéaire classique. Le rythme est lent, parfois étiré, malgré la présence régulière d’action et de combats. L’ensemble reste contemplatif, marqué par un fort sentiment d’injustice et une vision très noire de l’humanité. Cette lenteur renforce l’ambiance, mais demande une réelle implication du lecteur et peut frustrer par moments. Graphiquement, le dessin est globalement très réussi et parfaitement en phase avec le propos : réaliste, sombre, oppressant. Quelques passages apparaissent toutefois d’une qualité ou d’une intensité visuelle inégale. Malgré cela, l’identité graphique reste solide et soutient efficacement cette épopée crépusculaire, plus sensorielle que spectaculaire.

22/12/2025 (modifier)
Couverture de la série L'Etoile du Désert
L'Etoile du Désert

Très bonne série, construite comme un film transposé en planches. Le découpage et le rythme sont clairement cinématographiques, avec une narration fluide et tendue qui maintient l’intérêt sans temps mort. Le scénario reste volontairement simple : une enquête teintée de vengeance dans un Far West brutal, peuplé de truands sanguinaires, de figures malsaines et d’Indiens marginalisés. Rien de fondamentalement original sur le fond, mais un univers dur, sans morale ni loi, parfaitement cohérent. La vraie force du récit réside dans son protagoniste : un anti-héros faillible, éloigné du cow-boy invincible, dont le parcours donne de l’épaisseur au récit. Le dessin est remarquable : très graphique, précis, jamais décoratif, riche en détails. Il soutient pleinement la dynamique du récit et renforce cette impression de western sec et violent.

22/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Il était une fois en France
Il était une fois en France

Série brillante et clairement marquante. Le scénario impressionne par son niveau de recherche et sa maîtrise du rythme : c’est fluide, haletant, dense en rebondissements, sans jamais perdre le lecteur. Chaque tome s’inscrit naturellement dans une trajectoire globale très lisible, et l’évolution du contexte — avant, pendant et après-guerre — est passionnante à suivre. Les époques changent, les rapports de force aussi, mais certaines logiques humaines demeurent, et c’est précisément là que la série frappe juste. Le traitement résolument anti-manichéen de la Seconde Guerre mondiale en France est l’un des grands points forts. Ici, pas de confort moral : ni héros idéalisés, ni figures purement démoniaques. Le récit montre des existences faites d’ambition, de survie, de compromissions et d’horreurs bien réelles. Cette approche donne une profondeur rare au propos et rend la lecture à la fois fascinante et dérangeante, sans jamais tomber dans la démonstration lourde. Graphiquement, le travail est exemplaire. Le dessin, précis et légèrement caricatural, donne une véritable épaisseur aux personnages. Sans fioritures inutiles, il sert parfaitement un scénario très intense et renforce l’impact émotionnel des situations. Si l’œuvre éclaire avec intelligence une période complexe, elle pourrait aussi, si mal interprétée, par son angle, troubler l’imaginaire collectif sur les Juifs — un point qui interroge sans pour autant remettre en cause la puissance globale de la série.

22/12/2025 (modifier)
Couverture de la série How I live Now
How I live Now

Œuvre déroutante et paradoxale. Le récit est prenant, parfois même très impliquant émotionnellement, tout en laissant une impression persistante de flou. Le contexte géopolitique, pourtant central, est volontairement évacué : la guerre est là, sans explication, sans cadre clair, avec des situations tantôt proches d’un conflit total, tantôt d’une guérilla diffuse. Cette indétermination crée des incohérences factuelles, notamment dans la gestion des adultes et de la survie des adolescents, qui peuvent désarçonner. Les thématiques suivent la même logique éclatée : amour impossible, troubles alimentaires, résilience, cellule familiale, survie. Rien n’est réellement hiérarchisé ni approfondi de façon frontale. Ce manque de lisibilité peut frustrer, mais participe aussi à l’identité du récit : une expérience sensorielle et émotionnelle plus qu’un discours construit. Malgré plusieurs choix scénaristiques déstabilisants, l’ensemble fonctionne et laisse une impression globalement positive. Graphiquement, le contraste est marqué : un dessin simple, coloré, presque naïf, proche de codes adolescents, qui tranche avec la dureté du fond. Ce décalage, loin d’affaiblir l’œuvre, renforce son étrangeté et son impact. Une oeuvre déroutante, peut-être imparfaite mais singulière, qui mérite d’être lue pour se forger un avis personnel.

22/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Frenchman
Frenchman

Œuvre d’aventure nord-américaine maîtrisée, portée avant tout par une proposition graphique remarquable. Le dessin est d’une grande précision, les couleurs sont sublimes et l’atmosphère — nature hostile, immensité, solitude — est immédiatement saisissable. Chaque planche témoigne d’un travail graphique et documentaire approfondi, probablement nourri d’une solide recherche. Le scénario reste volontairement linéaire et classique, mais assume pleinement cette simplicité. Il correspond exactement à ce que l’on attend d’un récit d’aventure de ce type : progression claire, immersion continue, efficacité narrative sans détours inutiles. Les thèmes de fond sont présents et correctement traités, sans jamais prendre le pas sur l’objectif principal : raconter une belle aventure. Une bande dessinée de grande qualité, plus contemplative que démonstrative, qui privilégie l’expérience de lecture et l’immersion visuelle à la complexité narrative.

22/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Fils du Soleil
Fils du Soleil

Fils du Soleil est une bonne BD d’aventure maritime, efficace et agréable à lire, même sans connaître l’œuvre originale. Le cadre du Pacifique, loin des schémas classiques de la piraterie caribéenne, apporte un vrai dépaysement. Cet ancrage géographique et culturel différent fonctionne bien et donne au récit une identité rafraîchissante pour les amateurs de récits marins. Le scénario est solide, rythmé et lisible. La progression est fluide, les enjeux clairs, et les personnages se dévoilent naturellement au fil des pages. On sent une base littéraire robuste, bien exploitée. En revanche, l’ensemble reste assez resserré : il manque un peu d’épaisseur et de nuances pour que les personnages marquent durablement ou que certaines situations gagnent en intensité émotionnelle. Graphiquement, c’est un vrai plaisir. Le dessin est précis, très maîtrisé, avec un style graphique affirmé qui évoque un certain aspect rétro tout en restant pleinement moderne. La mise en scène est claire, l’ambiance bien posée, et le travail visuel soutient parfaitement le récit sans jamais l’alourdir. Au final, une BD d’aventure maritime bien construite et efficace, qui se lit avec plaisir. Elle remplit parfaitement son rôle, mais il lui manque une touche de magie, de profondeur ou d’audace pour réellement s’imposer comme une œuvre marquante.

22/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Histoire(s) à dormir debout (Macabre)
Histoire(s) à dormir debout (Macabre)

On a là un recueil d’adaptations de quelques-uns des auteurs classiques des récits d’horreur/épouvante, ou de fantastique noir « à l’ancienne ». Si l’album vise un public large, je le proposerais davantage à un lectorat adolescent. Car, plus que d’horreur hystérique ou sanguinolente, on a là essentiellement des récits qui misent sur l’atmosphère inquiétante, une angoisse sourde qui n’est jamais poussée à son paroxysme. Le résultat est globalement intéressant, même si je n’en suis pas forcément fan. Disons que c’est une sympathique lecture d’emprunt.

22/12/2025 (modifier)
Couverture de la série De Cape et de Mots
De Cape et de Mots

Gros coup de cœur. La série réussit un équilibre rare entre légèreté, humour et propos de fond. Le récit est très rythmé, porté par une toile volontairement loufoque qui rend la lecture fluide et réjouissante. Pour un public jeunesse, mettre en avant l'esprit au dessus de toute autre forme de 'force' est brillant. L’héroïne est particulièrement réussie : profondément humaine, faillible, mais brillante dans sa manière d’affronter le monde. Les personnages secondaires assument pleinement leur côté cliché, mais de façon intelligente : ils incarnent des archétypes clairs qui servent la lisibilité et l’équilibre du récit plutôt que de l’appauvrir. L’ensemble fonctionne avec une grande justesse. Graphiquement, le style n’est pas, à titre personnel, celui que je préfère spontanément. Mais objectivement, il est parfaitement en adéquation avec le ton et le contenu. La narration visuelle est limpide, expressive, et l’on se laisse très vite happer malgré toute réticence initiale. Le fait d’oublier complètement ce frein personnel est, en soi, la meilleure preuve de la qualité de l’œuvre.

22/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Confidences à Allah
Confidences à Allah

Je n’avais pas connaissance de l’œuvre originale, ce qui conditionne forcément une partie de mon ressenti. Sur le principe, l’idée d’un récit centré sur la relation intime et contradictoire d’une personne « ordinaire » avec Allah est forte, pertinente, et promettait un angle intéressant, à la fois spirituel et humain. Cette tension entre foi, révolte et incohérence personnelle est clairement le point d’entrée le plus séduisant de la BD. Dans les faits, le récit m’a laissé une impression de dureté appuyée, parfois presque gratuite. La trajectoire narrative est assez attendue et l’on se retrouve davantage face à un enchaînement de situations violentes ou oppressantes qu’à une véritable exploration de cette relation à Allah, qui finit par passer au second plan. Le propos est frontal, sans réel contrepoint ni respiration, ce qui rend la lecture pesante plus que marquante. Graphiquement, le dessin est maîtrisé et cohérent avec l’univers, mais son rendu très épuré, presque “webcomic”, m’a semblé en décalage avec la gravité du fond. Cela atténue à mes yeux l’impact émotionnel du récit, alors même que le sujet appelait peut-être une mise en scène plus incarnée ou plus rugueuse. Une œuvre qui repose sur une intention intéressante mais dont l’exécution m’a paru trop dure et trop convenue pour réellement convaincre.

22/12/2025 (modifier)