Les derniers avis (255 avis)

Couverture de la série Pandemonium (Ki-oon)
Pandemonium (Ki-oon)

J’ai emprunté ce diptyque un peu au hasard, après avoir entrouvert un album et avoir été attiré par l’univers animalier, et surtout par le rendu de la colorisation, avec ces nuances de marron et de rouille qui écartent toute autre influence. Et c’est d’ailleurs cet aspect qui m’a le plus plu au fil de ma lecture, cette colorisation crée une ambiance à la fois souterraine et crépusculaire intrigante – plaisante en ce qui me concerne en tout cas. Pour revenir sur le dessin, il est plutôt agréable, mais je n’ai pas trop aimé les scènes d’action, souvent difficile à lire, dans la fin du premier tome, et surtout dans le second. Un dessin par ailleurs pas trop fouillé, mais qui passe. L’histoire quant à elle m’a un peu moins captivé. Si le point de départ est intriguant, la suite est moins dynamique, et s’étale beaucoup trop, des longueurs auraient pu être évitées. Ça se lit très vite, car il y a peu de texte (et d’intrigue en fait), et tout ceci me fait dire que l’ensemble aurait pu tenir en un seul tome plus resserré. Les personnages ne sont pas trop fouillés – comme l’intrigue donc – et ils sont aussi souvent stéréotypés, manquant de nuances. Les retournements de situation en fin d’histoire, après une éphémère montée en tension, sont un peu « gentils ». Je pense que cette série est à réserver à un jeune lectorat, adolescent. L’adulte que je suis a apprécié la mise en image – et en couleurs surtout – mais est resté sur sa faim concernant l’histoire. Note réelle 2,5/5.

24/08/2025 (modifier)
Couverture de la série Ce n'est pas toi que j'attendais
Ce n'est pas toi que j'attendais

C’est je crois la première incursion de Toulmé dans la BD, son dessin est encore très simple et parfois hésitant (il le restera par la suite, mais avec plus d’assurance dans le trait je trouve). Comme son futur chef d’œuvre L'Odyssée d'Hakim, cet album est rempli d’empathie pour un être que les hasards de l’existence n’ont a priori pas gâté. Ce qui fait la force de cet album, c’est la sincérité de l’auteur, sa façon toute particulière et « transparente » de se présenter aux lecteurs, sans pathos ni faux-semblants. Toulmé est un père ordinaire, bourré de préjugés envers le handicap et en particulier la trisomie 21, et une certaine tension monte lorsque sa deuxième fille nait avec cette pathologie, à laquelle il n’était pas préparé, ce qui entraine une forme de rejet de sa part. Avec pudeur, de l’autodérision et un chouia d’humour, Toulmé se montre à nu, et nous assistons à sa mue, très lente, jusqu’au dernier quart de l’album, où son amour pour sa fille Julia explose aux yeux du lecteurs. Si sa femme n’était pas loin de ressentir ses préventions, la présence de leur première fille a été pour beaucoup dans l’apprivoisement mutuel de Toulmé et de Julia, puisque les deux sœurs entretiennent dès le départ une relation forte et « normale ». La réflexion sur la normalité est d’ailleurs sous-jacente, et interroge tout le monde. Cet album peut se présenter comme l’affirmation de Toulmé qu’un cap est passé. Même si les peurs et interrogations sont toujours en partie présentes, elles ont disparu du présent, et ne concerne que l’avenir – mais là Toulmé et sa femme semblent armés pour les affronter. La façon dont l’auteur développe sa relation avec sa fille trisomique est pleine de délicatesse, une fois l’ignorance – source de réactions inappropriées – dépassée. Une histoire touchante, et bien racontée..

24/08/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 2/5
Couverture de la série Le Destin d'Amrak
Le Destin d'Amrak

Mais du coup, qui sont les gentils, qui sont les méchants ? - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2025. Il a été réalisé par Olivier Gay pour le scénario, par Geyser pour les dessins, et par Alicia Scima pour les couleurs. Il comprend quarante-six pages de bande dessinée. Dans le grand temple de la ville d’Amadis, un triumvirat de dieux est apparu au grand prêtre dans la grande salle de prières, au milieu des cierges éteints, au-dessus de la plateforme au milieu du bassin. Lorsque les dieux sont mécontents, les mortels tremblent. Même le grand prêtre Na-Routef, chef suprême du clergé, grand commandeur des templiers, l’homme le plus puissant de l’empire. Des milliers de soldats à son service, des coffres remplis d’or, des concubines par dizaines. Et pourtant, il tremble. Les dieux lui demandent ce qu’est cette guerre qu’il mène en leur nom. Le grand prêtre explique qu’il n’avait pas le choix : l’empereur les a provoqués, ils vont mettre ses armées en déroute et installer une théocratie pour la plus grande gloire des dieux. La trinité répond que ce sera certainement également pour la gloire du grand prêtre. Peu importe, car ils sont venus en ce temple pour une autre raison : ils ont une mission à lui confier, et il a intérêt à ne pas les décevoir. Le prélat promet tout ce qu’ils veulent : s’agit-il de leur ériger un temple, de brûler des mécréants ? Ils répondent : rien de tout ça, il devra juste éliminer quelqu’un pour eux. Un templier. Sur un champ de bataille, un templier reprend conscience. Il repousse le cadavre imposant du guerrier qui s’est écroulé en travers sur lui. Il enlève le morceau de lance fiché dans son flanc, et il se rend compte qu’il n’a pas été blessé car la pointe de la lance a été arrêté par sa flasque métallique d’alcool : il faut croire qu’il y a un dieu pour les ivrognes. Il se redresse, tout en ramassant son épée, et en se demandant où il se trouve et si la bataille est finie. Il appelle pour voir s’il y a quelqu’un. Il sort du large bâtiment dans lequel il a repris connaissance et il découvre un immense champ de bataille, avec des bâtiments dont une église encore en flammes, et de nombreux cadavres en armure. Il commence à se parler à haute voix, tout en commentant ce qu’il découvre : Pour une bataille, c’était une sacrée bataille, mais qui a gagné ? Eux ? Et qui sont-ils ? Quel est son propre camp ? Qui est-il ? Il se rend compte qu’il ne se souvient de rien. Il a beau se concentrer, seul son nom lui revient en tête : Amrak. Il suppose qu’il a dû se prendre un sacré coup sur la tête. Quoi qu’il en soit, tant qu’il ne saura pas quel camp a gagné, il vaudrait mieux qu’il se montre discret. Soudain, quelqu’un l’interpelle, et lui demande pourquoi il n’est pas reparti avec les autres. Il s’agit d’un groupe de trois pillards, des détrousseurs de cadavres. Leur chef engage la conversation avec le templier. Mais Amrak marche malencontreusement sur le crâne d’un mort, et il tombe à la renverse… alors qu’une flèche vient se planter dans l’arbre à côté, à la hauteur de l’endroit où se trouvait sa tête encore une seconde auparavant. Le combat s’engage entre le templier et les détrousseurs. Un récit de Fantasy, avec des phénomènes surnaturels et une mythologie : un panthéon sur lequel le lecteur en apprendra plus au cours du récit, et un héros qui semble bénéficier d’une chance surnaturelle. Le lecteur reconnaît peut-être le nom du scénariste, qui a déjà travaillé avec Christophe Arleston, en particulier sur la trilogie Danthrakon (2019-2020), et sur les deux récits de la série Les Maléfices du Danthrakon, dont l’excellent Succès Damné (2023). En fonction de sa familiarité avec les univers d’Arleston, le lecteur peut identifier un certain nombre de similitude. Tout d’abord dans la tonalité narrative : il règne une forme douce d’humour qui dédramatise les péripéties, entre remarques taquines voire insolentes, et des marques d’autodérision chez certains personnages. Ensuite, il s’agit d’un récit qui met à profit les conventions du genre Fantasy, comme des éléments prêts à l’emploi, ne nécessitant pas d’être détaillés ou étoffés. En une phrase, le conflit entre l’Empire et les Templiers est établi, sur la base d’un intérêt économique, sans plus d’information sur l’empereur, ou sur la création de l’ordre des Templiers. Avec cette petite touche iconoclaste : le déclencheur du conflit est d’ordre économique, et pas idéologique. Autre grand classique dans les récits d’Arleston : la présence d’une jeune femme combative qui n’a pas froid aux yeux, dans tous les sens du terme. La prise de contact avec ce tome s’effectue par la couverture très réussie : les cadavres et les débris du champ de bataille, les colonnes ouvragées pour encadrer et mettre en valeur le personnage, la monture carapaçonnée, le détail des accessoires de la selle, et la quantité de flèches dont une partie brisée, le nombre exagéré introduisant une petite touche de dérision. L’artiste manie très bien cette dimension visuelle, un comique discret qui tient à distance le sérieux, le risque de prétention et les potentiels moments ridicules découlant du caractère stéréotypé et étriqué des conventions de ce genre. Dès la première page, le lecteur sourit en captant le regard fourbe du grand prêtre, qui rend évident qu’il travaille surtout pour son intérêt personnel, et sous la contrainte de la peur que lui inspirent les dieux. Cette capacité a faire apparaître l’émotion qui trahit un état d’esprit pas forcément flatteur : le regard très calculateur du chef des détrousseurs estimant la manière dont il peut escroquer Amrak, la concentration de Taina avec le petit bout de langue qui dépasse de la bouche pour bien lancer son grappin, le regard fixe d’Amrak sur le postérieur de la jeune femme alors qu’elle monte avant lui, le regard fixe et fermé du père de Taina répondant à un soldat, l’expression tout en retenue d’Amrak travesti en femme, les récriminations irrésistibles des dieux, etc. Le dessinateur fait un usage tout aussi opportun et parlant des postures et des mouvements des personnages, en termes de langage corporel, sans systématisation, à bon escient. Le dessinateur s’investit également pour donner à voir un environnement pleinement réalisé, concret et cohérent, une qualité indispensable pour donner de la personnalité à un récit de genre. Par exemple, il a travaillé les éléments de l’armure des templiers, et donc d’Amrak pour la rendre spécifique. Il s’est bien amusé avec les tenues hétéroclites de bric et de broc des détrousseurs. Taina est bien sûr à son avantage dans ses tenues, sans pour autant que cela ne vire à l’exhibitionnisme, mettant en valeur son ventre plat, sa belle chevelure, sa façon très particulière d’envisager le côté utilitariste de sa robe de soirée, autant de détails qui rehaussent son caractère. Le lecteur se rend compte qu’il est sensible aux grandes cases établissant le décor en début de scène : la monumentale salle du temple, la découverte du champ de bataille encore ravagé par des incendies, la vue générale de la ville d’Amadis, construite au pied de la montagne des dieux, avec tous ses temples, les toits de forme très variés de cette même ville, l’escalier du sentier divin qui serpente le long de la montagne pour desservir les temples (plus le dieu est puissant, plus le temple est haut), la grande salle du casino digne de Las Vegas, etc. Scénariste et artiste se sont bien coordonnés pour des moments inoubliables : le pied botté d’Amrak glissant sur le crâne d’un cadavre en en arrachant un œil, les superbes acrobaties de Taina passant de toit en toit, la mère de Taina lui reprochant ses écarts de conduite, la plantureuse poitrine d’Amrak, etc. L’intrigue repose sur un mystère et une forme de course-poursuite, deux dispositifs assurant une bonne dynamique au récit. Le lecteur s’interroge également sur la véritable nature d’Amrak, et sur la source de sa chance insolite. Il en vient à se demander si Taina ne serait pas sous le coup d’une force similaire mais avec un effet de malchance, s’il s’agit d’un principe régissant ce monde. Il s’interroge sur un possible dénouement opposant l’empereur et le grand prêtre, sur le niveau d’intervention des dieux dans la réalité, sur l’éventualité d’un autre niveau de réalité, etc. Le scénariste s’amuse bien avec l’enchaînement de péripéties et de tribulations, pour une narration sans temps mort, un divertissement sympathique. Avec un dénouement tenant les promesses sous-jacentes des remarques incidentes. Dans le même temps, scénariste et dessinateur restent cohérents dans leur mode narratif. Ils ont choisi le registre du divertissement, avec des éléments comiques désamorçant les situations dramatiques. Par exemple, la mort des parents de Taina intervient de manière très soudaine, sans aucun signe annonciateur. Cela donne lieu à une scène d’action d’une page, totalement muette constituée de six cases de la largeur de la page, et à une vive réaction émotionnelle de la part de leur fille. Puis tout repart comme si rien ne s’était passé, ou plutôt comme s’il s’agissait d’un événement fort opportun pour le déroulement de l’intrigue, créé artificiellement uniquement dans ce but. Incidemment, le lecteur absorbe inconsciemment les remarques sur le pouvoir de l’argent, l’obéissance aveugle à des déités, la réalité du carnage de la guerre avec un nombre de morts révulsant, l’intelligence limitée de la soldatesque lorsqu’ils obéissent sans chercher à comprendre, le pouvoir de la chance (ou bien son rôle dans la vie d’un individu, alors qu’il n’en a aucune maîtrise), et la mesquinerie des dieux à l’image du commun des mortels. Une aventure tout public, bien troussée, avec des auteurs professionnels. Le dessinateur sait donner corps à un monde imaginaire, permettant au lecteur de s’y immerger et d’y croire, avec un vrai talent pour donner vie aux personnages, pour faire apparaître leur caractère, et leur faillibilité d’êtres humains. Un scénario inventif et direct, prenant en compte le nombre de pages réduit ne leur permettant pas de développer plus avant leur monde. Cette dernière caractéristique contraint les créateurs, consignant le récit à un divertissement efficace.

24/08/2025 (modifier)
Par Canarde
Note: 3/5
Couverture de la série Albertine a disparu
Albertine a disparu

Moins séduite que mon prédécesseur mais c'est pas mal. Ce qui m'a plu, c'est le dessin avec des personnages bien campés aidés par des dialogues sympathiques. Les décors de la ruralité sont aussi bien décrits, depuis le beau patrimoine et sa belle église vide, les intérieurs désuets et les jardins abandonnés des mamies jusqu'à la France moche avec ses gendarmeries, ses petits commerces, ses ehpad et ses laboratoires d'analyse, ses intérieurs de bureaux ou de salles des fêtes, les clôtures de maisonnettes et les portails opaques... Bref tout cela est bien observé mais le scénario est un peu court. Le fils qui ne déclare pas la mort de sa mère et continue à lui apporter ses courses pendant des années... et meurt du covid. Pourquoi pas mais on voudrait un peu plus de grain à moudre, des liens entre ces personnages, une vieille histoire, je ne sais pas. Cela m'a semblé gratuit et n'a pas beaucoup résonné avec ce que je connais. L'histoire est racontée du point de vue du maire et on reste à l'extérieur, à fleur des articles du journal local. On n'a pas vraiment envie de connaître ce petit monde et finalement on n'en connaît rien que la surface. Le côté enquête policière n'est pas non plus poussé, on abandonne vite comme si tout cela était normal : on ne cherche pas vraiment à qui aurait pu profiter le crime s'il y en avait eu. On ne connait les tenants et aboutissants financiers que par des suppositions avinées au bistro. La disparition du corps ne trouve pas d'explication : Circulez, il n'y a rien à voir. L'idée de l'éditeur de le sortir en grand format avec une couverture grenue ne me semble pas adaptée, ça donne une sorte de grandiloquence inutile. Bref des qualités, mais l'album vire plutôt à mettre en valeur les difficultés du travail des maires ruraux qu'à nous tenir en haleine !

23/08/2025 (modifier)
Couverture de la série Richard
Richard

Bien qu'il soit théoriquement possible de donner mon avis individuel sur chacun des cinq albums, je préfère donner mon avis sur la série dans sa totalité, les albums étant trop courts pour pleinement en parler sans se répéter toutes les trois lignes. Richard, ce sont les aventures d'un type un peu con, extrêmement chiant aussi, qui cherche continuellement la petite bête chez les gens. Il ne peut pas s'en empêcher : dès qu'il croise quelqu'un il faut qu'il le titille, qu'il l'emmerde, qu'il lui sorte toutes les âneries qui lui passent par la tête pour être sûr d'énerver les gens. Ce qui marche dans cette série, surtout, ce sont les dialogues, toujours vifs et amusants. "Richard au cimetière" et "Richard et les quasars" m'ont tout particulièrement fait rire avec leur montée progressive de l'énervement et la surenchère de phrases débiles. C'est très drôle ou a minima divertissant. Bon, un petit point a tout de même entaché ma lecture cependant, à savoir la simplification de la pensée et un raccourcis dans l'un des albums, "Richard et les enfants d'Abraham". Je ne sais pas si c'est parce qu'en ce moment-même le conflit israélo-palestinien et les atrocités de l'état d'Israël sont de nouveau sous le feu des projecteurs et comme jamais auparavant présent dans le débat publique, mais j'ai l'impression d'y trouver une formulation maladroite faisant un raccourcis entre juif et pro-Israël. Je m'explique : dans cet album Richard se fait alpaguer pour une association récoltant des signatures pour soutenir le peuple palestinien et faire cesser les massacres et, comme à son habitude, Richard agit comme un con et énerve progressivement la militante qui lui a adressé la parole. Que Richard disent des conneries, voire même des propos antisémites dans le cas présent, ça me parait cohérent avec le personnage tel qu'il nous a été présenté jusque là. Par contre, que la militante fasse à deux reprises le raccourcis de désigner comme juive toute personne cherchant à nuire à son action et parte du principe que tous-tes les juifs-ves sont de-facto en soutien à Israël ça me gène déjà un peu plus. Je ne dis pas que ce genre de raisonnement n'existe pas, dès lors qu'il y a un soulèvement pour dénoncer les pratiques barbares d'un groupe d'individus vous trouverez toujours des couillons pour rejoindre la lutte dans le simple but de taper sur les innocents qui auraient malheureusement des points communs avec elleux (fussent-ils même prétendus). Ce qui me gène c'est que si Richard dit des conneries antisémites et que la militante en dit aussi, sans distinction ni nuance, qu'en retire-t-on ? Bon, pour venir contredire tout ça l'album se termine par une personne juive venant justement dénoncer Israël et exprimer ouvertement son souhait de voir l'état en question disparaître, mais pourtant je garde tout de même un goût étrange dans la bouche. Vois-je le mal partout ? Est-ce que je cherche constamment la petite bête ? Peut-être. Je ne sais pas. En tout cas ça m'a parasité la lecture du reste de la mini-série. Je laisse cet album de côté dans la considération de cette série, je ne sais toujours pas quoi en penser et il est indéniable que les concerné-e-s et les personnes mieux informé-e-s que moi en sauront bien plus sur la question. Cet album mis à part la série est très divertissante et même amusante.

23/08/2025 (modifier)
Par Canarde
Note: 3/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Une issue
Une issue

Une description juste d'un épisode très incofortable de la vie : tomber enceinte et ne pas se sentir en situation de mener ce potentiel enfant à terme. Avec une particularité : cela se passe en Pologne dans un pays très religieux où l'avortement est une intervention médicale très rare, aux mains d'une phallocratie catholique. Aucune précision ou réflexion n'est donnée sur qui est le partenaire sexuel. Là n'est pas le sujet de l'album. Rien de psychologique. Le titre est en ce sens tout-à-fait bien choisi. Le but est de trouver une issue, et d'abord quelqu'un à qui en parler. Le flou de la succession des démarches à accomplir est d'autant plus perturbant dans la solitude. Magda est institutrice dans une école Montessori mais cela ne l'aide en rien ! L'autrice vient de Jérusalem et habite au Pays-Bas. Une issue est sa première BD traduite en français. Le dessin des personnages ressemble un peu à celui de Davodeau avec une couleur plus audacieuse : les traits peuvent être colorés et l'aquarelle plutôt proche de Barru (vive et un peu baveuse !) La mise en page et le jeu des cases sont variés et adaptés au propos. C'est une BD à mettre dans toutes les bibliothèques, elle ne s'appuie pas sur un discours militant pendant le parcours de Magda qui reste très factuel. Le rôle des enfants donne à l'histoire un humour appréciable et contextualise aussi très bien les contradictions qui traversent la vie des femmes. Seules les dernières pages mettent en scène les manifestations pour l'avortement qui ont eu lieu en Pologne pendant la pandémie de Covid. Une double-page en fin de publication présente l'association danoise ANA qui a permis à 125000 personnes d'avorter à ce jour dont 90% venaient de Pologne. Je ne mets pas 4 étoiles parce que ce point de vue qui occulte les raisons d'avorter est très juste d'un point de vue politique, mais du point de vue de la narration, cela reste un manque.

23/08/2025 (modifier)
Par Mashiro
Note: 2/5
Couverture de la série Carnet du Pérou
Carnet du Pérou

Je considère FabCaro comme un des dessinateurs français les plus hilarants toutes générations confondues. C’est donc avec plaisir que je découvre sa bibliographie au compte goutte pour ne pas tout lire d’un coup puis rester sur ma faim. FabCaro adore essayer de nouveaux concepts/angles/thèmes, mais toujours avec un humour qui lui est propre et qui fait mouche (c’est toujours une de mes recommandations initiales à mes amis qui souhaitent découvrir le monde de la BD). Bien que ce ne soit pas l’oeuvre la plus drôle de l’auteur, on tient quand même ici une de ses BDs les plus originales. Celle-ci se présente comme un carnet de voyage, un voyage que l’auteur n’a en réalité jamais fait (et confond assez facilement le Pérou avec le Mexique) et qui nous montre également des étapes de réalisation du bouquin avec les commentaires de ses proches et de son éditeur. C’est comme toujours assez absurde, certains bon gags. Les parties faussement sérieuses sont quand même parfois un peu trop sérieuses, ce qui tend à casser le rythme comique (on en arrive à lire des commentaires sur les habitants et la nourriture en attendant l’arrivée du prochain gag). Le style de dessin est propre à FabCaro et alterne entre le bleu pour et le noir pour les différentes temporalités. Un bon carnet pour préparer un futur voyage au Pérou (ou au Mexique)!

23/08/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Eilin du fond de l'eau (Naïade)
Eilin du fond de l'eau (Naïade)

Initialement publiée comme une histoire de 62 pages chez Makaka Éditions sous le titre Naïade, cette œuvre a ensuite été complétée par deux grands chapitres se déroulant dix ans plus tard, pour atteindre 208 pages dans la réédition augmentée chez Aventuriers d'ailleurs. L'histoire de Naïade reprend un schéma classique des contes et légendes : la rencontre entre un jeune aventurier et une mystérieuse femme magique au cœur de la forêt, et l'amour complexe qui naît lorsque le monde féérique croise celui, plus cruel, des humains. L'ambiance des légendes d'Europe de l'Est se ressent à travers plusieurs éléments : le héros, meneur rusé d'un duo d'aventuriers, la belle qui est une sorcière de l'eau capable de se transformer en loutre, et surtout l'opposition entre inventions humaines et ordre naturel et magique. J'avais déjà noté cette thématique de l'industrie contre la nature dans Au cœur des terres ensorcelées de la même scénariste. Avec ces deux premiers chapitres, on obtient un récit complet, joliment dessiné, qui repose sur une base certes classique du conte de fées mais solide et satisfaisante. Seule la fin, un peu abrupte et convenue, pouvait décevoir. C'est sans doute pour cette raison que, quelques années plus tard, les mêmes autrices ont proposé deux chapitres supplémentaires, encore plus longs. Se déroulant dix ans après, ils reprennent les mêmes personnages et les développent davantage. Le récit prend alors une ampleur nouvelle, intégrant de nombreux éléments issus des légendes slaves, comme L'Oiseau de feu, ainsi que des références croisées déjà entrevues dans Au cœur des terres ensorcelées. Les enfants adolescents des héros jouent un rôle central, ce qui modernise le ton et transforme le conte classique en aventure de fantasy nourrie par les mythes traditionnels. Mais cette évolution s'accompagne d'une rupture, à la fois narrative et graphique. Si ce sont a priori les mêmes dessinatrices, le style change : moins solennel, plus souple, avec des couleurs plus vives. La technique reste présente, mais la mise en scène devient plus confuse, parfois trop échevelée, et certaines séquences sont difficiles à suivre. Le rythme narratif se fait haché et les intentions des personnages paraissent moins claires. Le charme des deux premiers chapitres se dilue ainsi un peu dans les suivants. J'ai néanmoins apprécié cette plongée dans l'imaginaire des légendes slaves, pour un récit dense et ambitieux qui dépasse les codes du conte classique et propose une aventure plus moderne et fouillée, portée par un dessin très agréable et énergique.

23/08/2025 (modifier)
Couverture de la série Là où gisait le corps
Là où gisait le corps

Une nouvelle collaboration du duo Brubaker/Phillips (trio d’ailleurs avec le fils Phillips à la colorisation), les auteurs sont rodés, fonctionnent bien ensemble, et ont l’habitude d’installer ambiance et personnages dans un univers polar. Même si ici c’est un peu plus original dans la construction du récit – et plutôt décevant me concernant d’ailleurs. C’est une sorte de récit choral, centré autour d’un quartier et d’une dizaine de personnages. Chacun nous livre à tour de rôle sa vision, parlant de lui avant, pendant et après les « événements » ayant amené au « cadavre » gisant sur le sol (donnant le titre et occupant la couverture). L’intrigue se déroule durant les années 1980, plutôt bien retranscrites, et Brubaker parvient à donner de la profondeur à la plupart des protagonistes (à part la commère, qui au final se révèle transparente). Au fil des chapitres, les relations unissant les personnages sont précisées, chacun ayant un petit quelque chose dans sa personnalité ou son histoire d’intriguant (à part le docteur Melville, lui aussi en retrait dans le récit). La construction titille la curiosité, mais si je suis sorti quelque peu déçu de cette lecture, c’est que le côté polar n’est finalement pas très important. Les précédentes collaborations des auteurs, le titre et la couverture faisaient quand même penser à autre chose. Brubaker en joue d’ailleurs en présentant à la fin la clé de l’énigme, prenant à partie la curiosité et l’éventuelle frustration du lecteur. Mais du coup, je me suis dit « tout ça pour ça ? ». Le dessin de Phillips et la colorisation du fiston sont habituels pour eux, du travail efficace et lisible. Et l’album se laisse lire sans problème. Mais j’en attendais sans doute autre chose et du coup j’en suis sorti un peu sur ma faim.

23/08/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Boche
Le Boche

Je poste mon avis après lecture du premier cycle de cinq tomes. Un cycle que j’ai fini sans trop d’enthousiasme, tant cela s’étirait (et le cinquième album à la frontière suisse est vraiment celui qui se traine le plus. Il était temps de conclure. J’avais emprunté les albums suivants, mais je m’arrête là. D’autant plus que visuellement, avec le changement de colorisation le rendu n’est plus du tout le même (changement accentué avec un nouveau dessinateur au tome suivant). Et le passage dès la fin du tome 6 en Asie change aussi la nature et l’unité de l’intrigue. Le dessin des Stalner, un peu brouillon et inégal au départ, s’améliore au fil des tomes, gagne en précision. Mais il est globalement agréable. Je regrette juste un personnage (Garcin-Lacour) trop ressemblant au héros, ce qui rend la lecture de certaines cases – du moins dans les premiers tomes, ça s’améliore par la suite – légèrement pénible. En tout cas la période des années 1940 est bien restituée (décors et vêtements). Tout tourne donc autour d’un héros, Claus, surnommé « Le Boche » (il est alsacien), dans une période on ne peut plus trouble (déroute, exode puis occupation). Il nous sert de fil rouge. Toujours en fuite, il croise résistants, collaborateurs, marché noir, échappant de peu pas mal de fois au désastre. Si la narration est dynamique, Bardet use quand même de pas mal de facilités pour que Claus s’en tire à chaque fois. Et dans le maelstrom qu’est la France à l’époque, c’est quand même incroyable que tous les personnage secondaires – y compris un gamin, Léo – se retrouve sur la trajectoire de notre héros, où qu’il soit ! Un héros qui multiplie les conquêtes féminines – parfois plusieurs en même temps, Marie par exemple étant relativement tolérante et partageuse dans ce domaine ! Bref, une série classique sur la période de l’occupation, un dessin un peu daté mais intéressant, mais une intrigue trop étirée et manquant quand même de personnages plus forts et/ou crédibles pour captiver davantage (comme dans Le Vol du Corbeau ou Il était une fois en France par exemple). Note réelle 2,5/5.

23/08/2025 (modifier)