Le premier tome ne m’avait pas spécialement enthousiasmé. Trop décousu, trop enfantin, sans grande envergure, il n’offrait qu’un sympathique divertissement dont l’intérêt résidait avant tout dans la singularité des habitations proposées. Mais le deuxième tome propose un scénario bien plus construit, avec une intrigue qui émerge. L’univers est maintenant bien en place et les personnages gagnent en profondeur.
Soara se présente maintenant comme un récit de fantasy original, construit autour de ce concept d’habitats spécialement étudiés pour satisfaire des populations bien singulières mais offrant aussi une intrigue plus générale et plus ambitieuse. L’aventure est bien au rendez-vous et devrait ravir plus d’un jeune lecteur.
Pas un immanquable mais un récit sympathique qui se démarque par son concept architectural. A réserver toutefois à un jeune public.
Odr est un récit d’aventure qui s’inscrit dans l’univers des viking. Le personnage central est un berserker marqué par un drame passé. Suite à sa rencontre avec une jeune fille du village voisin, il va quitter sa solitude et renouer avec son passé de guerrier implacable.
J’avoue ne pas avoir été spécialement subjugué par ce premier tome, plutôt prévisible dans ses développements et assez mal servi par un dessin qui, s’il est d’une très grande qualité technique, n’en demeure pas moins trop souvent difficile à lire. Trop sombre, avec des cadrages pas toujours faciles à déchiffrer, ce dessin aura plus souvent été pour moi une source de souci que d’émerveillement. Pourtant régulièrement une case démontre tout le savoir-faire du dessinateur… mais cette maitrise technique se heurte à un sérieux problème de lisibilité.
Au niveau du scénario, ce n’est certainement pas déplaisant à suivre, mais sans grosse surprise selon moi. A elles seules, les révélations sur le passé du berserker ne suffisent pas à me tenir en haleine, et les autres péripéties sont jusqu’à présent ( ?) trop prévisibles pour m’enthousiasmer.
Une petite déception, pour ma part.
A l'origine, je regardais quelques images, je lisais quelques phrases de Corto, mais je comprenais que je n'étais pas prêt. Un jour enfin, j'ai senti qu'il était temps, j'ai lu et ne m'en suis jamais repenti. Quels traits, qui vous emportent comme la mer… Quel héros : Corto peut rester immobile, à fumer le cigare, sans qu'on s'ennuie, et on peut espérer que la suite dispensable ne le condamnera pas à mâchonner de l'herbe comme Lucky Luke. Et que de personnages pour lui donner la réplique ! On en trouve de toutes les couleurs, et je dirais que Hugo Pratt en a le droit, lui, alors que d'autres, non, trois fois non ! Pourquoi, parce qu'il sait les dessiner, déjà, on n'est ni dans la caricature, ni dans la fadeur, il rend parfaitement le corps humain, son visage, ses mouvements, tout…. Ensuite, en terme de perception, mais c'est aussi important, parce que Pratt connait et invente assez d'histoire pour que les gens de toutes les couleurs y soient non comme collection pour montrer de la diversité, mais des personnages d'histoires à part entière. Et quelles histoires ? La réalité et le rêve s'enrichissent mutuellement.
Même remarque pour les femmes que pour la diversité ethnique, sociale, religieuse, culturelle et psychologique. D'ailleurs ce fou de Raspoutine lui reproche d'être toujours entouré de trop de femmes ! Il y a aussi l'alcoolique Steiner qui nous montre un vieux savant assez émouvant dans sa dérive, et parfois, comme dans un spectacle, il y a des invités, des personnages historiques comme le Baron fou qu'une chinoise aidée d'une organisation secrète comme il en grouille dans Corto en Sibérie, contrecarre. Contrairement à une duchesse de cette aventure ou Bouche dorée de plein d'aventures, c''est après coup qu'on se rend compte de son importance.
C'est formidable, non ? Mais parfois, on est tout aussi heureux pour une mouette fendant l'air - par parenthèse, découvrez l'aventure provoquée par ce genre de volatile ! Ou bien pour des cases où le noir et le blanc font le… tango? Mais Corto, gentilhomme de fortune, né de la mer, est sans doute mieux suivi en commençant par la mer salée, dans les pas de Stevenson et sa navigation, et son île au trésor quand Corto en cherche tant, passionné et plein de détachement, mystérieux à l'image du monde qui se reflète dans ses yeux.
Il me faut remonter à l’excellent « Burn the House Down » pour retrouver un premier tome aussi accrocheur dans cette catégorie des manga thriller. Le concept est original puisqu’il repose sur l’architecture étrange de certaines maisons. Celles-ci offrent des configurations étranges et le personnage principal de la série va vite se convaincre que cette configuration n’est pas accidentelle mais permet à ses occupants de perpétrer des meurtres sans risquer d’être vus par leurs voisins.
L’ambiance et la tension sont bien présentes et au bout de ce premier tome, ma curiosité est fameusement titillée. Je sais déjà que je me ruerai sur le tome 2.
Niveau dessin, rien d’exceptionnel mais un trait bien lisible, des personnages bien typés et une attention bien entendu toute particulière a été accordée à l’architecture des bâtiments.
Vraiment très accrocheur !
Je ne suis pas un habitué du concept des magic girl et c’est, d’ailleurs, la première série de ce genre que je suis aussi assidument. Il m’est donc impossible de jouer au jeu des comparaisons et je ne peux qu’offrir un regard vierge mais ce qui est certain, c’est que j’ai bien accroché.
Magilumière capte d’abord par son character design. Des personnages excessifs, farfelus, amusants, décalés auxquels je me suis vite attaché. Le scénario, ensuite, de prime abord basique et prévisible, se développe au fil des tomes pour offrir une véritable intrigue tout en abordant des sujets plus généraux que ce que cet univers de magie laissait supposer. Enfin, les valeurs véhiculées (esprit d’entreprise, tolérance, ouverture aux autres, courage, sens de l’initiative) sont tout à fait adaptées au public visé (qui est très large mais plutôt orienté ‘adolescents’).
Le dessin n’est pas exceptionnel mais les scènes d’action sont plutôt bien retranscrites et compréhensibles.
En soi, la série n’est pas un chef-d’œuvre mais dispose d’assez de qualités pour satisfaire un public en quête de divertissement alliant magie, humour et personnages attachants. Reste à voir si elle résistera aux affres du temps (j’écris cet avis après avoir lu les six premiers tomes et certaines longueurs commencent à se faire ressentir).
Dave Cooper, voilà un auteur clivant, dont les productions s’éloignent du commun – en tout cas du franco-belge classique – et dont les thématiques – et le dessin – ne peuvent qu’interpeler. En tout cas on aime ou on déteste, mais il ne peut laisser indifférent.
Je fais partie de ceux qui apprécient beaucoup ce qu’il fait. J’avise cet album longtemps après ses autres productions, même si je le possède depuis très longtemps. Il avait disparu sous l’une de mes piles à lire (c’est donc la première édition du Seuil que j’ai lue, je ne sais pas ce que la réédition plus récente chez Huber a pu modifier – même si je fais confiance à cet éditeur pour avoir fait un beau travail éditorial).
« Ripple » est un album à réserver à un lectorat adulte je pense. On y retrouve certaines thématiques très présentes dans l’œuvre de Cooper, comme la sexualité, le questionnement sur la « normalité » des formes, etc. Mais c’est ici traité de façon à la fois plus « simple », avec des personnages plus réalistes que dans ces autres albums, mais aussi de façon plus trash. On n’est pas étonné de retrouver son compatriote David Cronenberg en préfacier.
Martin est un peintre/illustrateur qui se pose des questions, et trouve un thème accrocheur pour obtenir le financement des financements : travailler sur la beauté cachée des laids, pour citer Gainsbourg. Il recherche un modèle, et c’est Tina, une femme éloignée des canons actuelles (elle est grosse, propose un sourire a priori peu avenant, etc.) qui se présente.
Il lui propose de poser pour des dessins trash, avec accessoires porno SM. Si au départ Tina semble mal dégrossie et timide, à la merci des demandes – et des fantasmes – de Martin, peu à peu leur relation va se développer, toujours sur des standards vaguement SM, mais en s’inversant. Martin devient peu à peu esclave de son attirance pour Tina, voire esclave de Tina – et de son indifférence, voire de son mépris.
Une relation complexe, qui est présentée comme relatée a posteriori par Martin. Avec en arrière-plan la possibilité que Martin soit en partie un avatar de Cooper lui-même ?
En tout cas Cooper ne nous cache rien de certains aspects sordides, ou tout simplement banals du quotidien de cette relation.
Une œuvre exigeante, originale.
Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas lu l'une de ces BD de Jim et Fredman qu'on voyait partout dans les supermarchés il y a une vingtaine d'années. On les retrouve ici dans une formule qu'ils maîtrisaient bien, même si elle tournait un peu en rond et n'a jamais fait l'unanimité chez les lecteurs les plus exigeants.
En le redécouvrant après tout ce temps, j'ai pu apprécier le dessin de Fredman : un trait généreux, pas avare en détails et en mises en scène, des couleurs vives, une gestuelle élastique, et des personnages expressifs. C'est propre, dynamique, et ça fonctionne bien.
Côté scénario, Jim reprend le principe éprouvé de ses albums consacrés aux défauts des mecs, mais appliqué cette fois aux travers féminins, volontairement caricaturés. L'introduction est amusante : il explique avoir eu besoin d'une femme pour éviter la misogynie et, surtout, de lui faire décrire les défauts de ses copines plutôt que les siens. Par la suite, certaines idées fonctionnent, quelques portraits sont bien vus, mais l'ensemble repose largement sur des clichés déjà lus ailleurs. Rien de honteux, rien d'hilarant non plus, juste de quoi esquisser un sourire. A noter d'ailleurs que plusieurs personnalités et défauts évoqués pourraient tout aussi bien s'appliquer à des hommes.
On retrouve la patte habituelle du duo : une qualité régulière, agréable, mais sans grande audace. Sur un album entier, la répétition se fait sentir et les gags reposent souvent sur des comportements volontairement exagérés. C'est un album qui se lit sans déplaisir, mais qui laisse une impression de déjà-vu.
J'ai découvert Mathieu Bablet avec Adrastée et depuis je ne loupe aucune de ses nouvelles productions.
Ce "Silent Jenny" termine sa trilogie post-apocalyptique après Shangri-La et Carbone & Silicium.
Bablet nous donne à voir un monde qui n'est plus le notre, une catastrophe inconnue l'a profondément changé, la vie animale et végétale a disparu. L'humanité survie tant bien que mal dans des conditions difficiles (températures très élevées, recherche d'eau et terre impropre à la culture). Pour faire revenir la vie, des expéditions sont rigoureusement programmées par une bureaucratie très pointilleuse sur le règlement. Point après point sur la carte, les recherches D’ADN d'abeille, le pollinisateur suprême, sont le Graal tant espéré. Des recherches qui amènent nos prospecteurs sous la surface de la terre, dans l'inframonde. Il est nécessaire pour cela de rapetisser à une taille d'insecte, et ce n'est pas sans danger. C'est le quotidien de Jenny, une femme introvertie, elle n'est pas très bavarde et ne respire pas la joie de vivre. Et ses visions récurrentes de la mort ne l'aident pas à aller mieux. Elle vit sur une monade, le Cherche-midi, un genre de bateau, bardé de technologie vieillissante, sur roue qui se traîne à la vitesse d'une limace. On y découvre un monde clos qui veut résister à Pyrrhocorp, une multinationale qui veut faire main mise sur ce monde désertique (thème récurrent chez l'auteur).
Comme à son habitude Bablet nous offre un récit dense qui lorgne sur le philosophique, il pousse à la réflexion sur des sujets d'actualité.
Une lecture qui n'a pas été un long fleuve tranquille, des choses m'ont échappé. Page 185, pourquoi la monade le Cherche-midi ne stoppe-t-elle pas les machines lorsqu'elle traverse un petit coin de paradis ? Malgré une relecture des dernières planches, je ne suis pas certain d'avoir tout bien compris. Je termine donc cet album sur une impression mitigée.
J'adore le style graphique Bablet. Il m'en a encore mis plein les yeux, des décors fabuleux, la désolation transpire sur chaque planche et les design des monades et des costumes sont une totale réussite. Il s'améliore même dans la représentation des visages, ils sont toujours disgracieux mais beaucoup plus facilement reconnaissables. De superbes couleurs. De rares magnifiques doubles pages à rester bouche bée.
Difficile de trouver une juste note... j'opte pour un 3,5 et un gros coup de cœur graphique.
De l'humour absurde assez proche de ce que peux faire Fabcaro, Karibou ou encore Tienstiens avec son excellent "Koko n'aime pas le capitalisme". Le principe est encore une fois de s'amuser de codes narratifs et de situations assez prévisibles et claires, en les détournant ou jouant sur l'absurdité de celles-ci en les poussant trop loin.
Cependant, je dois avouer que si j'ai beaucoup ri sur certains situations, il en reste de nombreuses qui sont juste sympathiques. Et surtout, je trouve que contrairement à certaines idées des auteurs cités au-dessus, il manque un peu de fond. Il n'y a pas ce petit supplément de critique politique ou social, ce petit pas de côté qui rajoute à l'humour absurde une considération sur le monde et la façon dont notre société est profondément absurde, ce qui rejaillit dans les imaginaires que l'on se crée.
Pas mauvaise BD du tout, bien au contraire, juste inférieure à mon goût à d'autre du genre. Elle est servie par un dessin très réussi par contre, avec un côté crayonné qui m'a évoqué Tienstiens. C'est joli, très compréhensible et ça se marrie à merveille au ton décalé et illogique de l'ensemble.
Lecture recommandée tout de même.
Glory Owl n'est clairement pas pour moi. Malgré la variété des thèmes, des situations et des gags, je ne me suis presque jamais amusé. L'humour scato ne me fait pas rire, l'humour trash ou volontairement incorrect m'indiffère, et même l'absurde, qui aurait pu me séduire, ne m'a surpris que dans de très rares strips. Dans l'ensemble, je suis resté hermétique.
Ce n'est pas la méchanceté ou la provocation qui me dérangent, mais le fait que je ne trouve tout simplement pas cela drôle. Les mêmes mécaniques comiques reviennent souvent, deviennent prévisibles, et la recherche de transgression remplace trop fréquemment la construction du gag. J'ai rapidement eu l'impression de relire la même chose sous différentes formes.
La diversité des dessinateurs et des styles (dont une parodie de gazette du 19e siècle dans le troisième tome) ne m'a pas davantage convaincu. Je n'ai pas accroché au trait, ni à la mise en scène, et aucun style graphique ne m'a véritablement séduit.
En lisant d'autres avis, je comprends que certains voient dans la série une BD punk, libre et volontairement bête et méchante. Pour ma part, je l'ai trouvée plate : elle ne m'a ni choqué, ni outré, juste pas amusé. Plusieurs gags m'ont même laissé perplexe, sans que je saisisse où se trouvait l'intention humoristique.
Malgré son énergie et sa liberté de ton, je suis complètement passé à côté. Je retiens surtout un humour qui ne m'a presque jamais fait sourire et une partie graphique à laquelle je n'ai pas du tout adhéré.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Soara et les bâtisseurs fantastiques
Le premier tome ne m’avait pas spécialement enthousiasmé. Trop décousu, trop enfantin, sans grande envergure, il n’offrait qu’un sympathique divertissement dont l’intérêt résidait avant tout dans la singularité des habitations proposées. Mais le deuxième tome propose un scénario bien plus construit, avec une intrigue qui émerge. L’univers est maintenant bien en place et les personnages gagnent en profondeur. Soara se présente maintenant comme un récit de fantasy original, construit autour de ce concept d’habitats spécialement étudiés pour satisfaire des populations bien singulières mais offrant aussi une intrigue plus générale et plus ambitieuse. L’aventure est bien au rendez-vous et devrait ravir plus d’un jeune lecteur. Pas un immanquable mais un récit sympathique qui se démarque par son concept architectural. A réserver toutefois à un jeune public.
Odr
Odr est un récit d’aventure qui s’inscrit dans l’univers des viking. Le personnage central est un berserker marqué par un drame passé. Suite à sa rencontre avec une jeune fille du village voisin, il va quitter sa solitude et renouer avec son passé de guerrier implacable. J’avoue ne pas avoir été spécialement subjugué par ce premier tome, plutôt prévisible dans ses développements et assez mal servi par un dessin qui, s’il est d’une très grande qualité technique, n’en demeure pas moins trop souvent difficile à lire. Trop sombre, avec des cadrages pas toujours faciles à déchiffrer, ce dessin aura plus souvent été pour moi une source de souci que d’émerveillement. Pourtant régulièrement une case démontre tout le savoir-faire du dessinateur… mais cette maitrise technique se heurte à un sérieux problème de lisibilité. Au niveau du scénario, ce n’est certainement pas déplaisant à suivre, mais sans grosse surprise selon moi. A elles seules, les révélations sur le passé du berserker ne suffisent pas à me tenir en haleine, et les autres péripéties sont jusqu’à présent ( ?) trop prévisibles pour m’enthousiasmer. Une petite déception, pour ma part.
Corto Maltese
A l'origine, je regardais quelques images, je lisais quelques phrases de Corto, mais je comprenais que je n'étais pas prêt. Un jour enfin, j'ai senti qu'il était temps, j'ai lu et ne m'en suis jamais repenti. Quels traits, qui vous emportent comme la mer… Quel héros : Corto peut rester immobile, à fumer le cigare, sans qu'on s'ennuie, et on peut espérer que la suite dispensable ne le condamnera pas à mâchonner de l'herbe comme Lucky Luke. Et que de personnages pour lui donner la réplique ! On en trouve de toutes les couleurs, et je dirais que Hugo Pratt en a le droit, lui, alors que d'autres, non, trois fois non ! Pourquoi, parce qu'il sait les dessiner, déjà, on n'est ni dans la caricature, ni dans la fadeur, il rend parfaitement le corps humain, son visage, ses mouvements, tout…. Ensuite, en terme de perception, mais c'est aussi important, parce que Pratt connait et invente assez d'histoire pour que les gens de toutes les couleurs y soient non comme collection pour montrer de la diversité, mais des personnages d'histoires à part entière. Et quelles histoires ? La réalité et le rêve s'enrichissent mutuellement. Même remarque pour les femmes que pour la diversité ethnique, sociale, religieuse, culturelle et psychologique. D'ailleurs ce fou de Raspoutine lui reproche d'être toujours entouré de trop de femmes ! Il y a aussi l'alcoolique Steiner qui nous montre un vieux savant assez émouvant dans sa dérive, et parfois, comme dans un spectacle, il y a des invités, des personnages historiques comme le Baron fou qu'une chinoise aidée d'une organisation secrète comme il en grouille dans Corto en Sibérie, contrecarre. Contrairement à une duchesse de cette aventure ou Bouche dorée de plein d'aventures, c''est après coup qu'on se rend compte de son importance. C'est formidable, non ? Mais parfois, on est tout aussi heureux pour une mouette fendant l'air - par parenthèse, découvrez l'aventure provoquée par ce genre de volatile ! Ou bien pour des cases où le noir et le blanc font le… tango? Mais Corto, gentilhomme de fortune, né de la mer, est sans doute mieux suivi en commençant par la mer salée, dans les pas de Stevenson et sa navigation, et son île au trésor quand Corto en cherche tant, passionné et plein de détachement, mystérieux à l'image du monde qui se reflète dans ses yeux.
The strange house
Il me faut remonter à l’excellent « Burn the House Down » pour retrouver un premier tome aussi accrocheur dans cette catégorie des manga thriller. Le concept est original puisqu’il repose sur l’architecture étrange de certaines maisons. Celles-ci offrent des configurations étranges et le personnage principal de la série va vite se convaincre que cette configuration n’est pas accidentelle mais permet à ses occupants de perpétrer des meurtres sans risquer d’être vus par leurs voisins. L’ambiance et la tension sont bien présentes et au bout de ce premier tome, ma curiosité est fameusement titillée. Je sais déjà que je me ruerai sur le tome 2. Niveau dessin, rien d’exceptionnel mais un trait bien lisible, des personnages bien typés et une attention bien entendu toute particulière a été accordée à l’architecture des bâtiments. Vraiment très accrocheur !
Magilumière Co. Ltd.
Je ne suis pas un habitué du concept des magic girl et c’est, d’ailleurs, la première série de ce genre que je suis aussi assidument. Il m’est donc impossible de jouer au jeu des comparaisons et je ne peux qu’offrir un regard vierge mais ce qui est certain, c’est que j’ai bien accroché. Magilumière capte d’abord par son character design. Des personnages excessifs, farfelus, amusants, décalés auxquels je me suis vite attaché. Le scénario, ensuite, de prime abord basique et prévisible, se développe au fil des tomes pour offrir une véritable intrigue tout en abordant des sujets plus généraux que ce que cet univers de magie laissait supposer. Enfin, les valeurs véhiculées (esprit d’entreprise, tolérance, ouverture aux autres, courage, sens de l’initiative) sont tout à fait adaptées au public visé (qui est très large mais plutôt orienté ‘adolescents’). Le dessin n’est pas exceptionnel mais les scènes d’action sont plutôt bien retranscrites et compréhensibles. En soi, la série n’est pas un chef-d’œuvre mais dispose d’assez de qualités pour satisfaire un public en quête de divertissement alliant magie, humour et personnages attachants. Reste à voir si elle résistera aux affres du temps (j’écris cet avis après avoir lu les six premiers tomes et certaines longueurs commencent à se faire ressentir).
Ripple - Une prédilection pour Tina
Dave Cooper, voilà un auteur clivant, dont les productions s’éloignent du commun – en tout cas du franco-belge classique – et dont les thématiques – et le dessin – ne peuvent qu’interpeler. En tout cas on aime ou on déteste, mais il ne peut laisser indifférent. Je fais partie de ceux qui apprécient beaucoup ce qu’il fait. J’avise cet album longtemps après ses autres productions, même si je le possède depuis très longtemps. Il avait disparu sous l’une de mes piles à lire (c’est donc la première édition du Seuil que j’ai lue, je ne sais pas ce que la réédition plus récente chez Huber a pu modifier – même si je fais confiance à cet éditeur pour avoir fait un beau travail éditorial). « Ripple » est un album à réserver à un lectorat adulte je pense. On y retrouve certaines thématiques très présentes dans l’œuvre de Cooper, comme la sexualité, le questionnement sur la « normalité » des formes, etc. Mais c’est ici traité de façon à la fois plus « simple », avec des personnages plus réalistes que dans ces autres albums, mais aussi de façon plus trash. On n’est pas étonné de retrouver son compatriote David Cronenberg en préfacier. Martin est un peintre/illustrateur qui se pose des questions, et trouve un thème accrocheur pour obtenir le financement des financements : travailler sur la beauté cachée des laids, pour citer Gainsbourg. Il recherche un modèle, et c’est Tina, une femme éloignée des canons actuelles (elle est grosse, propose un sourire a priori peu avenant, etc.) qui se présente. Il lui propose de poser pour des dessins trash, avec accessoires porno SM. Si au départ Tina semble mal dégrossie et timide, à la merci des demandes – et des fantasmes – de Martin, peu à peu leur relation va se développer, toujours sur des standards vaguement SM, mais en s’inversant. Martin devient peu à peu esclave de son attirance pour Tina, voire esclave de Tina – et de son indifférence, voire de son mépris. Une relation complexe, qui est présentée comme relatée a posteriori par Martin. Avec en arrière-plan la possibilité que Martin soit en partie un avatar de Cooper lui-même ? En tout cas Cooper ne nous cache rien de certains aspects sordides, ou tout simplement banals du quotidien de cette relation. Une œuvre exigeante, originale.
Tous les défauts microscopiques des filles
Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas lu l'une de ces BD de Jim et Fredman qu'on voyait partout dans les supermarchés il y a une vingtaine d'années. On les retrouve ici dans une formule qu'ils maîtrisaient bien, même si elle tournait un peu en rond et n'a jamais fait l'unanimité chez les lecteurs les plus exigeants. En le redécouvrant après tout ce temps, j'ai pu apprécier le dessin de Fredman : un trait généreux, pas avare en détails et en mises en scène, des couleurs vives, une gestuelle élastique, et des personnages expressifs. C'est propre, dynamique, et ça fonctionne bien. Côté scénario, Jim reprend le principe éprouvé de ses albums consacrés aux défauts des mecs, mais appliqué cette fois aux travers féminins, volontairement caricaturés. L'introduction est amusante : il explique avoir eu besoin d'une femme pour éviter la misogynie et, surtout, de lui faire décrire les défauts de ses copines plutôt que les siens. Par la suite, certaines idées fonctionnent, quelques portraits sont bien vus, mais l'ensemble repose largement sur des clichés déjà lus ailleurs. Rien de honteux, rien d'hilarant non plus, juste de quoi esquisser un sourire. A noter d'ailleurs que plusieurs personnalités et défauts évoqués pourraient tout aussi bien s'appliquer à des hommes. On retrouve la patte habituelle du duo : une qualité régulière, agréable, mais sans grande audace. Sur un album entier, la répétition se fait sentir et les gags reposent souvent sur des comportements volontairement exagérés. C'est un album qui se lit sans déplaisir, mais qui laisse une impression de déjà-vu.
Silent Jenny
J'ai découvert Mathieu Bablet avec Adrastée et depuis je ne loupe aucune de ses nouvelles productions. Ce "Silent Jenny" termine sa trilogie post-apocalyptique après Shangri-La et Carbone & Silicium. Bablet nous donne à voir un monde qui n'est plus le notre, une catastrophe inconnue l'a profondément changé, la vie animale et végétale a disparu. L'humanité survie tant bien que mal dans des conditions difficiles (températures très élevées, recherche d'eau et terre impropre à la culture). Pour faire revenir la vie, des expéditions sont rigoureusement programmées par une bureaucratie très pointilleuse sur le règlement. Point après point sur la carte, les recherches D’ADN d'abeille, le pollinisateur suprême, sont le Graal tant espéré. Des recherches qui amènent nos prospecteurs sous la surface de la terre, dans l'inframonde. Il est nécessaire pour cela de rapetisser à une taille d'insecte, et ce n'est pas sans danger. C'est le quotidien de Jenny, une femme introvertie, elle n'est pas très bavarde et ne respire pas la joie de vivre. Et ses visions récurrentes de la mort ne l'aident pas à aller mieux. Elle vit sur une monade, le Cherche-midi, un genre de bateau, bardé de technologie vieillissante, sur roue qui se traîne à la vitesse d'une limace. On y découvre un monde clos qui veut résister à Pyrrhocorp, une multinationale qui veut faire main mise sur ce monde désertique (thème récurrent chez l'auteur). Comme à son habitude Bablet nous offre un récit dense qui lorgne sur le philosophique, il pousse à la réflexion sur des sujets d'actualité. Une lecture qui n'a pas été un long fleuve tranquille, des choses m'ont échappé. Page 185, pourquoi la monade le Cherche-midi ne stoppe-t-elle pas les machines lorsqu'elle traverse un petit coin de paradis ? Malgré une relecture des dernières planches, je ne suis pas certain d'avoir tout bien compris. Je termine donc cet album sur une impression mitigée. J'adore le style graphique Bablet. Il m'en a encore mis plein les yeux, des décors fabuleux, la désolation transpire sur chaque planche et les design des monades et des costumes sont une totale réussite. Il s'améliore même dans la représentation des visages, ils sont toujours disgracieux mais beaucoup plus facilement reconnaissables. De superbes couleurs. De rares magnifiques doubles pages à rester bouche bée. Difficile de trouver une juste note... j'opte pour un 3,5 et un gros coup de cœur graphique.
De rien
De l'humour absurde assez proche de ce que peux faire Fabcaro, Karibou ou encore Tienstiens avec son excellent "Koko n'aime pas le capitalisme". Le principe est encore une fois de s'amuser de codes narratifs et de situations assez prévisibles et claires, en les détournant ou jouant sur l'absurdité de celles-ci en les poussant trop loin. Cependant, je dois avouer que si j'ai beaucoup ri sur certains situations, il en reste de nombreuses qui sont juste sympathiques. Et surtout, je trouve que contrairement à certaines idées des auteurs cités au-dessus, il manque un peu de fond. Il n'y a pas ce petit supplément de critique politique ou social, ce petit pas de côté qui rajoute à l'humour absurde une considération sur le monde et la façon dont notre société est profondément absurde, ce qui rejaillit dans les imaginaires que l'on se crée. Pas mauvaise BD du tout, bien au contraire, juste inférieure à mon goût à d'autre du genre. Elle est servie par un dessin très réussi par contre, avec un côté crayonné qui m'a évoqué Tienstiens. C'est joli, très compréhensible et ça se marrie à merveille au ton décalé et illogique de l'ensemble. Lecture recommandée tout de même.
Glory Owl
Glory Owl n'est clairement pas pour moi. Malgré la variété des thèmes, des situations et des gags, je ne me suis presque jamais amusé. L'humour scato ne me fait pas rire, l'humour trash ou volontairement incorrect m'indiffère, et même l'absurde, qui aurait pu me séduire, ne m'a surpris que dans de très rares strips. Dans l'ensemble, je suis resté hermétique. Ce n'est pas la méchanceté ou la provocation qui me dérangent, mais le fait que je ne trouve tout simplement pas cela drôle. Les mêmes mécaniques comiques reviennent souvent, deviennent prévisibles, et la recherche de transgression remplace trop fréquemment la construction du gag. J'ai rapidement eu l'impression de relire la même chose sous différentes formes. La diversité des dessinateurs et des styles (dont une parodie de gazette du 19e siècle dans le troisième tome) ne m'a pas davantage convaincu. Je n'ai pas accroché au trait, ni à la mise en scène, et aucun style graphique ne m'a véritablement séduit. En lisant d'autres avis, je comprends que certains voient dans la série une BD punk, libre et volontairement bête et méchante. Pour ma part, je l'ai trouvée plate : elle ne m'a ni choqué, ni outré, juste pas amusé. Plusieurs gags m'ont même laissé perplexe, sans que je saisisse où se trouvait l'intention humoristique. Malgré son énergie et sa liberté de ton, je suis complètement passé à côté. Je retiens surtout un humour qui ne m'a presque jamais fait sourire et une partie graphique à laquelle je n'ai pas du tout adhéré.