Les derniers avis (245 avis)

Couverture de la série From Hell
From Hell

Voilà plus d’un siècle que l’identité du mystérieux Jack l’Éventreur nourrit tous les fantasmes. En février 2025, un détective amateur affirmait avoir enfin percé le secret grâce à des analyses ADN réalisées sur le châle porté par Catherine Eddowes, l’une des victimes. Selon lui, le meurtrier serait Aaron Kosminski, un immigrant juif venu de Pologne, barbier de son état et déjà suspecté à l’époque. Une conclusion qui, évidemment, a depuis été largement contestée… C’est dans ce contexte que je me suis plongé dans From Hell d’Alan Moore, un véritable monument. Alan Moore y propose, avec une précision quasi chirurgicale, sa propre lecture de la légende, appuyée sur un important travail d’enquête et de documentation. Comme l’ont souligné de nombreux lecteurs avant moi, il faut d’abord saluer l’ampleur colossale de ses recherches : chacune des scènes du récit repose sur des sources minutieusement référencées. Une annexe d’une quarantaine de pages détaille ainsi, chapitre après chapitre, les ouvrages et documents sur lesquels s’appuie sa théorie. À cela s’ajoute une reconstitution impressionnante du Londres victorien, en particulier de ses bâtiments religieux — le deuxième chapitre, d’une trentaine de pages, y est entièrement consacré. Ce travail titanesque engendre toutefois quelques lourdeurs et un rythme parfois lent. Mais l’ensemble reste passionnant et m’a donné envie de creuser davantage le mythe de Jack l’Éventreur et les multiples hypothèses autour de son identité. Ayant vu et apprécié l’adaptation cinématographique avant de lire la bande dessinée, je réalise maintenant que le film fait bien pâle figure face à l’œuvre d’Alan Moore. Je regrette cependant que la partie graphique ne soit pas à la hauteur de la qualité du scénario. Dans l’intégrale en noir et blanc que j’ai lue, le trait m’a semblé souvent approximatif, parfois même bâclé. Il m’est arrivé de revenir plusieurs fois en arrière, peinant à distinguer certains éléments du décor ou à différencier les personnages. Pour moi, une bande dessinée culte doit allier un récit original et prenant à un dessin agréable à l’œil — notion certes très subjective. Ici, l’aspect visuel m’empêche d’attribuer la note maximale, même si l’œuvre mérite clairement son statut tant elle marque ses lecteurs. Un très beau coup de cœur malgré tout. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 10/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 6/10 NOTE GLOBALE : 16/20

15/11/2025 (modifier)
Par PAco
Note: 3/5
Couverture de la série Avatar - Aux frontières de Pandora
Avatar - Aux frontières de Pandora

Et hop ! Encore un Avatar ! plutôt déçu par les derniers albums de la production qui gravite autour de la franchise, c'est un peu à reculons que je suis rentré dans ma lecture. Mais contre toute attente, j'ai trouvé celui-ci beaucoup plus intéressant que les précédents. Si le dessin de Gabriel Guzman m'a un peu surpris au début (comparé aux derniers albums lus et illustrés par d'autres auteurs), j'ai trouvé qu'il était plutôt efficace pour représenter toute la richesse et la diversité de ce petit monde de Pandora. Toute l'intrigue va se focaliser sur la quête initiatique que va vivre So'lek, le seul na'avi survivant de sa tribu après la première grande guerre perdue par les na'avis. Evoluant au fil des ans de tribu en tribu, il va acquérir les savoir-faire spécifiques à chacune et apprendre de l'univers dans lequel il évolue... Jusqu'à sa nouvelle rencontre avec l'espèce humaine... Beaucoup moins simpliste et dénué de fond que mes autres lectures autour d'Avatar, voilà un album qui devrait plaire et ravir les amateurs de cet univers.

15/11/2025 (modifier)
Par PAco
Note: 2/5
Couverture de la série Une toute petite conversation
Une toute petite conversation

Moi qui avait été plus qu'agréablement surpris par le premier album qu'avaient réalisé nos deux mêmes autrices, j'avoue m'être passablement ennuyé avec leur deuxième production. C'est tout d'abord les émotions qu'elles avaient admirablement réussi à faire passer dans Les Fleurs aussi ont une saison qui m'avait touché. Cette façon d'amener, de parler et de traverser 3 deuils successifs m'avait impressionné. Que ce soit par la narration ou le dessin, tout sonnait juste et touchait au coeur. Cette fois, ce récit sur les relations amoureuses et la parentalité de ce couple, Camille et Sébastien, m'a paru bien fade et quelconque en comparaison. Même le dessin de Cécile Poree que j'avais énormément apprécié, m'est apparu moins efficace. Bref, on est loin de leur premier album qui sonnait si juste et j'ai pris sur moi pour finir ma lecture.

15/11/2025 (modifier)
Couverture de la série Ether (Chaize)
Ether (Chaize)

Comme à leur habitude, les éditions 2024 (aujourd’hui 2042) ont réalisé un très beau travail éditorial, et le très grand format met très bien en valeur l’esthétique proposée par Étienne Chaize, qui développe une œuvre singulière, originale en tous points. Mais ici, je suis resté un chouia sur ma faim. Le long périple des rescapés d’Ur traine un peu trop, l’histoire manque d’un quelque chose qui la ferait basculer vers une épopée extraordinaire. Pourtant, il y a de la poésie, et la narration (le texte est uniquement placé en bas d’immenses planches – certaines étant muettes) semble nous pousser vers un récit quasi biblique, comme une revisite des errances des Hébreux. L’aspect graphique m’a lui aussi un peu laissé sur ma faim. En effet, je n’ai pas trouvé heureux ici le procédé consistant à placer les personnages dessinés dans des décors immenses aux airs de photos retravaillées. C’est original, et ça dégage une certaine poésie, mais le rendu m’a laissé de côté.

15/11/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 4/5
Couverture de la série The Promised Neverland
The Promised Neverland

Excellente série aux limites de la vraisemblance tant tout le monde est positif sauf Ray, alors que les enfants connaissent enfin la vérité terrifiante dans laquelle ils vivent ! Mais c'est peut-être un plus, en faire une série pour très jeunes et pour ceux qui souhaiteraient retrouver un optimisme auroral. Originalités ! Les monstres n'ont guère le choix d'agir autrement, et contraignent "maman", un personnage plein d'ambiguïté bien humaine. Emma, pas la plus brillante au départ, se montre finalement la clé, à la fin. L'orphelinat n'est pas ce qu'il semble être ? Le monde non plus. L'intelligence est le cœur du récit, inégalement distribuée, c'est cependant en réfléchissant tous ensemble que nos héros progressent. Si on se demande quoi offrir à des enfants éveillés, je pense cette série tombant à point nommée.

15/11/2025 (modifier)
Couverture de la série Vive la Gaule
Vive la Gaule

Cet album est une petite curiosité, qui a attiré mon attention parce que tout ce que fais Gotlib m’intéresse a priori. La pagination est faible, c’est vite lu. L’album accompagnait initialement la sortie d’un disque de Gotainer (les paroles de ses chansons accompagnent chacun des chapitres, sensés présenter une des qualités des « Gaulois »). Quant à Uderzo, outre donner les droits d’utiliser logos et personnages des célèbres Gaulois – et enrichir le catalogue de sa maison d’édition Albert René, il est peu présent, uniquement avec Astérix et Obélix qui commentent, en petit, ce que Gotlib a développé au-dessus dans ses histoires courtes. Histoires qui se déroulent dans un cadre contemporain, illustrant les Gaulois d’aujourd’hui. Disons-le tout de suite, l’album n’est pas courant, mais il n’est pas non plus indispensable. Le principal intérêt – le seul quasiment à mes yeux – c’est de découvrir un petit travail méconnu de Gotlib. Son dessin est toujours excellent, juste ce qu’il faut de caricature pour agiter les zygomatiques. Ces petites histoires sont inégales, mais la lecture – très rapide au demeurant – est plutôt agréable. Une curiosité amusante, sans plus. Mais je suis un incorrigible complétiste de Gotlib ! Note réelle 2,5/5.

15/11/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 3/5
Couverture de la série Ibicus
Ibicus

Les dessins sont par moments baveux mais malgré tout esthétiques, et ils expriment la déliquescence fascinante de la société et du personnage. Je pense et souhaite que le roman sorte de l'oubli. La déformation des corps exprime ce que les malheureux doivent subir pour survivre, notamment notre héros qui fait tout pour survivre, s'enrichir et s'enfuir à l'Ouest, pour plus de liberté ! Un zéro en moral, en sentiment, en tout, ne retient pas la sympathie, comme cependant, nul ne mérite d'être broyé par l'Histoire, on espère qu'il parviendra à se sauver. Les péripéties valent pour elles-mêmes et pour leur léger suspens. A lire, peut se relire mais ce n'est certainement pas nécessaire.

15/11/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Cas David Zimmerman
Le Cas David Zimmerman

Toutes les BD de Lucas Harari que j’ai lues (je ne sais pas trop ce qu’Arthur – son frère ? – a ajouté ici au scénario) ont un point commun : il installe une ambiance fantastique à la fois douce et angoissante, une gêne, quelque chose d’indéfinissable qui attire et hypnotise quelque peu. C’est encore le cas ici, même si l’intrigue est un peu plus directe et joue moins sur ce que l’imagination du lecteur peut ajouter à ce qu’il voit. L’histoire est intéressante et originale, une fois acceptée le principe du changement de corps entre individus. Je regrette juste quelques longueurs ou sautes de rythme. Mais globalement j’ai bien aimé cette histoire, qui trouble les identités des protagonistes (identités civiles et sexuelles), qui pose aussi la question des relations familiales : est-on prêt à accepter que celui ou celle qu’on a connu.e ait changé de corps, voire de sexe ? Le dessin d’Harari est, comme à son habitude, assez froid et statique (ceci étant renforcé » par la colorisation), mais je l’aime bien lui aussi. Une lecture intrigante. Note réelle 3,5/5.

15/11/2025 (modifier)
Par pol
Note: 4/5
Couverture de la série Le Village (Delcourt)
Le Village (Delcourt)

Nul besoin de présenter Franck Thilliez qui co signe ce scénario inédit avec Niko Tackian. Son simple nom sur la couverture, c'est la promesse d'un thriller haletant, tant les romans du scénariste sont généralement des pages-turner. Cette histoire commence comme un polar, avec la découverte de nombreux cadavres dépourvus de cerveaux et l'arrivée d'une enquêtrice pour démêler l'affaire. Mais le récit va vite prendre une tournure fantastique autour d'un mystérieux village qui semble apparaitre subitement, puis disparaitre tout aussi brutalement qu'il est arrivé. Quel est le lien entre cet étrange village et ces cadavres ? C'est là le sel de notre histoire. Cette enquête va conduire à pas mal de découvertes : des évènements de plus en plus mystérieux, des secrets passés, des explications ésotériques, une version scientifique pour donner du sens à tout ça. L'intrigue oscille entre ces différents pans en gardant en fil rouge l'enquête sur ces morts mystérieuses. Cela donne un tout cohérent où le niveau de suspens se tient bien et suscite la curiosité et l'envie de connaitre le dénouement. Sans spoiler il y aura quelques éléments un peu gros, qui dépassent le cadre de notre récit fantastique et qui tirent presque vers la science-fiction. Cette sensation de presque too much disparait à l'arrivée de la conclusion. Sombre et pessimiste, elle brille par la raisonnance qu'elle trouve avec des problématiques bien contemporaines. J'ai trouvé cette fin percutante. Dure mais marquante. Graphiquement, on a une ambiance assez sombre, nécessaire pour coller à ce récit très noir. Malheureusement certains visages souffrent un peu d'imprécision dans le trait, et combiné à la noirceur des couleurs on a parfois du mal à reconnaitre certains personnages. Et c'est le seul petit bémol. Car même si le niveau de tension est variable, et qu'on n'a pas toujours le page turner attendu, au final ce village propose une histoire qui reste dans la tête une fois l'album refermé. Une lecture qui ne m'a pas laissé indifférent, et qui appellera sans aucun doute une relecture prochaine.

15/11/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série L'Eternaute 1969
L'Eternaute 1969

Un classique ! Quelle bonne idée : les méchants aliens n'envahissent que l'Amérique latine, car vue comme la partie la plus faible de la planète. Bien vu : il n'y a guère de solidarité entre nations. Un bémol : l'Afrique est encore plus désarmée, mais c'est un scénariste latino qui décide ! Et qui n'a que de bonnes idées, qu'on en juge. La pluie de neige brouille tout, indistinction de l'espace, l'Eternaute, lui, le voyageur temporel, brouille le temps, deux éléments nous plongeant dans une atmosphère de fantastique. De fantastique effrayant, car les gens sont attaqués ! Assaillis par des créatures aliens ou humaines attachées par des fils, manipulées comme des marionnettes, encore une grande idée symbolique et graphique. Comme d'habitude, toute histoire d'intrusion doit commencer par un décor et des gens bien enracinés dans la réalité. Et l'Eternaute fait le job, parfait, absolument parfait. L'extravagance du parfait, comme on le dit d'un vin, mais je ne vais pas me lancer là-dedans.. La brièveté de l'œuvre, sa vivacité… Bon, ok, je sais que nous sommes en France, mais les formes brèves valent autant que les longues, voir les nouvelles et les haikus et autres tankas ! Parfois, ce qu'on sait fait obstacle à la connaissance, comme on le voit encore ici. On sait qu'il y a eu des problèmes de parution, on en déduit que l'œuvre en a pâti. Certes, on a les probabilités pour soi, mais en vérité, ce cri contre la tyrannie et l'abandon des faibles surgit sans doute plus court mais plus dense que sous une forme longue…. Attention, je n'ai rien contre les sagas, je rappelle les vertus de la brièveté et de l'ellipse, les formes courtes valent autant que les longues, illustration : « Fût-ce en mille éclats. Elle est toujours là. La lune dans l'eau ! » Haiku de Ueda Chôsh qui est aussi beau que capable de remonter le moral… fut-ce un instant ! Dans cette poésie comme dans l'Eternaute, pointe l'éloge de la résilience, si l'un est plus passionné que l'autre. Il y a aussi la chaude amitié entre notre groupe de survivants combattant les envahisseurs. Œuvre ancrée dans son temps qui s'arrime au nôtre, elle est classique, non une œuvre qu'il faut avoir lu pour comprendre comment la BD évolue, mais parce que sa perfection la place au firmament avec quelques autres comme les Corto Maltese. Noir destin des humains, griffés par le dessin, blanc qui fait éclater les formes et les cases, coïncidence des contraires, feu d'artifice de perfection, trésor à garder dans sa bibliothèque pour le rouvrir, ébloui, havre et tempête !

15/11/2025 (modifier)