Kinderzimmer

En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plus de quarante mille femmes. Sur ce lieu de désolation se trouve comme une anomalie, une impossibilité : la Kinderzimmer, une pièce dévolue aux nourrissons, un point de lumière dans les ténèbres. Dans cet effroyable présent, une jeune femme survit, elle donne la vie, la perpétue malgré tout.
1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Adaptations de romans en BD Gros albums L'univers concentrationnaire nazi
Le roman poignant de Valentine Goby s’appuie sur des faits et es témoignages parfois difficiles à figurer. Pour en faire l’adaptation graphique, Ivan Gros a suivi un parti pris remarquable, celui de travailler à partir des centaines de dessins des déportées elles-mêmes. Il lui a fallu plus de dix années pour les réunir. Dans sa bande dessinée, un jeu subtil et bouleversant s’établit entre fiction et documents d’archives.
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Date de parution | Août 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis


Je poste mon avis le jour du quatre-vingtième anniversaire de la libération du camp de Ravensbrück, l’un de ces lieux où l’horreur concentrationnaire et mortifère nazie s’est développée. Lieu ou des dizaines de milliers de femmes ont été déportées, torturées, tuées. Lieu où près de 500 bébés sont nés. Grâce au courage et à l’entraide des déportées, quelques-uns ont survécu à cet enfer. Lieu où se sont déroulés les faits relatés ici. Je ne connais pas le roman de Valentine Goby à l’origine de cet album. Mais je ne peux qu’être admiratif de l’énorme travail réalisé par Ivan Gros. Pour l’adapter, mais aussi pour y apporter sa vision du travail mémoriel. Il va pour cela, en plus d’un énorme travail de recherche (voir la bibliographie en fin de volume), utiliser comme matériau les dessins réalisés et sauvés au péril de leur vie par certaines détenues. Avec ce matériau, et l’utilisation du personnage fictif de Mila, Gros va retracer l’horreur du camp, mêlant Mila à de vraies déportées – dont les noms sont parfois modifiés. C’est un sujet que je connais bien, particulièrement ce camp de Ravensbrück (le plus grand camp où étaient déportées les femmes, dans une zone au climat pénible du nord de l’Allemagne). Je connais en particulier très bien le « vécu » d’un personnage important du récit, ici nommée Sabine, de son vrai nom Marie-Jo Chombart de Lauwe. Je l’ai rencontrée de nombreuses fois, et j’ai été à chaque fois impressionné et bouleversé par son témoignage, mais aussi par sa force de caractère, son engagement sans faille contre l’injustice et sa soif de combat même au-delà de 90 ans. Discuter avec elle, qui multipliait à plus de 90 ans les projets et autres interventions, était enrichissant : clairement l’une des personnes dont la rencontre m’a le plus marqué. Elle est venue rencontrer des élèves, témoigner de son rôle de résistante, de son arrestation puis de sa déportation. Et, lorsqu’elle abordait Ravensbrück, les passages où elle expliquait les efforts faits pour sauver des bébés étaient plus que poignants. On retrouve ici les anecdotes qu’elle donnait, et la lutte pour la vie au milieu d’un univers de mort. Pour revenir à l’album, je dois dire que la lecture est ardue, assez ingrate. Mais intéressante. Car, par-delà le sujet lui-même, Gros livre une profonde réflexion sur la façon de représenter le camp et ce qui s’y passait, citant et commentant les sources, les dessins des détenues, les polémiques concernant d’autres représentations (par exemple l’album de Croci sur Auschwitz), reprenant certaines idées de Spiegelman. Un refus de sensationnalisme, mais aussi d’esthétiser l’horreur. Un album exigeant, mais que je recommande chaudement.
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