A ranger à côté de Happy Sex, à portée de main pour se payer un fou-rire express (de toute façon l'ensemble n'est pas très épais).
Le graphisme à l'américaine colle parfaitement pour ces trips de 1 à 3 cases.
C'est gras, ça peut paraître redondant si on lit tous les tomes d'affilée, c'est pas à mettre entre toutes les mains, mais je me suis éclaté avec Hulk le maçon ou l'homme élastique à la recherche de ses clés!
Grosse frustration car c'est le genre de livre que j'affectionne: un bel ouvrage (quelle couverture, et ce papier si agréable à tourner), un graphisme doux aux couleurs pastel et si maîtrisé, un background super travaillé, une enquête à tiroirs comme dans La Traque - L'Affaire de Ligonnès, un making of à la fin comme dans Goldorak... Ce livre validait toutes les cases.
Mais la lecture est fastidieuse, le temps s'étire, j'attendais parfois la fin du chapitre pour passer à autre chose car les faits se répètent. Alors effectivement ils se répètent car Betty elle est comme ça: elle fait tourner les gens en bourrique, se prend toujours la tête et recommence. La peste en puissance pour tous ceux qui se la sont coltiné un moment ou un autre. Bien sûr, Betty a des rêves et a tenté de les réaliser mais en jouant constamment avec les émotions des autres et ponctionnant régulièrement leurs bonnes volontés.
Je ne pense pas que ce soit un parti pris car les auteurs ont fait du travail carré pour coller aux faits. Mais au final, ils m'ont fait suer pour terminer leur œuvre.
Alors là, j'ai été surpris. En feuilletant très rapidement (pour ne pas me spoiler moi-même), j'avais la sensation que c'est un ersatz post-apo de Les Légendaires et de survival façon Seuls : des personnages très sérieux dans un univers enfantin mais avec leurs traits de caractère bien tranchés, dans un univers laissant présagé des surprises régulières.
Alors effectivement les caractères kawai sont stéréotypés et les surprises sont régulières. Mais des stéréotypes plus contemporains: l'otaku, la révoltée, l'influenceuse... et les surprises ne sont pas tant dans les gros changements de direction mais dans la manière : est-ce une oeuvre à destination de jeunes-jeunes ou de jeunes adultes? Car ça défouraille parfois sérieusement! Avec des scènes bien appuyées sur l'addiction, le racisme etc.
Ca défouraille mais parfois dans la bonne humeur, on croit voir des Kenny de South Park partout: il/elle est supposé mourir/être mort? Pouf-pam, le revoilà comme dans un serial de Batman des 60s. Et ces fiches de personnages de début de chapitre, un régal; et intéressantes à relire au fil de l'histoire. Bien que les objectifs des différents personnages peuvent alourdir la compréhension, je trouve que la trame globale reste claire mais si elle est parfois tirée par les cheveux.
De beaux clins d'oeil à de grandes oeuvres comme Akira comme exemple le plus voyant, des petites private jokes casées discrètement entre 2 cases, beaucoup de petites choses incitent à la relecture et rendent le prix d'autant plus attraant.
Pour le dessin dynamique, la colorisation poussée mais évitant le flashy, les décors, les couvertures façon Mutafukaz, je dis oui, c'est pétillant et agréable à lire, on a tous passé de bons moments en compagnie de ces pauvres alevins.
Les images sont assez incroyables : on dirait des tableaux en marche. Quel beau paradoxe ! Les cases, souvent les pages, ressemblent à des tapisseries, des enluminures… Le discours est utopique : liberté, égalité et fraternité sur un ton qui semble chrétien sauf que tout cela a tourné court dans la réalité. On est donc dans une sorte de monde alternatif qui fait songer aux contes.
Notre époque accueille toutes les périodes historiques, c'est merveilleux ! On cherche et on trouve des œuvres comme Le chevalier au dragon. Et puis, on pratique le mélange des genres. C'est aussi merveilleux. Sinon, je trouve que la recherche d'un manuscrit à comprendre dramatise le récit, et permet de poser la question de l'utopie comme une quête, ce qu'elle est en réalité. Mais la rencontre des personnages, poussés par l'utopie ou non, est aussi pleine d'intérêt. Vu les fêtes de Noel, je me demande si cette œuvre ne serait pas à offrir à quelque bédéphile amateur de toutes ces thématiques mais ne connaissant pas cette œuvre.
Je viens à peine de découvrir les aventures d'Adèle Blanc-Sec avec la lecture des trois premiers tomes, honte à moi.
Le succès et la reconnaissance de cette série est un petit miracle car le style est très particulier, que ce soit dans le dessin (c'est Tardi donc on aime ou on déteste), dans la narration ou encore le ton général.
Afin d'apprécier plus aisément Adele Blanc sec, il faut comprendre que l'angle choisi par Tardi est une réinterprétation comique d'une sous catégorie du roman policier qui est le whodunit.
Pour construire ses intrigues, Tardi va s'appuyer sur les stéréotypes du genre pour mieux les tourner en dérision, à travers notamment le personnage d'Adele, détective amatrice mais aussi femme moderne et indépendante.
La résolution des énigmes ou mystères est un prétexte pour nous faire vivre des aventures aux rebondissements improbables, avec toute une galerie de personnages loufoques et caricaturaux, un recours au burlesque omnipresent, et un paquet de références un peu intellos.
La bd qui s'en rapproche le plus pour moi est un autre ovni publié bien plus tard de l'autre côté de l'Atlantique, Madman de Allreed. Même apparente légèreté, intrusion du fantastique, situations cocasses, multiplication de répères culturels.
Le tome 1 est assez brouillon au niveau de l'intrigue et cela s'améliore ensuite. A chaque tome, il y a des rappels aux épisodes précédents, et à la fin, un teasing du prochain volume. Ce procédé rend la lecture un peu pénible, on se sent obligé d'avoir lu tout ce qui précède et ce qui va paraître.
Ça n'a pas été pour moi un coup de foudre, même si on voit bien qu'on a affaire à l'œuvre atypique d'un auteur sans concession.
Pour les personnes souhaitant découvrir Tardi, ce n'est peut-être pas le meilleur choix, je conseillerais plutôt Nestor Burma, qui emprunte les codes du polar de manière beaucoup plus classique. C'est intéressant d'ailleurs de constater qu'après cette première œuvre somme toute assez élitiste, Tardi va essayer ensuite de conquérir un public plus large.
Je découvre cet auteur espagnol avec cet album et, malgré mes préventions au départ, je dois dire que c’est plutôt une bonne pioche.
Le point de départ est assez classique et sentait le déjà-vu dans le genre porno : un homme, Guillermo, est embarqué par ses potes pour un enterrement de vie de garçon au Japon. Bien évidemment ça tourne rapidement à l’orgie. Mais, tout aussi rapidement, Ikna introduit un nouveau paramètre, lorsque Guillermo fait la connaissance de Mitsuko qui, dès qu’elle a un orgasme, permet au jeune homme de retourner dans son passé, pour draguer et plus si affinité, toutes les filles ou femmes qu’il n'avait pas osé aborder. C’est ainsi l’occasion pour lui de coucher avec toutes ces femmes, et « d’effacer » d’éventuels regrets.
Mais un nouveau rebondissement va transformer ce fantasme en catastrophe…
Le récit est dynamique, ne se prend jamais totalement au sérieux. Les scènes de sexe sont explicites mais finalement elles n’occupent pas une place si importante.
Surtout, le dessin d’Ikna est pour beaucoup dans le rythme et le plaisir de lecture. Son trait caricatural fait merveille, et donne une touche parodique, humoristique à cette histoire pour adultes (j’ai juste trouvé les couleurs informatiques trop tranchées).
Une petite lecture agréable, pas émoustillante, mais fraiche et quelque peu amusante.
Un BD typique de la fin des années 90-début 2000: comprenez une bonne histoire de complot absolument pas crédible avec un héros héritier qui se retrouve embarqué dedans à son corps défendant, mais qui se révèle être bien plus coriace que prévu, tout en ayant une gueule de top-model avec en plus une femme magnifique à ses côtés.
Cela vous rappelle quelque chose? Largo Winch&co? Exactement.
Alors notre personnage principal s'appelle Ted Voss et il est bô, il est blond, il est riche, il a une super nana, et hérite des papiers compromettants de son père disparu.
Il découvre qu'arrière grand-papa était vraiment un gros pourri qui a établi une espèce de société secrète infiltrée un peu partout avec en plus une armée de mercenaires clonés au crâne rasé qui tuent tout le monde à droite et à gauche (bon ce sont pas des clones mais ils ont vraiment tous la même tête rasée). Tout cela est annoncé dans les lettres que lui a légué son père. Or la société secrète ne veut pas que tout cela se sache (enfin je crois, c'est franchement pas clair pourquoi la société anonyme veut tuer le p'tit Ted), donc ils veulent éliminer Ted. Heureusement, Ted, en plus d'être imbuvable et incroyablement prétentieux (le personnage est d'une arrogance sans mesure, mais sans deuxième degré), est aussi un ancien champion olympique de tir. Donc il va mettre la pâtée aux gros méchants. Avec l'aide d'un ancien nazi repenti, et de la NSA.
On a donc une galerie de personnages soit à peine esquissée, soit franchement antipathique, des rebondissements aussi délirants que peu crédibles, une conspiration sans queue ni tête (on ne comprend pas grand-chose aux motivations des protagonistes en fin de compte, aussi bien les méchonts que super-ted), secouez le tout et vous avez la branche lincoln (titre dont le sens est dévoilé très vite, mais n'a pas grand-chose à voir avec ce qui fait figure d'intrigue).
La cerise sur le gâteau: dans les dernières pages du dernier tome, on nous dévoile l'identité du Docteur Gang..Heu non, de Darth Sidious..Ah non pardon, l'identité du chef des méchonts. Et ce dévoilement nous laisse complètement froid: il s'agit d'un personnage dont tout le monde se fout, qui n'apparait en tout et pour tout que sur 3-4 pages dans les 4 tomes, et dont le background n'est pas révélé. C'est un "c'était donc lui" qui tombe complètement à plat. Et le sort du grand chef laisse autant sur sa faim que celui dédié à Palpatine dans le retour du Jedi (comprenez: foiré, anti-épique, et limite ridicule..Heu non oubliez le "limite").
Quand j’ai ouvert le premier tome du Château des Animaux, j’ai senti immédiatement que j’entrais dans une œuvre rare. J’ai acheté les quatre tomes en édition luxe, et dès les premières pages, j’ai compris que j’avais entre les mains quelque chose d’exceptionnel. C’est beau, c’est intelligent, c’est puissant. On sent évidemment l’inspiration de La Ferme des animaux d’Orwell, mais jamais comme une copie : ici, c’est une réinterprétation sensible et moderne, une fable politique qui prend sa propre ampleur.
Ce qui m’a frappé en premier, c’est l’atmosphère. On est plongé dans un château sombre, oppressant, où les animaux sont soumis à un régime brutal mené par un taureau tyrannique. Et pourtant, au milieu de cette noirceur, une petite lueur persiste : celle de l’espoir, fragile mais tenace. J’ai ressenti une empathie immense pour Miss Bengalore et les autres animaux qui rêvent de liberté. Le récit parle de courage, de révolte, mais surtout de résistance non violente. Et ça, je ne m’y attendais pas. Cette approche apporte une profondeur incroyable : on ne suit pas juste une lutte, on suit une philosophie.
Les dessins, eux, m’ont laissé bouche bée. Les planches sont d’une finesse incroyable, chaque animal a une expression presque humaine, un regard chargé d’émotion. Les ambiances sont sublimes : les jeux d’ombre, les lumières, la texture des fourrures, même les silences semblent dessinés. À plusieurs moments, j’ai dû m’arrêter juste pour contempler une page. Félix Delep livre un travail qui, franchement, mérite d’être vu en grand format – d’où mon immense satisfaction d’avoir choisi l’édition luxe.
Et puis, au-delà de l’esthétique, cette BD fait réfléchir. Beaucoup. Elle parle du pouvoir, de la peur, des masses qui se résignent, du courage de quelques-uns qui refusent d’abandonner. Elle m’a rappelé que les révolutions ne commencent pas toujours avec des cris, mais parfois avec un geste simple, un refus, un sourire, une main tendue.
En refermant le quatrième tome, j’ai ressenti un mélange d’admiration et de mélancolie. Cette série, pour moi, c’est un 5/5 impeccable : une œuvre riche, humaine, magnifiquement dessinée et profondément inspirante. Le genre de BD qu’on relit, qu’on montre, qu’on conseille et qu’on garde précieusement dans sa bibliothèque.
Album introspectif et accessible, Coming In trouve un équilibre solide entre récit personnel et dimension pédagogique. Le scénario alterne moments d’avancée narrative et respirations réflexives, ce qui rend la lecture fluide tout en donnant du poids aux enjeux identitaires abordés. L’approche reste douce, structurée, sans alourdir le propos : on suit un cheminement intérieur avec justesse, sans sensation de dramatisation inutile.
Le dessin, volontairement simple, accompagne parfaitement cette tonalité. Il sert de cadre lisible à un contenu plus profond, en soutenant la légèreté apparente tout en laissant la place au sérieux du sujet. Cette cohérence graphique renforce l’impression d’un texte pensé pour être compris, ressenti et transmis, sans artifice.
L’ensemble se lit comme une BD nécessaire : un ouvrage qui ouvre l’esprit, bienveillant, clair, et qui parvient à toucher sans appuyer. Accessible à tous, elle trouvera un écho particulier auprès des lecteurs intéressés par les récits d’acceptation de soi, mais peut réellement parler à un public très large.
Bluebells Wood est un récit très introspectif qui avance à un rythme volontairement lent. L’histoire explore surtout le deuil, la solitude et une forme d’amour mélancolique, plus suggéré que véritablement raconté. Le scénario se concentre sur les états d’âme et la sensibilité des personnages plutôt que sur l’action, ce qui donne à l’ensemble une tonalité contemplative.
Graphiquement, l’album est remarquable. Les planches sont très travaillées, parfois presque picturales, et la mise en scène s’approche davantage de la poésie visuelle que de la narration classique. Les couleurs et les compositions installent une atmosphère douce-amère qui accompagne parfaitement le propos. Cette identité graphique forte est clairement le point le plus marquant de l’œuvre.
L’intrigue, plus diffuse que véritablement construite, se vit davantage comme une mélodie lente que comme un récit à rebondissements. Cela pourra séduire ceux qui recherchent une lecture sensible et immersive, mais laisser plus distants ceux qui préfèrent un scénario structuré. L’ensemble fonctionne pourtant bien dans son registre : une BD intime, élégante et émotionnelle.
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Sticky Pants (ça colle et ça moule les bollocks !)
A ranger à côté de Happy Sex, à portée de main pour se payer un fou-rire express (de toute façon l'ensemble n'est pas très épais). Le graphisme à l'américaine colle parfaitement pour ces trips de 1 à 3 cases. C'est gras, ça peut paraître redondant si on lit tous les tomes d'affilée, c'est pas à mettre entre toutes les mains, mais je me suis éclaté avec Hulk le maçon ou l'homme élastique à la recherche de ses clés!
A Short Story
Grosse frustration car c'est le genre de livre que j'affectionne: un bel ouvrage (quelle couverture, et ce papier si agréable à tourner), un graphisme doux aux couleurs pastel et si maîtrisé, un background super travaillé, une enquête à tiroirs comme dans La Traque - L'Affaire de Ligonnès, un making of à la fin comme dans Goldorak... Ce livre validait toutes les cases. Mais la lecture est fastidieuse, le temps s'étire, j'attendais parfois la fin du chapitre pour passer à autre chose car les faits se répètent. Alors effectivement ils se répètent car Betty elle est comme ça: elle fait tourner les gens en bourrique, se prend toujours la tête et recommence. La peste en puissance pour tous ceux qui se la sont coltiné un moment ou un autre. Bien sûr, Betty a des rêves et a tenté de les réaliser mais en jouant constamment avec les émotions des autres et ponctionnant régulièrement leurs bonnes volontés. Je ne pense pas que ce soit un parti pris car les auteurs ont fait du travail carré pour coller aux faits. Mais au final, ils m'ont fait suer pour terminer leur œuvre.
Lozère apocalypse
Alors là, j'ai été surpris. En feuilletant très rapidement (pour ne pas me spoiler moi-même), j'avais la sensation que c'est un ersatz post-apo de Les Légendaires et de survival façon Seuls : des personnages très sérieux dans un univers enfantin mais avec leurs traits de caractère bien tranchés, dans un univers laissant présagé des surprises régulières. Alors effectivement les caractères kawai sont stéréotypés et les surprises sont régulières. Mais des stéréotypes plus contemporains: l'otaku, la révoltée, l'influenceuse... et les surprises ne sont pas tant dans les gros changements de direction mais dans la manière : est-ce une oeuvre à destination de jeunes-jeunes ou de jeunes adultes? Car ça défouraille parfois sérieusement! Avec des scènes bien appuyées sur l'addiction, le racisme etc. Ca défouraille mais parfois dans la bonne humeur, on croit voir des Kenny de South Park partout: il/elle est supposé mourir/être mort? Pouf-pam, le revoilà comme dans un serial de Batman des 60s. Et ces fiches de personnages de début de chapitre, un régal; et intéressantes à relire au fil de l'histoire. Bien que les objectifs des différents personnages peuvent alourdir la compréhension, je trouve que la trame globale reste claire mais si elle est parfois tirée par les cheveux. De beaux clins d'oeil à de grandes oeuvres comme Akira comme exemple le plus voyant, des petites private jokes casées discrètement entre 2 cases, beaucoup de petites choses incitent à la relecture et rendent le prix d'autant plus attraant. Pour le dessin dynamique, la colorisation poussée mais évitant le flashy, les décors, les couvertures façon Mutafukaz, je dis oui, c'est pétillant et agréable à lire, on a tous passé de bons moments en compagnie de ces pauvres alevins.
L'Âge d'or
Les images sont assez incroyables : on dirait des tableaux en marche. Quel beau paradoxe ! Les cases, souvent les pages, ressemblent à des tapisseries, des enluminures… Le discours est utopique : liberté, égalité et fraternité sur un ton qui semble chrétien sauf que tout cela a tourné court dans la réalité. On est donc dans une sorte de monde alternatif qui fait songer aux contes. Notre époque accueille toutes les périodes historiques, c'est merveilleux ! On cherche et on trouve des œuvres comme Le chevalier au dragon. Et puis, on pratique le mélange des genres. C'est aussi merveilleux. Sinon, je trouve que la recherche d'un manuscrit à comprendre dramatise le récit, et permet de poser la question de l'utopie comme une quête, ce qu'elle est en réalité. Mais la rencontre des personnages, poussés par l'utopie ou non, est aussi pleine d'intérêt. Vu les fêtes de Noel, je me demande si cette œuvre ne serait pas à offrir à quelque bédéphile amateur de toutes ces thématiques mais ne connaissant pas cette œuvre.
Adèle Blanc-Sec
Je viens à peine de découvrir les aventures d'Adèle Blanc-Sec avec la lecture des trois premiers tomes, honte à moi. Le succès et la reconnaissance de cette série est un petit miracle car le style est très particulier, que ce soit dans le dessin (c'est Tardi donc on aime ou on déteste), dans la narration ou encore le ton général. Afin d'apprécier plus aisément Adele Blanc sec, il faut comprendre que l'angle choisi par Tardi est une réinterprétation comique d'une sous catégorie du roman policier qui est le whodunit. Pour construire ses intrigues, Tardi va s'appuyer sur les stéréotypes du genre pour mieux les tourner en dérision, à travers notamment le personnage d'Adele, détective amatrice mais aussi femme moderne et indépendante. La résolution des énigmes ou mystères est un prétexte pour nous faire vivre des aventures aux rebondissements improbables, avec toute une galerie de personnages loufoques et caricaturaux, un recours au burlesque omnipresent, et un paquet de références un peu intellos. La bd qui s'en rapproche le plus pour moi est un autre ovni publié bien plus tard de l'autre côté de l'Atlantique, Madman de Allreed. Même apparente légèreté, intrusion du fantastique, situations cocasses, multiplication de répères culturels. Le tome 1 est assez brouillon au niveau de l'intrigue et cela s'améliore ensuite. A chaque tome, il y a des rappels aux épisodes précédents, et à la fin, un teasing du prochain volume. Ce procédé rend la lecture un peu pénible, on se sent obligé d'avoir lu tout ce qui précède et ce qui va paraître. Ça n'a pas été pour moi un coup de foudre, même si on voit bien qu'on a affaire à l'œuvre atypique d'un auteur sans concession. Pour les personnes souhaitant découvrir Tardi, ce n'est peut-être pas le meilleur choix, je conseillerais plutôt Nestor Burma, qui emprunte les codes du polar de manière beaucoup plus classique. C'est intéressant d'ailleurs de constater qu'après cette première œuvre somme toute assez élitiste, Tardi va essayer ensuite de conquérir un public plus large.
La Liste - Mitsuko
Je découvre cet auteur espagnol avec cet album et, malgré mes préventions au départ, je dois dire que c’est plutôt une bonne pioche. Le point de départ est assez classique et sentait le déjà-vu dans le genre porno : un homme, Guillermo, est embarqué par ses potes pour un enterrement de vie de garçon au Japon. Bien évidemment ça tourne rapidement à l’orgie. Mais, tout aussi rapidement, Ikna introduit un nouveau paramètre, lorsque Guillermo fait la connaissance de Mitsuko qui, dès qu’elle a un orgasme, permet au jeune homme de retourner dans son passé, pour draguer et plus si affinité, toutes les filles ou femmes qu’il n'avait pas osé aborder. C’est ainsi l’occasion pour lui de coucher avec toutes ces femmes, et « d’effacer » d’éventuels regrets. Mais un nouveau rebondissement va transformer ce fantasme en catastrophe… Le récit est dynamique, ne se prend jamais totalement au sérieux. Les scènes de sexe sont explicites mais finalement elles n’occupent pas une place si importante. Surtout, le dessin d’Ikna est pour beaucoup dans le rythme et le plaisir de lecture. Son trait caricatural fait merveille, et donne une touche parodique, humoristique à cette histoire pour adultes (j’ai juste trouvé les couleurs informatiques trop tranchées). Une petite lecture agréable, pas émoustillante, mais fraiche et quelque peu amusante.
La Branche Lincoln
Un BD typique de la fin des années 90-début 2000: comprenez une bonne histoire de complot absolument pas crédible avec un héros héritier qui se retrouve embarqué dedans à son corps défendant, mais qui se révèle être bien plus coriace que prévu, tout en ayant une gueule de top-model avec en plus une femme magnifique à ses côtés. Cela vous rappelle quelque chose? Largo Winch&co? Exactement. Alors notre personnage principal s'appelle Ted Voss et il est bô, il est blond, il est riche, il a une super nana, et hérite des papiers compromettants de son père disparu. Il découvre qu'arrière grand-papa était vraiment un gros pourri qui a établi une espèce de société secrète infiltrée un peu partout avec en plus une armée de mercenaires clonés au crâne rasé qui tuent tout le monde à droite et à gauche (bon ce sont pas des clones mais ils ont vraiment tous la même tête rasée). Tout cela est annoncé dans les lettres que lui a légué son père. Or la société secrète ne veut pas que tout cela se sache (enfin je crois, c'est franchement pas clair pourquoi la société anonyme veut tuer le p'tit Ted), donc ils veulent éliminer Ted. Heureusement, Ted, en plus d'être imbuvable et incroyablement prétentieux (le personnage est d'une arrogance sans mesure, mais sans deuxième degré), est aussi un ancien champion olympique de tir. Donc il va mettre la pâtée aux gros méchants. Avec l'aide d'un ancien nazi repenti, et de la NSA. On a donc une galerie de personnages soit à peine esquissée, soit franchement antipathique, des rebondissements aussi délirants que peu crédibles, une conspiration sans queue ni tête (on ne comprend pas grand-chose aux motivations des protagonistes en fin de compte, aussi bien les méchonts que super-ted), secouez le tout et vous avez la branche lincoln (titre dont le sens est dévoilé très vite, mais n'a pas grand-chose à voir avec ce qui fait figure d'intrigue). La cerise sur le gâteau: dans les dernières pages du dernier tome, on nous dévoile l'identité du Docteur Gang..Heu non, de Darth Sidious..Ah non pardon, l'identité du chef des méchonts. Et ce dévoilement nous laisse complètement froid: il s'agit d'un personnage dont tout le monde se fout, qui n'apparait en tout et pour tout que sur 3-4 pages dans les 4 tomes, et dont le background n'est pas révélé. C'est un "c'était donc lui" qui tombe complètement à plat. Et le sort du grand chef laisse autant sur sa faim que celui dédié à Palpatine dans le retour du Jedi (comprenez: foiré, anti-épique, et limite ridicule..Heu non oubliez le "limite").
Le Château des Animaux
Quand j’ai ouvert le premier tome du Château des Animaux, j’ai senti immédiatement que j’entrais dans une œuvre rare. J’ai acheté les quatre tomes en édition luxe, et dès les premières pages, j’ai compris que j’avais entre les mains quelque chose d’exceptionnel. C’est beau, c’est intelligent, c’est puissant. On sent évidemment l’inspiration de La Ferme des animaux d’Orwell, mais jamais comme une copie : ici, c’est une réinterprétation sensible et moderne, une fable politique qui prend sa propre ampleur. Ce qui m’a frappé en premier, c’est l’atmosphère. On est plongé dans un château sombre, oppressant, où les animaux sont soumis à un régime brutal mené par un taureau tyrannique. Et pourtant, au milieu de cette noirceur, une petite lueur persiste : celle de l’espoir, fragile mais tenace. J’ai ressenti une empathie immense pour Miss Bengalore et les autres animaux qui rêvent de liberté. Le récit parle de courage, de révolte, mais surtout de résistance non violente. Et ça, je ne m’y attendais pas. Cette approche apporte une profondeur incroyable : on ne suit pas juste une lutte, on suit une philosophie. Les dessins, eux, m’ont laissé bouche bée. Les planches sont d’une finesse incroyable, chaque animal a une expression presque humaine, un regard chargé d’émotion. Les ambiances sont sublimes : les jeux d’ombre, les lumières, la texture des fourrures, même les silences semblent dessinés. À plusieurs moments, j’ai dû m’arrêter juste pour contempler une page. Félix Delep livre un travail qui, franchement, mérite d’être vu en grand format – d’où mon immense satisfaction d’avoir choisi l’édition luxe. Et puis, au-delà de l’esthétique, cette BD fait réfléchir. Beaucoup. Elle parle du pouvoir, de la peur, des masses qui se résignent, du courage de quelques-uns qui refusent d’abandonner. Elle m’a rappelé que les révolutions ne commencent pas toujours avec des cris, mais parfois avec un geste simple, un refus, un sourire, une main tendue. En refermant le quatrième tome, j’ai ressenti un mélange d’admiration et de mélancolie. Cette série, pour moi, c’est un 5/5 impeccable : une œuvre riche, humaine, magnifiquement dessinée et profondément inspirante. Le genre de BD qu’on relit, qu’on montre, qu’on conseille et qu’on garde précieusement dans sa bibliothèque.
Coming In
Album introspectif et accessible, Coming In trouve un équilibre solide entre récit personnel et dimension pédagogique. Le scénario alterne moments d’avancée narrative et respirations réflexives, ce qui rend la lecture fluide tout en donnant du poids aux enjeux identitaires abordés. L’approche reste douce, structurée, sans alourdir le propos : on suit un cheminement intérieur avec justesse, sans sensation de dramatisation inutile. Le dessin, volontairement simple, accompagne parfaitement cette tonalité. Il sert de cadre lisible à un contenu plus profond, en soutenant la légèreté apparente tout en laissant la place au sérieux du sujet. Cette cohérence graphique renforce l’impression d’un texte pensé pour être compris, ressenti et transmis, sans artifice. L’ensemble se lit comme une BD nécessaire : un ouvrage qui ouvre l’esprit, bienveillant, clair, et qui parvient à toucher sans appuyer. Accessible à tous, elle trouvera un écho particulier auprès des lecteurs intéressés par les récits d’acceptation de soi, mais peut réellement parler à un public très large.
Bluebells wood
Bluebells Wood est un récit très introspectif qui avance à un rythme volontairement lent. L’histoire explore surtout le deuil, la solitude et une forme d’amour mélancolique, plus suggéré que véritablement raconté. Le scénario se concentre sur les états d’âme et la sensibilité des personnages plutôt que sur l’action, ce qui donne à l’ensemble une tonalité contemplative. Graphiquement, l’album est remarquable. Les planches sont très travaillées, parfois presque picturales, et la mise en scène s’approche davantage de la poésie visuelle que de la narration classique. Les couleurs et les compositions installent une atmosphère douce-amère qui accompagne parfaitement le propos. Cette identité graphique forte est clairement le point le plus marquant de l’œuvre. L’intrigue, plus diffuse que véritablement construite, se vit davantage comme une mélodie lente que comme un récit à rebondissements. Cela pourra séduire ceux qui recherchent une lecture sensible et immersive, mais laisser plus distants ceux qui préfèrent un scénario structuré. L’ensemble fonctionne pourtant bien dans son registre : une BD intime, élégante et émotionnelle.