Ah mince, je voulais beaucoup plus aimer que ça... Rah, c'est presque frustrant !
L'idée de base de la BD m'a vite intéressé et je me suis plongé dans cette histoire servie par une pagination importante et une mise en scène bien campée sur des cases qui se répondent, jouant sur la mise en scène et les sens de lecture pour rendre compte du gigantisme de la station spatiale tout autant que de actions simultanées ou des scènes nerveuses notamment les courses poursuites. Je m'attarde sur ce point puisqu'en fait j'ai une petite frustration : la BD profite de son grand format pour en mettre visuellement plein les yeux, mais en même temps l'histoire ne profite pas souvent à mon goût de cette page immense pour son format. Il y a quelques utilisations sur la verticale (notamment lors des ascenseurs) mais ça manque de pleine page qui fait ressentir le gigantisme de tout ça. C'est dommage, mais le dessin est vraiment un point fort de par son utilisation qui joue des codes de la BD pour étaler des poursuites sur plusieurs cases, faisant ressentir le temps qui passe ou percevoir l'espace comme fouillis. Un très bon point, donc.
Niveau histoire, c'est plus discutable. L'intention est louable et je ne dirais pas qu'elle est mauvaise en soi. Il y a de bonnes idées, notamment dans les caractérisations qui veulent chacune retranscrire un personnage de riche caricaturale mais dénonciateur de personnes réelles (masculinisme/virilisme à outrance, milliardaire touchant à la génétique, chanteur plagiant des œuvres...). Ces tendances exacerbées dans la caractérisation les rendent tout de suite détestables mais également réalistes. J'ai l'impression que l'auteur s'est inspiré de certaines têtes réelles, même si je ne suis pas certain desquelles.
Par contre, l'histoire a beau avoir sa base intéressante, elle est devenue très - trop- vite prévisible. Après le premier quart de l'histoire j'avais déjà une idée des grandes lignes du récit et effectivement je n'ai pratiquement pas vu de déviation dans celui-ci. Il faut dire que certaines choses sont amenées trop vite et qu'il manquerait la rétention d'information pour que j'eusse été pleinement investi dedans.
En fin de compte, pratiquement toutes les révélations ont été éventées au préalable par une petite phrase que j'ai compris trop vite, me dévoilant ainsi les coulisses de chaque retournement de situation. Ce qui est dommage, puisque ces révélations avaient un réel intérêt et le scénario aurait vraiment gagné à rester plus cryptique pour le lecteur. D'autre part certains détails semblent parfois mal intégrés ou pas assez développés. Son copain qui atterrit à l'hosto semble surtout là pour dénoncer la violence des jeux qu'on donne pour calmer la plèbe mais n'intervient plus ensuite, de même que son goût pour la lecture a sans doute façonné son envie de révolte, mais sans jamais nous expliquer son cheminement intellectuel. L'histoire semble parfois grosse aussi, notamment autour de la gamine qui semble accepter bien trop vite de faire des choses illégales, malgré un endoctrinement depuis l'enfance.
Ce qui est dommage, c'est que j'ai fermé la BD en ayant plus le ressenti négatif alors que l'ensemble contient beaucoup de positif. Mais trop de petites choses auraient mérité plus de développement, comme cette société qui s'est figée dans le temps et ne fait que ressasser de vieilles œuvres d'art (musicales et littéraires) sans jamais en créer de nouvelles. Cette façon de recycler toujours tout aurait été une piste très intéressante à développer, sans doute à mettre en parallèle de nos industries du loisir actuelles.
Il serait dommage de limiter les qualités de la BD à mon simple ressenti final, négligeant le réel travail visuel, l'histoire fouillée et l'envie de traiter de sujets importants sur notre société. Donc je finirais plutôt par une recommandation de lecture en précisant que ce n'est clairement pas la BD de l'année.
D’une certaine façon je comprends les reproches faits par Gaston dans son avis. Les aventures maritimes ont le vent en poupe (eh eh), parmi les parutions récentes j’ai lu Pitcairn - L'île des Révoltés du Bounty et Le Voyage du Commodore Anson, et il y a forcément une impression de déjà-vu. De plus le rythme est assez lent, même si ce dernier point ne m’a pas gêné, et contribue, je trouve, à la lente dégradation de l’ambiance à bord du Jakarta.
J’ai malgré tout passé un excellent moment de lecture. Le jeu psychologique et le rapport de force entre les différents protagonistes sont remarquablement mis en scène. Le tome 2 développe bien cet aspect tribal, et propose un changement de décor appréciable après la longue traversé en mer éprouvante du premier tome. La fin, elle, est juste parfaite.
Le grand format des albums fait vraiment honneur à la superbe mise en image de Thimothée Montaigne et Clara Tessier. J’ai notamment beaucoup apprécié le travail sur les visages des personnages, très détaillés et expressifs.
Une grande épopée terminée en 2 tomes, qui propose une vision cynique et assez horrifique de l’âme humaine.
Ça fait des années que je voulais relire cette BD et c'est enfin chose faite. Je n'avais conservé que quelques bribes de ma première lecture et la relecture a permis de remettre tout ça au clair. Et finalement, je dirais que c'est mieux que Shenzhen, mais que je ne suis pas comblé non plus.
La BD a des limites imputables au genre du carnet de voyage : on se limite à l'avis et la vision de l'auteur. Aucune informations étayée ne vient s'ajouter à l'ensemble, pas de regard documentaire ajouté ni d'explications historiques, de moment où l'on sort du rapport purement personnel que l'auteur a eu dans son voyage. D'autant que dans un tel pays, il est difficile de dire que l'on voit grand chose, tant le pays reste fermé y compris à l'intérieur de ses frontières. De fait, à la fin de la lecture, je trouve qu'on a un réel manque d'informations, de faits qui permettraient d'éclairer un peu plus la lanterne de cette contrée si mystérieuse.
Si je dis ça, c'est que cette BD a quelques années dans les dents aujourd'hui et ça se sent. Je suis sorti de la BD amusé, avec quelques anecdotes qui m'ont marqué et qui sont intéressantes, mais globalement l'histoire centrale est assez pauvre (Delisle va là-bas superviser des dessins animés et reste trois mois), les dialogues ne sont pas percutants et je reste sur ma faim. Rien que le fait de produire en sous-main les dessins animés français dans un pays clairement dictatorial et exploitant ses habitants aurait mérité un développement. La façon dont la France peut cautionner un système par l'industrie vidéo-ludique est assez glaçant mais passé complètement à la trappe.
Guy Delisle a amélioré son dessin par rapport à Shenzhen et la fluidité de lecture ainsi que sa narration. C'est beaucoup plus lisible et il y a moins de temps morts qui parsèment l'ouvrage. Cette évolution ne suffit cependant pas à mes yeux pour la trouver indispensable ou réussie, notamment lorsque je compare à d'autres ouvrages documentaires. Par rapport à ceux de Lou Lubie, Kobane Calling ou les ouvrages de Lepage et Joe Sacco, il manque vraiment quelque chose aux témoignages de Delisle pour que je les apprécie pleinement. Peut-être qu'au début des années 2000, avant l'internet massif et la communication rapide, un tel témoignage était déjà une excellente chose, mais à l'heure actuelle je le trouve malheureusement trop léger.
Issue d'une époque où je ne lisais plus le magazine Spirou, j'ai manqué la petite heure de gloire de cette série. J'en avais lu des gags disséminés ici et là mais ce n'est que maintenant que j'ai pu en lire des albums entier.
L’idée de départ, suivre la vie d’une rédaction à travers son rédac’chef, est amusante et rappelle l'esprit volontiers agitateur et caustique des Hauts de page de Yann et Conrad (ainsi que l'album Spirou Dream Team de Yann encore sorti des années plus tard) mais avec un ton plus enfantin et léger.
Le dessin de Bercovici, bien que parfois caricatural et simplifié, rend correctement les expressions des personnages et s’accorde globalement à l’humour de la série. Mais son style graphique manque de finesse et n'a jamais su me séduire. Je l'associe trop facilement à du gros humour qui tâche.
Et le fait est que si certains gags fonctionnent, surtout ceux où le personnage principal se montre épouvantable avec ses employés, la série est en demi-teinte et surtout s'essouffle trop vite au long d'albums entiers. L’humour repose presque exclusivement sur les défauts du Boss, ce qui devient rapidement répétitif et pesant. Cela manque de subtilité et de variété.
Alors éventuellement à lire par petites doses, un gag par-ci par-là, notamment si vous avez une certaine nostalgie de l'époque Spirou de la fin des années 90 début 2000 (nostalgie que je n'ai pas), cela peut fonctionner comme lecture légère et ponctuelle, mais globalement ce n'est pas une série qui m'a convaincu ni fait rire.
Note : 2,5/5
J'ai bien aimé ces chroniques souvent lestes sur la vie de diverses citadines qui n'ont pas vraiment pas froid aux yeux et ailleurs (surtout ailleurs).
Ce sont surtout des anecdotes, des mini-tranches de vie, des gags souvent fort amusants (si on apprécie ce genre), dont la lecture d'une seule traite peut être lassante par overdose, comme beaucoup de recueils du même type.
J'aime bcp le graphisme qui possède un côté girly et animation, style ''tout le monde il est beau''.
C'est bien vu dans l'ensemble, ça sent en effet le vécu, mais avec l'arrière-pensée que certaines personnes sont assez nymphos...
Dommage qu'une n'y ait pas eu d'autres tomes. Le Covid aurait pu donner de bons gags :)
Je possède les 2 volumes. Je ne suis sans doute pas la cible visée par ces albums, mais j'ai bien aimé, à la fois pour le graphisme et pour une certaine fraîcheur de ton.
Oui, c'est parfois très léger, anecdotique et souvent parisien, mais c'est délassant. C'est tout ce que je demande à ce type d'ouvrage. Les ''Madeleines'' remplissent parfaitement le contrat.
Avec Grand petit homme, Zanzim signe son premier album en solo après sa collaboration fructueuse avec Hubert sur Peau d'Homme. C'est un conte moderne mêlant fantastique et une touche de chronique sociale. Il met en scène Stanislas Rétif, petit vendeur de chaussures timide et complexé, dont le destin bascule lorsqu'il est réduit à la taille d'un marmouset par le cuir magique d'une bottine.
Le dessin, simple mais coloré et agréable, n'est pas le point faible de l'album. C'est plutôt le scénario qui laisse mitigé. J'apprécie les contes modernes où le fantastique s'introduit dans le quotidien, et l'idée d'un homme soudain rétréci aurait pu être amusante. Je craignais un récit moralisateur sur le droit des femmes au plaisir ou la revanche sur la société patriarcale, mais cet aspect apparaît finalement peu. Pourtant, le ton hésite entre fantaisie légère et pathos forcé. La dimension voyeuriste du personnage principal, ainsi que son fétichisme pour les pieds et chaussures, ne le rendent pas attachant. L’intrigue enchaîne péripéties et changements de protagonistes autour de lui, mais rien de concret ne se met vraiment en place. Ce n'est jamais vraiment drôle et le récit ne dégage pas de message particulier. De plus, le dénouement, qui bascule encore plus dans le fantastique, est maladroit et abrupt, laissant une impression d'inachevé.
L'album séduit un peu par son atmosphère rétro et son côté conte fantastique sur fond social, mais sur le fond, il reste mitigé, voire inabouti, et m'a laissé perplexe.
L’album se laisse lire, relativement rapidement et agréablement. Mais, au final, me reste quand même une impression de superficialité, qui dérange un peu vu le cadre où se déroule l’histoire (la guerre civile au Liban).
Les deux auteurs se sont rendus à Beyrouth au début des années 1990, initialement pour apporter quelques matériels (comme un fauteuil roulant) à une parente travaillant dans l’humanitaire près de Beyrouth. Arrivés sur place, ils proposent leurs services, pour aider de quelque manière que ce soit (dans les hôpitaux en particulier), mais peinent à trouver des interlocuteurs convaincus de leur trouver une tâche utile (si ce n’est du terrassement à un moment).
Du coup, leur déception et leur désœuvrement vampirisent le récit, au point que l’on perd presque de vue la guerre elle-même – quelques explosions sonnent quand même le rappel, et en conclusion, l’annonce de la mort d’un jeune homme croisé durant le séjour des frères Ricard vient elle aussi rappeler cette guerre.
As désagréable en soi, le récit m’a au final laissé sur ma faim. Il lui manque des à-côtés qui auraient permis de faire oublier le manque de force et de fond.
Quant au dessin de Gaultier, simple et brouillon, un peu nerveux, jouant souvent sur des hachures, il passe bien, son trait moderne parvient bien à croquer personnages et décors.
Note réelle 2,5/5.
C’est étonnant que cet album, publié en 1951 aux Etats-Unis, ait attendu aussi longtemps pour l’être en France. En effet, si la critique/satire de la société qu’il met en avant est ancrée – du moins visuellement – dans les années 1950, cette critique et l’humour qui la sous-tend est intemporelle, et fait encore mouche aujourd’hui.
S’il a aussi publié deux livres pour la jeunesse, l’auteur était avant tout un scénariste et réalisateur, mais aussi un cartooniste. C’est ce dernier aspect qui influence cet album. En effet, on a au vu du dessin l’impression d’être plongé dans les cartoons des années cinquante. Avec une influence du dessin de presse, pour croquer en vitesse expressions des personnages et décors (extrêmement minimalistes, avec un rendu proche de Sempé parfois).
Il n’y a pas de phylactère ou de dialogues, tout le texte est placé au milieu ou en bas des pages, avec une narration au style indirecte.
Tashlin nous propose une critique amusante et caustique de la société occidentale, de la société de consommation surtout (mais on trouve quelques allusions à la guerre froide, une dénonciation du sensationnalisme de la presse). Mais il le fait de façon plutôt originale.
C’est une sorte d’histoire mondiale à rebours, où le texte suit bien l’ordre chronologique – en tout cas globalement – de la préhistoire au monde contemporain, tandis que les images semblent aller dans le sens inverse. Cela crée un décalage amusant, renforcé par le fait que peu importe le commentaire ou l’époque évoquée, tout est situé dans les années cinquante au niveau visuel. Un double décalage donc, alors que le texte est sec, vaguement sérieux. Il en ressort une critique insidieuse et efficace de nos sociétés, jouant sur une ironie plus ou moins mordante.
L’album est très vite lu, mais j’ai trouvé plaisante
J’ai lu le premier des deux tomes, qui rassemble deux histoires. C’est clairement destiné à un très jeune lectorat, mais celui-ci y trouvera sans doute son compte.
En effet, le dessin très simple et tout en rondeurs, le format carré avec de grandes cases permettent une bonne prise en main et une lecture aisée.
Il y a très peu de personnages – essentiellement le jeune chevalier « Tête ronde » et son cheval Édouard, avec quelques seconds rôles. Édouard est très présent, semble plus réfléchi que son maître, mais c’est le jeune chevalier qui occupe l’essentiel des cases et de l’action, hyper actif, parlant, s’agitant dans tous les sens, expérimentant à tout va, Édouard jouant souvent le rôle de frein, ou de sauveur, lorsque « Tête ronde » a perdu son nounours ou qu’il a suivi un griffon trop loin.
C’est très rythmé, tout en n’étant pas compliqué à suivre, donc très bien pour les plus jeunes.
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Arca ou la nouvelle Eden
Ah mince, je voulais beaucoup plus aimer que ça... Rah, c'est presque frustrant ! L'idée de base de la BD m'a vite intéressé et je me suis plongé dans cette histoire servie par une pagination importante et une mise en scène bien campée sur des cases qui se répondent, jouant sur la mise en scène et les sens de lecture pour rendre compte du gigantisme de la station spatiale tout autant que de actions simultanées ou des scènes nerveuses notamment les courses poursuites. Je m'attarde sur ce point puisqu'en fait j'ai une petite frustration : la BD profite de son grand format pour en mettre visuellement plein les yeux, mais en même temps l'histoire ne profite pas souvent à mon goût de cette page immense pour son format. Il y a quelques utilisations sur la verticale (notamment lors des ascenseurs) mais ça manque de pleine page qui fait ressentir le gigantisme de tout ça. C'est dommage, mais le dessin est vraiment un point fort de par son utilisation qui joue des codes de la BD pour étaler des poursuites sur plusieurs cases, faisant ressentir le temps qui passe ou percevoir l'espace comme fouillis. Un très bon point, donc. Niveau histoire, c'est plus discutable. L'intention est louable et je ne dirais pas qu'elle est mauvaise en soi. Il y a de bonnes idées, notamment dans les caractérisations qui veulent chacune retranscrire un personnage de riche caricaturale mais dénonciateur de personnes réelles (masculinisme/virilisme à outrance, milliardaire touchant à la génétique, chanteur plagiant des œuvres...). Ces tendances exacerbées dans la caractérisation les rendent tout de suite détestables mais également réalistes. J'ai l'impression que l'auteur s'est inspiré de certaines têtes réelles, même si je ne suis pas certain desquelles. Par contre, l'histoire a beau avoir sa base intéressante, elle est devenue très - trop- vite prévisible. Après le premier quart de l'histoire j'avais déjà une idée des grandes lignes du récit et effectivement je n'ai pratiquement pas vu de déviation dans celui-ci. Il faut dire que certaines choses sont amenées trop vite et qu'il manquerait la rétention d'information pour que j'eusse été pleinement investi dedans. En fin de compte, pratiquement toutes les révélations ont été éventées au préalable par une petite phrase que j'ai compris trop vite, me dévoilant ainsi les coulisses de chaque retournement de situation. Ce qui est dommage, puisque ces révélations avaient un réel intérêt et le scénario aurait vraiment gagné à rester plus cryptique pour le lecteur. D'autre part certains détails semblent parfois mal intégrés ou pas assez développés. Son copain qui atterrit à l'hosto semble surtout là pour dénoncer la violence des jeux qu'on donne pour calmer la plèbe mais n'intervient plus ensuite, de même que son goût pour la lecture a sans doute façonné son envie de révolte, mais sans jamais nous expliquer son cheminement intellectuel. L'histoire semble parfois grosse aussi, notamment autour de la gamine qui semble accepter bien trop vite de faire des choses illégales, malgré un endoctrinement depuis l'enfance. Ce qui est dommage, c'est que j'ai fermé la BD en ayant plus le ressenti négatif alors que l'ensemble contient beaucoup de positif. Mais trop de petites choses auraient mérité plus de développement, comme cette société qui s'est figée dans le temps et ne fait que ressasser de vieilles œuvres d'art (musicales et littéraires) sans jamais en créer de nouvelles. Cette façon de recycler toujours tout aurait été une piste très intéressante à développer, sans doute à mettre en parallèle de nos industries du loisir actuelles. Il serait dommage de limiter les qualités de la BD à mon simple ressenti final, négligeant le réel travail visuel, l'histoire fouillée et l'envie de traiter de sujets importants sur notre société. Donc je finirais plutôt par une recommandation de lecture en précisant que ce n'est clairement pas la BD de l'année.
1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta
D’une certaine façon je comprends les reproches faits par Gaston dans son avis. Les aventures maritimes ont le vent en poupe (eh eh), parmi les parutions récentes j’ai lu Pitcairn - L'île des Révoltés du Bounty et Le Voyage du Commodore Anson, et il y a forcément une impression de déjà-vu. De plus le rythme est assez lent, même si ce dernier point ne m’a pas gêné, et contribue, je trouve, à la lente dégradation de l’ambiance à bord du Jakarta. J’ai malgré tout passé un excellent moment de lecture. Le jeu psychologique et le rapport de force entre les différents protagonistes sont remarquablement mis en scène. Le tome 2 développe bien cet aspect tribal, et propose un changement de décor appréciable après la longue traversé en mer éprouvante du premier tome. La fin, elle, est juste parfaite. Le grand format des albums fait vraiment honneur à la superbe mise en image de Thimothée Montaigne et Clara Tessier. J’ai notamment beaucoup apprécié le travail sur les visages des personnages, très détaillés et expressifs. Une grande épopée terminée en 2 tomes, qui propose une vision cynique et assez horrifique de l’âme humaine.
Pyongyang
Ça fait des années que je voulais relire cette BD et c'est enfin chose faite. Je n'avais conservé que quelques bribes de ma première lecture et la relecture a permis de remettre tout ça au clair. Et finalement, je dirais que c'est mieux que Shenzhen, mais que je ne suis pas comblé non plus. La BD a des limites imputables au genre du carnet de voyage : on se limite à l'avis et la vision de l'auteur. Aucune informations étayée ne vient s'ajouter à l'ensemble, pas de regard documentaire ajouté ni d'explications historiques, de moment où l'on sort du rapport purement personnel que l'auteur a eu dans son voyage. D'autant que dans un tel pays, il est difficile de dire que l'on voit grand chose, tant le pays reste fermé y compris à l'intérieur de ses frontières. De fait, à la fin de la lecture, je trouve qu'on a un réel manque d'informations, de faits qui permettraient d'éclairer un peu plus la lanterne de cette contrée si mystérieuse. Si je dis ça, c'est que cette BD a quelques années dans les dents aujourd'hui et ça se sent. Je suis sorti de la BD amusé, avec quelques anecdotes qui m'ont marqué et qui sont intéressantes, mais globalement l'histoire centrale est assez pauvre (Delisle va là-bas superviser des dessins animés et reste trois mois), les dialogues ne sont pas percutants et je reste sur ma faim. Rien que le fait de produire en sous-main les dessins animés français dans un pays clairement dictatorial et exploitant ses habitants aurait mérité un développement. La façon dont la France peut cautionner un système par l'industrie vidéo-ludique est assez glaçant mais passé complètement à la trappe. Guy Delisle a amélioré son dessin par rapport à Shenzhen et la fluidité de lecture ainsi que sa narration. C'est beaucoup plus lisible et il y a moins de temps morts qui parsèment l'ouvrage. Cette évolution ne suffit cependant pas à mes yeux pour la trouver indispensable ou réussie, notamment lorsque je compare à d'autres ouvrages documentaires. Par rapport à ceux de Lou Lubie, Kobane Calling ou les ouvrages de Lepage et Joe Sacco, il manque vraiment quelque chose aux témoignages de Delisle pour que je les apprécie pleinement. Peut-être qu'au début des années 2000, avant l'internet massif et la communication rapide, un tel témoignage était déjà une excellente chose, mais à l'heure actuelle je le trouve malheureusement trop léger.
Le Boss
Issue d'une époque où je ne lisais plus le magazine Spirou, j'ai manqué la petite heure de gloire de cette série. J'en avais lu des gags disséminés ici et là mais ce n'est que maintenant que j'ai pu en lire des albums entier. L’idée de départ, suivre la vie d’une rédaction à travers son rédac’chef, est amusante et rappelle l'esprit volontiers agitateur et caustique des Hauts de page de Yann et Conrad (ainsi que l'album Spirou Dream Team de Yann encore sorti des années plus tard) mais avec un ton plus enfantin et léger. Le dessin de Bercovici, bien que parfois caricatural et simplifié, rend correctement les expressions des personnages et s’accorde globalement à l’humour de la série. Mais son style graphique manque de finesse et n'a jamais su me séduire. Je l'associe trop facilement à du gros humour qui tâche. Et le fait est que si certains gags fonctionnent, surtout ceux où le personnage principal se montre épouvantable avec ses employés, la série est en demi-teinte et surtout s'essouffle trop vite au long d'albums entiers. L’humour repose presque exclusivement sur les défauts du Boss, ce qui devient rapidement répétitif et pesant. Cela manque de subtilité et de variété. Alors éventuellement à lire par petites doses, un gag par-ci par-là, notamment si vous avez une certaine nostalgie de l'époque Spirou de la fin des années 90 début 2000 (nostalgie que je n'ai pas), cela peut fonctionner comme lecture légère et ponctuelle, mais globalement ce n'est pas une série qui m'a convaincu ni fait rire. Note : 2,5/5
Des Yeux de Bitch
J'ai bien aimé ces chroniques souvent lestes sur la vie de diverses citadines qui n'ont pas vraiment pas froid aux yeux et ailleurs (surtout ailleurs). Ce sont surtout des anecdotes, des mini-tranches de vie, des gags souvent fort amusants (si on apprécie ce genre), dont la lecture d'une seule traite peut être lassante par overdose, comme beaucoup de recueils du même type. J'aime bcp le graphisme qui possède un côté girly et animation, style ''tout le monde il est beau''. C'est bien vu dans l'ensemble, ça sent en effet le vécu, mais avec l'arrière-pensée que certaines personnes sont assez nymphos... Dommage qu'une n'y ait pas eu d'autres tomes. Le Covid aurait pu donner de bons gags :)
Les Madeleines de Mady
Je possède les 2 volumes. Je ne suis sans doute pas la cible visée par ces albums, mais j'ai bien aimé, à la fois pour le graphisme et pour une certaine fraîcheur de ton. Oui, c'est parfois très léger, anecdotique et souvent parisien, mais c'est délassant. C'est tout ce que je demande à ce type d'ouvrage. Les ''Madeleines'' remplissent parfaitement le contrat.
Grand petit homme
Avec Grand petit homme, Zanzim signe son premier album en solo après sa collaboration fructueuse avec Hubert sur Peau d'Homme. C'est un conte moderne mêlant fantastique et une touche de chronique sociale. Il met en scène Stanislas Rétif, petit vendeur de chaussures timide et complexé, dont le destin bascule lorsqu'il est réduit à la taille d'un marmouset par le cuir magique d'une bottine. Le dessin, simple mais coloré et agréable, n'est pas le point faible de l'album. C'est plutôt le scénario qui laisse mitigé. J'apprécie les contes modernes où le fantastique s'introduit dans le quotidien, et l'idée d'un homme soudain rétréci aurait pu être amusante. Je craignais un récit moralisateur sur le droit des femmes au plaisir ou la revanche sur la société patriarcale, mais cet aspect apparaît finalement peu. Pourtant, le ton hésite entre fantaisie légère et pathos forcé. La dimension voyeuriste du personnage principal, ainsi que son fétichisme pour les pieds et chaussures, ne le rendent pas attachant. L’intrigue enchaîne péripéties et changements de protagonistes autour de lui, mais rien de concret ne se met vraiment en place. Ce n'est jamais vraiment drôle et le récit ne dégage pas de message particulier. De plus, le dénouement, qui bascule encore plus dans le fantastique, est maladroit et abrupt, laissant une impression d'inachevé. L'album séduit un peu par son atmosphère rétro et son côté conte fantastique sur fond social, mais sur le fond, il reste mitigé, voire inabouti, et m'a laissé perplexe.
Clichés Beyrouth 1990
L’album se laisse lire, relativement rapidement et agréablement. Mais, au final, me reste quand même une impression de superficialité, qui dérange un peu vu le cadre où se déroule l’histoire (la guerre civile au Liban). Les deux auteurs se sont rendus à Beyrouth au début des années 1990, initialement pour apporter quelques matériels (comme un fauteuil roulant) à une parente travaillant dans l’humanitaire près de Beyrouth. Arrivés sur place, ils proposent leurs services, pour aider de quelque manière que ce soit (dans les hôpitaux en particulier), mais peinent à trouver des interlocuteurs convaincus de leur trouver une tâche utile (si ce n’est du terrassement à un moment). Du coup, leur déception et leur désœuvrement vampirisent le récit, au point que l’on perd presque de vue la guerre elle-même – quelques explosions sonnent quand même le rappel, et en conclusion, l’annonce de la mort d’un jeune homme croisé durant le séjour des frères Ricard vient elle aussi rappeler cette guerre. As désagréable en soi, le récit m’a au final laissé sur ma faim. Il lui manque des à-côtés qui auraient permis de faire oublier le manque de force et de fond. Quant au dessin de Gaultier, simple et brouillon, un peu nerveux, jouant souvent sur des hachures, il passe bien, son trait moderne parvient bien à croquer personnages et décors. Note réelle 2,5/5.
Le Monde qui n'est pas
C’est étonnant que cet album, publié en 1951 aux Etats-Unis, ait attendu aussi longtemps pour l’être en France. En effet, si la critique/satire de la société qu’il met en avant est ancrée – du moins visuellement – dans les années 1950, cette critique et l’humour qui la sous-tend est intemporelle, et fait encore mouche aujourd’hui. S’il a aussi publié deux livres pour la jeunesse, l’auteur était avant tout un scénariste et réalisateur, mais aussi un cartooniste. C’est ce dernier aspect qui influence cet album. En effet, on a au vu du dessin l’impression d’être plongé dans les cartoons des années cinquante. Avec une influence du dessin de presse, pour croquer en vitesse expressions des personnages et décors (extrêmement minimalistes, avec un rendu proche de Sempé parfois). Il n’y a pas de phylactère ou de dialogues, tout le texte est placé au milieu ou en bas des pages, avec une narration au style indirecte. Tashlin nous propose une critique amusante et caustique de la société occidentale, de la société de consommation surtout (mais on trouve quelques allusions à la guerre froide, une dénonciation du sensationnalisme de la presse). Mais il le fait de façon plutôt originale. C’est une sorte d’histoire mondiale à rebours, où le texte suit bien l’ordre chronologique – en tout cas globalement – de la préhistoire au monde contemporain, tandis que les images semblent aller dans le sens inverse. Cela crée un décalage amusant, renforcé par le fait que peu importe le commentaire ou l’époque évoquée, tout est situé dans les années cinquante au niveau visuel. Un double décalage donc, alors que le texte est sec, vaguement sérieux. Il en ressort une critique insidieuse et efficace de nos sociétés, jouant sur une ironie plus ou moins mordante. L’album est très vite lu, mais j’ai trouvé plaisante
Les Aventures d'Edouard et son chevalier Tête-Ronde
J’ai lu le premier des deux tomes, qui rassemble deux histoires. C’est clairement destiné à un très jeune lectorat, mais celui-ci y trouvera sans doute son compte. En effet, le dessin très simple et tout en rondeurs, le format carré avec de grandes cases permettent une bonne prise en main et une lecture aisée. Il y a très peu de personnages – essentiellement le jeune chevalier « Tête ronde » et son cheval Édouard, avec quelques seconds rôles. Édouard est très présent, semble plus réfléchi que son maître, mais c’est le jeune chevalier qui occupe l’essentiel des cases et de l’action, hyper actif, parlant, s’agitant dans tous les sens, expérimentant à tout va, Édouard jouant souvent le rôle de frein, ou de sauveur, lorsque « Tête ronde » a perdu son nounours ou qu’il a suivi un griffon trop loin. C’est très rythmé, tout en n’étant pas compliqué à suivre, donc très bien pour les plus jeunes.