Les derniers avis (63 avis)

Couverture de la série Ce que les corbeaux nous laissent
Ce que les corbeaux nous laissent

Un album qui s’adresse à un public large, même si certains aspects me le feraient davantage conseiller à des adolescents. La lecture est globalement rapide et plaisante, même si j’en suis sorti quelque peu sur ma faim. Le travail graphique de Sophie Leullier (dont c’est semble-t-il le premier album publié) est agréable, fluide. Mais ça n’est pas vraiment ma came. Son trait et la colorisation adoucissent un peu trop à mon goût un récit qui baigne pourtant dans une belle et triste noirceur. Et certains visages, l’expression de certaines émotions ont un rendu un peu trop simplifié et un peu trop marqué « jeunesse ». Concernant l’intrigue, elle s’inscrit dans un moyen-âge de l’Europe du Nord-Ouest, à l’heure où l’Empire carolingien n’exerçant plus son contrôle, les violences s’exacerbent. C’est aussi un moment et un lieu de brassage de populations. L’auteure en profite pour brasser aussi les influences (dans les modes de vie, les noms, etc.). Une femme viking élevant seule, à l’écart, ses deux fils, est attaquée, son fils aîné tué. Cet évènement va conditionner le reste de la vie de cette femme et de son fils, tous les deux obsédés par ce meurtre, mais avec des réactions différentes : le fils ne pense qu’à venger son frère en retrouvant les coupables, tandis que la mère cherche à le rejoindre au royaume des morts pour le faire revenir. Ce qui me fait dire – en sus du dessin – que cet album est à recommander avant tout à des adolescents, c’est la fin heureuse et presque édifiante, montrant – certes de façon pas trop lourdingue – que la violence et la vengeance ne sont pas une solution. Pour les reste, c’est un album qui se laisse lire, y compris par un adulte, malgré ce que j’ai pu écrire plus haut.

06/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Navigateurs
Les Navigateurs

Le fantastique n’est pas a priori mon genre préféré, et je suis souvent circonspect concernant son utilisation pour dynamiser une histoire. Mais ici j’ai trouvé l’intrigue suffisamment prenante pour que cette lecture soit plus que plaisante. Lehman parvient à nous faire entrer dans son histoire facilement, à nous faire accepter peu à peu ces mystères, ce monde à la fois parallèle et ancien, autour d’un vieux Paris où seules quelques terres émergeaient. J’ai aussi accepté sans être frustré outre mesure que toutes les clés ne nous soient pas livrées, que certaines questions soient restées sans réponse. Quant au dessin de De Caneva, il accompagne très bien le récit. Son travail en Noir et Blanc, avec diverses nuances de gris, m’a fait penser à celui de Tanabe sur ses adaptations de Lovecraft. Un univers qui a quelques accointances avec celui développé ici par Lehman, en moins noir et horrible. Une lecture agréable.

06/12/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 5/5
Couverture de la série La Bombe
La Bombe

Triplement captivant par le sujet, ce qu'on y apprend et l'image ! De la première à la dernière case, on ne peut que tourner les pages, en adaptant le rythme au flux d'informations et à l'émotion. Ce n'est pas que j'aime la bombe, mais coup de cœur pour cette explosion narrative !

06/12/2025 (modifier)
Par lodi
Note: 2/5
Couverture de la série Sur les ailes du monde, Audubon
Sur les ailes du monde, Audubon

Le dessin est pas mal, sans plus. Difficile d'émuler Audubon ! On est à des années lumières de Black Dog, les rêves de Paul Nash, sur Paul Nash, justement ! Audubon méritait mieux, nettement mieux ! Que ses dessins sont précis, vivants, élégants, reconnaissables entre mille, style né de la découverte de la nature. En passant : il est bien normal que le peintre soit passé par la phase chasse, comme Darwin à ses débuts : à l'origine l'être humain est un chasseur cueilleur, il s'empare des choses elles-mêmes plutôt que de leur image et de la connaissance. Ne tombons pas dans l'anachronisme et l'ingratitude, de leurs temps, Darwin et Audubon ont participé à changer notre regard sur le monde ! Bref, outre la bd sur Nash, il existe au moins deux films super sur des peintres : Hokusai de Hajime Hashimoto et Turner par Mike Leigh. Autant de raison de zapper la BD sur Audubon, pas belle et sans tension narrative ni rien qui incite à la contemplation ne vaut que si on n'a rien de mieux à faire : comme tant d'autres occupations !

06/12/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Mediator - Un crime chimiquement pur
Mediator - Un crime chimiquement pur

Depuis 1987, ils voient arriver un nombre croissant d’HTAP qui ont toutes pris le comprimé miracle. - Ce tome constitue une histoire indépendante de toute autre qui ne nécessite pas de connaissance préalable. Son édition originale date de 2023. Il a été réalisé par Éric Giacometti & Irène Frachon pour le scénario, et par François Duprat pour les dessins, par Paul Bona pour les couleurs. Il comporte cent-quatre-vingt-six pages de bande dessinée. Il s’ouvre avec un texte introductif de deux pages, rédigé par les scénaristes, évoquant leur rôle dans cette affaire, et leurs objectifs : Témoigner de la souffrance indicible des victimes, mettre en lumière le rôle de Jacques Servier, le poids de ses réseaux, de son entregent, de sa gestion paranoïaque et mégalomane de sa maison. Ils expliquent que toutes leurs sources sont vérifiables, les milliers de pages des actes du procès au pénal, ainsi que les récits précis des victimes et d’Irène, les ouvrages écrits par Servier lui-même, etc. L’ouvrage se termine avec la liste des victimes et malades de la norenfluramine, la présentation de la pétition pour retirer à Jacques Servier et à titre posthume la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur. Puis viennent un schéma présentant la chronologie d’un scandale sanitaire qui dure depuis soixante ans, la copie de l’ordre écrit de dissimuler, la formule de la molécule tueuse, quelques chiffres à propos des victimes du Mediator, ainsi que le destin des autres médicaments de Servier. Histoire de Pascale : une mort d’apparence inexpliquée. Lisa est réveillée en pleine par un cri de sa mère Pascale à l’étage. Son père lui dit qu’il est en train d’appeler les secours. La jeune femme décède avant l’arrivée des pompiers qui ne peuvent la réanimer. Certificat du médecin légiste : Pascale, 51 ans, est décédée d’une insuffisance cardiaque aiguë, cause inconnue. Sur sa table de chevet : une boîte de Mediator. Partie un : alerte à Brest ! Corsen, dans le pays de Brest, en février 2007, la famille Frachon se détend sur une plage. Irène lit un ouvrage intitulé : Maigrir, l’arme absolue. Elle estime qu’elle a cinq kilos de trop. Elle ajoute à destination de son mari, que le lendemain elle voit une patiente qui en pèse cent-trente. Le lendemain à l’hôpital de la Cavale Blanche à Brest, la docteure indique à une infirmière qu’elle monte voir une patiente HTAP envoyée par les collègues de Saint-Brieu. Depuis qu’ils sont labellisés Centre de compétence régional, les autres hôpitaux les leur adressent. L’avatar d’Hippocrate intervient pour expliciter l’appellation HTAP : C’est un acronyme qui désigne une sale maladie. HTAP veut dire HyperTension Artérielle Pulmonaire. En clair, le calibre des artères pulmonaires se rétrécit. Le cœur pousse plus fort et augment la pression pulmonaire. Une maladie rare, quelques cas par million d’habitants, mais mortelle par épuisement du cœur. Irène rentre dans la chambre de Joëlle, 52 ans, hospitalisée en pneumologie. Elle lui demande si elle suit un traitement particulier. La patiente désigne de l’index sa table de chevet : elle a un tas de médicaments, elle les a apportés avec elle. Irène remarque immédiatement une boîte de Mediator. Joëlle lui explique qu’elle le prend pour son diabète. Irène lui indique de le mettre de côté. Un ouvrage sérieux et crédible : Irène Frachon, la coscénariste, est la lanceuse d’alerte dont les actions ont initié le scandale du Mediator. Il s’agit d’une affaire sanitaire et judiciaire ayant causé la mort de 1.500 à 2.100 personnes en France suite à la prise de ce médicament, concernant les personnes victimes de la prise de benfluorex, commercialisé sous le nom de Mediator par les laboratoires Servier de 1976 à 2009, sans compter celles qui souffrent des conséquences des effets secondaires. Elle est également docteure en médecine, spécialisée en pneumologie. Le lecteur sait donc qu’il s’agit d’un ouvrage à charge, d’autant plus que les laboratoires Servier ont été condamnés en appel en décembre 2023 à une amende de 8,75 millions d’euros, et condamnés en plus pour escroquerie, raison pour laquelle ils doivent rembourser aux organismes sociaux et mutuelles 415 millions d'euros. Éric Giacometti avait travaillé sur l’affaire de santé publique concernant l’Isoméride quelques années plus tôt quand il était journaliste au Parisien. En outre, les auteurs mettent en scène un avatar d’Hippocrate qui vient exposer des éléments d’information nécessaires : sur les laboratoires Servier, sur Jacques Servier (1922-2014) lui-même, sur la valvulopathie, les amphétamines, le Redux, l’Afssaps, l’étude cas-témoin, etc. Rapidement, les inquiétudes du lecteur disparaissent : la lecture s’avère facile et agréable, sans rien sacrifier à la rigueur et à la précision. Tout en ayant conscience de connaître la fin de l’histoire, il éprouve de l’admiration pour la lanceuse d’alerte, s’inquiète pour elle, prend les revers de plein fouet comme elle (quand elle se heurte à la puissance des laboratoires Servier représentés par des avocats compétents à leur solde), et s’indigne, voire s’insurge, devant les différentes formes d’injustice. Les victimes de ces deux médicaments bien sûr (Isomérie, Mediator), la manipulation orientée des faits par les laboratoires Servier, la faiblesse des pouvoirs publics face à la puissance économique de cette firme, l’efficacité du lobbying favorisant la collusion d’intérêts entre les laboratoires et quelques politiques dont un président de la République très reconnaissant. Le récit prend la forme d’une véritable aventure d’un individu contre une puissance écrasante, un combat disproportionné pour, littéralement, sauver des vies humaines, pour faire cesser la diffusion d’un poison (Norfenfluramine, nom de code S585) trouvant sa source au XIXe siècle et largement employé par les gouvernements durant la seconde guerre mondiale. Malheureusement, cela ne relève pas d’une fumeuse théorie du complot créée pour son potentiel divertissant. Dès le début, cet ouvrage se lit comme une vraie bande dessinée : les quatre pages montrant la mort inexpliquée de Pascale avec le présage de la présence de cette boîte de Mediator. Puis la docteure Frachon se rend au chevet d’une de ses patientes et la questionne sur ses différents traitements. Les auteurs ont bien pris soin d’écrire pour ce média, par opposition à un texte tout prêt confié à un dessinateur, avec bonne chance à lui pour imaginer des dessins qui ne soient pas redondants avec le texte. Ainsi le lecteur découvre des séquences sur plusieurs cases ou plusieurs pages : outre la visite à la malade Joëlle, un cambriolage nocturne dans le Montreal Jewish General Hospital, une scène de réception dans l’hôtel particulier de Servier à Neuilly, la première présentation, très décevante, de la docteure devant un petit groupe de travail de l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), un atroce face à face entre la docteure et ses compagnons d’alerte devant l’équipe de pharmacovigilance de Servier avec les avocats de la firme, le malaise de Cathy lors de l’ascension du mont Sinaï, etc. Les dessins appartiennent à un registre réaliste et descriptif, avec un degré de simplification significatif, qui les rend immédiatement lisible. La majorité des personnages apparaissent sympathiques, et normaux, à quelques exceptions près comme Jacques Servier lui-même, ou l’avocate maître Nathalie Carrère. Le lecteur se rend compte de la qualité de la narration visuelle en constatant que l’artiste sait rendre visuellement intéressant la docteure en train de faire des recherches sur ordinateur, action pourtant peu dynamique. Tout du long de l’ouvrage, le dessinateur met en œuvre des constructions et des outils graphiques très diversifiés, s’adaptant à chaque propos. Il sait utiliser des représentations anatomiques en les simplifiant sans les dénaturer (par exemple pour expliquer l’HTAP). Il s’amuse avec Hippocrate qui ouvre un livre duquel sort une licorne et une sorcière. Parmi les multiples idées visuelles : les différents sites de Servier comme des cartes postales (Tiansin, Maroc, Jacarepagua, Sopayno), Éric Giacometti faisant son entrée en scène en ouvrant un rideau de théâtre, la représentation spatiale de la molécule d’amphétamine, le médecin de la Sécu au milieu d’une pièce dont les murs sont tapissés d’écrans d’ordinateur, sans parler des accessoires de Jacques Servier en fonction de la situation comme un casque militaire ou une batte de baseball. La lecture s’avère donc facile et agréable, souvent ludique, les auteurs suivant une narration chronologique, avec des apartés ou des développements en fonction des informations nécessaires. Le lecteur revit le parcours de la lanceuse d’alerte avec le bénéfice de la connaissance de l’issue de l’affaire. Il peut ainsi mieux mesurer le rapport de force disproportionné entre elle et la firme Servier, les risques pris et les doutes tout naturels, l’inertie des structures, que ce soit du fait de leur faible effectif, des doutes et des précautions légitimes ou non, des enjeux économiques, de l’efficacité professionnelle des équipes des laboratoires Servier qui allouent un budget et des moyens à la hauteur des enjeux financiers pour eux. Il se retrouve partagé entre l’admiration pour les médecins compétents, les journalistes efficaces, et l’horreur du peu de cas qui est fait des vies humaines en jeu dans l’inertie des réactions. Ce témoignage de première main est aussi admirable pour l’engagement des personnes concernées, qu’édifiant quant au parcours du combattant à traverser, et une démonstration exemplaire de ce que valent les vies humaines face au profit. L’affaire du Mediator : le lecteur peut appréhender un ouvrage aride et compliqué, il découvre une histoire prenante et passionnante, facile d’accès. Il sait qu’il bénéficie d’un témoignage de première main, celui de la lanceuse d’alerte elle-même. La narration visuelle s’avère inventive et au service du récit, efficace et diversifiée. Les auteurs présentent clairement l’ampleur de l’escroquerie criminelle perpétrée par les laboratoires Servier et son propriétaire. Éclairant.

06/12/2025 (modifier)
Par Brodeck
Note: 4/5
Couverture de la série Garigari
Garigari

Garigari, j'ai trouvé ça très bien et pourtant, je ne suis pas adepte des bds sans paroles en général. J'ai déjà lu cet album deux fois, mais contrairement à ce que l'on pourrait penser, la lecture prend du temps tellement les cases sont belles et riches. Le découpage et les cadrages audacieux mettent en valeur la vélocité de notre guerrier héroïque et charismatique. Celui-ci doit, pour éviter un incident diplomatique qui menacerait la paix fragile entre deux clans, récupérer une flèche gardée jalousement par un féroce samouraï. Ce récit d'aventures prenant, parfois gore, parfois drôle, mais visuellement toujours impressionnant, se déroule dans un japon médiéval peuplé de yokai, de guerriers redoutables et de seigneurs de guerre orgueilleux. Les décors sont superbes et les rebondissements nombreux, pas de temps mort dans ce récit qui reste dans l'ensemble très fluide malgré l'absence de textes, c'est dire la virtuosité de Micol pour parvenir à ce résultat saisissant. Garigari est une réussite.

06/12/2025 (modifier)
Par lodi
Note: 4/5
Couverture de la série Lady SnowBlood
Lady SnowBlood

Cette série allie idéalement deux manières de s'attacher à son intégrité. Pour la tueuse, par la vengeance soit le moyen le plus universel de se réapproprier sa dignité… Pour le Japon, c'est plus compliqué : doit-il copier l'Occident ? Et on voit que cela va très loin dans le manga. Ou lui opposer la violence ? Même remarque. Extrême dans une société extrême, la tueuse tue, mais pas les innocents, ses sentiments et ses sens. Il est donc on ne peut plus logique qu'on la voit beaucoup faire l'amour. Et d'autant plus que croiser la mort amène un besoin accru d'aller vers la vie. Le dessin sait retranscrire tout cela, et même donner de la classe à notre lady, ce qui n'est pas rien. La classe est une sorte de grâce bien difficile à saisir. Que ce manga pulvérise de loin Kill Bill !

05/12/2025 (modifier)
Par lodi
Note: 4/5
Couverture de la série Le Secret de Miss Greene
Le Secret de Miss Greene

Que chacun tente de saisir sa chance est bien naturel. Ici, une dame au teint clair veut éviter de passer pour noire afin d'exercer un rôle digne de ses capacités. Quoi de mal ? De même, un homosexuel peut se faire passer pour hétérosexuel pour réussir. Problème : dans le cas de la dame, elle risque d'attirer des ennuis à sa famille, mais est-ce sa faute ? C'est le pouvoir qui veut dissuader les gens de couleur de gravir les échelons, alors qu'il est opportun de passer pour Blanc. Doit-on être l'otage de sa famille ? En admettant que la question soit légitime, pourquoi le dénier pour les luttes collectives et non pour la promotion individuelle ? On signale que pour couvrir son secret, ses sœurs ne doivent pas avoir d'enfant, mais quelle aurait été leur vie ? D'humiliés par les Blancs.. Il faut des générations pour que les préjugés diminuent. Cela n'aurait pas été agréable pour eux, et par contre-coup, pour leur mère. Si on dit que l'ambitieuse embarque sa famille dans son destin, c'est aussi ce que font les parents en encore plus décisif. Si le destin de miss Green est plus rare que d'être mère, il ne me semble pas plus discutable moralement. Plus inhabituel, c'est tout. La BD aurait-elle tort de ne pas montrer la lutte collective des Noirs ? Non, pas plus qu'une histoire de lutte collective de faire l'impasse sur les gens réussissant par le masque. Par le Ciel ! Dans un blog où chacun peut prendre un pseudo pour défendre sa liberté et sa sécurité, comment critiquer une dame faisant de même dans un contexte mille fois plus critique ! Refusant de se laisser enfermer dans un destin trop petit pour elle, elle ne juge pas à son goût la lutte collective. Comme sa peau peut la faire passer pour une personne d'ascendance européenne méditerranéenne, elle en profite. Je la plaint d'avoir dû vivre dans un total contrôle de soi. J'en arrive au dessin ! Il rend très bien la vie prudente, on peut dire en apnée, de l'héroïne. Sa famille sait qui elle est mais n'approuve pas son rôle, les Blancs approuvent son rôle mais n'approuverait pas qui elle est, elle est d'une certaine façon, toujours rejetée. Mais elle s'accroche et nous permet d'avoir un point de vue exceptionnel, tant sur les Blancs que sur les Noirs. Bravo !

05/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Kiro
Kiro

L’histoire se laisse lire, mais elle manque singulièrement de fond – et pas mal d’intérêt en fait. C’est un peu creux. L’intrigue et la personnalité des protagoniste auraient mérité d’être creusées davantage. Au lieu de quoi nous n’avons qu’une succession de « rencontres », d’anecdotes, autour d’un Japonais qui a rejoint sa cousine à Paris. Paris où il fréquente les milieux bourgeois et branchés, multiplie les rencontres féminines, tombe amoureux, tombe de plus ou moins haut, ayant toujours la chance d’être entouré de très jolies dames. Car, même si j’ai trouvé que le dessin manquait lui aussi de consistance et parfois de précision, Varenne sait y faire pour dessiner les femmes, et il glisse des passages érotiques pour accompagner les déambulations de notre héros. Mais bon, cela ne suffit pas. L’histoire était semble-t-il initialement destinée à un lectorat japonais (publié au Japon par Kodansha je crois) . Ce qui expliquerait le côté « visite touristique » de certains passages, et l’image « glamour bling bling branchouille » véhiculée par le récit (et l’insistance du héros et de sa cousine à parler du charme des « femmes parisiennes »). Un travail de commande qui peine à convaincre le lecteur que je suis.

05/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Aldobrando
Aldobrando

Cette œuvre construit un récit initiatique d’une grande justesse, jouant en permanence sur une apparente simplicité pour mieux atteindre une profondeur émotionnelle rare. La naïveté volontaire du ton n’affaiblit jamais le propos : elle sert de filtre pour aborder la violence, la loyauté et la construction de soi sans cynisme. Le scénario, linéaire mais solidement charpenté, maintient une tension douce qui rend la progression d’Aldobrando à la fois crédible et touchante. La fin est vraiment satisfaisante et me laisse un joli sourire aux lèvres. Graphiquement, le style caricatural – qui pourrait sembler déroutant hors contexte – fonctionne ici comme un amplificateur narratif. Les proportions exagérées, les visages expressifs et le traitement chromatique épuré renforcent l’innocence du protagoniste et la dureté du monde qui l’entoure. Le dessin accompagne la montée en maturité du personnage et soutient la dynamique émotionnelle du livre de manière précise, sans surcharge. L’ensemble forme un conte moderne, dur et doux à la fois, capable de toucher un large public. Les lecteurs sensibles aux récits initiatiques, aux univers médiévaux sobres et aux fables morales y trouveront un équilibre rare entre simplicité et profondeur.

05/12/2025 (modifier)