De Beethoven, je ne connaissais que quelques bribes de sa personnalité, toutes liées à sa période adulte et célèbre. Je partais donc dans l'inconnu avec cet album, qui se concentre sur "l'avant ", sa jeunesse.
Une période de formation, en tant qu'artiste et en tant que personne. Avec son père comme personnage clé. Qui lui a mis le pied à l'étrier comme musicien. Mais ce père est un personnage assez négatif. Alcoolique, violent, borné, exploitant sans vergogne son fils - qu'il voyait davantage comme l'exécutant d'œuvres écrites par d'autres, comme Mozart alors en vogue, que comme compositeur.
La pression mise continûment par son père explique sans doute le côté quelque peu frénétique ou pressé de Ludwig. Je ne connais pas son œuvre suffisamment en profondeur pour y déceler là aussi des traces de cette relation difficile.
En tout cas l'album se laisse lire agréablement. Le sujet est sans doute moins original que d'autres séries de Ross, mais son dessin, ici très moderne et dynamique, colle très bien à la personnalité qu'il nous donne à voir.
Adaptée d'un roman que je ne connais absolument pas, cette BD a conservé ce qui fait la qualité d'un bon polar qu'on lit en vacances sans pouvoir le lâcher. Cela vient de la narration qui alterne deux trames. Dans le présent, Marc, un jeune homme tente de comprendre pourquoi sa soeur a disparue subitement le jour der ses 18 ans. Il faut dire que cette jeune fille a une histoire singulière puisque, bébé, elle a survécu à un crash d'avion et elle a été confiée a ses grands parents. Sauf que 2 familles se sont battus pour la récupérer à l'époque.
En parallèle de ça, l'autre arc narratif concerne un détective chargé de mener une contre enquête par une des familles pour découvrir la véritable identité de la fillette. Il a consigné 18 ans d'investigations dans un carnet que Marc est en train de lire. Et donc, comme dans un bon page turner, dès que le détective s'apprête à faire une révélation, l'histoire bascule sur le présent. Et lorsque Marc semble sur le point de comprendre quelque chose, on revient à notre détective. Procédé somme toute classique, mais bien efficace.
On se prend bien au jeu, et on a envie de savoir quelle est la vraie famille de notre héroïne. Alors oui, il a quelques ficelles un peu grosses et quelques péripéties pas hyper crédibles. Mais j'ai pas trouvé ça gênant, la curiosité de connaitre le dénouement prédominant largement. Et enfin, mention spéciale au petit twist final qui permet de retrouver la vraie mère de l'enfant.
J'ai trouvé cette BD très agréable.
Remarquable album sur la surexploitation de la mer et des océans sous forme d'enquête journalistique.
Très bien documenté et illustré de manière simple mais efficace, ce plaidoyer pour la survie des océans est pour moi un témoignage grave et poignant.
Le graphisme qui tire vers la ligne claire, est parfois simple et même un peu crayonné, mais on pardonne cette approximation graphique au vu des arguments et du propos développé au long des124 pages.
Les références documentaires et les témoignages sont précises et etayées.
A lire absolument.
Je viens de finir Kléos, alors la note s'en ressentira. Bien sans plus, d'accord il y a un aspect tragique et comique dans son aventure et le dessin est bon, mais je l'ai lu et non relu alors que j'ai relu Kleos plusieurs fois ! J'ai l'impression que le héros avait plus de potentiel sans pouvoir relever ce qui manque à la bd pour être meilleure. Le final est bon, d'accord mais… J'ai aussi mieux aimé le premier tome de Deamon, et même la gloire d'Héra. Franchement, tirer aussi peu d'une histoire de changement de sexe à une époque, la notre, où ils existent, et en France où les femmes ont plus de droit qu'en Grèce de l'Antiquité. Je pense que cette bd est surcotée grâce au soleil de Grèce et à une façon de voir et vivre le sexe non encore corrompu par l'idée de péché si je ne dirait pas qu'on puisse prétendre qu'elle était libre.
Tome 4 "Le Sang du roi"
Rien de particulier à ajouter, ce tome 4 ne déçoit pas. Si le scénario est sans véritable surprise, il est bien construit et tout à fait dans la lignée de ses « grands frères ». Les personnages restent attachants, en partie grâce au dessin expressif de Delep.
Avec cette œuvre qui aura marqué la bande dessinée, Dorison et Delep prouvent que l’on peut allier le divertissement populaire à la politique, n’en déplaise à ceux qui prétendent que celle-ci ne doit pas interférer avec la culture. Et ça fonctionne parfaitement, car les auteurs ont trouvé ici le ton juste, privilégiant le registre de la fable universelle plutôt que de se référer à l’époque actuelle, même s’il faut bien l’avouer, ce taureau cruel évoque immanquablement un certain Donald J. Trump… en tout cas pour certains à l’esprit mal placé comme moi !
Tome 3 "La Nuit des justes"
Comme pour tenter de comprendre ce qui produit les tyrans, ce troisième tome s’ouvre sur un flashback spectaculaire montrant un Silvio jeune, harassé par le poids de la charrette qu’il doit tirer sous les ordres d’un chien sans pitié, des années avant qu’il ne fasse son putsch pour commander la ferme. Le syndrome de la victime devenue bourreau à son tour…
Après avoir croisé l’épouse du numéro 1, assassiné par Silvio à la fin du tome 2, contrainte de quitter le château avec ses chiots après être tombée en disgrâce, Miss B est saisie par le doute et ne souhaite plus mener la révolution. D’autant qu’elle ne veut pas cautionner une partie des animaux qui souhaite désormais passer à l’action violente pour évincer Silvio de son palais. « Tant que notre colère sera plus forte que nous, nous ne vaudrons pas mieux que Silvio. » lance-t-elle à ses troupes. Azélar le vieux rat va s’employer à la convaincre de ne pas lâcher le combat. La clé ? Faire cesser la peur, mettre un programme sur pied pour instaurer la justice et le vote… et toujours sans violence ! La marguerite deviendra l’emblème de ce de ce « printemps des animaux » ! Mais le tyran n’est pas prêt à céder, persuadé d’avoir fait amende honorable en jetant à la foule un os à ranger : l’assassinat en public de son « numéro un ». Ainsi, quoi de plus logique pour lui, que d’emprisonner ceux qui refusent de déposer la marguerite qu’ils arborent dans ses sinistres geôles ?
En lisant cette « Nuit des justes », impossible de ne pas penser aux événements qui se déroulent actuellement en Iran, où les femmes se révoltent contre le port obligatoire du tchador. Notamment avec cette scène marquante où les animaux décident de jeter leurs colliers à clochette devant la milice de chiens, sans crainte des morsures qu’ils auraient à subir en représailles.
Il faut noter l’humour au vitriol présent dans la série, autant à l’adresse des tyrans que de leurs courtisans, prêts à s’abaisser jusqu’au ridicule pour s’acquérir les bonnes grâces du maître, humour que Delep a su retranscrire dans son dessin semi-réaliste enlevé. Délaissant le choix d’une apparence anthropomorphe des animaux, le dessinateur n’a conservé que les expressions humaines, et celles-ci suscitent souvent l’amusement, telle celle du futur numéro un (en page 8), très flatté de se voir promu par le « président » lui-même.
On ne saura reprocher à cette saga la profondeur et la puissance de son message politique, un message universel en résonance avec la situation actuelle, décrivant la façon la plus subtile de faire pression sur les pouvoirs autoritaires, d’autant plus dangereux lorsqu’ils se parent des « plumes » de la démocratie et dénoncent ses adversaires, si pacifiques soient-ils, comme les ennemis ultimes. En d’autres termes, l’art de retourner la situation et de jeter l’huile sur le feu. La soif de domination n’a pas de prix ! L’autre point fort du « Château des animaux », purement formel, ce sont bien ses couvertures, toutes aussi réussies les unes que les autres. Alors s’il est un bémol à pointer, certes mineur, il se trouve peut-être du côté de la narration, qui laisse une vague impression de délayage. Deux tomes auraient sans doute suffi pour cette revisite du roman de Georges Orwell, qui est tout de même une sorte de huis-clos où le rêve, un vigoureux rêve de liberté, demeure tout du long confiné au périmètre de la ferme. Ainsi on se félicite de savoir que la série verra sa conclusion dans un quatrième et dernier tome, que l’on n’en a pas moins hâte de découvrir !
Tome 2 "Les Marguerites de l’hiver "
Dans la lignée du tome 1, cette suite poursuit la revisite de « La Ferme des animaux » avec un certain brio et une profondeur politique assez poussée, qui fait de cette série un véritable petit manuel en faveur de la révolution pacifique. Ce qu’on apprécie, c’est que même si on sent qu’il s’agit d’une diatribe contre les régimes tyranniques, Dorison évite le piège d’un manichéisme caricatural et d’une lutte binaire que soutiendraient « comme un seul homme » tous les « opprimés » du système décrit. Le plus dur étant peut-être de convaincre ceux de son propre camp…
Il fait intervenir des contradicteurs – certains animaux sont sceptiques quant au bien-fondé d’une révolution pacifique – et évite de dépeindre ceux du camp d’en face comme de purs salauds, car le fameux « numéro 1 », tout ordure soit-il, a aussi une famille qui pâtira du sort qui lui est réservé.
Tome 1 "Miss Bengalore"
Référence explicite à « La Ferme des animaux » de George Orwell, la nouvelle série du prolifique Xavier Dorison suscite avec ce premier tome un engouement évident et tout à fait justifié. La très belle couverture, évoquant l’univers du conte, y est sans doute pour quelque chose. A l’instar du roman d’Orwell, Dorison dénonce les dictatures dont la principale caractéristique est d’exercer le pouvoir par la violence et la manipulation, mais comme il le dit lui-même, il a ajouté une note d’optimisme en démontrant que tout pouvoir rejeté par le peuple peut tomber par d’autres moyens que la violence, à savoir la désobéissance civile. Pour ce faire, il s’appuie sur des personnages historiques qui y ont eu recours dans leur pays, en premier lieu Gandhi, mais aussi Lech Walesa, Nelson Mandela, Martin Luther King. Gandhi est symbolisé dans l’histoire par le rat Azélar, qui depuis sa cachette va organiser la fronde contre le dictateur Silvio, incarné par un taureau imposant et agressif, protégé par sa meute de molosses. Pour tenter d’ébranler la toute puissance de ce dernier, Azélar et ses amis, la chatte Miss Bengalore et le lapin César, utiliseront une arme redoutable : le rire !
Le dessin a été confié à Félix Delep, qui pour une première BD, possède un talent évident. Si son style dynamique et percutant rappelle beaucoup celui de Juanjo Guarnido ou de Sokal, le jeune dessinateur ne recourt pas à l’anthropomorphisme — sauf peut-être pour les « gueules », très expressives — mais a préféré laissé ses animaux sur quatre pattes, si l’on excepte bien entendu les volailles… Une fois surmonté le scepticisme du début, force est de reconnaître que Delep possède un sacré coup de patte ! (trop tentante pour ne pas la faire, celle-là…)
Avec ce premier volet, c’est une véritable fable politique — accessoirement animalière — qui se dessine, dans l’esprit de Jean de la Fontaine, à laquelle la formule de ce dernier correspond on ne peut mieux : « Selon que vous serez puissants ou misérables, les jugements de cour vous rendent blanc ou noir ». Et déjà à son époque, le fabuliste avait bien compris la puissance de l’humour contre le tyrannie… Prévu en quatre tomes, « Le Château des animaux » s’avère une série plutôt prometteuse qui pourrait faire date.
J'aime beaucoup l'humour absurde, les blagues à froid et les répliques bien cons, bref je suis friande de ce genre de production.
Ici c'est bon, j'avoue avoir a minima souri, mais je suis quand-même déçue.
Je suis souvent déçue dans mes avis, ça va finir par devenir mon running gag officiel sur le site, mais ici ma déception ne vient pas d'attente trop grandes ou d'une lecture d'une traite qui auraient pu tuer l'humour, non ma déception vient du fait que j'ai déjà lu la plupart de ces gags dans d'autres formats auparavant sur le net. Le gag sur "les filles chaudes et désespérée de ta région" en est le plus gros exemple, j'ai littéralement reposé l'album pour le comparer avec une version antérieure que je connaissais et que je trouve bien mieux rythmée et impactante.
Pas un mal absolu, les gags sont standards, déjà faits auparavant, mais pas nécessairement mauvais. J'en ai découvert certains qui, même s'ils reposent eux aussi sur la même rythmique de cassure d'attente, ont réussi à me faire rire.
Bref, pas excellent mais pas déplaisant.
Bon, qu'ajouter de plus ?
Pour tout dire je m'attendais déjà à ce que le résultat ne soit pas reluisant, de par les avis me précédant et les quelques pages d'extraits ne me faisant pas miroiter un travail humoristique de grande qualité. Pourtant, je vous prie de me croire, j'ai tout de même lancé ma lecture en mettant tout a priori de côté pour laisser toute sa chance à ce diptyque - sait-on jamais, on peut toujours être agréablement surprise.
Bon, rentrons dans le vif du sujet : je n'ai pas trouvé ça drôle. Il y a des bases propices à un récit humoristique a minima entrainant, j'avoue que certaines pages sont parvenues à me faire sourire (principalement parce que j'imaginais une chute mieux amenée pour mieux faire marcher la chose), mais rien n'y fait : ça n'est pas drôle. C'est poussif, réchauffé, mal-amené aussi parfois, les personnages sont caricaturaux au possible sans pour autant posséder ce je ne sais quoi d'attachant (si ce n'est le duo d'antagonistes), ... Bref, encore une fois : ça n'est pas la rigolade.
Avec Fabrice Erre au dessin et la réécriture parodique d'une figure héroïque clichée en diptyque j'ai évidemment pensé à Z comme don Diego, BD qui m'avait fait bien rigoler à sa sortie, mais à part la forme tout les oppose : pas d'intrigue filée ici pour lier les gags, tout s'enchaîne à la volée (et on espère que vous connaissez un minimum le roman de base ou l'une de ses adaptations pour pouvoir resituer deux/trois trucs parce que sinon bonjour), ... Bref c'est décousu, étrangement rythmé, plat, en un mot comme en cent : c'est pas très très la rigolade, mes p'tits potes.
Bref, pas la peine de s'acharner, je fais sonner la chose plus terrible qu'elle ne l'est réellement, la série reste lisible, pas nécessairement insultante (si ce n'est Porthos qui n'est réduit qu'à des gags de gros et le fait que le language faussement jeune m'a donné envie de lâcher des "how do you do, fellow kids" toutes les deux pages), la production finale est en fait surtout assez anecdotique.
Vu la publicité qui lui est faite à chaque fin d'album il semblerait que cette courte série n'existe que pour promouvoir l'adaptation de 2023, la nature "simple produit publicitaire de commande" explique peut-être sa platitude (même si je loue la volonté d'informer et de remettre légèrement en contexte le récit d'origine à chaque fin de tome).
Je ne connaissais absolument pas ce personnage de Wasterlain avant de tomber sur cette série en bouquinerie.
Monsieur Bonhomme est apparu dans les pages du journal Tintin, d'abord en 1972 dans une histoire où il n'était pas encore musicien mais "marchand de vacances". La majorité des récits ont ensuite été publiés en 1973 et 1974 (une autre histoire sera réalisée bien plus tard, dans les années 80, mais ne sera jamais éditée en album). Il s'agit d'une série inclassable, naviguant tour à tour entre le conte fantastique, l'humour, la science-fiction voire même l'aventure-action exotique comme on en retrouvera plus tard chez Jeannette Pointu. Leur point commun réside dans ce héros débonnaire, d'abord assez neutre, qui évolue rapidement vers une figure d'artiste musicien légèrement hippie, ainsi que dans une tendance récurrente à le confronter à l'absurdité de la société humaine.
En ce sens, Monsieur Bonhomme s'adresse autant aux enfants, avec des histoires simples et amusantes, qu'aux adultes, grâce à un humour discret, une atmosphère poétique et un léger fond de satire sociale.
Le dessin est un peu guindé dans les toutes premières histoires, lorsque Monsieur Bonhomme est encore très lisse et coiffé court. Le style personnel de Wasterlain s'impose toutefois rapidement, au fur et à mesure que les cheveux de Bonhomme s'allongent et que le personnage adopte une allure nettement plus cool.
J'ai apprécié ces histoires courtes et variées, ainsi que leur ambiance très marquée années 70. Le mélange des tons et la diversité des genres évitent toute lassitude et suscitent même une certaine curiosité quant à la direction que prendra chaque nouveau récit. Les intrigues restent toutefois assez simples, parfois un peu trop enfantines pour m'embarquer pleinement en tant que lecteur adulte, mais cela n'empêche pas cette lecture d'être une jolie découverte.
Stern propose un western décalé, subtilement loufoque, qui ne cherche jamais à cocher mécaniquement toutes les cases du genre. Le récit avance à hauteur d’homme, porté par un héros profondément attachant, dont le destin semble s’acharner avec une ironie presque fataliste. Cette dureté permanente du contexte n’empêche jamais l’empathie : la série reste touchante, sincère.
L’écriture se distingue par une grande humanité. Les enquêtes servent surtout de prétexte à explorer des trajectoires de vie, des regrets, des zones d’ombre, dans une Amérique rude où chacun tente de survivre avec ses failles. La galerie de personnages est particulièrement soignée, tous traités avec finesse, et la diversité des lieux d’un tome à l’autre renouvelle efficacement l’intérêt sans casser la cohérence de l’ensemble.
Graphiquement, le dessin est très expressif, lisible et précis, sans démonstration inutile. Le choix de couleurs relativement soutenues pour un western apporte une identité visuelle forte et participe au ton singulier de la série. L’ensemble se lit avec un réel plaisir, dans un équilibre maîtrisé entre légèreté, gravité et intimisme.
Il y a des incohérences dans mes réactions à cet album, en fait je n’arrive pas à avoir un avis, alors j’écris pour essayer d’en trouver un.
Lorsque l’on ouvre un Lepage et que l’on a déjà lu l’auteur on sait globalement ce que l’on va trouver, une descente dans son quotidien de voyageur aventurier sans l’être, à la fois témoin et passeur d’un environnement dans lequel nous ne nous sentons pas légitimes d’aller. Cette fois ci c’est un retour ce qui détonne d’autant plus comment se renouveler ? que va-t-on voir de plus ou de moins ?
Graphiquement, l’auteur murit, les illustrations sont maintenant des exercices de style tout à fait sublimes et je trouve un jeu entre les versions croquis et les versions travaillées au sein de la narration pour nous offrir des pauses et des moments de méditation.
L’humain trouve dans ce récit toute sa place, et le témoignage sur ce que l’on ne doit pas communiquer pour ne pas sensibiliser le « grand public » à des choses pourtant nécessaires qui pourraient le heurter me parait un modèle de narration journalistique sans ligne éditoriale politique venant nous dire ce qu’il est bon ou mal de penser : Merci !
Tout ceci bien sûr très positif, oui mais que c’est lent, je ne me suis pas attaché aux personnages tant ils paraissent fugaces, trop étroitement décrit pour se les approprier et partager en quelques sorte le vécu. Il y a une frustration évidente à partager des moments dans l’intimité de Lepage sans pouvoir agir ou exister dans le sens où nous aurions un mot une attitude pour faire raisonner le moment selon notre sensibilité. La limite du récit de voyage se situe dans cette faille : l’auteur a été suffisamment subtil et sensible pour nous faire partager des moments de grâce et pourtant nous ne les avons pas vécu car tout ceci n’est qu’un récit tiers sur lequel nous n’avons pas prise et sur lequel nous sommes désespérément passifs. Cette conscience de notre incapacité à être actif dans l’aventure donne au lecteur une frustration évidente, non que nous aurions fait mieux, mais nous aurions fait nos propres erreurs et appris sur nous même ce que ce témoignage ne nous permet pas de faire…
Je ne suis pour ma part pas certain qu’il y ait de la connerie à enlever aux uns où aux autres, elle fait partie de nous et permet à la vie d’être un apprentissage permanent, ce livre ne nous apprend pas grand-chose, il nous fait partager du vécu, un cheminement et comme toutes les sagesses de l’histoire le disent l’important n’est pas la destination mais le chemin. Apprenons de ce chemin et prenons ce qui en est bon pour nous, peu importe ce qui est une limite, une frustration !
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Ludwig et Beethoven
De Beethoven, je ne connaissais que quelques bribes de sa personnalité, toutes liées à sa période adulte et célèbre. Je partais donc dans l'inconnu avec cet album, qui se concentre sur "l'avant ", sa jeunesse. Une période de formation, en tant qu'artiste et en tant que personne. Avec son père comme personnage clé. Qui lui a mis le pied à l'étrier comme musicien. Mais ce père est un personnage assez négatif. Alcoolique, violent, borné, exploitant sans vergogne son fils - qu'il voyait davantage comme l'exécutant d'œuvres écrites par d'autres, comme Mozart alors en vogue, que comme compositeur. La pression mise continûment par son père explique sans doute le côté quelque peu frénétique ou pressé de Ludwig. Je ne connais pas son œuvre suffisamment en profondeur pour y déceler là aussi des traces de cette relation difficile. En tout cas l'album se laisse lire agréablement. Le sujet est sans doute moins original que d'autres séries de Ross, mais son dessin, ici très moderne et dynamique, colle très bien à la personnalité qu'il nous donne à voir.
Un avion sans elle
Adaptée d'un roman que je ne connais absolument pas, cette BD a conservé ce qui fait la qualité d'un bon polar qu'on lit en vacances sans pouvoir le lâcher. Cela vient de la narration qui alterne deux trames. Dans le présent, Marc, un jeune homme tente de comprendre pourquoi sa soeur a disparue subitement le jour der ses 18 ans. Il faut dire que cette jeune fille a une histoire singulière puisque, bébé, elle a survécu à un crash d'avion et elle a été confiée a ses grands parents. Sauf que 2 familles se sont battus pour la récupérer à l'époque. En parallèle de ça, l'autre arc narratif concerne un détective chargé de mener une contre enquête par une des familles pour découvrir la véritable identité de la fillette. Il a consigné 18 ans d'investigations dans un carnet que Marc est en train de lire. Et donc, comme dans un bon page turner, dès que le détective s'apprête à faire une révélation, l'histoire bascule sur le présent. Et lorsque Marc semble sur le point de comprendre quelque chose, on revient à notre détective. Procédé somme toute classique, mais bien efficace. On se prend bien au jeu, et on a envie de savoir quelle est la vraie famille de notre héroïne. Alors oui, il a quelques ficelles un peu grosses et quelques péripéties pas hyper crédibles. Mais j'ai pas trouvé ça gênant, la curiosité de connaitre le dénouement prédominant largement. Et enfin, mention spéciale au petit twist final qui permet de retrouver la vraie mère de l'enfant. J'ai trouvé cette BD très agréable.
On a mangé la mer - Une enquête au coeur de la crise de la pêche en France
Remarquable album sur la surexploitation de la mer et des océans sous forme d'enquête journalistique. Très bien documenté et illustré de manière simple mais efficace, ce plaidoyer pour la survie des océans est pour moi un témoignage grave et poignant. Le graphisme qui tire vers la ligne claire, est parfois simple et même un peu crayonné, mais on pardonne cette approximation graphique au vu des arguments et du propos développé au long des124 pages. Les références documentaires et les témoignages sont précises et etayées. A lire absolument.
Tirésias
Je viens de finir Kléos, alors la note s'en ressentira. Bien sans plus, d'accord il y a un aspect tragique et comique dans son aventure et le dessin est bon, mais je l'ai lu et non relu alors que j'ai relu Kleos plusieurs fois ! J'ai l'impression que le héros avait plus de potentiel sans pouvoir relever ce qui manque à la bd pour être meilleure. Le final est bon, d'accord mais… J'ai aussi mieux aimé le premier tome de Deamon, et même la gloire d'Héra. Franchement, tirer aussi peu d'une histoire de changement de sexe à une époque, la notre, où ils existent, et en France où les femmes ont plus de droit qu'en Grèce de l'Antiquité. Je pense que cette bd est surcotée grâce au soleil de Grèce et à une façon de voir et vivre le sexe non encore corrompu par l'idée de péché si je ne dirait pas qu'on puisse prétendre qu'elle était libre.
Le Château des Animaux
Tome 4 "Le Sang du roi" Rien de particulier à ajouter, ce tome 4 ne déçoit pas. Si le scénario est sans véritable surprise, il est bien construit et tout à fait dans la lignée de ses « grands frères ». Les personnages restent attachants, en partie grâce au dessin expressif de Delep. Avec cette œuvre qui aura marqué la bande dessinée, Dorison et Delep prouvent que l’on peut allier le divertissement populaire à la politique, n’en déplaise à ceux qui prétendent que celle-ci ne doit pas interférer avec la culture. Et ça fonctionne parfaitement, car les auteurs ont trouvé ici le ton juste, privilégiant le registre de la fable universelle plutôt que de se référer à l’époque actuelle, même s’il faut bien l’avouer, ce taureau cruel évoque immanquablement un certain Donald J. Trump… en tout cas pour certains à l’esprit mal placé comme moi ! Tome 3 "La Nuit des justes" Comme pour tenter de comprendre ce qui produit les tyrans, ce troisième tome s’ouvre sur un flashback spectaculaire montrant un Silvio jeune, harassé par le poids de la charrette qu’il doit tirer sous les ordres d’un chien sans pitié, des années avant qu’il ne fasse son putsch pour commander la ferme. Le syndrome de la victime devenue bourreau à son tour… Après avoir croisé l’épouse du numéro 1, assassiné par Silvio à la fin du tome 2, contrainte de quitter le château avec ses chiots après être tombée en disgrâce, Miss B est saisie par le doute et ne souhaite plus mener la révolution. D’autant qu’elle ne veut pas cautionner une partie des animaux qui souhaite désormais passer à l’action violente pour évincer Silvio de son palais. « Tant que notre colère sera plus forte que nous, nous ne vaudrons pas mieux que Silvio. » lance-t-elle à ses troupes. Azélar le vieux rat va s’employer à la convaincre de ne pas lâcher le combat. La clé ? Faire cesser la peur, mettre un programme sur pied pour instaurer la justice et le vote… et toujours sans violence ! La marguerite deviendra l’emblème de ce de ce « printemps des animaux » ! Mais le tyran n’est pas prêt à céder, persuadé d’avoir fait amende honorable en jetant à la foule un os à ranger : l’assassinat en public de son « numéro un ». Ainsi, quoi de plus logique pour lui, que d’emprisonner ceux qui refusent de déposer la marguerite qu’ils arborent dans ses sinistres geôles ? En lisant cette « Nuit des justes », impossible de ne pas penser aux événements qui se déroulent actuellement en Iran, où les femmes se révoltent contre le port obligatoire du tchador. Notamment avec cette scène marquante où les animaux décident de jeter leurs colliers à clochette devant la milice de chiens, sans crainte des morsures qu’ils auraient à subir en représailles. Il faut noter l’humour au vitriol présent dans la série, autant à l’adresse des tyrans que de leurs courtisans, prêts à s’abaisser jusqu’au ridicule pour s’acquérir les bonnes grâces du maître, humour que Delep a su retranscrire dans son dessin semi-réaliste enlevé. Délaissant le choix d’une apparence anthropomorphe des animaux, le dessinateur n’a conservé que les expressions humaines, et celles-ci suscitent souvent l’amusement, telle celle du futur numéro un (en page 8), très flatté de se voir promu par le « président » lui-même. On ne saura reprocher à cette saga la profondeur et la puissance de son message politique, un message universel en résonance avec la situation actuelle, décrivant la façon la plus subtile de faire pression sur les pouvoirs autoritaires, d’autant plus dangereux lorsqu’ils se parent des « plumes » de la démocratie et dénoncent ses adversaires, si pacifiques soient-ils, comme les ennemis ultimes. En d’autres termes, l’art de retourner la situation et de jeter l’huile sur le feu. La soif de domination n’a pas de prix ! L’autre point fort du « Château des animaux », purement formel, ce sont bien ses couvertures, toutes aussi réussies les unes que les autres. Alors s’il est un bémol à pointer, certes mineur, il se trouve peut-être du côté de la narration, qui laisse une vague impression de délayage. Deux tomes auraient sans doute suffi pour cette revisite du roman de Georges Orwell, qui est tout de même une sorte de huis-clos où le rêve, un vigoureux rêve de liberté, demeure tout du long confiné au périmètre de la ferme. Ainsi on se félicite de savoir que la série verra sa conclusion dans un quatrième et dernier tome, que l’on n’en a pas moins hâte de découvrir ! Tome 2 "Les Marguerites de l’hiver " Dans la lignée du tome 1, cette suite poursuit la revisite de « La Ferme des animaux » avec un certain brio et une profondeur politique assez poussée, qui fait de cette série un véritable petit manuel en faveur de la révolution pacifique. Ce qu’on apprécie, c’est que même si on sent qu’il s’agit d’une diatribe contre les régimes tyranniques, Dorison évite le piège d’un manichéisme caricatural et d’une lutte binaire que soutiendraient « comme un seul homme » tous les « opprimés » du système décrit. Le plus dur étant peut-être de convaincre ceux de son propre camp… Il fait intervenir des contradicteurs – certains animaux sont sceptiques quant au bien-fondé d’une révolution pacifique – et évite de dépeindre ceux du camp d’en face comme de purs salauds, car le fameux « numéro 1 », tout ordure soit-il, a aussi une famille qui pâtira du sort qui lui est réservé. Tome 1 "Miss Bengalore" Référence explicite à « La Ferme des animaux » de George Orwell, la nouvelle série du prolifique Xavier Dorison suscite avec ce premier tome un engouement évident et tout à fait justifié. La très belle couverture, évoquant l’univers du conte, y est sans doute pour quelque chose. A l’instar du roman d’Orwell, Dorison dénonce les dictatures dont la principale caractéristique est d’exercer le pouvoir par la violence et la manipulation, mais comme il le dit lui-même, il a ajouté une note d’optimisme en démontrant que tout pouvoir rejeté par le peuple peut tomber par d’autres moyens que la violence, à savoir la désobéissance civile. Pour ce faire, il s’appuie sur des personnages historiques qui y ont eu recours dans leur pays, en premier lieu Gandhi, mais aussi Lech Walesa, Nelson Mandela, Martin Luther King. Gandhi est symbolisé dans l’histoire par le rat Azélar, qui depuis sa cachette va organiser la fronde contre le dictateur Silvio, incarné par un taureau imposant et agressif, protégé par sa meute de molosses. Pour tenter d’ébranler la toute puissance de ce dernier, Azélar et ses amis, la chatte Miss Bengalore et le lapin César, utiliseront une arme redoutable : le rire ! Le dessin a été confié à Félix Delep, qui pour une première BD, possède un talent évident. Si son style dynamique et percutant rappelle beaucoup celui de Juanjo Guarnido ou de Sokal, le jeune dessinateur ne recourt pas à l’anthropomorphisme — sauf peut-être pour les « gueules », très expressives — mais a préféré laissé ses animaux sur quatre pattes, si l’on excepte bien entendu les volailles… Une fois surmonté le scepticisme du début, force est de reconnaître que Delep possède un sacré coup de patte ! (trop tentante pour ne pas la faire, celle-là…) Avec ce premier volet, c’est une véritable fable politique — accessoirement animalière — qui se dessine, dans l’esprit de Jean de la Fontaine, à laquelle la formule de ce dernier correspond on ne peut mieux : « Selon que vous serez puissants ou misérables, les jugements de cour vous rendent blanc ou noir ». Et déjà à son époque, le fabuliste avait bien compris la puissance de l’humour contre le tyrannie… Prévu en quatre tomes, « Le Château des animaux » s’avère une série plutôt prometteuse qui pourrait faire date.
Quiproquos
J'aime beaucoup l'humour absurde, les blagues à froid et les répliques bien cons, bref je suis friande de ce genre de production. Ici c'est bon, j'avoue avoir a minima souri, mais je suis quand-même déçue. Je suis souvent déçue dans mes avis, ça va finir par devenir mon running gag officiel sur le site, mais ici ma déception ne vient pas d'attente trop grandes ou d'une lecture d'une traite qui auraient pu tuer l'humour, non ma déception vient du fait que j'ai déjà lu la plupart de ces gags dans d'autres formats auparavant sur le net. Le gag sur "les filles chaudes et désespérée de ta région" en est le plus gros exemple, j'ai littéralement reposé l'album pour le comparer avec une version antérieure que je connaissais et que je trouve bien mieux rythmée et impactante. Pas un mal absolu, les gags sont standards, déjà faits auparavant, mais pas nécessairement mauvais. J'en ai découvert certains qui, même s'ils reposent eux aussi sur la même rythmique de cassure d'attente, ont réussi à me faire rire. Bref, pas excellent mais pas déplaisant.
Les Trois Mousquetaires (Rochier/Erre)
Bon, qu'ajouter de plus ? Pour tout dire je m'attendais déjà à ce que le résultat ne soit pas reluisant, de par les avis me précédant et les quelques pages d'extraits ne me faisant pas miroiter un travail humoristique de grande qualité. Pourtant, je vous prie de me croire, j'ai tout de même lancé ma lecture en mettant tout a priori de côté pour laisser toute sa chance à ce diptyque - sait-on jamais, on peut toujours être agréablement surprise. Bon, rentrons dans le vif du sujet : je n'ai pas trouvé ça drôle. Il y a des bases propices à un récit humoristique a minima entrainant, j'avoue que certaines pages sont parvenues à me faire sourire (principalement parce que j'imaginais une chute mieux amenée pour mieux faire marcher la chose), mais rien n'y fait : ça n'est pas drôle. C'est poussif, réchauffé, mal-amené aussi parfois, les personnages sont caricaturaux au possible sans pour autant posséder ce je ne sais quoi d'attachant (si ce n'est le duo d'antagonistes), ... Bref, encore une fois : ça n'est pas la rigolade. Avec Fabrice Erre au dessin et la réécriture parodique d'une figure héroïque clichée en diptyque j'ai évidemment pensé à Z comme don Diego, BD qui m'avait fait bien rigoler à sa sortie, mais à part la forme tout les oppose : pas d'intrigue filée ici pour lier les gags, tout s'enchaîne à la volée (et on espère que vous connaissez un minimum le roman de base ou l'une de ses adaptations pour pouvoir resituer deux/trois trucs parce que sinon bonjour), ... Bref c'est décousu, étrangement rythmé, plat, en un mot comme en cent : c'est pas très très la rigolade, mes p'tits potes. Bref, pas la peine de s'acharner, je fais sonner la chose plus terrible qu'elle ne l'est réellement, la série reste lisible, pas nécessairement insultante (si ce n'est Porthos qui n'est réduit qu'à des gags de gros et le fait que le language faussement jeune m'a donné envie de lâcher des "how do you do, fellow kids" toutes les deux pages), la production finale est en fait surtout assez anecdotique. Vu la publicité qui lui est faite à chaque fin d'album il semblerait que cette courte série n'existe que pour promouvoir l'adaptation de 2023, la nature "simple produit publicitaire de commande" explique peut-être sa platitude (même si je loue la volonté d'informer et de remettre légèrement en contexte le récit d'origine à chaque fin de tome).
Monsieur Bonhomme
Je ne connaissais absolument pas ce personnage de Wasterlain avant de tomber sur cette série en bouquinerie. Monsieur Bonhomme est apparu dans les pages du journal Tintin, d'abord en 1972 dans une histoire où il n'était pas encore musicien mais "marchand de vacances". La majorité des récits ont ensuite été publiés en 1973 et 1974 (une autre histoire sera réalisée bien plus tard, dans les années 80, mais ne sera jamais éditée en album). Il s'agit d'une série inclassable, naviguant tour à tour entre le conte fantastique, l'humour, la science-fiction voire même l'aventure-action exotique comme on en retrouvera plus tard chez Jeannette Pointu. Leur point commun réside dans ce héros débonnaire, d'abord assez neutre, qui évolue rapidement vers une figure d'artiste musicien légèrement hippie, ainsi que dans une tendance récurrente à le confronter à l'absurdité de la société humaine. En ce sens, Monsieur Bonhomme s'adresse autant aux enfants, avec des histoires simples et amusantes, qu'aux adultes, grâce à un humour discret, une atmosphère poétique et un léger fond de satire sociale. Le dessin est un peu guindé dans les toutes premières histoires, lorsque Monsieur Bonhomme est encore très lisse et coiffé court. Le style personnel de Wasterlain s'impose toutefois rapidement, au fur et à mesure que les cheveux de Bonhomme s'allongent et que le personnage adopte une allure nettement plus cool. J'ai apprécié ces histoires courtes et variées, ainsi que leur ambiance très marquée années 70. Le mélange des tons et la diversité des genres évitent toute lassitude et suscitent même une certaine curiosité quant à la direction que prendra chaque nouveau récit. Les intrigues restent toutefois assez simples, parfois un peu trop enfantines pour m'embarquer pleinement en tant que lecteur adulte, mais cela n'empêche pas cette lecture d'être une jolie découverte.
Stern
Stern propose un western décalé, subtilement loufoque, qui ne cherche jamais à cocher mécaniquement toutes les cases du genre. Le récit avance à hauteur d’homme, porté par un héros profondément attachant, dont le destin semble s’acharner avec une ironie presque fataliste. Cette dureté permanente du contexte n’empêche jamais l’empathie : la série reste touchante, sincère. L’écriture se distingue par une grande humanité. Les enquêtes servent surtout de prétexte à explorer des trajectoires de vie, des regrets, des zones d’ombre, dans une Amérique rude où chacun tente de survivre avec ses failles. La galerie de personnages est particulièrement soignée, tous traités avec finesse, et la diversité des lieux d’un tome à l’autre renouvelle efficacement l’intérêt sans casser la cohérence de l’ensemble. Graphiquement, le dessin est très expressif, lisible et précis, sans démonstration inutile. Le choix de couleurs relativement soutenues pour un western apporte une identité visuelle forte et participe au ton singulier de la série. L’ensemble se lit avec un réel plaisir, dans un équilibre maîtrisé entre légèreté, gravité et intimisme.
Danser avec le vent
Il y a des incohérences dans mes réactions à cet album, en fait je n’arrive pas à avoir un avis, alors j’écris pour essayer d’en trouver un. Lorsque l’on ouvre un Lepage et que l’on a déjà lu l’auteur on sait globalement ce que l’on va trouver, une descente dans son quotidien de voyageur aventurier sans l’être, à la fois témoin et passeur d’un environnement dans lequel nous ne nous sentons pas légitimes d’aller. Cette fois ci c’est un retour ce qui détonne d’autant plus comment se renouveler ? que va-t-on voir de plus ou de moins ? Graphiquement, l’auteur murit, les illustrations sont maintenant des exercices de style tout à fait sublimes et je trouve un jeu entre les versions croquis et les versions travaillées au sein de la narration pour nous offrir des pauses et des moments de méditation. L’humain trouve dans ce récit toute sa place, et le témoignage sur ce que l’on ne doit pas communiquer pour ne pas sensibiliser le « grand public » à des choses pourtant nécessaires qui pourraient le heurter me parait un modèle de narration journalistique sans ligne éditoriale politique venant nous dire ce qu’il est bon ou mal de penser : Merci ! Tout ceci bien sûr très positif, oui mais que c’est lent, je ne me suis pas attaché aux personnages tant ils paraissent fugaces, trop étroitement décrit pour se les approprier et partager en quelques sorte le vécu. Il y a une frustration évidente à partager des moments dans l’intimité de Lepage sans pouvoir agir ou exister dans le sens où nous aurions un mot une attitude pour faire raisonner le moment selon notre sensibilité. La limite du récit de voyage se situe dans cette faille : l’auteur a été suffisamment subtil et sensible pour nous faire partager des moments de grâce et pourtant nous ne les avons pas vécu car tout ceci n’est qu’un récit tiers sur lequel nous n’avons pas prise et sur lequel nous sommes désespérément passifs. Cette conscience de notre incapacité à être actif dans l’aventure donne au lecteur une frustration évidente, non que nous aurions fait mieux, mais nous aurions fait nos propres erreurs et appris sur nous même ce que ce témoignage ne nous permet pas de faire… Je ne suis pour ma part pas certain qu’il y ait de la connerie à enlever aux uns où aux autres, elle fait partie de nous et permet à la vie d’être un apprentissage permanent, ce livre ne nous apprend pas grand-chose, il nous fait partager du vécu, un cheminement et comme toutes les sagesses de l’histoire le disent l’important n’est pas la destination mais le chemin. Apprenons de ce chemin et prenons ce qui en est bon pour nous, peu importe ce qui est une limite, une frustration !