Une biographie pas mal sur une figure du black power à savoir Angela Davis.
On évite la biographie BD qui résume la vie d'un personnage historique en seulement 44 pages. Non seulement l'album est plus long que 44 pages, mais on se focalise surtout sur une partie de la vie de Davis qui a été importante pour elle: sa traque par les autorités et le procès qui s'en est suivit. Le récit est divisé en chapitres qui sont eux mêmes divisé en deux sujets: ce qui arrive à Angela Davis lorsqu'elle doit se cacher et des moments de sa vie qui montrent comment elle est devenue une militante des droits civiques.
Si on connait un peu l'histoire politique des États-Unis, on n'est pas surpris de voir des représentants de l'ordre établis comme Edgar Hoover tout faire pour mettre une femme noir communiste en prison, c'est plus facile que de régler les inégalités de la société. Le récit est agréable à lire et c'est un bon résumé de la vie d'une militante marquante du black power. L'album souffre un peu du fait que j'ai déjà lu des bandes dessinées qui traitaient plus en profondeur le mouvement des droits civiques et/ou du Black Panther donc j'ai pas eu l'impression d'apprendre grand chose, mais cela reste une bonne BD.
Un album qui m'a grandement déçu. Déjà, vu la collection dont elle est tirée ,je pense que cette BD était un polar et ce n'est pas le cas. C'est une bande dessinée d'aventure qui se passe durant la révolution mexicaine.
Ce n'est pas une idée mauvaise à la base et le dessin est pas mal, mais je n'ai pas été captivé par le scénario. Je le trouve trop linéaire et banale, c'est une suite de scènes qui montrent ce qui se passait durant cette guerre civile et après un moment cela finit par tourner un peu en ronds. Ajoutons que l'évolution des personnages est prévisibles pour n'importe qui ayant lu une œuvre de fiction qui se passe durant une révolutionne ou qui connait bien l'histoire en générale. Il y a quelques bonnes scènes, mais la plupart du temps je me suis ennuyé.
Une intéressante BD historique qui ouvre l'imagination pour tenter d'appréhender (à défaut de comprendre) la période Elizabethaine (la première). Une période charnière au 16è siècle, alors que l'anglicanisme s'installe comme religion d’État, l'affrontement avec la France et l'Espagne devient monnaie courante avec de grandes batailles et le monde change de visage. Une période complexe, donc, que l'auteur essaye de retranscrire avec ces deux femmes qui sont opposées en tout et connaitrons deux trajectoires de vie bien distinctes.
Les deux tomes sont construits sur les mêmes principes, avec l'idée de présenter les destins croisés de ces deux reines. Ce qui, effectivement, faisait peu pour une seule île. De façon amusante, le récit est raconté par divers protagonistes de l'affaire, au fur et à mesure que ceux-ci intègrent la vie des reines, tout en donnant son avis sur la situation. Très vite les deux reines sont très caractérisées : la vierge inflexible et la putain raillée. Les deux archétypes données au femme, trop souvent ...
Juncker développe un récit au contexte historique touffu et qui met bien en lumière la complexité du pouvoir de cette époque. Le rapport entre chacun, entre royaume, la force de chaque individu dans chaque royaume, mais aussi le poids des lois qui sont parfois bien plus lourdes qu'on imagine. Ce n'est pas parce que c'est une reine qu'elle a les pleins pouvoirs !
Cela dit, je suis très élogieux mais ma note n'est que de 3*, et ce pour deux raisons. Déjà le dessin parfois trop petit et détaillé, notamment dans les visages, donnant des cases étroites, parfois trop chargées, qui sont un peu dure à lire. Le format de la BD en lui-même, pas de grande taille, n'aide pas toujours à cette clarté de lecture. D'autre part, les nombreux protagonistes ne sont pas toujours très clair. Il faut parfois plusieurs cases pour comprendre qui parle et dans quel contexte, puis tenter de replacer la personne dans les jeux de pouvoir. Ce n'est pas le plus clair, et c'est dommage au vu de la richesse du diptyque.
J'ajouterai qu'il y a une étrange pagination, commençant par 100 pour finir à 0 avec Elizabeth, tandis que c'est le compte inverse pour Marie Stuart. Je n'ai pas spécialement compris cette volonté marquée, mais c'est sans doute parce que je n'étais pas spécialement attentif.
Une BD pas toujours facile à lire, mais qui met bien en lumière la complexité du pouvoir royal souvent caricaturé de nos jours. Il est intéressant de voir la façon dont ces deux reines se sont côtoyés tout au long de leurs règnes respectifs, qui permet de réfléchir à la façon dont se sont passés les siècles suivants. Une belle lecture historique !
Une histoire étrange, qui m’a laissé sur ma faim.
Un auteur de BD érotique cherche l’inspiration et sa muse. Et c’est une femme croisée dans une galerie qui va l’entrainer dans une sorte de road movie durant lequel un hypothétique scénario va s’écrire, alimenté par le personnage de Lola (ou Laura, l’auteur semble fusionner réalité et fiction).
J’imagine que Varenne a glissé quelque chose d’autobiographique dans ce personnage masculin ? Mais le récit tourne un peu en rond, avec un texte en bas de case (commentaires et réflexions du personnage de l’auteur) un peu trop présent, et qui donne une touche un peu artificielle et snob parfois au récit, qui est finalement un peu creux.
Reste le dessin de Varenne, très bon, même si le trait un peu gras aurait mérité d’être affiné. Les fantasmes de Varenne et de son avatar de papier sont multiples, les scènes de sexe abondent.
Loin d’être inoubliable.
Note réelle 2,5/5.
L’histoire est simple, presque linéaire, celle d’une traque. Une femme recherchée par ses deux ex-beaux-frères, après qu’elle ait tué son mari. Une traque qui nous fait traverser ce qui reste d’espaces sauvages aux États-Unis au tout début du XXème siècle. Une traque durant laquelle elle va faire des rencontres, nouer des relations fortes et éphémères.
C’est qu’elle aussi est à la recherche d’elle-même, et elle est dure à fixer cette femme, dure à amadouer, après s’être violemment émancipée d’un quotidien déprimant.
J’ai parlé d’une intrigue assez simple – mais pas simpliste – et en plus la fin est ouverte, laisse en suspens l’avenir. Mais c’est une histoire que j’ai pris plaisir à parcourir. Peu de textes, mais une défense et exaltation de la liberté qu’on conquiert, de la possibilité de renaître, la question du pardon aussi.
Le dessin lui aussi m’a plu. Un Noir et Blanc charbonneux, nerveux, avare de détails, mais aussi très évocateur. Là aussi une simplicité qui m’a touché.
Un western crépusculaire et taiseux plutôt sympa.
Note réelle 3,5/5.
Un album qui se situe dans une petite moyenne du genre.
Les histoires sont inégales, allant de l’insignifiant à la bonne idée amusante (la chute de l’histoire du sculpteur , « Rétrospective », est bien amenée par exemple).
C’est souvent émoustillant, mais sans plus, tant les intrigues sont minces.
Le dessin de Tarlazzi est bon, agréable. Les scènes de sexe – omniprésentes – sont bien rendues. Seule la colorisation n’est pas toujours heureuse.
Une petite lecture récréative, pour amateurs avertis.
Note réelle 2,5/5.
Comment faire un résumé clair qui ne dévoile pas tout quand tout le sel de l'album vient justement du fait que l'on suit deux histoires bien distinctes et ne se reposant que sur une mauvaise compréhension et une mauvaise communication entre deux peuples ?
(Je me permet de révéler ce point parce qu'on le comprend mine de rien assez vite, ne serait-ce que par habitude de ce genre de récit).
Tout est dans le titre : il s'agit ici de Fantasy. De science-fantasy, tout d'abord, car les humain-e-s fonctionnent en une sorte de système féodal avec armures techno-magiques et la société divine a des allures de retro-SF, mais également parce que le sujet principal de ces deux histoires, de l'album en lui-même en fait, c'est bien la fantaisie, les croyances en général pour être plus précise. Alma et Yourcenar veulent toutes deux croire au fait d'avoir un but, d'avoir une destinée, un devoir ou encore un amour qui les attend, chacune d'entre elle est enfermée dans les croyances de leurs peuples qui les poussera, l'une comme l'autre, à ce jour fatidique de leur rencontre - et sur lequel je ne vais pas trop m'étendre parce que c'est littéralement le cœur de l'album.
L'album se lit dans deux sens possibles, l'un pour Alma et l'autre pour Yourcenar, les deux histoires et leurs protagonistes respectives se croisant enfin au milieu. Il me parait préférable de commencer par Alma, le cœur de son récit reposant énormément sur des parts d'ombres qui nous seront révélées chez Yourcenar. Certes, Yourcenar aussi ne comprend pas nécessairement tout ce qu'il se passe du côté d'Alma mais je trouve vraiment que l'on y perd pas mal si l'on ne lis pas les deux histoires dans cet ordre.
Le dessin de Yoann Kavege est bon. Je ne suis pas nécessairement très friande du style "space-fantasy au relents de new-age" chez les divinités mais j'avoue que l'esthétique colle bien, contraste judicieusement avec le médieval-SF des humains. Les cases sont joliment découpées, certains décors sont tout bonnement magnifiques et propices à la contemplation qu'il s'agisse des paysages naturels comme des ruines), … Bref, l'album est beau et coloré. J'aime particulièrement le fait que beaucoup de cases se font écho, se répondent d'une certaine manière, d'un récit à l'autre.
J'aurais presque envie de citer l'introduction de "Slay the Princess" et vous dire que "ceci est une histoire d'amour", rien que pour rire.
Voila une très sympathique série pour jeune adolescent ! C'est un récit en tomes courts, proche du 48 pages traditionnel, sur deux enfants parti à 14 ans dans un voyage initiatique rituel, entrainé dans diverses aventures.
Les trois tomes contiennent diverses choses, allant du fantastique au social, traitant de divers sujets tels que la violence des enfants entre eux, le rapport à la nature, la peur de la mort et l'amitié, l'entraide. Chaque histoire a sa morale, souvent très classique pour un récit jeunesse, mais sans jamais faire non plus dans l'absurde. C'est entrainant, les deux gamins sont pleins de ressources mais aussi, parfois, perdu et désemparé. La série semble vouloir explorer une île par volume et la fin du troisième tome semble faire conclusion d'un arc et ouverture vers la suite. C'est clairement bien mené, avec une insistance sur des valeurs positives dans un récit qui évolue à grande vitesse.
Ce genre de série, au trait expressif et sans beaucoup de décors, est assez caractéristique du trait série-jeunesse et c'est tout à fait ce qu'il en ressort pour moi : une bonne série jeunesse. Ni indispensable ni passable, elle a de beaux atouts. Ça n'a pas du tout été un calvaire à lire, même plutôt un petit plaisir sympathique, et je pense qu'elle plaira encore d'avantage à un jeune public pour qui elle est clairement destinée. Recommandée !
Rose, avatar de Lou Lubie dans cette BD, est créole de la Réunion. Malgré sa peau blanche, elle a hérité les cheveux très frisés de la part noire de ses ancêtres. Et ce fut pour elle un vrai traumatisme durant sa jeunesse puis une épreuve durant sa vie de jeune adulte, tandis qu'elle cherchait des moyens de changer de coiffure ou de maîtriser un tant soit peu cette chevelure indomptable.
Les problèmes de cheveux, je les ai connus en sens inverse, avec d'abord des cheveux si lisses qu'ils retombaient trop facilement comme un bol sur ma tête d'enfant, puis plus tard... avec leur disparition. Autant dire que les cheveux sont un problème intime pour beaucoup de personnes. Et cette problématique des cheveux trop frisés, je l'avais déjà croisée dans la BD Frizzy. Mais en suivant Rose depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte, je l'ai découverte sur un ton à la fois très intime et en même temps universel, avec des problématiques pratiques de contraintes quotidiennes et de recherche du salon de coiffure adéquat, et en même temps le sujet de la pression sociale et de mécanismes de discrimination nichés dans quelque chose d'aussi banal que des cheveux.
La dimension documentaire de l'album est remarquable. Au-delà du récit intime, touchant et souvent drôle, j'ai appris énormément de choses sur l'histoire des cheveux crépus, les héritages du colonialisme, les injonctions esthétiques, la taxe rose, et même les lacunes de la formation des coiffeurs en France. Plus j'avançais, plus je réalisais l'accumulation de petits détails du quotidien qui participent à un racisme et un sexisme ordinaires dont je ne mesurais pas l'ampleur.
Le personnage de Rose est attachant, et la façon dont Lou Lubie mêle expérience personnelle, humour et pédagogie fonctionne parfaitement. La narration est fluide, dessin et couleurs sont simples mais chaleureux, et l'édition est soignée. L'ensemble reste léger dans le ton tout en étant profondément instructif et parfois édifiant. On ne s'imagine pas ce que peuvent vivre les femmes aux cheveux crépus, et pas juste parce que leur coiffure est indomptable.
J'ai trouvé cette BD intelligente et extrêmement accessible. Elle ouvre les yeux sur un sujet qui paraît dérisoire mais qui, en réalité, révèle beaucoup sur notre société, tout en restant agréable et vivante du début à la fin.
Kaare Andrews revisite le mythe Marvel avec une proposition audacieuse qui mêle super-héros, pulp et fantasy brutale. J’ai vraiment été surpris par cette mini-série où trois versions emblématiques de héros : un Spider-Man adolescent, un Captain America en pleine Seconde Guerre mondiale et une Black Widow encore élève de la Red Room, sont arrachées de leurs époques respectives pour se retrouver projetées sur une île mystérieuse. J’ai trouvé cet univers, peuplé de créatures fantastiques, de tribus hostiles et de dangers constants, particulièrement dépaysant. Il évoque autant l’heroic fantasy classique que les vieux pulps qui ont inspiré les premiers comics Marvel. Cette ambiance quasi onirique installe un véritable mystère : sont-ils morts, rêvent-ils, ou découvrent-ils un monde réel mais inconnu ?
Visuellement, Andrews m’a impressionné par son travail très personnel. J’ai reconnu son goût pour les compositions énergiques, les influences de peintres fantasy comme Frazetta, et ce rendu presque « sauvage » qui colle parfaitement aux décors et à la tonalité du récit. J’ai aussi beaucoup aimé la manière dont chaque personnage semble stylisé selon son époque d’origine : Cap rappelle les comics de guerre, Peter a tout d’un héros adolescent des débuts de Marvel, et Natasha porte encore l’ombre de la Red Room. Ce mélange graphique renforce chez moi le sentiment d’un croisement de timelines, rendant la lecture aussi intrigante que spectaculaire.
Narrativement, j’ai trouvé que l’album alternait entre de très bonnes idées et quelques limites. Andrews réussit à créer une dynamique intéressante entre des héros qui ne devraient jamais se rencontrer à ces moments-là de leur vie, et certains échanges fonctionnent particulièrement bien. Mais j’ai aussi senti que le récit s’appuyait parfois sur des codes de la fantasy “pulp” un peu caricaturaux : orcs, hommes-lézards, tribus aux identités simplifiées… Ce n’est pas toujours très subtil, et certains dialogues manquent un peu de nuance. Malgré tout, je comprends le parti pris : c’est une aventure hybride, spectaculaire, qui rend hommage à des genres multiples sans chercher le réalisme absolu.
Au final, Amazing Fantasy de Kaare Andrews m’apparaît comme un objet vraiment singulier dans le catalogue Marvel. J’ai été séduit par son audace visuelle et son mélange de genres, et je pense qu’il parlera aux lecteurs curieux, amateurs de mondes alternatifs ou sensibles aux expérimentations artistiques. L’histoire n’est pas parfaite, mais elle propose une expérience différente, marquée par l’énergie, l’imagination et la liberté créative d’un auteur qui s’amuse clairement à revisiter les mythes Marvel sous un angle inattendu.
Note : 3,5/5
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Traquée - La Cavale d'Angela Davis
Une biographie pas mal sur une figure du black power à savoir Angela Davis. On évite la biographie BD qui résume la vie d'un personnage historique en seulement 44 pages. Non seulement l'album est plus long que 44 pages, mais on se focalise surtout sur une partie de la vie de Davis qui a été importante pour elle: sa traque par les autorités et le procès qui s'en est suivit. Le récit est divisé en chapitres qui sont eux mêmes divisé en deux sujets: ce qui arrive à Angela Davis lorsqu'elle doit se cacher et des moments de sa vie qui montrent comment elle est devenue une militante des droits civiques. Si on connait un peu l'histoire politique des États-Unis, on n'est pas surpris de voir des représentants de l'ordre établis comme Edgar Hoover tout faire pour mettre une femme noir communiste en prison, c'est plus facile que de régler les inégalités de la société. Le récit est agréable à lire et c'est un bon résumé de la vie d'une militante marquante du black power. L'album souffre un peu du fait que j'ai déjà lu des bandes dessinées qui traitaient plus en profondeur le mouvement des droits civiques et/ou du Black Panther donc j'ai pas eu l'impression d'apprendre grand chose, mais cela reste une bonne BD.
Les Amis de Pancho Villa
Un album qui m'a grandement déçu. Déjà, vu la collection dont elle est tirée ,je pense que cette BD était un polar et ce n'est pas le cas. C'est une bande dessinée d'aventure qui se passe durant la révolution mexicaine. Ce n'est pas une idée mauvaise à la base et le dessin est pas mal, mais je n'ai pas été captivé par le scénario. Je le trouve trop linéaire et banale, c'est une suite de scènes qui montrent ce qui se passait durant cette guerre civile et après un moment cela finit par tourner un peu en ronds. Ajoutons que l'évolution des personnages est prévisibles pour n'importe qui ayant lu une œuvre de fiction qui se passe durant une révolutionne ou qui connait bien l'histoire en générale. Il y a quelques bonnes scènes, mais la plupart du temps je me suis ennuyé.
La Vierge et la Putain
Une intéressante BD historique qui ouvre l'imagination pour tenter d'appréhender (à défaut de comprendre) la période Elizabethaine (la première). Une période charnière au 16è siècle, alors que l'anglicanisme s'installe comme religion d’État, l'affrontement avec la France et l'Espagne devient monnaie courante avec de grandes batailles et le monde change de visage. Une période complexe, donc, que l'auteur essaye de retranscrire avec ces deux femmes qui sont opposées en tout et connaitrons deux trajectoires de vie bien distinctes. Les deux tomes sont construits sur les mêmes principes, avec l'idée de présenter les destins croisés de ces deux reines. Ce qui, effectivement, faisait peu pour une seule île. De façon amusante, le récit est raconté par divers protagonistes de l'affaire, au fur et à mesure que ceux-ci intègrent la vie des reines, tout en donnant son avis sur la situation. Très vite les deux reines sont très caractérisées : la vierge inflexible et la putain raillée. Les deux archétypes données au femme, trop souvent ... Juncker développe un récit au contexte historique touffu et qui met bien en lumière la complexité du pouvoir de cette époque. Le rapport entre chacun, entre royaume, la force de chaque individu dans chaque royaume, mais aussi le poids des lois qui sont parfois bien plus lourdes qu'on imagine. Ce n'est pas parce que c'est une reine qu'elle a les pleins pouvoirs ! Cela dit, je suis très élogieux mais ma note n'est que de 3*, et ce pour deux raisons. Déjà le dessin parfois trop petit et détaillé, notamment dans les visages, donnant des cases étroites, parfois trop chargées, qui sont un peu dure à lire. Le format de la BD en lui-même, pas de grande taille, n'aide pas toujours à cette clarté de lecture. D'autre part, les nombreux protagonistes ne sont pas toujours très clair. Il faut parfois plusieurs cases pour comprendre qui parle et dans quel contexte, puis tenter de replacer la personne dans les jeux de pouvoir. Ce n'est pas le plus clair, et c'est dommage au vu de la richesse du diptyque. J'ajouterai qu'il y a une étrange pagination, commençant par 100 pour finir à 0 avec Elizabeth, tandis que c'est le compte inverse pour Marie Stuart. Je n'ai pas spécialement compris cette volonté marquée, mais c'est sans doute parce que je n'étais pas spécialement attentif. Une BD pas toujours facile à lire, mais qui met bien en lumière la complexité du pouvoir royal souvent caricaturé de nos jours. Il est intéressant de voir la façon dont ces deux reines se sont côtoyés tout au long de leurs règnes respectifs, qui permet de réfléchir à la façon dont se sont passés les siècles suivants. Une belle lecture historique !
Lola
Une histoire étrange, qui m’a laissé sur ma faim. Un auteur de BD érotique cherche l’inspiration et sa muse. Et c’est une femme croisée dans une galerie qui va l’entrainer dans une sorte de road movie durant lequel un hypothétique scénario va s’écrire, alimenté par le personnage de Lola (ou Laura, l’auteur semble fusionner réalité et fiction). J’imagine que Varenne a glissé quelque chose d’autobiographique dans ce personnage masculin ? Mais le récit tourne un peu en rond, avec un texte en bas de case (commentaires et réflexions du personnage de l’auteur) un peu trop présent, et qui donne une touche un peu artificielle et snob parfois au récit, qui est finalement un peu creux. Reste le dessin de Varenne, très bon, même si le trait un peu gras aurait mérité d’être affiné. Les fantasmes de Varenne et de son avatar de papier sont multiples, les scènes de sexe abondent. Loin d’être inoubliable. Note réelle 2,5/5.
La Veuve
L’histoire est simple, presque linéaire, celle d’une traque. Une femme recherchée par ses deux ex-beaux-frères, après qu’elle ait tué son mari. Une traque qui nous fait traverser ce qui reste d’espaces sauvages aux États-Unis au tout début du XXème siècle. Une traque durant laquelle elle va faire des rencontres, nouer des relations fortes et éphémères. C’est qu’elle aussi est à la recherche d’elle-même, et elle est dure à fixer cette femme, dure à amadouer, après s’être violemment émancipée d’un quotidien déprimant. J’ai parlé d’une intrigue assez simple – mais pas simpliste – et en plus la fin est ouverte, laisse en suspens l’avenir. Mais c’est une histoire que j’ai pris plaisir à parcourir. Peu de textes, mais une défense et exaltation de la liberté qu’on conquiert, de la possibilité de renaître, la question du pardon aussi. Le dessin lui aussi m’a plu. Un Noir et Blanc charbonneux, nerveux, avare de détails, mais aussi très évocateur. Là aussi une simplicité qui m’a touché. Un western crépusculaire et taiseux plutôt sympa. Note réelle 3,5/5.
Sévices compris
Un album qui se situe dans une petite moyenne du genre. Les histoires sont inégales, allant de l’insignifiant à la bonne idée amusante (la chute de l’histoire du sculpteur , « Rétrospective », est bien amenée par exemple). C’est souvent émoustillant, mais sans plus, tant les intrigues sont minces. Le dessin de Tarlazzi est bon, agréable. Les scènes de sexe – omniprésentes – sont bien rendues. Seule la colorisation n’est pas toujours heureuse. Une petite lecture récréative, pour amateurs avertis. Note réelle 2,5/5.
Fantasy - Yourcenar / Alma
Comment faire un résumé clair qui ne dévoile pas tout quand tout le sel de l'album vient justement du fait que l'on suit deux histoires bien distinctes et ne se reposant que sur une mauvaise compréhension et une mauvaise communication entre deux peuples ? (Je me permet de révéler ce point parce qu'on le comprend mine de rien assez vite, ne serait-ce que par habitude de ce genre de récit). Tout est dans le titre : il s'agit ici de Fantasy. De science-fantasy, tout d'abord, car les humain-e-s fonctionnent en une sorte de système féodal avec armures techno-magiques et la société divine a des allures de retro-SF, mais également parce que le sujet principal de ces deux histoires, de l'album en lui-même en fait, c'est bien la fantaisie, les croyances en général pour être plus précise. Alma et Yourcenar veulent toutes deux croire au fait d'avoir un but, d'avoir une destinée, un devoir ou encore un amour qui les attend, chacune d'entre elle est enfermée dans les croyances de leurs peuples qui les poussera, l'une comme l'autre, à ce jour fatidique de leur rencontre - et sur lequel je ne vais pas trop m'étendre parce que c'est littéralement le cœur de l'album. L'album se lit dans deux sens possibles, l'un pour Alma et l'autre pour Yourcenar, les deux histoires et leurs protagonistes respectives se croisant enfin au milieu. Il me parait préférable de commencer par Alma, le cœur de son récit reposant énormément sur des parts d'ombres qui nous seront révélées chez Yourcenar. Certes, Yourcenar aussi ne comprend pas nécessairement tout ce qu'il se passe du côté d'Alma mais je trouve vraiment que l'on y perd pas mal si l'on ne lis pas les deux histoires dans cet ordre. Le dessin de Yoann Kavege est bon. Je ne suis pas nécessairement très friande du style "space-fantasy au relents de new-age" chez les divinités mais j'avoue que l'esthétique colle bien, contraste judicieusement avec le médieval-SF des humains. Les cases sont joliment découpées, certains décors sont tout bonnement magnifiques et propices à la contemplation qu'il s'agisse des paysages naturels comme des ruines), … Bref, l'album est beau et coloré. J'aime particulièrement le fait que beaucoup de cases se font écho, se répondent d'une certaine manière, d'un récit à l'autre. J'aurais presque envie de citer l'introduction de "Slay the Princess" et vous dire que "ceci est une histoire d'amour", rien que pour rire.
Stig & Tilde
Voila une très sympathique série pour jeune adolescent ! C'est un récit en tomes courts, proche du 48 pages traditionnel, sur deux enfants parti à 14 ans dans un voyage initiatique rituel, entrainé dans diverses aventures. Les trois tomes contiennent diverses choses, allant du fantastique au social, traitant de divers sujets tels que la violence des enfants entre eux, le rapport à la nature, la peur de la mort et l'amitié, l'entraide. Chaque histoire a sa morale, souvent très classique pour un récit jeunesse, mais sans jamais faire non plus dans l'absurde. C'est entrainant, les deux gamins sont pleins de ressources mais aussi, parfois, perdu et désemparé. La série semble vouloir explorer une île par volume et la fin du troisième tome semble faire conclusion d'un arc et ouverture vers la suite. C'est clairement bien mené, avec une insistance sur des valeurs positives dans un récit qui évolue à grande vitesse. Ce genre de série, au trait expressif et sans beaucoup de décors, est assez caractéristique du trait série-jeunesse et c'est tout à fait ce qu'il en ressort pour moi : une bonne série jeunesse. Ni indispensable ni passable, elle a de beaux atouts. Ça n'a pas du tout été un calvaire à lire, même plutôt un petit plaisir sympathique, et je pense qu'elle plaira encore d'avantage à un jeune public pour qui elle est clairement destinée. Recommandée !
Racines (Lou Lubie)
Rose, avatar de Lou Lubie dans cette BD, est créole de la Réunion. Malgré sa peau blanche, elle a hérité les cheveux très frisés de la part noire de ses ancêtres. Et ce fut pour elle un vrai traumatisme durant sa jeunesse puis une épreuve durant sa vie de jeune adulte, tandis qu'elle cherchait des moyens de changer de coiffure ou de maîtriser un tant soit peu cette chevelure indomptable. Les problèmes de cheveux, je les ai connus en sens inverse, avec d'abord des cheveux si lisses qu'ils retombaient trop facilement comme un bol sur ma tête d'enfant, puis plus tard... avec leur disparition. Autant dire que les cheveux sont un problème intime pour beaucoup de personnes. Et cette problématique des cheveux trop frisés, je l'avais déjà croisée dans la BD Frizzy. Mais en suivant Rose depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte, je l'ai découverte sur un ton à la fois très intime et en même temps universel, avec des problématiques pratiques de contraintes quotidiennes et de recherche du salon de coiffure adéquat, et en même temps le sujet de la pression sociale et de mécanismes de discrimination nichés dans quelque chose d'aussi banal que des cheveux. La dimension documentaire de l'album est remarquable. Au-delà du récit intime, touchant et souvent drôle, j'ai appris énormément de choses sur l'histoire des cheveux crépus, les héritages du colonialisme, les injonctions esthétiques, la taxe rose, et même les lacunes de la formation des coiffeurs en France. Plus j'avançais, plus je réalisais l'accumulation de petits détails du quotidien qui participent à un racisme et un sexisme ordinaires dont je ne mesurais pas l'ampleur. Le personnage de Rose est attachant, et la façon dont Lou Lubie mêle expérience personnelle, humour et pédagogie fonctionne parfaitement. La narration est fluide, dessin et couleurs sont simples mais chaleureux, et l'édition est soignée. L'ensemble reste léger dans le ton tout en étant profondément instructif et parfois édifiant. On ne s'imagine pas ce que peuvent vivre les femmes aux cheveux crépus, et pas juste parce que leur coiffure est indomptable. J'ai trouvé cette BD intelligente et extrêmement accessible. Elle ouvre les yeux sur un sujet qui paraît dérisoire mais qui, en réalité, révèle beaucoup sur notre société, tout en restant agréable et vivante du début à la fin.
Amazing Fantasy
Kaare Andrews revisite le mythe Marvel avec une proposition audacieuse qui mêle super-héros, pulp et fantasy brutale. J’ai vraiment été surpris par cette mini-série où trois versions emblématiques de héros : un Spider-Man adolescent, un Captain America en pleine Seconde Guerre mondiale et une Black Widow encore élève de la Red Room, sont arrachées de leurs époques respectives pour se retrouver projetées sur une île mystérieuse. J’ai trouvé cet univers, peuplé de créatures fantastiques, de tribus hostiles et de dangers constants, particulièrement dépaysant. Il évoque autant l’heroic fantasy classique que les vieux pulps qui ont inspiré les premiers comics Marvel. Cette ambiance quasi onirique installe un véritable mystère : sont-ils morts, rêvent-ils, ou découvrent-ils un monde réel mais inconnu ? Visuellement, Andrews m’a impressionné par son travail très personnel. J’ai reconnu son goût pour les compositions énergiques, les influences de peintres fantasy comme Frazetta, et ce rendu presque « sauvage » qui colle parfaitement aux décors et à la tonalité du récit. J’ai aussi beaucoup aimé la manière dont chaque personnage semble stylisé selon son époque d’origine : Cap rappelle les comics de guerre, Peter a tout d’un héros adolescent des débuts de Marvel, et Natasha porte encore l’ombre de la Red Room. Ce mélange graphique renforce chez moi le sentiment d’un croisement de timelines, rendant la lecture aussi intrigante que spectaculaire. Narrativement, j’ai trouvé que l’album alternait entre de très bonnes idées et quelques limites. Andrews réussit à créer une dynamique intéressante entre des héros qui ne devraient jamais se rencontrer à ces moments-là de leur vie, et certains échanges fonctionnent particulièrement bien. Mais j’ai aussi senti que le récit s’appuyait parfois sur des codes de la fantasy “pulp” un peu caricaturaux : orcs, hommes-lézards, tribus aux identités simplifiées… Ce n’est pas toujours très subtil, et certains dialogues manquent un peu de nuance. Malgré tout, je comprends le parti pris : c’est une aventure hybride, spectaculaire, qui rend hommage à des genres multiples sans chercher le réalisme absolu. Au final, Amazing Fantasy de Kaare Andrews m’apparaît comme un objet vraiment singulier dans le catalogue Marvel. J’ai été séduit par son audace visuelle et son mélange de genres, et je pense qu’il parlera aux lecteurs curieux, amateurs de mondes alternatifs ou sensibles aux expérimentations artistiques. L’histoire n’est pas parfaite, mais elle propose une expérience différente, marquée par l’énergie, l’imagination et la liberté créative d’un auteur qui s’amuse clairement à revisiter les mythes Marvel sous un angle inattendu. Note : 3,5/5