Les amateurs de Chabouté ne seront pas déçus je pense. Un dessin réaliste toujours aussi net et une histoire plus contemplative je dirais sur le voyage préparé de longue date d'un homme solitaire et dévoué à son travail de nuit. Sauf qu'au lieu de partir loin comme il l'espérait, un concours de circonstances l'empêche de bouger donc il décide de loger à l'hôtel de l'autre côté de la place, en face de son appartement. Lui qui vit la nuit et dort le jour découvre la vie de son quartier et de ses habitants. Il s'amuse de quelques objets et y décèle une certaine poésie à la manière d'un Banksy.
Dans la lignée de Le Serpent et le Coyote, mais il peut se lire indépendamment, cet album est moins surprenant sur sa trame. C'est une chasse au butin d'un ancien taulard qu'il avait planqué avant de finir à l'ombre. Sa compagne compte bien en croquer aussi. Quelques rebondissements vont ponctuer cette course. Le coup du vieux cow-boy délirant est assez surprenant, un spectre réel ou non ; pourtant il se prend une balle sans être blessé. Il reste que c'est un bel album à lire et bien illustré avec les décors du Colorado.
Je découvre cet auteur avec cet album, dans une collection propice à la publication de petits travaux d’auteurs pas encore confirmés ou « connus ». Si le format court est parfois frustrant – surtout qu’ici l’album concentre plusieurs histoires sur une trentaine de pages – c’est aussi un moyen de « tenter » un nouvel auteur sans se ruiner. Ce que je fais volontiers.
Si l’auteur nous montre de réelles qualités, je suis pourtant sorti déçu, sur ma faim de ce recueil.
Le dessin est globalement agréable. Surtout, comme je pense que nous avons là des travaux qui s’étalent dans le temps, Kim montre au travers de cet échantillon son talent graphique, qui plus est en usant de plusieurs styles assez différents, du réaliste au trait fin et agréable (avec là aussi une évolution jusqu’à la dernière histoire au trait plus affirmé) au style semi caricatural.
Les histoires sont inégales, parfois clairement autobiographiques, avec un ton changeant – jusqu’au relativement trash pour l’une des histoires, alors que plusieurs d’entre elles – les premières surtout – font penser à Tomine, dans du Roman Graphique qui n’est pas forcément ma tasse de thé.
Affaire de goût sans doute donc, mais je suis resté un peu en retrait de ce recueil – d’autres pouvant largement y trouver davantage leur compte.
Note réelle 2,5/5.
N'ayant rien lu avant de l'histoire, je n'ai pas été spoilé du résumé de l'éditeur : "Le lendemain, David se réveille dans le corps de l'inconnue.". C'est quand même le twist que je n'attendais pas. Je pensai lire un roman graphique et ça tourne sur le fantastique. La suite, sans trop dévoiler, est une longue enquête pour savoir comment c'est arrivé, si c'est réversible, qui est la femme dont il a pris le corps, où est son ancien corps à lui etc. On déambule dans l'est de Paris, quartier Belleville principalement, le marché d'Aligre aussi dans cette recherche. On reconnait bien la ville et l'auteur y glisse quelques messages dans le décor (Free Gaza par exemple).
Un épais bouquin de 350 pages qui n'est pas si long à lire. Le style m'a rappelé certains auteurs américains, par exemple Daniel Clowes. Le manga Parasite m'est aussi venu à l'esprit. La fin peut être un chouïa déconcertante et éludée en quelques pages sans plus d'explications. En même temps David avait 2 choix principaux face à sa situation.
Marcia décide de mettre son travail dans l'informatique entre parenthèses pour un été, qu'elle passe dans un hôtel de type lodge, composé de chalets en bois, aux abords du parc de Yellowstone. L'établissement, tenu par une amie de sa grand-mère, devient le point de départ d'une immersion dans une région où humains et grizzlys cohabitent, et où elle fait connaissance avec les habitants comme avec les visiteurs de passage.
Le récit prend une forme contemplative, fortement porté par le dessin d'Alice Chemama. Son trait doux et coloré, à la ligne claire légèrement naïve, évoque les affiches et publicités anciennes des parcs américains auxquelles il fait régulièrement référence, ce qui contribue à plonger le lecteur dans une atmosphère dépaysante et charmante. Le rythme est volontairement lent, scindé par des ellipses de quelques semaines ou d'un mois, marquant l'évolution du séjour. Marcia reste discrète, parle peu, à la différence du couple affable et souriant qui tient l'hôtel. Ses pensées, livrées par bribes, finissent par se tourner vers un possible amour de vacances, fragile et incertain, mais le cœur du livre demeure bien l'exploration de la nature, la place des ours dans cet écosystème et le fonctionnement même du parc.
Si ce roman graphique se révèle plaisant, il reste relativement anecdotique et rapide à lire.
Le dernier tiers de l'album change de registre : il propose une autre BD, réalisée plus tôt par l'autrice, qui prend la forme d'un pur documentaire sur Yellowstone et ses ours. On y retrouve de nombreux éléments déjà abordés dans le récit, mais enrichis et détaillés. Intéressant sur le plan informatif, ce complément a toutefois le ton plus aride d'un documentaire, et donc moins de souffle narratif.
Une narration quelque peu déconcertante constituée de courts chapitres et surmontée d'une voix off. Dommage car ce récit de Lionel Tran bien illustré par Ivan Brun dans un style réaliste avait de bonnes idées. On pense être dans un récit d'anticipation à une époque indéfinie. La France est en grève à cause de réformes sur le chômage ou les retraites, ce qui reste tristement d'actualité. De même on y évoque une certaine vacuité de l'existence dans une planète où le climat se dégrade. Un discours de plus de 20 ans on ne peut plus vrai en 2025.
Un couple de japonais débarque à Paris dans une espèce de squat. On comprend qu'ils font des sortes de performance artistique, tout en jouant en ligne à un jeu prenant muni de lunettes de réalité virtuelle (encore une fois c'est devenu réalité). Lui n'a pas de "vrai" travail, quant à elle seulement un petit emploi alimentaire. Dans cette auberge espagnole, plusieurs dialogues sont en anglais et non traduits. Je n'ai pas très bien capté la finalité de tout ça.
Un petit 3.
Ici pas de shérif véreux à la solde de propriétaires terriens, pas de saloon avec des outlaws à la gâchette facile. On a droit à plusieurs protagonistes des tenanciers d'un relais, un petit convoi de migrants, des Amérindiens (Comanches, Hutes, Navajos) sans oublier quelques bandits qui seront le grain de sable dans cette trame, ce qui donne un bon petit western sans grande prétention mais tout de même efficace malgré ses 54 planches ; il y a aussi un petit clin d'oeil à Blueberry en fin d'album qui fait sourire.
Certains passages peuvent paraître téléphonés, mais cela ne m'a aucunement gêné dans ma lecture, c'était peu pour bouder mon plaisir.
Le dessin de Daniel Brecht est d'une grande simplicité, un dessin pas très fouillé, mais je lui trouve un certain charme, il est simple mais très efficace.
Les Justes propose de retracer, à raison d'un album par volume, l'histoire de grandes figures ayant risqué leur vie pour sauver des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Si le scénario est confié à Sébastien Le Naour, chaque tome bénéficie du regard graphique d'un dessinateur différent.
Le premier volume met en lumière le couple Emilie et Oskar Schindler, rappelant à juste titre que ce n'est pas seulement l'industriel popularisé par La Liste de Schindler qui a œuvré pour le Bien. À travers le récit qu'Emilie livre en Argentine puis en Europe à deux journalistes venus l'interviewer, se dessine un portrait sans complaisance : celui d'un homme complexe, égoïste et volage dans sa vie intime, mais capable d'un engagement total dès qu'il prend conscience du sort tragique réservé aux Juifs. Le contraste entre ses faiblesses personnelles et sa force d'action donne une dimension très humaine au récit, renforcée par la mise en scène des initiatives d'Emilie elle-même. Le dessin expressif de Christelle Galland, avec son encrage épais et moderne, accentue l'intensité dramatique de certaines scènes et confère parfois au récit une énergie presque romanesque, faite de tension et de suspens.
Le second tome, consacré au diplomate suisse Carl Lutz, adopte un ton plus sobre et une mise en forme proche du documentaire. L'action s'y déploie de 1935 jusqu'à la fin de la guerre, dans une narration plus factuelle que romanesque. Le dessin, précis et austère, soutient ce parti pris, mais au détriment d'une certaine vitalité. Lutz agit surtout par la voie administrative et bénéficie d'une relative protection diplomatique, ce qui rend son parcours moins palpitant que celui de Schindler. Cela n'enlève rien à son courage ni à l'ampleur de ses actes, mais la lecture se révèle moins immersive. L'album garde néanmoins une vraie valeur historique et pédagogique, en rappelant que l'héroïsme peut aussi s'incarner dans la patience, la ruse bureaucratique et la ténacité face à la machine nazie.
Je suis très surpris de cette lecture, qui part sur des chapeaux de roues et s'embarque dans une histoire aux tournants imprévisibles. Je suis très fan de la direction prise par l'histoire après ce premier tome !
Ce tome introductif est parfaitement bien exécuté, avec une histoire vite campée et des personnages bien inspirés. Le protagoniste est ce bretteur amateur de bon mots, protecteur des pauvres gens dans une cité ressemblant un peu à Venise, dans un contexte de magie et de questionnements sociaux. En quelques pages l'histoire prend un envol avec cette congrégation de révolutionnaires qui entendent changer les choses dans le monde. Et si l'on a du classique dans le début de l'aventure, très vite le récit semble accélérer jusqu'à une révélation finale surprenante et qui augure du bon pour la suite. J'ai accroché tout de suite à l'histoire et j'ai envie de voir la suite, qui est prometteuse.
Le tout est servi par un dessin qui est appréciable. Je n'ai encore rien lu de sa part mais la dessinatrice a un coup de crayon qui fait ressortir les scènes d'actions et les intérieurs, tout en ayant un trait global qui rappelle tout à fait les films de capes et d'épées, une esthétique vénitienne et les visuels marquants. L'ensemble est clair et lisible, dynamique et coloré, une lecture franchement agréable ! Je ne peux que recommander la lecture de ce premier tome qui promet pour la suite.
Un avis très court pour une BD qui ne l'est pas moins. Disons clairement les mots, c'est assez dispensable et peu étayé, mais l'auteur ne cherche pas à faire une dissertation sur le sujet. En même temps, Joe Sacco a déjà traité la question dans deux BD distinctes (Palestine et Gaza 1956), cette BD peut être vue comme un ajout postérieur sur la question des attentats du 7 octobre.
Disons que c'est assez vite lu et expédié et que la BD se concentre surtout sur deux choses : la façon dont les USA se sont mêlées de la situation et ont aggravés les choses notamment en fournissant abondamment des armes à Israël, en inventant des mensonges justifiant les massacres, le tout en précisant que sous Biden -et ça ne s'est surement pas arrangé avec Trump- la démocratie américaine a pris du plomb dans l'aile. La BD est rapidement lue, claire et nette sur son propos.
Sans être indispensable, je pense qu'elle apporte un petit éclairage (à sa modeste échelle) sur ce qui se joue actuellement en Israël, ou un génocide est couvert par tout l'occident sous prétexte de morale...
(la note est difficile à mettre, le 3* est le bon compromis entre la rapidité de lecture, le peu d'informations et la facilité de lecture)
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Plus loin qu'ailleurs
Les amateurs de Chabouté ne seront pas déçus je pense. Un dessin réaliste toujours aussi net et une histoire plus contemplative je dirais sur le voyage préparé de longue date d'un homme solitaire et dévoué à son travail de nuit. Sauf qu'au lieu de partir loin comme il l'espérait, un concours de circonstances l'empêche de bouger donc il décide de loger à l'hôtel de l'autre côté de la place, en face de son appartement. Lui qui vit la nuit et dort le jour découvre la vie de son quartier et de ses habitants. Il s'amuse de quelques objets et y décèle une certaine poésie à la manière d'un Banksy.
L'Or du spectre
Dans la lignée de Le Serpent et le Coyote, mais il peut se lire indépendamment, cet album est moins surprenant sur sa trame. C'est une chasse au butin d'un ancien taulard qu'il avait planqué avant de finir à l'ombre. Sa compagne compte bien en croquer aussi. Quelques rebondissements vont ponctuer cette course. Le coup du vieux cow-boy délirant est assez surprenant, un spectre réel ou non ; pourtant il se prend une balle sans être blessé. Il reste que c'est un bel album à lire et bien illustré avec les décors du Colorado.
Autres histoires
Je découvre cet auteur avec cet album, dans une collection propice à la publication de petits travaux d’auteurs pas encore confirmés ou « connus ». Si le format court est parfois frustrant – surtout qu’ici l’album concentre plusieurs histoires sur une trentaine de pages – c’est aussi un moyen de « tenter » un nouvel auteur sans se ruiner. Ce que je fais volontiers. Si l’auteur nous montre de réelles qualités, je suis pourtant sorti déçu, sur ma faim de ce recueil. Le dessin est globalement agréable. Surtout, comme je pense que nous avons là des travaux qui s’étalent dans le temps, Kim montre au travers de cet échantillon son talent graphique, qui plus est en usant de plusieurs styles assez différents, du réaliste au trait fin et agréable (avec là aussi une évolution jusqu’à la dernière histoire au trait plus affirmé) au style semi caricatural. Les histoires sont inégales, parfois clairement autobiographiques, avec un ton changeant – jusqu’au relativement trash pour l’une des histoires, alors que plusieurs d’entre elles – les premières surtout – font penser à Tomine, dans du Roman Graphique qui n’est pas forcément ma tasse de thé. Affaire de goût sans doute donc, mais je suis resté un peu en retrait de ce recueil – d’autres pouvant largement y trouver davantage leur compte. Note réelle 2,5/5.
Le Cas David Zimmerman
N'ayant rien lu avant de l'histoire, je n'ai pas été spoilé du résumé de l'éditeur : "Le lendemain, David se réveille dans le corps de l'inconnue.". C'est quand même le twist que je n'attendais pas. Je pensai lire un roman graphique et ça tourne sur le fantastique. La suite, sans trop dévoiler, est une longue enquête pour savoir comment c'est arrivé, si c'est réversible, qui est la femme dont il a pris le corps, où est son ancien corps à lui etc. On déambule dans l'est de Paris, quartier Belleville principalement, le marché d'Aligre aussi dans cette recherche. On reconnait bien la ville et l'auteur y glisse quelques messages dans le décor (Free Gaza par exemple). Un épais bouquin de 350 pages qui n'est pas si long à lire. Le style m'a rappelé certains auteurs américains, par exemple Daniel Clowes. Le manga Parasite m'est aussi venu à l'esprit. La fin peut être un chouïa déconcertante et éludée en quelques pages sans plus d'explications. En même temps David avait 2 choix principaux face à sa situation.
Grizzly jam
Marcia décide de mettre son travail dans l'informatique entre parenthèses pour un été, qu'elle passe dans un hôtel de type lodge, composé de chalets en bois, aux abords du parc de Yellowstone. L'établissement, tenu par une amie de sa grand-mère, devient le point de départ d'une immersion dans une région où humains et grizzlys cohabitent, et où elle fait connaissance avec les habitants comme avec les visiteurs de passage. Le récit prend une forme contemplative, fortement porté par le dessin d'Alice Chemama. Son trait doux et coloré, à la ligne claire légèrement naïve, évoque les affiches et publicités anciennes des parcs américains auxquelles il fait régulièrement référence, ce qui contribue à plonger le lecteur dans une atmosphère dépaysante et charmante. Le rythme est volontairement lent, scindé par des ellipses de quelques semaines ou d'un mois, marquant l'évolution du séjour. Marcia reste discrète, parle peu, à la différence du couple affable et souriant qui tient l'hôtel. Ses pensées, livrées par bribes, finissent par se tourner vers un possible amour de vacances, fragile et incertain, mais le cœur du livre demeure bien l'exploration de la nature, la place des ours dans cet écosystème et le fonctionnement même du parc. Si ce roman graphique se révèle plaisant, il reste relativement anecdotique et rapide à lire. Le dernier tiers de l'album change de registre : il propose une autre BD, réalisée plus tôt par l'autrice, qui prend la forme d'un pur documentaire sur Yellowstone et ses ours. On y retrouve de nombreux éléments déjà abordés dans le récit, mais enrichis et détaillés. Intéressant sur le plan informatif, ce complément a toutefois le ton plus aride d'un documentaire, et donc moins de souffle narratif.
Otaku
Une narration quelque peu déconcertante constituée de courts chapitres et surmontée d'une voix off. Dommage car ce récit de Lionel Tran bien illustré par Ivan Brun dans un style réaliste avait de bonnes idées. On pense être dans un récit d'anticipation à une époque indéfinie. La France est en grève à cause de réformes sur le chômage ou les retraites, ce qui reste tristement d'actualité. De même on y évoque une certaine vacuité de l'existence dans une planète où le climat se dégrade. Un discours de plus de 20 ans on ne peut plus vrai en 2025. Un couple de japonais débarque à Paris dans une espèce de squat. On comprend qu'ils font des sortes de performance artistique, tout en jouant en ligne à un jeu prenant muni de lunettes de réalité virtuelle (encore une fois c'est devenu réalité). Lui n'a pas de "vrai" travail, quant à elle seulement un petit emploi alimentaire. Dans cette auberge espagnole, plusieurs dialogues sont en anglais et non traduits. Je n'ai pas très bien capté la finalité de tout ça. Un petit 3.
Stagecoach Inn - Le Relais des Miraculés
Ici pas de shérif véreux à la solde de propriétaires terriens, pas de saloon avec des outlaws à la gâchette facile. On a droit à plusieurs protagonistes des tenanciers d'un relais, un petit convoi de migrants, des Amérindiens (Comanches, Hutes, Navajos) sans oublier quelques bandits qui seront le grain de sable dans cette trame, ce qui donne un bon petit western sans grande prétention mais tout de même efficace malgré ses 54 planches ; il y a aussi un petit clin d'oeil à Blueberry en fin d'album qui fait sourire. Certains passages peuvent paraître téléphonés, mais cela ne m'a aucunement gêné dans ma lecture, c'était peu pour bouder mon plaisir. Le dessin de Daniel Brecht est d'une grande simplicité, un dessin pas très fouillé, mais je lui trouve un certain charme, il est simple mais très efficace.
Les Justes
Les Justes propose de retracer, à raison d'un album par volume, l'histoire de grandes figures ayant risqué leur vie pour sauver des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Si le scénario est confié à Sébastien Le Naour, chaque tome bénéficie du regard graphique d'un dessinateur différent. Le premier volume met en lumière le couple Emilie et Oskar Schindler, rappelant à juste titre que ce n'est pas seulement l'industriel popularisé par La Liste de Schindler qui a œuvré pour le Bien. À travers le récit qu'Emilie livre en Argentine puis en Europe à deux journalistes venus l'interviewer, se dessine un portrait sans complaisance : celui d'un homme complexe, égoïste et volage dans sa vie intime, mais capable d'un engagement total dès qu'il prend conscience du sort tragique réservé aux Juifs. Le contraste entre ses faiblesses personnelles et sa force d'action donne une dimension très humaine au récit, renforcée par la mise en scène des initiatives d'Emilie elle-même. Le dessin expressif de Christelle Galland, avec son encrage épais et moderne, accentue l'intensité dramatique de certaines scènes et confère parfois au récit une énergie presque romanesque, faite de tension et de suspens. Le second tome, consacré au diplomate suisse Carl Lutz, adopte un ton plus sobre et une mise en forme proche du documentaire. L'action s'y déploie de 1935 jusqu'à la fin de la guerre, dans une narration plus factuelle que romanesque. Le dessin, précis et austère, soutient ce parti pris, mais au détriment d'une certaine vitalité. Lutz agit surtout par la voie administrative et bénéficie d'une relative protection diplomatique, ce qui rend son parcours moins palpitant que celui de Schindler. Cela n'enlève rien à son courage ni à l'ampleur de ses actes, mais la lecture se révèle moins immersive. L'album garde néanmoins une vraie valeur historique et pédagogique, en rappelant que l'héroïsme peut aussi s'incarner dans la patience, la ruse bureaucratique et la ténacité face à la machine nazie.
Don Juan des Flots
Je suis très surpris de cette lecture, qui part sur des chapeaux de roues et s'embarque dans une histoire aux tournants imprévisibles. Je suis très fan de la direction prise par l'histoire après ce premier tome ! Ce tome introductif est parfaitement bien exécuté, avec une histoire vite campée et des personnages bien inspirés. Le protagoniste est ce bretteur amateur de bon mots, protecteur des pauvres gens dans une cité ressemblant un peu à Venise, dans un contexte de magie et de questionnements sociaux. En quelques pages l'histoire prend un envol avec cette congrégation de révolutionnaires qui entendent changer les choses dans le monde. Et si l'on a du classique dans le début de l'aventure, très vite le récit semble accélérer jusqu'à une révélation finale surprenante et qui augure du bon pour la suite. J'ai accroché tout de suite à l'histoire et j'ai envie de voir la suite, qui est prometteuse. Le tout est servi par un dessin qui est appréciable. Je n'ai encore rien lu de sa part mais la dessinatrice a un coup de crayon qui fait ressortir les scènes d'actions et les intérieurs, tout en ayant un trait global qui rappelle tout à fait les films de capes et d'épées, une esthétique vénitienne et les visuels marquants. L'ensemble est clair et lisible, dynamique et coloré, une lecture franchement agréable ! Je ne peux que recommander la lecture de ce premier tome qui promet pour la suite.
Guerre à Gaza
Un avis très court pour une BD qui ne l'est pas moins. Disons clairement les mots, c'est assez dispensable et peu étayé, mais l'auteur ne cherche pas à faire une dissertation sur le sujet. En même temps, Joe Sacco a déjà traité la question dans deux BD distinctes (Palestine et Gaza 1956), cette BD peut être vue comme un ajout postérieur sur la question des attentats du 7 octobre. Disons que c'est assez vite lu et expédié et que la BD se concentre surtout sur deux choses : la façon dont les USA se sont mêlées de la situation et ont aggravés les choses notamment en fournissant abondamment des armes à Israël, en inventant des mensonges justifiant les massacres, le tout en précisant que sous Biden -et ça ne s'est surement pas arrangé avec Trump- la démocratie américaine a pris du plomb dans l'aile. La BD est rapidement lue, claire et nette sur son propos. Sans être indispensable, je pense qu'elle apporte un petit éclairage (à sa modeste échelle) sur ce qui se joue actuellement en Israël, ou un génocide est couvert par tout l'occident sous prétexte de morale... (la note est difficile à mettre, le 3* est le bon compromis entre la rapidité de lecture, le peu d'informations et la facilité de lecture)