Je connaissais Etienne Davodeau en reporter engagé grâce à Rural ! et Les Ignorants, je le découvre aujourd'hui auteur à travers ce road trip.
Lulu est une quadra, qui après une longue pause pour élever ses enfants, recherche un emploi. Après un énième entretien non concluant, elle décide de partir à "l'aventure"...
L'histoire de Lulu, si elle est finalement assez simple, nous questionne sur la charge mentale, sur le sens de nos vies et ce besoin de se sentir vivant à un moment de sa vie où la flamme s'éteint peu à peu. Ce que l'on nomme communément la crise de la quarantaine est abordé avec beaucoup de pudeur par l'auteur. On ne sent aucun parti pris, aucun jugement sur les actions de son héroïne.
Il existe un vrai contraste entre le rythme lent du roman qui nous laisse penser qu'il ne se passe pas grand chose et les aventures de Lulu qui sont riches en rencontres et rebondissements.
Au niveau du dessin Davodeau fait … du Davodeau.
Un dessin simple et sans fioritures. Il n'est certes pas exceptionnel mais ne recèle pas non plus de défauts rédhibitoires. On apprécie ou non son style mais on ne pourra pas dire que l'on soit surpris. Personnellement, je n'y suis pas allergique et je n'ai donc pas eu de mal en me lancer dans l'histoire de notre brave quadra.
Globalement la lecture est assez plaisante mais il manque quand même le petit quelque chose qui permettrait d'emporter le lecteur avec lui.
Après avoir vu la série Netflix sur Jeffrey Dahmer, lire Mon ami Dahmer m’a vraiment apporté quelque chose en plus. Là où la série se concentre surtout sur les crimes, la BD revient sur sa jeunesse, lorsqu’il n’était encore qu’un adolescent paumé que personne ne comprenait vraiment.
Le plus marquant, c’est que l’histoire est racontée par Derf Backderf, l’auteur, qui a réellement été son camarade de classe. On découvre Dahmer à travers le regard de quelqu’un qui l’a vu évoluer jour après jour : ses comportements étranges, sa solitude, et cette dérive que personne n’a su ou voulu voir. Cette proximité donne une force particulière au récit, presque dérangeante, parce que tout semble à la fois banal et tragique.
J’ai beaucoup apprécié l’honnêteté de la BD. Backderf ne cherche ni à justifier ni à diaboliser : il raconte ce qu’il a vécu, simplement, avec le recul de l’adulte qui essaie de comprendre comment autant de signaux ont pu passer inaperçus. Chaque petite scène de lycée prend alors un relief troublant quand on connaît la suite.
Mon ami Dahmer m’a vraiment marqué. C’est une lecture forte, complémentaire à la série, qui montre ce que les écrans n’ont pas raconté.
Et je terminerai par cette citation de l’auteur, qui résume parfaitement l’esprit du livre :
« Ayez de la pitié pour lui mais n’ayez aucune compassion. »
L'adaptation du roman de Kafka par Bargain Sakuraichi, pseudonyme du mangaka Toshifumi Sakurai qui a fait deux séries que j'adore.
On reconnait bien la patte de l'auteur avec à la fois son dessin si personnel et aussi avec son humour. Parce que c'est vraiment une adaptation réinterprétée par un autre artiste et pas seulement une adaptation fidèle qui ne ferait que reprendre point par point ce qui s'est passé dans l'œuvre de base. Au lieu de suivre ce qui arrive à ce pauvre Grégor, on voit surtout la réaction de sa famille et en particulier le père qui est le vrai personnage principal de cet album, Grégor étant relégué en personnage secondaire qui souvent n'apparait pas ou très peu au cours d'un chapitre. L'intrigue tourne surtout autour de ce que doit faire sa famille maintenant que celui qui ramenait l'argent au foyer ne peut plus travailler.
J'avoue que j'étais un peu perplexe par ce que je lisais. On retrouve l'humour de l'auteur que j'aime bien, mais je ne pense pas que cela colle vraiment au style particulier de Kafka. Tous les gags autour de la libido du paternel me semblent hors de propos, mais il faut dire aussi que je n'ai pas lu le roman depuis très longtemps et que je n'ai que de vagues souvenirs. Je compare surtout cette adaptation avec d'autres adaptations de Kafka que j'ai lues ou vues et le ton est très différent de ce que j'avais vu jusqu'à présent dans les adaptations de Kafka.
C'est pas trop mal même si certains gags sont un peu lourds. Une curiosité à lire en tout cas.
Un récit qui présente Klimt par un petit bout de sa vie, presque de l'anecdote et mélangeant des bouts de rêves d'anciens peuples babyloniens. On y découvre un homme à femmes, d'apparence hirsute, et qui réalise des toiles d'un nouveau genre, de l'art nouveau même. Le dossier en fin d'album est intéressant pour en apprendre plus de cet artiste viennois qui fut reconnu et célèbre de son vivant puis n'a été "redécouvert" que plusieurs dizaines d'années après sa mort. Je n'avais par exemple jamais entendu parler du courant de la Sécession au début du XXème siècle ou de la revue Ver Sacrum (printemps sacré). La couverture dorée fort jolie fait écho à l'art même de Klimt et de son oeuvre Portrait d'Adele Bloch-Bauer, la femme d'un riche mécène de l'artiste.
Un one-shot qui marche bien, je m'attendais à quelque chose sans grande surprise, un peu froid vu le dessin, mais c'est bien exécuté. On est dans un monde futuriste, la société est clivée en plusieurs zones sociales (on retrouve encore cela dans Chien 51 récemment adapté au cinéma). Toutes les plantes sont bannies car elles ont provoqué une catastrophe dans le passé et un peu comme dans Fahrenheit 451 des brigades sont chargées d'éliminer tout ce qui n'est pas dans la doxa. L'héroïne en fait partie et subrepticement décide contrairement à son devoir de conserver des graines de tomates et de faire pousser ça dans une pièce, en cachette de son mari. Mais aussi elle doit se procurer de l'eau qui est rationnée et surveillée. Une dystopie qui ne révolutionne pas le genre mais une bonne lecture.
Cet album de Kago contient plusieurs courtes histoires de quelques pages, à la frontière de plusieurs genres car il y a de l'humour et de l'absurde, de l'érotique et du scato, un peu de gore mais pas ce qu'il a fait de pire dans le genre. A réserver à un public averti néanmoins, la couverture montrant une des histoires qui est loin d'être la plus trash. On a par exemple un homme dont les problèmes de dents sont liés à l'état des buildings de la ville, en lien avec le titre. Mais d'autres ne sont pas forcément dans cette thématique, comme cette enfant qui utilise beaucoup de papier toilette, et sa mère cherche à savoir pourquoi, avec de bons gros plans je vous passe les détails. Voilà un auteur atypique que j'aime bien et son dessin est très soigné.
Étrange histoire, pas dénuée de qualités, mais qui m’a quand même déçu.
La narration est assez littéraire (pas mal de longs textes décrivant l’état d’esprit du héros, Aldebarran, ce vers quoi va aller l’intrigue). Ça n’est pas inutile, tant cette histoire manque singulièrement de clarté, mais ce texte parfois poétique, s’il se marie bien aux étendues désertiques dans lesquelles l’histoire se développe, n’est pas toujours clair, et il débouche au final sur quelque chose de décevant.
En effet, outre le manque de clarté, la fin est brutale et étonnante (je n’ai rien compris au retour de Féline !?, ni à l’identité des cavaliers noirs…), et les pérégrinations du héros ne m’ont pas passionné. On ne s’attache pas à lui, ballotté qu’il est par les événements, presque tous les personnages rencontrés, et aussi par un scénario un peu obscur, personnage semblant épris de récits mythiques et en quête d’amour, un type qui couche avec 100 % des femmes rencontrées sans trop se poser de questions.
Dessin et colorisation ne sont pas désagréables, mais font bien leur âge. Le rendu est un chouia trop terne ou tamisé à mon goût, mais c’est affaire de goût, et l’ensemble passe bien de toute façon.
Une lecture qui m’a laissé sur ma faim donc.
Au fil des albums, Jung poursuit sa quête d’identité, mais aussi propose à son lectorat de découvrir certains aspects de la société coréenne, en particulier, puisque ça a été au cœur de son expérience personnelle, les nombreuses adoptions « forcées », en tout cas pas vraiment choisies par les mères.
Ici, c’est encore un récit en partie autobiographique, mais qui est construit autour d’une jeune Coréenne, avec laquelle il est entré en contact après que celle-ci ait découvert une de ses BD : tombée enceinte – le « père » l’ayant abandonnée, cette femme, « Joy », est victime des lourds carcans de la société coréenne. « Fille perdue », ses études – et sa vie sociale – mises entre parenthèse, elle peine à supporter seule la violence des injonctions sociales, alors qu’aucune aide de l’État ne peut alléger son fardeau, des institutions ayant pignon sur rue la poussant même à abandonner son enfant pour qu’il soit adopté.
Les questionnements habituels de Jung s’entremêlent à l’histoire de Joy, jusqu’aux brèves retrouvailles finales. Jung parvient à dresser le portrait de Joy, tout en dressant celui – plus sombre – d’une société hypocrite et sexiste, dans laquelle les femmes ne bénéficient clairement pas des mêmes droits que les hommes (cela ressemble pas mal à ce que nous avons pu connaître en France jusqu’aux années 1960/1970).
La narration est fluide. Ceci est accentué par le dessin, toujours aussi agréable – dessin assez simplifié au niveau des décors, souvent absent, tout se concentrant sur les personnages.
Une lecture intéressante.
J’ai lu le premier tome de ce recueil d’histoires courtes (de deux à trois pages), qui nous propose une sorte d’encyclopédie historique, en présentant quelques moments fort de l’Histoire de l’humanité, quelques inventions plus ou moins célèbres et essentielles.
Libon joue sur de petits décalages, un peu d’absurde et de loufoque, pour une Histoire des connaissances qui ne se prend bien évidemment jamais au sérieux. De l’approximation volontairement fragile pour présenter des inventions prétendument majeures.
D’autres ont déjà balisé ce terrain comme Gotlib (dans ses Rubrique-à-Brac entre autres) ou Goscinny (avec ce même Gotlib dans Les Dingodossiers ou avec Martial dans Les Divagations de Mr Sait-Tout) ou, dans un autre registre, Katia Even dans Le Petit derrière de l'Histoire.
Libon joue sur un style clairement moins efficace et percutant que Goscinny et Gotlib (et aussi moins réussi et drôle, en tout cas plus inégal je trouve), alors même que son dessin, qui se prête bien aux strips, n’est a priori pas ma tasse de thé. Malgré un langage parfois familier ça semble partir vers le trashouille, ça reste généralement assez soft, et l’humour proposé ne m’a pas toujours convaincu.
Une petite lecture d’emprunt.
J’ai vraiment passé un bon moment avec Wolverine – Snikt !. Oui, le scénario est léger et clairement pas très développé, mais je trouve que beaucoup d’avis que j’ai pu lire sont franchement trop sévères. On sait à quoi s’attendre avec Nihei : ce n’est pas un auteur qui mise sur les dialogues ou la complexité narrative, mais sur l’ambiance, le rythme et la puissance visuelle.
Et de ce côté-là, j’ai été servi. J’ai trouvé les illustrations splendides : les décors démesurés, les environnements métalliques et post-apocalyptiques, cette sensation d’immensité et de solitude… tout ça crée une atmosphère qui m’a vraiment accroché. Wolverine est presque une silhouette mythique qui avance dans un monde en ruine, et j’ai adoré cette approche.
Ça se lit très vite, ça ne raconte pas mille choses, mais ça fonctionne. Pour moi, c’est un one-shot à savourer pour son univers, son style et son énergie visuelle, plus que pour son intrigue. Et dans ce cadre-là, je trouve que c’est une réussite.
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Lulu Femme Nue
Je connaissais Etienne Davodeau en reporter engagé grâce à Rural ! et Les Ignorants, je le découvre aujourd'hui auteur à travers ce road trip. Lulu est une quadra, qui après une longue pause pour élever ses enfants, recherche un emploi. Après un énième entretien non concluant, elle décide de partir à "l'aventure"... L'histoire de Lulu, si elle est finalement assez simple, nous questionne sur la charge mentale, sur le sens de nos vies et ce besoin de se sentir vivant à un moment de sa vie où la flamme s'éteint peu à peu. Ce que l'on nomme communément la crise de la quarantaine est abordé avec beaucoup de pudeur par l'auteur. On ne sent aucun parti pris, aucun jugement sur les actions de son héroïne. Il existe un vrai contraste entre le rythme lent du roman qui nous laisse penser qu'il ne se passe pas grand chose et les aventures de Lulu qui sont riches en rencontres et rebondissements. Au niveau du dessin Davodeau fait … du Davodeau. Un dessin simple et sans fioritures. Il n'est certes pas exceptionnel mais ne recèle pas non plus de défauts rédhibitoires. On apprécie ou non son style mais on ne pourra pas dire que l'on soit surpris. Personnellement, je n'y suis pas allergique et je n'ai donc pas eu de mal en me lancer dans l'histoire de notre brave quadra. Globalement la lecture est assez plaisante mais il manque quand même le petit quelque chose qui permettrait d'emporter le lecteur avec lui.
Mon ami Dahmer
Après avoir vu la série Netflix sur Jeffrey Dahmer, lire Mon ami Dahmer m’a vraiment apporté quelque chose en plus. Là où la série se concentre surtout sur les crimes, la BD revient sur sa jeunesse, lorsqu’il n’était encore qu’un adolescent paumé que personne ne comprenait vraiment. Le plus marquant, c’est que l’histoire est racontée par Derf Backderf, l’auteur, qui a réellement été son camarade de classe. On découvre Dahmer à travers le regard de quelqu’un qui l’a vu évoluer jour après jour : ses comportements étranges, sa solitude, et cette dérive que personne n’a su ou voulu voir. Cette proximité donne une force particulière au récit, presque dérangeante, parce que tout semble à la fois banal et tragique. J’ai beaucoup apprécié l’honnêteté de la BD. Backderf ne cherche ni à justifier ni à diaboliser : il raconte ce qu’il a vécu, simplement, avec le recul de l’adulte qui essaie de comprendre comment autant de signaux ont pu passer inaperçus. Chaque petite scène de lycée prend alors un relief troublant quand on connaît la suite. Mon ami Dahmer m’a vraiment marqué. C’est une lecture forte, complémentaire à la série, qui montre ce que les écrans n’ont pas raconté. Et je terminerai par cette citation de l’auteur, qui résume parfaitement l’esprit du livre : « Ayez de la pitié pour lui mais n’ayez aucune compassion. »
La Métamorphose (Sakuraichi)
L'adaptation du roman de Kafka par Bargain Sakuraichi, pseudonyme du mangaka Toshifumi Sakurai qui a fait deux séries que j'adore. On reconnait bien la patte de l'auteur avec à la fois son dessin si personnel et aussi avec son humour. Parce que c'est vraiment une adaptation réinterprétée par un autre artiste et pas seulement une adaptation fidèle qui ne ferait que reprendre point par point ce qui s'est passé dans l'œuvre de base. Au lieu de suivre ce qui arrive à ce pauvre Grégor, on voit surtout la réaction de sa famille et en particulier le père qui est le vrai personnage principal de cet album, Grégor étant relégué en personnage secondaire qui souvent n'apparait pas ou très peu au cours d'un chapitre. L'intrigue tourne surtout autour de ce que doit faire sa famille maintenant que celui qui ramenait l'argent au foyer ne peut plus travailler. J'avoue que j'étais un peu perplexe par ce que je lisais. On retrouve l'humour de l'auteur que j'aime bien, mais je ne pense pas que cela colle vraiment au style particulier de Kafka. Tous les gags autour de la libido du paternel me semblent hors de propos, mais il faut dire aussi que je n'ai pas lu le roman depuis très longtemps et que je n'ai que de vagues souvenirs. Je compare surtout cette adaptation avec d'autres adaptations de Kafka que j'ai lues ou vues et le ton est très différent de ce que j'avais vu jusqu'à présent dans les adaptations de Kafka. C'est pas trop mal même si certains gags sont un peu lourds. Une curiosité à lire en tout cas.
Klimt
Un récit qui présente Klimt par un petit bout de sa vie, presque de l'anecdote et mélangeant des bouts de rêves d'anciens peuples babyloniens. On y découvre un homme à femmes, d'apparence hirsute, et qui réalise des toiles d'un nouveau genre, de l'art nouveau même. Le dossier en fin d'album est intéressant pour en apprendre plus de cet artiste viennois qui fut reconnu et célèbre de son vivant puis n'a été "redécouvert" que plusieurs dizaines d'années après sa mort. Je n'avais par exemple jamais entendu parler du courant de la Sécession au début du XXème siècle ou de la revue Ver Sacrum (printemps sacré). La couverture dorée fort jolie fait écho à l'art même de Klimt et de son oeuvre Portrait d'Adele Bloch-Bauer, la femme d'un riche mécène de l'artiste.
La Tomate
Un one-shot qui marche bien, je m'attendais à quelque chose sans grande surprise, un peu froid vu le dessin, mais c'est bien exécuté. On est dans un monde futuriste, la société est clivée en plusieurs zones sociales (on retrouve encore cela dans Chien 51 récemment adapté au cinéma). Toutes les plantes sont bannies car elles ont provoqué une catastrophe dans le passé et un peu comme dans Fahrenheit 451 des brigades sont chargées d'éliminer tout ce qui n'est pas dans la doxa. L'héroïne en fait partie et subrepticement décide contrairement à son devoir de conserver des graines de tomates et de faire pousser ça dans une pièce, en cachette de son mari. Mais aussi elle doit se procurer de l'eau qui est rationnée et surveillée. Une dystopie qui ne révolutionne pas le genre mais une bonne lecture.
Villes et infrastructure
Cet album de Kago contient plusieurs courtes histoires de quelques pages, à la frontière de plusieurs genres car il y a de l'humour et de l'absurde, de l'érotique et du scato, un peu de gore mais pas ce qu'il a fait de pire dans le genre. A réserver à un public averti néanmoins, la couverture montrant une des histoires qui est loin d'être la plus trash. On a par exemple un homme dont les problèmes de dents sont liés à l'état des buildings de la ville, en lien avec le titre. Mais d'autres ne sont pas forcément dans cette thématique, comme cette enfant qui utilise beaucoup de papier toilette, et sa mère cherche à savoir pourquoi, avec de bons gros plans je vous passe les détails. Voilà un auteur atypique que j'aime bien et son dessin est très soigné.
Le Poids de l'ombre
Étrange histoire, pas dénuée de qualités, mais qui m’a quand même déçu. La narration est assez littéraire (pas mal de longs textes décrivant l’état d’esprit du héros, Aldebarran, ce vers quoi va aller l’intrigue). Ça n’est pas inutile, tant cette histoire manque singulièrement de clarté, mais ce texte parfois poétique, s’il se marie bien aux étendues désertiques dans lesquelles l’histoire se développe, n’est pas toujours clair, et il débouche au final sur quelque chose de décevant. En effet, outre le manque de clarté, la fin est brutale et étonnante (je n’ai rien compris au retour de Féline !?, ni à l’identité des cavaliers noirs…), et les pérégrinations du héros ne m’ont pas passionné. On ne s’attache pas à lui, ballotté qu’il est par les événements, presque tous les personnages rencontrés, et aussi par un scénario un peu obscur, personnage semblant épris de récits mythiques et en quête d’amour, un type qui couche avec 100 % des femmes rencontrées sans trop se poser de questions. Dessin et colorisation ne sont pas désagréables, mais font bien leur âge. Le rendu est un chouia trop terne ou tamisé à mon goût, mais c’est affaire de goût, et l’ensemble passe bien de toute façon. Une lecture qui m’a laissé sur ma faim donc.
Destins coréens
Au fil des albums, Jung poursuit sa quête d’identité, mais aussi propose à son lectorat de découvrir certains aspects de la société coréenne, en particulier, puisque ça a été au cœur de son expérience personnelle, les nombreuses adoptions « forcées », en tout cas pas vraiment choisies par les mères. Ici, c’est encore un récit en partie autobiographique, mais qui est construit autour d’une jeune Coréenne, avec laquelle il est entré en contact après que celle-ci ait découvert une de ses BD : tombée enceinte – le « père » l’ayant abandonnée, cette femme, « Joy », est victime des lourds carcans de la société coréenne. « Fille perdue », ses études – et sa vie sociale – mises entre parenthèse, elle peine à supporter seule la violence des injonctions sociales, alors qu’aucune aide de l’État ne peut alléger son fardeau, des institutions ayant pignon sur rue la poussant même à abandonner son enfant pour qu’il soit adopté. Les questionnements habituels de Jung s’entremêlent à l’histoire de Joy, jusqu’aux brèves retrouvailles finales. Jung parvient à dresser le portrait de Joy, tout en dressant celui – plus sombre – d’une société hypocrite et sexiste, dans laquelle les femmes ne bénéficient clairement pas des mêmes droits que les hommes (cela ressemble pas mal à ce que nous avons pu connaître en France jusqu’aux années 1960/1970). La narration est fluide. Ceci est accentué par le dessin, toujours aussi agréable – dessin assez simplifié au niveau des décors, souvent absent, tout se concentrant sur les personnages. Une lecture intéressante.
Un petit pas pour l'homme, un croche-patte pour l'humanité
J’ai lu le premier tome de ce recueil d’histoires courtes (de deux à trois pages), qui nous propose une sorte d’encyclopédie historique, en présentant quelques moments fort de l’Histoire de l’humanité, quelques inventions plus ou moins célèbres et essentielles. Libon joue sur de petits décalages, un peu d’absurde et de loufoque, pour une Histoire des connaissances qui ne se prend bien évidemment jamais au sérieux. De l’approximation volontairement fragile pour présenter des inventions prétendument majeures. D’autres ont déjà balisé ce terrain comme Gotlib (dans ses Rubrique-à-Brac entre autres) ou Goscinny (avec ce même Gotlib dans Les Dingodossiers ou avec Martial dans Les Divagations de Mr Sait-Tout) ou, dans un autre registre, Katia Even dans Le Petit derrière de l'Histoire. Libon joue sur un style clairement moins efficace et percutant que Goscinny et Gotlib (et aussi moins réussi et drôle, en tout cas plus inégal je trouve), alors même que son dessin, qui se prête bien aux strips, n’est a priori pas ma tasse de thé. Malgré un langage parfois familier ça semble partir vers le trashouille, ça reste généralement assez soft, et l’humour proposé ne m’a pas toujours convaincu. Une petite lecture d’emprunt.
Wolverine - Snikt !
J’ai vraiment passé un bon moment avec Wolverine – Snikt !. Oui, le scénario est léger et clairement pas très développé, mais je trouve que beaucoup d’avis que j’ai pu lire sont franchement trop sévères. On sait à quoi s’attendre avec Nihei : ce n’est pas un auteur qui mise sur les dialogues ou la complexité narrative, mais sur l’ambiance, le rythme et la puissance visuelle. Et de ce côté-là, j’ai été servi. J’ai trouvé les illustrations splendides : les décors démesurés, les environnements métalliques et post-apocalyptiques, cette sensation d’immensité et de solitude… tout ça crée une atmosphère qui m’a vraiment accroché. Wolverine est presque une silhouette mythique qui avance dans un monde en ruine, et j’ai adoré cette approche. Ça se lit très vite, ça ne raconte pas mille choses, mais ça fonctionne. Pour moi, c’est un one-shot à savourer pour son univers, son style et son énergie visuelle, plus que pour son intrigue. Et dans ce cadre-là, je trouve que c’est une réussite.