3.5
Pour l'instant, c'est le récit de Tillie Walden que j'ai le plus apprécié. Il faut dire que le récit fait partie d'un genre que j'aime bien: la science-fiction, mais qui mélange du fantastique donc tout peut arriver, c'est pas de la science-fiction classique avec des trucs que j'ai déjà vus plein de fois.
Le scénario est dense et il faut prendre son temps pour bien lire l'album, le genre de lecture parfait si on a deux ou trois heures où on n'a rien à faire. Encore une fois avec cette autrice, le rythme est un peu lent, mais cela ne m'a pas dérangé parce que le scénario est plutôt prenant et les personnages sont attachants. En tout cas, je ne vois pas trop quoi dire de plus que les autres avis hormis que j'ai bien aimé ma lecture et que ça se lit bien malgré le fait que ça fait plus de 500 pages. Je comprends que cela risque de faire peur à quelques lecteurs, mais la narration est fluide et cela ne parait jamais trop long. On retrouve des thèmes que l'autrice aime bien développer comme l'amour entre deux filles.
Le dessin est très bon comme c'est toujours le cas avec Walden.
On est là sur un terrain déjà pas mal balisé, un chemin quasiment encombré même : celui de l’humour con et décalé, usant d’un dessin statique avec des personnages aux réparties absconses, inadaptées à la situation.
Je suis a priori amateur de ce type d’humour et, même si on n’atteint pas les sommets de certains Fabcaro, cet album se révèle quand même suffisamment amusant pour contenter les amateurs du genre. Il se situe dans une honnête moyenne de ce type de production, mais plusieurs gags sont réussis, loufoques, grotesques, avec des personnages osant le n’importe quoi.
Pas d’histoire construite, on est dans le pur gag, avec la plupart du temps une seule image par page. C’est inégal, mais globalement sympa.
Étant donné le nombre d’album ayant déjà traité la grande boucherie de la première guerre mondiale, il est difficile de renouveler l’intérêt du lecteur. Choisir un angle nouveau, éclairer des faits peu ou mal connus ? C’est ce dernier choix que nous propose Victor Lepointe.
En effet, il se focalise sur un point particulier du front, une longue bataille dans une partie du massif des Vosges entre chasseurs français et soldats allemands, en 1915. Je ne connaissais pas du tout cette bataille. Mais, à part le décor montagnard, elle ne se distingue hélas pas des autres boucheries (dont l’acmé sera atteinte avec Verdun et la Somme l’année suivante, avec des résultats identiques : énormément de morts pour une modification marginale du front). Les ordres inconséquents de l’état-major, qui envoie par vagues successives des milliers d’hommes face à des nids de mitrailleuses bien fortifiés reste la marque de fabrique de certains gradés – auquel on ne demandera jamais de compte à ce propos !
C’est donc un combat désespéré, dans lequel nous suivons un jeune soldat se débattre au milieu du carnage. Là rien d’original, et, si la narration est fluide, agréable, elle est linéaire. Si le sujet n’était pas si dramatique, on dirait que le rythme est monotone.
Mais le dessin de Lepointe est franchement très bon, et surtout très beau. Paysages de désastre, hommes devenus des bêtes jusqu’aux corps à corps hallucinés, son travail magnifie l’horreur, et rend cette lecture agréable. Et, finalement, l’hommage rendu à tous ces morts, oubliés de la grande histoire car perdus sur un champ de bataille marginal, est globalement réussi.
Merdre, encore un album que je termine avec un ressenti plus que mitigé…
Le postulat de base autour des IA développant une conscience, devenant à proprement parlé des être vivants mécaniques/numériques, la création d'êtres artificiels (robots comme clones) pour parler des parents traitant leurs enfants comme des créatures sur lesquel-le-s iels auraient tous les droits, l'histoire d'amour hors-norme, l'inspiration (d'après l'autrice elle-même) de certaines philosophies asiatiques, … Tout ça promettait beaucoup.
Pourtant, je me suis ennuyée.
Oui, ennuyée. J'ai lu l'album mais sans réel plaisir, j'ai vraiment essayé de continuer jusqu'au bout dans l'espoir qu'à un moment je trouve enfin cela bien, que je parvienne à rentrer dans l'histoire, mais rien n'y faisais : je m'ennuyais.
Est-ce parce que l'histoire est trop convenue ? Il y a de ça mais j'aurais pu tout de même monter jusqu'à la moyenne si ça avait été simplement ça.
Est-ce alors parce que l'histoire est un peu trop cul-cul à mon goût ? C'est vrai qu'elle m'a laissé de marbre, particulièrement en ce qui concerne la romance que j'ai proprement trouvée bateau, mais ce n'est toujours pas le vrai problème je trouve.
En fait, j'ai eu le déclic à la moitié de l'album : la narration est floue. J'entends par là que le rythme est chaotique (assez indéfinissable même), les évènements et les personnages semblent opérer des sortes de "sauts" inexpliqués entre certaines cases (il manque des "actions intermédiaires" si vous voulez), j'ai vraiment eu l'impression que toute l'histoire baignait dans une espèce de flottement étrange empêchant de rendre concrète l'histoire et ses personnages. De cet état de fait, malheureusement, je ne pouvais donc ne ressentir qu'un profond détachement face à l'album.
Il a de bonnes qualités sur le papier, mais elles ne parviennent pas à briller avec tous ces petits défauts de forme. Le dessin non plus ne m'a pas vraiment parlé (j'ai trouvé les personnages un peu trop figés), même si je lui reconnais de bonnes idées sur les passages un peu plus "oniriques".
Dommage.
Une série où l’on retrouve un duo qui a produit un des chefs-d’œuvre de la grande époque des Humanos, L'Incal, deux auteurs qui n’ont jamais laissé indifférents leurs lecteurs. Et qui, sur cette série, divisent fortement si j’en crois la ventilation des avis. J’ai déjà énormément lu du Jodorowsky, avec un plaisir inégal, et je suis un très grand fan de Jean Giraud/Moebius.
Je suis sorti avec un ressenti mitigé de la lecture de cette série. Le dessin de Moebius est à la fois classique et quelque peu surprenant. Disons que, sur le début (deux premiers tomes), on a un peu l’impression de voir du Giraud colorisé par du Moebius. En effet, son trait n’a pas l’épure moebiusienne (par contre les décors sont clairement peu détaillés). Sur la fin, sans arriver à l’épure qui signe ses grandes œuvres, Moebius fait évoluer son trait vers quelque chose de moins détaillé, alors même que je trouve que la colorisation n’a plus l’aspect un peu psyché et flashy du début. Les cases de ce dernier album sont aussi plus petites, et souvent trop remplies, moins agréables à lire.
Comme à son habitude, Jodo nous propose une histoire franchement foutraque, dans laquelle le fantastique s'invite, avec une quasi omniprésence du mysticisme, de questionnement autour de la religion, etc. C’est un sujet récurrent chez Jodo, mais ici, cette quasi overdose donne un rendu souvent caricatural, outrancier et humoristique. En cela le personnage du professeur de philo Alain Mangel est une sorte d’avatar de Jodo (j’espère qu’il n’a pas vécu le même type de rupture conjugale par contre !).
En plus d’être foutraque, l’histoire est parsemée de passages érotiques (gentiment !). Éloignées de la Science-Fiction habituelle de Moebius, ces touches érotiques peuvent surprendre. Mais les deux hommes feront avec Griffes d'Ange un album plus centré sur le genre (et Moebius participera ensuite à l’album collectif Ode à l'X.
Au final, une série plus atypique pour Moebius que pour Jodo, et qui je pense est à réserver aux amateurs des deux auteurs, tant l’histoire s’éloigne du main stream.
Je n'avais pas accroché au seul one-shot de Tillie Walden que j'avais lu jusqu'à présent, mais j'ai décidé de lui donner une seconde chance en lisant quelques autres de ses œuvres.
Cet album est bon quoique je serai moins enthousiaste que les autres posteurs. Le point fort du récit est selon moi son dessin. C'est incroyable à quel point l'autrice a réussi à maitriser la mise en scène à un âge aussi jeune ! Il y a des cases absolument superbes à regarder. Quant au scénario, c'est un road movie classique avec deux personnages qui vont se redécouvrir et révéler leurs blessures intimes. Ce n'est pas le genre de récit que j'apprécie le plus, mais c'est efficace et aussi cela se lit facilement.
J'ai bien aimé ma lecture sans toutefois trouver que c'était passionnant à lire. Il n'y a qu'une scène très forte qui m'a réellement marqué et qui m'a paru excellente. Je ne veux pas en dire plus pour ne pas gâcher la lecture, mais je pense que ceux qui ont lu l'album vont savoir de quelle scène je parle.
Après Salade César, Waterlose et Troie Zéro, Karibou et Duparcmeur remettent le couvert et décident de nous remanier une nouvelle fois un évènement historique à la sauce absurde. Ici, Jeanne d'Arc, célèbre pucelle qui a libéré le Royaume de France de ses envahisseurs sur la volonté de Dieu.
Mais problème : Dieu n'a jamais rien demandé à Jeanne et se retrouve obligé à descendre sur Terre pour tenter de la convaincre d'arrêter cette folie (ou au minimum se convaincre de ne pas raser l'humanité avec un p'tit déluge, histoire d'éviter les migraines). Sauf que Jeanne ne veut rien entendre : elle SAIT que Dieu lui a demandé de libérer le Royaume de France de ses envahisseurs (c'est important de le dire en entier parce que sinon après ça fait des quiproquos).
Nous suivrons donc Jeanne dans sa mission de libération pleine de batailles, de trahisons, d'anachronismes, d'andouillettes et de passionnants débats sur la taxonomie de la vie aquatique, sous le regard médusé de Dieu qui commence à couver une méchante dépression.
La forme d'humour est classique, c'est de l'absurde reposant sur des personnages extrêmement cons et des personnages bien plus conscients mais minoritaires, impuissants face à la connerie générale (la bonne vieille formule du clown blanc et de l'auguste). C'est une formule qui marche et que j'apprécie beaucoup.
Sauf que, malheureusement, je n'ai pas entamé cette lecture dans la positivité.
J'avais adoré Salade César et Waterlose, mais, comme beaucoup, j'avais noté au fil des créations du duo que la qualité n'était pas toujours au rendez-vous et baissait progressivement d'album en album (ou en tout cas que cela ne se renouvelait plus trop). Je craignais donc que ce nouvel album continue la pente descendante empruntée jusque là et que la qualité s'avère peut-être même mauvaise. J'ai donc commencé cette lecture avec beaucoup d'apriori.
Au début je n'ai pas trouvé ça très drôle. La forme m'a parlée, le ton con-con était familier, et pourtant j'ai trouvé le tout un peu trop convenu, décevant. Puis, miracle, au bout d'une dizaine de page, j'ai enfin commencé à rigoler. Beaucoup de gags moyens du début servaient en fait pour beaucoup d'amorces pour des running gags plus tard, l'ambiance s'est installée, la connerie de plus en plus prononcée des personnages contrastée par les deux/trois seuls personnages sensés ont fait mouche, bref ça finit par devenir drôle. Bon, toujours pas au niveau de Salade César, qui reste pour moi le meilleur du lot, mais je pense qu'on est tout de même revenu sur le niveau de Waterlose, perfectible mais tout de même réussi (en tout cas, ça fait rire et c'est déjà une très bonne qualité).
Malheureusement pas un chef d'œuvre ou un renouveau du genre, effectivement, mais je mentirais si je disais que l'album n'était pas bon.
La quatrième de couverture promettait un renouvellement du genre et personnellement j'ai surtout vu un enquêteur perde les pédales face à un sérial killer (ou dans ce cas une sérial killer) très intelligent et manipulateur comme il y a en eu des dizaines depuis Hannibal Lecter.
J'avoue que le scénario en lui-même n'est pas mauvais et que je peux comprendre que d'autres lecteurs accrochent plus que moi, mais dans mon cas comme lecteur qui a lu ou vu des centaines de polars, ce one-shot n'apporte rien de nouveau. J'aurais peut-être été un peu plus indulgent si le récit avait été moins long parce que j'ai trouvé que c'était inutilement long. Il faut dire que je me foutais un peu des personnages et que je voulais donc que ça finisse le plus vite possible.
Il reste le dessin qui est pas mal et quelques scènes correctes, mais globalement j'ai trouvé que c'était ennuyeux à lire.
Ahhh que c’est dommage. J’aurais tant voulu apprécier pleinement cette version de la légende de la ville engloutie Ker-Is.
Mais si le dessin noir et blanc est de toute beauté, la narration plus qu’indigeste m’a complètement gâché le plaisir de lecture.
Je ne suis pourtant pas insensible au charme poétique des grandes envolées lyriques, j’aime les textes anciens et les épopées, mais là, les tartines absconses dans les dialogues des protagonistes rendent les situations à la limite du ridicule.
Il y avait matière à bien faire. L’histoire de Gradlon et Dahut, le dessin magnifique et la mise en page correcte pouvaient donner un bel ouvrage. Mais ces dialogues et ce récitatif, nom d’une pipe, pitié, non.
C’est vrai que je me serais bien passée aussi des quelques pages avec le couplet sur la Bretagne opprimée par l’état centralisateur. Mais ce n’est franchement pas ça qui m'a le plus rebuté.
Je l’ai trouvé en vide-grenier. J’hésite à le garder. Peut-être juste pour le dessin d'Auclair, comme un art-book, mais je ne le relirai pas, je ne tiendrai pas le coup une deuxième fois.
Acheté à la sortie du musée de peinture de Grenoble, enthousiasmée par ma vision de diverses estampes de toutes techniques depuis des xylographies de Dürer à des lithographies de Daumier en passant par des eaux-fortes de Rembrandt et de plein d'illustres inconnus talentueux dont... ce peintre et illustrateur/graveur célèbre en son temps ( le XIXème) Daubigny .
Rien de lyrique ou de dramatique, c'est une petite vie bien proprette et pleine de générosité avec un dessin attachant, qui serait peut-être brouillon s'il n'y avait la couleur... Bien sentie, elle évoque les aléas de la météo dans laquelle se complet ce peintre de la nature, dans la nature. Voyez la couverture, c'est fichtrement réussi tout de même !
Donc, c'est une histoire instructive et sympathique, on a envie de savoir la suite, et puis voilà . Empruntez-le à la bibliothèque, si vous aimez la peinture ou le XIXème siècle, ça vous parlera.
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Dans un rayon de soleil
3.5 Pour l'instant, c'est le récit de Tillie Walden que j'ai le plus apprécié. Il faut dire que le récit fait partie d'un genre que j'aime bien: la science-fiction, mais qui mélange du fantastique donc tout peut arriver, c'est pas de la science-fiction classique avec des trucs que j'ai déjà vus plein de fois. Le scénario est dense et il faut prendre son temps pour bien lire l'album, le genre de lecture parfait si on a deux ou trois heures où on n'a rien à faire. Encore une fois avec cette autrice, le rythme est un peu lent, mais cela ne m'a pas dérangé parce que le scénario est plutôt prenant et les personnages sont attachants. En tout cas, je ne vois pas trop quoi dire de plus que les autres avis hormis que j'ai bien aimé ma lecture et que ça se lit bien malgré le fait que ça fait plus de 500 pages. Je comprends que cela risque de faire peur à quelques lecteurs, mais la narration est fluide et cela ne parait jamais trop long. On retrouve des thèmes que l'autrice aime bien développer comme l'amour entre deux filles. Le dessin est très bon comme c'est toujours le cas avec Walden.
Dessins sous Alcide
On est là sur un terrain déjà pas mal balisé, un chemin quasiment encombré même : celui de l’humour con et décalé, usant d’un dessin statique avec des personnages aux réparties absconses, inadaptées à la situation. Je suis a priori amateur de ce type d’humour et, même si on n’atteint pas les sommets de certains Fabcaro, cet album se révèle quand même suffisamment amusant pour contenter les amateurs du genre. Il se situe dans une honnête moyenne de ce type de production, mais plusieurs gags sont réussis, loufoques, grotesques, avec des personnages osant le n’importe quoi. Pas d’histoire construite, on est dans le pur gag, avec la plupart du temps une seule image par page. C’est inégal, mais globalement sympa.
Le Tombeau des chasseurs (La Guerre des Loups - L'Enfer du Lingekopf)
Étant donné le nombre d’album ayant déjà traité la grande boucherie de la première guerre mondiale, il est difficile de renouveler l’intérêt du lecteur. Choisir un angle nouveau, éclairer des faits peu ou mal connus ? C’est ce dernier choix que nous propose Victor Lepointe. En effet, il se focalise sur un point particulier du front, une longue bataille dans une partie du massif des Vosges entre chasseurs français et soldats allemands, en 1915. Je ne connaissais pas du tout cette bataille. Mais, à part le décor montagnard, elle ne se distingue hélas pas des autres boucheries (dont l’acmé sera atteinte avec Verdun et la Somme l’année suivante, avec des résultats identiques : énormément de morts pour une modification marginale du front). Les ordres inconséquents de l’état-major, qui envoie par vagues successives des milliers d’hommes face à des nids de mitrailleuses bien fortifiés reste la marque de fabrique de certains gradés – auquel on ne demandera jamais de compte à ce propos ! C’est donc un combat désespéré, dans lequel nous suivons un jeune soldat se débattre au milieu du carnage. Là rien d’original, et, si la narration est fluide, agréable, elle est linéaire. Si le sujet n’était pas si dramatique, on dirait que le rythme est monotone. Mais le dessin de Lepointe est franchement très bon, et surtout très beau. Paysages de désastre, hommes devenus des bêtes jusqu’aux corps à corps hallucinés, son travail magnifie l’horreur, et rend cette lecture agréable. Et, finalement, l’hommage rendu à tous ces morts, oubliés de la grande histoire car perdus sur un champ de bataille marginal, est globalement réussi.
Les Particules infinies
Merdre, encore un album que je termine avec un ressenti plus que mitigé… Le postulat de base autour des IA développant une conscience, devenant à proprement parlé des être vivants mécaniques/numériques, la création d'êtres artificiels (robots comme clones) pour parler des parents traitant leurs enfants comme des créatures sur lesquel-le-s iels auraient tous les droits, l'histoire d'amour hors-norme, l'inspiration (d'après l'autrice elle-même) de certaines philosophies asiatiques, … Tout ça promettait beaucoup. Pourtant, je me suis ennuyée. Oui, ennuyée. J'ai lu l'album mais sans réel plaisir, j'ai vraiment essayé de continuer jusqu'au bout dans l'espoir qu'à un moment je trouve enfin cela bien, que je parvienne à rentrer dans l'histoire, mais rien n'y faisais : je m'ennuyais. Est-ce parce que l'histoire est trop convenue ? Il y a de ça mais j'aurais pu tout de même monter jusqu'à la moyenne si ça avait été simplement ça. Est-ce alors parce que l'histoire est un peu trop cul-cul à mon goût ? C'est vrai qu'elle m'a laissé de marbre, particulièrement en ce qui concerne la romance que j'ai proprement trouvée bateau, mais ce n'est toujours pas le vrai problème je trouve. En fait, j'ai eu le déclic à la moitié de l'album : la narration est floue. J'entends par là que le rythme est chaotique (assez indéfinissable même), les évènements et les personnages semblent opérer des sortes de "sauts" inexpliqués entre certaines cases (il manque des "actions intermédiaires" si vous voulez), j'ai vraiment eu l'impression que toute l'histoire baignait dans une espèce de flottement étrange empêchant de rendre concrète l'histoire et ses personnages. De cet état de fait, malheureusement, je ne pouvais donc ne ressentir qu'un profond détachement face à l'album. Il a de bonnes qualités sur le papier, mais elles ne parviennent pas à briller avec tous ces petits défauts de forme. Le dessin non plus ne m'a pas vraiment parlé (j'ai trouvé les personnages un peu trop figés), même si je lui reconnais de bonnes idées sur les passages un peu plus "oniriques". Dommage.
La Folle du Sacré-Coeur (Le Coeur couronné)
Une série où l’on retrouve un duo qui a produit un des chefs-d’œuvre de la grande époque des Humanos, L'Incal, deux auteurs qui n’ont jamais laissé indifférents leurs lecteurs. Et qui, sur cette série, divisent fortement si j’en crois la ventilation des avis. J’ai déjà énormément lu du Jodorowsky, avec un plaisir inégal, et je suis un très grand fan de Jean Giraud/Moebius. Je suis sorti avec un ressenti mitigé de la lecture de cette série. Le dessin de Moebius est à la fois classique et quelque peu surprenant. Disons que, sur le début (deux premiers tomes), on a un peu l’impression de voir du Giraud colorisé par du Moebius. En effet, son trait n’a pas l’épure moebiusienne (par contre les décors sont clairement peu détaillés). Sur la fin, sans arriver à l’épure qui signe ses grandes œuvres, Moebius fait évoluer son trait vers quelque chose de moins détaillé, alors même que je trouve que la colorisation n’a plus l’aspect un peu psyché et flashy du début. Les cases de ce dernier album sont aussi plus petites, et souvent trop remplies, moins agréables à lire. Comme à son habitude, Jodo nous propose une histoire franchement foutraque, dans laquelle le fantastique s'invite, avec une quasi omniprésence du mysticisme, de questionnement autour de la religion, etc. C’est un sujet récurrent chez Jodo, mais ici, cette quasi overdose donne un rendu souvent caricatural, outrancier et humoristique. En cela le personnage du professeur de philo Alain Mangel est une sorte d’avatar de Jodo (j’espère qu’il n’a pas vécu le même type de rupture conjugale par contre !). En plus d’être foutraque, l’histoire est parsemée de passages érotiques (gentiment !). Éloignées de la Science-Fiction habituelle de Moebius, ces touches érotiques peuvent surprendre. Mais les deux hommes feront avec Griffes d'Ange un album plus centré sur le genre (et Moebius participera ensuite à l’album collectif Ode à l'X. Au final, une série plus atypique pour Moebius que pour Jodo, et qui je pense est à réserver aux amateurs des deux auteurs, tant l’histoire s’éloigne du main stream.
Sur la route de West
Je n'avais pas accroché au seul one-shot de Tillie Walden que j'avais lu jusqu'à présent, mais j'ai décidé de lui donner une seconde chance en lisant quelques autres de ses œuvres. Cet album est bon quoique je serai moins enthousiaste que les autres posteurs. Le point fort du récit est selon moi son dessin. C'est incroyable à quel point l'autrice a réussi à maitriser la mise en scène à un âge aussi jeune ! Il y a des cases absolument superbes à regarder. Quant au scénario, c'est un road movie classique avec deux personnages qui vont se redécouvrir et révéler leurs blessures intimes. Ce n'est pas le genre de récit que j'apprécie le plus, mais c'est efficace et aussi cela se lit facilement. J'ai bien aimé ma lecture sans toutefois trouver que c'était passionnant à lire. Il n'y a qu'une scène très forte qui m'a réellement marqué et qui m'a paru excellente. Je ne veux pas en dire plus pour ne pas gâcher la lecture, mais je pense que ceux qui ont lu l'album vont savoir de quelle scène je parle.
Jeanne et Cierges
Après Salade César, Waterlose et Troie Zéro, Karibou et Duparcmeur remettent le couvert et décident de nous remanier une nouvelle fois un évènement historique à la sauce absurde. Ici, Jeanne d'Arc, célèbre pucelle qui a libéré le Royaume de France de ses envahisseurs sur la volonté de Dieu. Mais problème : Dieu n'a jamais rien demandé à Jeanne et se retrouve obligé à descendre sur Terre pour tenter de la convaincre d'arrêter cette folie (ou au minimum se convaincre de ne pas raser l'humanité avec un p'tit déluge, histoire d'éviter les migraines). Sauf que Jeanne ne veut rien entendre : elle SAIT que Dieu lui a demandé de libérer le Royaume de France de ses envahisseurs (c'est important de le dire en entier parce que sinon après ça fait des quiproquos). Nous suivrons donc Jeanne dans sa mission de libération pleine de batailles, de trahisons, d'anachronismes, d'andouillettes et de passionnants débats sur la taxonomie de la vie aquatique, sous le regard médusé de Dieu qui commence à couver une méchante dépression. La forme d'humour est classique, c'est de l'absurde reposant sur des personnages extrêmement cons et des personnages bien plus conscients mais minoritaires, impuissants face à la connerie générale (la bonne vieille formule du clown blanc et de l'auguste). C'est une formule qui marche et que j'apprécie beaucoup. Sauf que, malheureusement, je n'ai pas entamé cette lecture dans la positivité. J'avais adoré Salade César et Waterlose, mais, comme beaucoup, j'avais noté au fil des créations du duo que la qualité n'était pas toujours au rendez-vous et baissait progressivement d'album en album (ou en tout cas que cela ne se renouvelait plus trop). Je craignais donc que ce nouvel album continue la pente descendante empruntée jusque là et que la qualité s'avère peut-être même mauvaise. J'ai donc commencé cette lecture avec beaucoup d'apriori. Au début je n'ai pas trouvé ça très drôle. La forme m'a parlée, le ton con-con était familier, et pourtant j'ai trouvé le tout un peu trop convenu, décevant. Puis, miracle, au bout d'une dizaine de page, j'ai enfin commencé à rigoler. Beaucoup de gags moyens du début servaient en fait pour beaucoup d'amorces pour des running gags plus tard, l'ambiance s'est installée, la connerie de plus en plus prononcée des personnages contrastée par les deux/trois seuls personnages sensés ont fait mouche, bref ça finit par devenir drôle. Bon, toujours pas au niveau de Salade César, qui reste pour moi le meilleur du lot, mais je pense qu'on est tout de même revenu sur le niveau de Waterlose, perfectible mais tout de même réussi (en tout cas, ça fait rire et c'est déjà une très bonne qualité). Malheureusement pas un chef d'œuvre ou un renouveau du genre, effectivement, mais je mentirais si je disais que l'album n'était pas bon.
Une erreur de parcours
La quatrième de couverture promettait un renouvellement du genre et personnellement j'ai surtout vu un enquêteur perde les pédales face à un sérial killer (ou dans ce cas une sérial killer) très intelligent et manipulateur comme il y a en eu des dizaines depuis Hannibal Lecter. J'avoue que le scénario en lui-même n'est pas mauvais et que je peux comprendre que d'autres lecteurs accrochent plus que moi, mais dans mon cas comme lecteur qui a lu ou vu des centaines de polars, ce one-shot n'apporte rien de nouveau. J'aurais peut-être été un peu plus indulgent si le récit avait été moins long parce que j'ai trouvé que c'était inutilement long. Il faut dire que je me foutais un peu des personnages et que je voulais donc que ça finisse le plus vite possible. Il reste le dessin qui est pas mal et quelques scènes correctes, mais globalement j'ai trouvé que c'était ennuyeux à lire.
Bran Ruz
Ahhh que c’est dommage. J’aurais tant voulu apprécier pleinement cette version de la légende de la ville engloutie Ker-Is. Mais si le dessin noir et blanc est de toute beauté, la narration plus qu’indigeste m’a complètement gâché le plaisir de lecture. Je ne suis pourtant pas insensible au charme poétique des grandes envolées lyriques, j’aime les textes anciens et les épopées, mais là, les tartines absconses dans les dialogues des protagonistes rendent les situations à la limite du ridicule. Il y avait matière à bien faire. L’histoire de Gradlon et Dahut, le dessin magnifique et la mise en page correcte pouvaient donner un bel ouvrage. Mais ces dialogues et ce récitatif, nom d’une pipe, pitié, non. C’est vrai que je me serais bien passée aussi des quelques pages avec le couplet sur la Bretagne opprimée par l’état centralisateur. Mais ce n’est franchement pas ça qui m'a le plus rebuté. Je l’ai trouvé en vide-grenier. J’hésite à le garder. Peut-être juste pour le dessin d'Auclair, comme un art-book, mais je ne le relirai pas, je ne tiendrai pas le coup une deuxième fois.
Le Jardin de Daubigny
Acheté à la sortie du musée de peinture de Grenoble, enthousiasmée par ma vision de diverses estampes de toutes techniques depuis des xylographies de Dürer à des lithographies de Daumier en passant par des eaux-fortes de Rembrandt et de plein d'illustres inconnus talentueux dont... ce peintre et illustrateur/graveur célèbre en son temps ( le XIXème) Daubigny . Rien de lyrique ou de dramatique, c'est une petite vie bien proprette et pleine de générosité avec un dessin attachant, qui serait peut-être brouillon s'il n'y avait la couleur... Bien sentie, elle évoque les aléas de la météo dans laquelle se complet ce peintre de la nature, dans la nature. Voyez la couverture, c'est fichtrement réussi tout de même ! Donc, c'est une histoire instructive et sympathique, on a envie de savoir la suite, et puis voilà . Empruntez-le à la bibliothèque, si vous aimez la peinture ou le XIXème siècle, ça vous parlera.