Fils du Soleil est une bonne BD d’aventure maritime, efficace et agréable à lire, même sans connaître l’œuvre originale. Le cadre du Pacifique, loin des schémas classiques de la piraterie caribéenne, apporte un vrai dépaysement. Cet ancrage géographique et culturel différent fonctionne bien et donne au récit une identité rafraîchissante pour les amateurs de récits marins.
Le scénario est solide, rythmé et lisible. La progression est fluide, les enjeux clairs, et les personnages se dévoilent naturellement au fil des pages. On sent une base littéraire robuste, bien exploitée. En revanche, l’ensemble reste assez resserré : il manque un peu d’épaisseur et de nuances pour que les personnages marquent durablement ou que certaines situations gagnent en intensité émotionnelle.
Graphiquement, c’est un vrai plaisir. Le dessin est précis, très maîtrisé, avec un style graphique affirmé qui évoque un certain aspect rétro tout en restant pleinement moderne. La mise en scène est claire, l’ambiance bien posée, et le travail visuel soutient parfaitement le récit sans jamais l’alourdir.
Au final, une BD d’aventure maritime bien construite et efficace, qui se lit avec plaisir. Elle remplit parfaitement son rôle, mais il lui manque une touche de magie, de profondeur ou d’audace pour réellement s’imposer comme une œuvre marquante.
On a là un recueil d’adaptations de quelques-uns des auteurs classiques des récits d’horreur/épouvante, ou de fantastique noir « à l’ancienne ». Si l’album vise un public large, je le proposerais davantage à un lectorat adolescent.
Car, plus que d’horreur hystérique ou sanguinolente, on a là essentiellement des récits qui misent sur l’atmosphère inquiétante, une angoisse sourde qui n’est jamais poussée à son paroxysme.
Le résultat est globalement intéressant, même si je n’en suis pas forcément fan. Disons que c’est une sympathique lecture d’emprunt.
Gros coup de cœur. La série réussit un équilibre rare entre légèreté, humour et propos de fond. Le récit est très rythmé, porté par une toile volontairement loufoque qui rend la lecture fluide et réjouissante. Pour un public jeunesse, mettre en avant l'esprit au dessus de toute autre forme de 'force' est brillant.
L’héroïne est particulièrement réussie : profondément humaine, faillible, mais brillante dans sa manière d’affronter le monde. Les personnages secondaires assument pleinement leur côté cliché, mais de façon intelligente : ils incarnent des archétypes clairs qui servent la lisibilité et l’équilibre du récit plutôt que de l’appauvrir. L’ensemble fonctionne avec une grande justesse.
Graphiquement, le style n’est pas, à titre personnel, celui que je préfère spontanément. Mais objectivement, il est parfaitement en adéquation avec le ton et le contenu. La narration visuelle est limpide, expressive, et l’on se laisse très vite happer malgré toute réticence initiale. Le fait d’oublier complètement ce frein personnel est, en soi, la meilleure preuve de la qualité de l’œuvre.
Je n’avais pas connaissance de l’œuvre originale, ce qui conditionne forcément une partie de mon ressenti. Sur le principe, l’idée d’un récit centré sur la relation intime et contradictoire d’une personne « ordinaire » avec Allah est forte, pertinente, et promettait un angle intéressant, à la fois spirituel et humain. Cette tension entre foi, révolte et incohérence personnelle est clairement le point d’entrée le plus séduisant de la BD.
Dans les faits, le récit m’a laissé une impression de dureté appuyée, parfois presque gratuite. La trajectoire narrative est assez attendue et l’on se retrouve davantage face à un enchaînement de situations violentes ou oppressantes qu’à une véritable exploration de cette relation à Allah, qui finit par passer au second plan. Le propos est frontal, sans réel contrepoint ni respiration, ce qui rend la lecture pesante plus que marquante.
Graphiquement, le dessin est maîtrisé et cohérent avec l’univers, mais son rendu très épuré, presque “webcomic”, m’a semblé en décalage avec la gravité du fond. Cela atténue à mes yeux l’impact émotionnel du récit, alors même que le sujet appelait peut-être une mise en scène plus incarnée ou plus rugueuse.
Une œuvre qui repose sur une intention intéressante mais dont l’exécution m’a paru trop dure et trop convenue pour réellement convaincre.
Série jeunesse efficace, Castlewitch propose une aventure d’adolescents classique mais bien maîtrisée. On y retrouve tous les codes attendus : héros légèrement rebelle, guerre invisible aux adultes, bande soudée, parcours initiatique et montée en puissance progressive du groupe comme des individus. Rien de réellement surprenant sur le fond, mais l’ensemble se lit avec plaisir et cohérence.
Le scénario reste volontairement accessible et linéaire. Certains thèmes sont traités avec une subtilité appréciable pour une BD ado, sans jamais alourdir le récit. La force de la série tient davantage dans l’aventure adolescente fluide et lisible que dans une ambition narrative marquante.
Graphiquement, c'est agréable : dessin précis, univers esthétique bien posé et surtout des “Imaginaires” visuellement recherchés, qui apportent une vraie personnalité à l’ensemble. Une proposition bien calibrée, agréable, sans éclat particulier mais honnête dans son exécution.
Série très aboutie, qui déploie son récit de manière progressive et maîtrisée. Le scénario fonctionne clairement en crescendo : il démarre comme une aventure jeunesse assez classique pour révéler, au fil des tomes, une densité narrative et thématique bien plus riche. La lecture offre plusieurs niveaux d’interprétation, ce qui en fait à la fois une excellente BD pour enfants et une œuvre particulièrement pertinente pour un lectorat adulte.
L’univers est solidement construit et cohérent, avec un monde qui se dévoile sans lourdeur explicative. Les personnages gagnent en épaisseur au fil de l’aventure et deviennent progressivement très attachants, grâce à une évolution naturelle et crédible. Le collectif prime sur l’individu, ce qui renforce l’identité du récit et son originalité.
Graphiquement, le dessin adopte un style volontairement naïf et enfantin, parfaitement en adéquation avec l’univers, tout en faisant preuve d’une vraie précision et d’une recherche visuelle soutenue. Les thèmes abordés sont traités avec une réelle subtilité, sans moralisme appuyé, laissant place à une sensibilité sincère et intelligente.
Voila une BD originale dans son histoire et dans son traitement. C'est une satire de la Chine de Mao, celle où les slogans ont pris le pas sur la réalité, tandis que l'asservissement se généralise et que le peuple subit. Mais aussi une BD sur l'adolescence, la jeunesse et l'amour.
Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre à l'ouverture de la BD, mais très vite j'ai été conquis. Le trait de Alex W. Inker marche très bien avec le ton de la BD, coloré et en même temps massif dans les corps. Les personnages sont très baraqué, avec des traits de visages très marqués, voir durs, qui laissent éclater les émotions lorsqu'elles arrivent. Un trait qui va de paire avec son propos dans toute la BD.
Et l'histoire est franchement amusante. Sous la caricature évidente, la BD est une histoire d'amour adolescente, de celle qui va marquer à vie. Et cet amour simple, léger, qui ne s’embarrasse plus du reste du monde, devient le contrepoint de cette société chinoise. Alors que l'entre-soi et le népotisme s'installe, que le clientélisme et l'endoctrinement prennent toute la place, il y a ce couple réuni pendant une petite période, qui finit par tout rejeter, comprenant que tout cela est vain pour le bonheur. Le récit prend du temps à se développer, mais a des scènes vraiment belle, notamment lorsqu'ils rivalisent pour tout détruire dans la maison. Une belle métaphore de cette fouge qui les anime alors.
Je dois dire que j'ai beaucoup aimé la BD. Elle n'est pas dénuée d'humour, sait se faire sérieuse, joue sur les sentiments et porte un message sympathique. Une histoire que je ne m'attendais pas à lire mais qui est recommandée !
Ah oui, non, là j'ai pas franchement aimé le récit. C'est imputable à deux soucis : déjà j'ai eu du mal avec l'adaptation, et ensuite j'ai eu du mal avec le type de récit.
L'adaptation de livre en BD souffre souvent d'un défaut que j'ai déjà repéré sur d'autres lectures : la volonté de reprendre la narration du livre. Hors si les deux médias (BD et livres) sont souvent identifiés comme proche, j'estime qu'ils sont fondamentalement différents sur la forme. La BD est une narration visuelle, le livre est une narration narrative. Lorsqu'on décrit dans un livre, c'est le choix du mot, de la phrase, du rythme qui crée la fluidité et le plaisir de lecture. Dans une BD, c'est le dessin, son arrangement, sa façon de rythmer la page, les temps de narration par phylactère qui ponctuent l'action.
Bref, c'est une façon tout à fait différente de traiter le média, et cela n'empêche pas la BD d'être bavarde (je pense à la série Le Tueur qui comprend de long monologues dudit tueur). Mais ici, je vois et je sens que le texte est celui du livre, de l'auteur d'origine. Sauf que si je veux ce texte, je peux aller voir le livre. Là, j'ai une BD et je trouve que commencer directement par cette voix-off omnisciente qui n'est ni la voix d'un protagoniste ni un descriptif, mais bien la narration de l'auteur, manque clairement d'intérêt pour moi. La lecture devient celle d'un texte de livre mis en image, parfois en dialogue. Mais j'ai passé une bonne partie du début de la BD à me dire que j'aurais aimé voir ce texte réellement adapté.
C'est dommage puisque la BD en elle-même pose une ambiance avec son dessin de bas-fonds parisien, de tripot paumé et de gueules abimés. Ce dessin aurait mérité d'être développé plus et d'être le vrai support de la narration. C'est un défaut formel à mes yeux, et ça m'a agacé plus qu'autre chose lors de ma lecture.
L'autre souci, donc, c'est que le contenu de la lecture est très typé polar noir et que j'étais pas franchement convaincu. Le milieu militant anarchiste, gauche revendicatrice et révolutionnaire, l'ambiance de fin de conviction dans une France qui s'assagit pourrait être intéressante. Mais il manque les motivations de leurs anarchismes, les raisons d'y croire encore et de lutter, les violences de ce monde existantes ... D'ailleurs que le seul personnage féminin du récit s'auto-qualifie de pute directement pourrait être un commentaire sur la place sociétale des femmes, mais ne sert à rien au récit. Si ce n'est qu'elle est sexy et qu'un des types veut -et va- se la taper. Merci la potiche qu'on aurait pu remplacer par une plante en pot !
Ce qui est le plus embêtant, c'est que tout le contexte anarchistes et gauche révolutionnaire prête à faire des attentats ne sert presque pas. Le récit aurait été le même avec des truands ordinaires sur un gros coups, à la différence d'un message final laissé par un des types sur les erreurs de son engagement. Sauf que ce message est trop tardif, il n'y a pas eu de vrai engagement de leurs parts et la finalité est celle d'un coup qui tourne mal, comme je l'ai vu dans des dizaines d'histoires avec de simples mafieux. Je ne comprends pas trop l'importance de ce passé politique, toujours en marge mais jamais clairement traité. C'est un coup manqué pour moi, ce qui aurait donné l'intérêt à l'histoire.
Bref, une histoire qui a deux gros défauts que je me devais de reprendre parce qu'ils m'ont clairement bloqué lors de ma lecture. J'en ressors sans avoir de eu de réel plaisir de lecture ni d'intérêt à long terme. Je laisse cette BD à ceux qui l'apprécient, je m'en vais lire autre chose !
Ce tome introductif se laisse lire sans trop de problème, avec un scénario à la fois solide, classique et sans surprise. J’avoue qu’il m’en faut un peu plus pour que cela soit réellement captivant, alors que le genre western m’intéresse – tout comme le monde amérindien et sa « rencontre » désastreuse avec les conquérants anglo-saxons.
A l’image du scénario, le dessin est lui aussi classique et sans surprise, sans aspérité et, osons le dire, sans trop de personnalité. Et la colorisation (assistée par ordinateur ?) ne donne pas un rendu fabuleux je trouve.
Pour revenir à l’histoire elle-même, elle se situe au milieu des années 1860, au moment où le flot de colons/militaires est sur le point de submerger les territoires pourtant « définitivement » accordés aux tribus des plaines par le traité de Fort Laramie. Je déplore au passage que Marc Bourgne n’ait pas précisé davantage les différents traités (à la fois les détails, mais aussi qui les a respectés, qui les a trahis), ce qui rend un peu confuse l’attitude des Lakotas et des Cheyennes (l’intrigue se déroule surtout au milieu des Sioux, avec Sitting Bull comme personnage charismatique). Personnage lui aussi présenté de manière confuse (une courte bibliographie est présentée en début d’album, mais elle m’a paru succincte et assez fragile).
C’est une femme de l’Est, photographe et peintre qui est le personnage principale de la série (et qui est franchement improbable dans la société de l’époque – que ce soit parmi les Blancs ou parmi les Indiens !). Attirée par l’Ouest sauvage, par les Indiens (et par un chef sioux en particulier…), elle cherche à témoigner sur ce monde indien, et s’insurge contre l’attitude des Blancs de la « frontier ».
Hélas, en plus du caractère improbable de cette partie de l’intrigue, le reste est décevant (que ce soit trop classique ou trop « facile »). C’est un peu gentil et manichéen, tout en manquant de profondeur et de dynamisme.
A voir ce que la suite donnera, mais en l’état, je suis sorti déçu de ma lecture.
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Je reviens mettre à jour mon avis, après lecture/relecture de l'ensemble des trois tomes.
Certaines facilités sont encore notables (essentiellement autour du personnage central de Diane, et de ses allers-retours entre villages Lakotas et monde "blanc"), et certains passages manquent de liant, comme ce long passage où l'on nous explique le rituel du mariage chez les Lakotas (pas inintéressant, mais le ton employé, très "pédagogique", tranche trop avec la narration classique du reste de l'intrigue).
Mais, globalement, j'en suis venu à relativiser mes critiques initiales. En effet, ça se laisse lire agréablement, et les auteurs nous amènent tout naturellement au final, la bataille de la Little Big Horn (même si le personnage de Custer - sans aller aux outrances caricaturales de l'excellent film Little Big Man - aurait mérité d'être affiné: son côté raciste, arriviste et carriériste à outrance n'est pas trop visible).
C'est une série qui prend le temps de donner la parole aux Lakotas, sans trop les caricaturer, même si c'est parfois un peu simpliste (ce qui me ramène à la bibliographie citée en début d'albums, elle aussi très simple: au moins aurait-il fallu citer "Elan Noir parle", excellente porte d'entrée dans la pensée Lakota, qui plus est par quelqu'un qui était présent lors de la bataille de la Little Big Horn).
Mais les amateurs de westerns centrés sur les Indiens des plaines trouveront leur compte dans ce triptyque globalement bien mené, malgré les défauts évoqués plus hauts.
Je connais de loin l'auteur Golo Zhao dont j'ai directement reconnu le trait, mais c'est la première BD que je lis de sa part. Et c'est très mignon, peut-être un poil trop parfois, et quelque peu redondant dans les histoires présentées.
J'ai lu l'album sur quelques jours, puisqu'il s'agit de petites histoires indépendantes avec juste une personne qui lie les récits et sera le cœur de la dernière histoire. Chaque histoire est le récit d'une personne décédée et de sa vie, globalement autour des relations sociales. Celles-ci sont principalement amoureuses, mais il y a aussi des récits d'amitié qui parsèment l'ouvrage. Le tout dans une Chine contemporaine qui ne semble pas si dépaysante puisqu'on y retrouve les mêmes histoires : amitié qui s'effilochent, amour d'enfance, bagarres avec les grands, le temps qui passe... C'est une série mignonne, parfois un peu trop à mon goût avec cette tendance à être trop sucrée et bon sentiment, mais de temps en temps ça ne fait pas de mal. Comme les carreaux de chocolat.
L'histoire est servie par un dessin tout en rondeur et très coloré. C'est assez clair et lisible, même si parfois (je suppose traduction oblige) il y a des pavés de textes imprimés en tout petit qui sont franchement pas facile à lire. L'absence de bulles ne les fait pas ressortir du paysage, ce qui est dommage. Mais en dehors de ce détail, c'est assez clair et lisible.
Je dirais juste que la dernière histoire m'a paru la plus incompréhensible, cependant. C'est sans doute dû à deux personnages qui ont presque la même tête (c'est intégré au récit) mais j'ai eu du mal à comprendre qui était qui et ce qu'il s'était passé. Une dernière histoire pas des plus simples donc, mais le reste est de bonne facture. Une lecture sympathique et distrayante.
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Fils du Soleil
Fils du Soleil est une bonne BD d’aventure maritime, efficace et agréable à lire, même sans connaître l’œuvre originale. Le cadre du Pacifique, loin des schémas classiques de la piraterie caribéenne, apporte un vrai dépaysement. Cet ancrage géographique et culturel différent fonctionne bien et donne au récit une identité rafraîchissante pour les amateurs de récits marins. Le scénario est solide, rythmé et lisible. La progression est fluide, les enjeux clairs, et les personnages se dévoilent naturellement au fil des pages. On sent une base littéraire robuste, bien exploitée. En revanche, l’ensemble reste assez resserré : il manque un peu d’épaisseur et de nuances pour que les personnages marquent durablement ou que certaines situations gagnent en intensité émotionnelle. Graphiquement, c’est un vrai plaisir. Le dessin est précis, très maîtrisé, avec un style graphique affirmé qui évoque un certain aspect rétro tout en restant pleinement moderne. La mise en scène est claire, l’ambiance bien posée, et le travail visuel soutient parfaitement le récit sans jamais l’alourdir. Au final, une BD d’aventure maritime bien construite et efficace, qui se lit avec plaisir. Elle remplit parfaitement son rôle, mais il lui manque une touche de magie, de profondeur ou d’audace pour réellement s’imposer comme une œuvre marquante.
Histoire(s) à dormir debout (Macabre)
On a là un recueil d’adaptations de quelques-uns des auteurs classiques des récits d’horreur/épouvante, ou de fantastique noir « à l’ancienne ». Si l’album vise un public large, je le proposerais davantage à un lectorat adolescent. Car, plus que d’horreur hystérique ou sanguinolente, on a là essentiellement des récits qui misent sur l’atmosphère inquiétante, une angoisse sourde qui n’est jamais poussée à son paroxysme. Le résultat est globalement intéressant, même si je n’en suis pas forcément fan. Disons que c’est une sympathique lecture d’emprunt.
De Cape et de Mots
Gros coup de cœur. La série réussit un équilibre rare entre légèreté, humour et propos de fond. Le récit est très rythmé, porté par une toile volontairement loufoque qui rend la lecture fluide et réjouissante. Pour un public jeunesse, mettre en avant l'esprit au dessus de toute autre forme de 'force' est brillant. L’héroïne est particulièrement réussie : profondément humaine, faillible, mais brillante dans sa manière d’affronter le monde. Les personnages secondaires assument pleinement leur côté cliché, mais de façon intelligente : ils incarnent des archétypes clairs qui servent la lisibilité et l’équilibre du récit plutôt que de l’appauvrir. L’ensemble fonctionne avec une grande justesse. Graphiquement, le style n’est pas, à titre personnel, celui que je préfère spontanément. Mais objectivement, il est parfaitement en adéquation avec le ton et le contenu. La narration visuelle est limpide, expressive, et l’on se laisse très vite happer malgré toute réticence initiale. Le fait d’oublier complètement ce frein personnel est, en soi, la meilleure preuve de la qualité de l’œuvre.
Confidences à Allah
Je n’avais pas connaissance de l’œuvre originale, ce qui conditionne forcément une partie de mon ressenti. Sur le principe, l’idée d’un récit centré sur la relation intime et contradictoire d’une personne « ordinaire » avec Allah est forte, pertinente, et promettait un angle intéressant, à la fois spirituel et humain. Cette tension entre foi, révolte et incohérence personnelle est clairement le point d’entrée le plus séduisant de la BD. Dans les faits, le récit m’a laissé une impression de dureté appuyée, parfois presque gratuite. La trajectoire narrative est assez attendue et l’on se retrouve davantage face à un enchaînement de situations violentes ou oppressantes qu’à une véritable exploration de cette relation à Allah, qui finit par passer au second plan. Le propos est frontal, sans réel contrepoint ni respiration, ce qui rend la lecture pesante plus que marquante. Graphiquement, le dessin est maîtrisé et cohérent avec l’univers, mais son rendu très épuré, presque “webcomic”, m’a semblé en décalage avec la gravité du fond. Cela atténue à mes yeux l’impact émotionnel du récit, alors même que le sujet appelait peut-être une mise en scène plus incarnée ou plus rugueuse. Une œuvre qui repose sur une intention intéressante mais dont l’exécution m’a paru trop dure et trop convenue pour réellement convaincre.
Castlewitch
Série jeunesse efficace, Castlewitch propose une aventure d’adolescents classique mais bien maîtrisée. On y retrouve tous les codes attendus : héros légèrement rebelle, guerre invisible aux adultes, bande soudée, parcours initiatique et montée en puissance progressive du groupe comme des individus. Rien de réellement surprenant sur le fond, mais l’ensemble se lit avec plaisir et cohérence. Le scénario reste volontairement accessible et linéaire. Certains thèmes sont traités avec une subtilité appréciable pour une BD ado, sans jamais alourdir le récit. La force de la série tient davantage dans l’aventure adolescente fluide et lisible que dans une ambition narrative marquante. Graphiquement, c'est agréable : dessin précis, univers esthétique bien posé et surtout des “Imaginaires” visuellement recherchés, qui apportent une vraie personnalité à l’ensemble. Une proposition bien calibrée, agréable, sans éclat particulier mais honnête dans son exécution.
Bergères Guerrières
Série très aboutie, qui déploie son récit de manière progressive et maîtrisée. Le scénario fonctionne clairement en crescendo : il démarre comme une aventure jeunesse assez classique pour révéler, au fil des tomes, une densité narrative et thématique bien plus riche. La lecture offre plusieurs niveaux d’interprétation, ce qui en fait à la fois une excellente BD pour enfants et une œuvre particulièrement pertinente pour un lectorat adulte. L’univers est solidement construit et cohérent, avec un monde qui se dévoile sans lourdeur explicative. Les personnages gagnent en épaisseur au fil de l’aventure et deviennent progressivement très attachants, grâce à une évolution naturelle et crédible. Le collectif prime sur l’individu, ce qui renforce l’identité du récit et son originalité. Graphiquement, le dessin adopte un style volontairement naïf et enfantin, parfaitement en adéquation avec l’univers, tout en faisant preuve d’une vraie précision et d’une recherche visuelle soutenue. Les thèmes abordés sont traités avec une réelle subtilité, sans moralisme appuyé, laissant place à une sensibilité sincère et intelligente.
Servir le peuple
Voila une BD originale dans son histoire et dans son traitement. C'est une satire de la Chine de Mao, celle où les slogans ont pris le pas sur la réalité, tandis que l'asservissement se généralise et que le peuple subit. Mais aussi une BD sur l'adolescence, la jeunesse et l'amour. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre à l'ouverture de la BD, mais très vite j'ai été conquis. Le trait de Alex W. Inker marche très bien avec le ton de la BD, coloré et en même temps massif dans les corps. Les personnages sont très baraqué, avec des traits de visages très marqués, voir durs, qui laissent éclater les émotions lorsqu'elles arrivent. Un trait qui va de paire avec son propos dans toute la BD. Et l'histoire est franchement amusante. Sous la caricature évidente, la BD est une histoire d'amour adolescente, de celle qui va marquer à vie. Et cet amour simple, léger, qui ne s’embarrasse plus du reste du monde, devient le contrepoint de cette société chinoise. Alors que l'entre-soi et le népotisme s'installe, que le clientélisme et l'endoctrinement prennent toute la place, il y a ce couple réuni pendant une petite période, qui finit par tout rejeter, comprenant que tout cela est vain pour le bonheur. Le récit prend du temps à se développer, mais a des scènes vraiment belle, notamment lorsqu'ils rivalisent pour tout détruire dans la maison. Une belle métaphore de cette fouge qui les anime alors. Je dois dire que j'ai beaucoup aimé la BD. Elle n'est pas dénuée d'humour, sait se faire sérieuse, joue sur les sentiments et porte un message sympathique. Une histoire que je ne m'attendais pas à lire mais qui est recommandée !
Nada
Ah oui, non, là j'ai pas franchement aimé le récit. C'est imputable à deux soucis : déjà j'ai eu du mal avec l'adaptation, et ensuite j'ai eu du mal avec le type de récit. L'adaptation de livre en BD souffre souvent d'un défaut que j'ai déjà repéré sur d'autres lectures : la volonté de reprendre la narration du livre. Hors si les deux médias (BD et livres) sont souvent identifiés comme proche, j'estime qu'ils sont fondamentalement différents sur la forme. La BD est une narration visuelle, le livre est une narration narrative. Lorsqu'on décrit dans un livre, c'est le choix du mot, de la phrase, du rythme qui crée la fluidité et le plaisir de lecture. Dans une BD, c'est le dessin, son arrangement, sa façon de rythmer la page, les temps de narration par phylactère qui ponctuent l'action. Bref, c'est une façon tout à fait différente de traiter le média, et cela n'empêche pas la BD d'être bavarde (je pense à la série Le Tueur qui comprend de long monologues dudit tueur). Mais ici, je vois et je sens que le texte est celui du livre, de l'auteur d'origine. Sauf que si je veux ce texte, je peux aller voir le livre. Là, j'ai une BD et je trouve que commencer directement par cette voix-off omnisciente qui n'est ni la voix d'un protagoniste ni un descriptif, mais bien la narration de l'auteur, manque clairement d'intérêt pour moi. La lecture devient celle d'un texte de livre mis en image, parfois en dialogue. Mais j'ai passé une bonne partie du début de la BD à me dire que j'aurais aimé voir ce texte réellement adapté. C'est dommage puisque la BD en elle-même pose une ambiance avec son dessin de bas-fonds parisien, de tripot paumé et de gueules abimés. Ce dessin aurait mérité d'être développé plus et d'être le vrai support de la narration. C'est un défaut formel à mes yeux, et ça m'a agacé plus qu'autre chose lors de ma lecture. L'autre souci, donc, c'est que le contenu de la lecture est très typé polar noir et que j'étais pas franchement convaincu. Le milieu militant anarchiste, gauche revendicatrice et révolutionnaire, l'ambiance de fin de conviction dans une France qui s'assagit pourrait être intéressante. Mais il manque les motivations de leurs anarchismes, les raisons d'y croire encore et de lutter, les violences de ce monde existantes ... D'ailleurs que le seul personnage féminin du récit s'auto-qualifie de pute directement pourrait être un commentaire sur la place sociétale des femmes, mais ne sert à rien au récit. Si ce n'est qu'elle est sexy et qu'un des types veut -et va- se la taper. Merci la potiche qu'on aurait pu remplacer par une plante en pot ! Ce qui est le plus embêtant, c'est que tout le contexte anarchistes et gauche révolutionnaire prête à faire des attentats ne sert presque pas. Le récit aurait été le même avec des truands ordinaires sur un gros coups, à la différence d'un message final laissé par un des types sur les erreurs de son engagement. Sauf que ce message est trop tardif, il n'y a pas eu de vrai engagement de leurs parts et la finalité est celle d'un coup qui tourne mal, comme je l'ai vu dans des dizaines d'histoires avec de simples mafieux. Je ne comprends pas trop l'importance de ce passé politique, toujours en marge mais jamais clairement traité. C'est un coup manqué pour moi, ce qui aurait donné l'intérêt à l'histoire. Bref, une histoire qui a deux gros défauts que je me devais de reprendre parce qu'ils m'ont clairement bloqué lors de ma lecture. J'en ressors sans avoir de eu de réel plaisir de lecture ni d'intérêt à long terme. Je laisse cette BD à ceux qui l'apprécient, je m'en vais lire autre chose !
Le Sentier de la Guerre
Ce tome introductif se laisse lire sans trop de problème, avec un scénario à la fois solide, classique et sans surprise. J’avoue qu’il m’en faut un peu plus pour que cela soit réellement captivant, alors que le genre western m’intéresse – tout comme le monde amérindien et sa « rencontre » désastreuse avec les conquérants anglo-saxons. A l’image du scénario, le dessin est lui aussi classique et sans surprise, sans aspérité et, osons le dire, sans trop de personnalité. Et la colorisation (assistée par ordinateur ?) ne donne pas un rendu fabuleux je trouve. Pour revenir à l’histoire elle-même, elle se situe au milieu des années 1860, au moment où le flot de colons/militaires est sur le point de submerger les territoires pourtant « définitivement » accordés aux tribus des plaines par le traité de Fort Laramie. Je déplore au passage que Marc Bourgne n’ait pas précisé davantage les différents traités (à la fois les détails, mais aussi qui les a respectés, qui les a trahis), ce qui rend un peu confuse l’attitude des Lakotas et des Cheyennes (l’intrigue se déroule surtout au milieu des Sioux, avec Sitting Bull comme personnage charismatique). Personnage lui aussi présenté de manière confuse (une courte bibliographie est présentée en début d’album, mais elle m’a paru succincte et assez fragile). C’est une femme de l’Est, photographe et peintre qui est le personnage principale de la série (et qui est franchement improbable dans la société de l’époque – que ce soit parmi les Blancs ou parmi les Indiens !). Attirée par l’Ouest sauvage, par les Indiens (et par un chef sioux en particulier…), elle cherche à témoigner sur ce monde indien, et s’insurge contre l’attitude des Blancs de la « frontier ». Hélas, en plus du caractère improbable de cette partie de l’intrigue, le reste est décevant (que ce soit trop classique ou trop « facile »). C’est un peu gentil et manichéen, tout en manquant de profondeur et de dynamisme. A voir ce que la suite donnera, mais en l’état, je suis sorti déçu de ma lecture. ********************* Je reviens mettre à jour mon avis, après lecture/relecture de l'ensemble des trois tomes. Certaines facilités sont encore notables (essentiellement autour du personnage central de Diane, et de ses allers-retours entre villages Lakotas et monde "blanc"), et certains passages manquent de liant, comme ce long passage où l'on nous explique le rituel du mariage chez les Lakotas (pas inintéressant, mais le ton employé, très "pédagogique", tranche trop avec la narration classique du reste de l'intrigue). Mais, globalement, j'en suis venu à relativiser mes critiques initiales. En effet, ça se laisse lire agréablement, et les auteurs nous amènent tout naturellement au final, la bataille de la Little Big Horn (même si le personnage de Custer - sans aller aux outrances caricaturales de l'excellent film Little Big Man - aurait mérité d'être affiné: son côté raciste, arriviste et carriériste à outrance n'est pas trop visible). C'est une série qui prend le temps de donner la parole aux Lakotas, sans trop les caricaturer, même si c'est parfois un peu simpliste (ce qui me ramène à la bibliographie citée en début d'albums, elle aussi très simple: au moins aurait-il fallu citer "Elan Noir parle", excellente porte d'entrée dans la pensée Lakota, qui plus est par quelqu'un qui était présent lors de la bataille de la Little Big Horn). Mais les amateurs de westerns centrés sur les Indiens des plaines trouveront leur compte dans ce triptyque globalement bien mené, malgré les défauts évoqués plus hauts.
Passeur d'âmes
Je connais de loin l'auteur Golo Zhao dont j'ai directement reconnu le trait, mais c'est la première BD que je lis de sa part. Et c'est très mignon, peut-être un poil trop parfois, et quelque peu redondant dans les histoires présentées. J'ai lu l'album sur quelques jours, puisqu'il s'agit de petites histoires indépendantes avec juste une personne qui lie les récits et sera le cœur de la dernière histoire. Chaque histoire est le récit d'une personne décédée et de sa vie, globalement autour des relations sociales. Celles-ci sont principalement amoureuses, mais il y a aussi des récits d'amitié qui parsèment l'ouvrage. Le tout dans une Chine contemporaine qui ne semble pas si dépaysante puisqu'on y retrouve les mêmes histoires : amitié qui s'effilochent, amour d'enfance, bagarres avec les grands, le temps qui passe... C'est une série mignonne, parfois un peu trop à mon goût avec cette tendance à être trop sucrée et bon sentiment, mais de temps en temps ça ne fait pas de mal. Comme les carreaux de chocolat. L'histoire est servie par un dessin tout en rondeur et très coloré. C'est assez clair et lisible, même si parfois (je suppose traduction oblige) il y a des pavés de textes imprimés en tout petit qui sont franchement pas facile à lire. L'absence de bulles ne les fait pas ressortir du paysage, ce qui est dommage. Mais en dehors de ce détail, c'est assez clair et lisible. Je dirais juste que la dernière histoire m'a paru la plus incompréhensible, cependant. C'est sans doute dû à deux personnages qui ont presque la même tête (c'est intégré au récit) mais j'ai eu du mal à comprendre qui était qui et ce qu'il s'était passé. Une dernière histoire pas des plus simples donc, mais le reste est de bonne facture. Une lecture sympathique et distrayante.