Les derniers avis (29 avis)

Par Spooky
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Vie de Carabin
Vie de Carabin

Je ne peux qu'abonder dans presque tout ce qu'a écrit Bamiléké. Je ne fais pas partie du monde soignant, mais possède quelques personnes de l'art autour de moi, avec lesquelles il m'arrive de discuter de leur pratique. Ce qui me frappe donc en premier lieu c'est l'acuité de VéDéCé pour croquer les situations -souvent absurdes, souvent dramatiques- auxquelles lui-même et ses confrères sont confrontés au quotidien, ou lors de circonstances particulières. On ne se rend pas compte du délabrement matériel du milieu hospitalier. On ne se rend pas compte de l'état d'épuisement -pour ne pas dire plus- du personnel. On ne se rend pas compte de l'absurdité de la société, où un service public est perçu comme un bien de consommation... Dans le tome 4, par exemple, des gens appellent le SAMU pour être accompagnés à leur rendez-vous chez le médecin... juste parce que leur femme a pris la voiture aujourd'hui. Ou que c'est plus confortable. Ce serait hilarant si cela n'était pas dramatique, car une ambulance qui est appelée pour un malaise cardiaque simulé par la prétendue victime ne pourra pas aller secourir un enfant de 4 ans renversé par une voiture. Alors pour ne pas craquer face à tout ça, le personnel soignant préfère en rire, parfois à gorge déployée. Une manière comme une autre de se forger une carapace. Lors d'un bref passage aux urgences il y a quelques temps, j'ai vu de mes yeux un interne presque littéralement s'écrouler sous la pression et la fatigue, après je ne sais combien d'heures de garde. Je n'ai pu m'empêcher d'aller le voir et lui demander si ça allait... Le patient qui vient en soutien du soignant... Mention spéciale sur le tome 4, lorsque notre héros ordinaire, tout en faisant sa thèse, fait un stage de 6 mois dans le service local de SAMU... Une expérience pas piquée des hannetons, et qui montre elle aussi une fois encore l'état très particulier dans lequel se trouve le milieu sanitaire en France. Même si j'avais entendu parler de certaines des situations décrites (il y a des constantes), je n'ai pas pu m'empêcher d'être consterné par celles-ci, sachant qu'elles sont vraies (les circonstances, les noms ayant été changés pour des raisons évidentes). Dans le tome 5 le personnage de Max fait un stage en tant qu'aide-soignant dans un hôpital basique. Et là encore la rigolade, parfois jaune, est au rendez-vous. Entre les patients qui s'ingénient à faire chier (presque au sens littéral) le personnel paramédical, le mépris affiché par les médecins pour ce même personnel paramédical, y compris des futurs collègues, le manque de moyens et de personnel, il y a de quoi grincer des dents. Pourtant là encore le personnel tient le coup grâce aux petites joies du quotidien, ou à l'humour, parfois de connivence avec les patients... Et au détour des trucs joyeux, des moments carrément durs, comme le décès d'une patiente atteinte d'Alzheimer, que son mari vient voir tous les jours. Et à la remarque de l'aide-soignant "Pourquoi venez-vous la voir, alors qu'elle ne vous reconnaît plus", le mari a cette réponse ultime : "Je la reconnais, moi". C'est juste poignant. Vie de Carabin est un travail remarquable. Pas forcément sur le plan graphique, c'est presque du "gros nez", mais comme l'a remarqué mon camarade, il y a une telle énergie dans les situations, dans l'expressivité si particulière des gueules noires (quasiment des smileys), que les histoires passent toutes seules. A peine remarquerais-je que sur certaines doubles pages (en têtes de chapitres, par exemple), le sens de lecture des cases n'est pas toujours optimal, mais c'est vraiment pour pinailler. C'est du très, très bon boulot. Qui devrait se retrouver dans les salles d'attente de tous les cabinets de médecine de France et de Navarre, en plus des salles de repos des personnels hospitaliers.

20/09/2023 (MAJ le 05/11/2025) (modifier)
Couverture de la série Petits Dieux
Petits Dieux

Cette lecture est très déroutante. En effet la thématique principale de la série ( mémoire et maladie neurodégénérative) n'apparait clairement qu'à la page 50 ( sur 56) du T1.Et encore je dis clairement pour un lecteur aguerri qui a une expérience de cette situation. Le T2 est un peu plus explicite surtout grâce à une page introductive et un tableau des personnages qui donne plusieurs clés pour faciliter la lecture du récit. A mon avis le classement en jeunesse ne peut se justifier que pour un lectorat collège à l'esprit aiguisé. En effet si la construction du récit est originale, elle agit comme une sorte de leurre qui envoie le/la lecteur-trice dans un monde fantastique aux allures de manga dont on ne comprend pas grand chose dans tous ces lieux communs à ce type de récit. Puis peu à peu les pièces du puzzle se mettent en place dans un univers mi réel mi imaginaire en introduisant des thématiques plus lourdes: la maladie, la mort, l'oubli ou le dilemme parental entre vie pro et vie familiale. Tous ces thèmes ne sont pas nouveaux mais ici Mathieu Salvia construit un scénario millimétré, complexe avec des personnages imaginaires ou réels ayant une vraie profondeur psychologique. Le graphisme de Krystel n'est pas forcément mon préféré avec ce côté numérique trop marqué. Pourtant j'ai été séduit par sa modernité, son dynamisme et la très bonne expressivité des intervenants. Le mixte animalier, personnages de type manga et personnages de réalité fonctionne très bien. Une lecture originale qui demande une certaine ténacité pour en découvrir toute la richesse et l'imprévisibilité. Une lecture jeunesse d'un haut niveau qui parie sur l'intelligence de son lectorat.

05/11/2025 (modifier)
Par Vaudou
Note: 4/5
Couverture de la série Saria (Les Enfers)
Saria (Les Enfers)

Saria dépeint un univers hétéroclite, mélange de steampunk où se côtoient république de Venise et fascisme, démons et androïdes... La grande force de l'histoire est que cela fonctionne plutôt bien, même si le récit ouvre des portes (private joke, lisez et vous comprendrez) qu'il ne referme pas toujours. Dans le tome 2 Federici succède à Serpieri brillamment. Mais les vrais problèmes commencent au tome 3, qui est trop décousu. Il y a trop d'événements sortis de nul part qui désorientent le lecteur. Étonnamment c'est Federici lui même qui explique une des causes possibles dans un épilogue, en expliquant avoir eu carte blanche de la part de Dufaux pour rajouter des éléments à l'histoire. Ce n'était peut-être pas la meilleure chose à faire. Reste des dessins sublimes qui m'ont rappelé le travail et les illustrations d'Alex Ross. D'ailleurs Federici fera quelques incursions dans l'univers du comics par la suite.

04/11/2025 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5
Couverture de la série L'Oubliée du Radeau de la Méduse
L'Oubliée du Radeau de la Méduse

Si tout le monde connaît le célèbre tableau de Géricault, qui a par ailleurs donné naissance à une expression du langage courant, peu de gens connaissent véritablement l’histoire de ce chef d'œuvre et les faits horribles qui l’ont inspiré. C’est donc une très bonne idée qu’ont eu les auteurs de cette bande dessinée de remettre en lumière la mésaventure des passagers de ce radeau de fortune, construit à partir de l'épave de la frégate Méduse échouée sur un banc de sable au large des côtes africaines. S’ils se sont basés sur les témoignages des survivants, ils n’ont pas hésité à insérer de la fiction dans leur récit, ainsi qu’une dose de romance, le but étant peut-être d’adoucir l’âpreté de la catastrophe, qui aurait vu certains naufragés recourir au cannibalisme. Si ces actes sont bien évoqués ici, ils ne sont heureusement que suggérés, évitant toute surenchère dans l’horreur, et c’est tant mieux. C’est ainsi qu’ils ont transformé Blanche, la seule femme présente sur le radeau au milieu de 150 hommes (!), en héroïne au cœur pur, toute en abnégation d’elle-même pour tenter de soigner les blessés et les malades. Une extrapolation dont on ne saura leur tenir rigueur, étant donné la portée symbolique de ses interventions au cours du récit. La fiche Wikipédia se contente quant à elle d’évoquer « une femme de couleur noire », sans plus de précisions. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’histoire est prenante, et, si simple soit la trame, la narration s’avère enlevée. Les récits maritimes ont, si je puis dire, le vent en poupe, et celui-ci est une réussite. En comparaison, 1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta, cette autre BD récente à succès qui s’inspire de l’histoire vraie des naufragés du Batavia, passerait presque pour un séjour au Club Med, toute proportion gardée bien entendu. Avec ce récit, narré ici par le docteur Savigny, témoin rescapé de cette effroyable épopée, Thierry Soufflard et Gilles Cazaux ont développé plusieurs thématiques. D’abord une critique virulente contre les pouvoirs autoritaires et arbitraires par le biais du capitaine de la Méduse, un certain Duroy de Chaumareys, dont l’incompétence n’a d’égale que la lâcheté. C’est lui qui, après avoir pris place sur une « confortable » chaloupe, abandonnera les marins et les soldats à leur triste sort en coupant la corde destinée à remorquer leur misérable radeau. Les auteurs montrent aussi comment, dans ce type de situation, la barbarie humaine a tôt fait de reprendre le dessus et ne grandit personne, mais que l’humanité héroïque d’une minorité peut parfois renverser la vapeur et redonner foi en un avenir plus harmonieux. C’est également à travers le personnage de Blanche, modèle de bienveillance et de combativité, qu’est abordée la question de la place de la femme dans un monde masculin (la seule ici sur les 150 naufragés !). Le sujet reste toujours d’actualité même si du chemin a été fait depuis cette époque, où l’odieux patriarcat considérait sans états d’âme les « femelles » — la moitié de la population — comme des sous-citoyennes. On notera le parallèle malicieux entre la meute royaliste déchaînée, scandalisée par le tableau au Salon du Louvre, et la bande de soudards agressifs entassés sur le radeau. La barbarie stupide et aveugle serait-elle donc autant du côté des bourgeois endimanchés que des gueux non éduqués ? Le dessin de Gilles Cazaux est parfaitement en concordance avec ce récit saisissant. Avec son trait nerveux, il sait rendre les scènes énergiques et faire ressortir la tension imprégnant cette aventure hors normes, où sur une surface extrêmement restreinte, les proies potentielles devront redoubler de prudence et de doigté face à des prédateurs sans états d’âme. « L’Oubliée du radeau de la Méduse » comblera autant les adeptes de sensations fortes que les amateurs d’art. Si ce huis clos incroyable nous expose les facettes les plus sombres de l’être humain, il compense en mettant en lumière son aptitude à transcender ses pires turpitudes, fut-ce le fait d’une minorité héroïque. Le tableau monumental de Géricault en est le parfait symbole, avec cet homme noir, l’un des rares survivants, agitant héroïquement un drapeau à l’approche des cotes. C’est ainsi que les auteurs ont su avec brio nous conter l’histoire entourant cette œuvre d'art prestigieuse.

04/11/2025 (modifier)
Couverture de la série Dakota 1880
Dakota 1880

Pour ma part j'ai été conquis ! Je ne m'attendais pas à de courts récits. La voix off, les récits courts, efficaces, originaux sont déstabilisants de prime abords pour un album de Lucky Luke. Cependant dès le premier récit je trouve que l'on plonge dans l'ambiance. Il y a une cohérence d'ensemble et les récits, fluides, dessinent en creux le personnage de Lucky Luke. Un ton peut être un petit plus sérieux, et bien plus mélancoliques évidemment, que la série originale. Côté mélancolie, il y avait déjà cette touche dans l’adaptation de "l'homme qui tua Lucky Luke" de Mathieu Bonhomme. Lucky Luke, en dehors du côté cartoon et western, a peut être aussi déployé une part d'imaginaire mélancolique, notamment avec la fameuse vignette de fin "I'm a poor lonesome cowboy" ? Les dessins de Brüno sont très beaux et la sublime colorisation de Laurence Lacroix collent parfaitement à l'ambiance des 7 récits, qui ont chacun leur mélodie propre mais qui forment un ensemble homogène. A noter la dernière double page avec "l'interview" de l"historien Gustav Frankenbaum (personnage de la série "les collines noires") qui est délicieuse, comme certains petits détails (j'ai bien aimé le clin d'oeil des "patates au lard" running gag de l'album "la diligence").

04/11/2025 (modifier)
Par Hervé
Note: 4/5
Couverture de la série Dakota 1880
Dakota 1880

Je ne suis pas un grand fan de Lucky Luke, mais j'ai pour la version proposée par Appollo et Brüno, depuis quelques années, une attirance particulière. Tout d'abord, le dessin épuré de Brüno reste pour moi un des summum de la bande dessinée actuelle. Et ensuite, le scénario d'Appollo est toujours de grande qualité, même lorsque comme ici, il se décline en sept histoires courtes. Même si la talentueuse Laurence Croix assume les couleurs en rendant hommage aux albums de Morris, j'ai préféré, comme les autres récits signés de ces deux auteurs, lire cet album dans sa version noir & blanc, qui donne encore plus de force au dessin de Brüno, surtout dans les scènes sous la neige ou sous la pluie. J'ai d'ailleurs été surpris par la brutalité avec laquelle l'histoire intitulée "Averse" s'achève...j'ai eu l'impression soudaine qu'il manquait une page dans mon album! C'est un Lucky Luke jeune que nous découvrons ici, sans Jolly Jumper et avec pas mal de références à ses aventures futures. Bref un très bon album, avec, pour la version n&b, un bonus d'affiches de western de films célèbres. Quant au dossier sur les origines de Lucky Luke, il faut le voir comme un canular.

04/11/2025 (modifier)
Couverture de la série L'Héritage fossile
L'Héritage fossile

Je ne dérogerais pas à la moyenne, c’est franchement sympa à suivre. Philippe Valette surprend et régale, j’avais déjà succombé au mystère de la disquette molle. Il frappe cette fois dans un registre et genre où on ne l’attendais pas, une s-f plutôt dure et réaliste où son dessin fait merveille. Ses personnages peuvent faire un peu peur de prime abord, un rendu un peu « naïf » dans le trait mais force et de constater qu’il sait nous embarquer. Ses décors en jettent, ses couleurs sont réussies et la narration « carré » est immersive pour ce récit à plusieurs temporalités. On n’est jamais perdu et on est vraiment intrigué tout le long de l’aventure. La fin, sans qu’elle fasse Whoua, reste très satisfaisante et interroge sur beaucoup de choses sans que ce soit moralisateur. Du bien bel ouvrage.

04/11/2025 (modifier)
Couverture de la série Fantasy - Yourcenar / Alma
Fantasy - Yourcenar / Alma

Alors que cet album m’interpellait dès les premiers retours, je ne me suis pas jeté dessus en magasin, la faute à un graphisme qui me semblait un poil « grossier » au 1er regard, et aussi au jolie prix qui n’encourage pas la prise de risque. Bref tout ça pour dire que j’ai attendu l’emprunt et que finalement il va être sur la liste de Noël. J’ai beaucoup aimé, je ne connaissais pas l’auteur mais je vais zieuter son précédent travail. J’ai trouvé qu’il fournissait ici un travail assez remarquable, surtout dans le genre Fantasy, il amène une certaine fraîcheur et poésie à ses doubles récits pour un résultat assez bluffant à mes yeux. Original et novateur. J’ai démarré par Alma et perso je pense que c’est vraiment par ce côté qu’il faut commencer. Le déroulé du monde et la fin miroir m’a semblé avoir plus d’impact dans ce sens, répondant avec plaisir à mes interrogations au fil de l’aventure. (Édit : en fait, faites comme vous le sentez, l’expérience doit être différente mais tout aussi satisfaisante, ça générera d’autres interrogations. Super fort de la part l’auteur ça !!). Le graphisme qui me faisait si peur a su vite m’attraper, la narration aérée a su m’emporter et le destin de nos héroïnes a su me toucher. J’ai vraiment apprécié la tonalité du récit. Très chouette à suivre.

04/11/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 4/5
Couverture de la série Un général, des généraux
Un général, des généraux

Quoi qu'étant de grand talent : style reconnaissable et expressif, le style du dessinateur m'a toujours mis mal à l'aise. Pas là : l'aspect de caricature convient bien à ce sale petit vaudeville politique dont le monde ne cesse pas de subir les conséquences. Des gens, pour faire parvenir de Gaulle au pouvoir, ils ont assez alarmé le pouvoir et la population pour que les autorités se sabordent. Un général, des généraux ? Le titre est excellent, et si ce n'est pas dit dans la BD, il ressort d'un livre que le général était d'accord, et la méthode pour faire un coup d'Etat démocratique, savoir l'armée menace mais ne verse pas ou pas trop le sang et donne le pouvoir à quelqu'un en restant dans le cadre démocratique, méthode par parenthèse imitée du précédent français dans le monde…. J'ai eu la chance de trouver un livre fort intéressant chez mon bouquiniste s'il faut suivre les méandres de complots de l'époque : Résurrection, Naissance de la Ve République, un coup d'Etat démocratique de Christophe Nick. De la belle ouvrage, un chapitre historique méandreux, un chapitre sur la technique du coup d'Etat bien technique, l'alternance relance l'intérêt pour chaque aspect. Après ça, il me manquait de voir les protagonistes ! Merci à la Bibliothèque… Avec le trait du dessinateur et les couleurs assorties, on a l'impression d'être entre des images d'archives, oniriques et comiques. On a le soupçon que les généraux s'ennuient et veulent revivre leur jeunesse par l'action politique, entre l'un qui crie "les boches, on les aura", et d'autres qui parlent de Débarquement si un général s'aperçoit quand même que l'un d'eux est vraiment trop dans le remake du passé… Vraiment, un livre tentant de tout retracer ne dégage pas la même force tragi-comique qu'une BD qui s'achève judicieusement sur le fameux "je vous ai compris" avec la clique des faiseurs de roi atterrés derrière de Gaulle. Ceux qui se sont joués de la République sont eux-mêmes joués et s'en doutent, la foule l'ignore encore, ce qui divise la scène en trois, le chef, ses suivants et le peuple, et forme une fin ouverte.

04/11/2025 (modifier)
Par pol
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Criminal - Les Acharnés
Criminal - Les Acharnés

Ce spin off de la série Criminal est un petit régal, que l'on connaisse ou pas la série mère. Ed Brubaker a concocté un scénario aux petit oignons. Il construit son histoire comme un puzzle, dont les chapitres forment les différentes pièces qui vont s'assembler progressivement. Il semblerait initialement qu'il n'y ai aucun lien entre les premiers chapitres, qui sont chacun centrés sur un personnage et une histoire différente. C'est d'abord l'histoire de Jacob, scénariste de comics, qui se retrouve à Hollywood pour bosser sur l'adaptation d'une de ses séries. Puis vient le tour d'Angie, gamine orpheline élevé par La Grogne, le gérant d'un bar louche. Les chapitres sont denses, ils prennent le temps de bien raconter les choses. C'est là qu'Ed Brubaker est fort. Ca pourrait être deux banales histoires, dans lesquelles il n'y a pas tellement d'action ni de suspens, on ne voit encore aucun recoupement possible entre les deux parties... et pourtant c'est prenant. La narration, très efficace, donne du rythme et de l'intérêt à tout ça, grâce à l'utilisation systématique de la voie off. Puis, plus on va avancer dans le récit, plus les surprises vont arriver. Des petits détails du début vont prendre de l'ampleur et du sens lors des recoupements. Ceux ci sont quand même malins et très bien amenés. On va également monter crescendo dans l'action et on aura juste ce qu'il faut de tension. De quoi ravir les amateurs de polar. Et pour ne rien gâcher, cette histoire permet de croiser intelligemment la destinée de différents personnages de la série Criminal. Du très bon boulot.

04/11/2025 (modifier)