Les fils d'El Topo est une fable initiatique fabuleuse racontée par un Jodorowsky ultra motivé.
Cette bd, c'est sa grande revanche par rapport au film qu'il n'a jamais pu tourner faute de financement et qui devait être la suite d'El Topo sorti dans les salles en 1970.
C'est le récit le plus ambitieux que j'ai pu lire de sa part, c'est difficile d'en parler sans révéler l'intrigue. La plupart des personnages sont en quête de rédemption même sans en avoir conscience. J'ai rarement vu des personnages vivre de telles expériences - et en ressortir autant transformés - dans une bande dessinée.
Ladronn a permis de donner vie à cet univers, il y a une osmose entre le texte et l'image très forte, on le sent en état de grâce comme son compère.
Les fils d'El Topo sera un jour considéré à sa juste valeur, c'est à dire comme l'ultime chef d'oeuvre de Jodorowsky, son magnum opus.
J'ai lu l'intégrale qui comprends le tome 1 et le début du tome 2 dessiné par Gal (mais pas le tome 2 dessiné par Kordey) avant que celui-ci ne nous quitte malheureusement.
Jodo nous explique en prologue que cette saga devait durer initialement 4 tomes.
Alors que dire?
J'ai mis un moment avant d'oser ouvrir cette bd, un peu comme pour les fils d'El Topo, j'avais la même crainte infondée d'un récit austère et un peu hermétique. Mais pas du tout, le fun est bien présent et on sent aussi que c'était une oeuvre importante pour Jodo, tout du moins dans sa collaboration avec Gal qu'il admirait beaucoup (et c'était réciproque).
Le seul tome 1 m'a permis de faire un très beau voyage en compagnie de l'héroïne.
Le dessin de Gal est juste incroyable et brasse plein d'influences issues de Metal Hurlant, Druillet notamment pour certaines cases étirées en longueur ou en hauteur.
Le chef d'oeuvre inachevé de Jodorowsky.
J'ai hésité à lire cet album.
Bien m'en a pris.
La période 50-60 n'est pas très clair dans mon esprit et en lisant l'album j'ai compris pourquoi ! Quelle tambouille !
J'ai appris pleins de choses en lisant cet album, les faits historiques mais surtout les petits choses, le bas niveau qui peut faire basculer un pays dans une guerre civile, une dictature. Je n'ai jamais douté que l'on puisse être médiocre et avoir de hautes responsabilités. C'est un peu le fond de l'affaire.
Le texte de fin d'album, qui commente de façon globale cette période "mai 58" est instructif également.
Le tout est dosé avec beaucoup d'humour, car effectivement, quand on voit le niveau, et malgré la brutalité des évènements, il faut prendre ça sur la corde de l'humour !
Si j'étais prof, je ferais lire cette bd à mes élèves de lycée. Ils ne comprendraient pas tout, mais on en tire une leçon globale de cette bd que je ne saurais définir.
Très instructif pour ma part, et très plaisant à lire.
Il faut se rappeler le sacrifice du premier né, la riche idée qu'il faudrait une bonne guerre pour la jeunesse et autre choses semblables pour voir qu'il serait possible d'amener les gens à accepter le risque de voir leur enfant éliminé à la majorité, surtout si c'est par loterie : on ne discute guère le hasard. Bien sûr, le gouvernement autoritaire doit y mettre les formes. Mais je trouve que c'est en fait plus vraisemblable que des scénarios à la Bataille royale. Les jeux du cirque, qu'on se le dise, c'est aux esclaves qu'on les impose, et pas aux citoyens qui ceci dit pouvaient vouloir devenir des gladiateurs. De même, les Aztèques capturaient des combattants dans les "guerres fleuries", pour les sacrifier aux dieux, s'il y avait aussi des immolations d'Aztèques. Bref, je veux dire qu'on frappe en principe moins le compatriote, et en principe avec des égards, ce pourquoi la mort par vaccination et une personne vous en prévenant est à mon avis assez vraisemblable. Et si le condamné se vengeait de ceux qu'il n'aime pas ? Il y a la vengeance du pouvoir sur la famille, donc l'immolé se tient en principe tranquille.
J'estime beaucoup la manière de mettre en parallèle la lente dépression du messager de la mort et la tragédie d'une victime, l'une après l'autre. Le dessin fait le job. Je ne pense à rien, pourquoi ne pas l'avoir dit plus tôt ? Pourquoi tuer une partie de la population, ce qui outre que ce n'est pas bien gentil et qui sait favorable à une opposition, ne donnera pas l'idée que la vie est précieuse, au contraire, quand on voit le gouvernement tuer avec une telle légèreté ?
Des naïfs peuvent croire à cette histoire, des cyniques croire dominer leurs contemporains ainsi, mais en vérité, le sacrifice soude la société, comme c'est bien expliqué par René Girard. Je ne vais pas développer toute la théorie ici, mais remarquer que le renoncement à renoncer au sacrifice, un long mouvement historique, est une des caractéristiques des totalitarismes. Les gouvernants ont la partie facile car nous sommes tous capables de frapper et nous réconcilier sur des victimes, on se demande toujours le degré de connaissance du mécanisme par les dirigeants. En tout cas, il est fin de faire des victimes selon le style de la société dans laquelle on se trouve, et ce manga est plus crédible que d'autres du même type.
Un diptyque sur les origines du metabaron.
En progressant dans ma lecture, fort agréable, je m'interrogeais néanmoins sur la nécessité de l'oeuvre.
Et puis à partir du tome 2, axé sur les enjeux de la première famille du metabaron, on distingue encore mieux cette touche si singulière qui fait la magie de Jodorowsky. Il est vraiment très fort pour conter des épopées, avec ce tragique outrancier qui donne une dimension Shakespearienne aux aventures de cette caste.
Six années séparent les deux tomes et pourtant on retrouve une continuité tout au long du récit qui est, cerise sur le gâteau, conclu de fort belle manière.
Le dessin est épatant sans être trop éloigné du style de Gimenez, avec un bémol sur les visages hélas.
Castaka est le tome 0 de la caste des metabarons sans rougir.
Orbital : une série sur la diplomatie dans l'espace. Quelle bonne idée ! Et quels beaux dessins, originaux ! Et quels bons personnages… Cela me fait penser à Valérian mais en mieux. Les deux personnages principaux sont aussi attachants queValérian et Laureline à la base sauf que… Plus ! On voit leur histoire, très intriquée dans la galaxie, et pour l'instant je ne me lasse pas, contrairement à ce qui s'est passé pour Valérian. Parce que je trouve l'univers à la fois plus inventif et plus crédible ? J'hésite : qu'elle continue car les virtualités me semblent très grande, ou qu'elle arrête pour ne pas me décevoir ? Et la couleur qu'on ne remarque guère tant elle ne fait qu'un avec un dessin aussi précis que dynamique ! C'est rare, un dessin qu'on reconnait tout de suite sans qu'il s'impose devant l'univers.
On a tant dit qu'il fallait donner dans un mélange d'enseignement et de prêche pour empêcher le retour des génocides, de l'antisémitisme et des guerres, et cela bien sûr sans en empêcher l'éternel retour ! Alors le chantage à replongez dans cette époque ou du moins faites semblant, sinon, vous êtes en quelque sorte responsable du pire, ça ne marche pas sur moi, merci. Non plus que l'affirmation que qui laisse faire est plus responsable que les assassins, non mais, vive la révolte des porteurs de charentaises !
Mais la série a su m'attirer par la couverture, me séduire par le dessin, le découpage et l'absence de chantage moral porté par une histoire si originale. Le héros, si on peut parler d'un héros, ne fait qu'essayer de survivre, comme la plupart des gens, il se trouve simplement qu'il se révèle en mesure de s'enrichir en plus, il est victime car Juif, et complice des bourreaux , lui qui en profite largement, comme si une souris de Mauss avait partagé le repas des méchants chats nazis ! Cela ne fait pas de cette BD l'égale de Mauss, mais une sorte de prolongement, d'exception à la règle qui fait des chats et des souris des rôles sans ambiguïté. Il y a le bien et le mal, mais les êtres sont rarement de purs représentants des ténèbres ou de la lumière, ce que de rares circonstances peuvent mettre en exergue dans le cas de génocidaires face à leurs victimes.
Je pense que si l'enseignement, et non la matraquage, du passé est utile, des œuvres de fiction aussi prenantes que possible actualisent les connaissances par le déclanchement de l'empathie provoquée par la lecture de fiction. Bien sûr, cette empathie va en priorité aux personnages, mais aussi à tous les êtres : on lit par curiosité, on en sort un peu plus humain. Face à des héros, on prend quelque chose de leur ardeur vers l'excelllence, face à des non héros, on se rappelle de l'ambiguïté des êtres.
La couverture, très belle, particulièrement réussie, à la forte connotation sexuelle, vous oblige à ouvrir cet album.
D'autant qu'il s'agit d'un road-trip de pré-ados qui souhaitent aller voir la Mano Negra à... 100km de là, et espèrent y aller à deux avec leur petit solex.
La lecture est fluide, les dessins très beaux.
Un pas de côté discret dans l'histoire semble aborder une histoire douloureuse d'agression sexuelle du personnage ado principal.
On y croise aussi des adultes gris, tel un garagiste mélancolique, plein de regrets, ou un chauffeur de bus graveleux.
Heureusement au milieu de tout ça, il y a la Mano Negra, avec son énergie positive et solaire.
Culte ou qui le mériterait ! A rempli le job pour moi, une histoire et des dessins agencés de telle sorte qu'on plonge dedans avec l'idée de revenir. Parfois, on confond des personnages ? Quand bien même, quelle importance, car cela montre le chaos de l'époque, soit une des raisons poussant si fortement au détachement, soit dans un monastère, soit seul au hasard des routes ! De plus, quand j'ai tenu ces bd, je n'ai eu de cesse de les relire. C'est dense, et en même temps, rempli de moments de grâce contemplative, une grâce qui exprime le meilleur du Japon !
Le héros ne serait pas sympatoche ? Eh bien, les êtres en quêtes, par exemple les artistes et les mystiques ne le sont pas toujours : obsédés par leur but et ne prenant pas toujours de gants. En plus, le bouddhisme prône certes la compassion, mais aussi toutes sortes de moyens pour sortir les gens de leurs illusions, et parler de façon énigmatique ou brutale peut en faire partie. Le héros a une sorte de rival pas présenté de façon très flatteuse, mais qui ne manque pas non plus de perspicacité, comprenant bien comment tout ce que rejette le héros peut être utile aux masses de fidèles. Les samouraïs ne sont pas flattés, ce n'est rien de le dire et ça change, le peuple souffre, les aristocrates sont raffinés, eux ne font que ravager ! L'enfant qui subsiste dans le héros ne cesse de regretter d'être séparé de sa mère, et c'est ce qui conserve une humanité secrète mais poignante au héros.
Cette série n'a pas été censurée mais Chott l'a arrêtée de lui-même en 1949 par peur d'être censuré. C'est en 1955 que les soucis commencent avec une série de 5 procès contre BIG BILL le Casseur, un cow-boy masqué. Après avoir gagné les 4 premiers procès, Chott perd le dernier en 1961. Ceci met fin à sa maison d'édition.
Pour se replonger dans cette série mythique (le numéro 1 a été tiré à 90 000 exemplaires à l'époque), il existe 6 albums regroupant toutes les aventures de FANTAX accompagnées de documents et récits inédits sur la vie de Pierre Mouchot.
Et cette année, deux nouveaux albums couleurs sont sortis pour relancer les nouvelles aventures de FANTAX avec ARROYO et MILLET aux crayons et DEPELLEY et MORNET aux stylos.
Site : https://fantaxbd.com
Pour moi, c'est donc incontournable mais en fouillant vous comprendrez pourquoi... ;)
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Les Fils d'El Topo
Les fils d'El Topo est une fable initiatique fabuleuse racontée par un Jodorowsky ultra motivé. Cette bd, c'est sa grande revanche par rapport au film qu'il n'a jamais pu tourner faute de financement et qui devait être la suite d'El Topo sorti dans les salles en 1970. C'est le récit le plus ambitieux que j'ai pu lire de sa part, c'est difficile d'en parler sans révéler l'intrigue. La plupart des personnages sont en quête de rédemption même sans en avoir conscience. J'ai rarement vu des personnages vivre de telles expériences - et en ressortir autant transformés - dans une bande dessinée. Ladronn a permis de donner vie à cet univers, il y a une osmose entre le texte et l'image très forte, on le sent en état de grâce comme son compère. Les fils d'El Topo sera un jour considéré à sa juste valeur, c'est à dire comme l'ultime chef d'oeuvre de Jodorowsky, son magnum opus.
Diosamante
J'ai lu l'intégrale qui comprends le tome 1 et le début du tome 2 dessiné par Gal (mais pas le tome 2 dessiné par Kordey) avant que celui-ci ne nous quitte malheureusement. Jodo nous explique en prologue que cette saga devait durer initialement 4 tomes. Alors que dire? J'ai mis un moment avant d'oser ouvrir cette bd, un peu comme pour les fils d'El Topo, j'avais la même crainte infondée d'un récit austère et un peu hermétique. Mais pas du tout, le fun est bien présent et on sent aussi que c'était une oeuvre importante pour Jodo, tout du moins dans sa collaboration avec Gal qu'il admirait beaucoup (et c'était réciproque). Le seul tome 1 m'a permis de faire un très beau voyage en compagnie de l'héroïne. Le dessin de Gal est juste incroyable et brasse plein d'influences issues de Metal Hurlant, Druillet notamment pour certaines cases étirées en longueur ou en hauteur. Le chef d'oeuvre inachevé de Jodorowsky.
Un général, des généraux
J'ai hésité à lire cet album. Bien m'en a pris. La période 50-60 n'est pas très clair dans mon esprit et en lisant l'album j'ai compris pourquoi ! Quelle tambouille ! J'ai appris pleins de choses en lisant cet album, les faits historiques mais surtout les petits choses, le bas niveau qui peut faire basculer un pays dans une guerre civile, une dictature. Je n'ai jamais douté que l'on puisse être médiocre et avoir de hautes responsabilités. C'est un peu le fond de l'affaire. Le texte de fin d'album, qui commente de façon globale cette période "mai 58" est instructif également. Le tout est dosé avec beaucoup d'humour, car effectivement, quand on voit le niveau, et malgré la brutalité des évènements, il faut prendre ça sur la corde de l'humour ! Si j'étais prof, je ferais lire cette bd à mes élèves de lycée. Ils ne comprendraient pas tout, mais on en tire une leçon globale de cette bd que je ne saurais définir. Très instructif pour ma part, et très plaisant à lire.
Ikigami - Préavis de mort
Il faut se rappeler le sacrifice du premier né, la riche idée qu'il faudrait une bonne guerre pour la jeunesse et autre choses semblables pour voir qu'il serait possible d'amener les gens à accepter le risque de voir leur enfant éliminé à la majorité, surtout si c'est par loterie : on ne discute guère le hasard. Bien sûr, le gouvernement autoritaire doit y mettre les formes. Mais je trouve que c'est en fait plus vraisemblable que des scénarios à la Bataille royale. Les jeux du cirque, qu'on se le dise, c'est aux esclaves qu'on les impose, et pas aux citoyens qui ceci dit pouvaient vouloir devenir des gladiateurs. De même, les Aztèques capturaient des combattants dans les "guerres fleuries", pour les sacrifier aux dieux, s'il y avait aussi des immolations d'Aztèques. Bref, je veux dire qu'on frappe en principe moins le compatriote, et en principe avec des égards, ce pourquoi la mort par vaccination et une personne vous en prévenant est à mon avis assez vraisemblable. Et si le condamné se vengeait de ceux qu'il n'aime pas ? Il y a la vengeance du pouvoir sur la famille, donc l'immolé se tient en principe tranquille. J'estime beaucoup la manière de mettre en parallèle la lente dépression du messager de la mort et la tragédie d'une victime, l'une après l'autre. Le dessin fait le job. Je ne pense à rien, pourquoi ne pas l'avoir dit plus tôt ? Pourquoi tuer une partie de la population, ce qui outre que ce n'est pas bien gentil et qui sait favorable à une opposition, ne donnera pas l'idée que la vie est précieuse, au contraire, quand on voit le gouvernement tuer avec une telle légèreté ? Des naïfs peuvent croire à cette histoire, des cyniques croire dominer leurs contemporains ainsi, mais en vérité, le sacrifice soude la société, comme c'est bien expliqué par René Girard. Je ne vais pas développer toute la théorie ici, mais remarquer que le renoncement à renoncer au sacrifice, un long mouvement historique, est une des caractéristiques des totalitarismes. Les gouvernants ont la partie facile car nous sommes tous capables de frapper et nous réconcilier sur des victimes, on se demande toujours le degré de connaissance du mécanisme par les dirigeants. En tout cas, il est fin de faire des victimes selon le style de la société dans laquelle on se trouve, et ce manga est plus crédible que d'autres du même type.
Castaka
Un diptyque sur les origines du metabaron. En progressant dans ma lecture, fort agréable, je m'interrogeais néanmoins sur la nécessité de l'oeuvre. Et puis à partir du tome 2, axé sur les enjeux de la première famille du metabaron, on distingue encore mieux cette touche si singulière qui fait la magie de Jodorowsky. Il est vraiment très fort pour conter des épopées, avec ce tragique outrancier qui donne une dimension Shakespearienne aux aventures de cette caste. Six années séparent les deux tomes et pourtant on retrouve une continuité tout au long du récit qui est, cerise sur le gâteau, conclu de fort belle manière. Le dessin est épatant sans être trop éloigné du style de Gimenez, avec un bémol sur les visages hélas. Castaka est le tome 0 de la caste des metabarons sans rougir.
Orbital
Orbital : une série sur la diplomatie dans l'espace. Quelle bonne idée ! Et quels beaux dessins, originaux ! Et quels bons personnages… Cela me fait penser à Valérian mais en mieux. Les deux personnages principaux sont aussi attachants queValérian et Laureline à la base sauf que… Plus ! On voit leur histoire, très intriquée dans la galaxie, et pour l'instant je ne me lasse pas, contrairement à ce qui s'est passé pour Valérian. Parce que je trouve l'univers à la fois plus inventif et plus crédible ? J'hésite : qu'elle continue car les virtualités me semblent très grande, ou qu'elle arrête pour ne pas me décevoir ? Et la couleur qu'on ne remarque guère tant elle ne fait qu'un avec un dessin aussi précis que dynamique ! C'est rare, un dessin qu'on reconnait tout de suite sans qu'il s'impose devant l'univers.
Il était une fois en France
On a tant dit qu'il fallait donner dans un mélange d'enseignement et de prêche pour empêcher le retour des génocides, de l'antisémitisme et des guerres, et cela bien sûr sans en empêcher l'éternel retour ! Alors le chantage à replongez dans cette époque ou du moins faites semblant, sinon, vous êtes en quelque sorte responsable du pire, ça ne marche pas sur moi, merci. Non plus que l'affirmation que qui laisse faire est plus responsable que les assassins, non mais, vive la révolte des porteurs de charentaises ! Mais la série a su m'attirer par la couverture, me séduire par le dessin, le découpage et l'absence de chantage moral porté par une histoire si originale. Le héros, si on peut parler d'un héros, ne fait qu'essayer de survivre, comme la plupart des gens, il se trouve simplement qu'il se révèle en mesure de s'enrichir en plus, il est victime car Juif, et complice des bourreaux , lui qui en profite largement, comme si une souris de Mauss avait partagé le repas des méchants chats nazis ! Cela ne fait pas de cette BD l'égale de Mauss, mais une sorte de prolongement, d'exception à la règle qui fait des chats et des souris des rôles sans ambiguïté. Il y a le bien et le mal, mais les êtres sont rarement de purs représentants des ténèbres ou de la lumière, ce que de rares circonstances peuvent mettre en exergue dans le cas de génocidaires face à leurs victimes. Je pense que si l'enseignement, et non la matraquage, du passé est utile, des œuvres de fiction aussi prenantes que possible actualisent les connaissances par le déclanchement de l'empathie provoquée par la lecture de fiction. Bien sûr, cette empathie va en priorité aux personnages, mais aussi à tous les êtres : on lit par curiosité, on en sort un peu plus humain. Face à des héros, on prend quelque chose de leur ardeur vers l'excelllence, face à des non héros, on se rappelle de l'ambiguïté des êtres.
La Main heureuse
La couverture, très belle, particulièrement réussie, à la forte connotation sexuelle, vous oblige à ouvrir cet album. D'autant qu'il s'agit d'un road-trip de pré-ados qui souhaitent aller voir la Mano Negra à... 100km de là, et espèrent y aller à deux avec leur petit solex. La lecture est fluide, les dessins très beaux. Un pas de côté discret dans l'histoire semble aborder une histoire douloureuse d'agression sexuelle du personnage ado principal. On y croise aussi des adultes gris, tel un garagiste mélancolique, plein de regrets, ou un chauffeur de bus graveleux. Heureusement au milieu de tout ça, il y a la Mano Negra, avec son énergie positive et solaire.
Ikkyu
Culte ou qui le mériterait ! A rempli le job pour moi, une histoire et des dessins agencés de telle sorte qu'on plonge dedans avec l'idée de revenir. Parfois, on confond des personnages ? Quand bien même, quelle importance, car cela montre le chaos de l'époque, soit une des raisons poussant si fortement au détachement, soit dans un monastère, soit seul au hasard des routes ! De plus, quand j'ai tenu ces bd, je n'ai eu de cesse de les relire. C'est dense, et en même temps, rempli de moments de grâce contemplative, une grâce qui exprime le meilleur du Japon ! Le héros ne serait pas sympatoche ? Eh bien, les êtres en quêtes, par exemple les artistes et les mystiques ne le sont pas toujours : obsédés par leur but et ne prenant pas toujours de gants. En plus, le bouddhisme prône certes la compassion, mais aussi toutes sortes de moyens pour sortir les gens de leurs illusions, et parler de façon énigmatique ou brutale peut en faire partie. Le héros a une sorte de rival pas présenté de façon très flatteuse, mais qui ne manque pas non plus de perspicacité, comprenant bien comment tout ce que rejette le héros peut être utile aux masses de fidèles. Les samouraïs ne sont pas flattés, ce n'est rien de le dire et ça change, le peuple souffre, les aristocrates sont raffinés, eux ne font que ravager ! L'enfant qui subsiste dans le héros ne cesse de regretter d'être séparé de sa mère, et c'est ce qui conserve une humanité secrète mais poignante au héros.
Fantax
Cette série n'a pas été censurée mais Chott l'a arrêtée de lui-même en 1949 par peur d'être censuré. C'est en 1955 que les soucis commencent avec une série de 5 procès contre BIG BILL le Casseur, un cow-boy masqué. Après avoir gagné les 4 premiers procès, Chott perd le dernier en 1961. Ceci met fin à sa maison d'édition. Pour se replonger dans cette série mythique (le numéro 1 a été tiré à 90 000 exemplaires à l'époque), il existe 6 albums regroupant toutes les aventures de FANTAX accompagnées de documents et récits inédits sur la vie de Pierre Mouchot. Et cette année, deux nouveaux albums couleurs sont sortis pour relancer les nouvelles aventures de FANTAX avec ARROYO et MILLET aux crayons et DEPELLEY et MORNET aux stylos. Site : https://fantaxbd.com Pour moi, c'est donc incontournable mais en fouillant vous comprendrez pourquoi... ;)