Prophétique Bilal annonçant la fin de l'URSS, avec ces hauts dignitaires soviétiques dont nous voyons les réalisations, crimes et échecs ! La pétrification des hommes de pouvoir par leur visage semblables à de la pierre effritée est sublimement rendue. Le sang envahissant les cases quand il le faut pour l'intérêt de l'histoire comme pour ajouter à la splendeur du graphisme et à son expressivité est éblouissant. La chasse fait partie des traditions humaines les plus ancrées, et surtout chez les dirigeants. Ainsi, il y a du réalisme dans partie de chasse, aussi bien que du symbolisme : en fait, une telle chasse sacrificielle* aurait ma foi bien été possible
La femme hantant le dignitaire soviétique maître du jeu, elle qu'il a sacrifié à l'ogre Staline pour survivre est aussi un leitmotiv fort bien trouvé. On a le rigide dignitaire de la RDA et le fantaisiste retraité accueillant tout le monde et sa fable avec des oiseaux de proie. Quelle comédie humaine. Aucune case qui ne soit parfaite en soit et insérée dans le flux de la narration… J'ai lu et relu cette œuvre à user l'ouvrage et mon goût pour lui comme lors de ma phase jus de tomate enfant, je n'en pouvais plus… Et puis, ne s'ouvre-t-on pas forcément à d'autres œuvres ? Mais je pense que j'y reviendrais, comme l'augure mon cycle de critique sur Bilal.
* Qui est intrigué par cette expression n'a qu'à lire l'œuvre !
La ville qui n'existait pas fait exister et la ville réelle, du nord, de l'industrie et de ses conflits entre les patrons et les ouvriers, et une ville nouvelle utopique. Les deux ont leurs limites, les deux se lisent l'une dans l'autre, comme on ne le voit jamais mieux que dans les deux enfants toujours en manque de quelque chose dans l'une et dans l'autre. Vaut-il mieux une ville de misère mais de conflit ou une ville de loisirs et de beauté où l'héritière règne bienveillamment sur ses gens ? La majorité préfère fuir le travail aliénant, le chômage, les luttes qui ne mènent souvent pas à grand-chose, mais les syndicalistes rivaux préfèrent s'exiler pour lutter ailleurs, et le conseiller de l'héritière - et du village de La croisière des Oubliés - partent loin de l'utopie pour retourner dans le monde de boue, crasse et injustice, parce que c'est de lui qu'ils tirent leur identité et leur vitalité.
Et pourquoi pas ? Des héros aimés par des femmes de rêve offrant l'éternelle jeunesse retournent bien dans le monde de la souffrance, que ce soit Ulysse fuyant Calypso et tant d'autres. Mais la majorité préfère tout de même la vie meilleure proposée par l'héritière. Laquelle est un peu triste de ce que son conseiller parte vers d'autres aventures, handicapée sur son fauteuil roulant délivrée de sa culpabilité pour le fait que ses ancêtres aient exploité les ouvriers, mais sans la compassion et la souffle de l'aventure de celui dont les discussions avaient fait naître le désir d'utopie en elle . Souvent, on a des utopies parfaites, souvent, on a des dystopies, ici, on a l'utopie nostalgique entre parenthèse du monde.
Il me plait que les méchants fascistes - les vrais, pas des phantasmés par des excités ! - et les "gentils" opposants à ces affreux terroristes soient tous des vieux. Voilà qui change ! Et met en miroir le passé et le présent, savoir de l'époque de la création de l'œuvre.
Les fascistes ne se sont pas améliorés, témoins, les attentats qu'ils commettent… Lesquels sont dessinés de façon aussi dramatique que belle par Bilal, des images qu'on n'oublie pas. Les antifascistes eux, sont toujours aussi courageux et plus tolérants qu'autrefois, mais se pose à la fin la question de savoir s'ils ne ressemblent pas un peu trop aux fascistes. Enfin, ce genre d'interrogation du narrateur montre qu'ils sont tout de même nettement plus lucides ! Le rythme de l'histoire, lent et rapide selon les nécessités de l'intrigue ? Parfait. Il y a même un soupçon d'humour plutôt inhabituel chez Bilal. Mais comme on n'est pas dans La croisière des oubliés, pas dans une fable fantastique mais dans un monde violent, il n'y a pas de happy end.
Ah, comme je regrette que la production de légendes d'aujourd'hui ait cessé !
De pierre et d’os est un véritable coup de cœur. Le scénario adopte un rythme lent, assumé, mais construit avec une progression constante qui rend la lecture de plus en plus prenante. Le travail sur les relations humaines est particulièrement fort, notamment dans la manière dont sont abordées la violence masculine, la condition des femmes et, surtout, la fragilité comme état fondamental de l’existence. La résilience est au cœur du récit, sans jamais être idéalisée ni simplifiée.
L’univers proposé est à la fois dur et profondément doux. Il agit comme une confrontation directe avec nos repères occidentaux, que ce soit dans le rapport à la famille, à la sexualité, à la nature ou à la spiritualité. L’intégration de chants, de récits et de fables enrichit considérablement le monde décrit et renforce cette sensation d’immersion culturelle, sans lourdeur explicative.
Graphiquement, le dessin ne correspond pas forcément aux canons qui me séduisent d'habitude le plus, au premier abord, mais sa justesse est indéniable. Il est parfaitement en phase avec le contexte, sert le récit avec intelligence et possède une esthétique forte en tant que telle. Cette cohérence entre fond et forme contribue largement à faire de De pierre et d’os une œuvre sensible, profondément humaine et que je recommande.
Excellente série de science-fiction d’anticipation, construite sur des récits indépendants par tome, chacun explorant une planète, un contexte et une problématique spécifique. Malgré une structure habituellement peu propice à l’attachement, la série parvient ici à créer une vraie implication grâce à un bon équilibre entre univers, enjeux et caractérisation des personnages. Chaque récit fonctionne de manière autonome tout en donnant envie de poursuivre la découverte de l’univers global.
Le scénario privilégie des thématiques classiques mais solides de la SF (colonisation, rapport à l’altérité, manipulation politique, responsabilité humaine), traitées avec suffisamment de nuance pour éviter la simple mécanique. Le lien entre l’environnement planétaire et la trajectoire des personnages est particulièrement bien exploité, ce qui donne une cohérence interne forte à chaque album.
Graphiquement, le dessin réaliste est très maîtrisé et constant, avec une mise en scène lisible et efficace.
Du Bilal presque à son sommet, qui est à mon avis Partie de chasse. Et en plus, c'est une bd facile et qui fait du bien. Le dessin et la couleur sont très lisibles quoique le style Bilal soit là, et bien là, les constructions ne s'effritent pas trop en secrète ruine, et le visage des personnages n'est pas ravagé par l'exercice du pouvoir. En plus, nous sommes et dans la ruralité, savoir le village, et dans la croisière, il vole ! Tant qu'à dire que le propos politique est trop appuyé, il est des bd bien plus démonstratives qu'on ne critique pas pour si peu, alors… Et sinon, on ne fait pas que comprendre les personnages, on s'attache à eux, et ça finit bien. Alors que demande le peuple ?
*Entrée fracassante avec coup de pied violent dans la porte*
Okay, après avoir laissé traîner depuis belles lurettes, il est enfin temps pour moi de rédiger mon avis sur Bloom into you !
La série d'amour lycéen qui avait su réveiller en moi la midinette qui se cachait jusque-là, l'histoire qui a fait germer tant de questions quant aux relations romantiques et qui m'a fait réaliser que je me trouvais probablement dans le spectre de l'aromantisme et de l'asexualité (même si ici il s'agira surtout d'une question d'aromantisme), l'un des yuris récents les plus encensés par les milieux connaisseurs, … Bref, une série avec un beau palmarès à mes yeux, que j'avais découverte par hasard via des scans en ligne il y a quelques années et qui a su pourtant me rester en mémoire.
L'œuvre est elle parfaite ? Non, elle souffre en grande partie de ses envolées métaphysiques parfois bien peu naturelles, mais j'avoue que même ce défaut objectif me paraît charmant, inséparable de cette histoire dans mon esprit. Certaines personnes pourraient aussi regretter l'absence de réel antagonisme dans le récit, car bien que l'histoire aborde certaines questions un peu dures comme le deuil, le fait que pour aider quelqu'un il faut parfois refuser d'aller dans leur sens ou encore le fait qu'un des personnages essai malgré elle de se détruire, de disparaître derrière l'image qu'elle renvoie aux autres (façon "destruction du soi"), tout est finalement assez doux, tendre et gentil. On pourrait aussi regretter que l'histoire soit finalement bien cliché, cochant pratiquement toutes les cases du yuri classique (on passe même par le rendez-vous à l'aquarium), mais j'avoue que cela ne me dérange pas plus que de raison. L'histoire est classique, parfois étrangement verbeuse et flottante, mais elle parvient tout de même à me toucher, et c'est déjà très bien.
L'histoire, puisqu'il faut la présenter, est une histoire d'amour. Dans son sens le plus basique, tout d'abord, puisqu'il s'agit in fine d'un triangle amoureux lycéen, mais également une histoire sur l'amour dans sa globalité, sur ce que cela signifie d'aimer quelqu'un, sur ce que c'est, finalement, quelqu'un. Oui, comme je l'ai dit plus haut, l'histoire pose contre toute attente une pelletée de questionnements poussés sur l'identité, le fait que nous existions techniquement à travers le regard d'autrui et le fait que le nous est un ensemble d'étiquettes quasiment infini et toujours évoluant (qui me rappelle toujours "Nos identités meurtrières" d'Amin Maalouf). Qu'est-ce qui défini un individu si celui-ci change sans-cesse et se présente différemment face à divers autres individus ? Que signifie aimer quelqu'un si nous ne parvenons pas à pleinement définir ce qu'est au final ce quelqu'un ? Est-il juste de dire à quelqu'un que l'on aime à un instant T si au final cette personne a déjà changer, possède sans doute aussi déjà de nombreuses facettes qui nous sont inconnues ? Tant de questions qui peuvent sans doute vous paraître anodines ou sans importances mais qui portent pourtant le récit tout du long.
L'histoire est celle de Yû, une jeune fille se sentant éloignée des autres car incapable de tomber amoureuse, qui va un beau jour se voir proposer une offre des plus étranges de la belle Tôko, une fille d'apparence parfaite n'étant jamais retourné les sentiments de qui que ce soit : accepter de sortir avec elle, la laisser l'aimer et promettre de ne jamais tomber amoureuse d'elle en retour. Une jeune fille populaire mais cachant un profond mal-être, qui cherche désespérément à aimer quelqu'un et à ce que quelqu'un puisse l'aimer en retour, malgré tout ce qu'elle cache d'elle, malgré toute la complexité de sa personne et qui par peur d'être rejetée préfère s'isoler des autres ; une jeune fille isolée des autres car incapable de pleinement comprendre ce que signifie aimer quelqu'un romantiquement, à un âge où les histoires d'amour et les sentiments romantiques sont pourtant au cœur de la vie sociale, et souhaitant elle aussi secrètement pouvoir être aimer telle qu'elle est vraiment ; une autre jeune fille (oui, je n'ai pas encore eu le temps de présenter Sayaka, mais elle est importante aussi) ayant découvert son homosexualité récemment, meilleure amie de Tôko, l'aimant en secret mais souhaitant toujours privilégier le bonheur de son amie plutôt que ses sentiments égoïstes. Bref, il s'agit ici d'une histoire on ne peut plus adolescente, avec des personnages perdus, en plein questionnement sur eux-mêmes, sur leurs liens avec les autres, qui évoluent et surtout vont de l'avant.
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? J'aime les histoires d'amour, le sentiment de perdition adolescente est traitée avec beaucoup de justesse, les questionnements et réflexions soulevées dans cette histoires sont intéressantes, j'ai de l'affection pour les personnages, ... Je ne suis peut-être pas pleinement objective mais l'oeuvre est bonne, très bonne. J'aurais même pu lui ajouter un coup de cœur lors de ma première lecture. Aujourd'hui, même si j'aime toujours autant ce récit, je me montrerais plus mesurée.
Un petit mot rapide quand à la dimension "aromantique" de cette romance (attention, spoiler).
Oui, Yû et Tôko finissent bien officiellement en couple, et Yû finira bel et bien par tomber amoureuse de Tôko. Cela n'empêche pas techniquement Yû de toujours pouvoir se trouver dans le spectre de l'aromantisme puisque ces sentiments n'ont commencés à se manifester qu'une fois un lien très fort avec Tôko a été établi (ce qui pourrait parfaitement correspondre à quelqu'un de demi-romantique), mais je comprend parfaitement si cette histoire n'est pas interprétée de la sorte (on pourrait après tout interpréter ce récit comme celui d'un éveil à l'amour très classique et de ne voir l'évolution de leur relation que comme deux personnes envieuses des relations sincères des autres et se sentant pourtant incapable d'y prendre part). Pourtant, quoi qu'il arrive, l'aromantisme reste un questionnement central de ce récit, puisque Yû se questionne tout du long sur son incapacité à ressentir d'attraction romantique et qu'un personnage secondaire important (Maki) est quant-à lui bel et bien aromantique (et un aromantique pur et dur de surcroît).
Si j'ai pris le besoin de spécifier cet état de fait c'est parce que j'ai déjà vu beaucoup de gens se questionner pour savoir si oui ou non cette série était une bonne représentation du sujet de l'aromantisme et que je tenais à apporter mon grain de sel. Non, si vous cherchez un récit qui traite pleinement d'une relation de couple entre deux individu-e-s lorsqu'au moins l'un-e d'entre elleux est aromantique cette série ne sera pas optimale. Mais en tant qu'histoire d'amour ouvrant sincèrement la question sur le sujet elle reste parfaitement acceptable à mes yeux.
(J'adore quand mes petits mots rapides finissent par devenir des paragraphes entiers).
Comme beaucoup de lecteurs j'avais connaissance de l'arnaque à la pyramide de Ponzi, sans être au courant qu'il s'agissait d'un véritable escroc. Personnellement j'imaginais que c'était l'universitaire qui l'avait mis en lumière, mais non !
Et franchement, la BD est très bien faite. La vie de cet arnaqueur est très bien racontée, expliquant en détail comment il arrive à créer sa pyramide, sans jamais y réfléchir, sans jamais avoir conscience de ce qu'il développe. C'est juste un arnaqueur standard, un type qui veut devenir riche quelque soit le moyen. Et d'ailleurs la BD est assez claire sur le fait que lui-même ne comprend pas que son système va s'écrouler, tandis qu'il est lui-même arnaqué par d'autres personnes autour de lui. Un sacré bazar donc, plutôt bien mis en lumière par un scénario très clair (simplifiant parfois pour les besoins narratifs) et faisant état de la clé de voute de toute arnaque : le beau parleur à qui on ait confiance.
La BD est servie par un dessin tout à fait efficace qui joue sur différentes représentations notamment dans les dernières pages qui font le bilan de sa vie suite à l'affaire. C'est lisible d'un bout à l'autre et les magouilles financières sont claires alors même que l'opération était complexe en apparence.
Le genre de BD documentaire que je recommande, notamment pour le dossier à la fin explicatif qui permet de mettre en lumière à quel point cette pratique est encore d'actualité, peut-être même plus puissante à l'heure d'une communication aussi rapide et claire que le permet l'internet. La liste finale est éloquente, les gens sont encore capable de se faire avoir sur une arnaque vieille de plus d'un siècle désormais. Ponzi a eu beaucoup d'enfants illégitimes !
Même ce que j'aime le moins tels que l'aspect policier et les dingues est logique : la guerre comme l'or font que les gens transgressent les limites ! Mais j'aime surtout le héros de guerre "immortel" et la jeune Aïnou. Quel personnage complexe et attachant : aimant la chasse, la nourriture de son peuple à laquelle elle convertit Sugimoto, d'autres traditions, sa liberté, celle de son peuple, le paysage sublimissime et son ami loup.
Le dessin est nettement meilleur que celui de trop de mangas qui schématisent les dessins au point de les dessécher. Là, les visages, corps, postures des personnages sont nettement différenciés, merci ! S'il y a parfois des gens nus, ce sont les hommes et ça change, dans des scènes plus ou moins humoristiques, que je n'apprécie pas plus que ça, mais qui détendent cependant l'atmosphère, et font partie d'une œuvre qui charrie tout, et notamment, j'y reviens, la nourriture, vitale, qu'on doit chasser, cueillir, cuisiner, tandis que la peau des animaux sert à fabriquer des vêtements ou vendre ce qui permettra de poursuivre l'aventure, pour nos héros, voulant délivrer le père d' Ashirpa et trouver l'or, qui pour financer la lutte de libération des Aïnous, qui pour recaser les soldats perdus de l'Empire japonais, qui pour….
La nature et l'or dominent les humains, qui s'agitent aiguillonnés par la faim et la soif de l'or. Mais quelle vitalité ! A signaler que l'anime est aussi excellent, et permet de prendre la pleine mesure d'une nature qui en vaut la peine d'être vue en plus grand. A ce propos, j'aimerais qu'il y en ait une suite, et sinon quoi ? Je rejoins des protestataires comme les fidèles de l'ancien shogunat, et en garde !
Entre quelques rares moments très violents (les massacres de soldats « coloniaux – Noirs donc – par des soldats allemands), le premier tome nous fait entrer de plain-pied dans une guerre et une occupation presque bon enfant, avec des soldats allemands éloignés des SS tortionnaires, des prisonniers de guerre presque en semi-liberté au milieu de la population bretonne (le « Stalag » est ici franchement peu contraignant !). D’autres facilités encore, certaines pointées par bamiléké.
Si je comprends que cela puisse surprendre et/ou énerver, je pense qu’il ne s’agit pas ici de faire une série totalement réaliste et véridique. Je suis prêt à accepter certaines distances prises avec la réalité par Kris, pour développer son récit, avec un côté sans doute bien plus sucré et gentil que la réalité (et le dessin de Fournier, lui aussi tout en rondeurs, ne fait qu’accentuer cet état d’esprit), mais en tout cas l’histoire se laisse lire plaisamment.
En effet, si certains aspects peuvent paraître édulcorés (la France pétainiste est quasi absente – seul le retour du fils haineux l’incarne, les soldats et officiers allemands sont loin d’être des salauds), l’histoire nous amène quand même à une certaine noirceur. D’abord parce que Kris évite le happy end que je voyais poindre un moment. Ensuite parce qu’il dénonce clairement le scandaleux et hypocrite traitement infligé par la France aux anciens combattants africains – jusqu’aux massacres de ceux qui réclamaient un égal traitement (financier autant que moral) avec les Français de souche.
Un diptyque agréable à lire, et finalement plus noir qu’on pourrait le penser.
Note réelle 3,5/5.
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Partie de chasse
Prophétique Bilal annonçant la fin de l'URSS, avec ces hauts dignitaires soviétiques dont nous voyons les réalisations, crimes et échecs ! La pétrification des hommes de pouvoir par leur visage semblables à de la pierre effritée est sublimement rendue. Le sang envahissant les cases quand il le faut pour l'intérêt de l'histoire comme pour ajouter à la splendeur du graphisme et à son expressivité est éblouissant. La chasse fait partie des traditions humaines les plus ancrées, et surtout chez les dirigeants. Ainsi, il y a du réalisme dans partie de chasse, aussi bien que du symbolisme : en fait, une telle chasse sacrificielle* aurait ma foi bien été possible La femme hantant le dignitaire soviétique maître du jeu, elle qu'il a sacrifié à l'ogre Staline pour survivre est aussi un leitmotiv fort bien trouvé. On a le rigide dignitaire de la RDA et le fantaisiste retraité accueillant tout le monde et sa fable avec des oiseaux de proie. Quelle comédie humaine. Aucune case qui ne soit parfaite en soit et insérée dans le flux de la narration… J'ai lu et relu cette œuvre à user l'ouvrage et mon goût pour lui comme lors de ma phase jus de tomate enfant, je n'en pouvais plus… Et puis, ne s'ouvre-t-on pas forcément à d'autres œuvres ? Mais je pense que j'y reviendrais, comme l'augure mon cycle de critique sur Bilal. * Qui est intrigué par cette expression n'a qu'à lire l'œuvre !
La Ville qui n'existait pas
La ville qui n'existait pas fait exister et la ville réelle, du nord, de l'industrie et de ses conflits entre les patrons et les ouvriers, et une ville nouvelle utopique. Les deux ont leurs limites, les deux se lisent l'une dans l'autre, comme on ne le voit jamais mieux que dans les deux enfants toujours en manque de quelque chose dans l'une et dans l'autre. Vaut-il mieux une ville de misère mais de conflit ou une ville de loisirs et de beauté où l'héritière règne bienveillamment sur ses gens ? La majorité préfère fuir le travail aliénant, le chômage, les luttes qui ne mènent souvent pas à grand-chose, mais les syndicalistes rivaux préfèrent s'exiler pour lutter ailleurs, et le conseiller de l'héritière - et du village de La croisière des Oubliés - partent loin de l'utopie pour retourner dans le monde de boue, crasse et injustice, parce que c'est de lui qu'ils tirent leur identité et leur vitalité. Et pourquoi pas ? Des héros aimés par des femmes de rêve offrant l'éternelle jeunesse retournent bien dans le monde de la souffrance, que ce soit Ulysse fuyant Calypso et tant d'autres. Mais la majorité préfère tout de même la vie meilleure proposée par l'héritière. Laquelle est un peu triste de ce que son conseiller parte vers d'autres aventures, handicapée sur son fauteuil roulant délivrée de sa culpabilité pour le fait que ses ancêtres aient exploité les ouvriers, mais sans la compassion et la souffle de l'aventure de celui dont les discussions avaient fait naître le désir d'utopie en elle . Souvent, on a des utopies parfaites, souvent, on a des dystopies, ici, on a l'utopie nostalgique entre parenthèse du monde.
Les Phalanges de l'ordre noir
Il me plait que les méchants fascistes - les vrais, pas des phantasmés par des excités ! - et les "gentils" opposants à ces affreux terroristes soient tous des vieux. Voilà qui change ! Et met en miroir le passé et le présent, savoir de l'époque de la création de l'œuvre. Les fascistes ne se sont pas améliorés, témoins, les attentats qu'ils commettent… Lesquels sont dessinés de façon aussi dramatique que belle par Bilal, des images qu'on n'oublie pas. Les antifascistes eux, sont toujours aussi courageux et plus tolérants qu'autrefois, mais se pose à la fin la question de savoir s'ils ne ressemblent pas un peu trop aux fascistes. Enfin, ce genre d'interrogation du narrateur montre qu'ils sont tout de même nettement plus lucides ! Le rythme de l'histoire, lent et rapide selon les nécessités de l'intrigue ? Parfait. Il y a même un soupçon d'humour plutôt inhabituel chez Bilal. Mais comme on n'est pas dans La croisière des oubliés, pas dans une fable fantastique mais dans un monde violent, il n'y a pas de happy end. Ah, comme je regrette que la production de légendes d'aujourd'hui ait cessé !
De pierre et d'os
De pierre et d’os est un véritable coup de cœur. Le scénario adopte un rythme lent, assumé, mais construit avec une progression constante qui rend la lecture de plus en plus prenante. Le travail sur les relations humaines est particulièrement fort, notamment dans la manière dont sont abordées la violence masculine, la condition des femmes et, surtout, la fragilité comme état fondamental de l’existence. La résilience est au cœur du récit, sans jamais être idéalisée ni simplifiée. L’univers proposé est à la fois dur et profondément doux. Il agit comme une confrontation directe avec nos repères occidentaux, que ce soit dans le rapport à la famille, à la sexualité, à la nature ou à la spiritualité. L’intégration de chants, de récits et de fables enrichit considérablement le monde décrit et renforce cette sensation d’immersion culturelle, sans lourdeur explicative. Graphiquement, le dessin ne correspond pas forcément aux canons qui me séduisent d'habitude le plus, au premier abord, mais sa justesse est indéniable. Il est parfaitement en phase avec le contexte, sert le récit avec intelligence et possède une esthétique forte en tant que telle. Cette cohérence entre fond et forme contribue largement à faire de De pierre et d’os une œuvre sensible, profondément humaine et que je recommande.
Conquêtes
Excellente série de science-fiction d’anticipation, construite sur des récits indépendants par tome, chacun explorant une planète, un contexte et une problématique spécifique. Malgré une structure habituellement peu propice à l’attachement, la série parvient ici à créer une vraie implication grâce à un bon équilibre entre univers, enjeux et caractérisation des personnages. Chaque récit fonctionne de manière autonome tout en donnant envie de poursuivre la découverte de l’univers global. Le scénario privilégie des thématiques classiques mais solides de la SF (colonisation, rapport à l’altérité, manipulation politique, responsabilité humaine), traitées avec suffisamment de nuance pour éviter la simple mécanique. Le lien entre l’environnement planétaire et la trajectoire des personnages est particulièrement bien exploité, ce qui donne une cohérence interne forte à chaque album. Graphiquement, le dessin réaliste est très maîtrisé et constant, avec une mise en scène lisible et efficace.
La Croisière des Oubliés
Du Bilal presque à son sommet, qui est à mon avis Partie de chasse. Et en plus, c'est une bd facile et qui fait du bien. Le dessin et la couleur sont très lisibles quoique le style Bilal soit là, et bien là, les constructions ne s'effritent pas trop en secrète ruine, et le visage des personnages n'est pas ravagé par l'exercice du pouvoir. En plus, nous sommes et dans la ruralité, savoir le village, et dans la croisière, il vole ! Tant qu'à dire que le propos politique est trop appuyé, il est des bd bien plus démonstratives qu'on ne critique pas pour si peu, alors… Et sinon, on ne fait pas que comprendre les personnages, on s'attache à eux, et ça finit bien. Alors que demande le peuple ?
Bloom into you
*Entrée fracassante avec coup de pied violent dans la porte* Okay, après avoir laissé traîner depuis belles lurettes, il est enfin temps pour moi de rédiger mon avis sur Bloom into you ! La série d'amour lycéen qui avait su réveiller en moi la midinette qui se cachait jusque-là, l'histoire qui a fait germer tant de questions quant aux relations romantiques et qui m'a fait réaliser que je me trouvais probablement dans le spectre de l'aromantisme et de l'asexualité (même si ici il s'agira surtout d'une question d'aromantisme), l'un des yuris récents les plus encensés par les milieux connaisseurs, … Bref, une série avec un beau palmarès à mes yeux, que j'avais découverte par hasard via des scans en ligne il y a quelques années et qui a su pourtant me rester en mémoire. L'œuvre est elle parfaite ? Non, elle souffre en grande partie de ses envolées métaphysiques parfois bien peu naturelles, mais j'avoue que même ce défaut objectif me paraît charmant, inséparable de cette histoire dans mon esprit. Certaines personnes pourraient aussi regretter l'absence de réel antagonisme dans le récit, car bien que l'histoire aborde certaines questions un peu dures comme le deuil, le fait que pour aider quelqu'un il faut parfois refuser d'aller dans leur sens ou encore le fait qu'un des personnages essai malgré elle de se détruire, de disparaître derrière l'image qu'elle renvoie aux autres (façon "destruction du soi"), tout est finalement assez doux, tendre et gentil. On pourrait aussi regretter que l'histoire soit finalement bien cliché, cochant pratiquement toutes les cases du yuri classique (on passe même par le rendez-vous à l'aquarium), mais j'avoue que cela ne me dérange pas plus que de raison. L'histoire est classique, parfois étrangement verbeuse et flottante, mais elle parvient tout de même à me toucher, et c'est déjà très bien. L'histoire, puisqu'il faut la présenter, est une histoire d'amour. Dans son sens le plus basique, tout d'abord, puisqu'il s'agit in fine d'un triangle amoureux lycéen, mais également une histoire sur l'amour dans sa globalité, sur ce que cela signifie d'aimer quelqu'un, sur ce que c'est, finalement, quelqu'un. Oui, comme je l'ai dit plus haut, l'histoire pose contre toute attente une pelletée de questionnements poussés sur l'identité, le fait que nous existions techniquement à travers le regard d'autrui et le fait que le nous est un ensemble d'étiquettes quasiment infini et toujours évoluant (qui me rappelle toujours "Nos identités meurtrières" d'Amin Maalouf). Qu'est-ce qui défini un individu si celui-ci change sans-cesse et se présente différemment face à divers autres individus ? Que signifie aimer quelqu'un si nous ne parvenons pas à pleinement définir ce qu'est au final ce quelqu'un ? Est-il juste de dire à quelqu'un que l'on aime à un instant T si au final cette personne a déjà changer, possède sans doute aussi déjà de nombreuses facettes qui nous sont inconnues ? Tant de questions qui peuvent sans doute vous paraître anodines ou sans importances mais qui portent pourtant le récit tout du long. L'histoire est celle de Yû, une jeune fille se sentant éloignée des autres car incapable de tomber amoureuse, qui va un beau jour se voir proposer une offre des plus étranges de la belle Tôko, une fille d'apparence parfaite n'étant jamais retourné les sentiments de qui que ce soit : accepter de sortir avec elle, la laisser l'aimer et promettre de ne jamais tomber amoureuse d'elle en retour. Une jeune fille populaire mais cachant un profond mal-être, qui cherche désespérément à aimer quelqu'un et à ce que quelqu'un puisse l'aimer en retour, malgré tout ce qu'elle cache d'elle, malgré toute la complexité de sa personne et qui par peur d'être rejetée préfère s'isoler des autres ; une jeune fille isolée des autres car incapable de pleinement comprendre ce que signifie aimer quelqu'un romantiquement, à un âge où les histoires d'amour et les sentiments romantiques sont pourtant au cœur de la vie sociale, et souhaitant elle aussi secrètement pouvoir être aimer telle qu'elle est vraiment ; une autre jeune fille (oui, je n'ai pas encore eu le temps de présenter Sayaka, mais elle est importante aussi) ayant découvert son homosexualité récemment, meilleure amie de Tôko, l'aimant en secret mais souhaitant toujours privilégier le bonheur de son amie plutôt que ses sentiments égoïstes. Bref, il s'agit ici d'une histoire on ne peut plus adolescente, avec des personnages perdus, en plein questionnement sur eux-mêmes, sur leurs liens avec les autres, qui évoluent et surtout vont de l'avant. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? J'aime les histoires d'amour, le sentiment de perdition adolescente est traitée avec beaucoup de justesse, les questionnements et réflexions soulevées dans cette histoires sont intéressantes, j'ai de l'affection pour les personnages, ... Je ne suis peut-être pas pleinement objective mais l'oeuvre est bonne, très bonne. J'aurais même pu lui ajouter un coup de cœur lors de ma première lecture. Aujourd'hui, même si j'aime toujours autant ce récit, je me montrerais plus mesurée. Un petit mot rapide quand à la dimension "aromantique" de cette romance (attention, spoiler). Oui, Yû et Tôko finissent bien officiellement en couple, et Yû finira bel et bien par tomber amoureuse de Tôko. Cela n'empêche pas techniquement Yû de toujours pouvoir se trouver dans le spectre de l'aromantisme puisque ces sentiments n'ont commencés à se manifester qu'une fois un lien très fort avec Tôko a été établi (ce qui pourrait parfaitement correspondre à quelqu'un de demi-romantique), mais je comprend parfaitement si cette histoire n'est pas interprétée de la sorte (on pourrait après tout interpréter ce récit comme celui d'un éveil à l'amour très classique et de ne voir l'évolution de leur relation que comme deux personnes envieuses des relations sincères des autres et se sentant pourtant incapable d'y prendre part). Pourtant, quoi qu'il arrive, l'aromantisme reste un questionnement central de ce récit, puisque Yû se questionne tout du long sur son incapacité à ressentir d'attraction romantique et qu'un personnage secondaire important (Maki) est quant-à lui bel et bien aromantique (et un aromantique pur et dur de surcroît). Si j'ai pris le besoin de spécifier cet état de fait c'est parce que j'ai déjà vu beaucoup de gens se questionner pour savoir si oui ou non cette série était une bonne représentation du sujet de l'aromantisme et que je tenais à apporter mon grain de sel. Non, si vous cherchez un récit qui traite pleinement d'une relation de couple entre deux individu-e-s lorsqu'au moins l'un-e d'entre elleux est aromantique cette série ne sera pas optimale. Mais en tant qu'histoire d'amour ouvrant sincèrement la question sur le sujet elle reste parfaitement acceptable à mes yeux. (J'adore quand mes petits mots rapides finissent par devenir des paragraphes entiers).
La Pyramide de Ponzi
Comme beaucoup de lecteurs j'avais connaissance de l'arnaque à la pyramide de Ponzi, sans être au courant qu'il s'agissait d'un véritable escroc. Personnellement j'imaginais que c'était l'universitaire qui l'avait mis en lumière, mais non ! Et franchement, la BD est très bien faite. La vie de cet arnaqueur est très bien racontée, expliquant en détail comment il arrive à créer sa pyramide, sans jamais y réfléchir, sans jamais avoir conscience de ce qu'il développe. C'est juste un arnaqueur standard, un type qui veut devenir riche quelque soit le moyen. Et d'ailleurs la BD est assez claire sur le fait que lui-même ne comprend pas que son système va s'écrouler, tandis qu'il est lui-même arnaqué par d'autres personnes autour de lui. Un sacré bazar donc, plutôt bien mis en lumière par un scénario très clair (simplifiant parfois pour les besoins narratifs) et faisant état de la clé de voute de toute arnaque : le beau parleur à qui on ait confiance. La BD est servie par un dessin tout à fait efficace qui joue sur différentes représentations notamment dans les dernières pages qui font le bilan de sa vie suite à l'affaire. C'est lisible d'un bout à l'autre et les magouilles financières sont claires alors même que l'opération était complexe en apparence. Le genre de BD documentaire que je recommande, notamment pour le dossier à la fin explicatif qui permet de mettre en lumière à quel point cette pratique est encore d'actualité, peut-être même plus puissante à l'heure d'une communication aussi rapide et claire que le permet l'internet. La liste finale est éloquente, les gens sont encore capable de se faire avoir sur une arnaque vieille de plus d'un siècle désormais. Ponzi a eu beaucoup d'enfants illégitimes !
Golden Kamui
Même ce que j'aime le moins tels que l'aspect policier et les dingues est logique : la guerre comme l'or font que les gens transgressent les limites ! Mais j'aime surtout le héros de guerre "immortel" et la jeune Aïnou. Quel personnage complexe et attachant : aimant la chasse, la nourriture de son peuple à laquelle elle convertit Sugimoto, d'autres traditions, sa liberté, celle de son peuple, le paysage sublimissime et son ami loup. Le dessin est nettement meilleur que celui de trop de mangas qui schématisent les dessins au point de les dessécher. Là, les visages, corps, postures des personnages sont nettement différenciés, merci ! S'il y a parfois des gens nus, ce sont les hommes et ça change, dans des scènes plus ou moins humoristiques, que je n'apprécie pas plus que ça, mais qui détendent cependant l'atmosphère, et font partie d'une œuvre qui charrie tout, et notamment, j'y reviens, la nourriture, vitale, qu'on doit chasser, cueillir, cuisiner, tandis que la peau des animaux sert à fabriquer des vêtements ou vendre ce qui permettra de poursuivre l'aventure, pour nos héros, voulant délivrer le père d' Ashirpa et trouver l'or, qui pour financer la lutte de libération des Aïnous, qui pour recaser les soldats perdus de l'Empire japonais, qui pour…. La nature et l'or dominent les humains, qui s'agitent aiguillonnés par la faim et la soif de l'or. Mais quelle vitalité ! A signaler que l'anime est aussi excellent, et permet de prendre la pleine mesure d'une nature qui en vaut la peine d'être vue en plus grand. A ce propos, j'aimerais qu'il y en ait une suite, et sinon quoi ? Je rejoins des protestataires comme les fidèles de l'ancien shogunat, et en garde !
Plus près de toi
Entre quelques rares moments très violents (les massacres de soldats « coloniaux – Noirs donc – par des soldats allemands), le premier tome nous fait entrer de plain-pied dans une guerre et une occupation presque bon enfant, avec des soldats allemands éloignés des SS tortionnaires, des prisonniers de guerre presque en semi-liberté au milieu de la population bretonne (le « Stalag » est ici franchement peu contraignant !). D’autres facilités encore, certaines pointées par bamiléké. Si je comprends que cela puisse surprendre et/ou énerver, je pense qu’il ne s’agit pas ici de faire une série totalement réaliste et véridique. Je suis prêt à accepter certaines distances prises avec la réalité par Kris, pour développer son récit, avec un côté sans doute bien plus sucré et gentil que la réalité (et le dessin de Fournier, lui aussi tout en rondeurs, ne fait qu’accentuer cet état d’esprit), mais en tout cas l’histoire se laisse lire plaisamment. En effet, si certains aspects peuvent paraître édulcorés (la France pétainiste est quasi absente – seul le retour du fils haineux l’incarne, les soldats et officiers allemands sont loin d’être des salauds), l’histoire nous amène quand même à une certaine noirceur. D’abord parce que Kris évite le happy end que je voyais poindre un moment. Ensuite parce qu’il dénonce clairement le scandaleux et hypocrite traitement infligé par la France aux anciens combattants africains – jusqu’aux massacres de ceux qui réclamaient un égal traitement (financier autant que moral) avec les Français de souche. Un diptyque agréable à lire, et finalement plus noir qu’on pourrait le penser. Note réelle 3,5/5.