Avis subjectif, pour un album pas très courant, et qui je pense plaira surtout aux amateurs de l’auteur. Mais aussi aux lecteurs curieux, férus de poésie – surréaliste essentiellement. Et comme je fais partie de ces deux catégories, voilà un album que j’ai grandement apprécié !
L’album est vite lu, car totalement muet. Même s’il y a un récit sous-jacent, c’est surtout une suite d’images, de rêveries, l’exploration de l’imaginaire de Moebius.
J’ai parlé d’une lecture rapide. Certes. Mais elle en appelle presque à l’infini d’autres, pour observer les détails. Car Moebius allie ici la minutie et l’épure, dans un dessin excellent, souvent hypnotique et onirique.
Giraud/Moebius a toujours aimé les déserts, les a souvent représentés, dans les Blueberry de façon réaliste, et dans pas mal d’œuvres moebiusiennes de façon plus épurée, comme c’est le cas ici. Ses visites aux États-Unis, au Mexique – et probablement l’usage de substances « exotiques » – l’ont fortement inspiré, pour donner ici quelque chose de superbe visuellement, et d’intrigant intellectuellement.
Une lecture envoûtante.
Les 7 mercenaires au temps des Croisades !
À la fin du XIIe siècle, une jeune forgeronne se rend à Jérusalem pour recruter des chevaliers capables de défendre son village contre des croisés sans scrupules. Sa seule monnaie d'échange : des armures d'une qualité exceptionnelle qu'elle est la seule à savoir forger. En chemin, elle réunit une équipe hétéroclite de combattants venus d'horizons très divers, qui acceptent de la suivre et de se battre à ses côtés.
Voilà une publication des plus réjouissantes. Certes, le schéma des 7 mercenaires a été exploité maintes fois, mais le transposer dans le royaume de Jérusalem, véritable carrefour où se côtoyaient Européens, Africains, Nizârites, Mongols ou Tatars, offre un terrain culturel riche et propice à un récit haut en couleurs. Et confié à Arthur de Pins, le concept fonctionne d'autant mieux.
Son graphisme fait toujours mouche. Il s'éloigne ici un peu de l'esthétique très numérique de Zombillénium : pas de dégradés, et la 3D n'apparaît que dans certains décors, tandis que les personnages et l'essentiel des planches adoptent un rendu en aplats, plus sobre visuellement mais tout aussi efficace. L'auteur s'autorise en prime plusieurs compositions d'une grande élégance, proches d'illustrations d'artistes conceptuels.
La narration, elle aussi, apporte une vraie fraîcheur. Malgré un cadre historique soigné et quasiment dépourvu d'anachronismes, les dialogues adoptent une vivacité très contemporaine, presque cinématographique. Le rythme est excellent, soutenu par une galerie de personnages réussie, par la personnalité forte de la forgeronne qui les rassemble et par un zeste d'humour bienvenu dans la mise en scène. L'intrigue principale reste simple et rappelle les exactions commises par certains croisés en Terre sainte, mais elle s'enrichit de sous-intrigues bien dosées qui maintiennent l'intérêt et donnent envie d'avancer.
C'est une BD très aboutie et particulièrement plaisante.
Après avoir parcouru la version couleur, j'ai tout de suite opté pour l'édition noir et blanc de l'album tant j'ai trouvé que les couleurs figeaient les personnages et ne collaient pas à ce western.
Et, je pense avoir bien fait. Dans cette version n&b, le dessin de Henriet (auteur que je découvre ici) est magnifique.
Mais j'avoue avoir acheté cet album sur le seul nom de Pierre Dubois, dont les deux autres western Sykes et Texas Jack, publiés aussi chez le Lombard (collection Signé) m'avaient enchanté. Il faut dire que Pierre Dubois, que je croisais régulièrement lorsque j'étais étudiant à Rennes, prend son temps pour installer son intrigue et ses personnages : 144 pages de poursuites, de fusillades, de trahisons aussi, bref du bon western.
Les personnages sont bien campés, et on retrouve ce qui fait le sel des bons westerns : du propriétaire terrien véreux, au jeune cow boy fougueux, au colporteur (Scurly, personnage attachant) en passant par la jeune fille ingénue ou beaucoup moins farouche. Même les indiens ne sont pas oubliés!
j'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette bande dessinée, et les amateurs de western devraient se tourner vers cet album, qui mérite que l'on s'y attarde.
L’histoire est simple, presque linéaire, celle d’une traque. Une femme recherchée par ses deux ex-beaux-frères, après qu’elle ait tué son mari. Une traque qui nous fait traverser ce qui reste d’espaces sauvages aux États-Unis au tout début du XXème siècle. Une traque durant laquelle elle va faire des rencontres, nouer des relations fortes et éphémères.
C’est qu’elle aussi est à la recherche d’elle-même, et elle est dure à fixer cette femme, dure à amadouer, après s’être violemment émancipée d’un quotidien déprimant.
J’ai parlé d’une intrigue assez simple – mais pas simpliste – et en plus la fin est ouverte, laisse en suspens l’avenir. Mais c’est une histoire que j’ai pris plaisir à parcourir. Peu de textes, mais une défense et exaltation de la liberté qu’on conquiert, de la possibilité de renaître, la question du pardon aussi.
Le dessin lui aussi m’a plu. Un Noir et Blanc charbonneux, nerveux, avare de détails, mais aussi très évocateur. Là aussi une simplicité qui m’a touché.
Un western crépusculaire et taiseux plutôt sympa.
Note réelle 3,5/5.
Comment faire un résumé clair qui ne dévoile pas tout quand tout le sel de l'album vient justement du fait que l'on suit deux histoires bien distinctes et ne se reposant que sur une mauvaise compréhension et une mauvaise communication entre deux peuples ?
(Je me permet de révéler ce point parce qu'on le comprend mine de rien assez vite, ne serait-ce que par habitude de ce genre de récit).
Tout est dans le titre : il s'agit ici de Fantasy. De science-fantasy, tout d'abord, car les humain-e-s fonctionnent en une sorte de système féodal avec armures techno-magiques et la société divine a des allures de retro-SF, mais également parce que le sujet principal de ces deux histoires, de l'album en lui-même en fait, c'est bien la fantaisie, les croyances en général pour être plus précise. Alma et Yourcenar veulent toutes deux croire au fait d'avoir un but, d'avoir une destinée, un devoir ou encore un amour qui les attend, chacune d'entre elle est enfermée dans les croyances de leurs peuples qui les poussera, l'une comme l'autre, à ce jour fatidique de leur rencontre - et sur lequel je ne vais pas trop m'étendre parce que c'est littéralement le cœur de l'album.
L'album se lit dans deux sens possibles, l'un pour Alma et l'autre pour Yourcenar, les deux histoires et leurs protagonistes respectives se croisant enfin au milieu. Il me parait préférable de commencer par Alma, le cœur de son récit reposant énormément sur des parts d'ombres qui nous seront révélées chez Yourcenar. Certes, Yourcenar aussi ne comprend pas nécessairement tout ce qu'il se passe du côté d'Alma mais je trouve vraiment que l'on y perd pas mal si l'on ne lis pas les deux histoires dans cet ordre.
Le dessin de Yoann Kavege est bon. Je ne suis pas nécessairement très friande du style "space-fantasy au relents de new-age" chez les divinités mais j'avoue que l'esthétique colle bien, contraste judicieusement avec le médieval-SF des humains. Les cases sont joliment découpées, certains décors sont tout bonnement magnifiques et propices à la contemplation qu'il s'agisse des paysages naturels comme des ruines), … Bref, l'album est beau et coloré. J'aime particulièrement le fait que beaucoup de cases se font écho, se répondent d'une certaine manière, d'un récit à l'autre.
J'aurais presque envie de citer l'introduction de "Slay the Princess" et vous dire que "ceci est une histoire d'amour", rien que pour rire.
Rose, avatar de Lou Lubie dans cette BD, est créole de la Réunion. Malgré sa peau blanche, elle a hérité les cheveux très frisés de la part noire de ses ancêtres. Et ce fut pour elle un vrai traumatisme durant sa jeunesse puis une épreuve durant sa vie de jeune adulte, tandis qu'elle cherchait des moyens de changer de coiffure ou de maîtriser un tant soit peu cette chevelure indomptable.
Les problèmes de cheveux, je les ai connus en sens inverse, avec d'abord des cheveux si lisses qu'ils retombaient trop facilement comme un bol sur ma tête d'enfant, puis plus tard... avec leur disparition. Autant dire que les cheveux sont un problème intime pour beaucoup de personnes. Et cette problématique des cheveux trop frisés, je l'avais déjà croisée dans la BD Frizzy. Mais en suivant Rose depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte, je l'ai découverte sur un ton à la fois très intime et en même temps universel, avec des problématiques pratiques de contraintes quotidiennes et de recherche du salon de coiffure adéquat, et en même temps le sujet de la pression sociale et de mécanismes de discrimination nichés dans quelque chose d'aussi banal que des cheveux.
La dimension documentaire de l'album est remarquable. Au-delà du récit intime, touchant et souvent drôle, j'ai appris énormément de choses sur l'histoire des cheveux crépus, les héritages du colonialisme, les injonctions esthétiques, la taxe rose, et même les lacunes de la formation des coiffeurs en France. Plus j'avançais, plus je réalisais l'accumulation de petits détails du quotidien qui participent à un racisme et un sexisme ordinaires dont je ne mesurais pas l'ampleur.
Le personnage de Rose est attachant, et la façon dont Lou Lubie mêle expérience personnelle, humour et pédagogie fonctionne parfaitement. La narration est fluide, dessin et couleurs sont simples mais chaleureux, et l'édition est soignée. L'ensemble reste léger dans le ton tout en étant profondément instructif et parfois édifiant. On ne s'imagine pas ce que peuvent vivre les femmes aux cheveux crépus, et pas juste parce que leur coiffure est indomptable.
J'ai trouvé cette BD intelligente et extrêmement accessible. Elle ouvre les yeux sur un sujet qui paraît dérisoire mais qui, en réalité, révèle beaucoup sur notre société, tout en restant agréable et vivante du début à la fin.
Spider-Man : L’Histoire d’une Vie est une œuvre profondément originale qui revisite le mythe de Peter Parker sous un angle rare : celui du temps réel. Au lieu de rester un éternel adolescent, Peter vieillit ici décennie par décennie, et chaque période de sa vie s’ancre dans un contexte historique précis. Ce parti pris donne au récit une dimension beaucoup plus adulte, presque autobiographique, où l’on voit les choix, les regrets et les responsabilités peser de plus en plus lourd.
Le scénario de Chip Zdarsky brille par sa capacité à condenser l’essence de Spider-Man tout en lui offrant une trajectoire nouvelle. Les moments clés du personnage sont réinterprétés avec intelligence, sans jamais trahir l’esprit original. Mark Bagley, quant à lui, livre un travail visuel impressionnant, capable de capturer l’évolution physique, émotionnelle et morale de Peter au fil du temps.
L’album est touchant, parfois amer, souvent puissant. Il explore à merveille ce que signifie réellement le célèbre mantra « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » lorsqu’il s’applique à toute une vie.
En résumé, c’est un récit ambitieux, mature et profondément humain. Pour les fans de Spider-Man comme pour les lecteurs de comics en quête d’une histoire complète et marquante, L’Histoire d’une Vie est un incontournable.
Même si je pensais être saturé par les récits sur la Seconde Guerre mondiale, cette bande dessinée m'a prouvé qu'il est possible d'aborder le sujet sous un nouvel angle captivant.
Le récit suit l'évasion de deux détenus – un Allemand au tempérament rustre et un Italien un brin rêveur et idéaliste (notre héros) – ainsi que leur prisonnier russe, au cœur des immensités enneigées de la Russie.
Ici, plus que de guerre, il est surtout question de liberté, de tolérance et de générosité. Bien qu'il ne se passe pas énormément de choses durant les 200 pages que constituent cette bande dessinée, j'ai vraiment été séduit par la poésie qui s'en dégage. La voix off du héros, qui décrit ses pensées et états d'âme est vraiment bien écrite.
L'idée de conserver les dialogues en version originale (allemand et russe) est un choix narratif pertinent et audacieux qui intensifie le sentiment d'isolement et la complexité des relations entre les trois personnages. De plus, l'évolution de leurs rapports au cours de leur périple est crédible et le choix final du héros vis-à-vis de son otage russe, plutôt inattendu.
Visuellement, les aquarelles sur papier mat sont superbes, notamment dans le rendu des paysages enneigés et des animaux sauvages.
Une très belle lecture qui marque, et qui me donne envie de découvrir les autres créations du couple Radice et Turconi.
SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 8/10
GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 8,5/10
NOTE GLOBALE : 16,5/20
Je pense que Frankenstein est peut-être l'œuvre la plus adaptée en bande dessinée. Il faut dire que la puissance d'évocation du roman de Mary Shelley y est particulièrement propice.
Cette nouvelle version est celle de Michael Walsh, et se trouve être en fait l'adaptation de l'adaptation cinématographique de 1931, réalisée par James Whale. Ce ne fut pas la première adaptation, mais la première véritablement marquante, avec la figure de Boris Karloff, dont le visage massif, buriné, et planté de clous ou de vis est rentré dans l'inconscient collectif lorsqu'on évoque la créature de Frankenstein. Car oui, une bonne fois pour toutes, Frankenstein n'est pas le nom de cette créature, qui n'en a d'ailleurs pas, mais bel et bien celui de son créateur, ce savant un peu fou qui redonne la vie grâce à l'électricité.
Ici pas de final sur la banquise, le savant n'est plus Viktor, mais Henry Frankenstein, et celui-ci rencontre son destin au pied d'un moulin à vent... L'adaptation de Michael Walsh, auteur canadien, suit d'assez près le film de 1931, mais il y adjoint, en particulier, la présence de Paul, le jeune fils de l'une des composantes de la créature, qui joue un peu le rôle de la petite fille dans le jeu des Loups-Garous de Thiercelieux : un personnage qui, du fait de sa petite taille, se faufile partout, observe et comprend pas mal de choses. Il intervient un peu dans l'histoire, sans toutefois changer notablement la trame du récit.
C'est un ajout intéressant, assez crédible en soi, et cela ajoute un peu de moteur dans l'action qui est tout de même assez rapide. L'album comporte 128 pages, mais seulement une centaine pour l'histoire proprement dite. Celle-ci est complétée par quelques croquis et couvertures réalisés par Walsh, mais aussi et surtout une belle postface, signée par Arnold Petit, traducteur de l'album, qui est aussi un youtubeur spécialisé dans l'horreur, et retrace en deux-trois pages la trajectoire spéciale de l'œuvre de Shelley, avec surtout un focus sur le film de Whale, ce qui est normal.
Walsh propose quant à lui une adaptation assez puissante, dotant cette histoire de son dessin fort évocateur, jouant sur les ombres avec malice (aidé de sa coloriste Joni-Marie Griffin).
Bref, une bien belle version !
J’ai découvert la BD Son odeur après la pluie dans son édition collector à dos toilé, et rien que l’objet en lui-même est superbe. Cette version enrichie, avec l’interview et une histoire courte supplémentaires, donne vraiment la sensation d’avoir entre les mains un ouvrage pensé pour durer, presque un livre-souvenir. Ça correspond parfaitement au ton de l’œuvre, qui parle justement de mémoire, de traces laissées, de ce qui demeure quand tout le reste s’efface.
L’adaptation réalisée par José Luis Munuera m’a profondément touché. Il parvient à conserver l’âme du roman de Cédric Sapin-Defour tout en lui offrant une vie nouvelle grâce au dessin. Son trait, à la fois doux et expressif, donne un relief incroyable à la relation entre Cédric et Ubac. Les couleurs amplifient encore cette sensation d’intimité et de sérénité : on a l’impression de partager de vrais instants de vie, dans leur simplicité la plus sincère. Rien n’est forcé, tout respire la retenue et l’humanité.
Un des grands plaisirs de cette BD, et l’un de ses choix narratifs les plus réussis, est ce chapitre où l’on se retrouve dans la tête d’Ubac. On voit le monde à travers sa perception, ses pensées simples mais d’une sincérité absolue, son rapport au maître, au temps, aux sensations, les odeurs. C’est un moment très fort, à la fois touchant et lumineux, qui offre un contrepoint unique au récit. Cette parenthèse narrative renforce encore l’attachement que l’on ressent pour lui et permet de vivre leur relation d’une manière plus intime, presque instinctive. C’est l’un des vrais “plus” de la BD.
Ce qui m’a marqué, au-delà de la beauté du dessin, c’est la manière dont le deuil est représenté. Le lien entre l’homme et son chien est traité avec une pudeur rare, et c’est peut-être ce qui rend les moments les plus difficiles encore plus percutants. La mémoire, ce qu’il reste de l’autre, “l’odeur après la pluie”, tout cela est raconté avec une tendresse immense.
Comme Gruizzli, j’ai aussi été bouleversé par la phrase du veuf devant la tombe. Je ne vais pas divulgâcher cette phrase, mais je partage totalement son ressenti : elle est sublime, incroyablement juste, et parfaitement mise en valeur par cette planche muette qui précède. Tout y est construit pour que ces quelques mots résonnent longtemps, comme un murmure qui persiste. C’est un moment qui m’a profondément marqué.
En refermant la BD, j’ai eu le sentiment de quitter une histoire qui m’avait réellement accompagné. Comme si le livre lui-même avait quelque chose de précieux à transmettre. Son odeur après la pluie est une œuvre délicate, sincère, et profondément humaine. Elle parle de l’amour, de la compagnie, de la perte, mais surtout de ce qui reste : les souvenirs, les gestes, l’odeur aimée que la pluie n’efface jamais tout à fait.
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40 days dans le désert B
Avis subjectif, pour un album pas très courant, et qui je pense plaira surtout aux amateurs de l’auteur. Mais aussi aux lecteurs curieux, férus de poésie – surréaliste essentiellement. Et comme je fais partie de ces deux catégories, voilà un album que j’ai grandement apprécié ! L’album est vite lu, car totalement muet. Même s’il y a un récit sous-jacent, c’est surtout une suite d’images, de rêveries, l’exploration de l’imaginaire de Moebius. J’ai parlé d’une lecture rapide. Certes. Mais elle en appelle presque à l’infini d’autres, pour observer les détails. Car Moebius allie ici la minutie et l’épure, dans un dessin excellent, souvent hypnotique et onirique. Giraud/Moebius a toujours aimé les déserts, les a souvent représentés, dans les Blueberry de façon réaliste, et dans pas mal d’œuvres moebiusiennes de façon plus épurée, comme c’est le cas ici. Ses visites aux États-Unis, au Mexique – et probablement l’usage de substances « exotiques » – l’ont fortement inspiré, pour donner ici quelque chose de superbe visuellement, et d’intrigant intellectuellement. Une lecture envoûtante.
Knight club
Les 7 mercenaires au temps des Croisades ! À la fin du XIIe siècle, une jeune forgeronne se rend à Jérusalem pour recruter des chevaliers capables de défendre son village contre des croisés sans scrupules. Sa seule monnaie d'échange : des armures d'une qualité exceptionnelle qu'elle est la seule à savoir forger. En chemin, elle réunit une équipe hétéroclite de combattants venus d'horizons très divers, qui acceptent de la suivre et de se battre à ses côtés. Voilà une publication des plus réjouissantes. Certes, le schéma des 7 mercenaires a été exploité maintes fois, mais le transposer dans le royaume de Jérusalem, véritable carrefour où se côtoyaient Européens, Africains, Nizârites, Mongols ou Tatars, offre un terrain culturel riche et propice à un récit haut en couleurs. Et confié à Arthur de Pins, le concept fonctionne d'autant mieux. Son graphisme fait toujours mouche. Il s'éloigne ici un peu de l'esthétique très numérique de Zombillénium : pas de dégradés, et la 3D n'apparaît que dans certains décors, tandis que les personnages et l'essentiel des planches adoptent un rendu en aplats, plus sobre visuellement mais tout aussi efficace. L'auteur s'autorise en prime plusieurs compositions d'une grande élégance, proches d'illustrations d'artistes conceptuels. La narration, elle aussi, apporte une vraie fraîcheur. Malgré un cadre historique soigné et quasiment dépourvu d'anachronismes, les dialogues adoptent une vivacité très contemporaine, presque cinématographique. Le rythme est excellent, soutenu par une galerie de personnages réussie, par la personnalité forte de la forgeronne qui les rassemble et par un zeste d'humour bienvenu dans la mise en scène. L'intrigue principale reste simple et rappelle les exactions commises par certains croisés en Terre sainte, mais elle s'enrichit de sous-intrigues bien dosées qui maintiennent l'intérêt et donnent envie d'avancer. C'est une BD très aboutie et particulièrement plaisante.
La Vallée des oubliées
Après avoir parcouru la version couleur, j'ai tout de suite opté pour l'édition noir et blanc de l'album tant j'ai trouvé que les couleurs figeaient les personnages et ne collaient pas à ce western. Et, je pense avoir bien fait. Dans cette version n&b, le dessin de Henriet (auteur que je découvre ici) est magnifique. Mais j'avoue avoir acheté cet album sur le seul nom de Pierre Dubois, dont les deux autres western Sykes et Texas Jack, publiés aussi chez le Lombard (collection Signé) m'avaient enchanté. Il faut dire que Pierre Dubois, que je croisais régulièrement lorsque j'étais étudiant à Rennes, prend son temps pour installer son intrigue et ses personnages : 144 pages de poursuites, de fusillades, de trahisons aussi, bref du bon western. Les personnages sont bien campés, et on retrouve ce qui fait le sel des bons westerns : du propriétaire terrien véreux, au jeune cow boy fougueux, au colporteur (Scurly, personnage attachant) en passant par la jeune fille ingénue ou beaucoup moins farouche. Même les indiens ne sont pas oubliés! j'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette bande dessinée, et les amateurs de western devraient se tourner vers cet album, qui mérite que l'on s'y attarde.
La Veuve
L’histoire est simple, presque linéaire, celle d’une traque. Une femme recherchée par ses deux ex-beaux-frères, après qu’elle ait tué son mari. Une traque qui nous fait traverser ce qui reste d’espaces sauvages aux États-Unis au tout début du XXème siècle. Une traque durant laquelle elle va faire des rencontres, nouer des relations fortes et éphémères. C’est qu’elle aussi est à la recherche d’elle-même, et elle est dure à fixer cette femme, dure à amadouer, après s’être violemment émancipée d’un quotidien déprimant. J’ai parlé d’une intrigue assez simple – mais pas simpliste – et en plus la fin est ouverte, laisse en suspens l’avenir. Mais c’est une histoire que j’ai pris plaisir à parcourir. Peu de textes, mais une défense et exaltation de la liberté qu’on conquiert, de la possibilité de renaître, la question du pardon aussi. Le dessin lui aussi m’a plu. Un Noir et Blanc charbonneux, nerveux, avare de détails, mais aussi très évocateur. Là aussi une simplicité qui m’a touché. Un western crépusculaire et taiseux plutôt sympa. Note réelle 3,5/5.
Fantasy - Yourcenar / Alma
Comment faire un résumé clair qui ne dévoile pas tout quand tout le sel de l'album vient justement du fait que l'on suit deux histoires bien distinctes et ne se reposant que sur une mauvaise compréhension et une mauvaise communication entre deux peuples ? (Je me permet de révéler ce point parce qu'on le comprend mine de rien assez vite, ne serait-ce que par habitude de ce genre de récit). Tout est dans le titre : il s'agit ici de Fantasy. De science-fantasy, tout d'abord, car les humain-e-s fonctionnent en une sorte de système féodal avec armures techno-magiques et la société divine a des allures de retro-SF, mais également parce que le sujet principal de ces deux histoires, de l'album en lui-même en fait, c'est bien la fantaisie, les croyances en général pour être plus précise. Alma et Yourcenar veulent toutes deux croire au fait d'avoir un but, d'avoir une destinée, un devoir ou encore un amour qui les attend, chacune d'entre elle est enfermée dans les croyances de leurs peuples qui les poussera, l'une comme l'autre, à ce jour fatidique de leur rencontre - et sur lequel je ne vais pas trop m'étendre parce que c'est littéralement le cœur de l'album. L'album se lit dans deux sens possibles, l'un pour Alma et l'autre pour Yourcenar, les deux histoires et leurs protagonistes respectives se croisant enfin au milieu. Il me parait préférable de commencer par Alma, le cœur de son récit reposant énormément sur des parts d'ombres qui nous seront révélées chez Yourcenar. Certes, Yourcenar aussi ne comprend pas nécessairement tout ce qu'il se passe du côté d'Alma mais je trouve vraiment que l'on y perd pas mal si l'on ne lis pas les deux histoires dans cet ordre. Le dessin de Yoann Kavege est bon. Je ne suis pas nécessairement très friande du style "space-fantasy au relents de new-age" chez les divinités mais j'avoue que l'esthétique colle bien, contraste judicieusement avec le médieval-SF des humains. Les cases sont joliment découpées, certains décors sont tout bonnement magnifiques et propices à la contemplation qu'il s'agisse des paysages naturels comme des ruines), … Bref, l'album est beau et coloré. J'aime particulièrement le fait que beaucoup de cases se font écho, se répondent d'une certaine manière, d'un récit à l'autre. J'aurais presque envie de citer l'introduction de "Slay the Princess" et vous dire que "ceci est une histoire d'amour", rien que pour rire.
Racines (Lou Lubie)
Rose, avatar de Lou Lubie dans cette BD, est créole de la Réunion. Malgré sa peau blanche, elle a hérité les cheveux très frisés de la part noire de ses ancêtres. Et ce fut pour elle un vrai traumatisme durant sa jeunesse puis une épreuve durant sa vie de jeune adulte, tandis qu'elle cherchait des moyens de changer de coiffure ou de maîtriser un tant soit peu cette chevelure indomptable. Les problèmes de cheveux, je les ai connus en sens inverse, avec d'abord des cheveux si lisses qu'ils retombaient trop facilement comme un bol sur ma tête d'enfant, puis plus tard... avec leur disparition. Autant dire que les cheveux sont un problème intime pour beaucoup de personnes. Et cette problématique des cheveux trop frisés, je l'avais déjà croisée dans la BD Frizzy. Mais en suivant Rose depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte, je l'ai découverte sur un ton à la fois très intime et en même temps universel, avec des problématiques pratiques de contraintes quotidiennes et de recherche du salon de coiffure adéquat, et en même temps le sujet de la pression sociale et de mécanismes de discrimination nichés dans quelque chose d'aussi banal que des cheveux. La dimension documentaire de l'album est remarquable. Au-delà du récit intime, touchant et souvent drôle, j'ai appris énormément de choses sur l'histoire des cheveux crépus, les héritages du colonialisme, les injonctions esthétiques, la taxe rose, et même les lacunes de la formation des coiffeurs en France. Plus j'avançais, plus je réalisais l'accumulation de petits détails du quotidien qui participent à un racisme et un sexisme ordinaires dont je ne mesurais pas l'ampleur. Le personnage de Rose est attachant, et la façon dont Lou Lubie mêle expérience personnelle, humour et pédagogie fonctionne parfaitement. La narration est fluide, dessin et couleurs sont simples mais chaleureux, et l'édition est soignée. L'ensemble reste léger dans le ton tout en étant profondément instructif et parfois édifiant. On ne s'imagine pas ce que peuvent vivre les femmes aux cheveux crépus, et pas juste parce que leur coiffure est indomptable. J'ai trouvé cette BD intelligente et extrêmement accessible. Elle ouvre les yeux sur un sujet qui paraît dérisoire mais qui, en réalité, révèle beaucoup sur notre société, tout en restant agréable et vivante du début à la fin.
Spider-Man - L'Histoire d'une vie
Spider-Man : L’Histoire d’une Vie est une œuvre profondément originale qui revisite le mythe de Peter Parker sous un angle rare : celui du temps réel. Au lieu de rester un éternel adolescent, Peter vieillit ici décennie par décennie, et chaque période de sa vie s’ancre dans un contexte historique précis. Ce parti pris donne au récit une dimension beaucoup plus adulte, presque autobiographique, où l’on voit les choix, les regrets et les responsabilités peser de plus en plus lourd. Le scénario de Chip Zdarsky brille par sa capacité à condenser l’essence de Spider-Man tout en lui offrant une trajectoire nouvelle. Les moments clés du personnage sont réinterprétés avec intelligence, sans jamais trahir l’esprit original. Mark Bagley, quant à lui, livre un travail visuel impressionnant, capable de capturer l’évolution physique, émotionnelle et morale de Peter au fil du temps. L’album est touchant, parfois amer, souvent puissant. Il explore à merveille ce que signifie réellement le célèbre mantra « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » lorsqu’il s’applique à toute une vie. En résumé, c’est un récit ambitieux, mature et profondément humain. Pour les fans de Spider-Man comme pour les lecteurs de comics en quête d’une histoire complète et marquante, L’Histoire d’une Vie est un incontournable.
La Terre, le ciel, les corbeaux
Même si je pensais être saturé par les récits sur la Seconde Guerre mondiale, cette bande dessinée m'a prouvé qu'il est possible d'aborder le sujet sous un nouvel angle captivant. Le récit suit l'évasion de deux détenus – un Allemand au tempérament rustre et un Italien un brin rêveur et idéaliste (notre héros) – ainsi que leur prisonnier russe, au cœur des immensités enneigées de la Russie. Ici, plus que de guerre, il est surtout question de liberté, de tolérance et de générosité. Bien qu'il ne se passe pas énormément de choses durant les 200 pages que constituent cette bande dessinée, j'ai vraiment été séduit par la poésie qui s'en dégage. La voix off du héros, qui décrit ses pensées et états d'âme est vraiment bien écrite. L'idée de conserver les dialogues en version originale (allemand et russe) est un choix narratif pertinent et audacieux qui intensifie le sentiment d'isolement et la complexité des relations entre les trois personnages. De plus, l'évolution de leurs rapports au cours de leur périple est crédible et le choix final du héros vis-à-vis de son otage russe, plutôt inattendu. Visuellement, les aquarelles sur papier mat sont superbes, notamment dans le rendu des paysages enneigés et des animaux sauvages. Une très belle lecture qui marque, et qui me donne envie de découvrir les autres créations du couple Radice et Turconi. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 8/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 8,5/10 NOTE GLOBALE : 16,5/20
Frankenstein (Walsh)
Je pense que Frankenstein est peut-être l'œuvre la plus adaptée en bande dessinée. Il faut dire que la puissance d'évocation du roman de Mary Shelley y est particulièrement propice. Cette nouvelle version est celle de Michael Walsh, et se trouve être en fait l'adaptation de l'adaptation cinématographique de 1931, réalisée par James Whale. Ce ne fut pas la première adaptation, mais la première véritablement marquante, avec la figure de Boris Karloff, dont le visage massif, buriné, et planté de clous ou de vis est rentré dans l'inconscient collectif lorsqu'on évoque la créature de Frankenstein. Car oui, une bonne fois pour toutes, Frankenstein n'est pas le nom de cette créature, qui n'en a d'ailleurs pas, mais bel et bien celui de son créateur, ce savant un peu fou qui redonne la vie grâce à l'électricité. Ici pas de final sur la banquise, le savant n'est plus Viktor, mais Henry Frankenstein, et celui-ci rencontre son destin au pied d'un moulin à vent... L'adaptation de Michael Walsh, auteur canadien, suit d'assez près le film de 1931, mais il y adjoint, en particulier, la présence de Paul, le jeune fils de l'une des composantes de la créature, qui joue un peu le rôle de la petite fille dans le jeu des Loups-Garous de Thiercelieux : un personnage qui, du fait de sa petite taille, se faufile partout, observe et comprend pas mal de choses. Il intervient un peu dans l'histoire, sans toutefois changer notablement la trame du récit. C'est un ajout intéressant, assez crédible en soi, et cela ajoute un peu de moteur dans l'action qui est tout de même assez rapide. L'album comporte 128 pages, mais seulement une centaine pour l'histoire proprement dite. Celle-ci est complétée par quelques croquis et couvertures réalisés par Walsh, mais aussi et surtout une belle postface, signée par Arnold Petit, traducteur de l'album, qui est aussi un youtubeur spécialisé dans l'horreur, et retrace en deux-trois pages la trajectoire spéciale de l'œuvre de Shelley, avec surtout un focus sur le film de Whale, ce qui est normal. Walsh propose quant à lui une adaptation assez puissante, dotant cette histoire de son dessin fort évocateur, jouant sur les ombres avec malice (aidé de sa coloriste Joni-Marie Griffin). Bref, une bien belle version !
Son odeur après la pluie
J’ai découvert la BD Son odeur après la pluie dans son édition collector à dos toilé, et rien que l’objet en lui-même est superbe. Cette version enrichie, avec l’interview et une histoire courte supplémentaires, donne vraiment la sensation d’avoir entre les mains un ouvrage pensé pour durer, presque un livre-souvenir. Ça correspond parfaitement au ton de l’œuvre, qui parle justement de mémoire, de traces laissées, de ce qui demeure quand tout le reste s’efface. L’adaptation réalisée par José Luis Munuera m’a profondément touché. Il parvient à conserver l’âme du roman de Cédric Sapin-Defour tout en lui offrant une vie nouvelle grâce au dessin. Son trait, à la fois doux et expressif, donne un relief incroyable à la relation entre Cédric et Ubac. Les couleurs amplifient encore cette sensation d’intimité et de sérénité : on a l’impression de partager de vrais instants de vie, dans leur simplicité la plus sincère. Rien n’est forcé, tout respire la retenue et l’humanité. Un des grands plaisirs de cette BD, et l’un de ses choix narratifs les plus réussis, est ce chapitre où l’on se retrouve dans la tête d’Ubac. On voit le monde à travers sa perception, ses pensées simples mais d’une sincérité absolue, son rapport au maître, au temps, aux sensations, les odeurs. C’est un moment très fort, à la fois touchant et lumineux, qui offre un contrepoint unique au récit. Cette parenthèse narrative renforce encore l’attachement que l’on ressent pour lui et permet de vivre leur relation d’une manière plus intime, presque instinctive. C’est l’un des vrais “plus” de la BD. Ce qui m’a marqué, au-delà de la beauté du dessin, c’est la manière dont le deuil est représenté. Le lien entre l’homme et son chien est traité avec une pudeur rare, et c’est peut-être ce qui rend les moments les plus difficiles encore plus percutants. La mémoire, ce qu’il reste de l’autre, “l’odeur après la pluie”, tout cela est raconté avec une tendresse immense. Comme Gruizzli, j’ai aussi été bouleversé par la phrase du veuf devant la tombe. Je ne vais pas divulgâcher cette phrase, mais je partage totalement son ressenti : elle est sublime, incroyablement juste, et parfaitement mise en valeur par cette planche muette qui précède. Tout y est construit pour que ces quelques mots résonnent longtemps, comme un murmure qui persiste. C’est un moment qui m’a profondément marqué. En refermant la BD, j’ai eu le sentiment de quitter une histoire qui m’avait réellement accompagné. Comme si le livre lui-même avait quelque chose de précieux à transmettre. Son odeur après la pluie est une œuvre délicate, sincère, et profondément humaine. Elle parle de l’amour, de la compagnie, de la perte, mais surtout de ce qui reste : les souvenirs, les gestes, l’odeur aimée que la pluie n’efface jamais tout à fait.