Je n'ai pas lu le roman de Charlotte Brontë et ce manga m'a permis de combler en partie cette lacune. En effet j'ai découvert un récit très plaisant à travers un texte riche. Depuis que je lis cette collection je m'aperçois que les auteurs adaptent les œuvres d'une façon convaincante en respectant souvent bien l'esprit du roman. Ici encore les auteurs nous proposent une vraie lecture avec un texte au vocabulaire recherché qui met en valeur la richesse et la modernité du roman de Charlotte Brontë. J'ai été très touché par le personnage de Jane Eyre et sa pensée sur l'indépendance de la femme à contre courant d'une époque victorienne bien rigide dans ce domaine.
Le rythme n'est pas rapide mais sans ennui. L'adaptation prend le temps d'approfondir la psychologie de Jane et de Rochester au sein d'une société aux conventions immobiles.
Ma seule réserve tient au graphisme des deux principaux personnages. Jane est dessinée à la mode manga comme une gamine de douze ans voire moins parfois. Rochester est lui dessiné comme un BG de 25 ans ce qui est tout le contraire du personnage laid et plus âgé dans la version originale. C'est dommage parce que le reste du graphisme est assez séduisant dans les extérieurs.
Je garde une note élevée malgré cette forte réserve graphique à cause de la qualité de la lecture texte que j'y ai trouvée.
Les éditions Revival ont plutôt de très bons choix dans leur sélection. Colville est une histoire auto-éditée à la base puis reprise et complétée des années plus tard par Steven Gilbert, un canadien fan de comics dont les inspirations type C. Burns ou D. Clowes semblent émerger ici. C'est un polar qui se situe dans une petite ville, Colville, comme il en existe tant. Une histoire d'argent qui tourne mal. On pourrait dire qu'on a déjà vu/lu de nombreuses fois des choses similaires dans le genre slasher mais il faut avouer que l'auteur a une patte, sur le dessin, les silences. J'ai été un poil déçu de la fin.
Un bon 3,5 pour cette histoire de Frédéric Pontarolo. Un nom qui fleure bon l'Italie et c'est d'ailleurs un premier thème abordé par l'auteur, dont j'aime bien le travail depuis Naciré et les machines, dans ce qui est sans doute son album le plus personnel. Fils d'immigrés transalpins né en 1970 dans un petit village lorrain entouré d'industries, tout le voisinage se connait. On va à la pêche, on fait des conneries avec les copains. Un jour une petite soeur rejoint la famille et c'est l'objet d'un second thème plutôt vers la fin, une histoire d'attouchements par un cousin un peu plus âgé et pas très futé ; cela en présence de Frédéric qui ne réagit pas, sidéré par cet acte et encore des années après ce souvenir le hante, surtout qu'il lui arrive de recroiser le cousin en question. En tout cas si la famille n'était pas au courant, maintenant elle sait. Plusieurs anecdotes se mélangent alternant bons moments et d'autres bien plus tristes, comme une sorte de mémoire familiale laissée à sa propre descendance.
Tout cela, l'auteur le raconte à l'occasion de la mort de son père, pas toujours très affectif et la mère n'a pas très bien tourné non plus. L'album est l'occasion de revivre des souvenirs culturels similaires pour ceux qui sont à peu près de cette génération. Un dessin très bon, une histoire forte ; un exutoire sans doute.
Je ne connaissais que le Libon du journal de Spirou, avec Les Cavaliers de l'Apocadispe, une série jeunesse délicieusement loufoque. Avec Un petit pas pour l'homme, un croche-patte pour l'humanité, je découvre une nouvelle facette de l'auteur qui, sans se déparer d'une certaine forme de naïveté presque poétique, s'autorise à aller un peu plus loin dans le trash puisqu'il publie ici pour un public plus adulte, celui de Fluide glacial. Rien de très violent non plus, mais le vocabulaire est largement familier et la vulgarité s'invite plus frontalement dans certains récits. Malgré cela, j'aime la tonalité choisie par Libon, qui n'a pas ici pour but de choquer mais d'aller toujours plus loin dans l'absurde.
Et il y réussit très bien ! Dans les meilleurs moments de sa saga, Libon parvient même à s'approcher d'un Goscinny tendance Les Dingodossiers ou Les Divagations de Mr Sait-Tout ou d'un Gotlib - référence évidente pour qui publie dans Fluide Glacial -, même si, bien sûr, Libon n'en a jamais tout à fait le génie. Avec son ton (vraiment) très absurde, l'auteur (et dessinateur) se lâche et nous emmène dans son univers qui, s'il évoque les références citées ci-dessus, a sa propre identité, et pourrait même se rapprocher d'un humour plus cinématographique. On pense évidemment ici aux Monty Python ou au trio ZAZ.
Même si, parfois, Libon manque soudain de la finesse salvatrice qui rehausse la plupart de ses histoires courtes, on rit beaucoup trop au long de ces deux tomes pour lui reprocher quelques faiblesses passagères. Espérons que la saga se poursuive encore un peu !
Je n'avais aucune idée de ce que la BD allait être mais elle est franchement intéressante. La vie d'un truand français, d'ailleurs reparti en taule depuis la parution de cette BD, qui a eu une vie assez classique de truand (mais à la française) et dont le sens global semble malheureux. Comme tant d'autres ...
Laurent Astier croque avec son trait classique mais toujours aussi efficace les gueules réelles de ces messieurs-dames, croisant la réalité avec le récit recomposé comme une fiction. Les lieux précis, les détails dans les vieillissement des personnages, tout est mis en place pour se plonger dans un récit biographique. Une patte agréable et qui colle à merveille au récit !
Récit de truand, donc, des années 70 aux années 2000, suivant un gamin en rébellion contre les parents, la société (pas très sympathique) et contre les banques qu'il va se faire un malin plaisir de vider régulièrement. Le récit est déstructuré, sans doute pour éviter l'écueil classique d'un récit, la linéarité. Le fait de changer souvent de moment et de lieux permet d'accrocher plus facilement le lecteur, obligeant à rester attentif. Cette simple astuce créative permet de rendre le récit globalement linéaire et sans grande surprises lorsqu'on connait déjà d'autres histoires (surtout via des films devenus cultes) bien plus intéressante à suivre. D'ailleurs le message global sur ce fameux mur qu'on fixe si longtemps est très bien amené et je le trouve pertinent. Un bon rappel que la vie de truand n'est pas si rose qu'on veut parfois nous le faire croire.
Une lecture pas transcendante mais carrément intéressante, que je recommande franchement. Une tranche de vie dans le banditisme français, avec nombre de casses et mauvais coup entrecoupés d'autant de cellule et de prison, une vie bien triste au final, pour un type qui ne voulait rien faire dans les clous.
J'ai vraiment été touché par cette magnifique série . Paco Roca et Rodrigo Terresa reviennent avec une grande sensibilité sur deux épisodes sombres de l'histoire moderne espagnole. Les auteurs nous plongent dans l'histoire exemplaire de Pepica Celda octogénaire des environs de Valence qui brave toutes les épreuves bureaucratiques pour récupérer les ossements de son père exécuté par les militaires franquistes une fois la guerre civile terminée. Les auteurs construisent un magnifique récit sur deux époques qui s'équilibrent parfaitement pour éclairer les souffrances de milliers de familles. Le sujet est encore très sensible en Espagne et j'ai senti les auteurs conscient de ne pas envenimer un débat difficile. Il y a donc une grande intelligence dans le récit en restant centrer sur le sujet principal : le devoir ancestral des hommes à honorer leurs morts par des funérailles dignes. Roca et Terresa citent la mort d'Hector comme référence à l'inhumanité d'Achille et positionnent la réflexion à un autre niveau. Si les exécutions sommaires, les épurations, les massacres sont le lot commun de la tragique histoire humaine ,le respect du deuil devrait conduire à une trêve de la barbarie. Ainsi la sublime personne de Badia, le fossoyeur, m'a fait penser à Antigone dans sa volonté de braver l'ordre franquiste pour assurer une sépulture digne à ces hommes et femmes injustement exécutés . Les deux temps du récit, les exécutions puis la lenteur pour ouvrir les fosses communes à quatre-vingts ans de distance donnent une amertume tragique à la narration. La lecture est très fluide et cela se lit d'un trait tel un documentaire historique et/ou sociétal bien maitrisé.
J'ai aimé le graphisme simple et précis de Paco Roca. Le lecteur passe d'une époque à l'autre avec une grande facilité sans jamais perdre le fil du récit. J'ai senti la volonté des auteurs de respecter la pudeur et la mémoire des familles impliquées. Il y a beaucoup de sobriété dans les expressions et le traitement des couleurs.
Une très belle série qui m' a beaucoup remué.
Avant la publication de cette BD, je ne connaissais absolument rien à ce naufrage qui fut pourtant amplement commenté et raconté à son époque. Comment un tel naufrage se transforma en catastrophe sociale, en carnage parmi les survivants ?
La BD explore cette histoire en commençant par détailler de façon très à charge la façon dont la vie s'organisait sur les vaisseaux de la VOC avant de dévoiler, dans le second volume, la façon dont cette communauté s'organisa suite au naufrage. Le scénariste me semble s'être fait plaisir dans la recherche préalable et je me demande s'il n'a pas lu quelques ouvrages de Markus Redikker sur la question des navires et de l'envie de liberté qui se dégageait de l'époque. En tout cas je reconnais quelques critiques que l'historien à soulevées dans ses ouvrages et des comparatifs sur la philosophie des Lumières qui commence à poindre ! (mais là on rentre dans la recherche des sources historiques et c'est pas le sujet)
L'histoire se développe donc doucement et permet de caser de nombreux personnages, avec une insistance sur les rapports qu'ils entretiennent. Le bateau devient vite un panier de crabes où les alliances se jouent presque à contre-cœur, dans la violence, tandis que le naufrage vient redessiner la carte qui semblait déjà tracée. Le destin irrévocable est en marche ...
La BD pose des questions intéressantes, sur la moralité de nos actions et la violence intrinsèque de l'être humain, la justice de nos sociétés ainsi que le capitalisme naissant et la volonté des entreprises toutes puissantes. Certains sujets semblent anachroniques mais il est vrai que cette époque où s'installent les grandes voies de navigation a vu aussi naitre les premiers grands capitalistes, entreprises toutes puissantes qui installaient une domination globale. Anachronique dans le ton, mais assez réaliste dans l'idée, donc
Une BD bien menée, rude au vu du sujet (et encore, ça a été édulcoré !) mais qui présente un fait historique intéressant à étudier. Une histoire de dingue, dirait-on, mais surtout peuplée de fous, de gens qui ont collectivement pété un câble. Et curieusement, je la trouve très actuelle dans cette idée ...
Attention : Chef D'œuvre.
La description de l'ouvrage proposé par l'éditeur Atrabile est quasiment parfaite même si elle dévoile un peu trop à mon goût les rebondissements de l'histoire. Eh oui, à l'image d'un "Sixième sens" ou "Usual suspect", "Why don't you love me ?" fait partie de ces œuvres qui méritent qu'on s'y frotte sans rien en savoir.
Difficile donc d'attirer votre attention sans trop en dire. Je vais donc miser sur la confiance aveugle que vous accordez à ce fameux Paul le Poulpe et à ses prédictions infaillibles. Si vous êtes familier et appréciez la série "Severance" mais aussi "Nowhere Man" (parlera probablement qu'aux plus vieux d'entre vous et qui possédaient Canal à l'époque !!), si vous aimez l'humour noir et corrosif, le sordide, le caustique, la dérision mais qu'au final vous vous révélez être un vrai cœur d'artichaut, alors jetez-vous sur ce bouquin.
D'apparence, vous pourriez en effet aisément passer à côté, mais sous des aspects plutôt anodins (couverture lambda, maquette à l'italienne, un titre anglais !, graphisme ordinaire, strip=classique, un éditeur indépendant= une distribution ciblée/limitée), cette BD renferme un récit fort et puissant. Un de ces récits qui vous marque durablement et en fait un des MUST de cette année 2025.
La BD se présente donc sous la forme d'une succession de Strips qui mis bout à bout déroulent une histoire, celle d'une famille dysfonctionnelle dans sa première partie, une mère alcoolique, un père pathétique, tous deux profondément dépressifs genre "qu'est-ce qu'ils ont fait au bon dieu" pour être là et mériter ça !, des enfants laissés de ce fait à l'abandon. Les strips ne se veulent pas foncièrement drôles même s'ils prêtent régulièrement à sourire et désamorcent le malaise ambiant. Et puis, on bascule dans autre chose...
On nous présente Paul B. Rainey comme un auteur aguerri, mais à vrai dire, je ne le connaissais pas avant d'ouvrir l'ouvrage. Les recherches sur internet n'en disent pas beaucoup plus mais j'ai hâte de découvrir une œuvre antérieure intitulée "There’s No Time Like the Present" qui vient de re-sortir en 2025 en Angleterre suite au succès du présent livre.
Que dire de plus si ce n'est que j'ai trouvé cette BD par moment lumineuse et que la fin, lumineuse elle aussi, m'a profondément ému et donne à réfléchir : pour faire simple et direct, "qu'est-ce qu'on attend de la vie ?"
J'en ai probablement trop écrit malgré mon souhait initial mais je reste tiraillé entre partager une expérience de lecture génialissime et rare, ou assurer le service minimum pour ne pas nuire à votre propre découverte.
Un des TOP 2025 garanti !
Saint-Elme, c’est un polar remarquable par son ambiance, ses couleurs (à lire absolument en couleurs ! ) et ses dialogues drôles et décalés rappelant parfois ceux de Tarantino.
Dans cette histoire où la ville devient une entité à part entière, on est aux côtés des personnages ; la nuit, sous les néons agressifs, on respire avec eux l’air vicié d’une boîte de nuit sordide, le jour, on aspire à pleins poumons l’air revigorant des alpages en profitant d’un répit salvateur tout en sachant qu’un baron local, avec ses hommes de main sans scrupules, continue d’imposer sa loi aux habitants de Saint-Elme, corrompant les lieux et les âmes.
L'univers de cette BD (entre Lynch et Fargo, rien que ça) doit également beaucoup à la galerie de ses personnages, au trait merveilleux de Peeters ainsi qu’aux différents niveaux de lecture possibles (on oscille en permanence entre explication rationnelle et croyances locales pour notre plus grand plaisir).
Les cadrages cinématographiques, la fluidité de la narration accentuent le plaisir de lecture. J'avais l'impression de voir défiler une série TV de grande qualité sous mes yeux. Les auteurs parviennent même à créer la bande-son de leur BD. En effet, utilisées régulièrement avec habileté sans être pour autant envahissantes, les onomatopées contribuent à la création de cet univers cinématographique saisissant.
Scènes d’action spectaculaires, moments de tension, immersion dans les mondes interlopes et vision altérée des junkies (montrer par le dessin comment les drogues modifient leur perception de la réalité tout en leur permettant de saisir certains moments avec une acuité accrue, c'est fort), morts violentes, apparitions inattendues de certains personnages font de cette série du jus de BD, du jus de cinéma.
Impossible de lâcher les albums jusqu'à la fin. Si le dernier tome contient peut-être quelques révélations un peu faciles (on aurait pu vouloir des explications de nature différente, mais les choix scénaristiques des auteurs restent pour ma part convaincants), je trouve que le dosage entre fantastique et réalité reste bon jusqu’à la fin.
Parfaitement construit, le dénouement permet de boucler les différents arcs narratifs de façon satisfaisante. La trajectoire des personnages, bien typés et intéressants, demeure là aussi, cohérente et bien vue.
On n’oubliera pas de si tôt cette plongée dans les entrailles de Saint-Elme.
J'avais beaucoup apprécié le Serena du couple Pandolfo/Risbjerg. Je suis resté sous le charme avec la lecture de "Copenhague". Pourtant le début du récit m'a laissé quelque peu perplexe dans ce "Copenhague" à l'allure de confinement Covid et cette rencontre improbable entre Nana et Thyge. Et puis la poésie du langage de Thyge avec son parlé si drôle et pittoresque se met en place pour nous entrainer dans une sarabande déjantée à la recherche de l'âme danoise imprégnée des contes d'Andersen. C'est de plus en plus loufoque, de plus en plus improbable, de plus en plus trépidant avec une course poursuite qui permet une visite guidée de la ville de Copenhague bien plus attirante qu'il n'y parait. C'est presque toujours drôle avec une richesse syntaxique qui fait pont entre les deux langues et les deux héros. Le récit rebondit même sur une enquête policière qui rappelle qu' "il y avait bien quelque chose de pourri au royaume du Danemark". Personnellement je me suis beaucoup attaché à Nana et Thyge qui sont en parfaite harmonie comme les deux auteurs semblent l'être.
En effet le récit est très bien dessiné par un Risbjerg au trait si expressif et moderne. Les extérieurs sont très soignés et certaines planches magnifiques donnent une ambiance si crédible que j'entendais la pluie danoise sur mes vitres.
Cela reste un récit feel good divertissant très bien fait qui permet de passer un très agréable moment de détente.
J'ai beaucoup aimé.
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Jane Eyre
Je n'ai pas lu le roman de Charlotte Brontë et ce manga m'a permis de combler en partie cette lacune. En effet j'ai découvert un récit très plaisant à travers un texte riche. Depuis que je lis cette collection je m'aperçois que les auteurs adaptent les œuvres d'une façon convaincante en respectant souvent bien l'esprit du roman. Ici encore les auteurs nous proposent une vraie lecture avec un texte au vocabulaire recherché qui met en valeur la richesse et la modernité du roman de Charlotte Brontë. J'ai été très touché par le personnage de Jane Eyre et sa pensée sur l'indépendance de la femme à contre courant d'une époque victorienne bien rigide dans ce domaine. Le rythme n'est pas rapide mais sans ennui. L'adaptation prend le temps d'approfondir la psychologie de Jane et de Rochester au sein d'une société aux conventions immobiles. Ma seule réserve tient au graphisme des deux principaux personnages. Jane est dessinée à la mode manga comme une gamine de douze ans voire moins parfois. Rochester est lui dessiné comme un BG de 25 ans ce qui est tout le contraire du personnage laid et plus âgé dans la version originale. C'est dommage parce que le reste du graphisme est assez séduisant dans les extérieurs. Je garde une note élevée malgré cette forte réserve graphique à cause de la qualité de la lecture texte que j'y ai trouvée.
Colville
Les éditions Revival ont plutôt de très bons choix dans leur sélection. Colville est une histoire auto-éditée à la base puis reprise et complétée des années plus tard par Steven Gilbert, un canadien fan de comics dont les inspirations type C. Burns ou D. Clowes semblent émerger ici. C'est un polar qui se situe dans une petite ville, Colville, comme il en existe tant. Une histoire d'argent qui tourne mal. On pourrait dire qu'on a déjà vu/lu de nombreuses fois des choses similaires dans le genre slasher mais il faut avouer que l'auteur a une patte, sur le dessin, les silences. J'ai été un poil déçu de la fin.
Deux Roméo sous un arbre
Un bon 3,5 pour cette histoire de Frédéric Pontarolo. Un nom qui fleure bon l'Italie et c'est d'ailleurs un premier thème abordé par l'auteur, dont j'aime bien le travail depuis Naciré et les machines, dans ce qui est sans doute son album le plus personnel. Fils d'immigrés transalpins né en 1970 dans un petit village lorrain entouré d'industries, tout le voisinage se connait. On va à la pêche, on fait des conneries avec les copains. Un jour une petite soeur rejoint la famille et c'est l'objet d'un second thème plutôt vers la fin, une histoire d'attouchements par un cousin un peu plus âgé et pas très futé ; cela en présence de Frédéric qui ne réagit pas, sidéré par cet acte et encore des années après ce souvenir le hante, surtout qu'il lui arrive de recroiser le cousin en question. En tout cas si la famille n'était pas au courant, maintenant elle sait. Plusieurs anecdotes se mélangent alternant bons moments et d'autres bien plus tristes, comme une sorte de mémoire familiale laissée à sa propre descendance. Tout cela, l'auteur le raconte à l'occasion de la mort de son père, pas toujours très affectif et la mère n'a pas très bien tourné non plus. L'album est l'occasion de revivre des souvenirs culturels similaires pour ceux qui sont à peu près de cette génération. Un dessin très bon, une histoire forte ; un exutoire sans doute.
Un petit pas pour l'homme, un croche-patte pour l'humanité
Je ne connaissais que le Libon du journal de Spirou, avec Les Cavaliers de l'Apocadispe, une série jeunesse délicieusement loufoque. Avec Un petit pas pour l'homme, un croche-patte pour l'humanité, je découvre une nouvelle facette de l'auteur qui, sans se déparer d'une certaine forme de naïveté presque poétique, s'autorise à aller un peu plus loin dans le trash puisqu'il publie ici pour un public plus adulte, celui de Fluide glacial. Rien de très violent non plus, mais le vocabulaire est largement familier et la vulgarité s'invite plus frontalement dans certains récits. Malgré cela, j'aime la tonalité choisie par Libon, qui n'a pas ici pour but de choquer mais d'aller toujours plus loin dans l'absurde. Et il y réussit très bien ! Dans les meilleurs moments de sa saga, Libon parvient même à s'approcher d'un Goscinny tendance Les Dingodossiers ou Les Divagations de Mr Sait-Tout ou d'un Gotlib - référence évidente pour qui publie dans Fluide Glacial -, même si, bien sûr, Libon n'en a jamais tout à fait le génie. Avec son ton (vraiment) très absurde, l'auteur (et dessinateur) se lâche et nous emmène dans son univers qui, s'il évoque les références citées ci-dessus, a sa propre identité, et pourrait même se rapprocher d'un humour plus cinématographique. On pense évidemment ici aux Monty Python ou au trio ZAZ. Même si, parfois, Libon manque soudain de la finesse salvatrice qui rehausse la plupart de ses histoires courtes, on rit beaucoup trop au long de ces deux tomes pour lui reprocher quelques faiblesses passagères. Espérons que la saga se poursuive encore un peu !
Face au mur
Je n'avais aucune idée de ce que la BD allait être mais elle est franchement intéressante. La vie d'un truand français, d'ailleurs reparti en taule depuis la parution de cette BD, qui a eu une vie assez classique de truand (mais à la française) et dont le sens global semble malheureux. Comme tant d'autres ... Laurent Astier croque avec son trait classique mais toujours aussi efficace les gueules réelles de ces messieurs-dames, croisant la réalité avec le récit recomposé comme une fiction. Les lieux précis, les détails dans les vieillissement des personnages, tout est mis en place pour se plonger dans un récit biographique. Une patte agréable et qui colle à merveille au récit ! Récit de truand, donc, des années 70 aux années 2000, suivant un gamin en rébellion contre les parents, la société (pas très sympathique) et contre les banques qu'il va se faire un malin plaisir de vider régulièrement. Le récit est déstructuré, sans doute pour éviter l'écueil classique d'un récit, la linéarité. Le fait de changer souvent de moment et de lieux permet d'accrocher plus facilement le lecteur, obligeant à rester attentif. Cette simple astuce créative permet de rendre le récit globalement linéaire et sans grande surprises lorsqu'on connait déjà d'autres histoires (surtout via des films devenus cultes) bien plus intéressante à suivre. D'ailleurs le message global sur ce fameux mur qu'on fixe si longtemps est très bien amené et je le trouve pertinent. Un bon rappel que la vie de truand n'est pas si rose qu'on veut parfois nous le faire croire. Une lecture pas transcendante mais carrément intéressante, que je recommande franchement. Une tranche de vie dans le banditisme français, avec nombre de casses et mauvais coup entrecoupés d'autant de cellule et de prison, une vie bien triste au final, pour un type qui ne voulait rien faire dans les clous.
L'Abîme de l'oubli
J'ai vraiment été touché par cette magnifique série . Paco Roca et Rodrigo Terresa reviennent avec une grande sensibilité sur deux épisodes sombres de l'histoire moderne espagnole. Les auteurs nous plongent dans l'histoire exemplaire de Pepica Celda octogénaire des environs de Valence qui brave toutes les épreuves bureaucratiques pour récupérer les ossements de son père exécuté par les militaires franquistes une fois la guerre civile terminée. Les auteurs construisent un magnifique récit sur deux époques qui s'équilibrent parfaitement pour éclairer les souffrances de milliers de familles. Le sujet est encore très sensible en Espagne et j'ai senti les auteurs conscient de ne pas envenimer un débat difficile. Il y a donc une grande intelligence dans le récit en restant centrer sur le sujet principal : le devoir ancestral des hommes à honorer leurs morts par des funérailles dignes. Roca et Terresa citent la mort d'Hector comme référence à l'inhumanité d'Achille et positionnent la réflexion à un autre niveau. Si les exécutions sommaires, les épurations, les massacres sont le lot commun de la tragique histoire humaine ,le respect du deuil devrait conduire à une trêve de la barbarie. Ainsi la sublime personne de Badia, le fossoyeur, m'a fait penser à Antigone dans sa volonté de braver l'ordre franquiste pour assurer une sépulture digne à ces hommes et femmes injustement exécutés . Les deux temps du récit, les exécutions puis la lenteur pour ouvrir les fosses communes à quatre-vingts ans de distance donnent une amertume tragique à la narration. La lecture est très fluide et cela se lit d'un trait tel un documentaire historique et/ou sociétal bien maitrisé. J'ai aimé le graphisme simple et précis de Paco Roca. Le lecteur passe d'une époque à l'autre avec une grande facilité sans jamais perdre le fil du récit. J'ai senti la volonté des auteurs de respecter la pudeur et la mémoire des familles impliquées. Il y a beaucoup de sobriété dans les expressions et le traitement des couleurs. Une très belle série qui m' a beaucoup remué.
1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta
Avant la publication de cette BD, je ne connaissais absolument rien à ce naufrage qui fut pourtant amplement commenté et raconté à son époque. Comment un tel naufrage se transforma en catastrophe sociale, en carnage parmi les survivants ? La BD explore cette histoire en commençant par détailler de façon très à charge la façon dont la vie s'organisait sur les vaisseaux de la VOC avant de dévoiler, dans le second volume, la façon dont cette communauté s'organisa suite au naufrage. Le scénariste me semble s'être fait plaisir dans la recherche préalable et je me demande s'il n'a pas lu quelques ouvrages de Markus Redikker sur la question des navires et de l'envie de liberté qui se dégageait de l'époque. En tout cas je reconnais quelques critiques que l'historien à soulevées dans ses ouvrages et des comparatifs sur la philosophie des Lumières qui commence à poindre ! (mais là on rentre dans la recherche des sources historiques et c'est pas le sujet) L'histoire se développe donc doucement et permet de caser de nombreux personnages, avec une insistance sur les rapports qu'ils entretiennent. Le bateau devient vite un panier de crabes où les alliances se jouent presque à contre-cœur, dans la violence, tandis que le naufrage vient redessiner la carte qui semblait déjà tracée. Le destin irrévocable est en marche ... La BD pose des questions intéressantes, sur la moralité de nos actions et la violence intrinsèque de l'être humain, la justice de nos sociétés ainsi que le capitalisme naissant et la volonté des entreprises toutes puissantes. Certains sujets semblent anachroniques mais il est vrai que cette époque où s'installent les grandes voies de navigation a vu aussi naitre les premiers grands capitalistes, entreprises toutes puissantes qui installaient une domination globale. Anachronique dans le ton, mais assez réaliste dans l'idée, donc Une BD bien menée, rude au vu du sujet (et encore, ça a été édulcoré !) mais qui présente un fait historique intéressant à étudier. Une histoire de dingue, dirait-on, mais surtout peuplée de fous, de gens qui ont collectivement pété un câble. Et curieusement, je la trouve très actuelle dans cette idée ...
Why don't you love me?
Attention : Chef D'œuvre. La description de l'ouvrage proposé par l'éditeur Atrabile est quasiment parfaite même si elle dévoile un peu trop à mon goût les rebondissements de l'histoire. Eh oui, à l'image d'un "Sixième sens" ou "Usual suspect", "Why don't you love me ?" fait partie de ces œuvres qui méritent qu'on s'y frotte sans rien en savoir. Difficile donc d'attirer votre attention sans trop en dire. Je vais donc miser sur la confiance aveugle que vous accordez à ce fameux Paul le Poulpe et à ses prédictions infaillibles. Si vous êtes familier et appréciez la série "Severance" mais aussi "Nowhere Man" (parlera probablement qu'aux plus vieux d'entre vous et qui possédaient Canal à l'époque !!), si vous aimez l'humour noir et corrosif, le sordide, le caustique, la dérision mais qu'au final vous vous révélez être un vrai cœur d'artichaut, alors jetez-vous sur ce bouquin. D'apparence, vous pourriez en effet aisément passer à côté, mais sous des aspects plutôt anodins (couverture lambda, maquette à l'italienne, un titre anglais !, graphisme ordinaire, strip=classique, un éditeur indépendant= une distribution ciblée/limitée), cette BD renferme un récit fort et puissant. Un de ces récits qui vous marque durablement et en fait un des MUST de cette année 2025. La BD se présente donc sous la forme d'une succession de Strips qui mis bout à bout déroulent une histoire, celle d'une famille dysfonctionnelle dans sa première partie, une mère alcoolique, un père pathétique, tous deux profondément dépressifs genre "qu'est-ce qu'ils ont fait au bon dieu" pour être là et mériter ça !, des enfants laissés de ce fait à l'abandon. Les strips ne se veulent pas foncièrement drôles même s'ils prêtent régulièrement à sourire et désamorcent le malaise ambiant. Et puis, on bascule dans autre chose... On nous présente Paul B. Rainey comme un auteur aguerri, mais à vrai dire, je ne le connaissais pas avant d'ouvrir l'ouvrage. Les recherches sur internet n'en disent pas beaucoup plus mais j'ai hâte de découvrir une œuvre antérieure intitulée "There’s No Time Like the Present" qui vient de re-sortir en 2025 en Angleterre suite au succès du présent livre. Que dire de plus si ce n'est que j'ai trouvé cette BD par moment lumineuse et que la fin, lumineuse elle aussi, m'a profondément ému et donne à réfléchir : pour faire simple et direct, "qu'est-ce qu'on attend de la vie ?" J'en ai probablement trop écrit malgré mon souhait initial mais je reste tiraillé entre partager une expérience de lecture génialissime et rare, ou assurer le service minimum pour ne pas nuire à votre propre découverte. Un des TOP 2025 garanti !
Saint-Elme
Saint-Elme, c’est un polar remarquable par son ambiance, ses couleurs (à lire absolument en couleurs ! ) et ses dialogues drôles et décalés rappelant parfois ceux de Tarantino. Dans cette histoire où la ville devient une entité à part entière, on est aux côtés des personnages ; la nuit, sous les néons agressifs, on respire avec eux l’air vicié d’une boîte de nuit sordide, le jour, on aspire à pleins poumons l’air revigorant des alpages en profitant d’un répit salvateur tout en sachant qu’un baron local, avec ses hommes de main sans scrupules, continue d’imposer sa loi aux habitants de Saint-Elme, corrompant les lieux et les âmes. L'univers de cette BD (entre Lynch et Fargo, rien que ça) doit également beaucoup à la galerie de ses personnages, au trait merveilleux de Peeters ainsi qu’aux différents niveaux de lecture possibles (on oscille en permanence entre explication rationnelle et croyances locales pour notre plus grand plaisir). Les cadrages cinématographiques, la fluidité de la narration accentuent le plaisir de lecture. J'avais l'impression de voir défiler une série TV de grande qualité sous mes yeux. Les auteurs parviennent même à créer la bande-son de leur BD. En effet, utilisées régulièrement avec habileté sans être pour autant envahissantes, les onomatopées contribuent à la création de cet univers cinématographique saisissant. Scènes d’action spectaculaires, moments de tension, immersion dans les mondes interlopes et vision altérée des junkies (montrer par le dessin comment les drogues modifient leur perception de la réalité tout en leur permettant de saisir certains moments avec une acuité accrue, c'est fort), morts violentes, apparitions inattendues de certains personnages font de cette série du jus de BD, du jus de cinéma. Impossible de lâcher les albums jusqu'à la fin. Si le dernier tome contient peut-être quelques révélations un peu faciles (on aurait pu vouloir des explications de nature différente, mais les choix scénaristiques des auteurs restent pour ma part convaincants), je trouve que le dosage entre fantastique et réalité reste bon jusqu’à la fin. Parfaitement construit, le dénouement permet de boucler les différents arcs narratifs de façon satisfaisante. La trajectoire des personnages, bien typés et intéressants, demeure là aussi, cohérente et bien vue. On n’oubliera pas de si tôt cette plongée dans les entrailles de Saint-Elme.
Copenhague
J'avais beaucoup apprécié le Serena du couple Pandolfo/Risbjerg. Je suis resté sous le charme avec la lecture de "Copenhague". Pourtant le début du récit m'a laissé quelque peu perplexe dans ce "Copenhague" à l'allure de confinement Covid et cette rencontre improbable entre Nana et Thyge. Et puis la poésie du langage de Thyge avec son parlé si drôle et pittoresque se met en place pour nous entrainer dans une sarabande déjantée à la recherche de l'âme danoise imprégnée des contes d'Andersen. C'est de plus en plus loufoque, de plus en plus improbable, de plus en plus trépidant avec une course poursuite qui permet une visite guidée de la ville de Copenhague bien plus attirante qu'il n'y parait. C'est presque toujours drôle avec une richesse syntaxique qui fait pont entre les deux langues et les deux héros. Le récit rebondit même sur une enquête policière qui rappelle qu' "il y avait bien quelque chose de pourri au royaume du Danemark". Personnellement je me suis beaucoup attaché à Nana et Thyge qui sont en parfaite harmonie comme les deux auteurs semblent l'être. En effet le récit est très bien dessiné par un Risbjerg au trait si expressif et moderne. Les extérieurs sont très soignés et certaines planches magnifiques donnent une ambiance si crédible que j'entendais la pluie danoise sur mes vitres. Cela reste un récit feel good divertissant très bien fait qui permet de passer un très agréable moment de détente. J'ai beaucoup aimé.