Les derniers avis (84 avis)

Par Spooky
Note: 4/5
Couverture de la série La Légende des Stryges
La Légende des Stryges

Comme me l'a écrit Corbeyran en séance de dédicace, "Mauvaise nouvelle Spooky... les Stryges reviennent !" Ce n'est pas forcément une mauvaise nouvelle, puisque je suis, à l'instar de Ryle, un fan de la première heure, et que malgré l'essoufflement de la série-mère sur ses derniers albums, ce retour m'intrigue, au minimum. Visiblement Corbeyran, comme il me l'a confié, n'en avait pas encore fini avec cet univers, et voulait encore raconter des choses. Ce premier volet d'un nouveau diptyque offre donc son lot de mystère, de révélations aussi, de complots et de personnages intrigants. On retrouve le sempiternel Sandor G. Weltman, tirant les ficelles dans l'ombre, mais on découvre surtout plusieurs "nouveaux" acteurs, telle Maria, à son service, mais qui se transit d'amour pour celui qui ne semble l'utiliser que comme une exécutrice des basses œuvres. L'archéologue qui découvre ces drôles de momies géantes en Egypte a peut-être également un rôle à jouer dans cette nouvelle histoire qui se présente comme un spin-off. A noter une scène de cambriolage au Louvre qui m'a forcément fait penser aux évènements récents... J'avoue que le fait que celui-ci se termine en deux tomes me rassure, on n'aura pas à attendre 20 ans, a priori, pour que l'intrigue soit résolue, mais d'un autre côté, cela me semble un peu court. Cependant je fais confiance au scénariste et à son savoir-faire pour mitonner une histoire aux petits oignons. Même si Guérineau n'est plus là (enfin si, un peu, vu qu'il a réalisé la couverture), son ombre graphique plane sur le travail de Nicolas Bègue, qui s'en approche tout en, a priori, gardant une identité propre. Son travail sur les décors et les personnages est remarquable, il marche sur les pas de son aîné. Curieux de lire la suite et fin.

16/11/2025 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Balade mentale - Voyage dans l'infiniment grand
Balade mentale - Voyage dans l'infiniment grand

Celles et ceux qui se sont toujours émerveillé.e.s en admirant les ciels d’été étoilés et qui ne sont pas pour autant des cadors en sciences et plus précisément en astronomie (c’est mon cas) vont certainement adorer cette bande dessinée. Celui-ci coche toutes les cases de l’ouvrage de vulgarisation idéal, lequel parvient à être synthétique sur cette discipline extrêmement vaste — on ne saurait mieux dire — qu’est l’astrophysique. « Voyage dans l’infiniment grand » a été conçu par Théo Drieu, co-créateur de la chaîne Youtube, « Balade mentale », qui compte plus d’un million d’abonnés. Pour un média de vulgarisation scientifique, c’est un vrai succès. Si l’on est toujours un peu plus familier avec les planètes et corps célestes peuplant notre système solaire, on a toujours moins d’assurance dès que l’on quitte la ceinture de Kuiper, sans parler du nuage d’Oort ! C’est ainsi que le livre va nous embarquer dans un grand voyage vers l’infini, un voyage bien plus rapide que la vitesse de la lumière, et tout ça grâce au fabuleux pouvoir de l’imagination, la nôtre ! Plus on avance, et plus les distances entre les corps augmentent de façon exponentielle, dans des proportions tout bonnement… « intersidérantes » ! L’ensemble se lit relativement bien et reste globalement compréhensible pour le commun des mortels, même si parfois il faut tout de même solliciter davantage de neurones pour appréhender des concepts un peu plus élaborés. En particulier vers les vingt dernières pages, où est expliqué la fameuse théorie de l’expansion de l’univers, avec le décalage entre ce que nous voyons et la réalité, compte tenu de la vitesse de la lumière. C’est tout à fait passionnant mais on aurait bien vu l’ouvrage se terminer sur l’avant Big Bang, histoire de stimuler un peu plus notre imagination. Certes, plus on s’en rapproche et plus les données scientifiques sont aléatoires et incertaines, et on ne saura probablement jamais ce qu’il y avait avant l’ « instant initial ». Mais certains scientifiques, peut-être les plus poètes, ont déjà émis des hypothèses sur l’existence de multivers. Les illustrations de Giulia Mammone restent tout à fait adaptées à ce type d’ouvrage. D’un côté, elle nous offre des vues d’artiste très plaisantes, parfois splendides, de l’univers avec ses soleils, ses galaxies et ses « pouponnières ». De l’autre, elle y intercale des scènes purement terrestres avec des objets du quotidien ou des personnages, dont celui probablement de Théo Drieu, le plus souvent pour métaphoriser des concepts plus abstraits ou présenter des intermèdes historiques dans le domaine scientifique. Assez quelconque sur ce plan, le trait reste très schématique et pas vraiment abouti, mais cela n’atténue guère l’enthousiasme que l’on pourra globalement ressentir avec cette lecture. Pour peu que votre imagination soit suffisamment puissante, « Voyage dans l’infiniment grand » aura au moins ce mérite, pendant 160 pages, de vous faire prendre de la hauteur et d’admirer la voûte céleste, loin de notre monde terrestre parfois étriqué, et ce n’est déjà pas si mal. Comme le conclut l’auteur lui-même, « ces étendues démesurées peuvent être une expérience d’humilité, elles nous attendrissent en abimant un peu nos égos… » A bon entendeur !

16/11/2025 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
Couverture de la série Sur la piste de Blueberry
Sur la piste de Blueberry

C'est en voyant un post de la dessinatrice Anlor (dont j'apprécie beaucoup le travail) que j'ai appris l'existence et la sortie de cet album collectif. Je ne sais pas quelle est l'occasion de celui-ci, le héros emblématique de Charlier et Giraud ayant fait son apparition en 1963, mais après tout pourquoi pas ? L'album propose donc des histoires courtes, mettant en scène le fameux Mike S. Donovan, alias Blueberry, parfois accompagné de ses complices Jim McClure, Red Neck ou encore Chihuahua Pearl. Ces histoires se déroulent pendant son enfance (chapeau bas à Olivier Bocquet pour avoir trouvé la justification à ce fameux surnom de Blueberry), jusqu'à sa vieillesse (le récit le plus émouvant, signé Corentin Rouge). Certaines histoires sont assez classiques, entre gunfights, rencontres avec des Indiens ou aux prises avec des racailles de l'Ouest, et d'autres plus originales, comme celle de sa retraite déjà évoquée, ou cette idée si particulière de déplacer une ourse et ses petits afin qu'ils arrêtent de terroriser une petite ville. Mais l'Ouest est cruel... Graphiquement certains font du Gir, comme Coutelis, Toulhoat ou Xavier, d'autres conservent leur trait particulier, comme Anlor, Bertail ou Olivier Taduc. En prime, chacune et chacun a pu donner un témoignage rapide de son rapport à Blueberry. L'ensemble est de bonne qualité, les histoires plairont sans doute aux aficionados du personnage (dont je suis). Outre la douzaine d'histoires courtes, l'album propose des illustrations d'autres auteurs, tels que Goossens, Manara ou Ralph Meyer. Et on se prend à rêver que ce dernier, tout comme Mathieu Lauffray qui signe la belle couverture, en viennent un jour à faire un album complet mettant en scène le Cavalier bleu...

16/11/2025 (modifier)
Par Scar
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Azur Asphalte
Azur Asphalte

La couleur tout d abord, le dessin ensuite, le récit enfin, c'est dans cet ordre que j'ai découvert Azur asphalte de Sylvain Bordesoules. On sent vraiment le sud, le vent, le soleil, rien qu'à regarder la couverture on est déjà dans l'histoire. Manque le lien entre ces deux femmes, que l'on va découvrir au fur et à mesure du récit...Leur quotidien qui n a rien d'original, tiens ça ressemble étrangement au notre ... c est à la fois beau, les illustrations notamment les pleines pages sont magnifiques, et émouvant...est ce que la vie est plus facile sous le soleil ?

16/11/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 5/5
Couverture de la série Monsieur désire ?
Monsieur désire ?

La servante est étonnante, à l'écoute de son patron, certes, mais aussi bien de toute autre personne se confiant à elle. Quel contraste avec l'aristocrate et tant d'autres seulement centrés sur leur personne ! C'est je pense cette ouverture à l'autre qui la prédispose à l'ailleurs, savoir aller en Amérique. Elle se fait payer le passage par la mère de l'aristocrate, qui finit par comprendre qu'elle le lui doit bien, sans parler du fait qu'elle n'apprécie guère l'influence que prend une servante. Le happy end est permis car pas tiré par les cheveux, et le vent de l'Amérique des grandes plaines d'Amérique fait du bien, après le brouillard et la presque société de caste anglaise ! Le dessin et la couleur sont à la hauteur, et le mieux que je puisse en dire est qu'ils savent retranscrire la beauté intérieure de la servante. Les contraintes sociales sont aussi bien rendues. Et quel sourire final de notre héroïne en Amérique !

16/11/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 4/5
Couverture de la série Bokko (Stratège)
Bokko (Stratège)

Souvent, je trouve que des BD arborent inutilement crasse et poussière. En plus, je dois dire que je n'aime pas trop la grisaille... Mais ici, cela fait ressentir l'environnement et la guerre, et à la réflexion, s'imposait. Les humains, pour survivre à ce traitement, prouvent leur force, à l'image du héros défenseur des villes… Héros, oui, et quel héros, qui cogite et qui se bat, solitaire car venu seul, mais solidaire, qui agrège autour de lui ! En apprenant à se battre autrement, il réforme peuple et élites. Les personnages secondaires ne sont pas de simples faire valoir. Le discours sur la guerre n'est pas naïf, et ça change… Ni soif de gloire inclinant à la guerre, ni pacifisme à la soumission, que fait-il ? En bon Chinois, du juste milieu. Cette BD donne un aperçu du passé de la Chine sans l'immobilisme de tant de récits historiques. Un héros se détache sans écraser le reste, mais plutôt avec le désir d'en apprendre davantage. Une perle… grise !

16/11/2025 (modifier)
Couverture de la série Colorado train
Colorado train

Dès les premières pages de Colorado Train, l’ambiance est lourde, presque poisseuse : on est dans une petite ville minière du Colorado des années 90, avec des ados paumés, des vies brisées, de la misère sociale. L’intrigue : une disparition qui vire à l’horreur, monte progressivement en tension, et on sent qu’il y a quelque chose de très profond qui se cache derrière chaque personnage.? Ce que j’ai le plus apprécié, c’est le dessin d’Alex W. Inker : un noir et blanc très charbonneux, qui correspond parfaitement au récit. Certains avis soulignent que ce trait « très noir » est parfois difficile à lire, mais pour moi, c’est justement cette densité graphique qui rend l’univers si crédible et oppressant. ? Les personnages sont très bien écrits : Michael, Durham, Donnie et Suzy ont chacun leurs blessures, leurs désirs, et on ressent vraiment leurs espoirs et leurs peurs. Plusieurs lecteurs disent que l’album est plus une fresque adolescente qu’un simple thriller horrifique et je suis d’accord : l’amitié, l’ennui, la drogue, le skate, tout cela joue un rôle central. ? Un gros plus selon moi : la musique. Le QR code à la fin pour accéder à une playlist grunge / rock des années 90 est une idée géniale. Ça renforce l’immersion et donne vraiment l’impression d’être dans cette époque, entre désespoir et rébellion. ? Je comprends aussi les critiques, certains trouvent des longueurs et regrettent que la fin soit un peu expédiée. Mais personnellement, ça ne m’a pas gâché l’expérience, je trouve que l’album parvient à instiller son malaise et ses thèmes sociaux avec beaucoup de force. En bref : Colorado Train est une BD sombre, intense, qui combine thriller, horreur et drame social de façon très réussie. Le dessin, l’ambiance, les personnages, tout fonctionne. Pour moi, c’est une lecture forte, à recommander si vous aimez les récits adultes, mélancoliques et ancrés dans la réalité.

16/11/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 4/5
Couverture de la série Sandman
Sandman

Histoire excellente, ce que je préfère est sans doute la remise de la clef des enfers à Sandman par Morning star et ce qui en découle. Hélas, il y a un dessin où le meilleur et le pire se côtoient. Dans Corto, un humain mélange rêves et aventures, ici un éternel crée les rêves et vit des aventures qu'il n'est pas allé chercher, côtoyant des humains très ancrés dans le réel, des dieux, des extraterrestres et des animaux. Morphe se montre à eux sous la forme qui leur convient. Et des êtres cauchemar peuvent être terrifiants, des êtres lieu enchanteurs. Morphée est l'un des éternels qui fait le mieux son job, mais quel salopard avec ses anciens amours ! Ce qui désacralise le personnage et lui offre une marge de progression. Œuvre foisonnante qui ne cache pas ses dettes en littérature et en bande dessinée, elle m'a fait lire Le paradis perdu et quelques Constantine, elle pâtit de la bonté, de la gentillesse de son scénariste jouant par trop collectif au lieu de se choisir un artiste excellent au lieu de laisser ses idées à l'aléas des meilleurs mais aussi des pires. Malgré tout, je note cette œuvre assez haut, par exemple pour l'image de Lucifer dialoguant sur la plage en admettant la beauté d'un coucher de soleil.

15/11/2025 (modifier)
Couverture de la série P.T.S.D.
P.T.S.D.

P.T.S.D. (ou Stress Post-Traumatique chez nous), c'est le terme pour désigner le comportement anxieux et les troubles psychiques qui naissent après un événement extrêmement traumatisant. Comme on peut s'y attendre avec un pareil titre et une telle couverture, il sera ici question du syndrôme post-traumatique d'une ancienne soldate revenue de la guerre et ne parvenant toujours pas à passer à autre chose. Le pays dans lequel nous nous trouvons n'est pas mentionné, pas plus que la guerre et ses enjeux, au fond on s'en fiche : le sujet de l'album est le syndrome post-traumatique en lui-même. Pas la peine de nous préciser en détail le passé pour comprendre les enjeux ici, les soldat-e-s survivant-e-s qui se sont battu-e-s pour leur pays sont aujourd'hui laissé-e-s à l'abandon à même la rue, sans le moindre soutien de l'état. Livré-e-s à leur sort, réduit-e-s à vivre sous le joug des gangs pour espérer obtenir le moindre réconfort sous la forme de médicaments et de drogues, les vétérans souffrent et meurent en silence. Parmi elleux nous suivons principalement Jun, une ancienne snipeuse ayant perdu toute son escouade ainsi que son œil droit à la fin de la guerre. Comme tous-tes les autres vétérans elle vit à même la rue, comme tous-tes les autres vétérans elle préfère se shooter aux médicaments plutôt que de revivre sobre ses cauchemars, mais contrairement à la plupart des autres vétérans elle s'est pleinement isolée des autres. Pas d'appartenance à un groupe, pas le moindre soutien émotionnel, Jun vit parfaitement seule. L'histoire sera donc celle de son évolution, du changement de son rapport avec les autres (en bien comme en mal), d'une tentative d'aller de l'avant, de sortir enfin de la guerre et de, on l'espère, pouvoir enfin déposer les armes. Mais pour ça il faudrait encore que Jun le réalise avant qu'il ne soit trop tard... L'oeuvre est violente, pas mal de scènes d'actions, pas mal de scènes de morts rapides et cruelles, une histoire de vendetta, des guerres de gangs, ... l'album donne vraiment l'impression d'un film d'action hong-kongais restranscrit en bande-dessinée (et, d'après les informations de fin d'album, cela faisait effectivement partie des influences/références pour l'album). Le travail graphique de Singelin est intéressant, sa grande ville aux gratte-ciels gigantesques, aux marchés collorés et pleins de foule et aux petites ruelles froides, sales et parfois mal-famées est vivante. On croit à la vie de cette ville, à son découpage des quartiers, à la séparation des rues "civiles" et des rues où vivent les abandonné-e-s, celleux qui vont finir par s'entretuer. Le contraste entre les couleurs sales et ternes et les couleurs chaudes et vives pour signaler l'évolution de la perception de Jun est intéressant. L'action est fluide et lisible, le monde et ses personnages sont à la fois mignons et sales, empathiques et cruels, en bref l'histoire est simple mais humaine. Un album intéressant, classique mine de rien dans sa construction narrative mais rondement mené et très agréable à lire. (Note réelle 3,5)

15/11/2025 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Les Carnets de Stamford Hawksmoor
Les Carnets de Stamford Hawksmoor

Dire que j’attendais « Les Carnets de Stamford Hawksmoor » avec impatience est un doux euphémisme. J’adore la série mère Grandville, et de manière générale toutes les œuvres de Bryan Talbot. J’avais d’ailleurs longuement interviewé l’auteur à Angoulême en janvier 2024, et découvert la centaine de planches alors réalisées, sur sa tablette… presque 2 ans plus tard, je mets enfin les mains sur l’album, fébrilement, ayant peur d’être déçu, de trop en attendre. Et bien non, ouf. Je précise tout d’abord une chose importante : il n’est absolument pas nécessaire d’avoir lu Grandville pour lire et apprécier cette préquelle. L’histoire est complètement indépendante, et propose une enquête « à la Sherlock » absolument passionnante… les références au personnage de Conan Doyle abondent, à commencer par le nom du protagoniste (Stamford apparait dans le premier roman, « Une étude en rouge »). L’enquête est bien construite et parfaitement narrée, même si sa complexité nécessite une lecture attentive. Comme c’est souvent le cas, Bryan Talbot parsème son récit de parallèles et réflexions sur notre société… les allusions à la catastrophe « Brexit » sont évidentes, mais l’auteur en profite également pour parler de la montée de l’extrême droite et du nationalisme dans le monde, ou encore des déboulonnages de statues liées à l'esclavage, par exemple. La mise en image est magnifique. La représentation brumeuse du Londres victorien est des plus réussies, notamment grâce aux superbes couleurs aquarelles sépia, pour un rendu vintage. Les personnages animaliers sont toujours aussi réussis, ainsi que les fiacres Hansom et les costumes d’époque. Voilà, une enquête classique, certes, et parfois difficile à suivre, mais je me suis régalé, et je me prends à rêver d’une suite (même ce n’est pas du tout d’actualité). Un coup de cœur !

15/11/2025 (modifier)