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Couverture de la série Léna (Le Long Voyage de Léna)
Léna (Le Long Voyage de Léna)

J'ai beaucoup aimé ces trois opus de Léna et je me retrouve dans les excellents avis de roedingen , d'Hervé ou d'Eléanore-clo sur bien des points. J'ajoute que je suis fan de Christin dans sa période Bilal qui a berçé ma jeunesse. On remarque immédiatement que les deux premiers tomes sont coincés entre le 9/11 et 2015. J'invite donc les lecteurs à relire cette série à l'aune des événements dramatiques qui ont secoué la Syrie, l' Irak ou la France dans ces années 2013/2015. Contrairement à ceux qui ont vu des scénarii longs et ennuyeux de la part de Christin , perso, j'y ai lu un plan super bien élaboré et malheureusement très crédible voire prophétique. Léna est une anti-007. Elle ne possède pas de gadget, ne voyage pas en jet, n'a même pas de CB et n'a aucune défense contre les frères syriens qui pourraient la tuer. Sa seule défense est justement son sang froid qui se traduit par une non action qui cadre avec un comportement peu suceptible d'attirer l'attention. L'utilisation de nombreuses voix off rend Léna étrangère à son action mais au combien pile dans son rôle. Christin nous fait vivre ce que vit Léna, une découverte au fil des heures des lieux et des personnes qu'elle accepte comme ils viennent avec une fatalité positive. C'est même une héroîne féministe de premier plan, nul besoin de séduction active ni de se déshabiller ou de morts pour faire sa mission. Le bon geste et la bonne attitude au bon moment dans une position presque maternelle sera son savoir faire tout au long des trois opus. En outre dans le tome 1 on retrouve un peu l'esprit de "La Partie de chasse" de Christin qui nous renvoie à une géopolitique d'un autre âge mais qui a des cendres encore brulantes. Le tome 2 est glaçant d'anticipation malgré quelques faiblesses qui permettent un happy end que l'on aurait aimé vivre dans la réalité quelques années plus tard. Tout l'art des auteurs est de montrer que le danger n'est jamais plus grand que lorsque l'observateur (ici le lecteur) baisse son attention. J'ai trouvé que le graphisme de Juillard correspondait pile à l'esprit du récit. Une Léna un peu figée. Des scénes intimistes de trains, de baignades, de promenades à la fois dérisoires et solitaires mais possiblement mortelles avec ces pas inconnus dans ces lieux inconnus. En outre cette succession de lieux que l'on rejoint par une succession de sauts de puce a réveillé mon âme de routard sur des chemins que j'ai moi-même suivi. Perso un vrai régal de lecture à la fois fictionnelle mais aussi en prise avec la réalité de la décennie. Pour finir Christin et Juillard ont donné rendez vous à Léna après cette décénnie sanglante dans un espace clos avec les principaux acteurs de ce désastre humain. Dans cette hôtellerie cachée au fin fond du Québec Christin nous propose une ambiance très Agatha Christie où Lena joue une miss Marple et Sir Charles un Hercule Poirot à la recherche de la paix. L'action est réduite à son minimum mais j'ai vraiment aimé cette ambiance de faux semblants qui s'effondrent dès que l'on creuse un peu. Une lecture que j'ai beaucoup aimé avec un Christin très lucide sur les disfonctionnements égoïstes qui nous enlisent.

01/06/2023 (modifier)
Couverture de la série Eté brûlant à Saint-Allaire
Eté brûlant à Saint-Allaire

Voilà une bien sympathique comédie rurale ! Entre récit policier, étude de caractères et humour, cette histoire donne le sourire aux lèvres tout en nous présentant quelques personnages bien pittoresques. Mais bien plus que dans un scénario sommes toutes fort léger, sa qualité première réside dans le talent de ses auteurs et autrice. Tout d’abord, il y a Franck Bouysse. Sa plume est alerte et les jeux de mots, phrases à double sens et sous-entendus sont nombreux. Pourtant l’écriture reste légère et vraiment agréable à lire. C’est fin, c’est très fin, ça se mange sans faim. Puis vient le trait de Daniel Casanave, dont je suis fan depuis longtemps déjà. De celui-ci se dégage une fraicheur, une poésie, une espièglerie qui cadrent parfaitement avec les mots de Franck Bouysse. Enfin vient la colorisation de Claire Champion, qui comme à sa bonne habitude vient enjouer le trait de Daniel Casanave. C’est frais et lumineux, agréable à regarder et agréable à lire. Malgré une histoire cousue de fil blanc, le découpage et les qualités techniques de l’œuvre sont tels qu’il est difficile d’interrompre sa lecture. Et une fois la dernière page tournée, on est là, bêtement le sourire aux lèvres, en train de lire la biographie des auteurs toujours réalisée avec la même fraicheur candide, heureux de pouvoir encore quelques minutes prolonger ce petit plaisir de lecture. Pas une œuvre majeure… mais j’ai vraiment bien aimé !

01/06/2023 (modifier)