Les derniers avis (26 avis)

Par Lodi
Note: 4/5
Couverture de la série Du Mouvement de la Terre
Du Mouvement de la Terre

Beau comme la découverte du Mouvement de la Terre. Ce n'est pas historiquement exact ? Mais cela donne certaines bases, le désir d'en savoir plus et fait rêver. Surtout, on redécouvre l'étrangeté que cela a été que de comprendre que le sol n'est pas plus fixe qu'un navire sous nos pieds ! Ce qu'il a l'air d'être… En plus d'autres enjeux de représentation du monde y sont liés. Le pouvoir peut être redistribué à l'occasion d'une nouvelle manière de voir. De nouvelles manières de voir le monde se font jour. Et puis, se voir sous un jour exotique par les yeux des Japonais n'est pas désagréable… Bref, que de décentrements ! Vraiment plaisant.

08/12/2025 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
Couverture de la série Les Mâchoires de la Peur
Les Mâchoires de la Peur

Les Dents de la Mer, sorti il y a cinquante ans, est l'un des films les plus connus, et celui qui a définitivement lancé la carrière d'une figure majeure d'Hollywood, à savoir Steven Spielberg. Au-delà de ses qualités artistiques et du phénomène de société qu'il a amplifié, à savoir la peur des requins, c'est aussi son statut de tournage cauchemar qui a contribué à sa légende. Fort de nombreuses lectures sur le sujet, le scénariste Jérôme Wybon s'est donc attaché à reconstituer ce processus, qui s'est au final étalé sur plus de deux ans entre le moment où Spielberg, aiguillé par deux producteurs, a décidé de s'attaquer à l'adaptation sur grand écran d'un roman de Peter Benchley, jusqu'à sa sortie, triomphale, à l'été 1975. Le scénariste est même allé plus loin en évoquant rapidement le tournage de sa suite, qui se fit sans le réalisateur, trois ans plus tard. C'est une enquête minutieuse, où l'on comprend le rôle des producteurs, du réalisateur, de la monteuse, qui communiquait en permanence et en direct (vivent les téléphones et les talkie-walkies) alors que le film était encore en tournage. L'ajout des scénaristes, nombreux, si bien que la paternité de certaines scènes est quasiment impossible à attribuer, sans oublier que le trio d'acteurs principaux a également participé aux ajustements des dialogues ou des situations. Les difficultés ont été très nombreuses : les requins mécaniques dont les rouages réagissaient mal à l'eau de mer, le taux d'alcoolémie de Robert Shaw a perturbé certaines scènes... Spielberg lui-même, extrêmement motivé, a un moment failli céder au désespoir et tout lâcher en plein tournage. Mais la présence d'amis tels que Brian de Palma, George Lucas, John Milius ou Carl Gottlieb l'ont aidé à maintenir le cap, à trouver des astuces techniques pour combattre les difficultés d'un tournage quia duré au final 155 jours au lieu d'une quarantaine. Je ne suis pas très fan du dessin de Toni Cittadini : s'il se montre précis et appliqué sur les scènes reproduisant des images du film ou dans la gestion des décors, sa représentation des personnages, surtout leurs visages, me laisse plus circonspect. Ainsi son Spielbarg du début des années 1970 ressemble-t-il plutôt à Blueberry qu'à Spielberg lui-même. Pas de grosse influence sur le plaisir de lecture, heureusement, mais je tenais à le signaler. En bref cet album documentaire plaira sans doute à celles et ceux qui s'intéressent au cinéma du réalisateur, à l'industrie hollywoodienne d'une époque où les effets spéciaux étaient encore un peu rudimentaires. Très agréable.

08/12/2025 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
Couverture de la série Les Origines du conflit israélo-arabe (1870-1950)
Les Origines du conflit israélo-arabe (1870-1950)

Voici une BD malheureusement de circonstance, qui permet de prendre du recul sur les origines de ce conflit qui nous parait insoluble et sans fin. Pour ce faire, c'est Georges Bensoussan, historien français spécialiste d'histoire culturelle de l'Europe des XIXe et XXe siècles et, en particulier, des communautés juives, également ancien directeur éditorial du Mémorial de la Shoah à Paris qui co-scénarise cet album avec Danièle Masse, également spécialiste de l'Orient et du Moyen-Orient. On part donc avec une base solide pour remonter le temps et le fil d'une tragédie inscrite dans l'Histoire. L'album s'ouvre sur les terribles attentats du Hamas du 7 octobre 2023 en Israël et ses prises d'otages, pour remonter le fil du temps jusqu'au début du XXe siècle. De la position des juifs dans le monde à leur arrivée en Palestine et comment ils ont petit à petit racheté les terres palestinienne et favorisé l'immigration des juifs du monde, c'est tout ce cheminement qu'on nous explique. L'Angleterre et les autres pays occidentaux, France comprise, ont leur responsabilité dans ce marasme, poursuivant leur politique coloniale tant que ce fut possible ou calculant au mieux pour leurs intérêts économiques. C'est toute cette mise en perspective qui nous permet de mieux comprendre l'inéluctabilité du conflit actuel et les responsabilités partagées. C'est ainsi qu'on découvre que le terrorisme est loin d'avoir été l'apanage des palestiniens ; les juifs aussi ont eu leurs factions terroristes (L'Irgoun ou le Lehi) qui semaient la terreur chez les arabes et qui ont même assassiné Lord Moyne, le gouverneur officiel britannique en 1944. Côté dessin, on est dans le classique : Yana Amadovic nous propose un trait réaliste qui cadre parfaitement avec ce qu'on attend d'une BD documentaire.

08/12/2025 (modifier)
Par karibou79
Note: 4/5
Couverture de la série Sticky Pants (ça colle et ça moule les bollocks !)
Sticky Pants (ça colle et ça moule les bollocks !)

A ranger à côté de Happy Sex, à portée de main pour se payer un fou-rire express (de toute façon l'ensemble n'est pas très épais). Le graphisme à l'américaine colle parfaitement pour ces trips de 1 à 3 cases. C'est gras, ça peut paraître redondant si on lit tous les tomes d'affilée, c'est pas à mettre entre toutes les mains, mais je me suis éclaté avec Hulk le maçon ou l'homme élastique à la recherche de ses clés!

08/12/2025 (modifier)
Par karibou79
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Lozère apocalypse
Lozère apocalypse

Alors là, j'ai été surpris. En feuilletant très rapidement (pour ne pas me spoiler moi-même), j'avais la sensation que c'est un ersatz post-apo de Les Légendaires et de survival façon Seuls : des personnages très sérieux dans un univers enfantin mais avec leurs traits de caractère bien tranchés, dans un univers laissant présagé des surprises régulières. Alors effectivement les caractères kawai sont stéréotypés et les surprises sont régulières. Mais des stéréotypes plus contemporains: l'otaku, la révoltée, l'influenceuse... et les surprises ne sont pas tant dans les gros changements de direction mais dans la manière : est-ce une oeuvre à destination de jeunes-jeunes ou de jeunes adultes? Car ça défouraille parfois sérieusement! Avec des scènes bien appuyées sur l'addiction, le racisme etc. Ca défouraille mais parfois dans la bonne humeur, on croit voir des Kenny de South Park partout: il/elle est supposé mourir/être mort? Pouf-pam, le revoilà comme dans un serial de Batman des 60s. Et ces fiches de personnages de début de chapitre, un régal; et intéressantes à relire au fil de l'histoire. Bien que les objectifs des différents personnages peuvent alourdir la compréhension, je trouve que la trame globale reste claire mais si elle est parfois tirée par les cheveux. De beaux clins d'oeil à de grandes oeuvres comme Akira comme exemple le plus voyant, des petites private jokes casées discrètement entre 2 cases, beaucoup de petites choses incitent à la relecture et rendent le prix d'autant plus attraant. Pour le dessin dynamique, la colorisation poussée mais évitant le flashy, les décors, les couvertures façon Mutafukaz, je dis oui, c'est pétillant et agréable à lire, on a tous passé de bons moments en compagnie de ces pauvres alevins.

08/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Coming In
Coming In

Album introspectif et accessible, Coming In trouve un équilibre solide entre récit personnel et dimension pédagogique. Le scénario alterne moments d’avancée narrative et respirations réflexives, ce qui rend la lecture fluide tout en donnant du poids aux enjeux identitaires abordés. L’approche reste douce, structurée, sans alourdir le propos : on suit un cheminement intérieur avec justesse, sans sensation de dramatisation inutile. Le dessin, volontairement simple, accompagne parfaitement cette tonalité. Il sert de cadre lisible à un contenu plus profond, en soutenant la légèreté apparente tout en laissant la place au sérieux du sujet. Cette cohérence graphique renforce l’impression d’un texte pensé pour être compris, ressenti et transmis, sans artifice. L’ensemble se lit comme une BD nécessaire : un ouvrage qui ouvre l’esprit, bienveillant, clair, et qui parvient à toucher sans appuyer. Accessible à tous, elle trouvera un écho particulier auprès des lecteurs intéressés par les récits d’acceptation de soi, mais peut réellement parler à un public très large.

07/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Barracuda
Barracuda

La série propose un récit de piraterie classique dans le bon sens du terme : un univers globalement réaliste, ponctué d’un léger souffle fantastique juste assez présent pour nourrir le mystère sans détourner l’ancrage historique. L’intrigue assemble gouverneurs corrompus, pirates imprévisibles, enjeux religieux, quêtes de trésor et trahisons successives. Le mélange fonctionne bien : l’histoire reste lisible, rythmée, avec une dose d’humour et de romance qui allège la noirceur ambiante. Le dessin de Jérémy est solide, efficace, cohérent avec le registre. Il n’a rien de révolutionnaire mais restitue correctement les décors coloniaux, les codes visuels de la piraterie et des personnages expressifs. Les figures féminines contribuent à la dynamique du récit, entre séduction, pouvoir et ambiguïtés, sans tomber dans la gratuité. L’ensemble offre un divertissement maîtrisé, accessible à ceux qui aiment les histoires d’aventure maritimes structurées et généreuses en rebondissements. Les points forts résident dans le rythme, la variété des situations et une atmosphère bien installée ; les limites, dans une formule parfois très classique et un dessin qui privilégie l’efficacité à l’innovation. Pour les amateurs de récits d’aventure, de complots et de piraterie, c’est une lecture très plaisante.

07/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Revoir Comanche
Revoir Comanche

Un album étrange. Qui peut éventuellement être lu sans connaître la série dont il se présente comme une suite et conclusion, plusieurs décennies après que nous ayons quitté le ranch 666. Même si connaître l’histoire d’origine, et surtout les liens qui unissaient les protagonistes, aide à mieux saisir certains passages. Surtout à mieux saisir l’aspect crépusculaire du récit. Un aspect crépusculaire revendiqué, qui saute aux yeux, déjà dans le dessin de Romain Renard, que j’ai trouvé ici très beau. J’ai juste été un temps gêné par un traitement différent pour les personnages (un trait réaliste classique) et pour certains décors (aux airs de photos retravaillées, probablement retraités à l’informatique), les personnages paraissant parfois ancrés artificiellement aux décors. Mais cette remarque est mineure, le rendu est franchement chouette. Et très sombre : la nuit beaucoup, les nuages de poussière du Dust Bowl. Et le récit lui-même. Un récit centré sur Red Dust, le vrai héros de la série d’origine, même si, une fois de plus, Comanche lui grille la politesse sur le titre. Un Red Dust vieillard, embarqué dans une fuite en avant par une jeune femme énigmatique, dans un retour vers le passé, vers le ranch où se trouverait Comanche. Quelques dialogues, la rencontre du Cheyenne Tache de Lune jouent à fond la nostalgie, le monde finissant (des vieux types jouant leur dernier tour avant de quitter la scène). Au cours du périple qui ramène Red au 666, vers une Comanche avec laquelle il n’a jamais eu qu’une relation platonique pleine de tensions, Renard développe quelques à-côtés historiques et sociaux : la misère des Amérindiens dans les réserves, le désespoir des fermiers ruinés par la crise de 1929 et les vent fous du Dust Bowl (voir la scène de la rencontre avec cette famille qui est prête à vendre son dernier enfant vivant pour quelques dollars…). Finalement la série d’origine aurait presque pu ne pas avoir existé (même si…). Et la fin au 666 est un peu trop « facile » et expédiée. Mais globalement la lecture est plaisante à lire, très agréable à regarder. Un récit qui joue essentiellement sur l’ambiance, l’atmosphère pour signer la fin d’un monde, celui de l’Ouest sauvage qu’emporte avec lui Red Dust. C’est aussi un hommage de Renard à Hermann : Red Dust affirme d’ailleurs en fin d’album que le nom de son père était Hermann…

07/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Dans la tête de Sherlock Holmes
Dans la tête de Sherlock Holmes

J’ai découvert Dans la tête de Sherlock Holmes grâce au coffret qui réunit les deux premiers tomes, accompagné des tickets en version physique. Rien que l’objet en lui-même m’a donné envie de me plonger dans l’univers : le coffret est beau, soigné, et les petits éléments supplémentaires renforcent vraiment l’immersion. Même sans encore avoir lu Le cauchemar du Loch Leathan, j’ai tout de suite senti que j’allais entrer dans un projet éditorial qui ne fait pas les choses à moitié. Dès les premières pages, j’ai compris que cette série n’avait rien d’une simple adaptation de Sherlock Holmes. Ce que j’ai adoré, c’est la manière dont les auteurs nous font littéralement entrer dans la tête du détective. Je n’ai pas seulement suivi une enquête ; j’ai eu l’impression de visualiser son raisonnement, ses associations d’idées, ses intuitions. Les pages se transforment en espace mental, et j’ai trouvé ça à la fois original, intelligent et terriblement immersif. Graphiquement, j’ai été bluffé. Les planches sont inventives, parfois foisonnantes, parfois presque labyrinthiques, mais toujours cohérentes avec l’idée de nous montrer le fonctionnement interne de Sherlock. J’aime les BD qui essaient de nouvelles choses, et ici, chaque détail compte. J’ai passé du temps à observer les cases, à revenir en arrière, à apprécier les trouvailles visuelles. On sent un vrai travail artistique derrière chaque page, et ça m’a accroché du début à la fin. Si je mets 4/5 au lieu de 5/5, c’est parce que parfois, justement, la lecture demande beaucoup d’attention. Ce n’est pas une BD que l’on feuillette distraitement. Certaines pages sont tellement riches que j’ai dû m’arrêter plusieurs fois pour être sûr de ne rien manquer. Ça m’a plu, mais je peux comprendre que ça puisse freiner certains lecteurs. Et même si l’enquête est bien menée, ce n’est pas la partie qui m’a le plus marqué : ce sont vraiment l’ambiance, la créativité et la plongée dans le mental de Sherlock qui font la force de ce diptyque. Au final, j’ai passé un excellent moment. Ce coffret m’a permis de découvrir une BD à la fois élégante, inventive et intelligente, qui se distingue des autres adaptations du personnage. Je suis vraiment content de m’y être intéressé, et je recommande sans hésiter

06/12/2025 (modifier)
Par Brodeck
Note: 4/5
Couverture de la série Moonlight Express
Moonlight Express

Quelle belle histoire, que ce Moonlight express ! J'ai acquis cet album avec un ex-libris qui me fera désormais entendre les notes du Clair de lune de Larry Adler à chaque fois que mes yeux se poseront sur cette villa au bord de la plage. Image judicieuse qui illustre parfaitement cette romance mâtinée de polar : un homme un peu gauche, dont la raideur trahit le passé militaire, semble hésiter, un bouquet à la main. Une petite silhouette sur le balcon, d'un geste amical, l'invite à renouer les fils du passé et prolonger l'histoire qui s'était brutalement interrompue un soir d'hiver dans un Berlin plongé en pleine guerre froide. Si ce n'est pas encore fait, je vous recommande de découvrir cette bd très cinématographique qui a la grâce et le charme des films des années 50. J'avais beaucoup aimé L'été Diabolik du même duo, je ressors enchanté de ma lecture de Moonlight, les pistes audio sont un vrai plus et accompagnent parfaitement le dessin magnifique de Clerisse. Chaque case est un ravissement et j'ai suivi avec un grand plaisir l'histoire de ce trio, Norman, Clarisse et Jay qui prennent vie au fil des pages, gagnent en épaisseur et rappellent l'élégance, la pétillance, la droiture morale des personnages des plus belles heures du cinéma hollywoodien.

06/12/2025 (modifier)