« Sur la piste… » c’est un peu la réaction de Dargaud aux éditions Grand Angle et sa série des « Go West... » conceptualisé par Tiburce Oger. C’est comme cela que je le perçoit, tout comme Oxymore Édition pioche ses idées chez Soleil ou Drakoo et vice-versa. En tout cas sur le principe c’est un peu la même recette : on convoque une ribambelle d’auteurs reconnus pour leur approche du western, quelques histoires sympatoches, et voilà ! Sauf que Dargaud a un avantage pas négligeable : plutôt qu’une série originale, on sort des tiroirs LA série emblématique du western franco-belge, j’ai nommé : Blueberry. Et puis, quelle brochette d’artistes ! Il y a du beau monde sur « Go West... » aussi, mais là sur un one shot je n’ai jamais vu son pareil. Jugez plutôt : Lauffray, Bertail, Gastine, Marini, Meyer, Perriot, Rouge, Toulhoat, etc. On va se régaler déjà ça pour moi c’était la garantie !
Alors, inconvénient ou non, je n’ai, je dois le confesser, jamais lu Blueberry. Seulement vu l’immonde adaptation ciné signé Jan Kounen. Sur certaines histoires c’est un petit peu incommode car un scénariste peu caler son récit au milieu d’un cycle de la série originale, et même si c’est à chaque fois bien expliqué, bien encadré, et qu’on n’est jamais vraiment perdu, j’aurai préféré lire uniquement des histoires avec un début et une fin. Il y en a, et de très bonnes, mais elles ne constituent pas la majorité d’entre elles. J’en ai aussi relevé 3 ou 4, on ne dira pas lesquelles, que je jugerai comme anecdotiques et sans intérêt (en général elles ne dépassent pas les 4 planches…).
Bon sinon visuellement avec les auteurs que j’ai cité plus haut, on s’éclate bien, c’est du bonbon pour les yeux, donc les 120 pages on ne les voit pas défiler. En plus ça permet à des gens comme moi de se familiariser avec le personnage, ses aventures, ses drames, sa vie en somme. Je n’irai peut être pas jusqu’à me plonger dans la série créée par Charlier et Giraux mais je comprends beaucoup mieux le pourquoi du comment du succès.
Un incontournable de cette fin d’année.
Deuxième cycle de la Complainte des landes perdues, il se distingue nettement du premier qui a longtemps formé une œuvre complète se suffisant à elle-même. A sa sortie, Moriganes affichait d'emblée un ton et un graphisme résolument plus modernes et tournés vers l'action que le cycle de Sioban. Et pourtant, ce deuxième cycle se déroule chronologiquement avant le premier, même si je ne l'ai appris qu'en le terminant, plus de vingt ans après ma lecture du premier de ses quatre tomes. Sans savoir cela, j'étais assez circonspect en découvrant cet ordre de chevaliers combattant le Mal, qui n'étaient pas sans rappeler les Jedi de Star Wars transposés dans un univers médiéval fantastique peuplé de créatures cauchemardesques bernant et massacrant les humains.
Graphiquement, Delaby (remplacé sur la toute fin par Jeremy suite à son décès) livre des planches d'une grande maîtrise technique, élégantes, pleines de souffle et de présence. Leur modernité tranche toutefois avec le style plus lyrique de Rosinski qui avait marqué de son empreinte le premier cycle, et cette différence m'avait laissé un peu perplexe quand j'avais découvert cette suite inattendue à l'époque. Toutefois, bien des années plus tard et moins imprégné de l'atmosphère du premier cycle, j'ai pu savourer plus sereinement ce dessin très réussi et les personnages, créatures et décors auxquels il donne vie.
Au niveau du scénario, ce n'est pas parfait mais l'impression est globalement très positive. S'éloignant de l'atmosphère envoûtante du premier cycle, Dufaux raconte une vraie histoire d'action en s'appuyant sur des codes largement exploités ailleurs (anciennes créatures maléfiques, ordre chevaleresque, initiations, seigneur mystérieux au passé sombre...). Ce manque d'originalité crée une forme de déjà-vu qui rend l'ensemble moins marquant que le cycle de Sioban, mais il ne suffit pas à gâcher la lecture. L'écriture se veut ample et grave, mais elle paraît parfois froide, presque désincarnée, comme si le récit cherchait à se donner plus de densité qu'il n'en possède vraiment. On notera aussi que chaque album forme quasiment une histoire complète, ce qui est parfois un avantage mais donne également une légère impression de renouvellement à chaque nouveau tome, avec de nouveaux personnages apparaissant parfois de nulle part (je pense au Guinea Lord, à la Mère noire ou à la Dame à l'Hermine) pour prendre une importance capitale, comme si l'auteur ne savait pas trop à l'avance vers où orienter sa série. Je regrette aussi que Seamus et les Chevaliers du Pardon ne soient jamais vraiment exploités à la hauteur de ce que leur concept promettait. Je m'attendais à une exploration plus poussée de leur fonctionnement, de leurs zones d'ombre, de leurs contradictions. Au lieu de cela, j'ai le sentiment que ces éléments restent en surface, comme s'ils servaient surtout de décor thématique sans être liés à une trajectoire narrative solide. Je finis donc avec l'impression frustrante d'effleurer un univers pourtant très riche, sans jamais y entrer complètement.
J'ai néanmoins pris plaisir à lire ces albums, parce que leur pouvoir visuel est énorme et que le rythme narratif est accrocheur et donne envie de savoir la suite. Mais pour être honnête, je ne peux pas dire que l'histoire me transporte autant que je l'espérais, car je suis tenu à distance par un scénario trop convenu pour vraiment m'emporter. Je retiens en tout cas l'envie qu'il m'a donné de relire le cycle de Sioban en sachant ce que j'ai appris ici du passé de son univers.
Note : 3,5/5
Yoko Tsuno serait trop parfaite si on ne la sentait pas vivante. Enfin, je ne l'ai pas lu depuis longtemps, mais que de bons souvenirs ! On dit que qui se ressemble s'assemble ? Il me semble que certains personnages sont presque aussi parfaits qu'elle, mais cela ne nuit pas non plus à la crédibilité… A mon avis, c'est Tintin, qui n'a jamais fait crédible, tellement il est lisse. Ceci dit, le fait qu'il ne soit personne aide chacun à s'y glisser comme derrière un masque, si on n'est pas allergique au vide. Contrairement à lui, on en apprend un peu sur Yoko, son passé, sa famille, sans parler des autres, comme les extraterrestres… Et puis, on voit ses émotions. Sans être hautaine, elle a de la classe. Tout a été dit sur la qualité du dessin, des intrigues. A écrire sur Yoko, j'ai bien envie de renouer avec ses aventures !
Il y a bien quelques gags qui m’ont paru à la fois trop faciles et manquant cruellement de peps ou de surprise. C’est un peu inégal. Comme la plupart du temps dans ce genre de recueil humoristique. Mais beaucoup moins que je ne le craignais.
Car en fait la très grande majorité des gags provoquent a minima le sourire, et plusieurs m’ont franchement fait marrer.
Pourtant, le genre d’humour absurde en gags courts, avec chutes décalées, un dessin réaliste et statique (avec itération iconique), voilà bien quelque chose qui, de niche, est presque devenu la norme, et le succès – légitime – de Fabcaro dans ce domaine n’a fait que développer ce créneau.
Beaucoup de publications sur ce créneau donc, un certain nombre de déceptions. Mais, moi qui suis adepte du genre, c’est toujours avec grand plaisir que je découvre un auteur – en l’occurrence une auteure – qui parvient à me faire franchement rire, alors que je pourrais être blasé.
Visiblement repérée sur Instagram, l’auteure développe un humour percutant, en peu de cases (souvent deux, parfois jusqu’à quatre), avec des dialogues courts mais qui surprennent par leur incongruité, pas mal d’humour noir et d’absurde.
Je ne connais pas l’auteure, et ne vais jamais sur ces réseaux sociaux du type Instagram. Mais l’album est présenté comme un tome 1. Je suis bien évidemment preneur d’une récidive !
Nicolas Presl avec son style si particulier de dessin noir et blanc où les personnages ont des fronts tout aplatis raconte à travers ces planches muettes une histoire de lutte des classes. Dans un monde qu'on suppose futuriste où les riches vivent sur de grandes plateformes entourées d'eau, peut-être à cause de la fonte des glaces qui a réduit les zones terrestres, on croise également toute une frange de survivants au visage squelettique. Ils errent comme des zombies, sombrant dans la délinquance et attaquant tels des pirates modernes les riches sur leurs bateaux. Les riches eux sont oisifs et aiment bien se droguer et s'envoyer en l'air, cette bande de dépravés. Les planches sont quasiment toutes sur un standard de 4 cases de dimension identique, sauf dans les scènes un peu psychédéliques d'abus de stupéfiants. Un album épais, j'ai bien aimé même si je ne suis pas certain de tout capter au message de l'auteur dans cette sorte de fable universelle sur l'humanité.
Un avis rapide qui confortera la bonne note de cet album.
Je ne m’attendais pas vraiment à ça, enfin si pour la partie trek mais beaucoup moins à la personnalité de l’auteur, il est plutôt loin de l’aventurier que je m’imaginais. Et cette différence fait pas mal dans le résultat, du moins ça m’a agréablement surpris.
J’ai lu l’album en plusieurs fois (et je conseille de faire de même), mais à chaque fois j’étais content de reprendre la route avec l’auteur. Je trouve qu’il propose quelque chose d’assez intéressant dans le résultat.
Americana arrive à conjuguer pas mal de thématiques qui m’ont pour la plupart passionner, voyage, peinture de l’Amérique, résilience …
La partie graphique sobre et lisible accompagne parfaitement ce gros pavé. Content de l’avoir lu.
Une nouvelle bande dessinée d'Alain Ayroles, c'est toujours la fête pour un bédéphile. C'est donc tout naturellement que je me suis précipité en librairie et je n'ai pas trop été déçu ! Encore une fois, Ayroles accouche à la fois d'un bel objet et d'une histoire puissante. Les jeux de pouvoirs et de domination qu'il met en scène sont savamment mis en place avec l'art qu'on lui connaît. Ses personnages sont intelligemment écrits, et même si on est parfois dans le domaine de la caricature, il sait faire sortir les protagonistes de cette ornière. Ainsi, notre perception des personnages principaux change constamment, au fur et à mesure qu'on découvre leurs vilenies ou leur excessive naïveté. L'univers du XVIIIe siècle français est en cela très bien rendue, avec l'hypocrisie qu'on lui connaît. L'auteur menace toutefois régulièrement de réduire le siècle des Lumières à cette hypocrisie, et c'est à mon sens un peu dommage, car il bénéficie quand même d'une richesse culturelle indéniable. Certes, Ayroles la met bien en scène mais toujours à travers ce prisme de l'hypocrisie d'une élite déconnectée du vrai peuple.
D'un côté, on est contents de voir cette description d'une noblesse d'Ancien Régime, qui n'invoque le progrès, la philosophie et la culture que pour mieux se conforter dans un entre-soi détestable, à milles lieues des vertus invoquées au sein même d'une religion affichée qui ne signifie plus rien à leurs yeux, ou d'un athéisme étonnamment plus dogmatique encore que la religion qui le précéda. Heureusement, au fur et à mesure des 3 tomes parus à ce
Ce contact avec le Nouveau Monde est d'ailleurs une des grandes surprises du récit pour ma part (mais révélé dès la lecture de la 4e de couverture, puisqu'il suffit de lire le titre des deux tomes à venir pour le comprendre). Je ne m'attendais pas à ce que le récit explore le lien entre l'Ancien Régime et les colonies américaines, cela donne une ampleur inattendue au récit : on s'attendait aux Liaisons dangereuses et on se retrouve avec Le Dernier des Mohicans en plus ! Belle surprise, qui permet à Ayroles de s'amuser avec ce qu'il préfère : le récit d'une colonisation cynique où les innocents sont écrasés par les politiques et les commerçants. Même s'il n'atteint pas ici le ton épique de Les Indes fourbes, il nous offre un récit bien différent, qui étend ses ramifications petit à petit jusqu'à nous plonger dans l'Histoire, la vraie, sans qu'on s'y attende vraiment.
Le tome 2 nous plonge déjà dans l'univers dangereux des Grands Lacs avec une réussite indéniable, mais avec le tome 3, c'est la consécration ! Les différents fils narratifs y trouvent une conclusion plus que satisfaisante, y compris un fil narratif essentiel du premier tome dont on n'attendait pas la suite ici. Surtout, le récit nous immisce peu à peu dans les guerres franco-britanniques qui viennent envahir le sol canadien, vues par de multiples points de vue, ceux des colons, des soldats, mais aussi des indiens. Ce qui est fort, c'est que malgré le (très) grand nombre de points de vue, le récit conserve tout le temps sa fluidité !
Au dessin, Richard Guérineau n'a certes pas le génie de Juanjo Guarnido, mais il a néanmoins une jolie patte graphique, qui colle bien avec l'univers d'Ayroles. Manquant peut-être un peu de finesse par rapport au raffinement extrême du XVIIIe siècle français, le dessin se révèle parfaitement efficace quand il s'agit de dépeindre le grand nord canadien. Élégant, mais brutal quand il le faut, le dessin de Guérineau accompagne à point nommé les retournements de situation et autres jeux de manipulation sournoise qui ponctuent le récit.
Là aussi, on sent Guérineau très à son aise particulièrement dans un tome 3 où les conflits (plus ou moins) larvés éclatent, et où la guerre s'impose de plus en plus à des autochtones qui n'ont rien demandé. Même si ces guerres restent en toile de fond du récit, elles confèrent au tome 3 un ton plus grandiose que les précédents, peut-être un peu plus sérieux alors que paradoxalement, en même temps, les manigances du chevalier de Saint-Sauveur deviennent des ressorts plus ouvertement comiques (pour un peu, on se croirait dans du Goscinny, par moments !).
Peut-être mon seul reproche serait-il de nous avoir vendu une trilogie, avant de découvrir qu'il va y avoir un tome 4. Mais bon, vu le cliffhanger du tome 3, il est difficile de ne pas attendre le tome 4 avec la même impatience que les autres ! Un arc narratif s'est clairement refermé et ces 3 tomes pourront se lire comme une trilogie à peu près complète (sauf qu'on ignore toujours l'identité de Mme de ***, qui sera probablement au cœur des prochains volumes). L'aventure canadienne semble terminée, mais espérons que la suite de la saga soit au même niveau !
En tous cas, Le Démon des Grands Lacs clôt dignement une belle et grande trilogie, tout en ouvrant de belles perspectives pour la suite. Le chevalier de Saint-Sauveur va sûrement voir son passé ressurgir et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on a plus que hâte !
Avis subjectif, pour un album pas très courant, et qui je pense plaira surtout aux amateurs de l’auteur. Mais aussi aux lecteurs curieux, férus de poésie – surréaliste essentiellement. Et comme je fais partie de ces deux catégories, voilà un album que j’ai grandement apprécié !
L’album est vite lu, car totalement muet. Même s’il y a un récit sous-jacent, c’est surtout une suite d’images, de rêveries, l’exploration de l’imaginaire de Moebius.
J’ai parlé d’une lecture rapide. Certes. Mais elle en appelle presque à l’infini d’autres, pour observer les détails. Car Moebius allie ici la minutie et l’épure, dans un dessin excellent, souvent hypnotique et onirique.
Giraud/Moebius a toujours aimé les déserts, les a souvent représentés, dans les Blueberry de façon réaliste, et dans pas mal d’œuvres moebiusiennes de façon plus épurée, comme c’est le cas ici. Ses visites aux États-Unis, au Mexique – et probablement l’usage de substances « exotiques » – l’ont fortement inspiré, pour donner ici quelque chose de superbe visuellement, et d’intrigant intellectuellement.
Une lecture envoûtante.
Les 7 mercenaires au temps des Croisades !
À la fin du XIIe siècle, une jeune forgeronne se rend à Jérusalem pour recruter des chevaliers capables de défendre son village contre des croisés sans scrupules. Sa seule monnaie d'échange : des armures d'une qualité exceptionnelle qu'elle est la seule à savoir forger. En chemin, elle réunit une équipe hétéroclite de combattants venus d'horizons très divers, qui acceptent de la suivre et de se battre à ses côtés.
Voilà une publication des plus réjouissantes. Certes, le schéma des 7 mercenaires a été exploité maintes fois, mais le transposer dans le royaume de Jérusalem, véritable carrefour où se côtoyaient Européens, Africains, Nizârites, Mongols ou Tatars, offre un terrain culturel riche et propice à un récit haut en couleurs. Et confié à Arthur de Pins, le concept fonctionne d'autant mieux.
Son graphisme fait toujours mouche. Il s'éloigne ici un peu de l'esthétique très numérique de Zombillénium : pas de dégradés, et la 3D n'apparaît que dans certains décors, tandis que les personnages et l'essentiel des planches adoptent un rendu en aplats, plus sobre visuellement mais tout aussi efficace. L'auteur s'autorise en prime plusieurs compositions d'une grande élégance, proches d'illustrations d'artistes conceptuels.
La narration, elle aussi, apporte une vraie fraîcheur. Malgré un cadre historique soigné et quasiment dépourvu d'anachronismes, les dialogues adoptent une vivacité très contemporaine, presque cinématographique. Le rythme est excellent, soutenu par une galerie de personnages réussie, par la personnalité forte de la forgeronne qui les rassemble et par un zeste d'humour bienvenu dans la mise en scène. L'intrigue principale reste simple et rappelle les exactions commises par certains croisés en Terre sainte, mais elle s'enrichit de sous-intrigues bien dosées qui maintiennent l'intérêt et donnent envie d'avancer.
C'est une BD très aboutie et particulièrement plaisante.
Après avoir parcouru la version couleur, j'ai tout de suite opté pour l'édition noir et blanc de l'album tant j'ai trouvé que les couleurs figeaient les personnages et ne collaient pas à ce western.
Et, je pense avoir bien fait. Dans cette version n&b, le dessin de Henriet (auteur que je découvre ici) est magnifique.
Mais j'avoue avoir acheté cet album sur le seul nom de Pierre Dubois, dont les deux autres western Sykes et Texas Jack, publiés aussi chez le Lombard (collection Signé) m'avaient enchanté. Il faut dire que Pierre Dubois, que je croisais régulièrement lorsque j'étais étudiant à Rennes, prend son temps pour installer son intrigue et ses personnages : 144 pages de poursuites, de fusillades, de trahisons aussi, bref du bon western.
Les personnages sont bien campés, et on retrouve ce qui fait le sel des bons westerns : du propriétaire terrien véreux, au jeune cow boy fougueux, au colporteur (Scurly, personnage attachant) en passant par la jeune fille ingénue ou beaucoup moins farouche. Même les indiens ne sont pas oubliés!
j'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette bande dessinée, et les amateurs de western devraient se tourner vers cet album, qui mérite que l'on s'y attarde.
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Sur la piste de Blueberry
« Sur la piste… » c’est un peu la réaction de Dargaud aux éditions Grand Angle et sa série des « Go West... » conceptualisé par Tiburce Oger. C’est comme cela que je le perçoit, tout comme Oxymore Édition pioche ses idées chez Soleil ou Drakoo et vice-versa. En tout cas sur le principe c’est un peu la même recette : on convoque une ribambelle d’auteurs reconnus pour leur approche du western, quelques histoires sympatoches, et voilà ! Sauf que Dargaud a un avantage pas négligeable : plutôt qu’une série originale, on sort des tiroirs LA série emblématique du western franco-belge, j’ai nommé : Blueberry. Et puis, quelle brochette d’artistes ! Il y a du beau monde sur « Go West... » aussi, mais là sur un one shot je n’ai jamais vu son pareil. Jugez plutôt : Lauffray, Bertail, Gastine, Marini, Meyer, Perriot, Rouge, Toulhoat, etc. On va se régaler déjà ça pour moi c’était la garantie ! Alors, inconvénient ou non, je n’ai, je dois le confesser, jamais lu Blueberry. Seulement vu l’immonde adaptation ciné signé Jan Kounen. Sur certaines histoires c’est un petit peu incommode car un scénariste peu caler son récit au milieu d’un cycle de la série originale, et même si c’est à chaque fois bien expliqué, bien encadré, et qu’on n’est jamais vraiment perdu, j’aurai préféré lire uniquement des histoires avec un début et une fin. Il y en a, et de très bonnes, mais elles ne constituent pas la majorité d’entre elles. J’en ai aussi relevé 3 ou 4, on ne dira pas lesquelles, que je jugerai comme anecdotiques et sans intérêt (en général elles ne dépassent pas les 4 planches…). Bon sinon visuellement avec les auteurs que j’ai cité plus haut, on s’éclate bien, c’est du bonbon pour les yeux, donc les 120 pages on ne les voit pas défiler. En plus ça permet à des gens comme moi de se familiariser avec le personnage, ses aventures, ses drames, sa vie en somme. Je n’irai peut être pas jusqu’à me plonger dans la série créée par Charlier et Giraux mais je comprends beaucoup mieux le pourquoi du comment du succès. Un incontournable de cette fin d’année.
Complainte des landes perdues - Les Chevaliers du Pardon
Deuxième cycle de la Complainte des landes perdues, il se distingue nettement du premier qui a longtemps formé une œuvre complète se suffisant à elle-même. A sa sortie, Moriganes affichait d'emblée un ton et un graphisme résolument plus modernes et tournés vers l'action que le cycle de Sioban. Et pourtant, ce deuxième cycle se déroule chronologiquement avant le premier, même si je ne l'ai appris qu'en le terminant, plus de vingt ans après ma lecture du premier de ses quatre tomes. Sans savoir cela, j'étais assez circonspect en découvrant cet ordre de chevaliers combattant le Mal, qui n'étaient pas sans rappeler les Jedi de Star Wars transposés dans un univers médiéval fantastique peuplé de créatures cauchemardesques bernant et massacrant les humains. Graphiquement, Delaby (remplacé sur la toute fin par Jeremy suite à son décès) livre des planches d'une grande maîtrise technique, élégantes, pleines de souffle et de présence. Leur modernité tranche toutefois avec le style plus lyrique de Rosinski qui avait marqué de son empreinte le premier cycle, et cette différence m'avait laissé un peu perplexe quand j'avais découvert cette suite inattendue à l'époque. Toutefois, bien des années plus tard et moins imprégné de l'atmosphère du premier cycle, j'ai pu savourer plus sereinement ce dessin très réussi et les personnages, créatures et décors auxquels il donne vie. Au niveau du scénario, ce n'est pas parfait mais l'impression est globalement très positive. S'éloignant de l'atmosphère envoûtante du premier cycle, Dufaux raconte une vraie histoire d'action en s'appuyant sur des codes largement exploités ailleurs (anciennes créatures maléfiques, ordre chevaleresque, initiations, seigneur mystérieux au passé sombre...). Ce manque d'originalité crée une forme de déjà-vu qui rend l'ensemble moins marquant que le cycle de Sioban, mais il ne suffit pas à gâcher la lecture. L'écriture se veut ample et grave, mais elle paraît parfois froide, presque désincarnée, comme si le récit cherchait à se donner plus de densité qu'il n'en possède vraiment. On notera aussi que chaque album forme quasiment une histoire complète, ce qui est parfois un avantage mais donne également une légère impression de renouvellement à chaque nouveau tome, avec de nouveaux personnages apparaissant parfois de nulle part (je pense au Guinea Lord, à la Mère noire ou à la Dame à l'Hermine) pour prendre une importance capitale, comme si l'auteur ne savait pas trop à l'avance vers où orienter sa série. Je regrette aussi que Seamus et les Chevaliers du Pardon ne soient jamais vraiment exploités à la hauteur de ce que leur concept promettait. Je m'attendais à une exploration plus poussée de leur fonctionnement, de leurs zones d'ombre, de leurs contradictions. Au lieu de cela, j'ai le sentiment que ces éléments restent en surface, comme s'ils servaient surtout de décor thématique sans être liés à une trajectoire narrative solide. Je finis donc avec l'impression frustrante d'effleurer un univers pourtant très riche, sans jamais y entrer complètement. J'ai néanmoins pris plaisir à lire ces albums, parce que leur pouvoir visuel est énorme et que le rythme narratif est accrocheur et donne envie de savoir la suite. Mais pour être honnête, je ne peux pas dire que l'histoire me transporte autant que je l'espérais, car je suis tenu à distance par un scénario trop convenu pour vraiment m'emporter. Je retiens en tout cas l'envie qu'il m'a donné de relire le cycle de Sioban en sachant ce que j'ai appris ici du passé de son univers. Note : 3,5/5
Yoko Tsuno
Yoko Tsuno serait trop parfaite si on ne la sentait pas vivante. Enfin, je ne l'ai pas lu depuis longtemps, mais que de bons souvenirs ! On dit que qui se ressemble s'assemble ? Il me semble que certains personnages sont presque aussi parfaits qu'elle, mais cela ne nuit pas non plus à la crédibilité… A mon avis, c'est Tintin, qui n'a jamais fait crédible, tellement il est lisse. Ceci dit, le fait qu'il ne soit personne aide chacun à s'y glisser comme derrière un masque, si on n'est pas allergique au vide. Contrairement à lui, on en apprend un peu sur Yoko, son passé, sa famille, sans parler des autres, comme les extraterrestres… Et puis, on voit ses émotions. Sans être hautaine, elle a de la classe. Tout a été dit sur la qualité du dessin, des intrigues. A écrire sur Yoko, j'ai bien envie de renouer avec ses aventures !
Quiproquos
Il y a bien quelques gags qui m’ont paru à la fois trop faciles et manquant cruellement de peps ou de surprise. C’est un peu inégal. Comme la plupart du temps dans ce genre de recueil humoristique. Mais beaucoup moins que je ne le craignais. Car en fait la très grande majorité des gags provoquent a minima le sourire, et plusieurs m’ont franchement fait marrer. Pourtant, le genre d’humour absurde en gags courts, avec chutes décalées, un dessin réaliste et statique (avec itération iconique), voilà bien quelque chose qui, de niche, est presque devenu la norme, et le succès – légitime – de Fabcaro dans ce domaine n’a fait que développer ce créneau. Beaucoup de publications sur ce créneau donc, un certain nombre de déceptions. Mais, moi qui suis adepte du genre, c’est toujours avec grand plaisir que je découvre un auteur – en l’occurrence une auteure – qui parvient à me faire franchement rire, alors que je pourrais être blasé. Visiblement repérée sur Instagram, l’auteure développe un humour percutant, en peu de cases (souvent deux, parfois jusqu’à quatre), avec des dialogues courts mais qui surprennent par leur incongruité, pas mal d’humour noir et d’absurde. Je ne connais pas l’auteure, et ne vais jamais sur ces réseaux sociaux du type Instagram. Mais l’album est présenté comme un tome 1. Je suis bien évidemment preneur d’une récidive !
La Ville (Nicolas Presl)
Nicolas Presl avec son style si particulier de dessin noir et blanc où les personnages ont des fronts tout aplatis raconte à travers ces planches muettes une histoire de lutte des classes. Dans un monde qu'on suppose futuriste où les riches vivent sur de grandes plateformes entourées d'eau, peut-être à cause de la fonte des glaces qui a réduit les zones terrestres, on croise également toute une frange de survivants au visage squelettique. Ils errent comme des zombies, sombrant dans la délinquance et attaquant tels des pirates modernes les riches sur leurs bateaux. Les riches eux sont oisifs et aiment bien se droguer et s'envoyer en l'air, cette bande de dépravés. Les planches sont quasiment toutes sur un standard de 4 cases de dimension identique, sauf dans les scènes un peu psychédéliques d'abus de stupéfiants. Un album épais, j'ai bien aimé même si je ne suis pas certain de tout capter au message de l'auteur dans cette sorte de fable universelle sur l'humanité.
Americana
Un avis rapide qui confortera la bonne note de cet album. Je ne m’attendais pas vraiment à ça, enfin si pour la partie trek mais beaucoup moins à la personnalité de l’auteur, il est plutôt loin de l’aventurier que je m’imaginais. Et cette différence fait pas mal dans le résultat, du moins ça m’a agréablement surpris. J’ai lu l’album en plusieurs fois (et je conseille de faire de même), mais à chaque fois j’étais content de reprendre la route avec l’auteur. Je trouve qu’il propose quelque chose d’assez intéressant dans le résultat. Americana arrive à conjuguer pas mal de thématiques qui m’ont pour la plupart passionner, voyage, peinture de l’Amérique, résilience … La partie graphique sobre et lisible accompagne parfaitement ce gros pavé. Content de l’avoir lu.
L'Ombre des Lumières
Une nouvelle bande dessinée d'Alain Ayroles, c'est toujours la fête pour un bédéphile. C'est donc tout naturellement que je me suis précipité en librairie et je n'ai pas trop été déçu ! Encore une fois, Ayroles accouche à la fois d'un bel objet et d'une histoire puissante. Les jeux de pouvoirs et de domination qu'il met en scène sont savamment mis en place avec l'art qu'on lui connaît. Ses personnages sont intelligemment écrits, et même si on est parfois dans le domaine de la caricature, il sait faire sortir les protagonistes de cette ornière. Ainsi, notre perception des personnages principaux change constamment, au fur et à mesure qu'on découvre leurs vilenies ou leur excessive naïveté. L'univers du XVIIIe siècle français est en cela très bien rendue, avec l'hypocrisie qu'on lui connaît. L'auteur menace toutefois régulièrement de réduire le siècle des Lumières à cette hypocrisie, et c'est à mon sens un peu dommage, car il bénéficie quand même d'une richesse culturelle indéniable. Certes, Ayroles la met bien en scène mais toujours à travers ce prisme de l'hypocrisie d'une élite déconnectée du vrai peuple. D'un côté, on est contents de voir cette description d'une noblesse d'Ancien Régime, qui n'invoque le progrès, la philosophie et la culture que pour mieux se conforter dans un entre-soi détestable, à milles lieues des vertus invoquées au sein même d'une religion affichée qui ne signifie plus rien à leurs yeux, ou d'un athéisme étonnamment plus dogmatique encore que la religion qui le précéda. Heureusement, au fur et à mesure des 3 tomes parus à ce Ce contact avec le Nouveau Monde est d'ailleurs une des grandes surprises du récit pour ma part (mais révélé dès la lecture de la 4e de couverture, puisqu'il suffit de lire le titre des deux tomes à venir pour le comprendre). Je ne m'attendais pas à ce que le récit explore le lien entre l'Ancien Régime et les colonies américaines, cela donne une ampleur inattendue au récit : on s'attendait aux Liaisons dangereuses et on se retrouve avec Le Dernier des Mohicans en plus ! Belle surprise, qui permet à Ayroles de s'amuser avec ce qu'il préfère : le récit d'une colonisation cynique où les innocents sont écrasés par les politiques et les commerçants. Même s'il n'atteint pas ici le ton épique de Les Indes fourbes, il nous offre un récit bien différent, qui étend ses ramifications petit à petit jusqu'à nous plonger dans l'Histoire, la vraie, sans qu'on s'y attende vraiment. Le tome 2 nous plonge déjà dans l'univers dangereux des Grands Lacs avec une réussite indéniable, mais avec le tome 3, c'est la consécration ! Les différents fils narratifs y trouvent une conclusion plus que satisfaisante, y compris un fil narratif essentiel du premier tome dont on n'attendait pas la suite ici. Surtout, le récit nous immisce peu à peu dans les guerres franco-britanniques qui viennent envahir le sol canadien, vues par de multiples points de vue, ceux des colons, des soldats, mais aussi des indiens. Ce qui est fort, c'est que malgré le (très) grand nombre de points de vue, le récit conserve tout le temps sa fluidité ! Au dessin, Richard Guérineau n'a certes pas le génie de Juanjo Guarnido, mais il a néanmoins une jolie patte graphique, qui colle bien avec l'univers d'Ayroles. Manquant peut-être un peu de finesse par rapport au raffinement extrême du XVIIIe siècle français, le dessin se révèle parfaitement efficace quand il s'agit de dépeindre le grand nord canadien. Élégant, mais brutal quand il le faut, le dessin de Guérineau accompagne à point nommé les retournements de situation et autres jeux de manipulation sournoise qui ponctuent le récit. Là aussi, on sent Guérineau très à son aise particulièrement dans un tome 3 où les conflits (plus ou moins) larvés éclatent, et où la guerre s'impose de plus en plus à des autochtones qui n'ont rien demandé. Même si ces guerres restent en toile de fond du récit, elles confèrent au tome 3 un ton plus grandiose que les précédents, peut-être un peu plus sérieux alors que paradoxalement, en même temps, les manigances du chevalier de Saint-Sauveur deviennent des ressorts plus ouvertement comiques (pour un peu, on se croirait dans du Goscinny, par moments !). Peut-être mon seul reproche serait-il de nous avoir vendu une trilogie, avant de découvrir qu'il va y avoir un tome 4. Mais bon, vu le cliffhanger du tome 3, il est difficile de ne pas attendre le tome 4 avec la même impatience que les autres ! Un arc narratif s'est clairement refermé et ces 3 tomes pourront se lire comme une trilogie à peu près complète (sauf qu'on ignore toujours l'identité de Mme de ***, qui sera probablement au cœur des prochains volumes). L'aventure canadienne semble terminée, mais espérons que la suite de la saga soit au même niveau ! En tous cas, Le Démon des Grands Lacs clôt dignement une belle et grande trilogie, tout en ouvrant de belles perspectives pour la suite. Le chevalier de Saint-Sauveur va sûrement voir son passé ressurgir et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on a plus que hâte !
40 days dans le désert B
Avis subjectif, pour un album pas très courant, et qui je pense plaira surtout aux amateurs de l’auteur. Mais aussi aux lecteurs curieux, férus de poésie – surréaliste essentiellement. Et comme je fais partie de ces deux catégories, voilà un album que j’ai grandement apprécié ! L’album est vite lu, car totalement muet. Même s’il y a un récit sous-jacent, c’est surtout une suite d’images, de rêveries, l’exploration de l’imaginaire de Moebius. J’ai parlé d’une lecture rapide. Certes. Mais elle en appelle presque à l’infini d’autres, pour observer les détails. Car Moebius allie ici la minutie et l’épure, dans un dessin excellent, souvent hypnotique et onirique. Giraud/Moebius a toujours aimé les déserts, les a souvent représentés, dans les Blueberry de façon réaliste, et dans pas mal d’œuvres moebiusiennes de façon plus épurée, comme c’est le cas ici. Ses visites aux États-Unis, au Mexique – et probablement l’usage de substances « exotiques » – l’ont fortement inspiré, pour donner ici quelque chose de superbe visuellement, et d’intrigant intellectuellement. Une lecture envoûtante.
Knight club
Les 7 mercenaires au temps des Croisades ! À la fin du XIIe siècle, une jeune forgeronne se rend à Jérusalem pour recruter des chevaliers capables de défendre son village contre des croisés sans scrupules. Sa seule monnaie d'échange : des armures d'une qualité exceptionnelle qu'elle est la seule à savoir forger. En chemin, elle réunit une équipe hétéroclite de combattants venus d'horizons très divers, qui acceptent de la suivre et de se battre à ses côtés. Voilà une publication des plus réjouissantes. Certes, le schéma des 7 mercenaires a été exploité maintes fois, mais le transposer dans le royaume de Jérusalem, véritable carrefour où se côtoyaient Européens, Africains, Nizârites, Mongols ou Tatars, offre un terrain culturel riche et propice à un récit haut en couleurs. Et confié à Arthur de Pins, le concept fonctionne d'autant mieux. Son graphisme fait toujours mouche. Il s'éloigne ici un peu de l'esthétique très numérique de Zombillénium : pas de dégradés, et la 3D n'apparaît que dans certains décors, tandis que les personnages et l'essentiel des planches adoptent un rendu en aplats, plus sobre visuellement mais tout aussi efficace. L'auteur s'autorise en prime plusieurs compositions d'une grande élégance, proches d'illustrations d'artistes conceptuels. La narration, elle aussi, apporte une vraie fraîcheur. Malgré un cadre historique soigné et quasiment dépourvu d'anachronismes, les dialogues adoptent une vivacité très contemporaine, presque cinématographique. Le rythme est excellent, soutenu par une galerie de personnages réussie, par la personnalité forte de la forgeronne qui les rassemble et par un zeste d'humour bienvenu dans la mise en scène. L'intrigue principale reste simple et rappelle les exactions commises par certains croisés en Terre sainte, mais elle s'enrichit de sous-intrigues bien dosées qui maintiennent l'intérêt et donnent envie d'avancer. C'est une BD très aboutie et particulièrement plaisante.
La Vallée des oubliées
Après avoir parcouru la version couleur, j'ai tout de suite opté pour l'édition noir et blanc de l'album tant j'ai trouvé que les couleurs figeaient les personnages et ne collaient pas à ce western. Et, je pense avoir bien fait. Dans cette version n&b, le dessin de Henriet (auteur que je découvre ici) est magnifique. Mais j'avoue avoir acheté cet album sur le seul nom de Pierre Dubois, dont les deux autres western Sykes et Texas Jack, publiés aussi chez le Lombard (collection Signé) m'avaient enchanté. Il faut dire que Pierre Dubois, que je croisais régulièrement lorsque j'étais étudiant à Rennes, prend son temps pour installer son intrigue et ses personnages : 144 pages de poursuites, de fusillades, de trahisons aussi, bref du bon western. Les personnages sont bien campés, et on retrouve ce qui fait le sel des bons westerns : du propriétaire terrien véreux, au jeune cow boy fougueux, au colporteur (Scurly, personnage attachant) en passant par la jeune fille ingénue ou beaucoup moins farouche. Même les indiens ne sont pas oubliés! j'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette bande dessinée, et les amateurs de western devraient se tourner vers cet album, qui mérite que l'on s'y attarde.