Les derniers avis (4 avis)

Par Emka
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série 1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta
1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta

On embarque dès les premières pages pour un voyage sans retour, à bord du Jakarta, navire de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. L’ambiance est lourde, le huis clos oppressant, et la tension entre les personnages monte dès les premiers instants. Dorison signe ici un scénario brut et sans concession, tiré d’un fait historique glaçant. La mécanique du pouvoir, les manipulations et la folie s’entrelacent pour peindre une véritable descente aux enfers. Ne connaissant pas l'histoire au préalable, je me suis renseigné a posteriori sur l'histoire du Batavia, qui sert ici de support. La récit est bien documenté, a priori assez fidèle à l'Histoire (même si je ne suis pas sûr que le décor du trône de Cornelius sur les îles soit vraiment documenté comme cela, mais qui en voudrait au scénariste ?), et on ne se perd pas dans le didactique. L’intrigue avance avec un rythme implacable, où chaque décision semble nous rapprocher d’une inévitable catastrophe. J’ai particulièrement apprécié le personnage de Jéronimus Cornélius, un antagoniste fascinant, aussi terrifiant que crédible. C’est un récit où l’homme devient loup, dans un contexte où la survie écrase toute morale. Timothée Montaigne accompagne ce beau scénario par la précision et la puissance de son dessin. Ses scènes maritimes, les intérieurs du navire et les visages marqués des protagonistes renforcent l’immersion. C’est une lecture qu’on ne traverse pas facilement. La violence, omniprésente, est parfois difficile à encaisser. Mais elle est essentielle au propos. On n’est pas là pour être conforté, et c’est aussi ce qui fait la force de cette BD. Alors oui le scénario n'est pas tendre (mais l'histoire originelle non plus) et l’horreur est là, mais j'en viens à me demander si elle n'aurait pu être encore plus viscérale. Peut-être que le choix d’un diptyque limite le temps passé à approfondir certains personnages ou à explorer davantage les dilemmes moraux. Quand on a autant de qualité au dessin et au scénario, on devient pointilleux. Pour ma part j’ai ressenti une petite frustration : la mécanique narrative, très bien huilée, manque par moments d’un souffle plus humain. Tout est maîtrisé, peut-être trop. Mais c'est la critique que l'on peut faire à une BD de grande classe, bravo Mrs Dorison et Montaigne !

14/01/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Blue Flag
Blue Flag

Blue Flag s'entame comme un manga romantique banal avec une jeune fille timide qui demande l'aide du héros pour séduire un autre garçon et on imagine que ce rapprochement va en réalité entrainer une histoire d'amour entre les deux premiers. Mais on aurait bien tort de penser que l'intrigue de cette série est aussi basique. Un gros indice en fin de premier tome laisse déjà penser qu'il y a anguille sous roche, et malgré une semi révélation au second tome, le doute persiste encore longtemps. Et pendant tout ce temps là, l'intrigue ne se laisse jamais deviner, avec de nombreux développements denses et très humains. C'est une belle histoire d'amitié et d'amour centrée autour de trois voire quatre protagonistes en fin de lycée, auprès desquels quelques personnages secondaires viennent se rajouter, prenant plus ou moins d'importance au fil des chapitres. Le ton de l'auteur est très juste, mêlant subtilement humour et émotion, légèreté et gravité, avec des personnages crédibles auquel on s'attache facilement. On retrouve bien évidemment quelques classiques des histoires lycéennes en manga, avec compétitions sportives et autres festivals, ainsi que certaines interrogations sur le futur de ces étudiants et la probabilité qu'ils se retrouvent séparés par la suite. Mais c'est avant tout la relation entre eux qui importe avec une certaine intemporalité. Les émotions qu'ils dégagent sont multiples, valorisant l'amitié sans qu'on arrive toujours à percevoir s'il y a plus que ça entre certains d'entre eux. Le récit est très mature, bien rythmé, varié et prenant, sans parler de l'excellent dessin. Le lecteur se demande sincèrement comment les choses vont se terminer et à ce sujet là la conclusion de la série a de quoi surprendre et fortement toucher. Seul regret, on aurait aimé en savoir plus sur le futur des protagonistes et ce qu'ils deviennent tous après le mot fin.

14/01/2025 (modifier)
Par Emka
Note: 4/5
Couverture de la série Les Navigateurs
Les Navigateurs

Le scénario a de l’ambition, avec cette manière propre à Serge Lehman de tisser une toile entre le fantastique et la réalité. J'avais particulièrement apprécié L'Homme gribouillé, et comme souvent dans ces cas, je remonte le filon. On sent le poids des références littéraires et artistiques, notamment dans cette exploration de la peinture symboliste du XIXe. Les idées sont fortes : une fresque cachée, des Navigateurs aux origines mystérieuses, et une dimension parallèle. Un scénario riche et prometteur. Le dessin, signé Stéphane de Caneva, ne m’a par contre pas convaincu plus que ça. Le noir et blanc, qui aurait pu intensifier l’atmosphère, manque de contraste à mes yeux, rendant certaines pages presque ternes. Il y a aussi quelque chose qui m'a un peu gêné dans le traitement des personnages et leurs expressions. Comme dans pas mal de comics américains, les expressions propres à chaque personnes sont assez lissées et j'en arrive à confondre les personnages comme Sébastien et Max lorsqu’il a les cheveux devenus blancs. Je chipote un peu mais quand on a un scénario de cette qualité je monte aussi la barre sur le dessin. Le récit, lui, démarre bien, avec cette plongée dans un Paris étrange. L’intrication entre réalité et fantastique fonctionne très bien, même si ce n'est pas un concept très novateur, il est tellement bien travaillé et structuré avec de belles références que l'ensemble tient vraiment bien. Il y a un vrai travail de recherche pour bâtir un scénario solide et cohérent. Peut être la même frustration que grogro quand même, je trouve que le basculement vers l’univers parallèle arrive un peu tard. On entrevoit à peine ce fameux “monde de la mer” avant que tout s’achève. J’aurais aimé qu’on s’y attarde davantage, qu’on prenne le temps d’explorer cet ailleurs. Et puis, il y a les personnages. Lehman cherche à leur donner de la profondeur, mais certains aspects m’ont paru maladroits. Les personnages sont quand même un peu caricaturaux et leurs réactions face aux événements fantastiques manquent de crédibilité. En somme, Les Navigateurs a de belles idées et un univers intrigant, mais ce n'est pas la claque que j'espérais. J'hésitais entre le 3 et le 4 mais vais quand même basculer sur le 4 pour la richesse du travail autour du scénario qui lui permet quand même de sortir du lot.

14/01/2025 (modifier)
Par PatrikGC
Note: 4/5
Couverture de la série Abenobashi - Magical shopping street
Abenobashi - Magical shopping street

C'est amusant, ça bouge dans tous les sens, c'est rempli de références dans tous les sens (qu'on ne comprend pas toujours), mais il faut éviter de tout lire d'un seul coup, sinon on se lasse très vite. Le graphisme est largement correct, avec parfois des facilités. Néanmoins, on sent l'œuvre de commande pour offrir rapidement une version papier aux fans de l'anime. Je reconnais que le dessinateur a fait du travail correct, surtout quand on connait les délais. Ce n'est pas au Japon qu'on attend entre 5 à 10 ans après une suite (mais il y a quelques rares exceptions). Les amateurs de gros nénés (mention spéciale à une protagoniste) vont y trouver leur compte. Quant au scénario, il est assez bordélique, cherchant souvent à accumuler les clins d'œil. Il y a bien une double trame, mais elle est assez vague. On se doute bien de ce qui va arriver à nos 2 principaux protagonistes, mais parfois, on trouve le chemin un peu long. Donc, bis repetita, lire cet opus par petits morceaux. Je tique un peu sur l'âge de certains personnages, mais bon, c'est typiquement japonais... La traduction français a souvent réussi à trouver des jeux de mots qui remplacent ceux qui existaient sans doute en japonais, à moins que ce ne soit un ajout pour le fun, ça se peut. Les doubleurs du Club Do n'hésitaient pas à abonder dans ce sens. Je ne connais pas l'anime, mais en général, je préfère la vrs papier que je peux lire à ma guise, sachant que j'ai l'impression de "subir" quand je regarde un DA. C'est un propos qui n'engage que moi. Un manga qui ne s'étale pas sur 36 volumes, de la pure détente assez barrée. La fin est finalement un peu plate. Les bonus sont effectivement un petit plus. Nota : j'ai hésité entre *** et ****, j'ai préféré arrondir au supérieur. C'est un manga que j'ai déjà relu et que je relierai plusieurs fois pour mieux comprendre les clins d'œil.

14/01/2025 (modifier)