Les éditions Revival ont plutôt de très bons choix dans leur sélection. Colville est une histoire auto-éditée à la base puis reprise et complétée des années plus tard par Steven Gilbert, un canadien fan de comics dont les inspirations type C. Burns ou D. Clowes semblent émerger ici. C'est un polar qui se situe dans une petite ville, Colville, comme il en existe tant. Une histoire d'argent qui tourne mal. On pourrait dire qu'on a déjà vu/lu de nombreuses fois des choses similaires dans le genre slasher mais il faut avouer que l'auteur a une patte, sur le dessin, les silences. J'ai été un poil déçu de la fin.
Un bon 3,5 pour cette histoire de Frédéric Pontarolo. Un nom qui fleure bon l'Italie et c'est d'ailleurs un premier thème abordé par l'auteur, dont j'aime bien le travail depuis Naciré et les machines, dans ce qui est sans doute son album le plus personnel. Fils d'immigrés transalpins né en 1970 dans un petit village lorrain entouré d'industries, tout le voisinage se connait. On va à la pêche, on fait des conneries avec les copains. Un jour une petite soeur rejoint la famille et c'est l'objet d'un second thème plutôt vers la fin, une histoire d'attouchements par un cousin un peu plus âgé et pas très futé ; cela en présence de Frédéric qui ne réagit pas, sidéré par cet acte et encore des années après ce souvenir le hante, surtout qu'il lui arrive de recroiser le cousin en question. En tout cas si la famille n'était pas au courant, maintenant elle sait. Plusieurs anecdotes se mélangent alternant bons moments et d'autres bien plus tristes, comme une sorte de mémoire familiale laissée à sa propre descendance.
Tout cela, l'auteur le raconte à l'occasion de la mort de son père, pas toujours très affectif et la mère n'a pas très bien tourné non plus. L'album est l'occasion de revivre des souvenirs culturels similaires pour ceux qui sont à peu près de cette génération. Un dessin très bon, une histoire forte ; un exutoire sans doute.
Je ne connaissais que le Libon du journal de Spirou, avec Les Cavaliers de l'Apocadispe, une série jeunesse délicieusement loufoque. Avec Un petit pas pour l'homme, un croche-patte pour l'humanité, je découvre une nouvelle facette de l'auteur qui, sans se déparer d'une certaine forme de naïveté presque poétique, s'autorise à aller un peu plus loin dans le trash puisqu'il publie ici pour un public plus adulte, celui de Fluide glacial. Rien de très violent non plus, mais le vocabulaire est largement familier et la vulgarité s'invite plus frontalement dans certains récits. Malgré cela, j'aime la tonalité choisie par Libon, qui n'a pas ici pour but de choquer mais d'aller toujours plus loin dans l'absurde.
Et il y réussit très bien ! Dans les meilleurs moments de sa saga, Libon parvient même à s'approcher d'un Goscinny tendance Les Dingodossiers ou Les Divagations de Mr Sait-Tout ou d'un Gotlib - référence évidente pour qui publie dans Fluide Glacial -, même si, bien sûr, Libon n'en a jamais tout à fait le génie. Avec son ton (vraiment) très absurde, l'auteur (et dessinateur) se lâche et nous emmène dans son univers qui, s'il évoque les références citées ci-dessus, a sa propre identité, et pourrait même se rapprocher d'un humour plus cinématographique. On pense évidemment ici aux Monty Python ou au trio ZAZ.
Même si, parfois, Libon manque soudain de la finesse salvatrice qui rehausse la plupart de ses histoires courtes, on rit beaucoup trop au long de ces deux tomes pour lui reprocher quelques faiblesses passagères. Espérons que la saga se poursuive encore un peu !
Je n'avais aucune idée de ce que la BD allait être mais elle est franchement intéressante. La vie d'un truand français, d'ailleurs reparti en taule depuis la parution de cette BD, qui a eu une vie assez classique de truand (mais à la française) et dont le sens global semble malheureux. Comme tant d'autres ...
Laurent Astier croque avec son trait classique mais toujours aussi efficace les gueules réelles de ces messieurs-dames, croisant la réalité avec le récit recomposé comme une fiction. Les lieux précis, les détails dans les vieillissement des personnages, tout est mis en place pour se plonger dans un récit biographique. Une patte agréable et qui colle à merveille au récit !
Récit de truand, donc, des années 70 aux années 2000, suivant un gamin en rébellion contre les parents, la société (pas très sympathique) et contre les banques qu'il va se faire un malin plaisir de vider régulièrement. Le récit est déstructuré, sans doute pour éviter l'écueil classique d'un récit, la linéarité. Le fait de changer souvent de moment et de lieux permet d'accrocher plus facilement le lecteur, obligeant à rester attentif. Cette simple astuce créative permet de rendre le récit globalement linéaire et sans grande surprises lorsqu'on connait déjà d'autres histoires (surtout via des films devenus cultes) bien plus intéressante à suivre. D'ailleurs le message global sur ce fameux mur qu'on fixe si longtemps est très bien amené et je le trouve pertinent. Un bon rappel que la vie de truand n'est pas si rose qu'on veut parfois nous le faire croire.
Une lecture pas transcendante mais carrément intéressante, que je recommande franchement. Une tranche de vie dans le banditisme français, avec nombre de casses et mauvais coup entrecoupés d'autant de cellule et de prison, une vie bien triste au final, pour un type qui ne voulait rien faire dans les clous.
Avant la publication de cette BD, je ne connaissais absolument rien à ce naufrage qui fut pourtant amplement commenté et raconté à son époque. Comment un tel naufrage se transforma en catastrophe sociale, en carnage parmi les survivants ?
La BD explore cette histoire en commençant par détailler de façon très à charge la façon dont la vie s'organisait sur les vaisseaux de la VOC avant de dévoiler, dans le second volume, la façon dont cette communauté s'organisa suite au naufrage. Le scénariste me semble s'être fait plaisir dans la recherche préalable et je me demande s'il n'a pas lu quelques ouvrages de Markus Redikker sur la question des navires et de l'envie de liberté qui se dégageait de l'époque. En tout cas je reconnais quelques critiques que l'historien à soulevées dans ses ouvrages et des comparatifs sur la philosophie des Lumières qui commence à poindre ! (mais là on rentre dans la recherche des sources historiques et c'est pas le sujet)
L'histoire se développe donc doucement et permet de caser de nombreux personnages, avec une insistance sur les rapports qu'ils entretiennent. Le bateau devient vite un panier de crabes où les alliances se jouent presque à contre-cœur, dans la violence, tandis que le naufrage vient redessiner la carte qui semblait déjà tracée. Le destin irrévocable est en marche ...
La BD pose des questions intéressantes, sur la moralité de nos actions et la violence intrinsèque de l'être humain, la justice de nos sociétés ainsi que le capitalisme naissant et la volonté des entreprises toutes puissantes. Certains sujets semblent anachroniques mais il est vrai que cette époque où s'installent les grandes voies de navigation a vu aussi naitre les premiers grands capitalistes, entreprises toutes puissantes qui installaient une domination globale. Anachronique dans le ton, mais assez réaliste dans l'idée, donc
Une BD bien menée, rude au vu du sujet (et encore, ça a été édulcoré !) mais qui présente un fait historique intéressant à étudier. Une histoire de dingue, dirait-on, mais surtout peuplée de fous, de gens qui ont collectivement pété un câble. Et curieusement, je la trouve très actuelle dans cette idée ...
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Colville
Les éditions Revival ont plutôt de très bons choix dans leur sélection. Colville est une histoire auto-éditée à la base puis reprise et complétée des années plus tard par Steven Gilbert, un canadien fan de comics dont les inspirations type C. Burns ou D. Clowes semblent émerger ici. C'est un polar qui se situe dans une petite ville, Colville, comme il en existe tant. Une histoire d'argent qui tourne mal. On pourrait dire qu'on a déjà vu/lu de nombreuses fois des choses similaires dans le genre slasher mais il faut avouer que l'auteur a une patte, sur le dessin, les silences. J'ai été un poil déçu de la fin.
Deux Roméo sous un arbre
Un bon 3,5 pour cette histoire de Frédéric Pontarolo. Un nom qui fleure bon l'Italie et c'est d'ailleurs un premier thème abordé par l'auteur, dont j'aime bien le travail depuis Naciré et les machines, dans ce qui est sans doute son album le plus personnel. Fils d'immigrés transalpins né en 1970 dans un petit village lorrain entouré d'industries, tout le voisinage se connait. On va à la pêche, on fait des conneries avec les copains. Un jour une petite soeur rejoint la famille et c'est l'objet d'un second thème plutôt vers la fin, une histoire d'attouchements par un cousin un peu plus âgé et pas très futé ; cela en présence de Frédéric qui ne réagit pas, sidéré par cet acte et encore des années après ce souvenir le hante, surtout qu'il lui arrive de recroiser le cousin en question. En tout cas si la famille n'était pas au courant, maintenant elle sait. Plusieurs anecdotes se mélangent alternant bons moments et d'autres bien plus tristes, comme une sorte de mémoire familiale laissée à sa propre descendance. Tout cela, l'auteur le raconte à l'occasion de la mort de son père, pas toujours très affectif et la mère n'a pas très bien tourné non plus. L'album est l'occasion de revivre des souvenirs culturels similaires pour ceux qui sont à peu près de cette génération. Un dessin très bon, une histoire forte ; un exutoire sans doute.
Un petit pas pour l'homme, un croche-patte pour l'humanité
Je ne connaissais que le Libon du journal de Spirou, avec Les Cavaliers de l'Apocadispe, une série jeunesse délicieusement loufoque. Avec Un petit pas pour l'homme, un croche-patte pour l'humanité, je découvre une nouvelle facette de l'auteur qui, sans se déparer d'une certaine forme de naïveté presque poétique, s'autorise à aller un peu plus loin dans le trash puisqu'il publie ici pour un public plus adulte, celui de Fluide glacial. Rien de très violent non plus, mais le vocabulaire est largement familier et la vulgarité s'invite plus frontalement dans certains récits. Malgré cela, j'aime la tonalité choisie par Libon, qui n'a pas ici pour but de choquer mais d'aller toujours plus loin dans l'absurde. Et il y réussit très bien ! Dans les meilleurs moments de sa saga, Libon parvient même à s'approcher d'un Goscinny tendance Les Dingodossiers ou Les Divagations de Mr Sait-Tout ou d'un Gotlib - référence évidente pour qui publie dans Fluide Glacial -, même si, bien sûr, Libon n'en a jamais tout à fait le génie. Avec son ton (vraiment) très absurde, l'auteur (et dessinateur) se lâche et nous emmène dans son univers qui, s'il évoque les références citées ci-dessus, a sa propre identité, et pourrait même se rapprocher d'un humour plus cinématographique. On pense évidemment ici aux Monty Python ou au trio ZAZ. Même si, parfois, Libon manque soudain de la finesse salvatrice qui rehausse la plupart de ses histoires courtes, on rit beaucoup trop au long de ces deux tomes pour lui reprocher quelques faiblesses passagères. Espérons que la saga se poursuive encore un peu !
Face au mur
Je n'avais aucune idée de ce que la BD allait être mais elle est franchement intéressante. La vie d'un truand français, d'ailleurs reparti en taule depuis la parution de cette BD, qui a eu une vie assez classique de truand (mais à la française) et dont le sens global semble malheureux. Comme tant d'autres ... Laurent Astier croque avec son trait classique mais toujours aussi efficace les gueules réelles de ces messieurs-dames, croisant la réalité avec le récit recomposé comme une fiction. Les lieux précis, les détails dans les vieillissement des personnages, tout est mis en place pour se plonger dans un récit biographique. Une patte agréable et qui colle à merveille au récit ! Récit de truand, donc, des années 70 aux années 2000, suivant un gamin en rébellion contre les parents, la société (pas très sympathique) et contre les banques qu'il va se faire un malin plaisir de vider régulièrement. Le récit est déstructuré, sans doute pour éviter l'écueil classique d'un récit, la linéarité. Le fait de changer souvent de moment et de lieux permet d'accrocher plus facilement le lecteur, obligeant à rester attentif. Cette simple astuce créative permet de rendre le récit globalement linéaire et sans grande surprises lorsqu'on connait déjà d'autres histoires (surtout via des films devenus cultes) bien plus intéressante à suivre. D'ailleurs le message global sur ce fameux mur qu'on fixe si longtemps est très bien amené et je le trouve pertinent. Un bon rappel que la vie de truand n'est pas si rose qu'on veut parfois nous le faire croire. Une lecture pas transcendante mais carrément intéressante, que je recommande franchement. Une tranche de vie dans le banditisme français, avec nombre de casses et mauvais coup entrecoupés d'autant de cellule et de prison, une vie bien triste au final, pour un type qui ne voulait rien faire dans les clous.
1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta
Avant la publication de cette BD, je ne connaissais absolument rien à ce naufrage qui fut pourtant amplement commenté et raconté à son époque. Comment un tel naufrage se transforma en catastrophe sociale, en carnage parmi les survivants ? La BD explore cette histoire en commençant par détailler de façon très à charge la façon dont la vie s'organisait sur les vaisseaux de la VOC avant de dévoiler, dans le second volume, la façon dont cette communauté s'organisa suite au naufrage. Le scénariste me semble s'être fait plaisir dans la recherche préalable et je me demande s'il n'a pas lu quelques ouvrages de Markus Redikker sur la question des navires et de l'envie de liberté qui se dégageait de l'époque. En tout cas je reconnais quelques critiques que l'historien à soulevées dans ses ouvrages et des comparatifs sur la philosophie des Lumières qui commence à poindre ! (mais là on rentre dans la recherche des sources historiques et c'est pas le sujet) L'histoire se développe donc doucement et permet de caser de nombreux personnages, avec une insistance sur les rapports qu'ils entretiennent. Le bateau devient vite un panier de crabes où les alliances se jouent presque à contre-cœur, dans la violence, tandis que le naufrage vient redessiner la carte qui semblait déjà tracée. Le destin irrévocable est en marche ... La BD pose des questions intéressantes, sur la moralité de nos actions et la violence intrinsèque de l'être humain, la justice de nos sociétés ainsi que le capitalisme naissant et la volonté des entreprises toutes puissantes. Certains sujets semblent anachroniques mais il est vrai que cette époque où s'installent les grandes voies de navigation a vu aussi naitre les premiers grands capitalistes, entreprises toutes puissantes qui installaient une domination globale. Anachronique dans le ton, mais assez réaliste dans l'idée, donc Une BD bien menée, rude au vu du sujet (et encore, ça a été édulcoré !) mais qui présente un fait historique intéressant à étudier. Une histoire de dingue, dirait-on, mais surtout peuplée de fous, de gens qui ont collectivement pété un câble. Et curieusement, je la trouve très actuelle dans cette idée ...