Les derniers avis (27997 avis)

Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Colossale
Colossale

« Colossale », dixit le sticker apposé sur l’ouvrage, c’est « la série aux 6 millions de vues sur Webtoon » ! Un succès effectivement « colossal », on ne saurait mieux dire, qui a suscité l’intérêt des éditeurs, et en premier lieu « Jungle », qui peut se vanter d’avoir décroché la timbale. Une initiative qui ne pourra que réconcilier les adeptes « old school » de la lecture sur papier et les accros aux écrans qui ne voient la vie qu’à travers leur smartphone. En ce qui concerne Rutile et Diane Truc, il s’agit de leur première bande dessinée, et le fait que celle-ci ait été publiée « à l’ancienne » dans un second temps constitue pour les deux autrices une ultime reconnaissance qui conforte et perpétue la prédominance du livre-objet sur l’édition virtuelle. Avec « Colossale », on rentre très vite dans le vif du sujet grâce à une intro efficace qui fait mine de commencer comme un conte de fées, pour aussitôt bifurquer sur la deuxième page vers un cri de révolte de la narratrice, Jade, également personnage principal : celle-ci s’adonne à la muscu et n’aura donc pas des mains de princesse ! Le ton est posé et on devine que le monde aristocratique, théâtre du récit, va en prendre pour son grade… Rutile et DianeTruc ont trouvé ici le pitch qui fait mouche, s’amuser du décorum et des conventions désuètes d’un milieu qui semble appartenir à un autre siècle, tout en mettant en lumière les aspirations plus contemporaines d’une jeune fille qui en fait partie mais veut vivre sa vie comme elle l’entend, contre les injonctions de ses parents. Autre point fort, qui inscrit l’histoire complètement dans son époque, c’est le traitement très contemporain du genre, à travers cette héroïne qui rejette les codes des apparences imposés par son entourage. On la veut princesse aux mains douces, elle aura plus probablement un physique de camionneuse aux mains calleuses, sauf si bien sûr elle renonce à la culture physique ! Résumer les choses de cette façon peut sembler caricatural, certes, mais ne fait que traduire les clichés qui définissent cette caste aristocratique finalement assez méconnue, pour qui la seule perspective de se mélanger avec des roturiers donnerait des sueurs froides… et puis quoi de mieux que l’humour pour aborder la question, plutôt qu’un propos militant qui prendrait le risque de braquer les tenants de la tradition ? Notons que Diane Truc elle-même pratique la musculation, se faisant pour l’occasion coach pour débutant.e.s en fin d’ouvrage. Enfin, et c’est ce qui rend cette BD unique, c’est la façon dont les autrices se sont appropriées les codes du manga pour se les réapproprier à la sauce frenchie, en situant leur récit dans un milieu quasi-totalement coupé des vents de l’Histoire, cette « vieille France blanche et friquée » aux valeurs antiques, vraisemblablement loin d’être hermétique aux discours réactionnaires d’un certain Eric Zemmour. De plus, le dessin de Diane Truc est irrésistible de drôlerie avec cette héroïne qui change d’apparence selon ses humeurs, se transformant en petite fille aux allures toonesques dès lors qu’elle se sent infantilisée par l’entourage ou bouillonne intérieurement. Réagencée dans sa version papier, la mise en page permise par le format webtoon tout en verticalité, à la fois dynamique et minimaliste, rend la lecture hyper percutante et irrésistible pour nos zygomatiques. Tout cela fait de « Colossale » un gros coup de cœur pour l’auteur de ces lignes, qui récemment se désolait de moins rire en lisant les productions récentes de certains auteurs qu’il plaçait pourtant au top de l’humour, qu’il s’agisse de Goossens ou de Fabcaro. Lui (je parle de moi à la troisième personne, oui et alors ?), qui en outre n’a jamais été très porté sur le manga, voit un peu plus ses préjugés poussés dans de piteux retranchements, et il fallait que ce soit par des meufs « musclées ». Merci les filles ! Et au passage, merci à Spooky qui, en me présentant le chargé RP de l'éditeur, m'a permis de découvrir cette BD très rigolote, et à la fois de détendre et muscler mon sphincter !

22/03/2023 (modifier)
Couverture de la série Loba Loca
Loba Loca

Après Puta Madre, Loba Loca est le 2eme spin off de la série Mutafukaz. Même univers mais des histoires aux tonalités bien différentes, et encore une fois le scénariste nous pond une franche réussite !! Le récit se passe 7 ans après les événements de la série mère, nous allons suivre Guada, orpheline de père, une ado paumée dans sa quête d’identité. Une histoire sans réelle action, limite intimiste, servie dans un road movie bien construit, séquencé et joliment mis en images. Pour moi du tout bon, à l’époque j’en attendais pas grand chose mais ça s’est révélé être une bien heureuse surprise, que la récente relecture n’a pas démentie. Une chouette histoire qui peut être découverte sans connaître l’univers.

22/03/2023 (modifier)
Par Titanick
Note: 4/5
Couverture de la série Bab El-Mandeb
Bab El-Mandeb

Première lecture que je fais de cet auteur. Attilio Micheluzzi n’a rien à envier à Pratt, je trouve. Son noir et blanc est très élégant et effectivement la couleur de la première édition devait vraiment lui faire perdre beaucoup. L’histoire quant à elle, si elle semble fictive, du moins est-elle bien ancrée et crédible dans cette réalité historique où Mussolini veut sa part du gâteau africain en faisant main basse sur l’Abyssinie. Nos quatre héros se retrouvent donc à devoir convoyer deux automitrailleuses aux forces de la résistance éthiopienne. Tous n’auront pas la même motivation, révolte, dettes de jeux,… mais ils sont bien campés et les personnages féminins ne sont pas en reste. Le récit débute en Egypte, les temps sont troubles, les militaires inquiets, les agents secrets se cachent sous les couvertures les plus respectables. Et on entre peu à peu dans le vif du sujet, quand la guerre éclate et que la violence se déchaîne. J’ai bien aimé la progression de l’histoire avec cette partie en forme de reconstitution des évènements au jour le jour par le biais d’un journal de bord. L’effet d’enquête par le narrateur fonctionne très bien je trouve et donne beaucoup de corps au récit. Un beau dessin, des personnages intéressants, une bonne histoire dans l’Histoire. C’est top pour moi.

22/03/2023 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
Couverture de la série Clear
Clear

Cet album avait tout pour me plaire : il s’agit d’une histoire complète, je suis friand d’anticipation, et j’aime généralement bien ce que fait Scott Snyder… et bingo ! J’ai trouvé l’intrigue intéressante et relativement facile à suivre, malgré les méandres volontaires du scenario. L’enquête est prenante et bien construite, et les révélations bien amenées… les fins de chapitre se finissent toujours sur un cliffhanger qui donne envie de lire la suite ! J’ai trouvé les thèmes passionnants : la connexion permanente aux réseaux, et surtout ces filtres (payants et régulés) que l’on peut appliquer au monde autour de soi pour le rendre plus intéressant ou supportable. Quelle belle analogie à nos réseaux sociaux et nos vies virtuelles, qui me rappelle d’ailleurs un peu le superbe Square Eyes d’Anna Mill. L’auteur en profite pour philosopher sur ce que nous sommes prêts à faire pour nous simplifier la vie, et la rendre plus tolérable… j’ai trouvé le ton juste, la réflexion pertinente. La mise en image est réussie, dans un style moderne idéal pour représenter les effets psychédéliques causés par les filtres. Un excellent one-shot, que je recommande aux amateurs du genre. A noter qu’il s’agit à ma connaissance de la première publication française d’une série « Comixology Originals », la branche éditoriale de l’ogre Amazon, qui avait racheté le site de lecture en ligne Comixology en 2014. Amazon attire des auteurs connus (Snyder, Lemire) et publie des nouvelles œuvres en ligne (lisible via l’application Kindle), dont certaines sont ensuite rééditées en album papier par un éditeur traditionnel (Dark Horse Comics dans le cas de « Clear »).

22/03/2023 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série Mon Papy Titanic
Mon Papy Titanic

L'histoire d'une petite fille qui décide d'aller vivre chez son grand-père et de celui-ci qui, après avoir été un peu pris au dépourvu au départ, s'en retrouve ravi. L'occasion pour les deux d'apprendre à mieux se connaître et de passer de beaux moments ensemble. Même si le ton est léger et l'humour bien présent, c'est avant tout un roman graphique qui nous offert ici, structuré en histoires courtes de 5 ou 6 pages chacune. C'est une tendre relation entre la petite-fille et son grand-père, faite de bas et de beaucoup de hauts, de nombreux moments mignons et touchants, et pas bêtes du tout. L'accent est grandement mis sur le bonheur ressenti par les grands-parents de pouvoir profiter de leurs petits enfants, et inversement sur l'éventuel syndrome du nid vide pour ceux qui n'ont pas cette chance. Graphiquement, le style de Marco Paulo s'apparente ici à celui de Nob dont la série Mamette est d'ailleurs dans un esprit similaire à celle-ci. Les couleurs sont certes plus simples mais l'ensemble est mignon et efficace. Et j'apprécie le visible clin d'œil à Raoul Cauvin dans le physique du papy ainsi que dans le nom de l'école de la petite-fille. C'est une BD qu'on entame avec plaisir et qui finit par devenir de plus en plus touchante au fil de la lecture, surtout pour un père et peut-être futur grand-père comme moi. J'ai beaucoup apprécié et s'il y a une suite, j'en serai.

21/03/2023 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Le Mangeur d'espoir
Le Mangeur d'espoir

J'aime beaucoup ce que fait cet auteur, dont le Le Réveil du Zelphire m'avait attiré il y a quelques années, pour une lecture mitigée mais dont j'avais tiré quelques petits détails qui me donnaient envie d'y revenir. Je me suis donc attardé sur cette BD, clairement à destination de la jeunesse et qui fait passer un message très sympathique sur la dépression et le deuil d'une façon métaphorique mais assez claire pour les lecteurs adultes. C'est tout à l'honneur de l'auteur de faire une BD qui soit avant tout claire pour les jeunes et bien plus compréhensive pour les adultes, qui devinent sans peine les métaphores du récit. L'auteur à pondu une BD plutôt épaisse mais dont le dessin, bien aéré, rend la lecture fluide et rapide. Presque un peu trop, d'ailleurs, puisque certains éléments de narration semblent assez bref. Le personnage principal accepte bien vite une situation assez peu ordinaire et les dialogues ne sont pas nombreux, laissant libre court à des scènes d'actions et d'ambiances qui fonctionnent plutôt bien. C'est sombre et glauque lorsqu'il faut que ça le soit, mais aussi lorsque le scénario demande une certaine beauté aux scènes, l'auteur ne se prive pas de le faire. C'est surtout la colorisation qui joue là-dessus, entre un quotidien qui semble plutôt grisâtre, des souvenirs sombres ou au contraire lumineux. Une série de contraste qui joue très bien avec les tons pour en dégager un propos. L'histoire tourne autour de ce mangeur d'espoir, mais j'aime la façon dont la métaphore ne se contente pas d'un bête ennemi à abattre. Il y a l'idée de dévorer progressivement tout les souvenirs pour n'en laisser qu'une copie sombre, finissant par les souvenirs les plus heureux, l'aide venue de l'extérieur et le "médecin" qui vient assister pour que finalement le mal soit vaincu. Sous une apparence simple, l'auteur présente la dépression comme un mal insidieux qui ne peut être vaincu aussi facilement, et surtout pas avec "un peu de bonne volonté" et un coup de pied au cul comme certains l'imaginent. Dans une histoire comme celle-ci, l'important est d'aider à lutter pour le vaincre. Bref, sous une histoire un peu trop rapide et un dessin qui fait franchement mouche, l'auteur arrive assez bien à parler de quelque chose de dur et plutôt touchant, à travers une relation mère-fille qui connait le deuil et la dépression. En un sens, ça m'a rappelé la BD Clara (Lemoine-Cécile) qui parlait du deuil en s'adressant à des enfants d'une manière plutôt originale. J'ai beaucoup aimé ma lecture et je la recommande, surtout au plus jeunes enfants qui pourront ainsi comprendre d'une manière plus simple la dépression et la façon dont elle agit sur nous.

21/03/2023 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série Issunboshi - Le petit samouraï
Issunboshi - Le petit samouraï

"Issunboshi" est un roman graphique qui mélange plusieurs genres : l'aventure, le fantastique et le conte. Ryan Lang est un designer américain, un artiste en développement visuel, il a participé à plusieurs films des studios Disney (Doctor Strange, Avengers : Infinity War ...) et en 2022, il se lance dans sa première bande dessinée, "Issunboshi". Et pour un coup d'essai, c'est plutôt réussi. Issunboshi signifie "grand comme un pouce", c'est un personnage très célèbre dans le folklore Japonais, et ce comics raconte son histoire. L'histoire d'un homme ne mesurant que quelques centimètres. Un récit ayant pour trame un conte médiéval et pour décor un Japon féodal. Une quête initiatique où le courage ne se mesure pas par la taille mais par la volonté de toujours donner le meilleur de soi-même. Un récit sans surprise qui ne révolutione pas le genre mais qui va droit à l'essentiel, la narration est vivante et captivante et les personnages sont attachants malgré leur peu de profondeur psychologique. Comme je l'ai déjà écrit sur d'autres avis, j'accorde une grande importance au graphisme lors de ma notation et il joue aussi un rôle considérable dans mon plaisir de lecture. Et, ici, il est magnifique, on voit de suite la patte du designer graphique. Un dessin informatisé, aux courbes manga pour les visages, qui dégage beaucoup d'onirisme et de dynamisme. Un noir et blanc somptueux où se marie toutes les nuances de gris. De plus, la mise en page cinématographique apporte une énergie supplémentaire au récit. De la jouissance. Une lecture très agréable. Ryan Lang, un artiste à suivre.

21/03/2023 (modifier)
Couverture de la série Le Port des Marins Perdus
Le Port des Marins Perdus

Je découvre enfin cet album après avoir succombé à la série « Les filles des marins perdus » des mêmes auteurs. Un plaisir de replonger dans cet univers, l’histoire se place comme un préquel à la série précitée. L’aventure sera toute autre mais on croisera quelques personnages qui deviendront familiers par la suite, ça ajoute de la cohérence à ce petit monde. Nous allons suivre la quête d’Abel, jeune garçon amnésique secouru en mer, pour un chouette récit de marins. J’ai avalé d’une traite ce beau pavé, c’est d’une fluidité exemplaire, bien construit et rempli de moments de grâce avec une belle brochette de personnages attachants, la part fantastique m’a également beaucoup plu. De prime abord, l’absence de couleurs m’avait un peu déçu, le dessin sera moins solaire que par la suite, mais au final il est parfaitement adéquat avec le propos. Ça ajoute au charme léger et poétique de l’œuvre. En y réfléchissant rien de bien sorcier mais un récit qui m’a complètement happé et parfaitement réalisé. J’ai passé un excellent moment.

20/03/2023 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Écuyère
Écuyère

La superbe couverture et le prix Harvey de la « meilleure publication Jeunesse / Jeunes adultes 2022 » m’ont convaincu de lire cet album, et je ressors ravi de ma lecture. L’histoire, à la croisée de la fantasy et de la culture arabe, propos une aventure enjouée, et aborde des thèmes passionnants. La réflexion sur la guerre est au centre du récit, ainsi que la colonisation, les divisions entre castes exacerbées par le pouvoir, la place des réfugiés et parias dans nos sociétés. Et au milieu de toute ça, un groupe d’amis et une protagoniste attachante au possible et remplie de contradictions et de doutes. L’intrigue (assez conséquente, le bouquin fait 336 pages) est bien construite et parfaitement narrée. La mise en image est magnifique, même si je ne suis pas spécialement fan du style manga. « Écuyère » est clairement un travail d’amour de la part des 2 autrices, inspiré de leurs origines arabes. Le propos est intelligent et juste, la lecture est fluide et divertissante. Un album jeunesse de qualité, que je recommande chaudement.

20/03/2023 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
Couverture de la série Avery's Blues
Avery's Blues

Tiens, une nouvelles variation sur le thème du Blues et d'un musicien prêt à vendre son âme au diable pour devenir le meilleur dans cet art. Cette fois-ci ce sont deux jeunes auteurs espagnols qui se sont lancés dans le sillon de ce thème déjà vu, y compris en BD. Angux est un inconnu, organisateur de festivals dans son pays qui s'est lancé dans l'aventure en compagnie de Nuria Tamarit, qui s'est notamment faite connaître en France avec Géante. Le résultat est plutôt pas mal, avec les nombreux rebondissements qu'a imaginés le scénariste, donnant une variation à ma connaissance inédite à ce motif exploré à plusieurs reprises. Nuria Tamarit propose une ambiance plus "brute" que dans ses albums précédents, dans un style se plaçant entre celui de Christophe Blain et celui de Clément Oubrerie. Et j'aime beaucoup ces ambiances proposant des teintes de brun, à la fois sombres et incendiaires. Il y a un côté torturé dans ce trait, notamment avec les maisons penchées, qui donne un aspect un peu surréaliste à la quête d'Avery et Johnny. Et je n'ai pas vu venir le retournement de la fin, et encore moins celui du milieu... Je recommande.

20/03/2023 (modifier)