Les derniers avis (29959 avis)

Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Hong Kong - Révolutions de notre temps
Hong Kong - Révolutions de notre temps

Un bon album qui explique bien la situation à Hong Kong, cette ancienne colonie qui est revenu que tardivement dans le giron chinois et du coup a développé une histoire et un mode de pensé différent du reste de la Chine ce qui va finir par mener aux répressions qu'on connait. C'est du documentaire comme je l'aime. On explique bien la situation particulière de Hong Kong, son histoire et les événements qui ont mené aux affrontent entre une bonne partie de la population avec les forces de l'ordre chinoise. Tout est clair et précis et un lecteur qui n'a que de vagues connaissances sur le sujet ne va pas se perdre. J'ai eu du plaisir à apprendre des choses sur Hong Kong et le tout est servit par une narration bien dynamique et une mise en scène efficace. Le graphique participe au récit contrairement à d'autres documentaires en BD où tout est plat et on dirait presque que le dessin est facultatif et sert juste attirer des lecteurs jugés trop stupides pour lire un livre qui ne contient pas d'images.

27/07/2024 (modifier)
Par Jeïrhk
Note: 4/5
Couverture de la série Wanted - Portrait de sang
Wanted - Portrait de sang

Un régal ! Court mais efficace. J'adore ce genre de western, surtout avec ce style de dessin. J'ai pris d'autres BD de ce dessinateur et auteur, et ça va bien occuper ma soirée ! Le scénario a quelques facilités, mais on les oublie vite parce qu'on ne s'ennuie jamais. Il y a des touches originales qui apportent un peu de renouveau au genre. Comme ça a déjà été mentionné, il y a un bon équilibre dans ces éléments originaux, ce que j'ai particulièrement apprécié dans cette lecture. Bref, pas grand-chose à dire de plus. C'est le genre de BD qui nous offre de superbes planches sans être trop chargées, avec peu de dialogues, de la bonne action et des scènes sans retenue : ça se lit vite et on passe un bon moment !

26/07/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série Fight Girls
Fight Girls

Des athlètes niveau excellence - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il regroupe les cinq épisodes de la minisérie, initialement parus en 2021, écrits, dessinés et encrés par Frank Cho, avec une mise en couleurs réalisée par Sabine Rich. Les couvertures originales ont été réalisées par Cho, les couvertures variantes par Derrick Chew, Elias Chatzoudis, BUZZ, Cho (*2), Mike Deodato junior, John Gallagher, Richard Ortiz. Il y a douze mois, la reine Regina Victoria Dore a abdiqué. Conformément à la constitution, un parlement spécial a été constitué car la reine était stérile et n'a pas porté d'héritier. le parlement a alors annulé le mariage de la reine Regina avec le roi Gilmoran VIII, et a ressuscité le tournoi des championnes pour pouvoir pourvoir le trône avec une nouvelle reine. Dix femmes de sang royal ou non, provenant des territoires les plus lointains de l'empire ont passé des tests et ont été sélectionnées pour ce tournoi. Il y a quatre phases : l'épreuve de la jungle, l'épreuve du désert, l'épreuve de l'eau, et l'épreuve du combat. Dans la capitale flottante de Califax, sur la planète de l'empire Gilmoran, les dix candidates font leur entrée dans l'immense arène : Dyana Adamson, Jaxa Wyman, Kelsey Otu, Tora Winter, Lily Dupree, Asher Vindal, Xandra Blackwater, Rache Lauren, Danni Vore, Pondo Shem. Elles portent toutes la même tenue de sport : chaussures de sport, short et maillot sans manche laissant la peau dénudée au-dessus short, avec leur numéro. Elles montent sur la plateforme et sont téléportées dans la jungle en dessous, une réserve naturelle établie il y a mille ans. Les dix sélectionnées se retrouvent sur la berge d'une rivière au milieu d'une forêt, avec des petits dinosaures d'une vingtaine de centimètres qui les observent. Elles doivent rallier le plateau de téléportation qu'elles aperçoivent à une quinzaine de kilomètres de là au sommet d'une pyramide à degré. Deux drones sphériques flottant les filment pour retransmettre l'épreuve. Dyana Adamson, la numéro 1, leur conseille de ne pas se montrer présomptueuses, car cette zone est infestée de dinosaures, et de rester dignes car l'une d'elles deviendra la reine et tout l'empire les observe. Elle continue en leur expliquant que leur intérêt commun est de coopérer pour rester vivantes, et qu'elles pourront se mesurer dans une course une fois qu'elles auront toutes atteintes le pied de la pyramide. Xandra Blackwater, dossard numéro 7, s'approche d'elle dans son dos et lui assène un violent coup de branche dans la nuque, en déclarant : chacune pour soi. À Deep Mine, dans le secteur 4, sur Helgrave, Nigel et Butcher voient le début de l'épreuve sur l'écran vidéo et ils savent que le temps est venu pour eux de commencer leur mission. de retour dans la jungle, Kelsey Otu (dossard 3) et Tora Winter (dossard 4) avancent ensemble d'un bon pas. Elles sont suivies du regard par un félin tapi en hauteur. Il bondit sur elles en émettant un grognement. Frank Cho a acquis sa réputation en réalisant des dessins réalistes mettant en avant la beauté du corps féminin, et en faisant preuve d'un goût appuyé pour dessiner des dinosaures. Il avait déjà réalisé une série taillée sur mesure pour lui alliant ces deux préférences : Shanna, the She-Devil (2005/2006). Il réalise plutôt des couvertures, et de temps à autre un récit complet, les deux les plus récents étant Savage Wolverine (2013) avec des dinosaures et Shanna, Skybourne (2016-2018) avec une agente secrète. En commençant ce récit, le lecteur constate que les principaux personnages sont dix femmes magnifiques et sportives, combattantes émérites dans des tenues peu couvrantes, et que dès la première épreuve, elles se battent contre des dinosaures. le créateur se fait donc plaisir en dessinant ce qu'il préfère, dans une histoire simple : remporter la victoire pour devenir la reine. le lecteur ne cherche pas trop la logique qui consiste à mettre en compétition les femmes les plus valeureuses de l'empire, et à les laisser se faire tuer jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que deux ou trois. le coup asséné par la numéro 7 montre que c'est chacun pour soi et que tous les coups sont permis. La présence de dinosaures montre que le récit s'inscrit dans le registre Aventure sans explication sur l'existence de dinosaures, ou sur le système politique de l'empire. C'est un décor sans épaisseur à prendre en l'état. Le lecteur s'attend à ce que l'artiste s'en donne à cœur joie dans les plans racoleur, du fait de sa réputation pas imméritée. Effectivement les shorts sont vraiment courts, plus des culottes que des shorts, mais sans dentelles ou fentes encore plus révélatrices. le haut relève de la brassière cardio-fitness, mais sans exagération de la taille de la poitrine, sans que chaque sein soit moulé par le tissu. Une tenue très proche de ce que peuvent porter les candidates lors des épreuves de jeux comme Ninja Warrior. de même, le dessinateur proscrit tout plan culotte, ou tout gros plan sur la poitrine. Il s'attache à montrer les exploits physiques de chaque candidate : sa musculature, la course, la natation, les évitements acrobatiques, les techniques de combats, les réflexes. le lecteur se fait la réflexion que la représentation de ces athlètes est traitée de la même manière que s'il s'était agi d'hommes, avec même une volonté de mettre en valeur leurs différentes capacités, sans dessin dramatisé à outrance. Par ailleurs, Cho traite avec les dinosaures la même déférence, le même respect et la même admiration respectueuse. C'est un vrai plaisir de les voir évoluer et attaquer, du vélociraptor dans la jungle, au mégalodon dans l'océan, en passant par le scorpion géant des sables. L'artiste les représente avec amour : la forme, les articulations, les mouvements, la texture de la peau ou de la carapace, les griffes, les dents, les pointes dorsales, etc. C'est un spectacle d'une qualité rare pour tout amateur de ces bestioles que de les voir ainsi à l'honneur, le vélociraptor bondissant vers lui, les griffes en avant, le mégalodon bondissant dans l'air, la gueule grande ouverte. De fait le lecteur se repaît du spectacle : une histoire d'action et d'aventure, un spectacle très divertissant. le créateur se fait plaisir et ça se voit dans des pages enjouées : la réaction des autres participantes quand Dyana s'écroule à terre après avoir été frappée par Xandra, le tyrannosaure qui s'en prend au félin, le tronc d'arbre recouvert de mousse et de lianes servant de pont, le ptérodactyle qui enlève une athlète prête à gravir les marches de la pyramide, l'énorme créature qui surgit des sables, le pari de gravir la carapace d'un dinosaure, les méduses dans l'eau, le duel à main nue pour départager les deux dernières combattantes, et plein d'autres. La coloriste complète à merveille les traits encrés, que ce soit pour les mises en lumière, les textures comme celle de l'océan, ou encore les effets spéciaux. Totalement séduit, le lecteur ne se montre pas trop regardant sur la logique du scénario (Pourquoi Xandra Blackwater n'élimine-t-elle pas les autres candidates, comme elle a tué Dyana ?) : il profite du spectacle. Et puis, il y a deux intrigues secondaires : les deux mercenaires en route pour une mission indéterminé, l'agent Matteo qui se fait passer pour un journaliste d'un magazine spécialisé dans les chats, et qui enquête sur le passé de Xandra Blackwater, parce que le premier ministre lui trouve quelque chose de pas entièrement convaincant. Le lecteur assiste donc en spectateur privilégié aux quatre épreuves de la jungle, du désert, de l'eau, et du combat. Il se demande quel peut bien être le plan de Xandra Blackwater, et si elle va être découverte avant de pouvoir mener à bien son plan. Chaque épreuve étant racontée dans un épisode différent, il découvre les réponses à ces mystères dans le cinquième épisode. L'auteur a conçu une intrigue sympathique, qui n'invalide pas les épreuves des candidates, et dont le dernier mouvement est cohérent avec l'ambiance générale du récit : de l'action spectaculaire, une touche d'horreur, une touche de cynisme. La révélation finale est bien raccord avec le caractère bien trempé des candidates et leur excellence. le récit ne se limite pas à de beaux exploits sportifs et combatifs, puisque certaines s'avèrent mortelles, et la baignade se termine dans le sang, avec les tripes à l'air, faisant que le récit ne reste pas dans un registre propre sur lui et sans conséquence palpable pour les blessées. A priori, le lecteur se dit qu'il va plonger dans une histoire à l'intrigue riquiqui et aux jolis dessins, un peu trop focalisés sur les courbes féminines. Il découvre une série d'épreuves pour devenir reine, avec des dessins montrant des corps féminins proches de la perfection physique, mais sans fixette sur les postérieurs, sans hypertrophie mammaire. Il retrouve la passion de l'auteur pour les dinosaures, avec des épreuves spectaculaires, et un amour de ces animaux qui transparaît dans le soin apporté à leur représentation. Il se rend compte qu'il y a une intrigue secondaire légère qui met encore plus en valeur l'intelligence de certaines participantes, et leur excellence. Un récit qu'il est impossible de bouder.

26/07/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série Beta Ray Bill - Etoile d'argent
Beta Ray Bill - Etoile d'argent

Retrouver l'espoir d'une vie plus pleine - Ce tome contient une histoire qui ne nécessite pas de connaissance préalable du personnage, car le scénariste rappelle tout ce qu'il faut en savoir en cours de route. Elle se déroule après Thor T01 : Le Roi dévoreur (épisodes 1 à 6, 2020), écrits par Donny Cates et dessinés par Nic Klein dont les événements sont également rappelés dans le présent tome. Il regroupe les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2021, écrits, dessinés et encrés par Daniel Warren Johnson, et mis en couleurs par Mike Spicer. Les couvertures ont été réalisées par Warren Johnson, et les couvertures variantes par Ryan Stegman, Iban Coello, Walter Simonson, Todd Nauck Chase Conley, Paul Pope, Mike del Mundo, Declan Shalvey, Nick Dragotta. Il commence avec une introduction d'une page de Donny Cates. Il se termine avec une interview de 3 pages, de Walter Simonson répondant à des questions posées par Warren Johnson. Il y a des décennies de cela sur la planète Korbin, les astronomes détectent l'arrivée proche d'une menace planétaire. Quelques temps plus tard, deux officiels viennent frapper à la porte d'une maison pour les informer que leur fils a été choisi. Au temps présent, sur Asgard, une poste de télévision diffuse un match de Rufio, pendant que Beta Ray Bill contemple la trace de propreté sur le mur, là où devrait se trouver son marteau Stormbreaker qui a été détruit il y a peu par Thor. Sif interrompt sa rêverie pour lui annoncer que l'ennemi est tout proche, et qu'il n'y a aucun signe de Thor. le guerrier comprend : il prend une hache à double lame, et met son casque à crinière. Il sort à l'extérieur et depuis les marches, il harangue les guerriers d'Asgard. La gigantesque bête du Roi Noir arrive et les asgardiens sont prêts. Leurs forces combinées sont à même de vaincre l'ennemi. Beta Ray Bill n'a pas le temps de terminer son discours qu'un énorme poing fracasse le mur d'enceinte, le projetant à terre. Fin Fang Foom, possédé par un symbiote de Knull, se tient devant lui et s'avance pour l'exterminer. Sif ordonne aux Asgardiens de se lancer dans la bataille pour protéger leur champion. Ils effectuent une sortie massive par la tête de Galactus qui remplit la fonction de porte de l'enceinte. Au-dessus de cette dernière apparaît le gigantesque vaisseau de Beta Ray Bill, piloté par l'intelligence artificielle Skuttlebutt. Elle a armé les canons et elle tire avec toute sa puissance de feu. le dragon étant ainsi distrait, Beta Ray Bill en profite pour se jeter sur lui, afin de lui asséner un puissant coup de hache. Il est intercepté en plein bond par le dragon d'un coup si puissant qu'il en perd son casque et sa hache. D'un coup tout aussi terrible, Fin Fang Foom le projette à terre, ce qui soulève un tel nuage de poussière que l'IA en perd le contact visuel. Puis il assène un violent coup de poing au vaisseau qui va percuter la muraille d'enceinte, projetant à terre de nombreux guerriers dont Sif. Celle-ci ne parvient pas à se relever, alors que Fin Fang Foom avance inexorablement vers elle. Dans son introduction, Cates précise que les événements de cette minisérie se déroule concomitamment à la saison de Thor qu'il écrit, et qu'il s'est abstenu de donner quelque conseil que ce soit à l'auteur, tout en ayant la ferme intention d'intégrer les évolutions apportées au personnage. Daniel Warren Johnson joue le jeu de s'intégrer à la continuité du moment : il met à profit l'ennemi bien pratique qu'est Fin Fang Foom, possédé par Knull pendant King In Black (2020/2021) de Donny Cates & Ryan Stegman. Dès ce premier épisode, le lecteur retrouve la fougue de l'artiste qu'il avait pu apprécier dans Wonder Woman : Dead Earth (2020) : des combats épiques, brutaux, sauvages, des coups portés sans retenue. C'est parti dès la page 7 avec le poing massif qui pulvérise une enceinte de pierre. Puis vient un dessin en double page pour rendre compte de la taille gigantesque de Fin Fang Foom. Skuttlebutt a droit à un dessin en pleine page pour bien rendre compte de la taille du vaisseau spatial. Puis le lecteur ressent une douleur au ventre en voyant la force avec laquelle le dragon arrête Beta Ray Bill en plein bond, au point d'en perdre son casque et son arme. Dans l'épisode suivant, le lecteur assiste à une bagarre de bar, et les consommateurs ne font pas semblant. Dans l'épisode suivant, Beta Ray Bill et ses compagnons exterminent des créatures démoniaques à grand coup de hache, et avec des armes automatiques, sans aucune retenue. le duel du dernier épisode est d'une ampleur et d'une violence inouïes. Il est visible que l'artiste prend grand plaisir à mettre en scène ces affrontements physiques, à concevoir comment rendre compte de la sauvagerie des combattants, de l'énergie déployée, de la force des impacts. Il ne remplit pas son quota de pages d'action : il raconte des combats vitaux, essentiels au récit, au cœur de la nature des personnages. Même la partie de ping-pong dégage une intensité peu commune. Mike Spicer sait habiller les pages avec des couleurs plutôt chaudes et assez intenses, venant souligner légèrement les reliefs car les dessins sont déjà structurés par des traits encrés, et installer une ambiance lumineuse cohérente avec le lieu, en extérieur, comme en intérieur. L'artiste ne se contente pas de dessiner des échanges de coup dans des grandes cases. Il assure également une narration visuelle lors des dialogues, avec des pages comprenant de 6 à 8 cases, ce qui est un nombre consistant pour un comics de superhéros. Il représente les personnages avec des postures et un langage corporel parlants, ce qui emporte la conviction du lecteur sur leur existence, malgré leur apparence plus ou moins bizarre, très bizarre même pour Beta Ray Bill avec son crâne chevalin. Il se montre tellement convaincant que le lecteur finit par craindre que sa mâchoire allongée ne se brise trop facilement sous les coups. Les petits traits gras encrés apportent une texture un peu rugueuse, un peu abimée par le temps et les coups reçus, en totale cohérence avec la nature de guerrier de Beta Ray Bill, mais aussi des Asgardiens, Sif comprise. le dessinateur prend le temps de représenter les décors régulièrement, même s'il profite aussi de larges espaces dégagés pour les combats, sans arrière-plan. Comme l'indique le titre de la série, le récit se focalise sur Beta Ray Bill, et le lecteur est impressionné par la capacité de l'artiste à lui faire exprimer des émotions, ou des états d'esprit au travers de son visage, malgré sa forme si particulière, et de ses postures. L'auteur a donc choisi d'intégrer cette aventure dans la continuité du moment de Thor, sans toutefois que cela ne devienne pesant. En fait, Knull ne sert qu'à donner plus de puissance à Fin Fang Foom, sans que le lecteur n'ait besoin de savoir quoi que ce soit sur King in Black. le sort de Stormbreaker est rappelé en une case, ce qui suffit. En cours de route, le scénariste revient sur les origines de Beta Ray Bill, donnant là encore tous les éléments nécessaires à la compréhension pour le lecteur néophyte, sans y consacrer dix pages ce qui évite toute lassitude d'un lecteur connaisseur. Il intègre d'autres éléments de l'univers partagé Marvel pour que le héros dispose de compagnons lors de sa quête d'une nouvelle arme, Skurge, personnage créé par Jack Kirby & Stan Lee en 1964 dans la série Thor, un autre personnage qui a été créé en 1975 par Jim Starlin, et un ennemi créé par Kirby & Lee en 1963 également dans la série Thor. À part pour le personnage de Starlin qui ressemble plus à un caprice de l'auteur, les deux autres sont parfaitement à leur place. Warren Johnson semble avoir une affinité élective beaucoup plus forte pour Beta Ray Bill que pour Wonder Woman, le caractère et la personnalité du premier étant en cohérence totale avec ses précédentes apparitions. Il maîtrise bien l'histoire du personnage, et il a trouvé une motivation et un objectif entièrement logiques pour lui. Ce dernier ne part pas au combat pour une simple histoire de fierté ou de besoin d'une arme extraordinaire. Sa décision trouve ses racines dans son histoire personnelle, ses aspirations, la situation intenable dans laquelle il se trouve depuis que Thor a brisé son marteau. Si le personnage créé par Starlin n'apporte pas grand-chose pour définir Beta Ray Bill, il en va tout autrement de Skurge et de Skuttlebutt. L'amitié du premier est aussi dérangeante, le recours sciemment à la violence pour exterminer les ennemis, que l'amitié de la seconde, une intelligence artificielle désincarnée tout entière dévouée à soutenir Beta Ray Bill. Un changement d'état de l'IA va introduire un mal-être problématique, tout autant que les avances de Sif l'ont été avec Beta Ray Bill. Sans en avoir l'air, l'auteur met en scène la notion d'intimité d'une manière trouble et gênante. Il est possible que le lecteur n'ait pas été entièrement convaincu par l'histoire de Wonder Woman réalisée par l'auteur, magnifique sur le plan visuel, mais pas tout à fait en phase avec la nature du personnage. Il revient pour un festival de violence visuelle, et il est servi au-delà de ses espérances, avec un panache remarquable. Il découvre que le récit n'est pas un prétexte pour passer d'un combat à l'autre, mais qu'il repose sur la personnalité de Beta Ray Bil et sur une motivation profonde générant une forte empathie chez le lecteur.

26/07/2024 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série Catwoman - Lonely City
Catwoman - Lonely City

Une agréable surprise. Catwoman dans un univers alternatif, elle vient de sortir de prison dix après la nuit du fou qui coûta la vie à Batman et au Joker entre autres, elle a 55 ans et ses genoux la font souffrir, dur de vieillir (je sais de quoi je parle, j'ai 55 ans). La ville de Gotham a changé, la criminalité n'est plus qu'un mauvais souvenir et cela on le doit au maire Harvey Dent et à sa police qui bénéficie des avancées technologiques de Wayne Industrie. Cliff Chiang a su créer un univers cohérent où l'on retrouvera beaucoup de personnages qui gravitent autour de Batman. Des personnages bien (re)travaillés qui ont eux aussi pris des rides. Un scénario original et bien ficelé pour un récit captivant et rondement mené, même si j'ai peu apprécié la petite part de fantastique dans le dernier chapitre, elle gâche un peu tout ce qui avait été construit avant. Mais cela reste une lecture recommandable et un excellent comics. Un dessin simple, lisible et rétro qui a régalé mes rétines. Une mise en page audacieuse qui donne du peps au récit. La colorisation vintage est parfaite. Du très bon boulot. Un petit 4 étoiles pour une surprenante Selina Kyle.

26/07/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Moi en double
Moi en double

Je n'aurais rien à rajouter aux autres avis qui expriment parfaitement mon état d'esprit sur cette BD : elle est efficace, sans fard, intéressante mais surtout touchante. L'histoire difficile de cette femme qui combat son propre corps et ses propres démons. J'ai souvent échangé avec d'autres personnes sur la question de l'obésité et du surpoids, y étant moi-même confronté quand j'étais plus jeune (de manière franchement moindre) et j'ai trouvé que la BD était tout à fait pertinente sur de nombreux points : la difficulté de se voir dans le miroir, le dégout de son propre corps, la nécessité de pouvoir s'aimer plutôt que de devoir maigrir, les efforts et la difficulté pour se tenir à un régime stricte ... Je n'ai pas connu ses tourments (heureusement) mais j'ai reconnu plusieurs fois les grandes lignes qu'elle évoque. Et je suis totalement d'accord avec la finalité : il faut voir tout ce qu'il y a derrière un tel corps. La BD est très bien retranscrite avec ce dessin qui ajoute une touche de plus au récit, montrant ce fameux double et proposant plusieurs fois des grandes pages chargées de texte ou de symboliques fortes. Elles ajoutent au récit une sorte de compréhension visuelle qui permets de faire ressentir, ce qui est nécessaire dans ce genre de récit. "Moi en double" est une œuvre puissante sur le rapport que l'on peut avoir avec son corps et les problématiques que cela peut entrainer. Aujourd'hui, l'obésité est devenue une véritable maladie de nos sociétés industrielle. Il est salutaire de voir des gens se pencher dessus et en extirper la racine qui se révèle finalement être bien personnelle. Excellente BD !

25/07/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série La Bombe
La Bombe

Quel pavé mais quelle claque ! Je n'ose imaginer la taille des recherches préalables ainsi que le découpage minutieux, l'ensemble étant dessinée pour ressembler au plus près aux personnes historiques. Si la lecture d'une BD longue et demandeuse ne vous rebute pas, je vous recommande franchement la lecture de cette BD. C'est une BD incroyablement complète sur la fabrication de la première bombe atomique. Un long processus très lent mais qui aboutira à la pire des violences du 20è siècle (pourtant déjà bien riche en violence) : l'anéantissement d'une ville complète dans une seule explosion. Le nombre de mort compté en centaine de milliers, les survivants brulés, défigurés, etc ... J'ai eu la gorge nouée sur le final, où la violence de l'explosion est longuement retranscrite dans ces planches muettes mais chargées de blessés et de morts. Si je parle de ça, c'est que ce final est d'autant plus poignant qu'il est longuement attendu, avec cet uranium qui raconte sa vie et attends patiemment son heure pour enfin se libérer totalement. Une histoire impliquant politique, militaire et scientifiques dans un des projets secrets les plus démentiels de l'histoire de l'humanité. Je pense que la BD a sans doute beaucoup de points communs avec d'autres œuvres parlant du projet Manhattan (je pense notamment au film Oppenheimer que je n'ai pas vu) mais elle relie les différents protagonistes d'une manière claire et simple. Ils sont tous aisément reconnaissables et le dessin classique en noir et blanc permets de s'y retrouver simplement entre toutes les têtes importantes. C'est qu'il y a beaucoup de monde ! La BD est longue, mais je n'ai pas eu un instant une sensation de longueur. C'est suffisamment bien retranscrit pour que l'on sente l'importance de chaque scène et la portée de celle-ci. Le développement du bombardement le jour J est également plus long que je n'aurais cru mais apporte son lot de réflexion sur ce qu'on a fait de cette arme destructrice. Une excellente BD, je le redis : dessin simple au service de l'histoire et de sa clarté, travaille de reconstitution incroyable et efficace, développement lent mais prenant jusqu'à une finalité connue mais inévitable. Et une réflexion intense sur ce que l'humain a fait ce jour-là. Pour apprendre mais surtout pour ne pas oublier.

25/07/2024 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Le Lait paternel
Le Lait paternel

Une œuvre passée beaucoup trop inaperçue à mon goût... A travers cette autofiction, l’auteur allemand Uli Oesterle a tenté de partir sur les traces d’un père qu’il a peu connu et qu’il ne revit qu’au moment de sa mort, sans avoir pu dialoguer avec lui. A partir d’anecdotes inventées pour combler « les nombreux hiatus qui [jalonnaient] son existence », ce fils, qui avoue avoir souffert de ne pas avoir de modèle, a voulu comprendre ce qui avait conduit son paternel à laisser sa femme dans la dèche, contrainte de l’élever seule, pour ensuite sombrer dans la déchéance. « Le Lait paternel », qui croise deux histoires, celle du fils en 2005, juste au moment du décès de son père, et celle de ce dernier quelque trente années plus tôt, a donc ici une valeur pleinement thérapeutique. En plus de donner une existence au père, ce livre lui donne l’occasion de se remettre en question sur son propre rôle en tant que parent, car lui-même semble dépassé par les crises d’ado de son fils, comme il le montre à travers le personnage de Victor. Celui-ci a tendance à incriminer le paternel et son héritage générique, à savoir son faible pour l’alcool, avec des effets parfois calamiteux. Le premier tome raconte tout cela, avec pour axe la brutale descente aux enfers de Rufus. Uli Oesterle expose les circonstances qui l’ont provoqué, jusqu’à ce point de bascule que fut le tragique accident en introduction du récit, accident qu’il a lui-même provoqué sous l’emprise de l’alcool et qui a entrainé la mort d’une mère et de ses deux enfants. La lecture est captivante, car le lecteur lui aussi veut comprendre. Le père de Victor était-il un salaud ? Comment a-t-il pu tomber si vite dans la cloche ? Il faut l’avouer, c’est assez poignant, et on finit par pardonner à ce père « indigne » ses frasques ininterrompues, son attitude désinvolte vis-à-vis de son épouse et de son fils, son addiction pour l’alcool, ainsi que son obsession pour l’argent facile, le jeu et les femmes. D’ailleurs, on ne l’apprendra que dans la post-face, le père d’Oesterle était victime du syndrome de Korsakoff, qui se manifeste notamment par des troubles prononcés de la mémoire et souvent liés à l’alcoolisme… Le second tome nous montre comment Rufus va tenter de se reconstruire. Toujours officiellement recherché par la police malgré une enquête qui piétine, il a coupé tous les ponts avec son entourage et ses connaissances, se fait désormais appeler Roland Herzig et fréquente les soupes populaires. En quête de rédemption, comment pourra-t-il « ramasser les morceaux » et se sortir de cette situation en échappant au jugement des tribunaux ? Pour l’ancien flambeur, tourmenté par la culpabilité et des crises d’angoisse de plus en plus fréquentes, l’horizon est décidément bien sombre…Sa seule planche de salut réside dans sa relation avec Bernie, un ancien architecte ruiné par son goût excessif pour les prostituées et reconverti en bénévole dans un foyer de sans-abris. Celui-ci s’est mué en une sorte de sage à l’énergie positive, dont la vocation est d’aider les nécessiteux sans rien attendre en retour. En parallèle de ce récit, on retrouve Victor qui, après avoir revu son père à l’hôpital juste avant qu’il ne décède, s’est lancé dans une randonnée alpine avec sa femme et son fils. Son objectif : disperser les cendres du paternel. Victor, qui tente difficilement de se mettre à l’eau comme Rufus trente ans avant lui, compte sur cette expérience vers les hauteurs pour terrasser ses propres démons. On relèvera l’utilisation astucieuse d’Uli Oesterle d’un procédé de synchronicité narrative, de la page 112 à 121 : dans un musée de Munich, Rufus est assis en face (totalement par hasard, car il n’aime pas la peinture) du « Voyageur contemplant une mer de nuages », célèbre tableau de Caspar David Friedrich ; la séquence suivante montre Victor en train de vider le contenu de l’urne funéraire au sommet d’une montagne. Sans doute le plus beau passage et le plus chargé de sens de ce deuxième volet. Graphiquement parlant, Uli Oesterle possède un trait très stylé qui attire l’œil — et c’est d’abord ce qui m’a séduit en feuilletant le livre. Les a-plats de noir donnent un beau rendu dans les ambiances, judicieusement additionné d’une bichromie différente pour les deux fils narratifs, beige pour le père, mauve pour le fils. La seule autre couleur est l’orange pour la Coccinelle, élément-clé du récit. De même, la mise en page est équilibrée, associé à un sens du cadrage accompli. On peut supposer que l’ouvrage aura été bénéfique et apaisant pour son auteur, qui s’est efforcé de présenter le père de façon la plus objective possible, sans rien édulcorer mais sans haine non plus, comme s’il lui avait pardonné, en regard des troubles cérébraux dont il souffrait. D’ailleurs, il semble presque moins indulgent avec son double, Victor, apparaissant souvent comme irascible sous l’emprise de l’alcool. Les deux premiers tomes de ce « Lait paternel » constituent un excellent moment de lecture. Cette future trilogie, dont on attend avec impatience le troisième tome, mérite véritablement que l’on s’y attarde. Le dessin comme la narration, parfaitement maîtrisées, sont conjuguées avec brio par un auteur qui nous livre ici avec une grande sincérité un récit intime et puissant. Une œuvre fortement recommandée !

25/07/2024 (modifier)
Par Pallot
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série La Rose écarlate
La Rose écarlate

Une bande dessinée assez classique mais pleine de rebondissements ! J'ai lu les 20 tomes parus et je trouve l'histoire toujours plus passionnante, les graphismes qui mêlent du manga à un style plutôt oriental sont assez réussis et bien colorisés. De plus, Patricia Lyfoung mélange humour et romantisme ce qui donne un certain dynamisme, je trouve les scènes avec des personnages aux grosses têtes pour exagérer leurs expressions très amusantes. Cet humour peut faire rire petits et grands et plaire à un grand public. Belle histoire pour Maud et Guilhem mais qui peut parfois devenir légèrement nian nian surtout dans des moments romantiques, heureusement c'est très rare, je trouve même que certaines de ces scènes sont très bien faites et tournées de façon à ne faire ressortir que le meilleur sans attirer l'oeil sur autre chose. Dans l'ensemble, c'est une excellente bd qui ravira bon nombre de lecteurs-trices.

25/07/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série M.O.M. - Mother of Madness
M.O.M. - Mother of Madness

Être une jeune femme - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre, qui n'appelle pas forcément de saison supplémentaire. Il regroupe les trois épisodes doubles, initialement parus en 2021, avec un scénario d'Emilia Clarke et de Marguerite Bennett, des dessins et un encrage de Leila Leiz, aidée par Leila del Duca pour 7 pages (94, 99, 100, 112 à 115), et une mise en couleurs réalisée par Triona Farrell. Les couvertures ont été réalisées par Jo Ratcliffe. Il contient également un texte introductif d'une page de chacune des coscénaristes, les couvertures variantes réalisées par Jen Bartel, Leila Leiz (*2), Mirka Andolfo, Tula Lotay, Cat Ferris, Luana Vecchio, Maria Llovet, Emi Lenox, Caitlin Yarsky. Il contient également une page explicitant les pouvoirs de l'héroïne en fonction de l'émotion qu'elle ressent. Dans le musée d'art Clapton à New York en 2049, Maya Kuyper se trouve dans une grande réception mondaine, et elle s'adresse au lecteur, brisant le quatrième mur. Elle indique son nom, et ajoute qu'elle a 29 ans, qu'elle est mère célibataire, qu'elle n'a pas fini la fac, qu'elle est une ingénieure en chimie, et travailleuse du sexe à temps partiel. Elle continue à donner des détails sur sa vie et ses goûts : fan de nourriture thaï, signe astrologique scorpion, amatrice des discours de Bader Ginsburg et de Martha Stewart living, spectatrice de beaucoup de séries télé pour enfants, incapable de tenir ses bonnes résolutions de janvier de faire plus de sport. Son anxiété a tendance à revenir, surtout quand elle se dit qu'elle n'écoute pas assez de podcasts sur comment contrôler son anxiété, et elle a joué et terminé Undertale, en tant que pacifiste. Elle participe actuellement à une soirée organisée par son employeur sur le thème de la capacitation des femmes sur le lieu de travail. Cette soirée constitue l'incarnation d'un ses propres cauchemars. Les différents invités papotent sur des sujets anodins ou pour se mettre en valeur : #metoo, des opportunités de marché pour un produit innovant, le potentiel du maché chinois, les tableaux de maître accrochés au mur représentant des femmes, des propos ouvertement anti transgenre, l'impossibilité de reproduire les poses des femmes peintes par Johannes Vermeer (1635-1675, La jeune fille à la perle), par Jean-Auguste Dominique Ingres (1780-1867, La grande odalisque), ou encore par François Boucher (1703-1770, L'odalisque). En continuant à déambuler parmi les invités, son verre à la main, Maya finit par prendre conscience que plusieurs d'entre eux ont remarqué une tâche rouge sur l'arrière de jupe blanche. Ils s'indignent qu'elle n'ait pas été capable d'éviter cette tache de sang menstruel. Elle sort dignement, avant de se lâcher dans une salle vide, en laissant s'exprimer son pouvoir de métamorphe. Elle se met à raconter sa vie : en 2028, à huit ans, fille d'Eva & Mark Kuyper, deux scientifiques. En 2031, en 2034, en 2036, une rapide anecdote à chaque fois. La mort de ses parents à quelques jours d'intervalle. La continuation de leurs travaux dans leur laboratoire. Ce comics a bénéficié d'une mise en avant du fait de sa cocréatrice, l'actrice interprétant Daenerys Targaryen dans la série Game of Thrones. Pour autant, la page des crédits précise que la série a été cocréée avec Margueritte Bennett, scénariste professionnelle de comics depuis 2013. La première page annonce la couleur : utilisation du dispositif narratif consistant à briser le quatrième mur, l'héroïne s'adressant en direct au lecteur, faisant des observations sur ce qui va se passer, sur les événements passés, et sur la condition de la femme et la pression à laquelle elle est soumise, en termes d'attentes implicites et explicites dans la société. Au cas où le lecteur n'ait pas bien compris ce dispositif, les autrices y vont franco avec la tache de sang, la perte des parents de Maya à peine entrée dans la vie adulte, les responsabilités de mère célibataire, les collègues de travail faisant preuve de misogynie ordinaire, l'ex-mari pas très fréquentable qui veut revoir son fils, la collègue de travail en fauteuil roulant au mieux ignorée par les autres employés, et même une femme PDG n'hésitant à profiter de la vulnérabilité de ses employées. Maya expose donc ces considérations de manière explicite et détaillée, avec une forme d'autocritique sur la propension des femmes à se conformer à ces attentes innombrables, et à se laisser dominer par leurs émotions. D'ailleurs, Maya Kuyper elle-même a acquis des superpouvoirs qui se manifestent quand elle est le jouet d'émotions fortes comme la colère (superpouvoir : force physique et super-célérité), l'anxiété (super ouïe), la peur (invisibilité), la joie (corps élastique et extensible), la tristesse (guérison instantanée), le rire (capable de briser les objets autour d'elle). Pour faire bonne mesure, elles se permettent d'ajouter que la puissance de ses pouvoirs dépend de la phase de cycle menstruel, particularité qui aurait conduit au pilori un auteur mâle. Le lecteur est impressionné dès la première page par les dessins. L'artiste réalise des images dans un registre descriptif, réaliste et détaillé. Il remarque l'expressivité du visage de Maya, avec un sourire très agréable, et son regard par-dessus ses lunettes à la monture fantaisie. Elle insuffle la vitalité de la jeunesse à l'héroïne, une réelle joie de vivre malgré les épreuves et les combats, une façon naturelle de s'habiller et de se comporter, plus en adulte qu'en adolescente, sans jamais en faire un objet. Elle met en scène une dizaine d'autres personnages de second plan, tous différenciés, à l'apparence assez jeune, moins de trente ans, ainsi que Billy le fils de Maya dont les postures et le langage corporel sont bien celui d'un enfant. le lecteur peut prendre le temps de détailler les différentes tenues vestimentaires, toutes en cohérence avec la position sociale du personnage et son activité du moment, allant du plus décontracté (un pyjama) au plus strict (le magnifique tailleur de Lucile Caldwell). Les autrices ont choisi de réaliser une histoire pleine à craquer, de dialogues, d'expositions, d'idées, de situations surprenantes, et Leiz donne à voir tout sans sembler fatiguer. Les séquences génèrent donc un divertissement de bon niveau : la belle coiffure de Maya pendant la soirée, la première manifestation de son pouvoir avec ses bras qui s'allongent, la rame de métro bien graffitée à l'intérieur, Maya profitant de sa super-vitesse pour faire des blagues à ses collègues de travail dans leur cubicule, la forme du fauteuil roulant de sa collègue Wanda Boone, son costume de superhéroïne, sa voiture de superhéroïne, les affrontements physiques, etc. Les autrices ne se contentent pas de resservir les conventions visuelles des comics de superhéros : elles ont créé un personnage original, avec des superpouvoirs classiques, et une narration visuelle cohérente avec le thème de fond, plutôt que respectant les conventions du genre. Ainsi, Maya se rend compte qu'elle souhaite mettre à profit ses pouvoirs pour lutter contre les injustices et aider les plus faibles. C'est son entourage qui en vient à lui suggérer de revêtir un costume, et de confier la tâche à une de ses copines propriétaires d'un grand magasin de vêtements. Il en va de même pour la voiture, dont les adaptations sont réalisées par un de ses amis mécaniciens. le lecteur sent bien que les autrices utilisent le genre superhéros, ou plutôt superhéroïne, comme elles l'entendent. Sous réserve qu'il ne soit pas allergique à une forme d'exposé très conscient sur la condition féminine considérée sous le prisme des exigences qui pèsent sur les femmes, le lecteur ou la lectrice plonge dans une histoire aux côtés d'une jeune femme très sympathique, combattante et souriante, sans être parfaite à chaque instant. Elle fait de son mieux pour élever son fils, jongler avec deux ou trois boulots, et combattre le crime. le lecteur sourit donc en voyant comment les autrices assument le principe de la force des émotions ressenties par une femme : cette caractéristique caricaturale de la condition féminine devient le déclencheur, ou plutôt le carburant de ses superpouvoirs. Clarke & Bennett assument leur idée jusqu'au bout avec les fluctuations de ces pouvoirs en fonction de la phase du cycle menstruel, ce qui force le respect du lecteur. Il voit bien comment elles orientent la charge contre les stéréotypes masculins de la représentation féminine, et leur reconnaît l'honnêteté intellectuelle d'évoquer les stéréotypes qui pèsent également sur les hommes. Elles vont même plus loin encore en montrant que ces stéréotypes sont également alimentés par les femmes elles-mêmes, et qu'elles n'hésitent pas à se voir en compétition les unes contre les autres. Un discours féministe, mais pas angélique. À l'opposé d'un produit vite fait mal fait pour profiter de la notoriété de l'actrice, ce tome propose une histoire très copieuse, avec une narration visuelle soignée, pleine de vie et amusée. le lecteur découvre la vie de Maya Kuyper jeune mère célibataire, jonglant entre trois emplois pour joindre les deux bouts, et disposant de superpouvoirs. Les autrices brisent le quatrième mur pour donner plus de personnalité à l'héroïne et lui donner l'occasion d'exposer ses idées et ses convictions de jeune femme, montrant à quel point la société fait peser sur elle des exigences démesurées, et en quoi le comportement de certains hommes peut être sexiste et pénible, sans qu'ils n'en aient forcément conscience. Une aventure divertissante et reflétant une forme de féminisme refusant de supporter des comportements idiots, sans pour autant être agressif.

25/07/2024 (modifier)