J'ai enfin lu les volume 2,3 et 4 et cela ne faiblit pas. Chapeau bas. Il me manque encore le dernier...
Tome 1 (Les Amériques, trouvé par hasard d'occasion) je trouve le regard de Blain très subtile, en particulier sur les rapports homme/femme de l'époque, sur la place de la religion, ce que je n'attendais pas forcément dans une BD de pirate.
Le dessin de Blain que je qualifierais de réaliste stylisé, sait être expressif, et lorsque son trait exagère dans le mouvement grandiloquent ou au contraire dans l'humour, les dialogues réajustent le ton. Les couleurs sont un peu ternes en revanche.
Le fait qu'Isaac soit un dessinateur compulsif, et que ce soit la première série en solo de l'auteur, laisse à penser que Blain y a mis beaucoup de lui (en tout cas pas physiquement si l'on en juge par la tête carrée du personnage et celle toute mince de la photo de wikipédia. ) Cette proximité nous aide sans doute à nous identifier à ce personnage, jeune, imaginatif, et naïf par certains cotés qui se trouve ballotté dans une aventure inespérée. Le rôle de sa compagne qui reste à Paris n'est pas effacé, et l'on suit aussi ses stratégies de survie, qui sont d'autres aventures, peut-être plus originales finalement...
En lisant l'avis d'Alix, j'ai très envie de lire la suite, puisque le premier album est le moins bien noté. Pourtant c'est bien ce volume qui a eu le prix du meilleur Album au festival d'Angoulême en 2002.
Cette œuvre ne faisait pas du tout partie de ma liste à lire et je suis tombé un peu par hasard dessus à la bibliothèque.
Je me suis donc lancé dans cette lecture sans attente particulière.
Je ne savais pas du tout de quoi cela allait parler, le dessin m'attirait sans outre mesure, bref une bd qui aurait pu passer sous les radars comme tant d'autres
Et qu'est ce que cela aurait été dommage pour moi. Il y a tant de choses dedans qui m'ont fait penser à une personne chère à mon cœur que je n'ai pas pu la dissocier d'une des héroïnes. C'est drôle comme par moment certains ouvrages vous accaparent, peuvent avoir une telle résonnance en vous.
Le Bleu est une couleur chaude c'est l'histoire des deux adolescentes découvrant leur homosexualité au milieu des années 90, leur combat contre cette idée tout d'abord, puis l'acceptation mais sans pour autant pouvoir l'assumer et l'afficher au grand jour.
C'est l'histoire de ce combat pour pouvoir juste vivre heureuses une vie qu'elles ont choisie sans avoir à supporter le regard et les préjugés des autres.
J'ai grosso modo l'âge de Clémence dans les années 90. Ce regard et ces discours sur l'homosexualité sont vrais à cette époque et 30 ans plus tard si les choses ont évolué, il n'en reste pas moins encore ces relents de rejet dans une grande partie de la société.
J'ai vu dans cette ouvrage un appel. Pas un appel à l'aide mais un appel à vivre heureux(se), à rejeter le regard des autres car la vie est courte très courte et on ne sait quand elle va s'arrêter. Alors mieux vaut en profiter
Il est clair que je vais offrir cet ouvrage à la personne qui m'est chère pour l'inviter à vivre sa vie pleinement.
Je continue ma découverte des œuvres de Luz post 2015. Je n'ai pas lu le roman d'Albert Cohen adapté par l'auteur mais Luz réussit très bien à traduire l'universalité du message de Cohen. 1905 à Marseille, port cosmopolite baigné par le soleil le petit Albert est tout heureux d'avoir 10 ans. Tout son environnement aspire au bonheur insouciant de l'enfance. Luz peint son petit Albert comme un papillon qui se gave de cette ambiance festive sans avoir besoin de mots ou de pensées superflues. En deux mots porteurs de la plus méprisable des haines, Albert perd son innocence. D'un silence de paix , Luz transporte son personnage dans un silence mortifère. La narration visuelle nous enferme dans le même tourbillon d'abominations passées et futures issues de ces deux mots. Le récit se termine par quelques pages du roman d'Albert Cohen qui légitiment l'acte créatif de Luz.
Le récit se prête parfaitement au trait sinueux et tourmenté de l'auteur. L'auteur fait vivre la sidération qui nait de ces deux mots d'une injure raciste qui mène à la banalisation d'une haine criminelle. C'est une quadruple sidération que son récit visuel produit: celle de l'enfant innocent, celles des deux auteurs adultes qui voient l'hydre toujours vivante et celle du lecteur qui ne peut pas rester neutre sur cette thématique.
Une œuvre salutaire toujours d'actualité.
En refermant chacun des deux tomes, une vague d'émotion silencieuse vous déséquilibre, comme quand l'eau se retire du sable sous vos pieds.
Vous n'avez d'autre choix que de mettre un pied devant l'autre en regardant l'horizon, sans savoir si le vent du large vous mouille ou vous sèche les yeux...
Dans ce dyptique, il y a quelque chose qui rappelle les films italiens des années 50 qui racontent la pauvreté de l'après-guerre. Je me souviens que j'avais un peu poussé mon tout jeune ado à regarder "La strada" avec nous et à la fin il m'avait dit : mais pourquoi vous aimez les films tristes ?
En réalité ce n'est pas tant la tristesse que la douleur, l'injustice qui paraît, lorsqu'on est jeune, inutile, contre-productive, inacceptable... et en aucun cas belle.
Pourquoi lorsqu'on est adulte, on peut trouver beau un roman, un film, une pièce de théâtre qui ne raconte que des échecs ? Je repense souvent à la question de mon fils lorsque je suis émue par une oeuvre d'art.
Cette BD raconte la fin d'un art, décidée par un dictateur grec. Ce chant triste et autodérisoire, accompagné d'instruments à cordes, raconte le destin des immigrés turcs dans les années 30. Comme souvent , les tyrans agissent comme des enfants, la pauvreté revendiquée, le recit des échecs les embarrasse autant que les habitudes étrangères.
Contrairement à Grogro, je n'arrive pas vraiment à comprendre le mécanisme qui aboutit à cette émotion, ce sentiment d'appartenance qui nait à la lecture de cette histoire, si lointaine à tout point de vue : les année 20, la Grèce, des musiciens fauchés et immigrés, qu'ont-ils de commun avec moi, finalement ? Eh bien c'est là le miracle : leur situation sans issue ressemble à la nôtre.
Nous nous reconnaissons dans ce sentiment à la fois d'impasse et de la nécessité toujours recommencée, de génération en génération, de perséverer.
Le dessin est bien-sûr très réussi : La lumière méditerranéenne, le modelé des paupières de tous ces regards fatigués, les ravages de la coco sur des jeunes visages, les silhouettes dansantes dans l'ivresse, l'ombre des oliviers ou celle des canisses abritant un repas dans la douceur de l'air...
Mais j'ai du mal à croire que le dessin puisse faire le travail à lui seul. Les personnages, leur humour et leur rage, et la musique absente, (qui reste imaginaire pour le lecteur qui est trop pris par l'histoire pour chercher sur internet les traces de ce fado grec... ) s'enchevêtrent dans un scénario complexe, difficile à se remémorer, comme si notre tête avait cogné sur des rochers en suivant les remous du fleuve triste...
Si vous êtes assez vieux, vous aimerez cette histoire.
J'aime bien le qualificatif de série Pop corn que lui a attribué un aviseur. Perso je le prend du bon côté, une bonne série commerciale qui fait passer un agréable moment de lecture dépaysante. Evidemment la thématique complotiste autour d'un labo pharmaceutique et d'une agence de sureté américaine n'est pas de première jeunesse. Toutefois la construction originale autour de ces six personnages dynamise l'intérêt de chaque opus en apportant un élément nouveau à chaque lecture. Je dois reconnaitre que la construction des croisements entre les histoires est quasi parfaite. La limite de cette méthode est que l'on se trouve sur un temps court puisque chaque opus se focalise sur un passage commun. Cela impose de nombreux flash back, un récit coup de poing qui peut laisser certains personnages sur le bord du chemin et créer une petite frustration. Ces petites remarques ne doivent pas cacher le vrai travail de coordination intelligente pour finaliser une série avec cette cohérence.
Quant à lire la série dans n'importe quel ordre j'ai un petit doute. Perso je trouve la série bien plus fluide avec un ordre Camille- Darius ou Jonas- Park ou Noah et Fouad.
La faiblesse est surtout graphique à mes yeux. Certains personnages sont à la limite de la caricature avec des visages pas trop soignés. Par contre j'ai bien aimé le travail sur les décors et les extérieurs qui donnent un fort goût façon James Bond à la série.
Le tome 7 possède une double vocation en réunissant l'ensemble des protagonistes dans un final moral tout en laissant une ouverture pour une suite potentielle. Là encore c'est réalisé avec une belle maitrise car il y a du matériel pour aller plus loin sur ce thème de la liberté individuelle qui pilote la série. A suivre. en saison 2 sans être un achat prioritaire.
Bon, de l'érotisme hétérosexuel, sur le papier ça ne devrait pas m'attirer. Pourtant l'album possède quand-même quelques atouts qui m'avait donné envie de le lire : une mise en avant du désir féminin, une narration jouant sur un flou entre rêve et réalité, une utilisation de la figure de la sorcière pour parler de l'ostracisation et de la diabolisation des femmes, et deux graphismes magnifiques s'alternant pour illustrer les changements de perception de la protagoniste
Ouais, l'album a de bonnes qualités.
Et, grande surprise, même si je lui trouve un petit défaut (parfaitement personnel et sur lequel je reviendrai après), j'ai trouvé l'album très bon. Ce petit défaut n'est pas vraiment l'érotisme hétérosexuel, bien que la figure fantasmée masculine ne me fasse pas vibrer le cœur (ni frémir le pantalon d'ailleurs) je trouve tout de même les sujets du désir féminin, des désirs refoulés et des fantasmes assez joliment traités. En fait, le seul défaut que je trouve à cet album est qu'il m'apparaît dommage de ne pas avoir profité davantage du sujet de la figure de la sorcière. Oui, je suis sans doute un peu vache dans cet avis, le sujet reste central à l'album, mais la figure de la sorcière, ses symboliques et ses réappropriations me tiennent énormément à cœur. Ici, cette figure est bien utilisée pour illustrer la peur de l'inconnu, la personnification de ce que nous jugeons de mal dans une société, un outil de contrôle pour éliminer les gens que nous n'apprécions pas. C'est juste que je n'aurais pas boudé voir tout cela un peu plus... un peu plus présent, un peu plus développé. Tout cela fait trop sage, trop convenu.
Oui, ce n'est sans doute pas très clair, mais j'ai tout de même un petit sentiment d'occasion manquée à la fin de cet album.
Après, quand je dis défaut, je le trouve moi-même minime. Honnêtement, l'album reste bon, ne serait-ce que pour les très beaux graphismes et le jeu très intéressant sur leur alternance de plus en plus chaotique pour illustrer le sentiment de perdition de la protagoniste.
Je déplore simplement le fait que l'album aurait pu davantage étoffer son propos sur la figure de la sorcière.
(Note réelle 3,5)
Si certains ne doutaient encore de l'antimilitarisme de Tardi cette série aura vite fait de l'éclairer. Tardi positionne son récit à hauteur d'un simple fantassin parigot du XXème transbahuté sans logique d'un point à un autre du conflit. C'est une excellente mise en image de la synthèse très fine de l'historien Verney et grand spécialiste qui accompagne et guide cet ouvrage. Pour moi les deux récits se répondent pour apporter une intelligence globale sur les événements. Les explications de Verney prennent de la hauteur pour donner une vue d'ensemble politique, militaire, industrielle ou sociale du conflit. Le détails des opérations militaires est survolé mais donne du sens aux différents ordres donnés par les belligérants en fonctions d'informations inaccessibles à la troupe. Tardi lui colle son soldat à la boue ou la poussière des tranchées dans un maelstrom d'hommes et de bêtes en mouvements et de contre mouvements qui confinent à une absurdité mortelle. Pas ou peu de dialogue puisque l'on a pas le temps d'établir une relation que le camarade se retrouve les tripes à l'air. Il ne reste alors que cette voix off obsédante par sa lucidité muette.
Les deux récits se rejoignent sur le nombre de morts, cette saignée de toute une génération que les pays mettront des décennies à panser. Un "massacre des innocents" de tous les pays que les auteurs attribuent avec lucidité à des vieillards peu avare du sang de leurs jeunes compatriotes/sujets. Force sénile bien nommée chez Verney, invisible chez Tardi dont l'empreinte s'est fait sentir une bonne partie du XXème siècle.
C'est l'originalité de la lecture qui propose une synthèse historique globale qui va marquer le futur et une analyse pertinente du ressenti des hommes qui va influencer leurs comportements ultérieurs.
Une approche différente sur le conflit très intéressante si on connait déjà le déroulement des opérations.
J'avais des a priori avant d'entamer la lecture, a priori à l'endroit du parti pris graphique. Mais très vite, tout s'est envolé devant l'originalité du récit. En outre, Prévert y est présenté comme quelqu'un d'espiègle et atypique, ne supportant ni la mise en case (au sens de "mettre quelqu'un dans une case"), et la somme d'informations fournie apporte la densité qui plait au bonhomme, offrant une vue assez exhaustive de son "travail". L'homme était bien poète, mais il l'était dans tout ce qu'il entreprenait.
Finalement, le dessin finit par apprivoiser l'oeil, au point qu'on le trouve en adéquation parfaite à la fois avec le propos mais également avec l'artiste. On songe parfois au dadaïsme, au surréalisme, à Picasso... En somme à tout ce qui faisait la vie culturelle d'avant-guerre jusqu'aux années 60. Tout cela est très congruent. Même le titre en forme d'antiphrase fait écho à la personnalité foisonnante de Prévert.
En prime, voilà-t'y pas qu'une fois ma lecture terminée, je réalise que le scénario était signé Hervé Bourhis. Comme quoi purée, y a pas de mystère...
Décidément la Fantasy a le vent en poupe en ce début d'année. Après les excellents L'Île aux orcs et Fantasy - Yourcenar / Alma, ce "Le Roi des fauves" pourrait bien, lui aussi, sortir du lot dans le genre sus nommé. Ce premier tome a d'indéniables qualités, mais je vais quand même attendre le second volume (prévu pour fin d'année), il doit clôturer la série, avant de le crier sur les toits.
Une adaptation du roman du même nom d'Aurélie Wellenstein, roman avec de très bonnes critiques (non lu). C'est un trio d'auteurs qui a déjà collaboré sur Robilar ou le Maistre Chat qui s'y attelle.
Un récit au rythme bien dosé, des personnages attachants, à défaut d'être innovants et un scénario avec une touche d'originalité.
Dans un royaume où règne l'inégalité, trois adolescents, Ivar, Oswald et Kaya, vont braver l'interdiction de chasser pour ne pas mourir de faim. Ils seront rattrapés par les soldats et jugés coupables. La sentence sera pire que la mort, ils vont être transformé en berserkirs (monstres à ressemblance animal). Pour cela on va leur faire avaler une larve (façon Alien) qui va s'occuper de la mutation sur plusieurs jours.
David Chauvel maîtrise son sujet, c'est captivant et il distribue avec justesse les informations sur ce monde fantastique teinté de magie.
J'aime beaucoup le dessin de Sylvain Guinebaud, je l'avais découvert avec le tome 3 de La Geste des Chevaliers Dragons. Un style qui se reconnaît au premier coup d'œil, avec cette particularité dans l'expression des visages, des mimiques poussées à l'extrême. Perso, j'adore.
Les couleurs de Lou sont superbes et changent suivant les différents espaces temps.
Du très bon boulot.
Impatient de rencontrer ce roi des fauves.
Et bien perso, j'ai vraiment aimé cet album. Je ne m'étendrai pas sur la qualité du dessin de Frantz Duchazeau qui n'est plus à démontrer. Le trait est enlevé et dynamique en apportant une fraicheur bienvenue.
Le scénario est original. Disons plutôt que le point de vue adopté offre une vision nuancée voire surprenante du petit prodige autrichien. J'aime beaucoup la vision de Milos Forman pour son film Amadeus, mais ici, Duchazeau nous présente un artiste qui est encore un enfant. Il est déjà très doué et sa réputation commence à s'étendre à toutes les cours d'Europe. Le jeune Mozart est exploité par une noblesse sans vergogne. Tout le monde se l'arrange, minaude, flatte, supplie le phénomène de dispenser des leçons qui ne seront jamais payées, bien évidemment. L'image donnée de la noblesse de cours est terrible, mais sans doute proche de la réalité (ça correspond à des choses lues précédemment dans divers ouvrages). On a affaire à un ramassis de vils personnes fardant leur individualisme derrière une obséquiosité de façade. Wolfgang travaille d'arrache-pied, frisant le burn-out, s'il est permis d'employer un terme contemporain. C'est finalement devant l'insistance de son père (présenté au départ comme quelqu'un de froid et d'autoritaire) qu'il finira par fuir la France pour retourner en Autriche.
Voilà pourquoi j'ai aimé cette BD : ça cause de musique tout en bénéficiant d'une narration fluide au service d'un dessin stylé, ainsi que d'un point de vue fort peu commun.
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Isaac le pirate
J'ai enfin lu les volume 2,3 et 4 et cela ne faiblit pas. Chapeau bas. Il me manque encore le dernier... Tome 1 (Les Amériques, trouvé par hasard d'occasion) je trouve le regard de Blain très subtile, en particulier sur les rapports homme/femme de l'époque, sur la place de la religion, ce que je n'attendais pas forcément dans une BD de pirate. Le dessin de Blain que je qualifierais de réaliste stylisé, sait être expressif, et lorsque son trait exagère dans le mouvement grandiloquent ou au contraire dans l'humour, les dialogues réajustent le ton. Les couleurs sont un peu ternes en revanche. Le fait qu'Isaac soit un dessinateur compulsif, et que ce soit la première série en solo de l'auteur, laisse à penser que Blain y a mis beaucoup de lui (en tout cas pas physiquement si l'on en juge par la tête carrée du personnage et celle toute mince de la photo de wikipédia. ) Cette proximité nous aide sans doute à nous identifier à ce personnage, jeune, imaginatif, et naïf par certains cotés qui se trouve ballotté dans une aventure inespérée. Le rôle de sa compagne qui reste à Paris n'est pas effacé, et l'on suit aussi ses stratégies de survie, qui sont d'autres aventures, peut-être plus originales finalement... En lisant l'avis d'Alix, j'ai très envie de lire la suite, puisque le premier album est le moins bien noté. Pourtant c'est bien ce volume qui a eu le prix du meilleur Album au festival d'Angoulême en 2002.
Le Bleu est une couleur chaude
Cette œuvre ne faisait pas du tout partie de ma liste à lire et je suis tombé un peu par hasard dessus à la bibliothèque. Je me suis donc lancé dans cette lecture sans attente particulière. Je ne savais pas du tout de quoi cela allait parler, le dessin m'attirait sans outre mesure, bref une bd qui aurait pu passer sous les radars comme tant d'autres Et qu'est ce que cela aurait été dommage pour moi. Il y a tant de choses dedans qui m'ont fait penser à une personne chère à mon cœur que je n'ai pas pu la dissocier d'une des héroïnes. C'est drôle comme par moment certains ouvrages vous accaparent, peuvent avoir une telle résonnance en vous. Le Bleu est une couleur chaude c'est l'histoire des deux adolescentes découvrant leur homosexualité au milieu des années 90, leur combat contre cette idée tout d'abord, puis l'acceptation mais sans pour autant pouvoir l'assumer et l'afficher au grand jour. C'est l'histoire de ce combat pour pouvoir juste vivre heureuses une vie qu'elles ont choisie sans avoir à supporter le regard et les préjugés des autres. J'ai grosso modo l'âge de Clémence dans les années 90. Ce regard et ces discours sur l'homosexualité sont vrais à cette époque et 30 ans plus tard si les choses ont évolué, il n'en reste pas moins encore ces relents de rejet dans une grande partie de la société. J'ai vu dans cette ouvrage un appel. Pas un appel à l'aide mais un appel à vivre heureux(se), à rejeter le regard des autres car la vie est courte très courte et on ne sait quand elle va s'arrêter. Alors mieux vaut en profiter Il est clair que je vais offrir cet ouvrage à la personne qui m'est chère pour l'inviter à vivre sa vie pleinement.
Ô vous, frères humains
Je continue ma découverte des œuvres de Luz post 2015. Je n'ai pas lu le roman d'Albert Cohen adapté par l'auteur mais Luz réussit très bien à traduire l'universalité du message de Cohen. 1905 à Marseille, port cosmopolite baigné par le soleil le petit Albert est tout heureux d'avoir 10 ans. Tout son environnement aspire au bonheur insouciant de l'enfance. Luz peint son petit Albert comme un papillon qui se gave de cette ambiance festive sans avoir besoin de mots ou de pensées superflues. En deux mots porteurs de la plus méprisable des haines, Albert perd son innocence. D'un silence de paix , Luz transporte son personnage dans un silence mortifère. La narration visuelle nous enferme dans le même tourbillon d'abominations passées et futures issues de ces deux mots. Le récit se termine par quelques pages du roman d'Albert Cohen qui légitiment l'acte créatif de Luz. Le récit se prête parfaitement au trait sinueux et tourmenté de l'auteur. L'auteur fait vivre la sidération qui nait de ces deux mots d'une injure raciste qui mène à la banalisation d'une haine criminelle. C'est une quadruple sidération que son récit visuel produit: celle de l'enfant innocent, celles des deux auteurs adultes qui voient l'hydre toujours vivante et celle du lecteur qui ne peut pas rester neutre sur cette thématique. Une œuvre salutaire toujours d'actualité.
Rébétissa (L'Antidote)
En refermant chacun des deux tomes, une vague d'émotion silencieuse vous déséquilibre, comme quand l'eau se retire du sable sous vos pieds. Vous n'avez d'autre choix que de mettre un pied devant l'autre en regardant l'horizon, sans savoir si le vent du large vous mouille ou vous sèche les yeux... Dans ce dyptique, il y a quelque chose qui rappelle les films italiens des années 50 qui racontent la pauvreté de l'après-guerre. Je me souviens que j'avais un peu poussé mon tout jeune ado à regarder "La strada" avec nous et à la fin il m'avait dit : mais pourquoi vous aimez les films tristes ? En réalité ce n'est pas tant la tristesse que la douleur, l'injustice qui paraît, lorsqu'on est jeune, inutile, contre-productive, inacceptable... et en aucun cas belle. Pourquoi lorsqu'on est adulte, on peut trouver beau un roman, un film, une pièce de théâtre qui ne raconte que des échecs ? Je repense souvent à la question de mon fils lorsque je suis émue par une oeuvre d'art. Cette BD raconte la fin d'un art, décidée par un dictateur grec. Ce chant triste et autodérisoire, accompagné d'instruments à cordes, raconte le destin des immigrés turcs dans les années 30. Comme souvent , les tyrans agissent comme des enfants, la pauvreté revendiquée, le recit des échecs les embarrasse autant que les habitudes étrangères. Contrairement à Grogro, je n'arrive pas vraiment à comprendre le mécanisme qui aboutit à cette émotion, ce sentiment d'appartenance qui nait à la lecture de cette histoire, si lointaine à tout point de vue : les année 20, la Grèce, des musiciens fauchés et immigrés, qu'ont-ils de commun avec moi, finalement ? Eh bien c'est là le miracle : leur situation sans issue ressemble à la nôtre. Nous nous reconnaissons dans ce sentiment à la fois d'impasse et de la nécessité toujours recommencée, de génération en génération, de perséverer. Le dessin est bien-sûr très réussi : La lumière méditerranéenne, le modelé des paupières de tous ces regards fatigués, les ravages de la coco sur des jeunes visages, les silhouettes dansantes dans l'ivresse, l'ombre des oliviers ou celle des canisses abritant un repas dans la douceur de l'air... Mais j'ai du mal à croire que le dessin puisse faire le travail à lui seul. Les personnages, leur humour et leur rage, et la musique absente, (qui reste imaginaire pour le lecteur qui est trop pris par l'histoire pour chercher sur internet les traces de ce fado grec... ) s'enchevêtrent dans un scénario complexe, difficile à se remémorer, comme si notre tête avait cogné sur des rochers en suivant les remous du fleuve triste... Si vous êtes assez vieux, vous aimerez cette histoire.
Alter Ego
J'aime bien le qualificatif de série Pop corn que lui a attribué un aviseur. Perso je le prend du bon côté, une bonne série commerciale qui fait passer un agréable moment de lecture dépaysante. Evidemment la thématique complotiste autour d'un labo pharmaceutique et d'une agence de sureté américaine n'est pas de première jeunesse. Toutefois la construction originale autour de ces six personnages dynamise l'intérêt de chaque opus en apportant un élément nouveau à chaque lecture. Je dois reconnaitre que la construction des croisements entre les histoires est quasi parfaite. La limite de cette méthode est que l'on se trouve sur un temps court puisque chaque opus se focalise sur un passage commun. Cela impose de nombreux flash back, un récit coup de poing qui peut laisser certains personnages sur le bord du chemin et créer une petite frustration. Ces petites remarques ne doivent pas cacher le vrai travail de coordination intelligente pour finaliser une série avec cette cohérence. Quant à lire la série dans n'importe quel ordre j'ai un petit doute. Perso je trouve la série bien plus fluide avec un ordre Camille- Darius ou Jonas- Park ou Noah et Fouad. La faiblesse est surtout graphique à mes yeux. Certains personnages sont à la limite de la caricature avec des visages pas trop soignés. Par contre j'ai bien aimé le travail sur les décors et les extérieurs qui donnent un fort goût façon James Bond à la série. Le tome 7 possède une double vocation en réunissant l'ensemble des protagonistes dans un final moral tout en laissant une ouverture pour une suite potentielle. Là encore c'est réalisé avec une belle maitrise car il y a du matériel pour aller plus loin sur ce thème de la liberté individuelle qui pilote la série. A suivre. en saison 2 sans être un achat prioritaire.
Somna
Bon, de l'érotisme hétérosexuel, sur le papier ça ne devrait pas m'attirer. Pourtant l'album possède quand-même quelques atouts qui m'avait donné envie de le lire : une mise en avant du désir féminin, une narration jouant sur un flou entre rêve et réalité, une utilisation de la figure de la sorcière pour parler de l'ostracisation et de la diabolisation des femmes, et deux graphismes magnifiques s'alternant pour illustrer les changements de perception de la protagoniste Ouais, l'album a de bonnes qualités. Et, grande surprise, même si je lui trouve un petit défaut (parfaitement personnel et sur lequel je reviendrai après), j'ai trouvé l'album très bon. Ce petit défaut n'est pas vraiment l'érotisme hétérosexuel, bien que la figure fantasmée masculine ne me fasse pas vibrer le cœur (ni frémir le pantalon d'ailleurs) je trouve tout de même les sujets du désir féminin, des désirs refoulés et des fantasmes assez joliment traités. En fait, le seul défaut que je trouve à cet album est qu'il m'apparaît dommage de ne pas avoir profité davantage du sujet de la figure de la sorcière. Oui, je suis sans doute un peu vache dans cet avis, le sujet reste central à l'album, mais la figure de la sorcière, ses symboliques et ses réappropriations me tiennent énormément à cœur. Ici, cette figure est bien utilisée pour illustrer la peur de l'inconnu, la personnification de ce que nous jugeons de mal dans une société, un outil de contrôle pour éliminer les gens que nous n'apprécions pas. C'est juste que je n'aurais pas boudé voir tout cela un peu plus... un peu plus présent, un peu plus développé. Tout cela fait trop sage, trop convenu. Oui, ce n'est sans doute pas très clair, mais j'ai tout de même un petit sentiment d'occasion manquée à la fin de cet album. Après, quand je dis défaut, je le trouve moi-même minime. Honnêtement, l'album reste bon, ne serait-ce que pour les très beaux graphismes et le jeu très intéressant sur leur alternance de plus en plus chaotique pour illustrer le sentiment de perdition de la protagoniste. Je déplore simplement le fait que l'album aurait pu davantage étoffer son propos sur la figure de la sorcière. (Note réelle 3,5)
Putain de guerre !
Si certains ne doutaient encore de l'antimilitarisme de Tardi cette série aura vite fait de l'éclairer. Tardi positionne son récit à hauteur d'un simple fantassin parigot du XXème transbahuté sans logique d'un point à un autre du conflit. C'est une excellente mise en image de la synthèse très fine de l'historien Verney et grand spécialiste qui accompagne et guide cet ouvrage. Pour moi les deux récits se répondent pour apporter une intelligence globale sur les événements. Les explications de Verney prennent de la hauteur pour donner une vue d'ensemble politique, militaire, industrielle ou sociale du conflit. Le détails des opérations militaires est survolé mais donne du sens aux différents ordres donnés par les belligérants en fonctions d'informations inaccessibles à la troupe. Tardi lui colle son soldat à la boue ou la poussière des tranchées dans un maelstrom d'hommes et de bêtes en mouvements et de contre mouvements qui confinent à une absurdité mortelle. Pas ou peu de dialogue puisque l'on a pas le temps d'établir une relation que le camarade se retrouve les tripes à l'air. Il ne reste alors que cette voix off obsédante par sa lucidité muette. Les deux récits se rejoignent sur le nombre de morts, cette saignée de toute une génération que les pays mettront des décennies à panser. Un "massacre des innocents" de tous les pays que les auteurs attribuent avec lucidité à des vieillards peu avare du sang de leurs jeunes compatriotes/sujets. Force sénile bien nommée chez Verney, invisible chez Tardi dont l'empreinte s'est fait sentir une bonne partie du XXème siècle. C'est l'originalité de la lecture qui propose une synthèse historique globale qui va marquer le futur et une analyse pertinente du ressenti des hommes qui va influencer leurs comportements ultérieurs. Une approche différente sur le conflit très intéressante si on connait déjà le déroulement des opérations.
Jacques Prévert n'est pas un poète (Prévert, inventeur)
J'avais des a priori avant d'entamer la lecture, a priori à l'endroit du parti pris graphique. Mais très vite, tout s'est envolé devant l'originalité du récit. En outre, Prévert y est présenté comme quelqu'un d'espiègle et atypique, ne supportant ni la mise en case (au sens de "mettre quelqu'un dans une case"), et la somme d'informations fournie apporte la densité qui plait au bonhomme, offrant une vue assez exhaustive de son "travail". L'homme était bien poète, mais il l'était dans tout ce qu'il entreprenait. Finalement, le dessin finit par apprivoiser l'oeil, au point qu'on le trouve en adéquation parfaite à la fois avec le propos mais également avec l'artiste. On songe parfois au dadaïsme, au surréalisme, à Picasso... En somme à tout ce qui faisait la vie culturelle d'avant-guerre jusqu'aux années 60. Tout cela est très congruent. Même le titre en forme d'antiphrase fait écho à la personnalité foisonnante de Prévert. En prime, voilà-t'y pas qu'une fois ma lecture terminée, je réalise que le scénario était signé Hervé Bourhis. Comme quoi purée, y a pas de mystère...
Le Roi des fauves
Décidément la Fantasy a le vent en poupe en ce début d'année. Après les excellents L'Île aux orcs et Fantasy - Yourcenar / Alma, ce "Le Roi des fauves" pourrait bien, lui aussi, sortir du lot dans le genre sus nommé. Ce premier tome a d'indéniables qualités, mais je vais quand même attendre le second volume (prévu pour fin d'année), il doit clôturer la série, avant de le crier sur les toits. Une adaptation du roman du même nom d'Aurélie Wellenstein, roman avec de très bonnes critiques (non lu). C'est un trio d'auteurs qui a déjà collaboré sur Robilar ou le Maistre Chat qui s'y attelle. Un récit au rythme bien dosé, des personnages attachants, à défaut d'être innovants et un scénario avec une touche d'originalité. Dans un royaume où règne l'inégalité, trois adolescents, Ivar, Oswald et Kaya, vont braver l'interdiction de chasser pour ne pas mourir de faim. Ils seront rattrapés par les soldats et jugés coupables. La sentence sera pire que la mort, ils vont être transformé en berserkirs (monstres à ressemblance animal). Pour cela on va leur faire avaler une larve (façon Alien) qui va s'occuper de la mutation sur plusieurs jours. David Chauvel maîtrise son sujet, c'est captivant et il distribue avec justesse les informations sur ce monde fantastique teinté de magie. J'aime beaucoup le dessin de Sylvain Guinebaud, je l'avais découvert avec le tome 3 de La Geste des Chevaliers Dragons. Un style qui se reconnaît au premier coup d'œil, avec cette particularité dans l'expression des visages, des mimiques poussées à l'extrême. Perso, j'adore. Les couleurs de Lou sont superbes et changent suivant les différents espaces temps. Du très bon boulot. Impatient de rencontrer ce roi des fauves.
Mozart à Paris
Et bien perso, j'ai vraiment aimé cet album. Je ne m'étendrai pas sur la qualité du dessin de Frantz Duchazeau qui n'est plus à démontrer. Le trait est enlevé et dynamique en apportant une fraicheur bienvenue. Le scénario est original. Disons plutôt que le point de vue adopté offre une vision nuancée voire surprenante du petit prodige autrichien. J'aime beaucoup la vision de Milos Forman pour son film Amadeus, mais ici, Duchazeau nous présente un artiste qui est encore un enfant. Il est déjà très doué et sa réputation commence à s'étendre à toutes les cours d'Europe. Le jeune Mozart est exploité par une noblesse sans vergogne. Tout le monde se l'arrange, minaude, flatte, supplie le phénomène de dispenser des leçons qui ne seront jamais payées, bien évidemment. L'image donnée de la noblesse de cours est terrible, mais sans doute proche de la réalité (ça correspond à des choses lues précédemment dans divers ouvrages). On a affaire à un ramassis de vils personnes fardant leur individualisme derrière une obséquiosité de façade. Wolfgang travaille d'arrache-pied, frisant le burn-out, s'il est permis d'employer un terme contemporain. C'est finalement devant l'insistance de son père (présenté au départ comme quelqu'un de froid et d'autoritaire) qu'il finira par fuir la France pour retourner en Autriche. Voilà pourquoi j'ai aimé cette BD : ça cause de musique tout en bénéficiant d'une narration fluide au service d'un dessin stylé, ainsi que d'un point de vue fort peu commun.