Les derniers avis (31734 avis)

Par Lodi
Note: 4/5
Couverture de la série Un général, des généraux
Un général, des généraux

Quoi qu'étant de grand talent : style reconnaissable et expressif, le style du dessinateur m'a toujours mis mal à l'aise. Pas là : l'aspect de caricature convient bien à ce sale petit vaudeville politique dont le monde ne cesse pas de subir les conséquences. Des gens, pour faire parvenir de Gaulle au pouvoir, ils ont assez alarmé le pouvoir et la population pour que les autorités se sabordent. Un général, des généraux ? Le titre est excellent, et si ce n'est pas dit dans la BD, il ressort d'un livre que le général était d'accord, et la méthode pour faire un coup d'Etat démocratique, savoir l'armée menace mais ne verse pas ou pas trop le sang et donne le pouvoir à quelqu'un en restant dans le cadre démocratique, méthode par parenthèse imitée du précédent français dans le monde…. J'ai eu la chance de trouver un livre fort intéressant chez mon bouquiniste s'il faut suivre les méandres de complots de l'époque : Résurrection, Naissance de la Ve République, un coup d'Etat démocratique de Christophe Nick. De la belle ouvrage, un chapitre historique méandreux, un chapitre sur la technique du coup d'Etat bien technique, l'alternance relance l'intérêt pour chaque aspect. Après ça, il me manquait de voir les protagonistes ! Merci à la Bibliothèque… Avec le trait du dessinateur et les couleurs assorties, on a l'impression d'être entre des images d'archives, oniriques et comiques. On a le soupçon que les généraux s'ennuient et veulent revivre leur jeunesse par l'action politique, entre l'un qui crie "les boches, on les aura", et d'autres qui parlent de Débarquement si un général s'aperçoit quand même que l'un d'eux est vraiment trop dans le remake du passé… Vraiment, un livre tentant de tout retracer ne dégage pas la même force tragi-comique qu'une BD qui s'achève judicieusement sur le fameux "je vous ai compris" avec la clique des faiseurs de roi atterrés derrière de Gaulle. Ceux qui se sont joués de la République sont eux-mêmes joués et s'en doutent, la foule l'ignore encore, ce qui divise la scène en trois, le chef, ses suivants et le peuple, et forme une fin ouverte.

04/11/2025 (modifier)
Par pol
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Criminal - Les Acharnés
Criminal - Les Acharnés

Ce spin off de la série Criminal est un petit régal, que l'on connaisse ou pas la série mère. Ed Brubaker a concocté un scénario aux petit oignons. Il construit son histoire comme un puzzle, dont les chapitres forment les différentes pièces qui vont s'assembler progressivement. Il semblerait initialement qu'il n'y ai aucun lien entre les premiers chapitres, qui sont chacun centrés sur un personnage et une histoire différente. C'est d'abord l'histoire de Jacob, scénariste de comics, qui se retrouve à Hollywood pour bosser sur l'adaptation d'une de ses séries. Puis vient le tour d'Angie, gamine orpheline élevé par La Grogne, le gérant d'un bar louche. Les chapitres sont denses, ils prennent le temps de bien raconter les choses. C'est là qu'Ed Brubaker est fort. Ca pourrait être deux banales histoires, dans lesquelles il n'y a pas tellement d'action ni de suspens, on ne voit encore aucun recoupement possible entre les deux parties... et pourtant c'est prenant. La narration, très efficace, donne du rythme et de l'intérêt à tout ça, grâce à l'utilisation systématique de la voie off. Puis, plus on va avancer dans le récit, plus les surprises vont arriver. Des petits détails du début vont prendre de l'ampleur et du sens lors des recoupements. Ceux ci sont quand même malins et très bien amenés. On va également monter crescendo dans l'action et on aura juste ce qu'il faut de tension. De quoi ravir les amateurs de polar. Et pour ne rien gâcher, cette histoire permet de croiser intelligemment la destinée de différents personnages de la série Criminal. Du très bon boulot.

04/11/2025 (modifier)
Couverture de la série L'Homme en noir
L'Homme en noir

L’Homme en noir est une bande dessinée bouleversante qui aborde avec une rare justesse un sujet aussi grave que difficile : les violences sexuelles faites aux enfants. À travers le regard de Mattéo, un petit garçon ordinaire, Giovanni Di Gregorio nous plonge dans une histoire profondément humaine, où la peur et le silence prennent forme dans une figure cauchemardesque celle de « l’homme en noir ». Ce choix narratif, de raconter le drame à travers les yeux de l’enfant, rend la lecture encore plus poignante et dérangeante, car on ressent pleinement son incompréhension et sa solitude. Le scénario est à la fois subtil et percutant. Di Gregorio ne montre jamais frontalement la violence, mais tout est suggéré avec beaucoup de pudeur et d’intelligence. C’est justement cette retenue qui rend l’histoire si forte : le lecteur comprend sans qu’on lui impose d’images choquantes. Le malaise s’installe progressivement, jusqu’à une révélation finale qui brise le cœur. Le dessin de Grégory Panaccione, avec ses tons sombres et ses jeux de lumière, accompagne parfaitement cette atmosphère lourde et émotionnelle. Son style fluide, presque silencieux, laisse une grande place à l’expression des visages et aux silences, des moments où l’on ressent toute la détresse de l’enfant. L’opposition entre les scènes de jour, plus lumineuses, et les cauchemars nocturnes est particulièrement réussie. Je mets 4/5, mais j’aurais aimé que l’histoire soit un peu plus développée, notamment sur la réaction des adultes ou les conséquences du traumatisme de Mattéo. Mais cela n’enlève rien à la puissance du récit. L’Homme en noir est une œuvre nécessaire, sensible et d’une grande humanité, qui rappelle l’importance d’être davantage attentif aux enfants. Une lecture qui marque durablement et dont on ne sort pas indemne.

04/11/2025 (modifier)
Par Vaudou
Note: 4/5
Couverture de la série Les Chevaliers d'Héliopolis
Les Chevaliers d'Héliopolis

Jodorowsky a écrit quelques bandes dessinés destinées à un public plus jeune comme les Technopères par exemple. Les Chevaliers d'Heliopolis fait partie de cette catégorie. Les aventures de notre héros/heroïne sont sages et sans complexité, on aura du mal à trouver la moindre transgression dans ce récit. Le "trouble" du héros (qui fait très ado) est surtout là pour attirer la sympathie d'un lectorat du même âge qui se poserait ce type de questions. Reste une aventure qui se suit sans déplaisir, on a des alchimistes, un gorille mutant, les dessins de Jeremy. La vie est belle.

04/11/2025 (modifier)
Par Cleck
Note: 4/5
Couverture de la série Les Yeux d'Alex
Les Yeux d'Alex

Qu'il est agréable d'espérer beaucoup d'une BD et de voir son impatience récompensée ! Claire Fauvel revient avec "Les Yeux d'Alex", un roman graphique osant développer et assumer des thématiques féministes quelque peu mises de côté depuis la nécessaire vague MeToo et l'effroyable procès Pelicot : comment s'affranchir des normes de représentation du corps féminin, aborder frontalement le désir féminin, interroger l'érotisme pour le distinguer de l'habituelle pornographie glauque ; autrement dit, interroger les représentations et images normées par des millénaires de patriarcat, ou plus malicieusement citer Magritte : "ceci n'est pas une pipe". Voilà une ambition vertigineuse délicate à assumer graphiquement ! D'autant que le trait de Fauvel, moderne dans son usage de la palette graphique, est davantage rassurant que renversant : des aplats pastels, un trait rond et fin assez féminin, des proportions bouche-yeux façon manga. Aux premiers abords, il n'est pas certain que l'ambitieux propos trouve un pertinent relai dans ces chaleureuses et séduisantes illustrations. Et puis, ici et là, insidieusement, de discrètes fulgurances apparaissent : une colorisation incomplète mimant de l'aquarelle, une mise en page déstructurée, des bulles et cartouches légèrement "dézonées", une mise à nu spectaculairement figurée en contre-plongée... Le doute quant aux illustrations s’atténue et l'indulgence finit même par primer. Parce que le développement de l'intrigue est véritablement pertinent : les thématiques ajoutées renforcent chacune à leur manière le propos général, donnant de l'ampleur à un discours construit, nuancé, riche : la thématique de la beauté dans l'Art trouve ainsi un joli écho avec celle de la haine de son corps coupable d'eczéma. L'ensemble se tient parfaitement, est à la fois militant, profond et véritablement divertissant car habillé en chronique douce amère sur le quotidien et les amours d'une jeune femme d'aujourd'hui. Une jolie symbiose entre un ambitieux projet et une lecture plaisir.

04/11/2025 (modifier)
Par Pierre
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Nomen Omen
Nomen Omen

Superbe série, originale, imaginative, avec des dessins très beaux et très efficaces! Les personnages sont attachants, l'histoire est pleine de surprises et on en veut encore! Le seul bémol est le fait qu'il n'y a que trois albums et on ne sait pas si il y aura une suite et fin. Sans spoiler, la fin du troisième album n'est pas la fin de l'histoire.

03/11/2025 (modifier)
Par Vaudou
Note: 4/5
Couverture de la série Diosamante
Diosamante

J'ai lu l'intégrale qui comprends le tome 1 et le début du tome 2 dessiné par Gal (mais pas le tome 2 dessiné par Kordey) avant que celui-ci ne nous quitte malheureusement. Jodo nous explique en prologue que cette saga devait durer initialement 4 tomes. Alors que dire? J'ai mis un moment avant d'oser ouvrir cette bd, un peu comme pour les fils d'El Topo, j'avais la même crainte infondée d'un récit austère et un peu hermétique. Mais pas du tout, le fun est bien présent et on sent aussi que c'était une oeuvre importante pour Jodo, tout du moins dans sa collaboration avec Gal qu'il admirait beaucoup (et c'était réciproque). Le seul tome 1 m'a permis de faire un très beau voyage en compagnie de l'héroïne. Le dessin de Gal est juste incroyable et brasse plein d'influences issues de Metal Hurlant, Druillet notamment pour certaines cases étirées en longueur ou en hauteur. Le chef d'oeuvre inachevé de Jodorowsky.

02/11/2025 (modifier)
Couverture de la série Un général, des généraux
Un général, des généraux

J'ai hésité à lire cet album. Bien m'en a pris. La période 50-60 n'est pas très clair dans mon esprit et en lisant l'album j'ai compris pourquoi ! Quelle tambouille ! J'ai appris pleins de choses en lisant cet album, les faits historiques mais surtout les petits choses, le bas niveau qui peut faire basculer un pays dans une guerre civile, une dictature. Je n'ai jamais douté que l'on puisse être médiocre et avoir de hautes responsabilités. C'est un peu le fond de l'affaire. Le texte de fin d'album, qui commente de façon globale cette période "mai 58" est instructif également. Le tout est dosé avec beaucoup d'humour, car effectivement, quand on voit le niveau, et malgré la brutalité des évènements, il faut prendre ça sur la corde de l'humour ! Si j'étais prof, je ferais lire cette bd à mes élèves de lycée. Ils ne comprendraient pas tout, mais on en tire une leçon globale de cette bd que je ne saurais définir. Très instructif pour ma part, et très plaisant à lire.

02/11/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 4/5
Couverture de la série Ikigami - Préavis de mort
Ikigami - Préavis de mort

Il faut se rappeler le sacrifice du premier né, la riche idée qu'il faudrait une bonne guerre pour la jeunesse et autre choses semblables pour voir qu'il serait possible d'amener les gens à accepter le risque de voir leur enfant éliminé à la majorité, surtout si c'est par loterie : on ne discute guère le hasard. Bien sûr, le gouvernement autoritaire doit y mettre les formes. Mais je trouve que c'est en fait plus vraisemblable que des scénarios à la Bataille royale. Les jeux du cirque, qu'on se le dise, c'est aux esclaves qu'on les impose, et pas aux citoyens qui ceci dit pouvaient vouloir devenir des gladiateurs. De même, les Aztèques capturaient des combattants dans les "guerres fleuries", pour les sacrifier aux dieux, s'il y avait aussi des immolations d'Aztèques. Bref, je veux dire qu'on frappe en principe moins le compatriote, et en principe avec des égards, ce pourquoi la mort par vaccination et une personne vous en prévenant est à mon avis assez vraisemblable. Et si le condamné se vengeait de ceux qu'il n'aime pas ? Il y a la vengeance du pouvoir sur la famille, donc l'immolé se tient en principe tranquille. J'estime beaucoup la manière de mettre en parallèle la lente dépression du messager de la mort et la tragédie d'une victime, l'une après l'autre. Le dessin fait le job. Je ne pense à rien, pourquoi ne pas l'avoir dit plus tôt ? Pourquoi tuer une partie de la population, ce qui outre que ce n'est pas bien gentil et qui sait favorable à une opposition, ne donnera pas l'idée que la vie est précieuse, au contraire, quand on voit le gouvernement tuer avec une telle légèreté ? Des naïfs peuvent croire à cette histoire, des cyniques croire dominer leurs contemporains ainsi, mais en vérité, le sacrifice soude la société, comme c'est bien expliqué par René Girard. Je ne vais pas développer toute la théorie ici, mais remarquer que le renoncement à renoncer au sacrifice, un long mouvement historique, est une des caractéristiques des totalitarismes. Les gouvernants ont la partie facile car nous sommes tous capables de frapper et nous réconcilier sur des victimes, on se demande toujours le degré de connaissance du mécanisme par les dirigeants. En tout cas, il est fin de faire des victimes selon le style de la société dans laquelle on se trouve, et ce manga est plus crédible que d'autres du même type.

02/11/2025 (modifier)
Par Vaudou
Note: 4/5
Couverture de la série Castaka
Castaka

Un diptyque sur les origines du metabaron. En progressant dans ma lecture, fort agréable, je m'interrogeais néanmoins sur la nécessité de l'oeuvre. Et puis à partir du tome 2, axé sur les enjeux de la première famille du metabaron, on distingue encore mieux cette touche si singulière qui fait la magie de Jodorowsky. Il est vraiment très fort pour conter des épopées, avec ce tragique outrancier qui donne une dimension Shakespearienne aux aventures de cette caste. Six années séparent les deux tomes et pourtant on retrouve une continuité tout au long du récit qui est, cerise sur le gâteau, conclu de fort belle manière. Le dessin est épatant sans être trop éloigné du style de Gimenez, avec un bémol sur les visages hélas. Castaka est le tome 0 de la caste des metabarons sans rougir.

02/11/2025 (modifier)