Les derniers avis (31534 avis)

Couverture de la série La Maison Close
La Maison Close

Œuvre collective, réalisée sur un temps court durant un festival d’Angoulême, cet album présente une trentaine d’auteurs, qui ont répondu à l’appel/commande de Dupuy et Berberian. Ruppert et Mulot se sont chargés des décors minimalistes et statiques, de la porte et de quelques détails intérieurs (le bar, un escalier, une ou deux chambres, etc.), puis chaque auteur, via son avatar/personnage fétiche intervient, soit en prenant simplement la suite, soit en interagissant (quelques-uns font une courte apparition, d’autres vont et viennent à plusieurs reprises). Trondheim, en grand habitué de ces travaux collectifs plus ou moins improvisés (voir la « série » L'OuBaPo par exemple) est bien sûr présent, en portier même, poste qu’il abandonne. Il est même le seul auteur à intervenir sous deux identités, puisque Frantico traverse même l’intrigue – un autre personnage faisant même une allusion à Trondheim à ce moment en clin d’œil, l’identité de Frantico n’étant pas forcément sue de tous à l’époque je pense. Au départ les auteurs/personnages se donnent rendez-vous dans une maison close donc. Heureusement, la plupart des auteures conviées à cet exercice s’écartent du rôle minable qui pouvait leur être réservé. Tous les auteurs jouent le jeu, et il est amusant de voir dialoguer des personnages aux personnalités et surtout aux traits très différents (l’ours de Nadja, l’oiseau de Trondheim, le chien enfantin de Ricard et des personnages plus « réalistes »), ça fonctionne plutôt bien. Surtout, quelques auteurs/personnages dynamisent le récit, comme Catherine Meurisse et sa raquette de badminton, Boulet et ses complexes, l’inénarrable Killofer en brute épaisse ou François Olislaeger, un des très rares auteurs que je ne connaissais pas et qui contourne la difficulté en cachant son personnage dans un carton – pour des scènes souvent savoureuses et amusantes. Certains auteurs sont plus en retrait (comme Gauld par exemple), mais seule Cestac m’a un peu déçu en faisant le service minimum (son personnage de femme à gros nez restant couché, avant d’être « éliminé » et de disparaitre). L’album est l’occasion d’une revue de pas mal d’auteurs indé (des compagnons oubapiens de Trondheim mais pas que), et j’ai agréablement été surpris par l’osmose qui a permis à tous ces auteurs/styles différents de faire mieux que cohabiter. La lecture est intéressante et plaisante, recommandable (même si l’album – au très grand format carré – ne se trouve pas facilement).

02/09/2025 (modifier)
Par pol
Note: 4/5
Couverture de la série Ulis
Ulis

Chouette, un nouvel album de Fabien Toulmé ! Si cet album est censé être une fiction, on sent quand même qu'il puise fortement son inspiration pas bien loin du quotidien de l'auteur. Et probablement de celui de sa fille trisomique, qui doit être scolarisée dans une classe adaptée. C'est de cet univers qu'il est question ici. L'histoire est celle d'Ivan, un informaticien en burn out, qui se reconvertir AESH : Accompagnant d'Elève en Situation de Handicap. On part de cette situation fictive pour plonger avec lui dans une Ulis. Une classe d'élèves qui cumulent difficultés scolaires, situations de handicap, problèmes de santé, difficultés d'attention, problèmes d'insertion... La plupart d'entre eux sont concernés par plusieurs de ces thématiques. Ivan est tout perdu au début. Il n'a pas les codes et ne sait pas comment se positionner face à ces enfants différents. Forcément cela crée des situations touchantes, parfois, amusantes d'autres fois. Mais l'album va au-delà de la relation qui se tisse entre ce nouvel accompagnant et les enfants. Il nous montre avec justesse les questionnements de cet adulte en plein doute dans sa vie. Bien sûr, comme on s'en doute, il permet aussi de découvrir ces classes spécialisées. Mais il permet surtout de mettre en lumière les difficultés rencontrées par les enseignants, avec un système qui s'épuise par manque de personnels et de moyens. C'est raconté très intelligemment, sans tomber dans la caricature. On s'attache aux personnages, on a envie que ça se passe bien, on a envie d'un happy end... Fabien Toulmé nous fait partager tout ça au rythme d'une année scolaire. Son dessin est, une fois de plus, hyper adapté pour raconter ce genre de récit et c'est le trait idéal pour rendre les personnages sympathiques. Au final, il nous livre une nouvelle fois un album très plaisant. Sur l'échelle de la larme à l'œil c'est juste en dessous de L'Odyssée d'Hakim ou Ce n'est pas toi que j'attendais, qui étaient tous les deux des histoires vraies. Ulis n'est sans doute pas aussi fort émotionnellement, mais c'est très bien quand même.

02/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Du bout des doigts
Du bout des doigts

J'ai beaucoup apprécié cette lecture sous forme d'une comédie fraîche et bien enlevée. Comme souvent chez Bonin l'aspect frivole cache des thématiques bien plus subtiles et profondes. La quête du bonheur mais surtout comment être vraiment soi-même si cela va à l'encontre de ce bonheur. Paul est un artiste peintre qui découvre que son talent n'est pas ce qu'il pensait et qu'il lui a été pratiquement imposé . La question de savoir si on se fait seul ou avec l'aide des autres touche chacun. C'est d'autant plus vrai que l'on aborde le domaine de la création artistique. Le récit est fluide tonique avec des personnages très attachants. L'ambiance des années soixante est très bien maîtrisée que ce soit par les décors, costumes ou comportements et dialogues. Le graphisme si particulier de l'auteur donne beaucoup d'expressivité aux personnages et la mise en couleur très chaude participe très bien à cette atmosphère feel good qui porte le récit. Une lecture très agréable

02/09/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Pereira prétend
Pereira prétend

Pierre-Henry Gomont est un auteur confirmé, dont je découvre petit à petit les œuvres. Il a pour lui son dessin très notable, avec un coup de crayon spécifique avec un travail des ombres, de voix-off et de pictogrammes illustratifs (notamment pour remplacer le texte). Je fais cette précision parce que c'est la principale qualité que j'ai vu dans le récit. L'adaptation en livre est très bien faite, je n'aurais rien à y reprocher, mais c'est la façon dont s'exprime visuellement le personnage qui m'a beaucoup plu. C'est les dialogues, menés de façon à nous tromper quant à l'interlocuteur, la façon dont les dessins soulignent les aspects les plus importants de l'état émotionnel du personnage, les ombres qui permettent d'exprimer ses sentiments, ou encore les cadrages qui jouent progressivement jusqu'à le perdre dans un décor. En fait, l'auteur a travaillé ses planches de façon à toujours pouvoir isoler son personnage lorsqu'il le faut, le rapprochant au plus près du lecteur et surtout le rendant attachant. La compassion est immédiate et accentuée par le travail graphique, le tout rehaussé par l'histoire qui prend place dans cette période du Portugal qui voit venir Salazar et son Estado Nuevo qui sera si délétère pour son pays. C'est de l'intérieur qu'on vit la paranoïa du personnage, la violence de l'oppression sourde et insidieuse, la vie qui s'échappe par petit bout ne laissant qu'une morne existence. En terme de BD, je ne peux qu'approuver. C'est bien construit, dynamique, saisissant alors que le rythme est lent et contemplatif, la BD sans grand coup d'éclat et sur un mode paisible alors que sous la surface tout est ardent. Une très bonne lecture !

02/09/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série Princesse Sara
Princesse Sara

Les libertés prises avec le roman de F.H. Burnett, la Petite Princesse, offrent une histoire certes inspirée mais très différente de celle que les jeunes des années 80 ont connu en regardant la série Princesse Sarah à la télé. En effet, le Londres Victorien mis en scène ici a des côtés légèrement steampunk avec notamment des automates aussi évolués que de très intelligents robots. De même, quoique cela soit aussi le cas dans le roman, la jeune Sara Crew fait preuve ici, grâce à son père, d'une richesse tellement immense qu'elle contraste fortement avec la malheureuse fillette dont je me souvenais dans le dessin animé. Pour ce qui est du premier cycle de 4 tomes, on s'écarte peu d'une rénovation (assez réussie) du scénario et le récit rejoint bien (hélas pour la pauvre Sara) la trame du roman et du dessin animé. Mais à partir du 5e tome et des cycles suivants, c'est une suite complètement originale qui est offerte par les auteurs qui exploitent à fond leur monde Steampunk. Le graphisme est de toute beauté. D'inspiration manga, il est très soigné, très détaillé tout en restant dynamique, et embelli de jolies couleurs. On y sent l'influence de l'école Italienne, celle ayant produit le couple Barbucci/Canepa (Sky-Doll) dans un style un peu différent. Les planches sont vraiment belles, et les superbes robes, les poupées et les décors de rêves auront de quoi charmer les jeunes lectrices. Oui, car je crois que le public logiquement visé par cette oeuvre est tout de même essentiellement les jeunes filles ou les femmes ayant gardé un coeur d'enfant. Les lecteurs mâles trouveront l'histoire bien menée et intéressante mais risqueront de tiquer devant les rêves de princesses et de poupées des petites héroïnes. En ce qui me concerne, j'ai trouvé la lecture très plaisante, le récit et les dialogues loin d'être niais, les personnages charismatiques et assez intéressants malgré le côté caricatural de certains d'entre eux (les méchants surtout), et le tout est tellement bien mis en valeur par le superbe dessin que je serais sot de repousser cette BD sous prétexte que c'est une histoire "pour les filles".

29/09/2009 (MAJ le 02/09/2025) (modifier)
Par Patoun
Note: 4/5
Couverture de la série Le Dieu-Fauve
Le Dieu-Fauve

Ayant volontairement ignoré tous échos quant à cette sortie et alors que je m’attendais à un récit 'bon enfant' à la simple vue de la 1ère de couverture, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir cette violence insoupçonnée et sans filtre au fur et à mesure de ma lecture ! C’est à minima du -12 ans ^^ Le premier chapitre en est d’ailleurs l’illustration parfaite puisqu’il s’achève, après une attendrissante introduction, sur une fin aussi féroce qu’inattendue. Non sans me déplaire je l’avoue. A ce propos, j’ai grandement apprécié cette narration où chaque chapitre se vit au travers du point de vue des différents protagonistes. On y découvre leur passé respectif ainsi que les motivations qui les pousse à agir tel quel à l’instant T de l’histoire. Ainsi, on se surprend à apprécier des personnages qui semblaient secondaires et sans grande consistance en début de lecture et qui finalement se révèlent plus complexes que pressenti. Et inversement. Côté graphique et malgré une empreinte numérique indéniable, on retrouve un trait souple et une colorisation plutôt douce accompagnant parfaitement ce récit dramatique. Une belle surprise !

02/09/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Pauvres bêtes ! - Voyage au coeur de la condition animale
Pauvres bêtes ! - Voyage au coeur de la condition animale

Des reportages parus dans Charlie Hebdo sur la condition animale. Lorsque j'ai feuilleté l'album, j'ai eu un peu peur parce qu'il y a beaucoup de textes et la narration ne semblait pas fluide...et puis au final ça se lit facilement ! Il faut dire que la plupart des sujets choisis par Coco m'ont intéressé. On a droit à plusieurs sujets sur les animaux très variés, comme la visite d'une animalerie, la corrida ou des jugements dans un tribunal par rapport à des affaires impliquant des animaux. Plusieurs reportages risquent de rendre des lecteurs furieux parce qu'on voit que même aujourd'hui à quel point un trop grand nombre d'humains considèrent encore les animaux comme des moins que rien sans droits. Heureusement, on voit parfois un coté plus positif avec ces organismes qui prennent soin d'eux comme la SPA. Comme je l'ai dit, les différents reportages se lisent bien et j'ai appris beaucoup durant ma lecture et j'ai souvent été surpris au cours de ma lecture en lisant des informations. Le dessin de Coco est sympathique et rend la lecture plus facile et agréable.

01/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Filles des Marins Perdus
Les Filles des Marins Perdus

J’ai entamé ma lecture sans avoir lu Le port des marins perdus, mais je vais m’y pencher à la vue de ce 1er bon contact. Les filles des marins perdus m’a fait l’effet d’une bd feel good. J’ai particulièrement apprécié le dessin et les couleurs, c’est clair, lisible, vivant et coloré, le format n’est pas un frein et les personnages sont bien croqués. L’histoire est fluide, les 2 chapitres de cette aventure s’attachent chacun à une pensionnaire de cette maison close pas comme les autres, avec en toile de fond un autre fil narratif plus politique de l’époque (toujours non résolu). C’est bien réalisé, le principe m’a fait penser à Immergés de Juncker mais ici avec une trame temporelle linéaire. Très sympa, j’ai passé un agréable moment en joyeuse compagnie. MàJ tome 2 : Les auteurs continuent dans la même veine, un plaisir de retrouver cet univers. Deux nouvelles pensionnaires sont mises à l’honneur, l’histoire amène les réponses aux questions en suspens du précédent. C’est toujours plein de charme et agréable à suivre. Léger mais plus que sympa et très bien réalisé. Encore un tome comme ça et j’augmenterai ma note, une série pleine de fraîcheur. MàJ tome 3 : Bon bah comme promis je passe remonter ma note. Non pas que ce 3eme tome soit spécialement au dessus des autres mais il reste dans la lignée de l’univers. Alors c’est sur, il ne faut pas être allergique au côté feel good ou autre facilité, les péripéties et les personnages n’en manquant pas. Un style dont je ne raffole pas d’habitude, mais ici c’est retranscrit avec tellement de talent que je suis emporté par l’aventure. Bien chouette à parcourir, je prends beaucoup de plaisir à sa lecture.

06/11/2022 (MAJ le 01/09/2025) (modifier)
Couverture de la série Saint-Exupéry - Le dernier vol
Saint-Exupéry - Le dernier vol

Pour moi, cette lecture est devenue une évidence. Hugo Pratt se devait de rencontrer Antoine de St Exupéry tellement il y a de parallèles entre les deux hommes. A y bien réfléchir c'est même à se demander si l'aviateur romancier (ou le contraire) n'a pas servi de modèle sur de nombreux points au marin aventurier maltais. En tout cas cet amour des espaces lointains, cette attirance pour des peuples indomptés, cette vie de trompe-la-mort, cette relation complexe avec les femmes, cette fidélité dans leurs valeurs humanistes et bien sûr cette poésie qui sourde de leurs propos et engagements sont partagés par les deux personnages. Au cours de ces 60 pages qui laissent aux biographes le soin des faits et des dates précises, Pratt plonge à la compréhension la plus intime de l'auteur du "Petit Prince". C'est plus facile d'accès si on connait un peu la vie de l'aviateur et la complexité du personnage. J'ai lu il y a peu Le Prince des oiseaux de haut vol de Philippe Girard. Je trouve que les deux lectures se complètent bien pour aborder les différentes facettes de St Ex. Enfin, j'ai découvert que cet album fut le dernier ou presque de Pratt comme si l'artiste voulait insister sur une possible fraternité qui unissait les deux hommes. Le graphisme épuré m'a toujours autant séduit. Il vise l'essentiel que l'on garde en mémoire quand il reste dix minutes à vivre. Une très belle surprise à redécouvrir.

01/09/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série La République du Crâne
La République du Crâne

Comme le disent beaucoup d'avis, je suis assez surpris (de façon positive) par le ton et la volonté de cette BD. La postface éclaire totalement le sens de lecture que l'auteur a voulu développer et très honnêtement, c'est une excellente démarche. Je suis très intéressé par l'Histoire de manière globale, et ce récit est une excellente façon de faire la relecture historique. Porté par des idées de redessiner l'histoire des pirates, entre les envies de les voir comme expérimentateurs de la démocratie (à la Marcus Rediker qui est cité en fin d'ouvrage) et la vision classique de pirates sanguinaires, barbares et voleurs qui parcourent les mers en tuant tout ce qui bouge. Comme souvent, la réalité est complexe, bien plus qu'on ne le voudrait. L'histoire de cet album est intrigante et prenante, mais elle est surtout l'occasion bien trouvée d'aborder nombre de sujets et mettre en lumière ce que put être l'utopie pirate dans les Caraïbes de cette période. J'ai notamment adoré la question des noirs qui est traité intelligemment notamment lorsque le récit ira jusqu'aux côtes de l'Afrique. De fait, après lecture je me suis rendu compte que le récit abordait intelligemment de nombreux points en les traitants à chaque fois en profondeur mais sans jamais vraiment les montrer au grand jour. C'est caché dans les coutures du scénario, mais le tout est prenant et l'on suit avec grand plaisir cette bande de marins sur les mers, faisant face à de nombreuses situations qu'ils ne contrôlent pas. Un récit de mer et de marins, de pirates et d'anglais (perfide Albion !), mis en couleur par un dessinateur qui sait ce qu'il fait et ne se contente pas de représenter les navires sous tout les angles. On navigue vraiment sur les terres aussi, notamment la côte africaine et c'est un plaisir de suivre les personnages attachants. Une très bonne lecture, un récit bien ficelé et riche en enseignement, une petite réussite !

31/08/2025 (modifier)