Les derniers avis (29255 avis)

Par Canarde
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Ada (Baldi)
Ada (Baldi)

Touchée. C'est l'état dans lequel je suis en refermant cet album. Pourtant c'est très court, il y a très peu de dialogues, l'histoire tient en une phrase . C'est le moment où une jeune fille devient adulte. Heureusement il y a des milliards de manière de devenir adulte, et celle-ci est dure, mais si belle... L'image est une énigme de beauté. C'est Baudelaire qui disait : " le beau est toujours bizarre", ici je ne saurais pas du tout décrire la technique employée, je pense que c'est on ne peut plus mixte, des pinceaux griffus, des touches d'ordinateur, beaucoup de talent et de sensibilité : c'est somptueux et décharné à la fois. Ça ma laisse bouche bée. La lumière du petit matin au bord de la forêt, La nuit noire, où on va chercher du bois dans la lumière de la cuisine... Un conseil pour les pères incultes et malheureux : ne tuez pas les chiens, cela ne fait qu'accélérer les choses... Et pour vous, débrouillez-vous pour lire cette BD au moins une fois, l'édition est très soignée, c'est un plaisir à tenir dans les mains. Cela peut aussi faire un très beau cadeau pour une jeune fille qui dessine, où une jeune fille qui a un père bête ou abandonné ou les deux à la fois. L'adresse est à ceux qui résistent...

07/03/2024 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série Whisky San
Whisky San

L'histoire de la création du Whisky japonais en suivant le parcours du créateur de l'une des deux grandes marques historiques du pays. Cela commence au tout début du XXe siècle dans une famille de brasseurs de saké. Influencé par le discours passionné de son grand-père maternel, le jeune Masataka va aller à l'encontre de la volonté conservatrice de son père de rejeter tout ce qui n'est pas tradition japonaise et se poser comme but dans la vie de devenir le premier créateur de whisky japonais. Il va s'associer avec Shinjiro Torii, un créateur de spiritueux déjà bien installé à l'époque, pour se faire financer un séjour en Ecosse et y apprendre les secrets de la distillation du whisky. Mais la vie est compliquée et son retour au Japon prendra suffisamment de temps pour faire finalement de ces deux hommes de futurs rivaux. C'est une biographie intéressante que les auteurs déroulent comme une saga familiale, un récit d'aventure entrepreneuriale mais aussi humaine, l'accent étant mis sur la relation du héros avec son père, puis avec Shinjiro Torii, de même que sur son amour avec sa femme écossaise, Rita Cowan qui le soutiendra toute sa vie. Le dessin d'Alicia Grande n'y est pas parfait, le trait étant légèrement anguleux et manquant un peu d'aisance et d'épaisseur, mais il est agréable et la mise en scène fonctionne très bien. Même s'il y a quelques petites longueurs ici et là, les auteurs évitent avec succès tous les côtés rébarbatifs des biographies classiques. On est plongé aux côtés de Masataka comme aux côtés d'un héros d'aventure classique, avec un parcours complexe et plein d'inattendu, du suspens sur comment il va réussir à atteindre son but et surmonter les difficultés qui se dressent soudain contre lui. Pour un néophyte comme moi, qui n'aime pas le whisky, cela m'a donné envie de le découvrir davantage, de le goûter à nouveau, de le sentir et d'y trouver les nombreuses notes de parfum que le héros et les autres protagonistes y perçoivent. J'ai en tout cas trouvé avec cet album un beau cadeau à faire à mon père, grand amateur de whisky. Note : 3,5/5

07/03/2024 (modifier)
Par yp
Note: 4/5
Couverture de la série Le Verrou
Le Verrou

Scénario : Dupa - Dessin : Éric ; Dargaud, coll. « Histoires fantastiques », 1987 Croyez vous aux fantômes ?.. Croyez vous aux esprits vengeurs ? L'un des personnages principaux de cette histoire, l'ingénieur Urbain Duradieu, dont l'esprit est plutôt cartésien n'y croyait pas non plus jusqu'à ce que les faits auxquels il se trouva confronté ne mettent à mal ses convictions. Le contexte historique du récit, la résignation ou la peur de la population, l'acharnement de certains individus muent par l'aveuglement et l'obsession font de cette histoire fantastique une belle réalisation. Le trait de crayon de Éric trace les scènes fortes de cet album. Dupa & Éric nous gratifie d'une histoire insolite qui nous interpelle sur la réalité des choses et l'interprétation que l'on en fait.

06/03/2024 (modifier)
Par yp
Note: 4/5
Couverture de la série Coup d'oeil
Coup d'oeil

Un artiste peintre voit sa vue décliner. Sur fond de IIIe Reich naissant, l'éthique devient secondaire et tout est permis en matière d'innovation scientifique. Ainsi, une greffe pourrait être envisagée malgré la méthode peu orthodoxe pour obtenir les greffons. La limite entre le bien et le mal devient aussi floue que celle qui existe entre le courage et la résignation, entre l'inconscience et la folie. Le duo Dupa & Éric fonctionne bien dans cette collection d'histoires fantastiques.

06/03/2024 (modifier)
Par yp
Note: 4/5
Couverture de la série Les Perdus de l'Empire
Les Perdus de l'Empire

Perdus de l’Empire Scénario : Franz - Dessin : Éric ; Le Lombard, coll. « Histoires et Légendes », 1990 Chaque terrain de guerre est un théâtre de dérive pour l'être humain. Que ce soit dans ses actions, dans son instinct de survie, dans son éthique, dans ses faiblesses, dans ses peurs, dans son inconscience, dans son rapport aux autres, l'humain démontre que, sans règles et sans respect, la vie prend pour lui, un chemin aléatoire et instinctif. Chaque soldat devient la victime de ses espoirs, de ses croyances et de ses actes. Dans la tourmente et dans l'enfer de la guerre, le quotidien de tout un chacun devient un cauchemar. Face au désespoir, quand l'être humain sent ses forces naturelles l'abandonner, il fait appel à des forces surnaturelles qui le dépassent et l'apaisent. Sur fond de guerres napoléoniennes, Éric et Franz nous entraînent dans un monde où se mêlent la folie et la peur, dans un univers où le fantastique vient tronquer ou sublimer nos repères. Cet album est composé de six histoires mettant en lumière un personnage perdu de l’Empire : Les aigles - Un village dans la neige - Ragot - Mamie Léonie - La colère d'Amédée - Temps de chien

06/03/2024 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Louise Michel - La Vierge Rouge
Louise Michel - La Vierge Rouge

A l’heure où j’écris ces lignes, « Louise Michel - La Vierge Rouge » est a priori la seule série référencée sur le site entièrement dédiée à cette héroïne de l’histoire Française. Louise Michel apparait dans certaines œuvres qui parlent de la Commune de Paris de manière plus générale (dans Communardes ! par exemple, ou encore dans le dernier cycle des Passagers du vent), mais n’est jamais au centre du récit. Erreur réparée par… une autrice britannique ! Un comble. Mary Talbot a réalisé un travaille de recherche incroyable (voir les nombreuses notes en fin d’album), et son récit est tout simplement passionnant. Il faut dire que Louise Michel est une femme formidable, aux idées très modernes, et dont la personnalité sans concession force le respect. Le gouvernement français la déporte en Nouvelle-Calédonie pour avoir pris la défense des opprimés… et que fait-elle ? elle prend la défense des Canaques, opprimés par les colons français, bien sûr. J’ai fait de nombreuses pauses lors de ma lecture, pour réfléchir à ses idées anarchistes et féministes. La narration est parfaite, et la mise en image de Bryan Talbot illustre parfaitement le propos. Mention spéciale pour les couleurs au lavis, avec des touches de rouge pour représenter le caractère révolutionnaire de la vie de Louise Michel. Une lecture éducative et passionnante, sur une femme formidable dont beaucoup de gens connaissent le nom (ne serait-ce que parce que de nombreuses rues et écoles portent son nom) mais dont on parle finalement peu en BD. Un album essentiel, que j’aimerais voir dans toutes les bibliothèques scolaires.

06/03/2024 (modifier)
Par Cleck
Note: 4/5
Couverture de la série Les Illuminés
Les Illuminés

"Les Illuminés" est une merveilleuse réussite visuelle de Dytar, une BD sur la poésie, mêlant un délicat trait charbonneux à une élégante trichromie de tons, au service de narrations enchevêtrées. Le scénariste Bollée a l'habileté d'évoquer la vie des trois poètes Rimbaud, Verlaine et Nouveau, à la manière d'un Barthes, en découpant de vagues fragments d'existence présentant les chassés-croisés des trois personnages à travers des bribes de tranches de vie. L'idée principale est d'esquisser une représentation fantasmée sinon mythologique (si l'on veut filer la métaphore barthienne) de l'univers de ces auteurs libres et maudits, d'en appeler à un imaginaire, de correspondre aux représentations que nous pouvons en avoir, usant de codes (les copains, l'alcool, les colères, les nuits enfiévrées, les cristallisations, l'amour déçu, la fuite du succès...) pour décrire le mythe fantasmé de l'artiste maudit et retracer ici la tortueuse digestion du recueil "Les Illuminations". Ces bribes de récits et la trichromie permettent de suivre sans gêne la narration, ce qui distingue clairement "Les Illuminés" du conceptuel Pour quelques degrés de plus, aussi parce que cette narration est d'une ampleur fort limitée, ce qui constitue là une première limite de l'œuvre. La seconde limite est liée au parti-pris clair et discutable dans la manière de nous présenter ces trois écorchés : pour le premier sous la belle aura du perdant magnifique, pour le second en tant que victime expiant son crime passionnel dans une auto-destruction résignée, pour le dernier comme un salop dont le talent n'a d'égal que l’égoïsme exacerbé. Un tel sujet ne pouvait engendrer une réussite complète, elle n'en demeure pas moins éclatante jusque dans ses imperfections fort à propos.

06/03/2024 (modifier)
Couverture de la série Mawda - Autopsie d'un crime d'Etat
Mawda - Autopsie d'un crime d'Etat

C’est une enquête journalistique que nous retrouvons ici, sur un drame doublé d’un scandale. Une jeune migrante a été tuée dans une course poursuite avec la police belge. Et ensuite les différents services policiers et les magistrats n’ont eu de cesse de nier les faits (l’enfant a été tué d’une balle en pleine tête tirée par un policier), voire de les travestir, avec le relais de la presse. L’action d’associations a permis aux parents traumatisés d’être défendus, et l’enquête d’un journaliste – dont le travail est repris ici – permet de démonter la version officielle. Cette histoire montre la froideur et l’iniquité du traitement des migrants (la famille que nous suivons a quitté le Kurdistan irakien pour fuir DAESH, mais aussi des représailles familiales : le retour du couple en Irak signifierait leur mort assurée). Elle montre aussi l’absence d’empathie des policiers et des autorités devant ces drames (voir la façon dont ont été traités les parents alors que leur fille gisait au milieu d’une mare de sang devant eux), mais aussi l’action systématique des pouvoirs publics pour couvrir les « bavures », quitte à diffuser des versions où les parents, de victimes, deviennent des monstres. La fabrication de l’impunité policière lorsqu’une « bavure » a eu lieu n’est pas sans rappeler de nombreuses affaires récentes en France. Et les réactions sur les réseaux sociaux citées ici font froide dans le dos : le racisme et la bêtise ordinaire s’y expriment sans filtre – et, accessoirement, sans sanctions ! Suite à l’action des associations, et à l’enquête du journaliste, un procès a eu lieu, lui aussi hélas édifiant. Le dossier final, factuel et très complet, donne toutes les pièces, et se révèle très instructif. Un album coup de poing, une belle enquête, sur une affaire qui est scandaleuse à plus d’un titre. Le dessin est simple et assez basique, mais il est très lisible et fait très bien le boulot. L'essentiel est ailleurs.

06/03/2024 (modifier)
Par Titanick
Note: 4/5
Couverture de la série Cercle vicieux
Cercle vicieux

Lécroart, c’est du bon ! Je n’avais pas encore lu ce petit bijou d’oubapo, tout en sachant plus ou moins à quoi m’attendre. Alors sans en dire plus, ok pour les cases, mais je ne savais pas que le texte fonctionnait aussi. J’adore ce genre de jeu, ça m’a bien fait marrer avec les allusions grivoises en plus. Alors c’est vrai que l’histoire et les dialogues fonctionnent mieux dans la seconde partie, c’est fait pour j’imagine. Une petite tranche de plaisir à lire (à relire et à faire lire) pour pas cher, ce qui ne gâte rien.

05/03/2024 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série The Ex-People
The Ex-People

« The Ex-People » est un conte dans lequel on pénètre avec un bonheur inégalé. Le scénario de Desberg est fluide et tous les ingrédients du genre sont présents, avec cette caractéristique qui ramène à l’enfance, à l’âge où l’imagination fait du merveilleux un univers infini et active parallèlement de délicieuses terreurs primitives, celles qu’on adore se raconter avant de dormir en frissonnant sous la couette protectrice. Comme pour Le Roi des oiseaux, Alexander Utkin a su retranscrire avec ses pinceaux la féérie du récit, et ils ont assurément quelque chose de magique, ces pinceaux ! Certains ne manqueront pas de juger le trait un peu naïf, qui défie les proportions et semble parfois grossier. Blaise, l’écuyer casqué, a une tête bien trop petite (ce qui néanmoins est logique puisqu’il n’a jamais pu retirer son casque depuis l’enfance) par rapport au corps, et ses membres sont bien trop longs. Et pourtant, cela n’est aucunement gênant puisque clairement c’est un parti pris de l’artiste, qui lui permet d’amplifier le mouvement et confère un certain dynamisme à la narration. Que l’on apprécie ou pas, tout cela est largement contrebalancé par une palette de couleurs tout à fait unique, qui nous avait déjà époustouflés dans « Le Roi des oiseaux ». On aimerait savoir combien de temps Utkin passe à rechercher la bonne nuance de tonalité, mais on aurait presque l’impression que ses champs chromatiques sont infinis ! De plus, des couleurs très diverses sont juxtaposées de façon très harmonieuse. Ce chamarrage original et surprenant explose dans la rétine et émerveille l’âme. Du point de vue de la narration, le premier volet est très bien mené, expliquant ce qui a conduit ces fantômes parias à s’unir sous la houlette de Blaise et Gertrude pour entreprendre une croisade vers Jérusalem, où ils pourraient trouver un moyen de se défaire du sortilège qui les accable. On pourra toutefois regretter un certain essoufflement dans le deuxième tome et une fin un peu confuse, ainsi qu’une légère incohérence qui voit Pervenche l’archère affectée comme ses compagnons d’une malédiction, mais une malédiction très particulière qui menace de la tuer – moi qui pensais que les fantômes ne pouvaient pas mourir une seconde fois, serais-je un peu tatillon du conte ? Bref, cela n’est pas non plus si gênant, mais même si le registre fantastique autorise toutes les libertés, on aurait aimé avoir plus d’éclaircissement sur cet aspect du récit, celui-ci s’avérant en fin de compte assez vain. Globalement, « The Ex-People » s’avère tout de même une lecture très agréable, en particulier grâce au dessin splendide qui reste le gros point fort de cet album, à qui il manque un petit plus narratif et un fond plus consistant pour en faire un conte inoubliable. Quoiqu’il en soit, Alexander Utkin demeure sans conteste un auteur à suivre.

04/03/2024 (modifier)