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Boris Mirroir est un auteur touche à tout (dessin, scénario, colorisation) sur divers projets et sous divers pseudos. J’aime assez ce qu’il fait, c’est souvent original.
Et c’est vraiment le cas ici. L’utilisation de personnages animaliers, avec très peu de paroles, un jeu sur les couleurs intéressant, on sort quelque peu des sentiers battus, alors même que le sujet, au fond, ressort du roman graphique classique.
Je ne sais pas jusqu’où tout ce qui est développé dans ces chapitres est autobiographique – cela semble le cas pour l’essentiel –, mais on peut se dire que l’auteur a cherché ici à exorciser certaines douleurs (il s’est pris quelques baffes dans la gueule !).
J’ai lu la série dans l’intégrale, d’une traite. L’album est joli. Épais, mais vite lu (peu de texte, une narration à l’économie, mais bien fichue, dynamique et captivante).
C’est une lecture recommandée.
Note réelle 3,5/5.
Une série lue vaguement dans ma prime jeunesse et où je n’avais pas saisi grand chose. Mais depuis, l’intégrale des années 2000 a réparé cette erreur, c’est vraiment une série que j’affectionne.
Terminé en 5 tomes, les auteurs ne rallongent pas la sauce inutilement, chaque album a son utilité et fait avancer l’histoire, cette dernière évoluant grandement entre la première et dernière page. Elle n’est pas sans défauts mais reste plaisante et originale (d’autant plus à l’époque de la parution).
Claire Wendling est une autrice rare et c’est bien dommage, son dessin fait partie intégrante du charme de la série. J’aime beaucoup son trait.
Une série qui vieillit très bien, et où l’intrigue et la partie graphique ne cessent d’évoluer (positivement) jusqu’à l’apothéose finale.
Je peux comprendre que ça ne plaise pas à tout le monde, mais perso je suis bien rentré dedans et j’ai trouvé le tout bien dépaysant.
C’est devenu un classique de mes étagères.
Le voyage d'un chef d'orchestre dans le Congo Belge de 1930 et sa rencontre avec un homme dont la sensibilité à la musique va l'épater.
J'ai toujours un malaise quand il s'agit de me raconter une histoire dans un pays colonisé où tout est parfait pour les colons blancs servis par les bons noirs bien dociles. Et pourtant, en parallèle, je ne peux m'empêcher d'être fasciné par ce paradis utopique pour l'homme blanc dans des décors africains grandioses. C'est l'effet Out of Africa, un film superbe où d'ailleurs le gramophone a aussi une importance cruciale dans le récit. Et là, même si les noirs sont précisément bien bons et serviables dans cette BD, c'est précisément leur belle âme, l'humour de l'une et la sensibilité de l'autre qui sont mis en avant, et qui seront une découverte majeure pour le vieux héros belge qui va les rencontrer. Et du coup, même si je reste sur mes quelques réticences à accepter une vision aussi enjolivée de la relation entre un blanc et un noir à cette époque, je ne peux m'empêcher de me laisser embarquer par la beauté des lieux, de l'histoire et des âmes qui les peuplent. D'autant que j'aime beaucoup le dessin, sa ligne claire et son esthétisme.
Bigre, 20 ans à la tête de bdtheque, et je n’ai jamais lu de BD de Eric Liberge. Lacune comblée grâce à « Fritz Lang le maudit », paru chez Les Arènes, et je ressors satisfait de ma lecture.
J’ai eu du mal à me faire à la narration, que j’ai trouvée un peu lourdingue. Les textes abondent, et les évènements s’enchainent un peu trop rapidement, donnant l’impression que les auteurs ont « casé » trop de contenu dans les 112 pages de cet album. Mais c’est bien le seul reproche que je ferai. J’ai trouvé l’histoire passionnante, avec ces deux trajectoires qui se croisent en fin d’album : la vie et carrière du réalisateur cinématographique Fritz Lang, et la montée en puissance de Hitler et du nazisme. Les réflexions sur le cinéma et son rôle dans ce contexte politique compliqué sont intéressantes et judicieuses.
J’ai beaucoup aimé le dessin de Liberge. Il fourmille de détails tout en restant très lisible, et le procédé qui consiste à mélanger des extraits des films de Fritz Lang avec la trame principale est habile et fonctionne à merveille.
Un excellent moment de lecture.
Le duo Yann-Surzhenko a réussi deux belles séries parallèles dans les mondes de Thorgal. Je trouve que "Louve" est au même niveau que Kriss ou la jeunesse du papa.
Louve est assez en retrait dans la série mère et la série qui lui est consacrée a peu de croisements avec l'originale. On peut donc la lire sans connaitre la série première.
Yann développe le propre monde de Louve à la fois merveilleux grâce à son don et fantastique car très ancré dans la mythologie nordique.
C'est un personnage nouveau, Azzalepstön, très bien construit qui va faire fil rouge des 7 épisodes. Louve sous la plume de Yann devient une enfant/ado à l'opposé d'un gentil Yakari.
Là où Yakari cherchait l'harmonie et la paix dans la nature et ses amis animaux, Louve est poursuivie par le chaos et la violence. Violence du conflit intérieur que vit Louve entre sa part animale et sa part sociale.
Mais aussi violence du passage enfance vers l'adolescence avec tout ce que cela implique sur son corps et vis à vis d'Aaricia.
Les hommes (Thorgal et Jolan) sont absents, comme souvent dans les familles, c'est donc aux femmes de prendre leur destin en main.
C'est bien fait et assez prenant. J'aime beaucoup le scénario de Yann même si le dénouement est assez banal au regard de tous les événements qui précèdent. Pas grave.
Comme pour la "Jeunesse" le dessin de Surzhenko est vraiment top. Il respecte l'esprit de Rosinski tout en imposant son très beau style personnel. Ses forêts sont angoissantes à souhait. Ses mondes fantastiques sont classiques mais bien travaillés dans les détails. Une mention particulière au monde du chaos du loup Fenrir avec son bestiaire même si regrette que l'on retombe toujours dans des grosses bêtes typées dinosaures.
Sur le coup Azzalepstön est un peu bêta et devrait retourner au CP, lol.
De très beaux éclairages dans ces aventures souvent nocturnes ou souterraines mettent en valeur ses belles couleurs.
Pour finir une petite question (dont je n'ai pas la réponse) pour les spécialistes : à votre avis qui est la mère de Skald, la maman rousse qui sauve Louve de Raïssa/Crow ?
Une lecture distrayante bien agréable
Tome 1: le rossignol
Lorsque le thriller rencontre la bande dessinée pour adulte, cela donne cela, un très bon album.
La couverture donne le ton sur cette histoire. Leone Frollo, avec sa série Casino n'a désormais plus le monopole des aventures se déroulant dans un bordel.
Gabriele Di Caro y a planté le décor de ce thriller, situé dans le Londres de la fin du 19ème siècle. Le dessin est particulièrement soigné pour une bd pour adulte, les dialogues nombreux ( voire trop), et les femmes aux poitrines opulentes ne manquent pas au fil des pages. Si les scènes de sexe sont très explicites, l'originalité de ce premier volume de cette série (qui en comptera 3) repose sur l'atmosphère glauque d'un Londres pas encore remis des soubresauts de Jack L'éventreur.
On suit avec intérêt l'enquête du commissaire Barnes sur les meurtres atroces, et les relations d'affaires entre Madame Fleury et le mystérieux Jenkins, qui se révèle au centre d’événements qui dépassent l'ensemble des protagonistes.
Un dessin réussi, une intrigue parfaitement dosée, bref un album qui mérite toute votre attention, mais à réserver à un public très averti, il va sans dire.
Tome 2: les coulisses
Lorsque la bd érotique rime avec excellence, cela donne "les arcanes de la maison Fleury".
Avec ce deuxième volume d'une série qui en comptera trois, Gabriele Di Caro nous offre une histoire qui ne cesse de balancer entre polar et érotisme.
Après un premier volume salué par la critique, l'auteur continue à déstabiliser le lecteur aussi bien dans la résolution de ces crimes qui ne cessent de toucher la maison Fleury , que dans le destin encore énigmatique de Pearl.
J'espère juste, au gré des éléments distillés au fil de cet opus, que le prochain volume ne verse pas vers un ésotérisme trop appuyé..
Au niveau dessin, les amateurs de ce genre de bd ne seront pas déçus, l'auteur ayant une certaine prédilection pour les femmes aux fortes poitrines.
Une série que j'ai suivi dès sa création album après album. Ce fût long mais que ce fût bon.
Le plus difficile pour une série, c'est la conclusion et ici, elle clos de façon remarquable les aventures de nos héros.
Cinq cycles de deux tomes avec pour thèmes les éléments de la culture japonaise : l'eau, la terre, l'air, le feu et le vide. Hub a pris une petite liberté puisque traditionnellement c'est le vent qui en fait parti, il est remplacé ici par l'air. Je chipote mais qui dit air ne dit pas forcément vent.
Un Japon médiéval, où vient se mêler du fantastique emprunté à son folklore.
Hub a créé un monde ordonné avec une petite troupe très hétéroclites : Okko le ronin, Noburo le guerrier mystérieux, Noshin le vieux moine et Tikku son disciple. Des héros dont les fortes personnalité nous seront dévoilées au fur et à mesure de leurs aventures, ainsi que leurs jeunesses.
Une narration maîtrisée, elle s'enchaîne naturellement sans accro avec quelques planches où on découvre un Tikku au crépuscule de sa vie. Quel plaisir de voyager dans ce Japon moyenâgeux où l'honneur est roi.
La partie graphique n'est pas en reste puisqu'elle évoque à la perfection cette période historique. Un trait fin, précis et dynamique, des personnages qui ne se ressemblent pas, des cases aux décors foisonnant de détails. Et surtout un soucis de l'authenticité poussé à l'extrême. Sublime !
Pas culte, mais vraiment pas loin.
Note réelle : 4,5.
A lire au moins une fois dans sa vie.
Rabaté a pas mal utilisé dans ses séries cet arrière-plan social déclassé, nous a souvent présenté de belles brochettes de débiles, beaufs et autres abrutis, dans une vision qui n’est pas toujours assez équilibrée pour éviter la méchanceté gratuite contre les « pauvres gens ».
Mais ici je trouve que ça passe bien. L’univers familial dans lequel se déroule l’histoire est atroce (proche de ce qu’il montrait dans Le Linge sale). On y retrouve pas mal de la famille Groseille ou, pour rester dans la BD, de la famille de Colombe dans Colombe et la Horde de Hureau. Un fil rouge aussi qui fait penser au film « Le viager », de Tchernia et Goscinny, puisque notre famille attend impatiemment – en essayant d’aider le sort – la mort d’une vieille pour hériter de sa baraque.
Dès le départ on est plongé dans la fange de ces cas sociaux au QI assez faible. Mais Rabaté nous laisse respirer, avec de l’humour (situations, dialogues) et réussit à se renouveler (j’ai lu la série d’une traite dans l’intégrale - qui est en Noir et Blanc). On ne s’ennuie jamais.
La lecture est assez jouissive, amusante, les personnages sont assez gratinés, avec de faux airs de Pieds Nikelés du pauvre.
Avec Partitions irlandaises, Kris retrouve un cadre qu’il semble particulièrement apprécier. Je ne m’en plaindrai pas, l’Irlande m’a toujours attiré alors même que je n’ai jamais pu me défaire de l’idée qu’il y avait un aspect romanesque dans une guerre civile pourtant bien réelle et meurtrière.
Kris ne déroge d’ailleurs pas à cette vision romancée puisqu’il associe ici une histoire d’amour aux accents très classiques (shakespeariens, serais-je tenté de dire) avec un contexte historique et social violent. Nous sommes donc ainsi plongés dans le Belfast du XXIème siècle (juste avant le Brexit), alors que les tensions entre catholiques et protestants sont toujours bien présentes, et risquent même d’à nouveau déboucher sur une guerre civile. Le climat est tendu malgré la chaleur qui se dégage de rencontres. Nous sommes ainsi toujours au bord du précipice, admirant le paysage (les scènes dans les pubs, le match de football gaélique, la romance entre nos Roméo et Juliette) mais bien conscients que tout peut s’écrouler à tout instant (et c’est ce qu’il va bien entendu se passer à la fin de ce premier volet). C’est très classique comme récit mais terriblement efficace tant les personnages parviennent à nous toucher. La narration à la première personne (qui passe de Tim à Mary en fonction des circonstances) favorise l’empathie, une empathie encore accentuée par le caractère de looser désabusé de Tim et celui bien trempé et décidé de Mary, une femme forte et fragile à la fois (oui, je sais, que du classique déjà vu mais que j’aime toujours autant).
Le dessin de Vincent Bailly est très brut, pas toujours précis mais il dégage une âme et une chaleur (en grosse partie due à la colorisation) et son côté brut et sans fioritures convient bien à l’histoire qui nous est racontée.
J’attends déjà la suite avec impatience !
Une très belle ambiance dans cet album qui nous entraine dans un voyage introspectif familial. Deux frères et leur sœur partent à la recherche de leur père qui a quitté sa maison de retraite sans explication. Ils prennent la route, ne sachant pas ce qui lui est arrivé. A la fois inquiets et agacés par l’attitude du vieil homme - qui a quand même pris soin d’emporter sa brosse à dents - ils roulent sur une autoroute américaine croisant tous les éléments que l’on connaît bien : les diners, les motels, les stations-service et les paysages désertiques écrasés de soleil. Mais le trio n’est pas au bout de ses surprises…
Au premier abord, c’est assez classique mais très vite on est emporté par le récit de Cosey qui, comme dans « Le voyage en Italie », nous confronte aux souvenirs de famille dans un superbe décor aux couleurs lumineuses. Le père va donner à ses enfants une très belle leçon de vie et de résilience. J’ai retrouvé dans cet album tout ce que j’aime chez Cosey : la lenteur du récit, les questions laissées en suspens, le temps long du voyage qui laisse aux personnages le temps de se retrouver, de redécouvrir les failles de chacun et de révéler leurs propres fêlures. Un très beau moment de lecture.
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Boris Mirroir est un auteur touche à tout (dessin, scénario, colorisation) sur divers projets et sous divers pseudos. J’aime assez ce qu’il fait, c’est souvent original. Et c’est vraiment le cas ici. L’utilisation de personnages animaliers, avec très peu de paroles, un jeu sur les couleurs intéressant, on sort quelque peu des sentiers battus, alors même que le sujet, au fond, ressort du roman graphique classique. Je ne sais pas jusqu’où tout ce qui est développé dans ces chapitres est autobiographique – cela semble le cas pour l’essentiel –, mais on peut se dire que l’auteur a cherché ici à exorciser certaines douleurs (il s’est pris quelques baffes dans la gueule !). J’ai lu la série dans l’intégrale, d’une traite. L’album est joli. Épais, mais vite lu (peu de texte, une narration à l’économie, mais bien fichue, dynamique et captivante). C’est une lecture recommandée. Note réelle 3,5/5.
Les Lumières de l'Amalou
Une série lue vaguement dans ma prime jeunesse et où je n’avais pas saisi grand chose. Mais depuis, l’intégrale des années 2000 a réparé cette erreur, c’est vraiment une série que j’affectionne. Terminé en 5 tomes, les auteurs ne rallongent pas la sauce inutilement, chaque album a son utilité et fait avancer l’histoire, cette dernière évoluant grandement entre la première et dernière page. Elle n’est pas sans défauts mais reste plaisante et originale (d’autant plus à l’époque de la parution). Claire Wendling est une autrice rare et c’est bien dommage, son dessin fait partie intégrante du charme de la série. J’aime beaucoup son trait. Une série qui vieillit très bien, et où l’intrigue et la partie graphique ne cessent d’évoluer (positivement) jusqu’à l’apothéose finale. Je peux comprendre que ça ne plaise pas à tout le monde, mais perso je suis bien rentré dedans et j’ai trouvé le tout bien dépaysant. C’est devenu un classique de mes étagères.
Tourne-disque
Le voyage d'un chef d'orchestre dans le Congo Belge de 1930 et sa rencontre avec un homme dont la sensibilité à la musique va l'épater. J'ai toujours un malaise quand il s'agit de me raconter une histoire dans un pays colonisé où tout est parfait pour les colons blancs servis par les bons noirs bien dociles. Et pourtant, en parallèle, je ne peux m'empêcher d'être fasciné par ce paradis utopique pour l'homme blanc dans des décors africains grandioses. C'est l'effet Out of Africa, un film superbe où d'ailleurs le gramophone a aussi une importance cruciale dans le récit. Et là, même si les noirs sont précisément bien bons et serviables dans cette BD, c'est précisément leur belle âme, l'humour de l'une et la sensibilité de l'autre qui sont mis en avant, et qui seront une découverte majeure pour le vieux héros belge qui va les rencontrer. Et du coup, même si je reste sur mes quelques réticences à accepter une vision aussi enjolivée de la relation entre un blanc et un noir à cette époque, je ne peux m'empêcher de me laisser embarquer par la beauté des lieux, de l'histoire et des âmes qui les peuplent. D'autant que j'aime beaucoup le dessin, sa ligne claire et son esthétisme.
Fritz Lang le maudit
Bigre, 20 ans à la tête de bdtheque, et je n’ai jamais lu de BD de Eric Liberge. Lacune comblée grâce à « Fritz Lang le maudit », paru chez Les Arènes, et je ressors satisfait de ma lecture. J’ai eu du mal à me faire à la narration, que j’ai trouvée un peu lourdingue. Les textes abondent, et les évènements s’enchainent un peu trop rapidement, donnant l’impression que les auteurs ont « casé » trop de contenu dans les 112 pages de cet album. Mais c’est bien le seul reproche que je ferai. J’ai trouvé l’histoire passionnante, avec ces deux trajectoires qui se croisent en fin d’album : la vie et carrière du réalisateur cinématographique Fritz Lang, et la montée en puissance de Hitler et du nazisme. Les réflexions sur le cinéma et son rôle dans ce contexte politique compliqué sont intéressantes et judicieuses. J’ai beaucoup aimé le dessin de Liberge. Il fourmille de détails tout en restant très lisible, et le procédé qui consiste à mélanger des extraits des films de Fritz Lang avec la trame principale est habile et fonctionne à merveille. Un excellent moment de lecture.
Les Mondes de Thorgal - Louve
Le duo Yann-Surzhenko a réussi deux belles séries parallèles dans les mondes de Thorgal. Je trouve que "Louve" est au même niveau que Kriss ou la jeunesse du papa. Louve est assez en retrait dans la série mère et la série qui lui est consacrée a peu de croisements avec l'originale. On peut donc la lire sans connaitre la série première. Yann développe le propre monde de Louve à la fois merveilleux grâce à son don et fantastique car très ancré dans la mythologie nordique. C'est un personnage nouveau, Azzalepstön, très bien construit qui va faire fil rouge des 7 épisodes. Louve sous la plume de Yann devient une enfant/ado à l'opposé d'un gentil Yakari. Là où Yakari cherchait l'harmonie et la paix dans la nature et ses amis animaux, Louve est poursuivie par le chaos et la violence. Violence du conflit intérieur que vit Louve entre sa part animale et sa part sociale. Mais aussi violence du passage enfance vers l'adolescence avec tout ce que cela implique sur son corps et vis à vis d'Aaricia. Les hommes (Thorgal et Jolan) sont absents, comme souvent dans les familles, c'est donc aux femmes de prendre leur destin en main. C'est bien fait et assez prenant. J'aime beaucoup le scénario de Yann même si le dénouement est assez banal au regard de tous les événements qui précèdent. Pas grave. Comme pour la "Jeunesse" le dessin de Surzhenko est vraiment top. Il respecte l'esprit de Rosinski tout en imposant son très beau style personnel. Ses forêts sont angoissantes à souhait. Ses mondes fantastiques sont classiques mais bien travaillés dans les détails. Une mention particulière au monde du chaos du loup Fenrir avec son bestiaire même si regrette que l'on retombe toujours dans des grosses bêtes typées dinosaures. Sur le coup Azzalepstön est un peu bêta et devrait retourner au CP, lol. De très beaux éclairages dans ces aventures souvent nocturnes ou souterraines mettent en valeur ses belles couleurs. Pour finir une petite question (dont je n'ai pas la réponse) pour les spécialistes : à votre avis qui est la mère de Skald, la maman rousse qui sauve Louve de Raïssa/Crow ? Une lecture distrayante bien agréable
Les Arcanes de la Maison Fleury
Tome 1: le rossignol Lorsque le thriller rencontre la bande dessinée pour adulte, cela donne cela, un très bon album. La couverture donne le ton sur cette histoire. Leone Frollo, avec sa série Casino n'a désormais plus le monopole des aventures se déroulant dans un bordel. Gabriele Di Caro y a planté le décor de ce thriller, situé dans le Londres de la fin du 19ème siècle. Le dessin est particulièrement soigné pour une bd pour adulte, les dialogues nombreux ( voire trop), et les femmes aux poitrines opulentes ne manquent pas au fil des pages. Si les scènes de sexe sont très explicites, l'originalité de ce premier volume de cette série (qui en comptera 3) repose sur l'atmosphère glauque d'un Londres pas encore remis des soubresauts de Jack L'éventreur. On suit avec intérêt l'enquête du commissaire Barnes sur les meurtres atroces, et les relations d'affaires entre Madame Fleury et le mystérieux Jenkins, qui se révèle au centre d’événements qui dépassent l'ensemble des protagonistes. Un dessin réussi, une intrigue parfaitement dosée, bref un album qui mérite toute votre attention, mais à réserver à un public très averti, il va sans dire. Tome 2: les coulisses Lorsque la bd érotique rime avec excellence, cela donne "les arcanes de la maison Fleury". Avec ce deuxième volume d'une série qui en comptera trois, Gabriele Di Caro nous offre une histoire qui ne cesse de balancer entre polar et érotisme. Après un premier volume salué par la critique, l'auteur continue à déstabiliser le lecteur aussi bien dans la résolution de ces crimes qui ne cessent de toucher la maison Fleury , que dans le destin encore énigmatique de Pearl. J'espère juste, au gré des éléments distillés au fil de cet opus, que le prochain volume ne verse pas vers un ésotérisme trop appuyé.. Au niveau dessin, les amateurs de ce genre de bd ne seront pas déçus, l'auteur ayant une certaine prédilection pour les femmes aux fortes poitrines.
Okko
Une série que j'ai suivi dès sa création album après album. Ce fût long mais que ce fût bon. Le plus difficile pour une série, c'est la conclusion et ici, elle clos de façon remarquable les aventures de nos héros. Cinq cycles de deux tomes avec pour thèmes les éléments de la culture japonaise : l'eau, la terre, l'air, le feu et le vide. Hub a pris une petite liberté puisque traditionnellement c'est le vent qui en fait parti, il est remplacé ici par l'air. Je chipote mais qui dit air ne dit pas forcément vent. Un Japon médiéval, où vient se mêler du fantastique emprunté à son folklore. Hub a créé un monde ordonné avec une petite troupe très hétéroclites : Okko le ronin, Noburo le guerrier mystérieux, Noshin le vieux moine et Tikku son disciple. Des héros dont les fortes personnalité nous seront dévoilées au fur et à mesure de leurs aventures, ainsi que leurs jeunesses. Une narration maîtrisée, elle s'enchaîne naturellement sans accro avec quelques planches où on découvre un Tikku au crépuscule de sa vie. Quel plaisir de voyager dans ce Japon moyenâgeux où l'honneur est roi. La partie graphique n'est pas en reste puisqu'elle évoque à la perfection cette période historique. Un trait fin, précis et dynamique, des personnages qui ne se ressemblent pas, des cases aux décors foisonnant de détails. Et surtout un soucis de l'authenticité poussé à l'extrême. Sublime ! Pas culte, mais vraiment pas loin. Note réelle : 4,5. A lire au moins une fois dans sa vie.
Les Pieds dedans
Rabaté a pas mal utilisé dans ses séries cet arrière-plan social déclassé, nous a souvent présenté de belles brochettes de débiles, beaufs et autres abrutis, dans une vision qui n’est pas toujours assez équilibrée pour éviter la méchanceté gratuite contre les « pauvres gens ». Mais ici je trouve que ça passe bien. L’univers familial dans lequel se déroule l’histoire est atroce (proche de ce qu’il montrait dans Le Linge sale). On y retrouve pas mal de la famille Groseille ou, pour rester dans la BD, de la famille de Colombe dans Colombe et la Horde de Hureau. Un fil rouge aussi qui fait penser au film « Le viager », de Tchernia et Goscinny, puisque notre famille attend impatiemment – en essayant d’aider le sort – la mort d’une vieille pour hériter de sa baraque. Dès le départ on est plongé dans la fange de ces cas sociaux au QI assez faible. Mais Rabaté nous laisse respirer, avec de l’humour (situations, dialogues) et réussit à se renouveler (j’ai lu la série d’une traite dans l’intégrale - qui est en Noir et Blanc). On ne s’ennuie jamais. La lecture est assez jouissive, amusante, les personnages sont assez gratinés, avec de faux airs de Pieds Nikelés du pauvre.
Partitions irlandaises
Avec Partitions irlandaises, Kris retrouve un cadre qu’il semble particulièrement apprécier. Je ne m’en plaindrai pas, l’Irlande m’a toujours attiré alors même que je n’ai jamais pu me défaire de l’idée qu’il y avait un aspect romanesque dans une guerre civile pourtant bien réelle et meurtrière. Kris ne déroge d’ailleurs pas à cette vision romancée puisqu’il associe ici une histoire d’amour aux accents très classiques (shakespeariens, serais-je tenté de dire) avec un contexte historique et social violent. Nous sommes donc ainsi plongés dans le Belfast du XXIème siècle (juste avant le Brexit), alors que les tensions entre catholiques et protestants sont toujours bien présentes, et risquent même d’à nouveau déboucher sur une guerre civile. Le climat est tendu malgré la chaleur qui se dégage de rencontres. Nous sommes ainsi toujours au bord du précipice, admirant le paysage (les scènes dans les pubs, le match de football gaélique, la romance entre nos Roméo et Juliette) mais bien conscients que tout peut s’écrouler à tout instant (et c’est ce qu’il va bien entendu se passer à la fin de ce premier volet). C’est très classique comme récit mais terriblement efficace tant les personnages parviennent à nous toucher. La narration à la première personne (qui passe de Tim à Mary en fonction des circonstances) favorise l’empathie, une empathie encore accentuée par le caractère de looser désabusé de Tim et celui bien trempé et décidé de Mary, une femme forte et fragile à la fois (oui, je sais, que du classique déjà vu mais que j’aime toujours autant). Le dessin de Vincent Bailly est très brut, pas toujours précis mais il dégage une âme et une chaleur (en grosse partie due à la colorisation) et son côté brut et sans fioritures convient bien à l’histoire qui nous est racontée. J’attends déjà la suite avec impatience !
Orchidea
Une très belle ambiance dans cet album qui nous entraine dans un voyage introspectif familial. Deux frères et leur sœur partent à la recherche de leur père qui a quitté sa maison de retraite sans explication. Ils prennent la route, ne sachant pas ce qui lui est arrivé. A la fois inquiets et agacés par l’attitude du vieil homme - qui a quand même pris soin d’emporter sa brosse à dents - ils roulent sur une autoroute américaine croisant tous les éléments que l’on connaît bien : les diners, les motels, les stations-service et les paysages désertiques écrasés de soleil. Mais le trio n’est pas au bout de ses surprises… Au premier abord, c’est assez classique mais très vite on est emporté par le récit de Cosey qui, comme dans « Le voyage en Italie », nous confronte aux souvenirs de famille dans un superbe décor aux couleurs lumineuses. Le père va donner à ses enfants une très belle leçon de vie et de résilience. J’ai retrouvé dans cet album tout ce que j’aime chez Cosey : la lenteur du récit, les questions laissées en suspens, le temps long du voyage qui laisse aux personnages le temps de se retrouver, de redécouvrir les failles de chacun et de révéler leurs propres fêlures. Un très beau moment de lecture.