Un manga horrifique comme je l'aime.
Dans le futur, un groupe d'étudiant sont en voyage dans l'espace et tout va bien jusqu'à ce que le vaisseau soit victime d'une catastrophe qui va l'endommager et il y a rien à faire sauf attendre et espérer que les secours arrivent avant le manque d'oxygène... On sait déjà que cela va mal se finir parce qu'on suit un groupe de pilleurs de vaisseaux qui sont tombés sur le journal d'un des étudiants, mais cela reste un scénario qui contient des surprises et des retournements de situations tout le long des 3 tomes.
Le scénario est prenant et l'auteur explore bien ce qui peut arriver lorsque des ados sont laissé à eux-mêmes dans une situation où un seul a une chance de survivre. On va aborder plusieurs thèmes qui sont bien utilisés, j'ai aimé l'ambiance huis-clos du vaisseau et il y a une bonne ambiance qui se dégage du dessin. L'intrigue se passe dans un futur où la terre est dirigée par une dictature. On ne voit pas grand chose de ce qui se passe sur Terre et dans les colonies, mais l'auteur distille bien les informations et on comprend facilement la situation actuelle des humains dans cet univers.
Je regrette toutefois que certains élèves soient un peu difficiles à différencier et aussi par moment on dirait qu'il y avait des nouveaux élèves qui semblaient sortir de nulle part. On tombe aussi sur le cliché du récit se passant dans le passé narré par une personne et il y a des scènes sans le narrateur !
Aimer les filles ou les garçons, c'est aimer de toute façon.
On va découvrir au travers plusieurs histoires le parcours d'une jeune fille, Ichiko. On va suivre son parcours amoureux de lesbienne aux travers différentes thématiques (certaines ne sont pas spécifiques à l'homosexualité) : le coming out, le premier amour, le regard des autres, la jalousie, le plaisir de la chair, la peur d'être rejetée, la relation à distance. Bref, la découverte de soi, un passage obligé pour grandir.
Évidemment, pour apprécier cette lecture il faut un minimum aimer la romance, ce qui est mon cas. J'ai trouvé Ichiko très touchante, on ressent ses doutes et ses questionnements de jeune fille (on ne peut pas lui demander de penser comme une personne de 30/40 ans) qui va entrer dans le monde des adultes. Ici, pas de pupilles bandées ou de biceps amoureux mais plutôt un sourire qui pleure. Le ton est léger et les dialogues sont justes. Alors oui, elles font souvent l'amour, mais n'est-ce pas de leur âge ?
Graphiquement, un dessin qui m'a charmé avec son trait simple, fin et épuré.
Une belle lecture.
Ce n'est pas le premier Darryl Cunningham que je lis, et même si je ne suis pas en total accord avec lui sur certains points, je reconnais que ses documentaires ont l'avantage de ne pas être trop partisans, permettant ainsi de toucher un plus large public par des faits examinés scrupuleusement.
Cette BD est un bon pendant à d'autres sur l'économie (je pense à Economix, Capital & Idéologie ou encore La Survie de l'Espèce) avec une centralisation ici sur le néolibéralisme et la façon dont celui-ci a conduit à la crise bancaire de 2008. La BD s'ouvre de manière originale en présentant une autrice que je ne connaissais pas, mais qui a eu une pensée politique importante dans la construction de plusieurs personnes devenues par la suite importantes dans la politique américaine. Et franchement, cette dame fait froid dans le dos. Son discours, sa pensée, sa façon d'être la font passer pour une fasciste s'imaginant libératrice de l'humanité. Une femme impressionnante, mais pas dans le bon sens du terme.
C'est assez originale de présenter cette autrice en premier lieu, puisque cette idéologie de l'égoïsme est ce qui transparait par la suite. Sauf que finalement, les crises (notamment donc celle de 2008) présentent bel et bien les limites de ces pensées. Le déroulé du discours est glaçant, en même temps qu'il montre implacablement l'incapacité du néo-libéralisme à tenir ses promesses. Ce qu'il crée comme monde, nous le connaissons désormais bien : l'enrichissement des plus riches, l'appropriation du monde par une petite élite, la privatisation de tout, le délaissement de tout ceux qui n'ont rien. La plus belle dystopie que le monde capitaliste pouvait nous vendre ...
Cette BD est franchement bien faite, malgré son dessin simplifié au maximum. L'exposé est clair, démontrant dès l'origine les défauts de cette pensée et du système qui le défend. Les trois parties, bien équilibrées et très claires dans leurs propositions, mettent en lumière tous les rouages qui se sont imbriqués les uns dans les autres jusqu'à un final incroyable. Décortiquer l'opposition droite-gauche sous un angle psychologique est assez fou, même si je trouve que sa démonstration semble vouloir proposer un sophisme du juste milieu ("Nous avons besoin des deux"). En tout cas, malgré plusieurs lectures à ce sujet, j'ai encore appris des choses. Et surtout, j'ai été étonné de découvrir Alan Greenspan surpris que sa pensée politique soit finalement mauvaise, après quarante années à la défendre.
Je retirerais surtout de cette BD que l'égoïsme est lié par essence au néo-libéralisme, mais aussi que Ayn Rand est l'autrice préférée de Donald Trump. Et que si la pensée de gauche a disparu de nos radars, il nous appartient de faire renaitre dans l'espace public la défense de l'entraide et de la solidarité.
Je connaissais le Zidrou humoriste, policier, fantastique voire historique ou presque gore (Marina) et même au centre d'une polémique de stéréotype raciste, mais je n'avais pas encore rencontré le Zidrou poète. C'est chose faite avec cette série qui m'a vraiment beaucoup plu. Les auteurs nous proposent un véritable poème (romantique) d'amour chargé d'une belle émotion. Sa construction est assez étonnante. J'ai emprunté ce volume dans la section jeunesse et effectivement cela débute sur un mode d'illustrations d'un conte pour enfants sur un sujet que je ne connaissais pas: la poste maritime. Cette accroche m'a tout de suite intéressé d'autant qu'elle introduit la thématique principale sur l'amour de la mer et l'amour de son métier. Comme ce poème est aussi conte, le fantastique a droit de cité dans la rencontre avec une baleine vieille comme la terre et la culture humaine. Puis le réalisme reprend ses droits avec un amour à sa belle et quelques planches surprenantes si on les imagine entre les mains de jeunes enfants. Malheureusement même par une belle nuit de mai, les chants les plus beaux … Zidrou se fait alors porteur de la poésie Romantique où la souffrance ( d'un accouchement par césarienne ?) est moteur de la création la plus belle.
Il serait injuste de réduire cette œuvre au travail de Zidrou tellement le graphisme de Judith Vanistendael apporte à la série. Ses peintures sont à la fois belles et touchantes. Judith propose un équilibre subtil entre l'illustration posée et le dynamisme des cases BD. C'est une succession de temps forts et de temps faibles qui nous conduit à travers la houle et le danger de vivre toujours présents.
Une œuvre surprise bien plus riche qu'il n'y paraît et à découvrir. J'ai été complétement sous le charme.
Je me suis vraiment régalé à lire cette série pleine de fraicheur. A travers un scénario d'une grande fluidité les autrices mettent en valeur la thématique du mérite. Flavia expérimente la fameuse maxime sur le génie "1% d'inspiration et le reste de transpiration". Manon Heugel fait de sa petite brésilienne issue d'une favela de Belem une illustration parfaite, touchante et crédible d'un tel parcours. Le second personnage clé de la série est l'Ecole Normale de Musique de Paris qui forme dans l'excellence les concertistes de musique classique. Sans tomber dans un côté documentaire aride les auteurs dépeignent avec une belle humanité le très difficile apprentissage vers l'excellence. Le côté universel du langage de la musique est bien rendu par cette population étudiante issue d'un nombre important de pays. Les autrices y glissent aussi une chronique très réaliste de la vie étudiante où recherche d'argent , isolement de la famille ou attirances sentimentales trouvent une petite place dans un quotidien qui ne tolère pas de relâchement.
Le graphisme de Kim Consigny au trait fin donne une allure de reportage à cette histoire. La narration graphique développe ainsi une grande tonicité . Sa belle fluidité vous colle à ce récit qui propose de très belles valeurs sans être guimauve à mes yeux. Une mise en couleur classique mais adéquat participe au grand plaisir que j'ai eu à lire cette série.
Cette série relate les rencontres de l'auteure marocaine Leïla Slimani à la suite de son essai sur la sexualité des femmes marocaines. Le récit s'appuie sur des témoignages souvent bouleversants de femmes qui rencontrent de grandes difficultés à vivre une sexualité épanouissante et libre. Elle souligne ainsi les contradictions au sein d'une société qui doit équilibrer progressisme et tradition dans le respect de l'Islam. Il y a beaucoup de passages très intéressants même si je me suis senti en dehors de la thématique. La réflexion et le débat portés par Slimani s'adressent avant tout aux législateurs de son pays. Le message est aussi fort envers ses compatriotes masculins pour qu'ils s'interrogent sereinement sur leur position vis à vis de la sexualité féminine.
Le graphisme de Laetitia Coryn est très classique parfois un peu scolaire et rigide mais il accompagne très bien un texte fourni et intelligent. Comme il y a beaucoup d'entretiens cela produit un visuel un peu statique mais la multiplication des témoignages permet une dynamique qui favorise la narration.
Une lecture intéressante pour un ouvrage courageux.
Je pousse un peu ma note pour tirer le général vers le haut. 3.5 me convient bien
Dans un royaume qui rappelle la France de Versailles, une jeune noble sans le sou mais volontaire et intelligente quitte sa famille pour devenir demoiselle de compagnie de la reine. Elle va découvrir les manigances qui se trament dans les alcôves du château et devra mettre en action toute sa finesse d'esprit et sa bonté d'âme pour s'en sortir et aider le vieux roi. Quitte pour cela à jouer le rôle de bouffon du royaume...
J'ai passé un excellent moment à la lecture de cette BD. Ce que je croyais au départ être la trame d'une aventure historique se rapproche en définitive bien plus du conte pour la jeunesse. Il y a des méchants pas trop méchants, des gentils un peu naïfs, un cadre de palais entre le conte de fées et le Versailles du Roi Soleil, et une héroïne très débrouillarde qui réussit à se sortir de toutes les péripéties par son astuce, sa maîtrise de la langue française, son ouverture d'esprit et sa générosité. C'est une aventure empreinte de bienveillance, peuplée de personnages charmants, de situations pleines de finesse et d'humour, et d'une tonalité aérienne qui illumine la lecture. Le dessin, lui aussi, s'épanouit dans une légèreté lumineuse qui réchauffe le cœur et suscite le sourire.
Une lecture chaleureuse, divertissante, dépaysante et pleine d'optimisme. Pour tous publics, même si je trouve que la cible principale est aux alentours de 12 ou 13 ans.
Belle claque, rien d'autre à dire.
Si, bien sûr qu'il y a des choses à dire.
Déjà, la figure de la sorcière est à mes yeux fascinante, à la fois conséquence de la diabolisation des femmes et des sciences rejetées par les religions monothéistes, et figure monstrueuse (ou en tout cas vue comme telle) sous forme humaine, elle est source de bons nombres de bonnes histoires. Ici, la sorcière est utilisée pour symboliser la peur, la peur d'autrui, la peur de soi-même, la peur de ce qu'on est capable de faire. Les scènes sont viscérales, les personnages vivent des choses horribles, sont capables de choses tout aussi horribles, sont traqués comme des animaux, … L'histoire prend aux tripes, en tout cas elle m'a prise aux tripes. Les violences corporelles, les défigurations, les émotions et passés chaotiques des personnages, les noms étranges et pourtant si significatifs, les dessins aux traits parfois tremblant, les visages déformés, la belle bichromie, … Vraiment, tout ça m'a fait rentrer dans l'histoire très vite et a maintenu mon attention jusqu'au bout.
Coup de cœur, hâte de lire la suite.
3.5
Une série de polar qui fait la part belle au sociale.
Le principal intérêt selon moi n'est pas de découvrir le coupable, surtout lorsque l'auteur montre rapidement qui sont les coupables comme dans le tome 2, mais la manière dont Prado décrit des problèmes sociaux du monde moderne. Il y a beaucoup de cynisme et on voit à quel point des gens peuvent s'en prendre à des plus vulnérables pour de l'argent.
Les histoires sont bien faites et le dessin de Prado est élégant. J'aime particulièrement les couleurs. Le seul défaut selon moi est que les deux personnages principaux ne sont pas particulièrement attachants ou intéressants. Ils sont même un peu clichés, sortant de n'importe quelle série policière aux personnages et scénarios interchangeables.
J’ai pris du temps à comprendre S., et je ne suis toujours pas sûr d’avoir tout compris mais ce dont je suis certain c’est que Gipi est toujours un génie à mes yeux ! S. est une multi-œuvre : une œuvre sur la guerre, ses destructions, ses peurs, ses abus, sa violence ; une œuvre sur la famille et les générations qui passent, les souvenirs qui se mélangent et parfois se contredisent ; une œuvre sur la figure du père qui inspire, dirige, frustre, radote, protège ; enfin une œuvre sur le contraste entre le passé et le présent avec la banalisation de la violence, la réappropriation des symboles, et sur la mort qui finit par prendre forme un jour où l’autre ; dans S., Gipi rend hommage à son père Sergio en racontant ses différents souvenirs qu’il lui a transmit, et ce en utilisant différentes fresque temporelles qui se mélangent (et qui se trouve être finalement très mélangeant pour le lecteur !) ; malgré S. est une très œuvre dans le fond et dans la forme ; fidèle à lui même, l’aquarelle et les coups de crayon de Gipi sont magnifiques ; un auteur à ne pas manquer !
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Léviathan (Ki-oon)
Un manga horrifique comme je l'aime. Dans le futur, un groupe d'étudiant sont en voyage dans l'espace et tout va bien jusqu'à ce que le vaisseau soit victime d'une catastrophe qui va l'endommager et il y a rien à faire sauf attendre et espérer que les secours arrivent avant le manque d'oxygène... On sait déjà que cela va mal se finir parce qu'on suit un groupe de pilleurs de vaisseaux qui sont tombés sur le journal d'un des étudiants, mais cela reste un scénario qui contient des surprises et des retournements de situations tout le long des 3 tomes. Le scénario est prenant et l'auteur explore bien ce qui peut arriver lorsque des ados sont laissé à eux-mêmes dans une situation où un seul a une chance de survivre. On va aborder plusieurs thèmes qui sont bien utilisés, j'ai aimé l'ambiance huis-clos du vaisseau et il y a une bonne ambiance qui se dégage du dessin. L'intrigue se passe dans un futur où la terre est dirigée par une dictature. On ne voit pas grand chose de ce qui se passe sur Terre et dans les colonies, mais l'auteur distille bien les informations et on comprend facilement la situation actuelle des humains dans cet univers. Je regrette toutefois que certains élèves soient un peu difficiles à différencier et aussi par moment on dirait qu'il y avait des nouveaux élèves qui semblaient sortir de nulle part. On tombe aussi sur le cliché du récit se passant dans le passé narré par une personne et il y a des scènes sans le narrateur !
Love My Life
Aimer les filles ou les garçons, c'est aimer de toute façon. On va découvrir au travers plusieurs histoires le parcours d'une jeune fille, Ichiko. On va suivre son parcours amoureux de lesbienne aux travers différentes thématiques (certaines ne sont pas spécifiques à l'homosexualité) : le coming out, le premier amour, le regard des autres, la jalousie, le plaisir de la chair, la peur d'être rejetée, la relation à distance. Bref, la découverte de soi, un passage obligé pour grandir. Évidemment, pour apprécier cette lecture il faut un minimum aimer la romance, ce qui est mon cas. J'ai trouvé Ichiko très touchante, on ressent ses doutes et ses questionnements de jeune fille (on ne peut pas lui demander de penser comme une personne de 30/40 ans) qui va entrer dans le monde des adultes. Ici, pas de pupilles bandées ou de biceps amoureux mais plutôt un sourire qui pleure. Le ton est léger et les dialogues sont justes. Alors oui, elles font souvent l'amour, mais n'est-ce pas de leur âge ? Graphiquement, un dessin qui m'a charmé avec son trait simple, fin et épuré. Une belle lecture.
L'Ère de l'égoïsme
Ce n'est pas le premier Darryl Cunningham que je lis, et même si je ne suis pas en total accord avec lui sur certains points, je reconnais que ses documentaires ont l'avantage de ne pas être trop partisans, permettant ainsi de toucher un plus large public par des faits examinés scrupuleusement. Cette BD est un bon pendant à d'autres sur l'économie (je pense à Economix, Capital & Idéologie ou encore La Survie de l'Espèce) avec une centralisation ici sur le néolibéralisme et la façon dont celui-ci a conduit à la crise bancaire de 2008. La BD s'ouvre de manière originale en présentant une autrice que je ne connaissais pas, mais qui a eu une pensée politique importante dans la construction de plusieurs personnes devenues par la suite importantes dans la politique américaine. Et franchement, cette dame fait froid dans le dos. Son discours, sa pensée, sa façon d'être la font passer pour une fasciste s'imaginant libératrice de l'humanité. Une femme impressionnante, mais pas dans le bon sens du terme. C'est assez originale de présenter cette autrice en premier lieu, puisque cette idéologie de l'égoïsme est ce qui transparait par la suite. Sauf que finalement, les crises (notamment donc celle de 2008) présentent bel et bien les limites de ces pensées. Le déroulé du discours est glaçant, en même temps qu'il montre implacablement l'incapacité du néo-libéralisme à tenir ses promesses. Ce qu'il crée comme monde, nous le connaissons désormais bien : l'enrichissement des plus riches, l'appropriation du monde par une petite élite, la privatisation de tout, le délaissement de tout ceux qui n'ont rien. La plus belle dystopie que le monde capitaliste pouvait nous vendre ... Cette BD est franchement bien faite, malgré son dessin simplifié au maximum. L'exposé est clair, démontrant dès l'origine les défauts de cette pensée et du système qui le défend. Les trois parties, bien équilibrées et très claires dans leurs propositions, mettent en lumière tous les rouages qui se sont imbriqués les uns dans les autres jusqu'à un final incroyable. Décortiquer l'opposition droite-gauche sous un angle psychologique est assez fou, même si je trouve que sa démonstration semble vouloir proposer un sophisme du juste milieu ("Nous avons besoin des deux"). En tout cas, malgré plusieurs lectures à ce sujet, j'ai encore appris des choses. Et surtout, j'ai été étonné de découvrir Alan Greenspan surpris que sa pensée politique soit finalement mauvaise, après quarante années à la défendre. Je retirerais surtout de cette BD que l'égoïsme est lié par essence au néo-libéralisme, mais aussi que Ayn Rand est l'autrice préférée de Donald Trump. Et que si la pensée de gauche a disparu de nos radars, il nous appartient de faire renaitre dans l'espace public la défense de l'entraide et de la solidarité.
La Baleine bibliothèque
Je connaissais le Zidrou humoriste, policier, fantastique voire historique ou presque gore (Marina) et même au centre d'une polémique de stéréotype raciste, mais je n'avais pas encore rencontré le Zidrou poète. C'est chose faite avec cette série qui m'a vraiment beaucoup plu. Les auteurs nous proposent un véritable poème (romantique) d'amour chargé d'une belle émotion. Sa construction est assez étonnante. J'ai emprunté ce volume dans la section jeunesse et effectivement cela débute sur un mode d'illustrations d'un conte pour enfants sur un sujet que je ne connaissais pas: la poste maritime. Cette accroche m'a tout de suite intéressé d'autant qu'elle introduit la thématique principale sur l'amour de la mer et l'amour de son métier. Comme ce poème est aussi conte, le fantastique a droit de cité dans la rencontre avec une baleine vieille comme la terre et la culture humaine. Puis le réalisme reprend ses droits avec un amour à sa belle et quelques planches surprenantes si on les imagine entre les mains de jeunes enfants. Malheureusement même par une belle nuit de mai, les chants les plus beaux … Zidrou se fait alors porteur de la poésie Romantique où la souffrance ( d'un accouchement par césarienne ?) est moteur de la création la plus belle. Il serait injuste de réduire cette œuvre au travail de Zidrou tellement le graphisme de Judith Vanistendael apporte à la série. Ses peintures sont à la fois belles et touchantes. Judith propose un équilibre subtil entre l'illustration posée et le dynamisme des cases BD. C'est une succession de temps forts et de temps faibles qui nous conduit à travers la houle et le danger de vivre toujours présents. Une œuvre surprise bien plus riche qu'il n'y paraît et à découvrir. J'ai été complétement sous le charme.
Forté
Je me suis vraiment régalé à lire cette série pleine de fraicheur. A travers un scénario d'une grande fluidité les autrices mettent en valeur la thématique du mérite. Flavia expérimente la fameuse maxime sur le génie "1% d'inspiration et le reste de transpiration". Manon Heugel fait de sa petite brésilienne issue d'une favela de Belem une illustration parfaite, touchante et crédible d'un tel parcours. Le second personnage clé de la série est l'Ecole Normale de Musique de Paris qui forme dans l'excellence les concertistes de musique classique. Sans tomber dans un côté documentaire aride les auteurs dépeignent avec une belle humanité le très difficile apprentissage vers l'excellence. Le côté universel du langage de la musique est bien rendu par cette population étudiante issue d'un nombre important de pays. Les autrices y glissent aussi une chronique très réaliste de la vie étudiante où recherche d'argent , isolement de la famille ou attirances sentimentales trouvent une petite place dans un quotidien qui ne tolère pas de relâchement. Le graphisme de Kim Consigny au trait fin donne une allure de reportage à cette histoire. La narration graphique développe ainsi une grande tonicité . Sa belle fluidité vous colle à ce récit qui propose de très belles valeurs sans être guimauve à mes yeux. Une mise en couleur classique mais adéquat participe au grand plaisir que j'ai eu à lire cette série.
Paroles d'honneur
Cette série relate les rencontres de l'auteure marocaine Leïla Slimani à la suite de son essai sur la sexualité des femmes marocaines. Le récit s'appuie sur des témoignages souvent bouleversants de femmes qui rencontrent de grandes difficultés à vivre une sexualité épanouissante et libre. Elle souligne ainsi les contradictions au sein d'une société qui doit équilibrer progressisme et tradition dans le respect de l'Islam. Il y a beaucoup de passages très intéressants même si je me suis senti en dehors de la thématique. La réflexion et le débat portés par Slimani s'adressent avant tout aux législateurs de son pays. Le message est aussi fort envers ses compatriotes masculins pour qu'ils s'interrogent sereinement sur leur position vis à vis de la sexualité féminine. Le graphisme de Laetitia Coryn est très classique parfois un peu scolaire et rigide mais il accompagne très bien un texte fourni et intelligent. Comme il y a beaucoup d'entretiens cela produit un visuel un peu statique mais la multiplication des témoignages permet une dynamique qui favorise la narration. Une lecture intéressante pour un ouvrage courageux. Je pousse un peu ma note pour tirer le général vers le haut. 3.5 me convient bien
De Cape et de Mots
Dans un royaume qui rappelle la France de Versailles, une jeune noble sans le sou mais volontaire et intelligente quitte sa famille pour devenir demoiselle de compagnie de la reine. Elle va découvrir les manigances qui se trament dans les alcôves du château et devra mettre en action toute sa finesse d'esprit et sa bonté d'âme pour s'en sortir et aider le vieux roi. Quitte pour cela à jouer le rôle de bouffon du royaume... J'ai passé un excellent moment à la lecture de cette BD. Ce que je croyais au départ être la trame d'une aventure historique se rapproche en définitive bien plus du conte pour la jeunesse. Il y a des méchants pas trop méchants, des gentils un peu naïfs, un cadre de palais entre le conte de fées et le Versailles du Roi Soleil, et une héroïne très débrouillarde qui réussit à se sortir de toutes les péripéties par son astuce, sa maîtrise de la langue française, son ouverture d'esprit et sa générosité. C'est une aventure empreinte de bienveillance, peuplée de personnages charmants, de situations pleines de finesse et d'humour, et d'une tonalité aérienne qui illumine la lecture. Le dessin, lui aussi, s'épanouit dans une légèreté lumineuse qui réchauffe le cœur et suscite le sourire. Une lecture chaleureuse, divertissante, dépaysante et pleine d'optimisme. Pour tous publics, même si je trouve que la cible principale est aux alentours de 12 ou 13 ans.
Ils brûlent
Belle claque, rien d'autre à dire. Si, bien sûr qu'il y a des choses à dire. Déjà, la figure de la sorcière est à mes yeux fascinante, à la fois conséquence de la diabolisation des femmes et des sciences rejetées par les religions monothéistes, et figure monstrueuse (ou en tout cas vue comme telle) sous forme humaine, elle est source de bons nombres de bonnes histoires. Ici, la sorcière est utilisée pour symboliser la peur, la peur d'autrui, la peur de soi-même, la peur de ce qu'on est capable de faire. Les scènes sont viscérales, les personnages vivent des choses horribles, sont capables de choses tout aussi horribles, sont traqués comme des animaux, … L'histoire prend aux tripes, en tout cas elle m'a prise aux tripes. Les violences corporelles, les défigurations, les émotions et passés chaotiques des personnages, les noms étranges et pourtant si significatifs, les dessins aux traits parfois tremblant, les visages déformés, la belle bichromie, … Vraiment, tout ça m'a fait rentrer dans l'histoire très vite et a maintenu mon attention jusqu'au bout. Coup de cœur, hâte de lire la suite.
Proies faciles
3.5 Une série de polar qui fait la part belle au sociale. Le principal intérêt selon moi n'est pas de découvrir le coupable, surtout lorsque l'auteur montre rapidement qui sont les coupables comme dans le tome 2, mais la manière dont Prado décrit des problèmes sociaux du monde moderne. Il y a beaucoup de cynisme et on voit à quel point des gens peuvent s'en prendre à des plus vulnérables pour de l'argent. Les histoires sont bien faites et le dessin de Prado est élégant. J'aime particulièrement les couleurs. Le seul défaut selon moi est que les deux personnages principaux ne sont pas particulièrement attachants ou intéressants. Ils sont même un peu clichés, sortant de n'importe quelle série policière aux personnages et scénarios interchangeables.
S.
J’ai pris du temps à comprendre S., et je ne suis toujours pas sûr d’avoir tout compris mais ce dont je suis certain c’est que Gipi est toujours un génie à mes yeux ! S. est une multi-œuvre : une œuvre sur la guerre, ses destructions, ses peurs, ses abus, sa violence ; une œuvre sur la famille et les générations qui passent, les souvenirs qui se mélangent et parfois se contredisent ; une œuvre sur la figure du père qui inspire, dirige, frustre, radote, protège ; enfin une œuvre sur le contraste entre le passé et le présent avec la banalisation de la violence, la réappropriation des symboles, et sur la mort qui finit par prendre forme un jour où l’autre ; dans S., Gipi rend hommage à son père Sergio en racontant ses différents souvenirs qu’il lui a transmit, et ce en utilisant différentes fresque temporelles qui se mélangent (et qui se trouve être finalement très mélangeant pour le lecteur !) ; malgré S. est une très œuvre dans le fond et dans la forme ; fidèle à lui même, l’aquarelle et les coups de crayon de Gipi sont magnifiques ; un auteur à ne pas manquer !