Brecht Evens... J'avais essayé par le passé de me plonger dans son univers à deux reprises, fort peu concluantes. Mais devant les réactions admiratives, et m'étant retrouvé devant le livre à feuilleter ses planches, splendides il est vrai, j'ai fini par remettre le couvert. Bien m'en a pris puisque j'ai lu Le Roi Méduse d'une presque traite.
Graphiquement, c'est assez époustouflant. Il y a mille trouvailles par page, au point qu'on a parfois l'impression de se retrouver devant une épreuve d'étudiant aux Beaux Arts qui cherche à montrer l'étendu de son talent. Et Brecht Evans n'en manque pas. De ce simple point de vue, cette lecture comblera les afficionados de beaux traits.
Côté scénario, ce n'est malheureusement pas le même son de clairon. Qu'on se rassure tout de suite : c'est tout de même loin d'être mauvais. Toutefois, après un départ assez intriguant, baigné dans une sorte de poésie du désastre qu'on peut retrouver par exemple dans le film Captain Fantastic, on s'enlise dans un ventre mou, une fois parvenu à la moitié du récit, qui fait douter du bien fondé de l'ensemble. C'est longuet, et c'est d'autant plus dommageable qu'on a le sentiment de passer d'un récit Allégorique de Résistance à des considérations psychologiques personnelles sur la relation père/fils. On ne comprend plus trop où ça va. La narration flotte, et on commence à voir pointer le fameux "ah ben tout ça pour ça !".
La fin du tome redresse la barre. Aussi, je le dis : je serai du voyage pour le tome 2 !
Donc très très belle BD, avec un graphisme fort, expressif, osé, plein de tiroirs visuels, qui justifie à lui seul l'acquisition de ce premier tome. Epoustouflant qu'on vous dit !... Même si pas passionnant...
Comme ils l’ont déjà fait à plusieurs reprises récemment, les éditions Graph Zeppelin et Tabou publient cette série en parallèle, les premiers dans une version soft (signée Trifogli, voir Thrace), les seconds dans une version enrichie d’une quinzaine de pages plus érotiques (signée Trif comme pour toutes ses séries érotiques).
J’avais lu il y a peu la version Graph Zeppelin, que j’avais plutôt appréciée, et je n’ai donc pas eu de surprise en lisant l’histoire.
Dans l’Italie du Ier siècle, nous suivons l’existence de deux jeunes gens de condition différente, mais élevés ensemble (et unis par des liens d’amour forts), Adriana la patricienne et Cleio l’esclave gaulois.
Le père d’Adriana décédant, celle-ci se trouve obligée de rejoindre Rome et un oncle (le salaud de l’histoire), qui la marie après lui avoir fait croire en mentant à la mort de Cléio. Bien évidemment les routes des deux jeunes gens sont appelées à se recroiser. En attendant, Adriana intègre la haute société romaine, alors que Cleio devient gladiateur.
Comme pour la version Graph Zeppelin, j’ai trouvé la narration fluide, Trif prend le temps d’exposer intrigue et personnages. Les scènes érotiques (rien de véritablement hard ici, Trif est resté très soft) s’intègrent bien à l’histoire d’origine, et n’alourdissent pas le récit, qui reste très agréable.
Et ce d’autant plus que le dessin de Trif et la colorisation de Celestini sont vraiment chouettes.
Voilà en tout cas une série historique mâtinée d’érotisme très plaisante et recommandable !
******************************
Je l’avais déjà dit pour la version « soft » publiée par Graph Zeppelin, et cette version de Tabou le confirme, c’est une très belle série, qui utilise très bien l’arrière-plan (Rome et ses intrigues) et développe une histoire intéressante.
Ce deuxième tome nous permet encore de suivre Cleio et d’Adriana, dont l’histoire d'amour contrariée prend de l'ampleur, en même temps qu'elle se fragilise un peu, lorsque Cleio commence à s'enivrer de la gloire conquise dans les arènes. Et Adriana louvoie entre les complots qui secouent les hautes sphères romaines, et le machiavélisme de son oncle (et de la maîtresse de l'Empereur).
Dans cette version Tabou, Trif montre davantage de scènes de sexe, mais sans jamais en abuser, et en plus sans même qu’elles soient spécialement « hot ». En tout cas elles s’insèrent très bien dans la narration, qui reste agréable.
D’autant plus que son dessin est vraiment très bon (que ce soit pour les personnages et les décors), et pas seulement pour les scènes « lascives ». La colorisation de Celestini, très lumineuse, est, elle aussi, très réussie.
Ne reste plus qu’à attendre, avec impatience mais confiance, le tome suivant, qui doit conclure cette série.
Objectivement, ce court récit ne mérite sans doute pas son 4/5... mais il m'a énormément parlé et le phénomène d'identification a joué en plein avec mes propres souvenirs. En effet, je suis moi-même petit-fils de colons et comme Nicolas Wouters, je ne sais pas grand chose de la manière dont mes grands-parents ont vécu cette période sinon quelques bribes récoltées çà et là et qui donnent une image de la vie des colons belges très éloignée de celle propagée par les médias.
Par conséquent, j'ai beaucoup aimé cette évocation d'une jeune femme tout à fait banale, partie très jeune au Congo (elle n'a que 22 ans lorsqu'elle débarque sur le sol africain) et s'acclimatant progressivement à son nouvel environnement et à son nouveau mode de vie (la rivalité entre femmes belges, le boy à disposition, le climat, les paysages, la langue). La narration de Nicolas Wouters est agréable à lire, douce et empreinte d'affection pour cette grand-mère qu'il ne connait finalement que peu. Le dessin charbonneux de l'auteur est lui aussi tout à fait à mon goût : chaque case ressemble à un instantané qui fait ressurgir une époque et un univers.
Dans le genre, je trouve vraiment qu'il s'agit d'un bel album mais son sujet très personnel ne parlera sans doute pas à tout le monde de la même manière.
3.5
Un bon album divertissant comme je l'aime.
Les auteurs montrent un coté un peu méconnu du roi soleil... Il faut dire que c'est un coté très privé de sa majesté qu'on traite dans le scénario ! Le ton du récit est léger et un peu cliché par moment (le héros a la même personnalité que d'autres héros de ce type d'histoire), mais il est agréable à lire et efficace. L'humour fonctionne bien et les dialogues sont savoureux.
Le dessin est très bon. C'est le genre de style comique-réaliste que j'aime bien retrouver dans ce genre de bd humoristique qui mélange l'histoire et la fiction. Le dossier en complément qui éclaire sur la réalité historique de certains éléments du scénario est bien fait.
"Un album témoignage comme je les aime". J'espère qu'Alix ne m'en voudra pas de reprendre son accroche mais c'est exactement mon ressenti après la lecture de ce récit émouvant.
J'ai été vraiment séduit par la confiance et le respect qui s'est établi entre Alain Bujak et Abdesslem. Bujak réussit très bien à traduire un récit plein de nostalgie, de peines, d'humilité dans un cadre de fatalité qui a permis à Abdesslem de traverser de si nombreuses épreuves sans être rongé par la colère.
Abdesslem a beaucoup donné au drapeau français qu'il a longtemps porté sur son épaule. Comme nombre de ses copains, il aurait pu/du mourir dix fois sur les pentes italiennes ou les rizières vietnamiennes. La France lui a peu rendu, chichement et avec beaucoup de retard. Cet album apporte donc sa juste contribution au devoir de reconnaissance et de justice pour ces hommes et leur famille.
Le beau reportage photo en fin d'ouvrage montre en creux toutes ces familles aux enfants riants qui ont été sacrifiées d'une façon plus ou moins légitime.
Deux passages m'ont particulièrement plu dans le récit du vieil homme. Tout d'abord, la participation importante des forces africaines dans la terrible bataille du Monte Cassino. Bataille clé qui, avec celle de Normandie, a cassé les lignes de défense du front occidental. J'ai aussi apprécié le rappel du racisme et des mauvais traitements infligés par beaucoup de gardiens allemands. On a voulu un peu facilement faire porter toute la cruauté sur les SS
Ainsi le récit travaille avec brio sur l'espace des situations où se trouve Abdesslem. Il y a ainsi alternance des horizons infinis et porteurs de vie (au Maroc) et de situations de confinements où la vie du soldat ne tient qu'à un fil (prison, rivière, chambre).
Le graphisme de Piero Macola est très sobre pour porter ce récit. Il apporte dans son crayonné une sorte de tristesse devant une vie ballotée par une tempête historique. Macola donne à son personnage une gestuelle de soumission noble qui permet à Abdesslem de traverser les évènements qu'il ne comprend pas la tête haute.
Une très belle et émouvante lecture.
Le récit implacable et glaçant précédent le meurtre par un terroriste de Samuel Paty, devenu un symbole du malaise du monde enseignant et du combat permanent pour la liberté d'expression.
Débutant par la cérémonie de funérailles, on suit le quotidien de ce prof de collège un peu farfelu qui aime débattre avec ses élèves et les pousser à s'interroger. Pour cela, il abordera le thème délicat des caricatures qui ont été le détonateur de l'attentat contre Charlie Hebdo. On connaît malheureusement ce déroulé tragique mais pas forcément le fonctionnement au sein du collège qui doit gérer la situation entre élèves adeptes des réseaux sociaux, parents enflant les faits et administration mécanique. Il est aisé de s'imaginer qu'une poignée de profs peut se sentir démunis lorsque la machine à haine se met en marche.
Il y a de la noirceur mais aussi beaucoup d'espoir en suivant ces cours où les élèves se confient et parfois prennent conscience. Le récit est parfois hagiographique mais il est sain de montrer le bon côté de l'enseignement qui prend en compte le mot "éducation" de "Education Nationale", surtout dans ce collège qui n'a pas l'air si facile.
Un récit documentaire donc, qui alterne parfaitement faits, scènes du quotidien, enquête et entretiens. Un beau boulot d'investigation bien mis en scène entre des planches en gaufre classiques et d'autres retranscrivant des conversations ou encore reliant des faits façon détective. Une BD engagée et instructive qui parlera sans doute également aux ados.
C'est avec Lydie puis la série Les Beaux Étés que j'avais découvert et apprécié le travail de Jordi Lafebre. Avec "Je suis leur silence" c'est seul à la barre qu'il se lance pour nous proposer un polar caustique tout en gardant le côté solaire et frais qui caractérise ses productions.
C'est du côté de Barcelone qu'il nous entraîne, pour suivre la jeune et pétillante (et énervante !) Eva. Elle doit se soumettre à un entretien avec un de ses collègues psychiatre pour pouvoir récupérer sa licence et reprendre son activité. C'est au cours de cet entretien qu'on va découvrir sa récente escapade chez une de ses richissimes cliente qui avait besoin d'une témoin pour la lecture d'un testament ; week-end tragique qui verra la mort d'un des protagonistes et le début de cette enquête un peu folle que va mener notre Eva.
On se croirait presque dans un Agatha Christie dépoussiéré et plus débridé ! Car notre Eva a du caractère et de la suite dans les idées, tout en ayant une notion de la norme et du respect des règles bien à elle… Et forcément ça dérape souvent ! Ajoutez à cela une petite touche d'humour bien mordant, des dialogues aux petits oignons porté par un dessin toujours aussi chaleureux et dynamique, et vous obtenez un album qui offre à son lecteur un très bon moment de lecture !
Lire la première ligne de la préface m’a fait lever un sourcil. Fabien Rodhain y évoque en effet la genèse du projet en mentionnant un séjour à Jodoigne, puis une dégustation dans un magasin situé dans un petit village non loin de là. A vous, ça ne dira rien, à moi, ça disait beaucoup… car ce magasin, il me semblait évident qu’il devait s’agir de celui de mon frère ! Et, de fait ‘We are Whisky’ se retrouve en bonne position lorsque les auteurs adressent les traditionnels remerciements. Le plus amusant dans l’histoire est que mon frère avait acheté la BD en question sans rien savoir de cette genèse (il l’a même lue en sautant les remerciements et n’a découvert le lien avec son magasin que grâce à un article de presse).
Bon ! Honnêtement, je n’avais pas besoin de ce détail pour acheter l’objet (je l’ai d’ailleurs acquis avant de lire la préface) mais celui-ci joue certainement dans mon appréciation… Ça et le fait que mon frère m’avait déjà parlé de l’histoire de Masataka Taketsuru. Une histoire incroyablement romanesque par bien des aspects !
Mais, clairement, si la bande dessinée n’avait pas été à la hauteur de mes attentes, je pense que ma déception aurait été encore plus vive. Ce n’est heureusement pas le cas et nous avons là une très bonne bande dessinée ! La trajectoire de Masataka Taketsuru est un exemple d’obstination et de courage face à l’adversité. Il ne lui a pas suffi d’avoir une vision et un nez hors du commun. Il lui faudra lutter contre les aléas du destin, les préjugés, les guerres, les accidents, les rivalités, la météo et le mépris pour enfin réaliser son rêve. Son parcours est incroyablement romanesque et les décors dans lesquels il se meut (les paysages d’Ecosse et du Japon) ajoutent encore au romantisme d’ensemble.
Mais au-delà de ce parcours, cette bande dessinée permet aussi au lecteur d’en apprendre plus sur le whisky (rien qu’un amateur ne connaisse déjà mais de quoi éclairer plus d’un profane) tout en traversant un siècle d’histoire (siècle marqué notamment par deux guerres mondiales).
La lecture est fluide, légère et instructive en même temps. Le dessin d’Alicia Grande garde un léger aspect inabouti qui, paradoxalement, lui ajoute de la matière. Les décors sont présents aux bons moments et s’effacent lorsque l’attention du lecteur doit se focaliser sur les personnages. Ceux-ci sont bien typés et leurs expressions de visage sont parlantes. C’est franchement agréable à lire même si pas spécialement tape-à-l’œil.
J’avoue avoir été ému à la fin de ma lecture. Les auteurs parviennent à rendre cette histoire touchante et universelle. C’est celle du ‘petit’ face à l’adversité, qui à force de talent et de ténacité parvient à surpasser les aléas du destin. Très certainement à conseiller à tout amateur de whisky mais susceptible de plaire à un plus large public encore.
Après le merveilleux La Grande Arnaque, j'étais désireux de découvrir d'autres œuvres de ces auteurs, du scénariste Trillo pour le cas présent.
Ce récit d'apprentissage est beau lorsqu'il évoque le rapport de Simon à son enfance et s'épanouit dans une relation amoureuse faite de fascination et d'interdits. Mais cela manque de relief dès lors que le décor et les enjeux de la guerre civile apparaissent trop succinctement posés. C'est vraiment regrettable, l'intrigue historique volontiers rocambolesque paraît dès lors plus dérisoire que jubilatoire.
Côté illustrations, le beau noir & blanc exacerbe les passions contrastées, mais les visages auraient gagné à davantage d'expressivité.
Un bel univers émerge, le romanesque culmine, mais la guerre civile chilienne demeure une vague toile de fond ce que je regrette. Une lecture que j'encourage indiscutablement, mais qui n'atteint pas les sommets espérés.
Je ne connais pas trop l’univers de Green Lantern, il ne m’a jamais intéressé et j’ai toujours eu tendance à le trouver ridicule.
C’est donc le premier comics que je lis avec ce héros, je ne pouvais pas passer à côté après le bel enthousiasme de Bruno :)
Même si je serai plus modéré, je vais partager son ébahissement. C’est sympa comme tout.
Une des excellentes idées du récit est d’introduire un nouveau porteur de l’anneau (enfin de la bague, je me comprends), en plus de placer l’intrigue dans un secteur inconnu et éloigné. Franchement parfait pour les néophytes comme moi, on fait fi de toute continuité.
Sur ce postulat, les auteurs développent du très bon comics, une histoire dense et qui prend son temps, ça ne manque pas de thématiques pertinentes et l’univers, qu’on découvre en même temps que notre héroïne, est original.
De la bonne sf, intelligente, des personnages réussis, en fait je n’ai pas vraiment eu l’impression d’être devant une histoire de super-héros.
Très fort de la part de la scénariste mais la partie graphique enfonce tout autant le clou, c’est franchement balèze à tous niveaux, trait, découpage et surtout les couleurs.
Deux auteurs investis pour charmer le lecteur.
Décidément, après Wonder Woman Historia que j’avais bien apprécié également, je suis agréablement surpris des nouvelles propositions autour de héros célèbres. Contradictoirement et bizarrement, ça ne m’a pas donné envie d’approfondir leurs aventures respectives classiques mais je considère ces tomes comme des immanquables dans leurs bibliographies.
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Le Roi Méduse
Brecht Evens... J'avais essayé par le passé de me plonger dans son univers à deux reprises, fort peu concluantes. Mais devant les réactions admiratives, et m'étant retrouvé devant le livre à feuilleter ses planches, splendides il est vrai, j'ai fini par remettre le couvert. Bien m'en a pris puisque j'ai lu Le Roi Méduse d'une presque traite. Graphiquement, c'est assez époustouflant. Il y a mille trouvailles par page, au point qu'on a parfois l'impression de se retrouver devant une épreuve d'étudiant aux Beaux Arts qui cherche à montrer l'étendu de son talent. Et Brecht Evans n'en manque pas. De ce simple point de vue, cette lecture comblera les afficionados de beaux traits. Côté scénario, ce n'est malheureusement pas le même son de clairon. Qu'on se rassure tout de suite : c'est tout de même loin d'être mauvais. Toutefois, après un départ assez intriguant, baigné dans une sorte de poésie du désastre qu'on peut retrouver par exemple dans le film Captain Fantastic, on s'enlise dans un ventre mou, une fois parvenu à la moitié du récit, qui fait douter du bien fondé de l'ensemble. C'est longuet, et c'est d'autant plus dommageable qu'on a le sentiment de passer d'un récit Allégorique de Résistance à des considérations psychologiques personnelles sur la relation père/fils. On ne comprend plus trop où ça va. La narration flotte, et on commence à voir pointer le fameux "ah ben tout ça pour ça !". La fin du tome redresse la barre. Aussi, je le dis : je serai du voyage pour le tome 2 ! Donc très très belle BD, avec un graphisme fort, expressif, osé, plein de tiroirs visuels, qui justifie à lui seul l'acquisition de ce premier tome. Epoustouflant qu'on vous dit !... Même si pas passionnant...
Thrace (Tabou)
Comme ils l’ont déjà fait à plusieurs reprises récemment, les éditions Graph Zeppelin et Tabou publient cette série en parallèle, les premiers dans une version soft (signée Trifogli, voir Thrace), les seconds dans une version enrichie d’une quinzaine de pages plus érotiques (signée Trif comme pour toutes ses séries érotiques). J’avais lu il y a peu la version Graph Zeppelin, que j’avais plutôt appréciée, et je n’ai donc pas eu de surprise en lisant l’histoire. Dans l’Italie du Ier siècle, nous suivons l’existence de deux jeunes gens de condition différente, mais élevés ensemble (et unis par des liens d’amour forts), Adriana la patricienne et Cleio l’esclave gaulois. Le père d’Adriana décédant, celle-ci se trouve obligée de rejoindre Rome et un oncle (le salaud de l’histoire), qui la marie après lui avoir fait croire en mentant à la mort de Cléio. Bien évidemment les routes des deux jeunes gens sont appelées à se recroiser. En attendant, Adriana intègre la haute société romaine, alors que Cleio devient gladiateur. Comme pour la version Graph Zeppelin, j’ai trouvé la narration fluide, Trif prend le temps d’exposer intrigue et personnages. Les scènes érotiques (rien de véritablement hard ici, Trif est resté très soft) s’intègrent bien à l’histoire d’origine, et n’alourdissent pas le récit, qui reste très agréable. Et ce d’autant plus que le dessin de Trif et la colorisation de Celestini sont vraiment chouettes. Voilà en tout cas une série historique mâtinée d’érotisme très plaisante et recommandable ! ****************************** Je l’avais déjà dit pour la version « soft » publiée par Graph Zeppelin, et cette version de Tabou le confirme, c’est une très belle série, qui utilise très bien l’arrière-plan (Rome et ses intrigues) et développe une histoire intéressante. Ce deuxième tome nous permet encore de suivre Cleio et d’Adriana, dont l’histoire d'amour contrariée prend de l'ampleur, en même temps qu'elle se fragilise un peu, lorsque Cleio commence à s'enivrer de la gloire conquise dans les arènes. Et Adriana louvoie entre les complots qui secouent les hautes sphères romaines, et le machiavélisme de son oncle (et de la maîtresse de l'Empereur). Dans cette version Tabou, Trif montre davantage de scènes de sexe, mais sans jamais en abuser, et en plus sans même qu’elles soient spécialement « hot ». En tout cas elles s’insèrent très bien dans la narration, qui reste agréable. D’autant plus que son dessin est vraiment très bon (que ce soit pour les personnages et les décors), et pas seulement pour les scènes « lascives ». La colorisation de Celestini, très lumineuse, est, elle aussi, très réussie. Ne reste plus qu’à attendre, avec impatience mais confiance, le tome suivant, qui doit conclure cette série.
Elle ne parlait jamais du Congo
Objectivement, ce court récit ne mérite sans doute pas son 4/5... mais il m'a énormément parlé et le phénomène d'identification a joué en plein avec mes propres souvenirs. En effet, je suis moi-même petit-fils de colons et comme Nicolas Wouters, je ne sais pas grand chose de la manière dont mes grands-parents ont vécu cette période sinon quelques bribes récoltées çà et là et qui donnent une image de la vie des colons belges très éloignée de celle propagée par les médias. Par conséquent, j'ai beaucoup aimé cette évocation d'une jeune femme tout à fait banale, partie très jeune au Congo (elle n'a que 22 ans lorsqu'elle débarque sur le sol africain) et s'acclimatant progressivement à son nouvel environnement et à son nouveau mode de vie (la rivalité entre femmes belges, le boy à disposition, le climat, les paysages, la langue). La narration de Nicolas Wouters est agréable à lire, douce et empreinte d'affection pour cette grand-mère qu'il ne connait finalement que peu. Le dessin charbonneux de l'auteur est lui aussi tout à fait à mon goût : chaque case ressemble à un instantané qui fait ressurgir une époque et un univers. Dans le genre, je trouve vraiment qu'il s'agit d'un bel album mais son sujet très personnel ne parlera sans doute pas à tout le monde de la même manière.
Le Royal Fondement - L'Histoire vraie de la face cachée du Roi Soleil
3.5 Un bon album divertissant comme je l'aime. Les auteurs montrent un coté un peu méconnu du roi soleil... Il faut dire que c'est un coté très privé de sa majesté qu'on traite dans le scénario ! Le ton du récit est léger et un peu cliché par moment (le héros a la même personnalité que d'autres héros de ce type d'histoire), mais il est agréable à lire et efficace. L'humour fonctionne bien et les dialogues sont savoureux. Le dessin est très bon. C'est le genre de style comique-réaliste que j'aime bien retrouver dans ce genre de bd humoristique qui mélange l'histoire et la fiction. Le dossier en complément qui éclaire sur la réalité historique de certains éléments du scénario est bien fait.
Le Tirailleur
"Un album témoignage comme je les aime". J'espère qu'Alix ne m'en voudra pas de reprendre son accroche mais c'est exactement mon ressenti après la lecture de ce récit émouvant. J'ai été vraiment séduit par la confiance et le respect qui s'est établi entre Alain Bujak et Abdesslem. Bujak réussit très bien à traduire un récit plein de nostalgie, de peines, d'humilité dans un cadre de fatalité qui a permis à Abdesslem de traverser de si nombreuses épreuves sans être rongé par la colère. Abdesslem a beaucoup donné au drapeau français qu'il a longtemps porté sur son épaule. Comme nombre de ses copains, il aurait pu/du mourir dix fois sur les pentes italiennes ou les rizières vietnamiennes. La France lui a peu rendu, chichement et avec beaucoup de retard. Cet album apporte donc sa juste contribution au devoir de reconnaissance et de justice pour ces hommes et leur famille. Le beau reportage photo en fin d'ouvrage montre en creux toutes ces familles aux enfants riants qui ont été sacrifiées d'une façon plus ou moins légitime. Deux passages m'ont particulièrement plu dans le récit du vieil homme. Tout d'abord, la participation importante des forces africaines dans la terrible bataille du Monte Cassino. Bataille clé qui, avec celle de Normandie, a cassé les lignes de défense du front occidental. J'ai aussi apprécié le rappel du racisme et des mauvais traitements infligés par beaucoup de gardiens allemands. On a voulu un peu facilement faire porter toute la cruauté sur les SS Ainsi le récit travaille avec brio sur l'espace des situations où se trouve Abdesslem. Il y a ainsi alternance des horizons infinis et porteurs de vie (au Maroc) et de situations de confinements où la vie du soldat ne tient qu'à un fil (prison, rivière, chambre). Le graphisme de Piero Macola est très sobre pour porter ce récit. Il apporte dans son crayonné une sorte de tristesse devant une vie ballotée par une tempête historique. Macola donne à son personnage une gestuelle de soumission noble qui permet à Abdesslem de traverser les évènements qu'il ne comprend pas la tête haute. Une très belle et émouvante lecture.
Crayon noir - Samuel Paty, histoire d'un prof
Le récit implacable et glaçant précédent le meurtre par un terroriste de Samuel Paty, devenu un symbole du malaise du monde enseignant et du combat permanent pour la liberté d'expression. Débutant par la cérémonie de funérailles, on suit le quotidien de ce prof de collège un peu farfelu qui aime débattre avec ses élèves et les pousser à s'interroger. Pour cela, il abordera le thème délicat des caricatures qui ont été le détonateur de l'attentat contre Charlie Hebdo. On connaît malheureusement ce déroulé tragique mais pas forcément le fonctionnement au sein du collège qui doit gérer la situation entre élèves adeptes des réseaux sociaux, parents enflant les faits et administration mécanique. Il est aisé de s'imaginer qu'une poignée de profs peut se sentir démunis lorsque la machine à haine se met en marche. Il y a de la noirceur mais aussi beaucoup d'espoir en suivant ces cours où les élèves se confient et parfois prennent conscience. Le récit est parfois hagiographique mais il est sain de montrer le bon côté de l'enseignement qui prend en compte le mot "éducation" de "Education Nationale", surtout dans ce collège qui n'a pas l'air si facile. Un récit documentaire donc, qui alterne parfaitement faits, scènes du quotidien, enquête et entretiens. Un beau boulot d'investigation bien mis en scène entre des planches en gaufre classiques et d'autres retranscrivant des conversations ou encore reliant des faits façon détective. Une BD engagée et instructive qui parlera sans doute également aux ados.
Je suis leur silence
C'est avec Lydie puis la série Les Beaux Étés que j'avais découvert et apprécié le travail de Jordi Lafebre. Avec "Je suis leur silence" c'est seul à la barre qu'il se lance pour nous proposer un polar caustique tout en gardant le côté solaire et frais qui caractérise ses productions. C'est du côté de Barcelone qu'il nous entraîne, pour suivre la jeune et pétillante (et énervante !) Eva. Elle doit se soumettre à un entretien avec un de ses collègues psychiatre pour pouvoir récupérer sa licence et reprendre son activité. C'est au cours de cet entretien qu'on va découvrir sa récente escapade chez une de ses richissimes cliente qui avait besoin d'une témoin pour la lecture d'un testament ; week-end tragique qui verra la mort d'un des protagonistes et le début de cette enquête un peu folle que va mener notre Eva. On se croirait presque dans un Agatha Christie dépoussiéré et plus débridé ! Car notre Eva a du caractère et de la suite dans les idées, tout en ayant une notion de la norme et du respect des règles bien à elle… Et forcément ça dérape souvent ! Ajoutez à cela une petite touche d'humour bien mordant, des dialogues aux petits oignons porté par un dessin toujours aussi chaleureux et dynamique, et vous obtenez un album qui offre à son lecteur un très bon moment de lecture !
Whisky San
Lire la première ligne de la préface m’a fait lever un sourcil. Fabien Rodhain y évoque en effet la genèse du projet en mentionnant un séjour à Jodoigne, puis une dégustation dans un magasin situé dans un petit village non loin de là. A vous, ça ne dira rien, à moi, ça disait beaucoup… car ce magasin, il me semblait évident qu’il devait s’agir de celui de mon frère ! Et, de fait ‘We are Whisky’ se retrouve en bonne position lorsque les auteurs adressent les traditionnels remerciements. Le plus amusant dans l’histoire est que mon frère avait acheté la BD en question sans rien savoir de cette genèse (il l’a même lue en sautant les remerciements et n’a découvert le lien avec son magasin que grâce à un article de presse). Bon ! Honnêtement, je n’avais pas besoin de ce détail pour acheter l’objet (je l’ai d’ailleurs acquis avant de lire la préface) mais celui-ci joue certainement dans mon appréciation… Ça et le fait que mon frère m’avait déjà parlé de l’histoire de Masataka Taketsuru. Une histoire incroyablement romanesque par bien des aspects ! Mais, clairement, si la bande dessinée n’avait pas été à la hauteur de mes attentes, je pense que ma déception aurait été encore plus vive. Ce n’est heureusement pas le cas et nous avons là une très bonne bande dessinée ! La trajectoire de Masataka Taketsuru est un exemple d’obstination et de courage face à l’adversité. Il ne lui a pas suffi d’avoir une vision et un nez hors du commun. Il lui faudra lutter contre les aléas du destin, les préjugés, les guerres, les accidents, les rivalités, la météo et le mépris pour enfin réaliser son rêve. Son parcours est incroyablement romanesque et les décors dans lesquels il se meut (les paysages d’Ecosse et du Japon) ajoutent encore au romantisme d’ensemble. Mais au-delà de ce parcours, cette bande dessinée permet aussi au lecteur d’en apprendre plus sur le whisky (rien qu’un amateur ne connaisse déjà mais de quoi éclairer plus d’un profane) tout en traversant un siècle d’histoire (siècle marqué notamment par deux guerres mondiales). La lecture est fluide, légère et instructive en même temps. Le dessin d’Alicia Grande garde un léger aspect inabouti qui, paradoxalement, lui ajoute de la matière. Les décors sont présents aux bons moments et s’effacent lorsque l’attention du lecteur doit se focaliser sur les personnages. Ceux-ci sont bien typés et leurs expressions de visage sont parlantes. C’est franchement agréable à lire même si pas spécialement tape-à-l’œil. J’avoue avoir été ému à la fin de ma lecture. Les auteurs parviennent à rendre cette histoire touchante et universelle. C’est celle du ‘petit’ face à l’adversité, qui à force de talent et de ténacité parvient à surpasser les aléas du destin. Très certainement à conseiller à tout amateur de whisky mais susceptible de plaire à un plus large public encore.
Simon - Une aventure américaine
Après le merveilleux La Grande Arnaque, j'étais désireux de découvrir d'autres œuvres de ces auteurs, du scénariste Trillo pour le cas présent. Ce récit d'apprentissage est beau lorsqu'il évoque le rapport de Simon à son enfance et s'épanouit dans une relation amoureuse faite de fascination et d'interdits. Mais cela manque de relief dès lors que le décor et les enjeux de la guerre civile apparaissent trop succinctement posés. C'est vraiment regrettable, l'intrigue historique volontiers rocambolesque paraît dès lors plus dérisoire que jubilatoire. Côté illustrations, le beau noir & blanc exacerbe les passions contrastées, mais les visages auraient gagné à davantage d'expressivité. Un bel univers émerge, le romanesque culmine, mais la guerre civile chilienne demeure une vague toile de fond ce que je regrette. Une lecture que j'encourage indiscutablement, mais qui n'atteint pas les sommets espérés.
Far Sector
Je ne connais pas trop l’univers de Green Lantern, il ne m’a jamais intéressé et j’ai toujours eu tendance à le trouver ridicule. C’est donc le premier comics que je lis avec ce héros, je ne pouvais pas passer à côté après le bel enthousiasme de Bruno :) Même si je serai plus modéré, je vais partager son ébahissement. C’est sympa comme tout. Une des excellentes idées du récit est d’introduire un nouveau porteur de l’anneau (enfin de la bague, je me comprends), en plus de placer l’intrigue dans un secteur inconnu et éloigné. Franchement parfait pour les néophytes comme moi, on fait fi de toute continuité. Sur ce postulat, les auteurs développent du très bon comics, une histoire dense et qui prend son temps, ça ne manque pas de thématiques pertinentes et l’univers, qu’on découvre en même temps que notre héroïne, est original. De la bonne sf, intelligente, des personnages réussis, en fait je n’ai pas vraiment eu l’impression d’être devant une histoire de super-héros. Très fort de la part de la scénariste mais la partie graphique enfonce tout autant le clou, c’est franchement balèze à tous niveaux, trait, découpage et surtout les couleurs. Deux auteurs investis pour charmer le lecteur. Décidément, après Wonder Woman Historia que j’avais bien apprécié également, je suis agréablement surpris des nouvelles propositions autour de héros célèbres. Contradictoirement et bizarrement, ça ne m’a pas donné envie d’approfondir leurs aventures respectives classiques mais je considère ces tomes comme des immanquables dans leurs bibliographies.