Les derniers avis (19450 avis)

Par Cleck
Note: 2/5
Couverture de la série Tous à la campagne !
Tous à la campagne !

Tronchet réalise son Retour à la terre. Même thématique initiale que chez Larcenet, même conception via des gags d'une planche. C'est malheureusement assez poussif, très attendu. Côté illustrations, Tronchet adopte un style plus carré qu'à son habitude ; ce qui ne constitue pas une belle idée visuellement, et n'est pas travaillé ni justifié formellement. Une BD d'apparence sympathique, ne décollant jamais tant l'humour est globalement absent. Très anecdotique et fort dispensable, pas désagréable non plus.

26/07/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 2/5
Couverture de la série Pour une nuit - Fantasmes au féminin
Pour une nuit - Fantasmes au féminin

J'avais lu cet album et complètement oublié son existence avant l'avis de Tomdelapampa. Il faut dire que j'ai été assez peu touché par la BD qui reste une histoire de sexe finalement simple, tournée autour d'une seule et même nuit qui concentre des scènes explicites. La BD a des limites assez claire, le récit manquant de développement notamment dans les personnages et les relations, mais j'ai aussi été un peu déçu du dessin. Il n'est pas foncièrement mauvais, surtout que dans ce genre de BD on a souvent du très bas de gamme, mais il n'est pas au niveau d'autres productions que j'ai pu lire et qui mettent en avant un réel talent artistique au service d'une histoire qui interroge la sexualité, la sublime ou la développe. Une BD pas foncièrement mauvaise, mais passable. Oubliable, en fait. C'est le genre que je ne peux pas vraiment recommander.

25/07/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 2/5
Couverture de la série Aliens - Perdition
Aliens - Perdition

Peu de surprises - Ce tome comprend une histoire complète qui ne nécessite pas de connaissance particulière sur les Aliens, apparus pour la première fois dans le film Alien (1979) de Ridley Scott. Il comprend les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2017, écrits, dessinés, encrés et mis en couleurs par James Stokoe qui a également réalisé le lettrage. Il se termine avec 2 couvertures variantes : celle réalisée par Geoff Darrow, et celle réalisée par Albuquerque. Il contient également une demi-douzaine de pages réalisées comme essai pour proposer le projet à l'éditeur Dark Horse et non utilisées dans le récit car correspondant à une autre histoire. À bord de la station Weyland-Yutani (une station orbitale servant à la fois de dépôt de carburant et de point d'étape), Wascylewski (surnommé Wassy) se repose dans un fauteuil devant un panneau de contrôle. Son regard est attiré par un écran qui lui indique qu'il ne reste plus que 4 heures 3 minutes et 36 secondes avant que… et que son intervention immédiate est requise. Il constate qu'il ne lui reste plus de clope, ni de boisson. Il sort de cette pièce et se dirige là où sont stockés les scaphandres. Il en revêt un et sort dans l'espace, ses semelles magnétiques lui assurant un arrimage sur la coque de la station. Il regarde au loin vers un autre vaisseau de donnant pas signe de vie. Il se souvient de quelques heures auparavant. L'équipage de la station Weyland-Yutani avait détecté l'approche d'un vaisseau, mais personne ne répondait aux appels radio du capitaine Hassan, le chef de la station Sphacteria. le scan extérieur du vaisseau ne permettait pas de déterminer son appartenance, tout au plus qu'il est prévu pour 8 personnes. Ne pouvant pas laisser des êtres humains sans assistance le capitaine Hassan emmène avec lui 4 autres employés (dont Wascylewski) pour accoster le vaisseau inconnu et éventuellement secourir tout ou partie de son équipage. Accompagné de 4 membres de son propre équipage, le capitaine Hassan réussit à ouvrir la porte du sas du vaisseau inconnu et à pénétrer à l'intérieur. Les 5 spationautes prennent garde de conserver le casque de leur combinaison pour éviter tout risque de contamination. Ils constatent que les systèmes de support de fonctions vitales fonctionnent encore. En observant l'une des parois, Wascylewski se rend compte qu'elle présente une brèche comme si le métal avait fondu. Ils finissent par trouver les caissons cryogéniques dont 3 sont occupés. Ils décident de ranimer les individus qui s'y trouvent, mais le processus de réanimation dysfonctionne. Malgré tout, les 3 passagers reprennent connaissance. Ils s'évanouissent aussitôt de douleur car il s'agit de 3 grands brûlés. le capitaine décide de les ramener à bord de la station pour les soigner correctement. Au temps présent, Wascylewski est rentré dans la station. Il transporte avec lui une mallette, et il essaye de rallier un point précis, sans faire de mauvaise rencontre. C'est peine perdue. James Stokoe avait fortement impressionné le lecteur avec une histoire réalisée pour un autre personnage sous licence : Godzilla dans Godzilla: Half Century War. le lecteur estime donc qu'il est tout à fait à même de réaliser une histoire convaincante pour une autre licence tout aussi difficile. L'éditeur Dark Horse a commencé à publier des comics basés sur la franchise Alien en 1988, avec une première histoire réalisée par Mark Verheiden & Mark A. Nelson, et en a produit régulièrement depuis. le lecteur sait qu'il n'y a pas beaucoup de types d'histoire d'Alien possible. Un ou plusieurs êtres humains sont enfermés avec un alien dans un vaisseau et il s'en suit une lutte sans merci pouvant déboucher sur la victoire de l'un ou l'autre. Un groupe d'humains lutte contre plusieurs aliens dans un espace moins confiné. Sur ces 2 trames, les scénaristes les plus ambitieux peuvent raconter une histoire ayant pour thème la survie à tout prix jouant sur la beauté de l'efficacité d'un organisme tout entier voué à la survie (celui des aliens), ou pour thème la cupidité des humains prêts à tenter de domestiquer un ou plusieurs aliens pour satisfaire leur cupidité. L'alien peut aussi être relégué au rang de dispositif narratif ou de catalyseur qui fait ressortir le caractère profond de l'individu qui lutte contre lui. Dans la postface, James Stokoe indique que sa proposition initiale à Dark Horse relevait plus d'un affrontement spectaculaire entre un groupe militaire et une colonie d'aliens. Après avoir travaillé le projet avec son responsable éditorial, il a finalement opté pour l'autre possibilité : un récit en milieu confiné avec un seul protagoniste principal. Le lecteur suit donc Wascylewski et regarde comment il prend progressivement conscience du péril que représente l'Alien. Wascylewski représente le pragmatisme, et le scénariste fait ressortir le comportement des autres membres de l'équipage par rapport à ce pragmatisme. Ces autres personnages ont une espérance de vie assez courte et ne sont pas très développés, avec un trait de caractère au maximum. Ils sont compétents dans leur métier, et majoritairement investis dans le fait de porter secours à des êtres humains potentiellement en détresse dans le vaisseau non identifié. L'intrigue transforme donc un équipage restreint en proies pour un nombre encore plus restreint d'Aliens. À partir de là, le lecteur connait le déroulement de l'histoire par avance, les membres de l'équipage se faisant choper les uns à la suite des autres et le dernier tentant de mettre en œuvre un plan de la dernière chance. Il sait qu'il peut s'attendre à des apparitions surprises et inopinées de l'Alien surgissant dans le dos d'un individu ou au-dessus de sa tête. Il sait qu'il aura droit également à la projection de sang acide, à l'éventration et la préhension avec la queue. Il ne s'attend pas forcément à la constitution d'un garde-manger qui sort de l'ordinaire. Il sait tout autant que les pauvres humains vont prendre progressivement la mesure de la capacité de l'Alien à survivre à tout, de son instinct de survie et son absence totale d'émotion. S'il n'est pas habitué aux dessins de James Stokoe, le lecteur découvre une couverture avec ce qui lui semble être un fouillis indescriptible, un fourmillement de petits éléments qui ne font pas forcément sens, l'Alien semblant se décomposer en pièces détachées mécaniques. Tout au long de ces 4 épisodes, l'artiste fait preuve de cette approche obsessionnelle du détail et de la case remplie d'informations visuelles. Ce mode de représentation convient particulièrement aux Aliens auxquels il ne manque aucun détail, que ce soit le nombre d'éléments modulaires de la queue, ou que ce soit la texture de leur peau. Cette représentation montre un monstre complexe, à la texture un peu usée, comme s'il avait survécu au vide de l'espace, et au passage d'un temps incommensurable. Cette obsession des détails apporte une consistance rare aux décors, à commencer par les coursives et les salles de la station spatiale. Comme souvent, le lecteur s'interroge sur la plausibilité de salles de grande dimension, du fait d'une place comptée dans les vaisseaux. Par contre, il peut voir les appareillages qui ne sont pas fait pour être jolis, mais pour être fonctionnels, les conduites de distributions de fluides qui courent partout, les différents câblages, et les consoles de commande. James Stokoe a une manière bien à lui de tracer les contours de formes, de façon qui semble grossière (malgré le nombre très élevé d'éléments représentés) et un peu négligée. C'est comme si l'artiste détourait rapidement chaque forme, sans jamais reprendre son dessin ou le peaufiner. D'une certaine manière, cela compense la rigidité des cases à la limite de la surcharge ; dans le même temps cela peut déconcerter le lecteur habitué à des dessins plus propres sur eux. Rapidement, il constate qu'il apprécie la qualité de la narration visuelle, en particulier dans les pages dépourvues de texte, faciles à lire et compréhensibles du premier coup d'oeil. Les dessins très détaillés empêchent l'auteur de pouvoir surprendre le lecteur avec les apparitions de l'Alien, car ils montrent tout et ne laissent pas de place à la possibilité d'une créature se tapissant dans l'ombre ou dans un recoin. L'artiste n'hésite pas à représenter les éléments horrifiques, mais sans s'appesantir sur leur aspect gore. de ce fait, le lecteur est beaucoup plus impressionné par la capacité de Stokoe à spatialiser de manière cohérente les déplacements des personnages d'une partie à l'autre de la station, que par les apparitions de l'Alien. Au cours de ce récit rapide et rondement mené, l'auteur met des êtres humains face à une créature dont la biologie et le métabolisme sont tout entier consacrés à la survie. L'histoire montre à quel point la civilisation et les valeurs humaines sont fragiles, face à une menace aussi implacable et efficace. En fonction des membres de l'équipage, la confrontation avec un organisme aussi focalisé sur sa survie et la perpétuation de l'espèce provoque des réactions qui vont de l'atterrement à la panique totale. Dans le même temps, les personnages continuent de se préoccuper d'autrui dans la mesure où ils ne sont pas submergés par l'énormité du comportement des Aliens. James Stokoe ne se sert pas tant des Aliens comme révélateur du caractère profond des personnages, mais plutôt comme révélateur d'une solidarité de race qui va jusqu'à prévaloir sur sa propre vie individuelle. Alors qu'il avait imaginé un récit très personnel et original pour Godzilla, James Stokoe donne l'impression d'avoir été coincé par la force fondamentale de l'Alien, sans réussir à donner vie à des personnages qui soient à la hauteur d'une créature aussi parfaite dans sa perpétuation. Les dessins sont toujours aussi personnels et les cases fourmillent de petits traits donnant une consistance rare aux environnements et aux personnages. Mais le lecteur s'aperçoit qu'il ne peut ni admirer de manière perverse les Aliens, ni se projeter dans les personnages, et qu'il n'est pas surpris par le déroulement du récit. Une histoire bien faite mais convenue dans la licence d'Alien.

25/07/2024 (modifier)
Couverture de la série The Witcher (Hi Comics)
The Witcher (Hi Comics)

Pour faire les présentations : je n’ai jamais lu les romans de Sapkowski, jamais joué aux jeux vidéo adaptés, seulement lu le premier tome de la série parue chez Urban Comics dessiné par Piotr Kowalski, et visionné péniblement les trois premières saisons de la série Netflix. Dont je ne pense pas regardé la suite, pas captivé par l’histoire ni la qualité d’écriture. Bref, Hi Comics, un label des éditions Bragelonne reprend le flambeau et s’attaque avec ce tome 1 à l’adaptation d’une nouvelle de l’univers du Sorceleur : Un grain de vérité. Je ne suis pas sûr mais il me semble bien que cet épisode a été adapté lors de la saison 1 de The Witcher…. Le personnage de Nivellen à tête de sanglier m’évoque quelque chose, et effectivement à la lecture de la BD j’avais des réminiscence du scénario de la série (après vérification c’était bien l’épisode 2 de la saison 1) . Bon, ça fait le café on va dire. Une revisite horrifique du conte de la Belle et la Bête plutôt sympatoche, mais qui laisse le lecteur sur sa faim. Je ne suis toujours pas fan de ce Elric version Wish qui manque un je-ne-sais-quoi et dont on en ferait pas tout un battage médiatique s’il n’y avait pas eu les jeux vidéo qui l’on popularisé (c’est « The Wisher » huhuhu). Il aurait fallu sortir un bouquin un peu plus épais regroupant un ensemble d’adaptation de nouvelles du Sorceleur à la limite, là ça passait. Beaucoup trop court, cela n’en ai pas moins plaisant à lire et à scruter (et puis ça coûte que 10 balles, donc pas une arnaque non plus). Dessins de Scharf et couleurs de Villarrubia sont au-dessus du panier des comics américains. Du coup, où est le tome 2 ? Z’ont déjà renoncé ?

23/07/2024 (modifier)
Par Cleck
Note: 2/5
Couverture de la série Nos Mondes perdus
Nos Mondes perdus

Cette BD de Montaigne peine vraiment à trouver son rythme de croisière. Aussi parce que le sujet de celle-ci est mal cerné. Le patriarcat ? Une autobiographie ? La paléontologie ? Comment une société oriente son regard sur les sciences en fonction de ses préoccupations contemporaines ? Il s'agit évidemment de tout cela à la fois, via un mélange longtemps dénué de véritable fil conducteur, au sein d'une vulgarisation scientifique plutôt amusante, mais aussi relativement fastidieuse à lire. Dans mon cas personnel, j'ai hésité à définitivement refermer cette BD durant les 50 premières pages, lues avec une vague curiosité mais sans rire ni sourire aux lèvres. L'inconvénient du style de Montaigne, est que si le propos intéresse modérément (cas du récit autobiographique ouvrant la BD), que le scénario est relativement bancal et les dessins aussi pauvres (même si sympathiques de bonhomie), alors il n'y a plus grand-chose pour retenir l'attention du lecteur. La suite fut heureusement un peu plus convaincante : l'humour notamment fut davantage au rendez-vous et le regard critique sur l'histoire de la paléontologie plus acerbe. Cela reste un rendez-vous manqué et invite une nouvelle fois à interroger le rôle des éditeurs ? À quoi servent-ils s'ils sont incapables de relire, recadrer, structurer et d'imposer des garde-fous aux auteurs ?

22/07/2024 (modifier)
Par Cacal69
Note: 2/5
Couverture de la série Made in Korea
Made in Korea

Je me suis laissé tenter par l'offre découverte à 10 euros. Je rejoins l'avis de Bamiléké. Rien de nouveau sous le soleil de la science-fiction dans le domaine de l'IA. Dans un futur proche (?), l'histoire d'une Intelligence Artificielle qui a la forme d'une petite fille. Elle va être adoptée par un couple qui ne peut pas avoir d'enfants. Une narration qui ne m'a pas convaincu, elle développe pourtant des thèmes intéressants comme la place de la robotique dans notre société, de la parentalité, de la conscience pour une IA ou encore de l'intégration mais aussi de l'identité de genre, le tout sur fond de quête d'identité. Un ensemble indigeste qui est abordé de façon trop simpliste, superficiel et manquant cruellement d'âme. Je n'ai jamais ressenti la moindre compassion pour cet enfant/robot. Le dessin ne m'a pas convaincu non plus avec ce style qui pioche dans le comics et le manga. Un ensemble minimaliste qui fait le job mais qui ne me restera pas en mémoire. L'album se termine avec de petites histoires sur les mêmes thèmes par des auteurs différents. Bof, bof ! Un album que je ne vais pas conserver.

21/07/2024 (modifier)
Couverture de la série Les Gardiens du Louvre
Les Gardiens du Louvre

Mouais. Je ne suis pas sorti convaincu par cet album. Le dessin est du Taniguchi classique, bon et agréable au regard, bien mis en valeur par le grand format, de grandes cases. C'est aéré, mais cela accentue aussi le manque de densité du récit, que j'ai globalement trouvé creux et parfois ennuyeux. car le rythme est très lent... Surtout, j'ai trouvé que Taniguchi, dans cette oeuvre de commande, ne savait pas trop comment s'en sortir. Par facilité (selon moi), il s’écarte un peu du sujet, pour aller vers le musée d'Orsay, vers des peintres qui ne relèvent pas forcément du Louvre, convoquant des auteurs et artistes japonais sans me convaincre de l'intérêt de le faire. Ses "rêveries" sont mal exploitées, et donnent aussi l'impression d'un truc utilisé pour masquer le manque d'idée. Ça se laisse lire, certes. Très rapidement même. Mais je vais l'oublier au moins aussi rapidement je pense.

19/07/2024 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
Couverture de la série Lucky Luke - Lucky Luke se recycle
Lucky Luke - Lucky Luke se recycle

Clairement pas le plus passionnant des hommages à Lucky Luke. Pour commencer, je n'aime pas le dessin. Il n'y a que sur de rares cases paysagères que je l'ai apprécié, comme celles où est dessinée la locomotive du train. Le reste du temps, je trouve les personnages grossièrement dessinés et la mise en scène trop basique. Il en est de même pour la narration : on dirait une histoire pour pré-adolescents, avec de l'action sans arrêt mais rien d'accrocheur. Le comportement des personnages y est mauvais, à commencer par Lucky Luke et son choix de faire une telle traversée à vélo plutôt que de récupérer Jolly Jumper ou de chercher à atteindre une voie de chemin de fer. Idem pour la crise de jalousie artificielle de Jolly Jumper ou pour l'acharnement des deux méchants. Du coup, c'est toute l'intrigue de l'histoire qui ne tient pas debout, et comme l'humour n'y est pas drôle à mon goût, je me suis ennuyé durant cette lecture.

19/07/2024 (modifier)
Couverture de la série La Mare
La Mare

Un des genres qui fonctionnent le moins bien en bandes dessinées, selon moi, est le genre horrifique. C’est pourtant le genre choisi par Erik Kriek dans ce récit. Son inspiration semble principalement venir des films de la seconde moitié des années septante et de la première moitié des années quatre-vingt. On retrouve ainsi ce concept de la maison maudite marquée par la mort, et dans laquelle vont débarquer des personnages eux-mêmes perturbés par un drame personnel. Il s’agit donc d’un récit sans réelle surprise et, pour qu’il marche, son ambiance se devait d’être marquante. Et de ce point de vue, le dessin d’Erik Kriek est un réel atout. Il s’en dégage une noirceur et une forme de difformité malaisante qui sont fort a propos. C’est, je pense, le principal atout de ce livre. Malheureusement, l’écriture n’est pas à la hauteur du dessin. A commencer par la calligraphie choisie, que je trouve trop grosse par rapport au format du livre. J’ai ainsi constamment eu l’impression que les personnages criaient. Mais les dialogues eux-mêmes tombent souvent à plat. Comme aucun traducteur n’est mentionné dans l’album, je suppose que c’est Erik Kriek qui s’est lui-même chargé de cette version française, et je me demande s’il s’agissait d’une bonne idée. La traduction est correcte mais certaines tournures de phrases sont lourdes. J’avais ainsi à la fois l’impression de lire un résumé de ce que les personnages devaient dire dans la version originale tout en trouvant certaines informations données un peu inutiles ou redondantes. Le principal demeure cependant le récit en lui-même. Et celui-ci manque clairement d’originalité. Par ailleurs, les personnages auraient pu être plus développés, histoire de leur donner plus de zones d’ombre et de justifier la noirceur du récit. Là, l’ensemble m’a semblé trop gentil, trop expéditif et trop prévisible. Pour ma part, ce sera un bof, et cet album confirme à mes yeux qu’il est difficile d’effrayer au travers d’une bande dessinée.

19/07/2024 (modifier)
Couverture de la série Léo Ferré - Ni Dieu, ni Maître
Léo Ferré - Ni Dieu, ni Maître

Léo Ferré est un chanteur qui m'a intéressé un temps, en tout cas ce que je connaissais de lui (en tant que chanteur et en tant que personne, ses idées politiques) me l'avait rendu très sympathique et attachant. C'est aujourd'hui un personnage qui tombe dans l'oubli. Et je dois dire que cet album ne garantit pas de l'en faire sortir. En effet, je l'ai trouvé globalement décevant. J'ai eu du mal avec le dessin. Sans fioriture et plutôt lisible, je l'ai trouvé brouillon et très inégal. En particulier les très nombreux visages connus ne sont pas toujours réussis et reconnaissables. Mais c'est surtout la narration que j'ai trouvée sans saveur. Elle finit par rendre presque insipide Léo Ferré, et cela dessert la volonté pourtant affirmée en préface de rendre hommage au bonhomme et à son oeuvre. On a souvent l'impression de lire une chronologie illustrée. Un procédé classique qui manque de dynamisme et ronronne trop. Ayant lu un certain nombre de choses concernant les échanges entre André Breton et Léo Ferré, j'attendais de voir comment c'était traité ici. Eh bien je dois dire que ce passage frôle le n'importe quoi. Outre que comme le reste il est traité sur le ton de l'anecdote illustrée, la cause de la rupture est ici ridicule et incompréhensible (Breton voudrait écrire une préface à "Poète vos papiers", est invité chez Ferré, tout se passe bien, il dort chez Ferré mais, visiblement réveillé aux aurores par un coq, et mal luné, Breton déclame en colère "Léo, en danger, ne faites jamais paraitre ce livre". Et puis c'est tout). Bien malin celui qui comprendra quelque chose (et Breton apparait ici comme un débile profond ?). Bref, j'ai insisté sur cette anecdote car le surréalisme et Breton sont de mes passions, mais elle est éclairante: une suite d'anecdotes - fussent-elles pertinentes - ne forme pas une biographie intéressante, encore moins passionnante, ce qui est un comble pour un bonhomme qui a vécu ses passions (amoureuses, poétiques, politiques, musicales) sans transiger. La volonté de bien faire ne suffit pas.

18/07/2024 (modifier)