Les derniers avis (20385 avis)

Par gruizzli
Note: 2/5
Couverture de la série M is for Monster
M is for Monster

Bon, mon deuxième volume de cette collection ne m'a pas semblé très intéressant en termes de lecture, et j'en suis assez déçu. Non pas que j'avais des attentes spécialement hautes, mais que la BD promettait quelque chose d'intéressant finalement jamais vraiment traité. On sent que la BD est nourrie de questionnement de genre et de réflexion queer, ce qui n'est pas pour me déplaire. Rien que le fait de se présenter en explicitant les pronoms qu'on utilise est un détail en apparence anodin mais qui prend pas mal de sens dans le récit. En effet, si l'on parle de réécriture de Frankenstein, il ne faut pas chercher dans les questionnements que se faisaient le chef-d’œuvre de Mary Shelley. Ici, pas de questionnements sur la science et les limites de ce qu'on peut faire, la peur de la création devenue incontrôlable ou les questions sur la portée du créateur sur son œuvre. Non, ici le récit est bien plus centré sur les questionnements de la créature qui se réveille sans mémoire de son passé (mais en se rappelant comment manger, boire ou parler, une astuce très peu crédible réellement mais qu'on accepte scénaristiquement). Et la BD se pose bien plus la question de l'identité qu'on a, dans un contexte où une personne veut nous faire coller à une étiquette spécifique qui nous semble éloignée de nos préoccupations. Disons-le tout net, je pense que la BD est une allégorie complète de la transidentité ou de l'identité queer en générale : la créature a un prénom imposé, une identité vestimentaire (jusqu'aux cheveux), un comportement et des gouts qu'on lui dicte mais qui ne lui convienne pas. Elle s'en affranchie en se confrontant et finalement devient acceptée pour ce qu'elle est, l'identité qu'elle s'est choisie et pas celle que la société (enfin, sa sœur) a décidée pour elle. Je ne pense pas passer loin en voyant cette analogie qui est criante de vérité dans le récit. Maintenant que c'est dit, je dois être honnête et je ne trouve pas la BD bien passionnante. Déjà elle comporte un nombre très restreint de personnages -4- et comporte également très peu d'interactions en dehors des deux sœurs. Le propos, outre l'identité de la créature, est aussi sur le deuil de l'une des deux. Sauf que j'ai trouvé le récit long et franchement pas intéressant pendant la majeure partie du récit. On comprend vite vers où la BD va aller et le déroulé est sans surprise d'un bout à l'autre, ce qui n'aide pas à s'impliquer dans l'histoire. La fin du récit concentre enfin les discussions qu'on aurait du avoir dès le début et je trouve que l'ensemble retombe bien vite, même si la fin heureuse est sympathique pour éviter de tomber dans des clichés du genre. Sauf qu'à ce moment-là j'étais déjà peu intéressé par l'ensemble. Le copain de la sœur est anecdotique et la voisine fait cliché de vieille mamie gâteau qu'on oppose à la sœur scientifique, comme si les deux n'étaient pas compatibles. J'ajouterais que j'ai trouvé le dessin franchement pas fou. C'est très perfectible et les expressions se ressemblent très souvent. J'ai été assez vite lassé du trait, d'autant que les cases font assez vides et que l'ensemble n'est pas très détaillé. En fait, ça m'évoquait un trait de blog BD avec des histoires qu'on fait rapidement pour les poster dans la semaine. Donc voila, une histoire aux bonnes volontés mais dont l’exécution est assez banale, trop linéaire et au style de dessin qui est franchement pas fou. L'autrice a envie de bien faire, et c'est déjà très bien, mais ça ne me suffit pas. Un premier album que je ne recommanderais pas, donc. J'attends de voir ce que l'autrice va proposer par la suite.

31/10/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
Couverture de la série Gladiatorus
Gladiatorus

Série d'humour à thème typique de chez Bamboo, celle-ci ne sort pas du lot et ennuie assez vite. Des gags en une planche, un thème historique traité sur le ton léger, et une galerie de personnages caricaturaux. Sur le papier, l'idée d’une comédie dans l'arène romaine pouvait être amusante, mais le résultat ici est fade et répétitif. Les gags sont rarement drôles, souvent prévisibles, et l'ensemble finit par tourner en rond dès les premières pages. L'humour manque d'audace et de rythme, et je me suis vite lassé de cette succession de chutes convenues. Le dessin de son côté est plutôt correct même si j'ai mis un instant à me faire à son aspect épuré et légèrement formaté. Il a une certaine élégance, mais quelque chose dans le trait ou les couleurs m’a semblé maladroit, pas totalement abouti. J'aime bien l’idée de mélanger humour et cadre antique, mais le tout manque ici cruellement de mordant. En dehors de quelques jeux de mots, j'ai rarement souri, et encore moins ri. Gladiatorus se lit sans surprise, comme une série calibrée pour un jeune public, mais sans la fraîcheur ni la folie nécessaires pour séduire au-delà.

28/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Princesse Princesse
Princesse Princesse

L'idée de raconter un pseudo conte de fée dans lequel nous suivons des personnages à contre-pied de leurs archétypes habituels a déjà été fait un bon paquet de fois, mais, lorsque bien réalisé, j'avoue avoir un faible pour ce genre de récit simple mais pas nécessairement simpliste. Une petite histoire mignonne jouant sur les codes et les idées bien connues pour les remettre en question. Alors si on ajoute le fait que le récit est écrit et dessiné par un-e auteur-ice que j'ai vaguement eu dans le collimateur il y a un moment, je n'ai pas hésité à l'acheter. Le problème, vous pouvez vous en douter à la note, c'est que je n'ai pas été convaincue du résultat. Ça m'embête sincèrement de mettre une note si basse à cet album, parce que la base (bien que simple et pas nécessairement originale) peut promettre a minima un petit récit amusant. Malheureusement, je me dois d'être honnête, j'ai eu l'impression de voir un travail fait à la va-vite. Je n'utilise pas ce mot à la légère : tout va trop vite. On nous présente nos personnages archétypaux à leur strict minimum (Amira est une princesse cherchant l'aventure et Sadie est une princesse potelée et émotive), toutes les péripéties s'enchaînent à la vitesse de l'éclair et se résument au nombre astronomique de quatre (en comptant la rencontre, donc en étant généreuse) et je ne vous parle même pas du conflit de fond entre Sadie et sa soeur, ni de sa résolution expédiée en deux cases à peine. Je me suis longuement demandée si un-e lecteur-ice plus jeune ne serait pas moins dure que moi, car après tout, grande lectrice d'œuvres jeunesse et tout public que je suis je n'en reste pas moins une adulte aigrie, mais j'ai tout de même l'impression que tout ceci va trop vite, ne se développe pas assez. La seule plus-value que trouverait un jeune public face à cet album serait éventuellement de n'avoir jamais lu/vu encore d'oeuvre jouant avec les codes archétypaux des récits de princesses et de chevaliers. Les dessins n'aident pas mon ressenti. J'aime le dessin de K. O'Neill que je trouve léger et plein de douceur (c'est d'ailleurs son style graphique qui m'avait fait garder un oeil sur iel et qui m'a poussé à faire un gros achat d'impulsion dernièrement pour m'essayer à ses oeuvres), mais ici je le trouve trop gras. Les traits sont trops gros, étouffent le dessin, les expressions et la douceur qui m'avaient pourtant attirée. Même sans la nature épaisse du trait, j'avoue que les expressions des personnages m'ont semblées étrangement à la fois sous-jouées et sur-jouées, en ça que les visages sont très souvent souriants mais sans grande variation. Il reste travaillé mais j'avoue être restée totalement hermétique face au travail graphique de cet album. A ma connaissance il ne s'agit pas là d'une de ses premières oeuvres donc il s'agit sans doute d'une expérimentation de style (c'est toujours bien d'expérimenter), mais il n'empêche que le tout m'a vraiment laissée de marbre. Dommage. (J'adore la coupe de cheveux d'Amira, soi-dit en passant).

27/10/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
Couverture de la série Récré A3
Récré A3

Récré A3 se présente comme une parodie déjantée des dessins animés cultes de la génération Récré A2, en particulier Goldorak, Albator et Candy. L'idée est de détourner les codes de ces séries japonaises des années 70 et 80 pour en faire une comédie absurde et pleine de clins d’oeil. Le dessin de Boris Beuzelin, qui se cache ici sous le pseudo éphémère Yockwan, fonctionne bien avec ce ton parodique. Il adopte un style chibi (petits bonshommes à grosses têtes rigolotes), à la fois caricatural et expressif, et la colorisation apporte une vraie vitalité à l'ensemble. Malheureusement, si l'intention de la série est claire, le résultat ne touche pas les deux publics que la série aurait pu viser. Le ton, volontairement potache et irrévérencieux, rappelle une ambiance de déconne un peu primaire de cour de récré : cela pourrait amuser des préados. Mais les nombreuses références ne parleront qu’aux lecteurs ayant suivi ces dessins animés à la fin des années 70 et début 80. Et pour ce public, l'humour est souvent trop bas de plafond. Certaines planches se terminent même sans que je sois sûr qu'elles contiennent un gag, et n'avancent pas davantage le fil rouge de l'intrigue. De plus, Actarustre, version vulgaire et narcissique d'Actarus, est trop central et agace plus qu’il ne fait rire. L'humour fonctionne un peu mieux dans les seconds rôles que dans la parodie frontale des personnages principaux. J'ai apprécié les Sylvidres, avec le caractère que les auteurs leur ont donné, et un peu Minos et Albator, même si on s'en lasse rapidement. Les autres personnages laissent plus indifférent, notamment la parodie de Candy, lisse et peu utile à l’histoire. Le second tome introduit davantage de références, notamment du côté des méchants, et on peut s'amuser à essayer de toutes les reconnaître. Mais quand moi-même qui suis de la bonne génération, je n'ai pas su identifier la méchante blonde et son Golemeuh, au cœur de plusieurs gags, j'imagine que la plupart des jeunes lecteurs contemporains doivent passer complètement à côté de ces clins d'oeil et de nombreux aspects de l’intrigue. La série a le mérite d’assumer son délire et de proposer un bref moment de nostalgie, mais cet hommage parodique est trop rarement drôle pour un lecteur adulte, et il ne parlera guère aux plus jeunes, pourtant potentiellement les plus réceptifs à ce type d'humour.

27/10/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
Couverture de la série Autour d'Odile
Autour d'Odile

Cette série revisite les clichés du conte de fées à travers une série de gags où une princesse capricieuse attend impatiemment de se faire sauver de la garde d'un dragon bougon par un chevalier un peu benêt. Unité de lieu : une tour avec la princesse à son sommet. Unité d'humour où les gags fusionnent les clichés de contes de fées et les situations absurdes et anachroniques à base de réseaux sociaux et de shopping girly. Mais aussi unité d'idée car cela tourne très vite en rond. L’humour est trop basique et convenu pour vraiment provoquer le rire : les chutes sont attendues, les situations souvent recyclées, et la série manque d’un vrai grain de folie. La situation ne progresse pas et tourne vite en rond. Quant au dessin, il fait le job sans éclat : clair et expressif, mais trop simpliste, avec un style proche du dessin de presse qui limite la richesse visuelle. L’ensemble se lit à petites doses, mais ennuie par sa répétitivité dès qu'on enchaine quelques pages, comme une parodie qui n’assume jamais vraiment d’aller jusqu’au bout de son potentiel comique.

27/10/2025 (modifier)
Par greg
Note: 2/5
Couverture de la série L'Histoire de Siloë
L'Histoire de Siloë

C'est effectivement très moyen. L'histoire est assez classique: dans un futur proche, une gamine ayant acquise des pouvoirs télépathiques est l'objet d'attentions pas très honorables par différentes factions. On a déjà un postulat de base bien connu. Cela aurait pu rendre les choses assez intéressantes avec des personnages bien creusés. Mais ce n'est pas le cas. La gamine, Siloe, est une éternelle victime, atone, qui subit très souvent avec un regard vide. Son père n'a pas une psychologie très poussée, lui aussi semble suivre le courant et subir, ses rares initiatives (dont la motivation reste floue, sa psychologie change plusieurs fois) s'essoufflent très vite. Le seul personnage un tant soit peu intéressant, un journaliste sur lequel est centré le premier tome, devient secondaire (et très con) dans les deux suivants. Le seul point "original" de cette série, c'est l'énorme délais de publication entre le tome 2 et 3, presque 20 ans.

26/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Survival - Warm Springs
Survival - Warm Springs

Mouais. Je reste sur ma faim après cette lecture. Non pas que le lecteur soit floué sur le type de marchandise proposée. En effet tout est misé sur l'action, et uniquement sur elle. Pas de psychologie des personnages développée, et un récit qui va droit au but et ce tient à quelque chose de trop linéaire. Mais bon, Bec aurait quand même pu davantage densifier l'intrigue. Même le début - le rare moment sans action - où nos quatre randonneurs (et leur guide) préparent leur randonnée (traversée d'une forêt et escalade d'un glacier et d'un sommet enneigé), est décevant. Pas grand chose sur les personnages, une présentation lourdingue de légendes indiennes (la balade doit traverser une réserve), qui au final va s'avérer sans intérêt, si ce n'est de nous faire accroire une intervention des Amérindiens à un moment. Et, des le départ de leur randonnée, nos touristes vont croiser des chasseurs locaux - surgelés - et quelques circonstances malheureuses vont transformer la suite en une chasse à l'homme hyper linéaire, seulement rythmée par les morts successives des randonneurs. Surtout, en sus du manque de suspens ou d'intérêt, il y a trop de facilités et/ou d'incohérences à accepter. Les décisions prises par les randonneurs sont le plus souvent improbables : pourquoi vouloir franchir cette montagne avec un blessé sur les bras, alors que redescendre simplement et s'expliquer normalement avec les chasseurs me paraissait le plus logique. Enfin, l'absence apparente de conséquences judiciaires ne peut qu'interroger. Ca n'est clairement pas le meilleur Bec.

26/10/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 2/5
Couverture de la série Trompe-l'œil
Trompe-l'œil

Un album que j'ai trouvé franchement bof. On sent l'influence des frères Coen avec cette bande de méchants qui se pensent intelligents et qui ont un plan simple pour faire un grand coup d'argent, mais évidement tout ne va pas se passer comme prévu. J'aime bien plusieurs films des Coen donc j'étais en terrain connu et je dois dire que j'ai été déçu. Le scénario ne m'a jamais vraiment intéressé et j'ai passé ma lecture totalement en dehors du récit. Rien qui s'y passait n’a retenu mon attention. Il faut dire que l'action est censée se passer au Québec et tout le monde parle comme si on était en France. On nomme Montréal quelques fois, mais l'action aurait pu se passer dans n'importe quel coin quelconque d'un pays européen habité par des francophones et on aurait vu aucune différence. Ça peut être juste un détail pour un non-québécois, mais pour moi ça donnait l'impression que tout sonnait faux et ça a contribué à me faire sortir du récit. Faut dire aussi que le dessin n'aide pas le scénario. Je ne veux pas être méchant envers le dessinateur, surtout qu'il dessine mieux que moi, mais je n'aime pas du tout comment sont dessinés ses personnages. J'ai l'impression de voir un travail d'amateur publié dans un fanzine ou dans un blog sur internet.

24/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Darryl Ouvremonde
Darryl Ouvremonde

Mouais. La lecture n’est pas désagréable, mais elle m’a quand même un peu laissé sur ma faim. Je pense qu’elle s’adresse davantage à des lecteurs adolescents, de par son dessin, mais aussi ses péripéties (que j’ai trouvé parfois inspirées d’Harry Potter). Le dessin est lisible, peut plaire (on peut le trouver jolie), mais ce travail visiblement à l’informatique n’est pas trop mon truc, surtout que les visages ont un rendu un peu « manga » dont je ne suis pas fan. Et la colorisation lisse trop les détails. Quant à l’histoire, elle met en scène un univers étrange, l'Ouvremonde, où règne la magie, avec comme héros Darryl, journalyste (je n’ai pas compris ce truc de remplacer sur certains mots les « i » par des « y »), qui, aidé d’une fée, du fantôme d’un ami, va enquêter sur une mystérieuse menace. Un petit côté steampunk parfois, plein de détails très « Potter », mais une intrigue qui m’a moyennement captivé. La conclusion est aussi un peu trop brutale. L’illusion est entretenue sur le fait que ce que nous venons de lire est le scénario qu’une auteure propose à son éditrice – ou est-ce la réalité ? De même, une dernière petite phrase peut laisser penser qu’une autre aventure pourrait être envisagée. Elle se ferait alors sans moi. A réserver à des ados je pense. Note réelle 2,5/5.

23/10/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
Couverture de la série Tarzan par Russ Manning
Tarzan par Russ Manning

Je connaissais déjà plusieurs des dessinateurs historiques de Tarzan, de Foster à Hogarth, et j’étais curieux de découvrir ce que Russ Manning, souvent présenté comme l’un de leurs grands héritiers, avait pu apporter au mythe. Malheureusement, ma lecture s’est révélée bien moins enthousiasmante que prévu. Graphiquement, Manning livre un travail propre, élégant, parfois même trop sage. Ses personnages ont la classe et l'élégance des comics de l'âge d'or. Toutefois son trait clair et fluide donne au roi de la jungle une allure policée, presque trop soignée avec sa coiffure impeccable. Il propose un héros lisse, aux postures parfaites mais sans vraie intensité. Ses animaux sont en outre parfois peu convaincants, en particulier les primates pourtant si essentiels au récit de l’homme singe. Les arrière-plans sont souvent vides et comblés par les couleurs informatiques et assez laides des rééditions récentes chez Soleil puis Graph Zeppelin, ce qui n’arrange rien : elles aplatissent les reliefs et privent les planches de leur mystère. On devine le soin, mais il ne reste pas grand-chose de la moiteur et du danger de la jungle. Narrativement, il paraît difficile de dater la série tant sa naïveté semble parfois accuser un âge encore plus ancien que le sien, alors que son graphisme et son rythme plus modernes donnent l’impression d’une œuvre récente. Les scénarios sont répétitifs, prisonniers d’un schéma d’aventure à l’ancienne : Tarzan sauve la belle, affronte des fauves, croise des civilisations perdues ou de vils méchants bien manichéens, puis recommence. Il a tout du super-héros capable d’apprendre seul à lire et à écrire une langue inconnue, de s’envoler en tendant le bras vers une liane providentielle, et de garder sa stature de mâle alpha impeccable. Ce n’est pas désagréable, mais difficile d’y voir autre chose qu’un feuilleton figé dans les codes des années 60, voire d’avant. Les dialogues sont plats, et l’héroïsme sans nuance finit par lasser. Sur le plan du contenu, chaque histoire se déroule à une époque différente de la vie de Tarzan, avec parfois des ellipses si grandes qu’on a clairement l’impression d’avoir manqué des épisodes. Entre la première et la deuxième histoire, on découvre que Tarzan a vécu de nombreuses aventures en Europe et en Amérique, notamment contre des espions russes. Puis entre la deuxième et la troisième, on apprend qu’il a eu un bébé avec Jane, lequel est déjà adolescent dans l’histoire suivante. Par la suite, on revient en arrière, dans un flou artistique où tout se mélange et où le monde paraît minuscule, tant tous les protagonistes semblent se retrouver sans cesse au même endroit, avec des coïncidences énormes. L’auteur lui-même se perd dans ses continuités : des marins français retrouvent des naufragés déjà sauvés des mois plus tôt dans une aventure précédente, ou le fils de Tarzan appelle à l’aide Tantor, l’éléphant ami de son père, surgissant de nulle part alors qu’on l’avait laissé des années auparavant à l’autre bout de l’Afrique. Certaines histoires se déroulent dans la jungle africaine fantasmée chère aux classiques du personnage, d’autres plongent Tarzan dans la civilisation où il affronte divers scélérats, ennemis de la France ou de l’Angleterre, ou part en quête de trésors oubliés. Cette version de Tarzan m’a semblé à la fois trop lisse sur le plan graphique et trop kitsch dans ses intrigues. Manning a sans doute apporté une clarté et une rigueur bienvenues, mais au prix d’une part d’âme. Une curiosité historique, certes, mais une lecture assez fade pour qui espère encore frissonner dans la jungle.

23/10/2025 (modifier)