Je me suis à plusieurs reprises fait la remarque que plusieurs des reines évoquées dans cette collection n’avaient pas été si « sanglantes » que ça. Et voici une femme qui est connue pour l’avoir été – mais qui n’était pas reine…
Le point positif de cet album – et pour tout dire le seul qui m’ait un tant soit peu satisfait – c’est le dessin de Pilipovic. Un beau rendu (et la colorisation de Fabris est, elle aussi, très agréable). Un trait réaliste et classique, dynamique, très plaisant donc. Il tombe par contre dans certains travers, avec des femmes qui sont toutes des bombasses à la poitrine opulente. Pas désagréable pour les yeux, mais ça fait un peu cliché.
Et cela renforce aussi certains défauts du récit de Pécau, qui multiplie les scènes déshabillées, voire d’orgie, qui font un peu prétexte et n’apportent pas toujours quelque chose au récit.
Erzsebet Bathory a déjà donné lieu à pas mal de bouquins, et de nombreuses séries BD (voir le thème dédié), et je dois dire que l’album de Pécau m’a franchement déçu.
J’ai souvent trouvé que ça n’était qu’un assemblage d’anecdotes, de passages mal liés, et le personnage même d’Erzsebet/Elisabeth Bathory n’en sort pas ici très « éclairci ». Sa tante dans le premier tiers de l’album, un de ses oncles ambitieux et manipulateur ensuite l’éclipsent même parfois. Et la chute est un peu expédiée et brutale.
Du coup, on survole un personnage et une famille sans trop en savoir plus au final – mise à part sa plastique. L’autre sanguinaire des Carpates, dont la légende a alimenté l’imagination de pas mal de monde depuis des siècles, est mal servie avec cet album.
J’ai emprunté ces deux albums au hasard. Il faut dire qu’à défaut de sortir du lot, ils sortaient franchement des bacs où je les ai rencontrés, tant le format est vraiment très grand et surprenant (275 x 383 mm quand même) !
Un format qui a priori permet de mettre en valeur le dessinateur. Et c’est vrai que Di Filadoro au dessin et Amici aux couleurs ont du talent. J’ai juste trouvé un peu bizarre le rendu parfois, avec certaines parties des cases aux contours précis, d’autres plus floues, certains passages plus détaillés que d’autres. Je ne suis pas fan du mélange des styles (en particulier avec ces fantômes colorés qui tranchent par rapport au décor). Certaines planches tiennent plus de l’illustration que de la BD parfois. Si le dessin des personnages n’est pas forcément mon truc, l’aspect graphique est globalement bon.
C’est plutôt l’intrigue qui m’a laissé sur ma faim. En effet, il y a des longueurs, et l’histoire n’est pas emballante. J’attendais plus du second tome, pour dynamiser l’histoire. Mais j’ai trouvé que ça restait ronronnant, assez – trop – basique, dans les dialogues et l’histoire elle-même, alors que certains passages sont plutôt obscurs.
Original au niveau éditorial et graphique, mais décevant au niveau narratif.
Je trouve que cet album manque de profondeur. Il est parsemé de rebondissements en pagaille, de personnages introduits à la va vite dont on ne comprend pas leurs histoires, leurs implications, leurs liens avec les protagonistes et qui par dessus tout ne sont pas développés sur le plan psychologique.
Il y a beaucoup de scènes taquines entre Sherlock et Arsène, qui me sont apparu bien fades et redondantes sans réussir pour autant à m'attacher aux deux personnages et à l’inverse l'intrigue principale manque de fond, tout est résolu sans effort grâce au génie de nos deux héros. Il n y a aucune surprise, aucune difficulté, aucune originalité et les raccourcis scénaristiques sont légions. Cette BD m'a ennuyé du début à la fin, je n'en serai pas pour la suite, je n'ai pas été convaincu ni par l’histoire, ni par les personnages.
Le dessin a du charme, beaucoup moins quand le dessinateur n'y met pas tout son talent. Certaines planches donnent l'impression de ne pas être terminées, elles ne sont pas aussi fournies que d'autres et donnent une consistance un peu brouillonne à l’œuvre. Ça reste de très bons dessins dans l'ensemble, malheureusement desservi pas un scénario superficiel.
C'est pas totalement mauvais, mais c'est évident que cette série n'est pas non plus une grande réussite.
Premièrement Gadiro est accompagné d'un petit groupe d'amis , à la lecture de 2 tomes ils n'ont pas d'impacts réels sur le déroulement de l'histoire leurs absences ne changeraient rien au bon déroulement de l'histoire, juste des faire-valoir
Concernant les méchants du côté des humains , aucun charisme je les ai trouvés creux, du côté des dieux il y a sûrement une bonne carte à jouer.
Côté dessin il n'y a rien de transcendant, certains passages ont même un petit côté amateur.
En gros ça se lit d'un œil à demi clos.
J’ai emprunté ce diptyque un peu au hasard, après avoir entrouvert un album et avoir été attiré par l’univers animalier, et surtout par le rendu de la colorisation, avec ces nuances de marron et de rouille qui écartent toute autre influence. Et c’est d’ailleurs cet aspect qui m’a le plus plu au fil de ma lecture, cette colorisation crée une ambiance à la fois souterraine et crépusculaire intrigante – plaisante en ce qui me concerne en tout cas.
Pour revenir sur le dessin, il est plutôt agréable, mais je n’ai pas trop aimé les scènes d’action, souvent difficile à lire, dans la fin du premier tome, et surtout dans le second. Un dessin par ailleurs pas trop fouillé, mais qui passe.
L’histoire quant à elle m’a un peu moins captivé. Si le point de départ est intriguant, la suite est moins dynamique, et s’étale beaucoup trop, des longueurs auraient pu être évitées. Ça se lit très vite, car il y a peu de texte (et d’intrigue en fait), et tout ceci me fait dire que l’ensemble aurait pu tenir en un seul tome plus resserré.
Les personnages ne sont pas trop fouillés – comme l’intrigue donc – et ils sont aussi souvent stéréotypés, manquant de nuances. Les retournements de situation en fin d’histoire, après une éphémère montée en tension, sont un peu « gentils ». Je pense que cette série est à réserver à un jeune lectorat, adolescent. L’adulte que je suis a apprécié la mise en image – et en couleurs surtout – mais est resté sur sa faim concernant l’histoire.
Note réelle 2,5/5.
Mais du coup, qui sont les gentils, qui sont les méchants ?
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2025. Il a été réalisé par Olivier Gay pour le scénario, par Geyser pour les dessins, et par Alicia Scima pour les couleurs. Il comprend quarante-six pages de bande dessinée.
Dans le grand temple de la ville d’Amadis, un triumvirat de dieux est apparu au grand prêtre dans la grande salle de prières, au milieu des cierges éteints, au-dessus de la plateforme au milieu du bassin. Lorsque les dieux sont mécontents, les mortels tremblent. Même le grand prêtre Na-Routef, chef suprême du clergé, grand commandeur des templiers, l’homme le plus puissant de l’empire. Des milliers de soldats à son service, des coffres remplis d’or, des concubines par dizaines. Et pourtant, il tremble. Les dieux lui demandent ce qu’est cette guerre qu’il mène en leur nom. Le grand prêtre explique qu’il n’avait pas le choix : l’empereur les a provoqués, ils vont mettre ses armées en déroute et installer une théocratie pour la plus grande gloire des dieux. La trinité répond que ce sera certainement également pour la gloire du grand prêtre. Peu importe, car ils sont venus en ce temple pour une autre raison : ils ont une mission à lui confier, et il a intérêt à ne pas les décevoir. Le prélat promet tout ce qu’ils veulent : s’agit-il de leur ériger un temple, de brûler des mécréants ? Ils répondent : rien de tout ça, il devra juste éliminer quelqu’un pour eux. Un templier.
Sur un champ de bataille, un templier reprend conscience. Il repousse le cadavre imposant du guerrier qui s’est écroulé en travers sur lui. Il enlève le morceau de lance fiché dans son flanc, et il se rend compte qu’il n’a pas été blessé car la pointe de la lance a été arrêté par sa flasque métallique d’alcool : il faut croire qu’il y a un dieu pour les ivrognes. Il se redresse, tout en ramassant son épée, et en se demandant où il se trouve et si la bataille est finie. Il appelle pour voir s’il y a quelqu’un. Il sort du large bâtiment dans lequel il a repris connaissance et il découvre un immense champ de bataille, avec des bâtiments dont une église encore en flammes, et de nombreux cadavres en armure. Il commence à se parler à haute voix, tout en commentant ce qu’il découvre : Pour une bataille, c’était une sacrée bataille, mais qui a gagné ? Eux ? Et qui sont-ils ? Quel est son propre camp ? Qui est-il ? Il se rend compte qu’il ne se souvient de rien. Il a beau se concentrer, seul son nom lui revient en tête : Amrak. Il suppose qu’il a dû se prendre un sacré coup sur la tête. Quoi qu’il en soit, tant qu’il ne saura pas quel camp a gagné, il vaudrait mieux qu’il se montre discret. Soudain, quelqu’un l’interpelle, et lui demande pourquoi il n’est pas reparti avec les autres. Il s’agit d’un groupe de trois pillards, des détrousseurs de cadavres. Leur chef engage la conversation avec le templier. Mais Amrak marche malencontreusement sur le crâne d’un mort, et il tombe à la renverse… alors qu’une flèche vient se planter dans l’arbre à côté, à la hauteur de l’endroit où se trouvait sa tête encore une seconde auparavant. Le combat s’engage entre le templier et les détrousseurs.
Un récit de Fantasy, avec des phénomènes surnaturels et une mythologie : un panthéon sur lequel le lecteur en apprendra plus au cours du récit, et un héros qui semble bénéficier d’une chance surnaturelle. Le lecteur reconnaît peut-être le nom du scénariste, qui a déjà travaillé avec Christophe Arleston, en particulier sur la trilogie Danthrakon (2019-2020), et sur les deux récits de la série Les Maléfices du Danthrakon, dont l’excellent Succès Damné (2023). En fonction de sa familiarité avec les univers d’Arleston, le lecteur peut identifier un certain nombre de similitude. Tout d’abord dans la tonalité narrative : il règne une forme douce d’humour qui dédramatise les péripéties, entre remarques taquines voire insolentes, et des marques d’autodérision chez certains personnages. Ensuite, il s’agit d’un récit qui met à profit les conventions du genre Fantasy, comme des éléments prêts à l’emploi, ne nécessitant pas d’être détaillés ou étoffés. En une phrase, le conflit entre l’Empire et les Templiers est établi, sur la base d’un intérêt économique, sans plus d’information sur l’empereur, ou sur la création de l’ordre des Templiers. Avec cette petite touche iconoclaste : le déclencheur du conflit est d’ordre économique, et pas idéologique. Autre grand classique dans les récits d’Arleston : la présence d’une jeune femme combative qui n’a pas froid aux yeux, dans tous les sens du terme.
La prise de contact avec ce tome s’effectue par la couverture très réussie : les cadavres et les débris du champ de bataille, les colonnes ouvragées pour encadrer et mettre en valeur le personnage, la monture carapaçonnée, le détail des accessoires de la selle, et la quantité de flèches dont une partie brisée, le nombre exagéré introduisant une petite touche de dérision. L’artiste manie très bien cette dimension visuelle, un comique discret qui tient à distance le sérieux, le risque de prétention et les potentiels moments ridicules découlant du caractère stéréotypé et étriqué des conventions de ce genre. Dès la première page, le lecteur sourit en captant le regard fourbe du grand prêtre, qui rend évident qu’il travaille surtout pour son intérêt personnel, et sous la contrainte de la peur que lui inspirent les dieux. Cette capacité a faire apparaître l’émotion qui trahit un état d’esprit pas forcément flatteur : le regard très calculateur du chef des détrousseurs estimant la manière dont il peut escroquer Amrak, la concentration de Taina avec le petit bout de langue qui dépasse de la bouche pour bien lancer son grappin, le regard fixe d’Amrak sur le postérieur de la jeune femme alors qu’elle monte avant lui, le regard fixe et fermé du père de Taina répondant à un soldat, l’expression tout en retenue d’Amrak travesti en femme, les récriminations irrésistibles des dieux, etc. Le dessinateur fait un usage tout aussi opportun et parlant des postures et des mouvements des personnages, en termes de langage corporel, sans systématisation, à bon escient.
Le dessinateur s’investit également pour donner à voir un environnement pleinement réalisé, concret et cohérent, une qualité indispensable pour donner de la personnalité à un récit de genre. Par exemple, il a travaillé les éléments de l’armure des templiers, et donc d’Amrak pour la rendre spécifique. Il s’est bien amusé avec les tenues hétéroclites de bric et de broc des détrousseurs. Taina est bien sûr à son avantage dans ses tenues, sans pour autant que cela ne vire à l’exhibitionnisme, mettant en valeur son ventre plat, sa belle chevelure, sa façon très particulière d’envisager le côté utilitariste de sa robe de soirée, autant de détails qui rehaussent son caractère. Le lecteur se rend compte qu’il est sensible aux grandes cases établissant le décor en début de scène : la monumentale salle du temple, la découverte du champ de bataille encore ravagé par des incendies, la vue générale de la ville d’Amadis, construite au pied de la montagne des dieux, avec tous ses temples, les toits de forme très variés de cette même ville, l’escalier du sentier divin qui serpente le long de la montagne pour desservir les temples (plus le dieu est puissant, plus le temple est haut), la grande salle du casino digne de Las Vegas, etc. Scénariste et artiste se sont bien coordonnés pour des moments inoubliables : le pied botté d’Amrak glissant sur le crâne d’un cadavre en en arrachant un œil, les superbes acrobaties de Taina passant de toit en toit, la mère de Taina lui reprochant ses écarts de conduite, la plantureuse poitrine d’Amrak, etc.
L’intrigue repose sur un mystère et une forme de course-poursuite, deux dispositifs assurant une bonne dynamique au récit. Le lecteur s’interroge également sur la véritable nature d’Amrak, et sur la source de sa chance insolite. Il en vient à se demander si Taina ne serait pas sous le coup d’une force similaire mais avec un effet de malchance, s’il s’agit d’un principe régissant ce monde. Il s’interroge sur un possible dénouement opposant l’empereur et le grand prêtre, sur le niveau d’intervention des dieux dans la réalité, sur l’éventualité d’un autre niveau de réalité, etc. Le scénariste s’amuse bien avec l’enchaînement de péripéties et de tribulations, pour une narration sans temps mort, un divertissement sympathique. Avec un dénouement tenant les promesses sous-jacentes des remarques incidentes.
Dans le même temps, scénariste et dessinateur restent cohérents dans leur mode narratif. Ils ont choisi le registre du divertissement, avec des éléments comiques désamorçant les situations dramatiques. Par exemple, la mort des parents de Taina intervient de manière très soudaine, sans aucun signe annonciateur. Cela donne lieu à une scène d’action d’une page, totalement muette constituée de six cases de la largeur de la page, et à une vive réaction émotionnelle de la part de leur fille. Puis tout repart comme si rien ne s’était passé, ou plutôt comme s’il s’agissait d’un événement fort opportun pour le déroulement de l’intrigue, créé artificiellement uniquement dans ce but. Incidemment, le lecteur absorbe inconsciemment les remarques sur le pouvoir de l’argent, l’obéissance aveugle à des déités, la réalité du carnage de la guerre avec un nombre de morts révulsant, l’intelligence limitée de la soldatesque lorsqu’ils obéissent sans chercher à comprendre, le pouvoir de la chance (ou bien son rôle dans la vie d’un individu, alors qu’il n’en a aucune maîtrise), et la mesquinerie des dieux à l’image du commun des mortels.
Une aventure tout public, bien troussée, avec des auteurs professionnels. Le dessinateur sait donner corps à un monde imaginaire, permettant au lecteur de s’y immerger et d’y croire, avec un vrai talent pour donner vie aux personnages, pour faire apparaître leur caractère, et leur faillibilité d’êtres humains. Un scénario inventif et direct, prenant en compte le nombre de pages réduit ne leur permettant pas de développer plus avant leur monde. Cette dernière caractéristique contraint les créateurs, consignant le récit à un divertissement efficace.
Je considère FabCaro comme un des dessinateurs français les plus hilarants toutes générations confondues. C’est donc avec plaisir que je découvre sa bibliographie au compte goutte pour ne pas tout lire d’un coup puis rester sur ma faim.
FabCaro adore essayer de nouveaux concepts/angles/thèmes, mais toujours avec un humour qui lui est propre et qui fait mouche (c’est toujours une de mes recommandations initiales à mes amis qui souhaitent découvrir le monde de la BD). Bien que ce ne soit pas l’oeuvre la plus drôle de l’auteur, on tient quand même ici une de ses BDs les plus originales. Celle-ci se présente comme un carnet de voyage, un voyage que l’auteur n’a en réalité jamais fait (et confond assez facilement le Pérou avec le Mexique) et qui nous montre également des étapes de réalisation du bouquin avec les commentaires de ses proches et de son éditeur.
C’est comme toujours assez absurde, certains bon gags. Les parties faussement sérieuses sont quand même parfois un peu trop sérieuses, ce qui tend à casser le rythme comique (on en arrive à lire des commentaires sur les habitants et la nourriture en attendant l’arrivée du prochain gag). Le style de dessin est propre à FabCaro et alterne entre le bleu pour et le noir pour les différentes temporalités.
Un bon carnet pour préparer un futur voyage au Pérou (ou au Mexique)!
Un roman graphique qui m'a laissé indifférent.
Le seul truc que j'ai aimé est le dessin qui est dynamique et bien mis en scène. Le problème vient plus du scénario qui ne m'a pas du tout captivé. Il faut dire que l'album n'a pas de résumé et que ce n'est que lorsque j'ai lu le résumé sur internet que j'ai commencé à comprendre un peu où l'autrice voulait en venir.
Ça commence quand même de manière bizarre avec une petite fille et deux femmes adultes qui ont des visages de monstres pourchasser dans la nature un chien errant avec je pense l'intention de le tuer. Puis elles reprennent forme humaine et on comprend qu'une des adultes est la tante de la petite fille et qu'elle est en couple avec une autre femme. Vu que le résumé parle de l'émancipation des femmes, j'imagine que les scènes avec des personnages féminins qui agissent en monstres ça doit représenter le fait que la société patriarcale fait en sorte qu'elles sont uniquement totalement libres transformées en monstres et en attaquant des êtres vivants plus faibles qu'elles ou un truc comme ça.
Puis après un certain nombre de pages, le couple de lesbiennes se sépare et cela les rend bien tristes. On parle beaucoup et je me souviens plus trop de quoi alors que j'ai lu l'album ce matin ! Je suis passé à coté du récit, j'ai eu l'impression de voir un de ces films intellos dont je ne comprends rien. J'ai rien contre le contemplatif si je m'attache aux personnages, mais ici aucun ne m'a intéressé. Peut-être que d'autres lecteurs vont plus accrocher que moi, surtout les gros fans de roman graphique. Si vous aimez la fiction avec de l'action, vous allez vous ennuyer ferme ici.
Corbeyran se lance dans une reprise – l’idée est à la mode chez les grands éditeurs – d’une vieille série de Vance. Et le titre en lui-même fait à la fois le lien et vieillot. Comme la couverture de Surzhenko, avec une colorisation dont le rendu rappelle quelques vieux westerns.
Mais dans l’album la colorisation de Surzhenko est plus moderne – presque trop lumineuse parfois. Mais son talent graphique ne souffre pas trop de contestation. Il s’est déjà frotté au western dans un prequel de Durango, et ici son trait réaliste (dans la lignée de celui de Meyer) est franchement bon. Fluide, dynamique, c’est un réel plus pour le lecteur.
Quant à l’intrigue de Corbeyran, je l’ai trouvé pour le moment lisible, dynamique – très rythmée en tout cas – mais globalement décevante.
On peine à s’attacher aux personnages, tant Corbeyran privilégie l’action à la psychologie. Et les dialogues comme les situations sont parfois ampoulées, téléphonées. Des facilités (Ringo est trop infaillible, à la manière de Tex – qui a sans doute influencé Corbeyran – et c’est incroyable comme tout le monde se croise sur une faible étendue du vaste Far-West dans cette histoire ! A vouloir raconter plein de choses et présenter trop de personnages rapidement, Corbeyran présente une intrigue un peu bâclée, qui a des relents elle aussi un peu vieillots dans son déroulé.
Le très beau dessin de Surzhenko aide à passer un moment pas désagréable, mais pour le moment cette histoire ne m’a pas enthousiasmé.
Note réelle 2,5/5.
Un récit qui se veut poétique, ou en tout cas qui se cherche une narration travaillée, sur le sujet de l'espionnage et des éponymes agents dormants.
Tous comme ces agents dormants, vivant une vie factice, se mettant en veille en attendant leurs ordres, pour qui leur identité créée de toute pièce ne doit sembler être qu'un étrange rêve, on présente ici un récit qui cherche à mélanger onirisme et froide réalité. En tout cas, on confronte la mort cruelle qui attend souvent à la fin et le semblant de normalité, factice mais pourtant tout de même réel, qui l'a précédé.
La narration est intéressante, le dessin fait son office (même s'il n'est pas vraiment à mon goût), le résultat est bon. J'avoue tout de même être restée de marbre face à cette lecture. L'œuvre n'est pas mauvaise, j'apprécie l'exercice de prose, mais je n'ai pas réussi à pleinement rentrer dedans.
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Elisabeth Bathory - La Comtesse sanglante
Je me suis à plusieurs reprises fait la remarque que plusieurs des reines évoquées dans cette collection n’avaient pas été si « sanglantes » que ça. Et voici une femme qui est connue pour l’avoir été – mais qui n’était pas reine… Le point positif de cet album – et pour tout dire le seul qui m’ait un tant soit peu satisfait – c’est le dessin de Pilipovic. Un beau rendu (et la colorisation de Fabris est, elle aussi, très agréable). Un trait réaliste et classique, dynamique, très plaisant donc. Il tombe par contre dans certains travers, avec des femmes qui sont toutes des bombasses à la poitrine opulente. Pas désagréable pour les yeux, mais ça fait un peu cliché. Et cela renforce aussi certains défauts du récit de Pécau, qui multiplie les scènes déshabillées, voire d’orgie, qui font un peu prétexte et n’apportent pas toujours quelque chose au récit. Erzsebet Bathory a déjà donné lieu à pas mal de bouquins, et de nombreuses séries BD (voir le thème dédié), et je dois dire que l’album de Pécau m’a franchement déçu. J’ai souvent trouvé que ça n’était qu’un assemblage d’anecdotes, de passages mal liés, et le personnage même d’Erzsebet/Elisabeth Bathory n’en sort pas ici très « éclairci ». Sa tante dans le premier tiers de l’album, un de ses oncles ambitieux et manipulateur ensuite l’éclipsent même parfois. Et la chute est un peu expédiée et brutale. Du coup, on survole un personnage et une famille sans trop en savoir plus au final – mise à part sa plastique. L’autre sanguinaire des Carpates, dont la légende a alimenté l’imagination de pas mal de monde depuis des siècles, est mal servie avec cet album.
La Vallée des Mutants
J’ai emprunté ces deux albums au hasard. Il faut dire qu’à défaut de sortir du lot, ils sortaient franchement des bacs où je les ai rencontrés, tant le format est vraiment très grand et surprenant (275 x 383 mm quand même) ! Un format qui a priori permet de mettre en valeur le dessinateur. Et c’est vrai que Di Filadoro au dessin et Amici aux couleurs ont du talent. J’ai juste trouvé un peu bizarre le rendu parfois, avec certaines parties des cases aux contours précis, d’autres plus floues, certains passages plus détaillés que d’autres. Je ne suis pas fan du mélange des styles (en particulier avec ces fantômes colorés qui tranchent par rapport au décor). Certaines planches tiennent plus de l’illustration que de la BD parfois. Si le dessin des personnages n’est pas forcément mon truc, l’aspect graphique est globalement bon. C’est plutôt l’intrigue qui m’a laissé sur ma faim. En effet, il y a des longueurs, et l’histoire n’est pas emballante. J’attendais plus du second tome, pour dynamiser l’histoire. Mais j’ai trouvé que ça restait ronronnant, assez – trop – basique, dans les dialogues et l’histoire elle-même, alors que certains passages sont plutôt obscurs. Original au niveau éditorial et graphique, mais décevant au niveau narratif.
Sherlock Holmes contre Arsène Lupin
Je trouve que cet album manque de profondeur. Il est parsemé de rebondissements en pagaille, de personnages introduits à la va vite dont on ne comprend pas leurs histoires, leurs implications, leurs liens avec les protagonistes et qui par dessus tout ne sont pas développés sur le plan psychologique. Il y a beaucoup de scènes taquines entre Sherlock et Arsène, qui me sont apparu bien fades et redondantes sans réussir pour autant à m'attacher aux deux personnages et à l’inverse l'intrigue principale manque de fond, tout est résolu sans effort grâce au génie de nos deux héros. Il n y a aucune surprise, aucune difficulté, aucune originalité et les raccourcis scénaristiques sont légions. Cette BD m'a ennuyé du début à la fin, je n'en serai pas pour la suite, je n'ai pas été convaincu ni par l’histoire, ni par les personnages. Le dessin a du charme, beaucoup moins quand le dessinateur n'y met pas tout son talent. Certaines planches donnent l'impression de ne pas être terminées, elles ne sont pas aussi fournies que d'autres et donnent une consistance un peu brouillonne à l’œuvre. Ça reste de très bons dessins dans l'ensemble, malheureusement desservi pas un scénario superficiel.
Gadiro - Ambassadeur de l'Atlantide
C'est pas totalement mauvais, mais c'est évident que cette série n'est pas non plus une grande réussite. Premièrement Gadiro est accompagné d'un petit groupe d'amis , à la lecture de 2 tomes ils n'ont pas d'impacts réels sur le déroulement de l'histoire leurs absences ne changeraient rien au bon déroulement de l'histoire, juste des faire-valoir Concernant les méchants du côté des humains , aucun charisme je les ai trouvés creux, du côté des dieux il y a sûrement une bonne carte à jouer. Côté dessin il n'y a rien de transcendant, certains passages ont même un petit côté amateur. En gros ça se lit d'un œil à demi clos.
Pandemonium (Ki-oon)
J’ai emprunté ce diptyque un peu au hasard, après avoir entrouvert un album et avoir été attiré par l’univers animalier, et surtout par le rendu de la colorisation, avec ces nuances de marron et de rouille qui écartent toute autre influence. Et c’est d’ailleurs cet aspect qui m’a le plus plu au fil de ma lecture, cette colorisation crée une ambiance à la fois souterraine et crépusculaire intrigante – plaisante en ce qui me concerne en tout cas. Pour revenir sur le dessin, il est plutôt agréable, mais je n’ai pas trop aimé les scènes d’action, souvent difficile à lire, dans la fin du premier tome, et surtout dans le second. Un dessin par ailleurs pas trop fouillé, mais qui passe. L’histoire quant à elle m’a un peu moins captivé. Si le point de départ est intriguant, la suite est moins dynamique, et s’étale beaucoup trop, des longueurs auraient pu être évitées. Ça se lit très vite, car il y a peu de texte (et d’intrigue en fait), et tout ceci me fait dire que l’ensemble aurait pu tenir en un seul tome plus resserré. Les personnages ne sont pas trop fouillés – comme l’intrigue donc – et ils sont aussi souvent stéréotypés, manquant de nuances. Les retournements de situation en fin d’histoire, après une éphémère montée en tension, sont un peu « gentils ». Je pense que cette série est à réserver à un jeune lectorat, adolescent. L’adulte que je suis a apprécié la mise en image – et en couleurs surtout – mais est resté sur sa faim concernant l’histoire. Note réelle 2,5/5.
Le Destin d'Amrak
Mais du coup, qui sont les gentils, qui sont les méchants ? - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2025. Il a été réalisé par Olivier Gay pour le scénario, par Geyser pour les dessins, et par Alicia Scima pour les couleurs. Il comprend quarante-six pages de bande dessinée. Dans le grand temple de la ville d’Amadis, un triumvirat de dieux est apparu au grand prêtre dans la grande salle de prières, au milieu des cierges éteints, au-dessus de la plateforme au milieu du bassin. Lorsque les dieux sont mécontents, les mortels tremblent. Même le grand prêtre Na-Routef, chef suprême du clergé, grand commandeur des templiers, l’homme le plus puissant de l’empire. Des milliers de soldats à son service, des coffres remplis d’or, des concubines par dizaines. Et pourtant, il tremble. Les dieux lui demandent ce qu’est cette guerre qu’il mène en leur nom. Le grand prêtre explique qu’il n’avait pas le choix : l’empereur les a provoqués, ils vont mettre ses armées en déroute et installer une théocratie pour la plus grande gloire des dieux. La trinité répond que ce sera certainement également pour la gloire du grand prêtre. Peu importe, car ils sont venus en ce temple pour une autre raison : ils ont une mission à lui confier, et il a intérêt à ne pas les décevoir. Le prélat promet tout ce qu’ils veulent : s’agit-il de leur ériger un temple, de brûler des mécréants ? Ils répondent : rien de tout ça, il devra juste éliminer quelqu’un pour eux. Un templier. Sur un champ de bataille, un templier reprend conscience. Il repousse le cadavre imposant du guerrier qui s’est écroulé en travers sur lui. Il enlève le morceau de lance fiché dans son flanc, et il se rend compte qu’il n’a pas été blessé car la pointe de la lance a été arrêté par sa flasque métallique d’alcool : il faut croire qu’il y a un dieu pour les ivrognes. Il se redresse, tout en ramassant son épée, et en se demandant où il se trouve et si la bataille est finie. Il appelle pour voir s’il y a quelqu’un. Il sort du large bâtiment dans lequel il a repris connaissance et il découvre un immense champ de bataille, avec des bâtiments dont une église encore en flammes, et de nombreux cadavres en armure. Il commence à se parler à haute voix, tout en commentant ce qu’il découvre : Pour une bataille, c’était une sacrée bataille, mais qui a gagné ? Eux ? Et qui sont-ils ? Quel est son propre camp ? Qui est-il ? Il se rend compte qu’il ne se souvient de rien. Il a beau se concentrer, seul son nom lui revient en tête : Amrak. Il suppose qu’il a dû se prendre un sacré coup sur la tête. Quoi qu’il en soit, tant qu’il ne saura pas quel camp a gagné, il vaudrait mieux qu’il se montre discret. Soudain, quelqu’un l’interpelle, et lui demande pourquoi il n’est pas reparti avec les autres. Il s’agit d’un groupe de trois pillards, des détrousseurs de cadavres. Leur chef engage la conversation avec le templier. Mais Amrak marche malencontreusement sur le crâne d’un mort, et il tombe à la renverse… alors qu’une flèche vient se planter dans l’arbre à côté, à la hauteur de l’endroit où se trouvait sa tête encore une seconde auparavant. Le combat s’engage entre le templier et les détrousseurs. Un récit de Fantasy, avec des phénomènes surnaturels et une mythologie : un panthéon sur lequel le lecteur en apprendra plus au cours du récit, et un héros qui semble bénéficier d’une chance surnaturelle. Le lecteur reconnaît peut-être le nom du scénariste, qui a déjà travaillé avec Christophe Arleston, en particulier sur la trilogie Danthrakon (2019-2020), et sur les deux récits de la série Les Maléfices du Danthrakon, dont l’excellent Succès Damné (2023). En fonction de sa familiarité avec les univers d’Arleston, le lecteur peut identifier un certain nombre de similitude. Tout d’abord dans la tonalité narrative : il règne une forme douce d’humour qui dédramatise les péripéties, entre remarques taquines voire insolentes, et des marques d’autodérision chez certains personnages. Ensuite, il s’agit d’un récit qui met à profit les conventions du genre Fantasy, comme des éléments prêts à l’emploi, ne nécessitant pas d’être détaillés ou étoffés. En une phrase, le conflit entre l’Empire et les Templiers est établi, sur la base d’un intérêt économique, sans plus d’information sur l’empereur, ou sur la création de l’ordre des Templiers. Avec cette petite touche iconoclaste : le déclencheur du conflit est d’ordre économique, et pas idéologique. Autre grand classique dans les récits d’Arleston : la présence d’une jeune femme combative qui n’a pas froid aux yeux, dans tous les sens du terme. La prise de contact avec ce tome s’effectue par la couverture très réussie : les cadavres et les débris du champ de bataille, les colonnes ouvragées pour encadrer et mettre en valeur le personnage, la monture carapaçonnée, le détail des accessoires de la selle, et la quantité de flèches dont une partie brisée, le nombre exagéré introduisant une petite touche de dérision. L’artiste manie très bien cette dimension visuelle, un comique discret qui tient à distance le sérieux, le risque de prétention et les potentiels moments ridicules découlant du caractère stéréotypé et étriqué des conventions de ce genre. Dès la première page, le lecteur sourit en captant le regard fourbe du grand prêtre, qui rend évident qu’il travaille surtout pour son intérêt personnel, et sous la contrainte de la peur que lui inspirent les dieux. Cette capacité a faire apparaître l’émotion qui trahit un état d’esprit pas forcément flatteur : le regard très calculateur du chef des détrousseurs estimant la manière dont il peut escroquer Amrak, la concentration de Taina avec le petit bout de langue qui dépasse de la bouche pour bien lancer son grappin, le regard fixe d’Amrak sur le postérieur de la jeune femme alors qu’elle monte avant lui, le regard fixe et fermé du père de Taina répondant à un soldat, l’expression tout en retenue d’Amrak travesti en femme, les récriminations irrésistibles des dieux, etc. Le dessinateur fait un usage tout aussi opportun et parlant des postures et des mouvements des personnages, en termes de langage corporel, sans systématisation, à bon escient. Le dessinateur s’investit également pour donner à voir un environnement pleinement réalisé, concret et cohérent, une qualité indispensable pour donner de la personnalité à un récit de genre. Par exemple, il a travaillé les éléments de l’armure des templiers, et donc d’Amrak pour la rendre spécifique. Il s’est bien amusé avec les tenues hétéroclites de bric et de broc des détrousseurs. Taina est bien sûr à son avantage dans ses tenues, sans pour autant que cela ne vire à l’exhibitionnisme, mettant en valeur son ventre plat, sa belle chevelure, sa façon très particulière d’envisager le côté utilitariste de sa robe de soirée, autant de détails qui rehaussent son caractère. Le lecteur se rend compte qu’il est sensible aux grandes cases établissant le décor en début de scène : la monumentale salle du temple, la découverte du champ de bataille encore ravagé par des incendies, la vue générale de la ville d’Amadis, construite au pied de la montagne des dieux, avec tous ses temples, les toits de forme très variés de cette même ville, l’escalier du sentier divin qui serpente le long de la montagne pour desservir les temples (plus le dieu est puissant, plus le temple est haut), la grande salle du casino digne de Las Vegas, etc. Scénariste et artiste se sont bien coordonnés pour des moments inoubliables : le pied botté d’Amrak glissant sur le crâne d’un cadavre en en arrachant un œil, les superbes acrobaties de Taina passant de toit en toit, la mère de Taina lui reprochant ses écarts de conduite, la plantureuse poitrine d’Amrak, etc. L’intrigue repose sur un mystère et une forme de course-poursuite, deux dispositifs assurant une bonne dynamique au récit. Le lecteur s’interroge également sur la véritable nature d’Amrak, et sur la source de sa chance insolite. Il en vient à se demander si Taina ne serait pas sous le coup d’une force similaire mais avec un effet de malchance, s’il s’agit d’un principe régissant ce monde. Il s’interroge sur un possible dénouement opposant l’empereur et le grand prêtre, sur le niveau d’intervention des dieux dans la réalité, sur l’éventualité d’un autre niveau de réalité, etc. Le scénariste s’amuse bien avec l’enchaînement de péripéties et de tribulations, pour une narration sans temps mort, un divertissement sympathique. Avec un dénouement tenant les promesses sous-jacentes des remarques incidentes. Dans le même temps, scénariste et dessinateur restent cohérents dans leur mode narratif. Ils ont choisi le registre du divertissement, avec des éléments comiques désamorçant les situations dramatiques. Par exemple, la mort des parents de Taina intervient de manière très soudaine, sans aucun signe annonciateur. Cela donne lieu à une scène d’action d’une page, totalement muette constituée de six cases de la largeur de la page, et à une vive réaction émotionnelle de la part de leur fille. Puis tout repart comme si rien ne s’était passé, ou plutôt comme s’il s’agissait d’un événement fort opportun pour le déroulement de l’intrigue, créé artificiellement uniquement dans ce but. Incidemment, le lecteur absorbe inconsciemment les remarques sur le pouvoir de l’argent, l’obéissance aveugle à des déités, la réalité du carnage de la guerre avec un nombre de morts révulsant, l’intelligence limitée de la soldatesque lorsqu’ils obéissent sans chercher à comprendre, le pouvoir de la chance (ou bien son rôle dans la vie d’un individu, alors qu’il n’en a aucune maîtrise), et la mesquinerie des dieux à l’image du commun des mortels. Une aventure tout public, bien troussée, avec des auteurs professionnels. Le dessinateur sait donner corps à un monde imaginaire, permettant au lecteur de s’y immerger et d’y croire, avec un vrai talent pour donner vie aux personnages, pour faire apparaître leur caractère, et leur faillibilité d’êtres humains. Un scénario inventif et direct, prenant en compte le nombre de pages réduit ne leur permettant pas de développer plus avant leur monde. Cette dernière caractéristique contraint les créateurs, consignant le récit à un divertissement efficace.
Carnet du Pérou
Je considère FabCaro comme un des dessinateurs français les plus hilarants toutes générations confondues. C’est donc avec plaisir que je découvre sa bibliographie au compte goutte pour ne pas tout lire d’un coup puis rester sur ma faim. FabCaro adore essayer de nouveaux concepts/angles/thèmes, mais toujours avec un humour qui lui est propre et qui fait mouche (c’est toujours une de mes recommandations initiales à mes amis qui souhaitent découvrir le monde de la BD). Bien que ce ne soit pas l’oeuvre la plus drôle de l’auteur, on tient quand même ici une de ses BDs les plus originales. Celle-ci se présente comme un carnet de voyage, un voyage que l’auteur n’a en réalité jamais fait (et confond assez facilement le Pérou avec le Mexique) et qui nous montre également des étapes de réalisation du bouquin avec les commentaires de ses proches et de son éditeur. C’est comme toujours assez absurde, certains bon gags. Les parties faussement sérieuses sont quand même parfois un peu trop sérieuses, ce qui tend à casser le rythme comique (on en arrive à lire des commentaires sur les habitants et la nourriture en attendant l’arrivée du prochain gag). Le style de dessin est propre à FabCaro et alterne entre le bleu pour et le noir pour les différentes temporalités. Un bon carnet pour préparer un futur voyage au Pérou (ou au Mexique)!
Le Goût de la nectarine
Un roman graphique qui m'a laissé indifférent. Le seul truc que j'ai aimé est le dessin qui est dynamique et bien mis en scène. Le problème vient plus du scénario qui ne m'a pas du tout captivé. Il faut dire que l'album n'a pas de résumé et que ce n'est que lorsque j'ai lu le résumé sur internet que j'ai commencé à comprendre un peu où l'autrice voulait en venir. Ça commence quand même de manière bizarre avec une petite fille et deux femmes adultes qui ont des visages de monstres pourchasser dans la nature un chien errant avec je pense l'intention de le tuer. Puis elles reprennent forme humaine et on comprend qu'une des adultes est la tante de la petite fille et qu'elle est en couple avec une autre femme. Vu que le résumé parle de l'émancipation des femmes, j'imagine que les scènes avec des personnages féminins qui agissent en monstres ça doit représenter le fait que la société patriarcale fait en sorte qu'elles sont uniquement totalement libres transformées en monstres et en attaquant des êtres vivants plus faibles qu'elles ou un truc comme ça. Puis après un certain nombre de pages, le couple de lesbiennes se sépare et cela les rend bien tristes. On parle beaucoup et je me souviens plus trop de quoi alors que j'ai lu l'album ce matin ! Je suis passé à coté du récit, j'ai eu l'impression de voir un de ces films intellos dont je ne comprends rien. J'ai rien contre le contemplatif si je m'attache aux personnages, mais ici aucun ne m'a intéressé. Peut-être que d'autres lecteurs vont plus accrocher que moi, surtout les gros fans de roman graphique. Si vous aimez la fiction avec de l'action, vous allez vous ennuyer ferme ici.
Ray Ringo
Corbeyran se lance dans une reprise – l’idée est à la mode chez les grands éditeurs – d’une vieille série de Vance. Et le titre en lui-même fait à la fois le lien et vieillot. Comme la couverture de Surzhenko, avec une colorisation dont le rendu rappelle quelques vieux westerns. Mais dans l’album la colorisation de Surzhenko est plus moderne – presque trop lumineuse parfois. Mais son talent graphique ne souffre pas trop de contestation. Il s’est déjà frotté au western dans un prequel de Durango, et ici son trait réaliste (dans la lignée de celui de Meyer) est franchement bon. Fluide, dynamique, c’est un réel plus pour le lecteur. Quant à l’intrigue de Corbeyran, je l’ai trouvé pour le moment lisible, dynamique – très rythmée en tout cas – mais globalement décevante. On peine à s’attacher aux personnages, tant Corbeyran privilégie l’action à la psychologie. Et les dialogues comme les situations sont parfois ampoulées, téléphonées. Des facilités (Ringo est trop infaillible, à la manière de Tex – qui a sans doute influencé Corbeyran – et c’est incroyable comme tout le monde se croise sur une faible étendue du vaste Far-West dans cette histoire ! A vouloir raconter plein de choses et présenter trop de personnages rapidement, Corbeyran présente une intrigue un peu bâclée, qui a des relents elle aussi un peu vieillots dans son déroulé. Le très beau dessin de Surzhenko aide à passer un moment pas désagréable, mais pour le moment cette histoire ne m’a pas enthousiasmé. Note réelle 2,5/5.
Agents dormants
Un récit qui se veut poétique, ou en tout cas qui se cherche une narration travaillée, sur le sujet de l'espionnage et des éponymes agents dormants. Tous comme ces agents dormants, vivant une vie factice, se mettant en veille en attendant leurs ordres, pour qui leur identité créée de toute pièce ne doit sembler être qu'un étrange rêve, on présente ici un récit qui cherche à mélanger onirisme et froide réalité. En tout cas, on confronte la mort cruelle qui attend souvent à la fin et le semblant de normalité, factice mais pourtant tout de même réel, qui l'a précédé. La narration est intéressante, le dessin fait son office (même s'il n'est pas vraiment à mon goût), le résultat est bon. J'avoue tout de même être restée de marbre face à cette lecture. L'œuvre n'est pas mauvaise, j'apprécie l'exercice de prose, mais je n'ai pas réussi à pleinement rentrer dedans.