Hazara Blues

Note: 2/5
(2/5 pour 1 avis)

Reza, Afghan hazara né en Iran, fuit à 28 ans vers la France, après une vie de rejet et de clandestinité pour échapper à sa condition de paria.


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Quand il arrive en France à 28 ans, Reza comprend qu’il doit apprendre par cœur sa date de naissance, car c’est vital si l’on veut s’insérer de ce côté du monde. Né en 1980 à Mashhad en Iran, il est en réalité afghan car il appartient à l’ethnie Hazara, paria en Iran comme en Afghanistan. Enfant, il comprend vite que lui et les siens ne sont pas les bienvenus, qu’on n’aime pas son petit nez et ses yeux en amande. La maîtresse l’oblige à déclarer devant toute la classe qu’il est afghan, et en rentrant de l’école, il peut lire sur des affiches dans la rue « Ce pays est beau mais ce n’est pas le vôtre ». À 10 ans, il commence à travailler et il accompagne sa mère rendre visite dans les geôles du pays à son frère, prisonnier politique. En grandissant, il découvre le cinéma en achetant des cassettes VHS sur le marché noir, qu’il cache sous son manteau. À 26 ans, après être tombé dans l’opium, il se déguise en imam pour échapper aux contrôles de police et suivre à Téhéran les cours d’un grand réalisateur. Aussi, quand il est invité au Vatican pour y recevoir un prix pour son premier film, il fait une promesse à son frère. Ne jamais revenir dans un pays où on risque sa vie pour être né Hazara. Commence alors un parcours migratoire semé d’embûches, entre les campements dans le quartier de Stalingrad à Paris et la demande d’asile politique… avec toujours, l’amour du cinéma en toile de fond.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 20 Août 2025
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Hazara Blues © Sarbacane 2025
Les notes
Note: 2/5
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07/09/2025 | Blue boy
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Par Blue boy
Note: 2/5
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Yann Damezin, que l’on avait découvert il y a six ans avec « Concerto pour main gauche » et qui nous avait littéralement éblouis, trois ans plus tard, avec Majnoun et Leïli - Chants d'outre-tombe, nous revient ici dans un registre différent. « Hazara Blues » est né de la rencontre avec Réza, cet Afghan qui, avec sa famille, avait dû fuir son pays, notamment en raison de l’emprise croissante des Talibans et des attaques contre la minorité ethnique hazari à laquelle il appartient. Dans ce témoignage particulièrement dense, l’homme évoque son rêve de devenir cinéaste dans un contexte très peu favorable, pas plus en Afghanistan qu’en Iran, où les réfugiés afghans sont rarement accueillis à bras ouverts… Discriminé dans son propre pays, Réza avait en outre le « tort » d’être afghan dans la république islamique. Yann Damezin a ainsi mis en images l’histoire de ce jeune homme. Après sa flamboyante adaptation du conte oriental précité, véritable chef d’œuvre graphique, c’est peu dire que cet auteur était attendu au tournant. Tout comme la Boîte à bulles l’avait fait pour "Majnoun et Leïli", les éditions Sarbacane ont particulièrement soigné la qualité éditoriale, comme à leur habitude. En grand format, le livre bénéficie d’une superbe couverture agrémentée d’un vernis sélectif vert étincelant, qui suscite immédiatement l’envie de se plonger dans sa lecture. Malheureusement, après quelques dizaines de pages, il sera très difficile de masquer une certaine déception… Bien sûr, l’initiative de Damezin d’évoquer la vie d’un réfugié reste tout à fait méritoire. Et on doit lui être reconnaissant de mettre en lumière une personne qui a appartenu à cette cohorte anonyme de ceux qu’on appelle pudiquement « migrants », en échange du qualificatif trop connoté d’ « immigrés ». Dans la ligne de Fabien Toulmé avec "L’Odyssée d’Hakim", de Lucas Vallerie avec "Traversées", ou d’Antonio Altarriba et Sergio Garcia Sanchez avec Le Ciel dans la tête, Yann Damezin vient documenter le parcours de ces hommes et femmes tout en leur donnant un visage, en leur rendant leur statut d’être humain digne de respect, à rebours de la xénophobie croissante qui se propage un peu partout à la faveur d’un système en déliquescence, consumé par le capitalisme, et ce à l’échelle internationale. Là où on pourra avoir quelques réserves à l’endroit d’ « Hazara Blues », et c’est mon cas, c’est avant tout sur le plan de la narration, qui souffre de longueurs et semble avoir été conçue dans l’improvisation. Et ce qui domine, c’est une impression simultanée de dispersion et de monotonie, avec une partie textuelle un peu redondante, des détails pas toujours très passionnants, même si on sent la volonté de l’auteur d’être respectueux dans sa démarche et de ne négliger aucun détail du parcours de Réza. Je suis obligé de l’admettre et cela me fait de la peine parce que j’attendais beaucoup de ce récit : je me suis ennuyé à la la lecture, ma déception étant à la hauteur de mes attentes. De même, on ne retrouve pas l’émerveillement que l’on avait ressenti avec le graphisme sublime de "Majnoun et Leïli", ici très simplifié et par moments minimaliste à l’extrême. Comme si Damezin se contentait de reproduire à l’infini les gimmicks visuels de son univers, si unique soit-il. Les personnages, trop nombreux peut-être, sont ici représentés de façon assez sommaire, un peu froide et figée, et on a parfois des difficultés à identifier les visages. Quant à la mise en couleurs, l’auteur a opté pour une monochromie où domine le vert, avec des tonalités différentes selon les passages. On est loin du feu d’artifice de son conte oriental… Objectivement, « Hazara Blues » n’est bien sûr pas à jeter aux orties. Certes, Yann Damezin avait mis la barre très très haute avec son précédent opus, mais celui-ci tient difficilement la comparaison, quand bien même il pourra toucher la frange du public la plus sensible au sort des personnes dans cette situation. (Note réelle 2,5)

07/09/2025 (modifier)