Je pense que c'est la première fois que je vois un dessin manga aussi dépouillé. De grandes cases avec très peu de détails, un album avec de petites histoires d'une dizaine de pages et assez rapidement lu. C'est un petit personnage doté d'une petite corne, la cornigule, qui évolue dans un étrange monde, semblable au nôtre mais plus fantaisiste. Je l'ai lu 2 fois car les histoires ne racontent tellement pas grand chose que je partais vers le 1/5. La seconde lecture me rend plus clément.
Je dirai que c'est plutôt destiné à un public jeune, voire enfantin. Maintenant cet album qui a 20 ans ne doit plus trop se trouver, en tout cas pas au rayon lecture jeunesse des bibliothèques. En réalité ce sont plutôt des lecteurs habitués aux éditions Cornélius qui vont s'y pencher.
Je continue mon exploration des albums scénarisés par Jim comme on continue celle de l'esprit d'un auteur et d'un homme. Avec l'album précédent, Rester jeune à tout prix, publié cinq ans avant celui-ci, je faisais le constat que l'auteur, ou en tout cas son avatar dans la BD, reflétait une véritable insécurité et instabilité. A en croire cet album suivant, cela semble avoir effectivement résulté en une déprime manifeste qui a inspiré sa nouvelle publication, co-scénarisée par Gaston.
Cette fois, exit le dessin très dynamique et vivant de Fredman qui n'aurait pas collé au sujet, ni même celui de Jim lui-même. A la place, le dessin est réalisé par Gil, qui n'a pas publié grand-chose d'autre à part cet album et quelques collectifs. Son style est assez inégal. Je suis amateur de sa ligne claire et des couleurs chaudes de Sébastien Brunet pour les scènes lumineuses. Ses personnages sont plutôt réussis, et il sait dessiner de jolies femmes. Toutefois, on note ici et là quelques faiblesses techniques, notamment des visages parfois ratés. De même, les couleurs ne fonctionnent plus pour les scènes nocturnes où l'utilisation du numérique se fait trop visible.
Côté scénario, cet album explore la déprime du quotidien en enchaînant de courtes scènes où les personnages se croisent et se répondent, entre petits diagnostics psychologiques et gags rapides. L'intention est bonne et certaines idées touchent juste, parfois amusantes, parfois plus touchantes. Mais l'ensemble reste inégal : quelques scènes fonctionnent, beaucoup tombent à plat et installent une atmosphère plus morose que réellement comique. L'humour devient en outre assez vite répétitif, avec une perte notable d'inspiration au fil des pages. Et surtout, les personnages sont relativement antipathiques, certes centrés sur eux-mêmes comme tout bon dépressif, mais également méchants avec leurs proches, ne trouvant trop souvent de réconfort que dans la critique et le rabaissement des autres. Ce n'est pas drôle et un peu malsain.
C'est une BD qui veut mêler humour et introspection mais qui oscille trop pour convaincre pleinement et rebute un peu par son choix de personnages.
Le duo nous ayant offert Le Serpent et le Coyote remet le couvert en proposant un polar lui ouvrant la voie.
Malheureusement, le résultat est autrement plus banal. Quand sur "Le serpent..." les codes du genre (polar & western) étaient habilement usités, l'intrigue menée tambour battant jusque dans ses rebondissements bienvenus, les changements de décor et la gestion des différents protagonistes gérés avec clarté et d'une justesse indéniable, tout est cette fois plus emprunté. L'on devine l'envie de proposer une chasse au trésor jubilatoire, rebattant sempiternellement les cartes de ce jeu de dupes entre les personnages : qui poursuit qui, qui est par pur intérêt personnel momentanément associé à qui, etc. Malheureusement, cela paraît très artificiel, la faute aux rebondissements moins habiles, aux personnages moins ciselés, au rythme moins tenu, aux dialogues non jubilatoires, à un puzzle s'imbriquant sans souffle.
Demeure un récit très honorable, plutôt divertissant, mais fort oubliable.
A force de lire les albums de Jim et Fredman, je commence à faire de la psychanalyse de comptoir tant la personnalité de Jim en tant qu'auteur s'y dévoile peu à peu entre ces anciens albums-là et les suivants, moins humoristiques. Et cette analyse, aussi superficielle soit-elle, révèle une insécurité étonnante : une peur de vieillir, une peur de s'encroûter, de ne pas vivre sa vie, de passer à côté d'une expérience ou d'une romance, jamais serein à sa place. Insécurité propre aux artistes en général ? En tout cas, ça ne me parle pas car, outre ma sérénité, j'ai largement dépassé cet âge trentenaire qu'il voyait comme le début de la vieillesse.
Comme les autres albums du duo, le bon point reste le dessin de Fredman, toujours aussi souple et efficace, si l'on excepte la couverture que je trouve très laide, surtout dans ses choix de couleurs.
Pour le reste, je suis bien plus circonspect.
Outre ces thèmes de l'insécurité et de la peur de vieillir qui ne me touchent pas, j'ai trouvé le récit non seulement dépassé mais aussi légèrement malsain, si l'on excepte la toute fin qui revient à quelque chose de plus sage mais aussi assez convenu.
Pour commencer, l'album est trop ancré dans son époque, début des années 2000, et les jeunes de la génération SMS qui y sont décrits sont déjà les vieux d'aujourd'hui. D'ailleurs : djeun'z, neuj... rien qu'avec ces expressions utilisées à tout-va ici, on voit que cette BD a mal vieilli.
Ensuite, les obsessions des personnages, et en particulier du principal, sont pénibles. Il ne lui faut surtout pas d'enfants, le confort et la tranquillité c'est ringard, sortir avec des très jeunes femmes, voire des mineures, c'est cool : le message laisse franchement perplexe.
Puis l'ensemble tourne trop vite en rond. Les gags s'étirent, la thématique du jeunisme est survolée sans mordant, et Jim peine à trouver des situations vraiment percutantes. Le fil narratif, censé relier les scènes et réutilisant des personnages issus de ses albums précédents, apporte finalement peu. Pris par petites touches, l'humour fonctionne parfois, mais la lecture d'ensemble reste répétitive, prévisible, plutôt fade et surtout agaçante par le message qu'elle transmet.
Vraiment pas le meilleur du duo, mais assez parlant pour tracer les contours de l'esprit de Jim à travers son œuvre (avec toutes les erreurs d'interprétation que je peux faire puisque ce n'est jamais là que son œuvre et pas lui-même que je découvre).
Quand je feuilletais les albums de Jim en supermarché il y a plus de vingt ans, je ne m'étais pas rendu compte à quel point il se livrait déjà sur son mode de vie et ses relations sociales, comme il le fera par la suite dans ses albums moins humoristiques. Il semble que la norme pour lui à cette époque était d'être un trentenaire urbain surtout pas casé, avec énormément d'amis plus ou moins proches pour faire la fête, s'entraider et rester jeune à tout jamais. Tous les gags et saynètes de cet album vont dans cette optique, avec des personnages récurrents et l'avatar de Jim ou de Fredman au milieu.
Je n'avais déjà pas d'affinités avec lui pour tout ce qui était vision des relations sentimentales, je n'en ai donc pas non plus concernant les relations amicales, moi dont les vrais amis se comptent sur les doigts de la main, casés, sages et parents depuis longtemps, et n'en ayant pas changé depuis plus de 25 ans. Autant dire que cette BD ne m'a pas parlé.
Le bon point reste le dessin de Fredman, toujours aussi souple et efficace. Mais à côté de ça, les gags manquent de relief, les personnages sont caricaturaux et assez pénibles, les situations tournent court, et l'ensemble rappelle davantage ces petites blagues qu'on oublie aussitôt qu'on les a entendues. Le thème de l'amitié aurait pu offrir bien plus de mordant, mais le livre reste prévisible et rarement drôle. Le dessin, correct sans être marquant, ne suffit pas à rattraper un humour poussif qui rend la lecture étonnamment longue.
Au final, un album dispensable, loin des quelques réussites du duo, et que je ne conseillerais pas à l'achat.
Un album qui m'a grandement déçu. Déjà, vu la collection dont elle est tirée ,je pense que cette BD était un polar et ce n'est pas le cas. C'est une bande dessinée d'aventure qui se passe durant la révolution mexicaine.
Ce n'est pas une idée mauvaise à la base et le dessin est pas mal, mais je n'ai pas été captivé par le scénario. Je le trouve trop linéaire et banale, c'est une suite de scènes qui montrent ce qui se passait durant cette guerre civile et après un moment cela finit par tourner un peu en ronds. Ajoutons que l'évolution des personnages est prévisibles pour n'importe qui ayant lu une œuvre de fiction qui se passe durant une révolutionne ou qui connait bien l'histoire en générale. Il y a quelques bonnes scènes, mais la plupart du temps je me suis ennuyé.
Une histoire étrange, qui m’a laissé sur ma faim.
Un auteur de BD érotique cherche l’inspiration et sa muse. Et c’est une femme croisée dans une galerie qui va l’entrainer dans une sorte de road movie durant lequel un hypothétique scénario va s’écrire, alimenté par le personnage de Lola (ou Laura, l’auteur semble fusionner réalité et fiction).
J’imagine que Varenne a glissé quelque chose d’autobiographique dans ce personnage masculin ? Mais le récit tourne un peu en rond, avec un texte en bas de case (commentaires et réflexions du personnage de l’auteur) un peu trop présent, et qui donne une touche un peu artificielle et snob parfois au récit, qui est finalement un peu creux.
Reste le dessin de Varenne, très bon, même si le trait un peu gras aurait mérité d’être affiné. Les fantasmes de Varenne et de son avatar de papier sont multiples, les scènes de sexe abondent.
Loin d’être inoubliable.
Note réelle 2,5/5.
Un album qui se situe dans une petite moyenne du genre.
Les histoires sont inégales, allant de l’insignifiant à la bonne idée amusante (la chute de l’histoire du sculpteur , « Rétrospective », est bien amenée par exemple).
C’est souvent émoustillant, mais sans plus, tant les intrigues sont minces.
Le dessin de Tarlazzi est bon, agréable. Les scènes de sexe – omniprésentes – sont bien rendues. Seule la colorisation n’est pas toujours heureuse.
Une petite lecture récréative, pour amateurs avertis.
Note réelle 2,5/5.
Je suis un gros amateur de l’œuvre de Moebius (et de son double Giraud), mais avec cet album je suis clairement resté sur ma faim. J’en attends beaucoup à chaque fois avec cet auteur, peut-être trop ici, certes. Mais ma déception est aussi intrinsèque.
L’histoire se laisse lire, mais d’une part c’est extrêmement rapide. Et d'autre part l’intrigue est loin d’être fouillée, et elle ne développe pas la poésie qui souvent innerve l’œuvre de Moebius.
De plus, le dessin, s’il est bien sûr très lisible et agréable, n’est pas non plus à la hauteur de ce que Moebius a pu proposer ailleurs (j’ai lu la deuxième édition, en couleurs – des couleurs assez pétantes, classique pour l’auteur).
Je suis plutôt à cataloguer parmi les complétistes de l’auteur, donc je suis content d’avoir pu lire cet album. Mais c’est un des rares qui m’ait à ce point paru manquer d’intérêt véritable.
Note réelle 2,5/5.
C’est avec amusement que j’ai lu l’avis de Mac Arthur. J’allais commencer par ces mêmes facilités énormes qui parsèment le premier tome. Aux remarques de Mac (auxquelles je souscris), j’ajouterais les tatouages mélanésiens du héros au début, qui semblent avoir disparu deux ou trois pages plus loin, la capacité d’Elena à tenir sur la croupe d’un cheval au galop (conduit par le héros) avec les mains liées dans le dos, et ce savant soi-disant caché dans la forêt avec son serviteur (maître d’armes, ce qui tombe bien pour notre héros qui y est accueilli !) et qui vit dans une maison immense aux airs de manoir (fabriquée par le seul serviteur) avec toutes les commodités, une des plus belles bibliothèques d’occident, des instruments rares ( lunette astronomique, etc.). Notre héros est paysan pauvre (ce que le héros nous confirme vers la fin du troisième tome lorsqu’il doit payer une rançon), mais sait quand même lire. Il connait même la date exacte de sa naissance plus d’une dizaine d’années après (nécessaire pour calculer son thème astral), ce qui me laisse un peu pantois. Pour finir, notre héros embarque sur un bateau au hasard, qui part dans le sens inverse de la direction escomptée, mais qui miraculeusement l’amène à Venise, où réside Elena, la belle aux yeux bleus (les auteurs ont-ils confondu Elena et Luna ?) dont il est instantanément tombé amoureux au tout début de l’histoire. Bref, il faut en avaler des couleuvres pour poursuivre la lecture ! C’est ce que j’ai quand même décidé de faire.
L’arrivée de Rodolphe à partir du deuxième tome rationalise quelque peu l’intrigue, mais il y a encore quelques facilités (notre héros devient immédiatement une célébrité à Venise, entre et sort du palais – et de la chambre d’Elena – très facilement), des invraisemblances (le changement d’attitude du héros et sa violence lorsqu’il rompt ses vœux de moine orthodoxe, et il ne semble pas avoir beaucoup vieilli alors que pas mal d’années se sont passées depuis le début de ses aventures !), c’est dans l’ensemble encore trop improbable (la façon d’obtenir l’argent pour s’évader dans le troisième tome, la relation créée avec celui qui le retient prisonnier !?).
Bon, sinon, si on s’en tient à l’intrigue elle-même, elle se laisse lire. Ce sont des aventures historiques qui nous font traverser les régions du pourtour méditerranéen au XVème siècle. Il y a moult rebondissements, certains lecteurs peuvent y trouver davantage leur compte que moi. Mais, outre les trop nombreuses facilités évoquées plus haut, j’ai trouvé qu’il manquait au récit un souffle qui habitait d’autres séries du même genre. Ainsi, la conclusion, elle aussi un peu facile (par exemple pour régler le choix entre Esther et Elena) n’est pas à la hauteur des promesses du départ, en particulier pour tout ce qui tourne autour du contenu de la lettre que le héros est sensé transmettre au pape.
Contrairement à l’histoire qui, sur le fond et la forme, m’a laissé clairement sur ma faim, le dessin de Griffo, dans son style réaliste et classique habituel souffre moins de reproches. Il est fluide et agréable. Très plaisant (juste quelques menus défauts, comme ces visages d’Esther pages 28-29 du quatrième tome). Par contre, pour relativiser ce que je viens d’écrire, j’ai trouvé le rendu du dernier tome (dessin et colorisation) moins bon que ce qui avait précédé en tout cas plus inégal.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Cornigule
Je pense que c'est la première fois que je vois un dessin manga aussi dépouillé. De grandes cases avec très peu de détails, un album avec de petites histoires d'une dizaine de pages et assez rapidement lu. C'est un petit personnage doté d'une petite corne, la cornigule, qui évolue dans un étrange monde, semblable au nôtre mais plus fantaisiste. Je l'ai lu 2 fois car les histoires ne racontent tellement pas grand chose que je partais vers le 1/5. La seconde lecture me rend plus clément. Je dirai que c'est plutôt destiné à un public jeune, voire enfantin. Maintenant cet album qui a 20 ans ne doit plus trop se trouver, en tout cas pas au rayon lecture jeunesse des bibliothèques. En réalité ce sont plutôt des lecteurs habitués aux éditions Cornélius qui vont s'y pencher.
Ma toute petite déprime et moi
Je continue mon exploration des albums scénarisés par Jim comme on continue celle de l'esprit d'un auteur et d'un homme. Avec l'album précédent, Rester jeune à tout prix, publié cinq ans avant celui-ci, je faisais le constat que l'auteur, ou en tout cas son avatar dans la BD, reflétait une véritable insécurité et instabilité. A en croire cet album suivant, cela semble avoir effectivement résulté en une déprime manifeste qui a inspiré sa nouvelle publication, co-scénarisée par Gaston. Cette fois, exit le dessin très dynamique et vivant de Fredman qui n'aurait pas collé au sujet, ni même celui de Jim lui-même. A la place, le dessin est réalisé par Gil, qui n'a pas publié grand-chose d'autre à part cet album et quelques collectifs. Son style est assez inégal. Je suis amateur de sa ligne claire et des couleurs chaudes de Sébastien Brunet pour les scènes lumineuses. Ses personnages sont plutôt réussis, et il sait dessiner de jolies femmes. Toutefois, on note ici et là quelques faiblesses techniques, notamment des visages parfois ratés. De même, les couleurs ne fonctionnent plus pour les scènes nocturnes où l'utilisation du numérique se fait trop visible. Côté scénario, cet album explore la déprime du quotidien en enchaînant de courtes scènes où les personnages se croisent et se répondent, entre petits diagnostics psychologiques et gags rapides. L'intention est bonne et certaines idées touchent juste, parfois amusantes, parfois plus touchantes. Mais l'ensemble reste inégal : quelques scènes fonctionnent, beaucoup tombent à plat et installent une atmosphère plus morose que réellement comique. L'humour devient en outre assez vite répétitif, avec une perte notable d'inspiration au fil des pages. Et surtout, les personnages sont relativement antipathiques, certes centrés sur eux-mêmes comme tout bon dépressif, mais également méchants avec leurs proches, ne trouvant trop souvent de réconfort que dans la critique et le rabaissement des autres. Ce n'est pas drôle et un peu malsain. C'est une BD qui veut mêler humour et introspection mais qui oscille trop pour convaincre pleinement et rebute un peu par son choix de personnages.
L'Or du spectre
Le duo nous ayant offert Le Serpent et le Coyote remet le couvert en proposant un polar lui ouvrant la voie. Malheureusement, le résultat est autrement plus banal. Quand sur "Le serpent..." les codes du genre (polar & western) étaient habilement usités, l'intrigue menée tambour battant jusque dans ses rebondissements bienvenus, les changements de décor et la gestion des différents protagonistes gérés avec clarté et d'une justesse indéniable, tout est cette fois plus emprunté. L'on devine l'envie de proposer une chasse au trésor jubilatoire, rebattant sempiternellement les cartes de ce jeu de dupes entre les personnages : qui poursuit qui, qui est par pur intérêt personnel momentanément associé à qui, etc. Malheureusement, cela paraît très artificiel, la faute aux rebondissements moins habiles, aux personnages moins ciselés, au rythme moins tenu, aux dialogues non jubilatoires, à un puzzle s'imbriquant sans souffle. Demeure un récit très honorable, plutôt divertissant, mais fort oubliable.
Rester jeune à tout prix
A force de lire les albums de Jim et Fredman, je commence à faire de la psychanalyse de comptoir tant la personnalité de Jim en tant qu'auteur s'y dévoile peu à peu entre ces anciens albums-là et les suivants, moins humoristiques. Et cette analyse, aussi superficielle soit-elle, révèle une insécurité étonnante : une peur de vieillir, une peur de s'encroûter, de ne pas vivre sa vie, de passer à côté d'une expérience ou d'une romance, jamais serein à sa place. Insécurité propre aux artistes en général ? En tout cas, ça ne me parle pas car, outre ma sérénité, j'ai largement dépassé cet âge trentenaire qu'il voyait comme le début de la vieillesse. Comme les autres albums du duo, le bon point reste le dessin de Fredman, toujours aussi souple et efficace, si l'on excepte la couverture que je trouve très laide, surtout dans ses choix de couleurs. Pour le reste, je suis bien plus circonspect. Outre ces thèmes de l'insécurité et de la peur de vieillir qui ne me touchent pas, j'ai trouvé le récit non seulement dépassé mais aussi légèrement malsain, si l'on excepte la toute fin qui revient à quelque chose de plus sage mais aussi assez convenu. Pour commencer, l'album est trop ancré dans son époque, début des années 2000, et les jeunes de la génération SMS qui y sont décrits sont déjà les vieux d'aujourd'hui. D'ailleurs : djeun'z, neuj... rien qu'avec ces expressions utilisées à tout-va ici, on voit que cette BD a mal vieilli. Ensuite, les obsessions des personnages, et en particulier du principal, sont pénibles. Il ne lui faut surtout pas d'enfants, le confort et la tranquillité c'est ringard, sortir avec des très jeunes femmes, voire des mineures, c'est cool : le message laisse franchement perplexe. Puis l'ensemble tourne trop vite en rond. Les gags s'étirent, la thématique du jeunisme est survolée sans mordant, et Jim peine à trouver des situations vraiment percutantes. Le fil narratif, censé relier les scènes et réutilisant des personnages issus de ses albums précédents, apporte finalement peu. Pris par petites touches, l'humour fonctionne parfois, mais la lecture d'ensemble reste répétitive, prévisible, plutôt fade et surtout agaçante par le message qu'elle transmet. Vraiment pas le meilleur du duo, mais assez parlant pour tracer les contours de l'esprit de Jim à travers son œuvre (avec toutes les erreurs d'interprétation que je peux faire puisque ce n'est jamais là que son œuvre et pas lui-même que je découvre).
Tous mes "vrais" amis
Quand je feuilletais les albums de Jim en supermarché il y a plus de vingt ans, je ne m'étais pas rendu compte à quel point il se livrait déjà sur son mode de vie et ses relations sociales, comme il le fera par la suite dans ses albums moins humoristiques. Il semble que la norme pour lui à cette époque était d'être un trentenaire urbain surtout pas casé, avec énormément d'amis plus ou moins proches pour faire la fête, s'entraider et rester jeune à tout jamais. Tous les gags et saynètes de cet album vont dans cette optique, avec des personnages récurrents et l'avatar de Jim ou de Fredman au milieu. Je n'avais déjà pas d'affinités avec lui pour tout ce qui était vision des relations sentimentales, je n'en ai donc pas non plus concernant les relations amicales, moi dont les vrais amis se comptent sur les doigts de la main, casés, sages et parents depuis longtemps, et n'en ayant pas changé depuis plus de 25 ans. Autant dire que cette BD ne m'a pas parlé. Le bon point reste le dessin de Fredman, toujours aussi souple et efficace. Mais à côté de ça, les gags manquent de relief, les personnages sont caricaturaux et assez pénibles, les situations tournent court, et l'ensemble rappelle davantage ces petites blagues qu'on oublie aussitôt qu'on les a entendues. Le thème de l'amitié aurait pu offrir bien plus de mordant, mais le livre reste prévisible et rarement drôle. Le dessin, correct sans être marquant, ne suffit pas à rattraper un humour poussif qui rend la lecture étonnamment longue. Au final, un album dispensable, loin des quelques réussites du duo, et que je ne conseillerais pas à l'achat.
Les Amis de Pancho Villa
Un album qui m'a grandement déçu. Déjà, vu la collection dont elle est tirée ,je pense que cette BD était un polar et ce n'est pas le cas. C'est une bande dessinée d'aventure qui se passe durant la révolution mexicaine. Ce n'est pas une idée mauvaise à la base et le dessin est pas mal, mais je n'ai pas été captivé par le scénario. Je le trouve trop linéaire et banale, c'est une suite de scènes qui montrent ce qui se passait durant cette guerre civile et après un moment cela finit par tourner un peu en ronds. Ajoutons que l'évolution des personnages est prévisibles pour n'importe qui ayant lu une œuvre de fiction qui se passe durant une révolutionne ou qui connait bien l'histoire en générale. Il y a quelques bonnes scènes, mais la plupart du temps je me suis ennuyé.
Lola
Une histoire étrange, qui m’a laissé sur ma faim. Un auteur de BD érotique cherche l’inspiration et sa muse. Et c’est une femme croisée dans une galerie qui va l’entrainer dans une sorte de road movie durant lequel un hypothétique scénario va s’écrire, alimenté par le personnage de Lola (ou Laura, l’auteur semble fusionner réalité et fiction). J’imagine que Varenne a glissé quelque chose d’autobiographique dans ce personnage masculin ? Mais le récit tourne un peu en rond, avec un texte en bas de case (commentaires et réflexions du personnage de l’auteur) un peu trop présent, et qui donne une touche un peu artificielle et snob parfois au récit, qui est finalement un peu creux. Reste le dessin de Varenne, très bon, même si le trait un peu gras aurait mérité d’être affiné. Les fantasmes de Varenne et de son avatar de papier sont multiples, les scènes de sexe abondent. Loin d’être inoubliable. Note réelle 2,5/5.
Sévices compris
Un album qui se situe dans une petite moyenne du genre. Les histoires sont inégales, allant de l’insignifiant à la bonne idée amusante (la chute de l’histoire du sculpteur , « Rétrospective », est bien amenée par exemple). C’est souvent émoustillant, mais sans plus, tant les intrigues sont minces. Le dessin de Tarlazzi est bon, agréable. Les scènes de sexe – omniprésentes – sont bien rendues. Seule la colorisation n’est pas toujours heureuse. Une petite lecture récréative, pour amateurs avertis. Note réelle 2,5/5.
Tueur de monde
Je suis un gros amateur de l’œuvre de Moebius (et de son double Giraud), mais avec cet album je suis clairement resté sur ma faim. J’en attends beaucoup à chaque fois avec cet auteur, peut-être trop ici, certes. Mais ma déception est aussi intrinsèque. L’histoire se laisse lire, mais d’une part c’est extrêmement rapide. Et d'autre part l’intrigue est loin d’être fouillée, et elle ne développe pas la poésie qui souvent innerve l’œuvre de Moebius. De plus, le dessin, s’il est bien sûr très lisible et agréable, n’est pas non plus à la hauteur de ce que Moebius a pu proposer ailleurs (j’ai lu la deuxième édition, en couleurs – des couleurs assez pétantes, classique pour l’auteur). Je suis plutôt à cataloguer parmi les complétistes de l’auteur, donc je suis content d’avoir pu lire cet album. Mais c’est un des rares qui m’ait à ce point paru manquer d’intérêt véritable. Note réelle 2,5/5.
L'Oracle della Luna
C’est avec amusement que j’ai lu l’avis de Mac Arthur. J’allais commencer par ces mêmes facilités énormes qui parsèment le premier tome. Aux remarques de Mac (auxquelles je souscris), j’ajouterais les tatouages mélanésiens du héros au début, qui semblent avoir disparu deux ou trois pages plus loin, la capacité d’Elena à tenir sur la croupe d’un cheval au galop (conduit par le héros) avec les mains liées dans le dos, et ce savant soi-disant caché dans la forêt avec son serviteur (maître d’armes, ce qui tombe bien pour notre héros qui y est accueilli !) et qui vit dans une maison immense aux airs de manoir (fabriquée par le seul serviteur) avec toutes les commodités, une des plus belles bibliothèques d’occident, des instruments rares ( lunette astronomique, etc.). Notre héros est paysan pauvre (ce que le héros nous confirme vers la fin du troisième tome lorsqu’il doit payer une rançon), mais sait quand même lire. Il connait même la date exacte de sa naissance plus d’une dizaine d’années après (nécessaire pour calculer son thème astral), ce qui me laisse un peu pantois. Pour finir, notre héros embarque sur un bateau au hasard, qui part dans le sens inverse de la direction escomptée, mais qui miraculeusement l’amène à Venise, où réside Elena, la belle aux yeux bleus (les auteurs ont-ils confondu Elena et Luna ?) dont il est instantanément tombé amoureux au tout début de l’histoire. Bref, il faut en avaler des couleuvres pour poursuivre la lecture ! C’est ce que j’ai quand même décidé de faire. L’arrivée de Rodolphe à partir du deuxième tome rationalise quelque peu l’intrigue, mais il y a encore quelques facilités (notre héros devient immédiatement une célébrité à Venise, entre et sort du palais – et de la chambre d’Elena – très facilement), des invraisemblances (le changement d’attitude du héros et sa violence lorsqu’il rompt ses vœux de moine orthodoxe, et il ne semble pas avoir beaucoup vieilli alors que pas mal d’années se sont passées depuis le début de ses aventures !), c’est dans l’ensemble encore trop improbable (la façon d’obtenir l’argent pour s’évader dans le troisième tome, la relation créée avec celui qui le retient prisonnier !?). Bon, sinon, si on s’en tient à l’intrigue elle-même, elle se laisse lire. Ce sont des aventures historiques qui nous font traverser les régions du pourtour méditerranéen au XVème siècle. Il y a moult rebondissements, certains lecteurs peuvent y trouver davantage leur compte que moi. Mais, outre les trop nombreuses facilités évoquées plus haut, j’ai trouvé qu’il manquait au récit un souffle qui habitait d’autres séries du même genre. Ainsi, la conclusion, elle aussi un peu facile (par exemple pour régler le choix entre Esther et Elena) n’est pas à la hauteur des promesses du départ, en particulier pour tout ce qui tourne autour du contenu de la lettre que le héros est sensé transmettre au pape. Contrairement à l’histoire qui, sur le fond et la forme, m’a laissé clairement sur ma faim, le dessin de Griffo, dans son style réaliste et classique habituel souffre moins de reproches. Il est fluide et agréable. Très plaisant (juste quelques menus défauts, comme ces visages d’Esther pages 28-29 du quatrième tome). Par contre, pour relativiser ce que je viens d’écrire, j’ai trouvé le rendu du dernier tome (dessin et colorisation) moins bon que ce qui avait précédé en tout cas plus inégal.