Une belle découverte que ce "Le Marquis d'Anaon". Une serie de cinq albums, ils peuvent se lire indépendamment les uns des autres (une histoire par tome), mais je conseille tout de même l'ordre de parution.
On va suivre les aventures de Jean-Baptiste Poulain, le fameux Marquis d'Anaon (Anaon est un mot breton qui désigne l'ensemble des âmes des défunts et le lieu où elles se retrouvent), un jeune homme en avance sur son époque (esprit scientifique) et au passé brumeux. Des aventures qui lorgnent sur le polar avec pour pimenter les intrigues quelques légendes d'un autre temps. Fabien Vehlman a la judicieuse idée de choisir le siècle des Lumière, celui-ci promouvait le rationalisme et le libéralisme, des outils qu'utilisera notre Marquis pour combattre l'obscurantisme et la superstition.
Un ensemble qui fonctionne bien malgré la faible pagination des albums (48 pages) pour bâtir des récits qui tiennent la route. Des récits sombres où la mort sera un compagnon de route de notre Marquis, il fera face à des tueurs en série, à une épidémie et à une bête sanguinaire.
Un peu de frustration tout de même de quitter notre Marquis et de ne pas en savoir plus sur son mystérieux passé.
Mathieu Bonhomme nous propose un dessin clair, aéré, au trait précis et à la très belle colorisation. Un ensemble qui rend hommage à cette période historique.
Une mise en page classique.
Du très bon boulot.
Un 4 étoiles un peu généreux pour une série qui vaut le détour.
D’accord, je vais rendre le texte plus naturel et fluide, comme si tu en parlais à un ami.
Mathieu Bablet, c’est devenu une référence incontournable dans la bande dessinée française, non ? Ses sorties suscitent une attente de plus en plus grande, et on peut dire qu'il n’est plus vraiment loin d’avoir le même statut qu’un Larcenet. À chaque annonce de ses nouveaux projets, ça crée un vrai buzz.
C’est clairement le cas avec Silent Jenny. Dès qu’on prend le livre en main, on est impressionné : il est grand, lourd, avec une finition qui donne tout de suite une sensation de qualité. Et quand on ouvre les premières pages, c’est là qu’on tombe sous le charme. Le dessin de Bablet est vraiment unique : ses personnages, ses détails, ses couleurs… tout ça nous plonge instantanément dans son univers. Il y a une vraie force dans son trait, qui est hyper reconnaissable dès les premières pages.
Mais ce n’est pas juste une question de dessin. L’édition autour de Silent Jenny est aussi impeccable : la couverture est magnifique, et encore mieux avec les cinq variantes disponibles, toutes plus belles les unes que les autres. C’est clair que l’équipe éditoriale a fait un travail de dingue pour préparer cette sortie, et ça se ressent dès qu’on ouvre le livre.
Un truc que j’ai vraiment aimé aussi, c’est la manière dont Bablet nous immerge dans l’histoire. Par exemple, quand Jenny lit une lettre, elle occupe toute la page, et on a vraiment l’impression de la découvrir avec elle. Pareil pour un panneau qu’elle observe : il prend toute la page, et on se retrouve à partager son regard. C’est ce genre de petits détails qui rendent l’expérience vraiment immersive.
Et puis il y a l’univers qu’il dépeint. Certes, il est sombre, presque sans espoir, mais il a une cohérence fascinante. On sent que la vie a presque disparu, et que ce qui reste, c’est la survie dans une société qui s’est reconstruite sur ses propres ruines. C’est un peu apocalyptique, mais d’une manière réaliste. Ce qu’il montre, ce n’est pas juste un futur catastrophique, c’est une vision extrême de ce que pourrait devenir notre monde… et ça fait un peu froid dans le dos.
D’ailleurs, pendant ma lecture, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Nausicaä de la Vallée du Vent. Ces "manches-cailloux", ces personnages rejetés, masqués, vivant dans un monde toxique… ça m’a fait vraiment penser aux Maîtres-vers de Miyazaki. C’est un peu la même idée de peuples exclus et condamnés à survivre dans un monde hostile. Il y a un parallèle évident.
Mais malgré tout ce que j’ai adoré dans cette BD, la fin m’a laissé un peu sur ma faim. Je l’ai trouvée trop rapide, comme si on voulait conclure trop vite, alors qu’il y avait encore tellement de choses à explorer. Ce n’est pas que la fin en elle-même, mais la manière dont elle arrive, qui m’a un peu dérangé. Du coup, ça m’empêche de mettre une note parfaite, même si c’est clairement un 8 solide. L’univers, la puissance visuelle, c’est impressionnant.
Et maintenant, il n’y a plus qu’à attendre la prochaine œuvre de Bablet, tout en ayant envie de relire Silent Jenny à chaque fois.
Deux accroches : l'idée que Jolly Jumper ne répond plus et l'avatar de gro gro ! Lire son analyse… Il a raison de dire que parvenir à faire un gag sur un morceau d'herbe est un exploit. Sinon, même si je n'aime pas tant le dessin que ça, je vais noter large parce que je trouve les gags excellents, par exemple celui où Lucky Luke a une ombre passant bien plus lentement la porte que lui, à l'impatience de son hôte ! Bref, à lire si on veut sourire ! A mon avis, cela vaut bien l'album sur la "guérison" des Dalton avec lequel l'aventure noue des correspondances. Et on retrouve des personnages emblématiques dans un rôle un peu différent. Bref, une bonne surprise.
Sous couvert d'une BD d'humour, c'est en réalité une BD très instructive que nous avons là. Elle dénonce et corrige des idées reçues dont je réalise que je croyais pas mal d'entre elles (sans qu'elles soient particulièrement importantes, toutefois). C'est amusant de découvrir qu'il existe tant de lieux communs auxquels on croit sans y réfléchir, alors qu'en fait ils sont totalement faux ou déformés.
Les auteurs les mettent en scène sous la forme d'une page par idée (sauf une qui en combine deux différentes), avec chaque fois une petite saynète durant laquelle l'un des protagonistes explique à l'autre son erreur et les origines de ces idées reçues. La mise en scène est légère et cherche surtout à faire sourire, sans viser le gag à tout prix (même si certaines cases m'ont fait rire). Le dessin, lui, est frais et dynamique, avec un trait enlevé qui rappelle un peu le style atome et les comic strips. Le rythme narratif est bon, condensant bien l'information sans assommer le lecteur. Il est possible que lire l'album d'une traite fatigue un peu car cela fait beaucoup à assimiler, mais ça ne m'a pas trop gêné et, au pire, c'est très bien à lire par petites doses.
J'ai beaucoup aimé apprendre ainsi de mes erreurs et ça donne envie d'informer ses proches sur ces idées reçues.
Un premier tome qui fait bien plus que planter le décor, le XIIe siècle au Proche-Orient, au temps des croisades.
La Chevalerie estoye :
- moult belles paroles
- un brin de bravousre
- et à la fin tu mourroye.
du Guesclin
Séraphine, une femme de caractère, est forgeronne, elle prend la direction de Jérusalem pour recruter des mercenaires afin de protéger son village des croisés. Elle va en recruter sept, évidemment la référence aux Sept Samouraï d'Akira Kurosawa saute aux yeux, ils sont de cultures et d'horizons différents et c'est cette diversité qui apporte du piment au récit. Ce casting aux petits oignons m'a plongé dans une aventure épique et comique tout en mettant un taquet aux religions (elles sont à l'origine de nombreuses atrocités), et particulièrement au catholicisme, extrait : "... le croisé est content de mourir. Que ce soit au combat ou en ayant la chtouille, il aura gagné sa place au paradis. Et tout lui sera pardonné. Absolument tout.".
L'intrigue suit le déroulé du film dont il s'inspire, pas de véritables surprises donc. Séraphine et nos sept mercenaires sont attachants et bien plus complexes qu'on pourrait le croire au premier abord. Un petit zoom sur Galcerand, une sorte de clone de Don Quichotte.
Un récit chevaleresque et captivant qui retranscrit cette période historique sur un ton décalé avec cette ambiance burlesque et sanglante. Le rythme est maîtrisé, équilibré et accompagné de dialogues qui font mouche.
Cet album est une ode à la fraternité et à la diversité.
Un plaisir de lecture qui est accentué par ce visuel stylisé hyper dynamique et rehaussé par un choix judicieux des aplats de couleurs. L'ambiance ainsi créée est en symbiose avec le ton décalé du récit. Une mention spéciale pour la variété des designs des personnages.
Et pour enfoncer le clou, la mise en page et les cadrages spectaculaires en mettent plein la vue.
Superbe !
Bravo monsieur Arthur De Pins.
Vivement le second et dernier tome.
Coup de cœur.
Nicolas Juncker s’intéresse à l’Histoire. En tout cas plusieurs de ses séries en sont fortement imprégnées.
Et c’est le cas ici (en tout cas indirectement). Et, comme souvent, une bonne dose d’humour, un peu d’absurde, permettent de dynamiser le récit.
Juncker s’est inspiré de personnages réels (artistes, dirigeants politiques, historiens) et de faits réels (plusieurs projets de création de musées mémoriels – voir la postface de l’historien Tramor Quemeneur) pour donner corps et consistance à cette histoire, qui se laisse lire très agréablement.
Autour d’un projet de création d’un musée sur la mémoire – ou les mémoires – de la guerre d’Algérie, Juncker fait s’entrecroiser, et s’entrechoquer pas mal de visions, d’intérêts, ces « frottements provoquant moult séismes. Des politiques (de l’édile local au ministre de la culture, en passant par le président de la République), des artistes (de la sommité internationale à l’artiste cheap local), une historienne un peu dépassée, la veuve d’un grand photographe dont la villa doit accueillir le futur musée, en passant par des témoins très disparates (anciens harkis, nostalgiques de l’OAS, etc.), tout ceci donne quelques scènes souvent drôles, tant les personnalités, les intérêts sont éloignés les uns des autres.
Mais, si j’ai trouvé cette lecture souvent amusante, elle est aussi intéressante par les réflexions qu’elle induit, sur la mémoire, et ceux qui souhaiteraient l’instrumentaliser. Des réflexions plus particulières sur la guerre d’Algérie aussi bien sûr.
Bref, c’est un album hautement recommandable.
J’ai un faible pour cette collection, son design, son côté « rétro » qui donnent un bon cachet aux histoires qui y ont été publiées.
Comme d’autres collections du genre (Mimolette, Comix, etc.), le format est petit, la faible pagination empêchant de développer une trop longue intrigue. Mais ça donne quand même la possibilité à un auteur de se faire connaitre avec un petit récit. Et ici, j’ai trouvé que Stéphane Colman a très bien su utiliser ces contraintes, et que sa petite histoire tenait la route.
C’est presque un monologue, d’un type qui raconte à un shérif ce qui lui est arrivé ces derniers temps, suite à l’atterrissage près de chez lui d’un engin extra-terrestre, duquel est sorti un être qui va devenir son ami. Et qui va lui permettre de se transformer en ange exterminateur. En cela la chute est assez bien vue, amusante. Comme est bien vu le langage populaire du bonhomme, qui rend vivante la narration.
Sans prétention – et globalement pas inoubliable – voilà quand même une lecture sympathique, un bon millésime de cette collection.
Note réelle 3,5/5.
Une nouvelle BD des auteurs de Tananarive, Kleos ou À mourir entre les bras de ma nourrice, servi par un dessin d'un auteur qui, semble-t-il, fait ici sa première production, moi je dis banco !
Et effectivement, c'est extrêmement bien mené. Les deux auteurs ne sont pas des manches et ont confiés le travail à quelqu'un qui sait s'y faire niveau coup de crayon. Le résultat est un polar bien ficelé et qui ne tombe pas dans les pièges grossiers du genre avec un discours étonnant et des surprises au scénario.
Je ne me cache pas de ne pas aimer le genre du polar, extrêmement codifié et qui tombe dans des clichés permanents que je déteste, souvent assaisonnées de ficelles énorme pour provoquer un retournement de situation épique qui décoiffe le lecteur. Ici, on est dans le polar que j'aime et qui sent bien plus la réalité.
Le scénario se concentre sur le Darknet et ses conséquences dans la vraie vie, le tout mélangeant justement l'implication de l'un sur l'autre. La BD évoquera plusieurs sujets jamais centraux pour autant : les enfants de l'immigration, la violence dans les quartiers, l'incompréhension entre générations sur les technologies ... Mais aussi des sujets parfois bêtes mais qui servent l'histoire. Ici les flics existent et s'ils n'arrêtent pas tout en plein milieu c'est surtout faute de moyens efficaces. La police n'est ni bête ni incapable, juste handicapée par un manque de budget. Réaliste, donc, et qui justifie que certaines choses aient lieu. Ce genre de détails m'intéressent puisqu'ils crédibilisent l'ensemble du récit en évitant les poncifs comme des flics incrédules ou stupides ce qui justifie leurs non-intervention jusqu'au bout du récit.
Mais si la construction, donc, est crédible, elle est aussi très bien tenue. Il s'agit d'un polar sur une lycéenne qui trempe dans des activités souvent louches autour de sites non-référencés, le fameux Darkweb. Ici pas de fantasmes autour d'un internet invisible et qui serait la quintessence de la liberté individuelle avec tout ce qu'on peut imaginer de dérive, juste une nouvelle preuve du capitalisme libéral : l'argent roi et la vente de tout ce qui s'achète. La BD traite d'ailleurs de la question des idéaux confrontés au réel, et j'aime bien qu'un personnage en particulier, activiste politique qui apparait en arrière-plan. J'aurais pensé qu'il gagnerait en influence mais ses apparitions sont l'occasion d'échanges qui mettent en lumière ce que vit la protagoniste, et c'est très bien pensé encore une fois.
Je m'extasie un peu, mais c'est un vrai bon polar, bien mené, surprenant, n'allant pas du tout dans le sens que j'imaginais, aux protagonistes bien campés qui sont tangibles. Les flics, Roxane, Jérôme, ils font vrai et leur histoire fait vraie. Je ne sais pas à quel point elle est inspirée de fait réel, mais je suis partisan d'y croire au moins un peu. La BD évite l'écueil de la morale basique, ne se conclue pas comme je l'imaginais et surtout ne donne aucune piste quant à ce qu'il faut en penser. Voila ce qui est arrivé, qu'en dites-vous cher lecteur ? C'est une très bonne chose que de ne pas verser dans du manichéen ni du moralisateur lorsqu'on touche des sujets aussi marginaux.
J'ajouterais juste que le dessinateur a fait un excellent travail. Le style est inspiré du manga, clairement, mais il joue sur les cadrages, les compositions de planches et sur le style qu'il maitrise, notamment dans les couleurs, pour en faire ressortir les points d'intérêts. Bien que la BD soit parfois explicatives (notamment pour cerner le darkweb dont elle parle) et qu'elle présente quelques passages plus dialogués, je n'ai jamais senti de ralentissement, de même que la lecture comporte de nombreux passages plus lents bien que maintenant la tension. Il y a un jeu très bien trouvé entre les textes (et notamment les sms qui parsèment les cases) et le déroulé du récit. Si l'auteur continue comme ça, il va devenir un de ceux que je vais suivre activement, soyez-en sur !
Bref, une BD parfaitement bien menée par deux auteurs qui n'en sont pas à leurs coup d'essai, servi par un dessin qualitatif et travaillé, dans une ambiance de polar qui reste en tension jusqu'au bout, posant des questions sur le rapport au dématérialisé et aux marges de notre société, portant plusieurs sujets pas toujours traités mais qui font écho à l'histoire centrale ... Non, vraiment, je ne peux que vous recommander cette lecture !
J'ai tout d'abord été accroché par la beauté des dessins.
L'histoire, plutôt classique dans son démarrage, et un peu dans le fond aussi, est originale dans sa narration.
La narration est un peu comme les personnages, après avoir passée quelques méandres, elle coule comme un fleuve.
Certaines planches sont particulièrement belles et donnent des ambiances de fin de journée de jungle très immersive.
J'ai vraiment apprécié cette lecture, une autrice que je vais suivre, je suis curieux de voir les autres ouvrages qu'elle a fait et fera.
Il y a évidemment un avant et un après Goscinny, même si Le Grand fossé est très acceptable et vaut bien les quelconques réalisés en binôme.
Surtout, des albums véritablement excellents comme :
- Astérix chez les bretons
- Astérix légionnaire
- Le Bouclier Arverne
- Astérix chez les helvètes
- Les Lauriers de César
Une BD que l'on aime relire de temps en temps, et qui mérite souvent d'être soutenue en public.
Les Uderzo des années 90 et suivantes méritent au mieux le paisible oubli, au pire la colère.
La reprise par Ferri & Conrad est intéressante dans sa manière d'échouer sympathiquement. Le remplacement de Ferri par FabCaro ne change pas ce sentiment d'échec, principalement dû à un rythme mal géré et un découpage sans génie.
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Nos enjeux culturels et sociétaux
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Le Marquis d'Anaon
Une belle découverte que ce "Le Marquis d'Anaon". Une serie de cinq albums, ils peuvent se lire indépendamment les uns des autres (une histoire par tome), mais je conseille tout de même l'ordre de parution. On va suivre les aventures de Jean-Baptiste Poulain, le fameux Marquis d'Anaon (Anaon est un mot breton qui désigne l'ensemble des âmes des défunts et le lieu où elles se retrouvent), un jeune homme en avance sur son époque (esprit scientifique) et au passé brumeux. Des aventures qui lorgnent sur le polar avec pour pimenter les intrigues quelques légendes d'un autre temps. Fabien Vehlman a la judicieuse idée de choisir le siècle des Lumière, celui-ci promouvait le rationalisme et le libéralisme, des outils qu'utilisera notre Marquis pour combattre l'obscurantisme et la superstition. Un ensemble qui fonctionne bien malgré la faible pagination des albums (48 pages) pour bâtir des récits qui tiennent la route. Des récits sombres où la mort sera un compagnon de route de notre Marquis, il fera face à des tueurs en série, à une épidémie et à une bête sanguinaire. Un peu de frustration tout de même de quitter notre Marquis et de ne pas en savoir plus sur son mystérieux passé. Mathieu Bonhomme nous propose un dessin clair, aéré, au trait précis et à la très belle colorisation. Un ensemble qui rend hommage à cette période historique. Une mise en page classique. Du très bon boulot. Un 4 étoiles un peu généreux pour une série qui vaut le détour.
Silent Jenny
D’accord, je vais rendre le texte plus naturel et fluide, comme si tu en parlais à un ami. Mathieu Bablet, c’est devenu une référence incontournable dans la bande dessinée française, non ? Ses sorties suscitent une attente de plus en plus grande, et on peut dire qu'il n’est plus vraiment loin d’avoir le même statut qu’un Larcenet. À chaque annonce de ses nouveaux projets, ça crée un vrai buzz. C’est clairement le cas avec Silent Jenny. Dès qu’on prend le livre en main, on est impressionné : il est grand, lourd, avec une finition qui donne tout de suite une sensation de qualité. Et quand on ouvre les premières pages, c’est là qu’on tombe sous le charme. Le dessin de Bablet est vraiment unique : ses personnages, ses détails, ses couleurs… tout ça nous plonge instantanément dans son univers. Il y a une vraie force dans son trait, qui est hyper reconnaissable dès les premières pages. Mais ce n’est pas juste une question de dessin. L’édition autour de Silent Jenny est aussi impeccable : la couverture est magnifique, et encore mieux avec les cinq variantes disponibles, toutes plus belles les unes que les autres. C’est clair que l’équipe éditoriale a fait un travail de dingue pour préparer cette sortie, et ça se ressent dès qu’on ouvre le livre. Un truc que j’ai vraiment aimé aussi, c’est la manière dont Bablet nous immerge dans l’histoire. Par exemple, quand Jenny lit une lettre, elle occupe toute la page, et on a vraiment l’impression de la découvrir avec elle. Pareil pour un panneau qu’elle observe : il prend toute la page, et on se retrouve à partager son regard. C’est ce genre de petits détails qui rendent l’expérience vraiment immersive. Et puis il y a l’univers qu’il dépeint. Certes, il est sombre, presque sans espoir, mais il a une cohérence fascinante. On sent que la vie a presque disparu, et que ce qui reste, c’est la survie dans une société qui s’est reconstruite sur ses propres ruines. C’est un peu apocalyptique, mais d’une manière réaliste. Ce qu’il montre, ce n’est pas juste un futur catastrophique, c’est une vision extrême de ce que pourrait devenir notre monde… et ça fait un peu froid dans le dos. D’ailleurs, pendant ma lecture, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Nausicaä de la Vallée du Vent. Ces "manches-cailloux", ces personnages rejetés, masqués, vivant dans un monde toxique… ça m’a fait vraiment penser aux Maîtres-vers de Miyazaki. C’est un peu la même idée de peuples exclus et condamnés à survivre dans un monde hostile. Il y a un parallèle évident. Mais malgré tout ce que j’ai adoré dans cette BD, la fin m’a laissé un peu sur ma faim. Je l’ai trouvée trop rapide, comme si on voulait conclure trop vite, alors qu’il y avait encore tellement de choses à explorer. Ce n’est pas que la fin en elle-même, mais la manière dont elle arrive, qui m’a un peu dérangé. Du coup, ça m’empêche de mettre une note parfaite, même si c’est clairement un 8 solide. L’univers, la puissance visuelle, c’est impressionnant. Et maintenant, il n’y a plus qu’à attendre la prochaine œuvre de Bablet, tout en ayant envie de relire Silent Jenny à chaque fois.
Lucky Luke - Jolly Jumper ne répond plus
Deux accroches : l'idée que Jolly Jumper ne répond plus et l'avatar de gro gro ! Lire son analyse… Il a raison de dire que parvenir à faire un gag sur un morceau d'herbe est un exploit. Sinon, même si je n'aime pas tant le dessin que ça, je vais noter large parce que je trouve les gags excellents, par exemple celui où Lucky Luke a une ombre passant bien plus lentement la porte que lui, à l'impatience de son hôte ! Bref, à lire si on veut sourire ! A mon avis, cela vaut bien l'album sur la "guérison" des Dalton avec lequel l'aventure noue des correspondances. Et on retrouve des personnages emblématiques dans un rôle un peu différent. Bref, une bonne surprise.
Idées reçues et corrigées !
Sous couvert d'une BD d'humour, c'est en réalité une BD très instructive que nous avons là. Elle dénonce et corrige des idées reçues dont je réalise que je croyais pas mal d'entre elles (sans qu'elles soient particulièrement importantes, toutefois). C'est amusant de découvrir qu'il existe tant de lieux communs auxquels on croit sans y réfléchir, alors qu'en fait ils sont totalement faux ou déformés. Les auteurs les mettent en scène sous la forme d'une page par idée (sauf une qui en combine deux différentes), avec chaque fois une petite saynète durant laquelle l'un des protagonistes explique à l'autre son erreur et les origines de ces idées reçues. La mise en scène est légère et cherche surtout à faire sourire, sans viser le gag à tout prix (même si certaines cases m'ont fait rire). Le dessin, lui, est frais et dynamique, avec un trait enlevé qui rappelle un peu le style atome et les comic strips. Le rythme narratif est bon, condensant bien l'information sans assommer le lecteur. Il est possible que lire l'album d'une traite fatigue un peu car cela fait beaucoup à assimiler, mais ça ne m'a pas trop gêné et, au pire, c'est très bien à lire par petites doses. J'ai beaucoup aimé apprendre ainsi de mes erreurs et ça donne envie d'informer ses proches sur ces idées reçues.
Knight club
Un premier tome qui fait bien plus que planter le décor, le XIIe siècle au Proche-Orient, au temps des croisades. La Chevalerie estoye : - moult belles paroles - un brin de bravousre - et à la fin tu mourroye. du Guesclin Séraphine, une femme de caractère, est forgeronne, elle prend la direction de Jérusalem pour recruter des mercenaires afin de protéger son village des croisés. Elle va en recruter sept, évidemment la référence aux Sept Samouraï d'Akira Kurosawa saute aux yeux, ils sont de cultures et d'horizons différents et c'est cette diversité qui apporte du piment au récit. Ce casting aux petits oignons m'a plongé dans une aventure épique et comique tout en mettant un taquet aux religions (elles sont à l'origine de nombreuses atrocités), et particulièrement au catholicisme, extrait : "... le croisé est content de mourir. Que ce soit au combat ou en ayant la chtouille, il aura gagné sa place au paradis. Et tout lui sera pardonné. Absolument tout.". L'intrigue suit le déroulé du film dont il s'inspire, pas de véritables surprises donc. Séraphine et nos sept mercenaires sont attachants et bien plus complexes qu'on pourrait le croire au premier abord. Un petit zoom sur Galcerand, une sorte de clone de Don Quichotte. Un récit chevaleresque et captivant qui retranscrit cette période historique sur un ton décalé avec cette ambiance burlesque et sanglante. Le rythme est maîtrisé, équilibré et accompagné de dialogues qui font mouche. Cet album est une ode à la fraternité et à la diversité. Un plaisir de lecture qui est accentué par ce visuel stylisé hyper dynamique et rehaussé par un choix judicieux des aplats de couleurs. L'ambiance ainsi créée est en symbiose avec le ton décalé du récit. Une mention spéciale pour la variété des designs des personnages. Et pour enfoncer le clou, la mise en page et les cadrages spectaculaires en mettent plein la vue. Superbe ! Bravo monsieur Arthur De Pins. Vivement le second et dernier tome. Coup de cœur.
Trous de mémoires
Nicolas Juncker s’intéresse à l’Histoire. En tout cas plusieurs de ses séries en sont fortement imprégnées. Et c’est le cas ici (en tout cas indirectement). Et, comme souvent, une bonne dose d’humour, un peu d’absurde, permettent de dynamiser le récit. Juncker s’est inspiré de personnages réels (artistes, dirigeants politiques, historiens) et de faits réels (plusieurs projets de création de musées mémoriels – voir la postface de l’historien Tramor Quemeneur) pour donner corps et consistance à cette histoire, qui se laisse lire très agréablement. Autour d’un projet de création d’un musée sur la mémoire – ou les mémoires – de la guerre d’Algérie, Juncker fait s’entrecroiser, et s’entrechoquer pas mal de visions, d’intérêts, ces « frottements provoquant moult séismes. Des politiques (de l’édile local au ministre de la culture, en passant par le président de la République), des artistes (de la sommité internationale à l’artiste cheap local), une historienne un peu dépassée, la veuve d’un grand photographe dont la villa doit accueillir le futur musée, en passant par des témoins très disparates (anciens harkis, nostalgiques de l’OAS, etc.), tout ceci donne quelques scènes souvent drôles, tant les personnalités, les intérêts sont éloignés les uns des autres. Mais, si j’ai trouvé cette lecture souvent amusante, elle est aussi intéressante par les réflexions qu’elle induit, sur la mémoire, et ceux qui souhaiteraient l’instrumentaliser. Des réflexions plus particulières sur la guerre d’Algérie aussi bien sûr. Bref, c’est un album hautement recommandable.
White Le Choc !
J’ai un faible pour cette collection, son design, son côté « rétro » qui donnent un bon cachet aux histoires qui y ont été publiées. Comme d’autres collections du genre (Mimolette, Comix, etc.), le format est petit, la faible pagination empêchant de développer une trop longue intrigue. Mais ça donne quand même la possibilité à un auteur de se faire connaitre avec un petit récit. Et ici, j’ai trouvé que Stéphane Colman a très bien su utiliser ces contraintes, et que sa petite histoire tenait la route. C’est presque un monologue, d’un type qui raconte à un shérif ce qui lui est arrivé ces derniers temps, suite à l’atterrissage près de chez lui d’un engin extra-terrestre, duquel est sorti un être qui va devenir son ami. Et qui va lui permettre de se transformer en ange exterminateur. En cela la chute est assez bien vue, amusante. Comme est bien vu le langage populaire du bonhomme, qui rend vivante la narration. Sans prétention – et globalement pas inoubliable – voilà quand même une lecture sympathique, un bon millésime de cette collection. Note réelle 3,5/5.
IRL
Une nouvelle BD des auteurs de Tananarive, Kleos ou À mourir entre les bras de ma nourrice, servi par un dessin d'un auteur qui, semble-t-il, fait ici sa première production, moi je dis banco ! Et effectivement, c'est extrêmement bien mené. Les deux auteurs ne sont pas des manches et ont confiés le travail à quelqu'un qui sait s'y faire niveau coup de crayon. Le résultat est un polar bien ficelé et qui ne tombe pas dans les pièges grossiers du genre avec un discours étonnant et des surprises au scénario. Je ne me cache pas de ne pas aimer le genre du polar, extrêmement codifié et qui tombe dans des clichés permanents que je déteste, souvent assaisonnées de ficelles énorme pour provoquer un retournement de situation épique qui décoiffe le lecteur. Ici, on est dans le polar que j'aime et qui sent bien plus la réalité. Le scénario se concentre sur le Darknet et ses conséquences dans la vraie vie, le tout mélangeant justement l'implication de l'un sur l'autre. La BD évoquera plusieurs sujets jamais centraux pour autant : les enfants de l'immigration, la violence dans les quartiers, l'incompréhension entre générations sur les technologies ... Mais aussi des sujets parfois bêtes mais qui servent l'histoire. Ici les flics existent et s'ils n'arrêtent pas tout en plein milieu c'est surtout faute de moyens efficaces. La police n'est ni bête ni incapable, juste handicapée par un manque de budget. Réaliste, donc, et qui justifie que certaines choses aient lieu. Ce genre de détails m'intéressent puisqu'ils crédibilisent l'ensemble du récit en évitant les poncifs comme des flics incrédules ou stupides ce qui justifie leurs non-intervention jusqu'au bout du récit. Mais si la construction, donc, est crédible, elle est aussi très bien tenue. Il s'agit d'un polar sur une lycéenne qui trempe dans des activités souvent louches autour de sites non-référencés, le fameux Darkweb. Ici pas de fantasmes autour d'un internet invisible et qui serait la quintessence de la liberté individuelle avec tout ce qu'on peut imaginer de dérive, juste une nouvelle preuve du capitalisme libéral : l'argent roi et la vente de tout ce qui s'achète. La BD traite d'ailleurs de la question des idéaux confrontés au réel, et j'aime bien qu'un personnage en particulier, activiste politique qui apparait en arrière-plan. J'aurais pensé qu'il gagnerait en influence mais ses apparitions sont l'occasion d'échanges qui mettent en lumière ce que vit la protagoniste, et c'est très bien pensé encore une fois. Je m'extasie un peu, mais c'est un vrai bon polar, bien mené, surprenant, n'allant pas du tout dans le sens que j'imaginais, aux protagonistes bien campés qui sont tangibles. Les flics, Roxane, Jérôme, ils font vrai et leur histoire fait vraie. Je ne sais pas à quel point elle est inspirée de fait réel, mais je suis partisan d'y croire au moins un peu. La BD évite l'écueil de la morale basique, ne se conclue pas comme je l'imaginais et surtout ne donne aucune piste quant à ce qu'il faut en penser. Voila ce qui est arrivé, qu'en dites-vous cher lecteur ? C'est une très bonne chose que de ne pas verser dans du manichéen ni du moralisateur lorsqu'on touche des sujets aussi marginaux. J'ajouterais juste que le dessinateur a fait un excellent travail. Le style est inspiré du manga, clairement, mais il joue sur les cadrages, les compositions de planches et sur le style qu'il maitrise, notamment dans les couleurs, pour en faire ressortir les points d'intérêts. Bien que la BD soit parfois explicatives (notamment pour cerner le darkweb dont elle parle) et qu'elle présente quelques passages plus dialogués, je n'ai jamais senti de ralentissement, de même que la lecture comporte de nombreux passages plus lents bien que maintenant la tension. Il y a un jeu très bien trouvé entre les textes (et notamment les sms qui parsèment les cases) et le déroulé du récit. Si l'auteur continue comme ça, il va devenir un de ceux que je vais suivre activement, soyez-en sur ! Bref, une BD parfaitement bien menée par deux auteurs qui n'en sont pas à leurs coup d'essai, servi par un dessin qualitatif et travaillé, dans une ambiance de polar qui reste en tension jusqu'au bout, posant des questions sur le rapport au dématérialisé et aux marges de notre société, portant plusieurs sujets pas toujours traités mais qui font écho à l'histoire centrale ... Non, vraiment, je ne peux que vous recommander cette lecture !
Elsie A.
J'ai tout d'abord été accroché par la beauté des dessins. L'histoire, plutôt classique dans son démarrage, et un peu dans le fond aussi, est originale dans sa narration. La narration est un peu comme les personnages, après avoir passée quelques méandres, elle coule comme un fleuve. Certaines planches sont particulièrement belles et donnent des ambiances de fin de journée de jungle très immersive. J'ai vraiment apprécié cette lecture, une autrice que je vais suivre, je suis curieux de voir les autres ouvrages qu'elle a fait et fera.
Astérix
Il y a évidemment un avant et un après Goscinny, même si Le Grand fossé est très acceptable et vaut bien les quelconques réalisés en binôme. Surtout, des albums véritablement excellents comme : - Astérix chez les bretons - Astérix légionnaire - Le Bouclier Arverne - Astérix chez les helvètes - Les Lauriers de César Une BD que l'on aime relire de temps en temps, et qui mérite souvent d'être soutenue en public. Les Uderzo des années 90 et suivantes méritent au mieux le paisible oubli, au pire la colère. La reprise par Ferri & Conrad est intéressante dans sa manière d'échouer sympathiquement. Le remplacement de Ferri par FabCaro ne change pas ce sentiment d'échec, principalement dû à un rythme mal géré et un découpage sans génie.