Un petit album de format allongé, à l'italienne, réalisé par le belge Brecht Evens que je ne connaissais pas dans sa bibliographie. On y retrouve son dessin haut en couleurs et pour une fois c'est une suite de strips. De plus l'auteur y fait preuve de beaucoup d'humour, avec certaines chutes parfois sombres et morbides. Idulfania doit être une sorte de village onirique quelque peu moyenâgeux peuplé de personnages acteurs de ces petits strips, indépendants mais liés par ce monde qu'on voit en couverture mâtiné de Fantasy, où l'on trouve des nains, des géants, des chevaliers en armure, des oiseaux qui parlent faisant preuve d'inventivité, ou encore des gardiens de porte philosophes munis de hallebardes. J'ai appris par ailleurs que cela avait été publié à un rythme hebdomadaire dans le magazine belge Bruzz. Assez court et vite lu.
Voilà un bon p'tit vent de fraîcheur qui souffle avec ce premier album de la nouvelle collection Young Adult de chez Delcourt : Wave.
Alors ok, c'est effectivement ciblé, mais en trouvant un bon équilibre entre divertissement et problèmes sociétaux. Almudena est une ado qui va sur ses quinze ans ; elle habite avec sa mère aux Etats-Unis et n'a jamais connu son père. Mais voilà que sa mère doit partir faire une tournée de danse en Europe et va donc confier sa fille à son père pour 3 mois... Si le fait de rencontrer son père pour la première fois à cet âge est déjà compliqué, la barrière linguistique ne va pas améliorer les choses. En effet, le père d'Almudena est guatémaltèque et ne pipe pas un mot d'anglais... et Almudena pas un d'espagnol... Ajoutez à cela un logement en pleine rénovation : l'été s'annonce looooong et fastidieux ! Mais voilà, l'entourage de son père et le quartier même sont plein de surprises et de vie. La sinistrose annoncée va vite laisser place à un tourbillon de vie pétillant, à l'image de notre ado pleine de ressources.
Ça parle famille, gentrification, homosexualité, dans ce milieu des années 90', sans se prendre la tête et ça passe bien. Le tout est servi par un dessin assez simple mais expressif, qui valorise les nombreux personnages de cette tribu recomposée et explosive ; la mise en couleur est tout aussi peps, ce qui colle parfaitement avec le tout !
C'est à hauteur d'enfants que Marion Achard nous replonge dans l'horreur de la seconde guerre mondiale. Ce premier tome est axé sur le récit de Lilou qui a réussi à s'enfuir et se cacher après septembre 1943 pour échapper aux rafles. Le deuxième tome devrait nous raconter ce que sa soeur Mylaine a vécu après leur séparation à cette même période, arrêtée par les nazis.
On sent que Marion Achard a le goût du récit et de ce côté documenté/documentaire. J'avais déjà apprécié son travail avec ses albums Tamba l'enfant soldat et Le Zizi de l'ange - Chroniques d'un spectacle vivant. Après les enfants soldats et les intermittents, c'est donc du côté de sa propre famille qu'elle est aller creuser pour nous proposer ce récit formidablement mis en dessin par Toni Galmès, que je ne connaissais pas. Son trait rond et fin superbement mis en couleur à l'aquarelle colle à merveille avec cette vision d'enfant qui nous servira de focale.
Sans être ni trop mièvre ni trop dure dans les détails, l'histoire de cette guerre et des saletés qu'elle colporte est réaliste et juste, sans être édulcorée pour autant.
Voilà un album qui devrait plaire à un large public tant pour son contenu que son esthétique léchée.
Je suis curieux de découvrir le second volet de cette série
*** Tome 2 ***
Après le récit de Lilou dans le premier tome, c'est au tour de sa grande soeur Mylène de nous dévoiler ce qui lui est arrivé après cette descente de l'armée allemande dans leur planque. Si Lilou et ses parents ont pu être prévenus à temps et échapper à la rafle, ce n'est pas le cas de Mylène. Arrestation, interrogatoires, violences, puis déportation vers un camp de concentration... Le regard de Mylène nous plonge dans l'horreur nazi à hauteur d'enfant...
Comme dans le premier tome, le récit est réaliste et n'édulcore en rien le tragique de cette période et de l'horreur des camps de concentration. Plus dur que le premier tome, il n'en reste pas moins pétri de tendresse et d'humanité malgré l'horreur traversée.
Côté dessin Toni Galmès est toujours aussi doué et efficace, rendant cette histoire moins âpre à digérer. Son trait et sa mise en couleur à l'aquarelle sont juste magnifiques !
Un témoignage familial à travers des regards d'enfants qui auront survécu au pire traité de façon remarquable !
Je ne suis pas très familier de l'univers Moebius et c'est avec un œil naïf que je découvre ce double titre Arzach suivi de "L'Homme est il bon". Cinquante années ont passé depuis la sortie événement d'Arzach saluée à l'époque comme un chef d'œuvre par une grande partie de la presse européenne toutes tendances confondues. Un petit saut en arrière permettrait aux plus jeunes de se souvenir que les années 70 furent des années de "Déconstruction". Dans ce domaine, le 9eme art en était à l'expérimentation. Giraud/Moebius bien installé au sommet de la profession se risque à une expérimentation avant-gardiste avec une œuvre sans scénario et sans dialogue. Cette suite d'histoires sans autre lien que cet Arzach chevauchant une sorte de ptérodactyle au-dessus d'un monde inhospitalier laisse le lecteur libre de ses choix : faut-il chercher une cohérence scénaristique ? Faut-il simplement se laisser porter par un dessin d'une grande technicité ? Ou finalement se goinfrer de couleurs et de lumières qui singularisent à elles seules la narration ? Je lis cette œuvre comme un Milestone non conformiste. Une véritable œuvre de l'art qui explore les voies inconnues. Une œuvre qui mérite d'être pensée dans son contexte et qui s'accommode mal des notations et des classements. Un "truc" qui a sa place dans l'histoire et les écoles plus que sur les rayonnages des séries commerciales. Une étoile filante…
On est pas loin de la définition du culte.
Au sortir de la seconde guerre mondiale la famille Pelletier a du souci à se faire, trois des enfants du couple sont entendus par la police pour diverses malversations que d'habiles flashbacks vont nous expliquer. Ainsi, de Beyrouth à Saïgon en passant par Paris, les rejetons Pelletier sont confrontés à leurs passé pas toujours très reluisants.
J'ai trouvé cette histoire très bien conçue avec un background excellent retranscrit par C. De Metter, de l'ambiance parisienne à la vie dans un Vietnam alors colonisé. Avec un rythme trépidant il est difficile de lâcher la lecture et le dénouement est suffisamment malin pour dérouter le lecteur, tout au plus aurais-je aimé un final moins ouvert pour certains protagonistes, notamment ce brave Bouboule.
C. De Mettter fait encore une fois un excellent boulot.
5 ans après la conclusion de sa première série Clues, Mara nous propose de nouveau une série qu’elle réalise seule (« presque seule » devrais-je écrire puisqu’elle est assistée pour les couleurs par Suria Barbier et Carole Bride).
Après l’Angleterre Victorienne, elle nous plonge cette fois-ci dans le New York du début des années 30, où vont se rencontrer Ian Davenport, un jeune chercheur en spiritologie, et Nell Lovelace, une journaliste ambitieuse reléguée bien malgré elle à la rédaction d’articles consacrés à des événements paranormaux.
On retrouve dans cet album les ingrédients qui fonctionnaient déjà dans sa première série : des personnages au caractère bien marqué qui inspirent la sympathie, du mystère savamment distillé tout au long de l’album et un trait dynamique.
Si la scène du début qui se situe dans un environnement naturel n’est pas la plus réussie graphiquement, le dessin de Mara a bien progressé depuis ses premiers albums. Le dynamisme et l’expressivité des personnages restent son point fort, mais j’ai surtout relevé le travail des couleurs particulièrement réussi. La technique qu’elle avait déjà utilisée pour les trois premiers albums de « Clues » – mélange de lavis et de couleurs informatiques – donne un réel cachet à l’ensemble, et on sent le soin apporté au choix des ambiances.
Enfin l’album en lui-même est un très bel objet, avec les impressions en doré et le vernis sélectif sur la couverture, la mise en page dans le style Art Déco, et le carnet de croquis de la fin qui est bien intégré et apporte un vrai plus à l’album.
Un album de pur divertissement bien réalisé dont je lirai la suite avec plaisir.
(J'hésite entre 3 et 4... j'attends la suite pour remonter ma note).
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Après avoir lu les deux tomes suivants, je remonte ma note.
J’ai beaucoup aimé l’évolution de l’histoire ; si l’aventure reste bien présente, elle vient davantage se mettre au service des relations entre les personnages. Et c’est justement les différents protagonistes, leurs histoires et leurs interactions qui m’ont beaucoup plu.
Mara a utilisé pour la construction de sa série la même structure que pour Clues, à savoir que le troisième tome est un flashback. Mais j’ai trouvé que dans le cas présent c’était beaucoup mieux amené et plus logique au niveau narratif que dans Clues.
Bref, j’ai beaucoup aimé les trois premiers tomes de cette série, et j’attends maintenant avec impatience la conclusion dans le quatrième tome.
C'est un feuilletage rapide et sa magnifique couverture qui m'ont fait craquer. Et là, c'est le jackpot.
Quel plaisir de retrouver le tandem de Goodnight paradise, il sera cette fois-ci accompagné par le génialissime Matt Hollingsworth à la couleur.
De la Fantasy comme on n'en voit pas souvent. Tous les ingrédients sont présents pour faire de ce récit une réussite.
Trois personnages principaux, Cerrin fils sion est un demi-elfe, Urghria est une pirate qui a perdu son équipage, ils vont s'associer pour aller voler des crânes d'orc sur l'île aux orcs pour faire fortune et ainsi s'extirper de leur condition misérable. Mais pour cela ils ont besoin de magie, Urghria va acheter un mage au temple, le triste Andune. Des protagonistes qui vous surprendront.
Un monde de désolation sous la coupe d'une religion qui ne pense qu'à son bien-être. Un monde où l'on peut découvrir des temples volants et leurs patriarches, des créatures fantastiques et des orcs. Un monde inégalitaire et violent où le sang coule à flot, où les crânes sont fracassés et les langues arrachées.
Un récit captivant et sans temps mort qui prend soin de bien planter le décor et les acteurs avec un zeste d'humour. Les surprises seront au rendez-vous, je ne m'attendais pas à une telle fin.
Une narration maîtrisée de bout en bout.
Joshua Dysart est un scénariste à suivre.
Le dessin est une tuerie, dans tous les sens du terme, Alberto Ponticelli a réalisé un travail fantastique. La mise en page audacieuse permet d'en prendre plein les mirettes, les décors sont fabuleux, que ce soit cette jungle sauvage ou la cité des orcs. Inventif, expressif, immersif et dynamique.
Il me faut aussi mettre en avant le travail extraordinaire de Matt Hollingsworth, ses choix de couleurs apportent une touche singulière à ce récit sanguinolent.
N'hésitez pas à feuilletter l'album en librairie, la galerie ne rend pas hommage à ce visuel de toute beauté.
Un indispensable pour tous les aficionados de Fantasy. Foncez, foncez et foncez.
Gros coup de cœur.
"Tout peuple est ennemi de lui-même".
Alors que les auteurs ont quelques albums à leurs actifs, c’est seulement avec ce tome que je les découvre.
Une plutôt chouette découverte puisque Compadres s’est avéré un bon petit moment de lecture. Ça ne sera certes pas un indispensable, on oscille entre le pas mal et le franchement bien mais l’album possède suffisamment d’atouts pour se démarquer.
Le premier qui saute aux yeux est évidemment la partie graphique assez atypique, ça passe ou ça casse. Perso je lui ai bien trouvé quelques défauts mais dans l’ensemble ça m’a bien plu. L’originalité du trait allié aux couleurs m’a vite emporté et participe pour beaucoup au charme de l’album. Il ne faut pas être allergique aux ambiances automnales.
L’histoire n’est pas en reste, ça se développe un peu vite pour vraiment s’attacher aux personnages mais le duo de héros fonctionne bien. J’ai surtout aimé le ton âpre et sans concession. Ce n’est pas une période pour les idéalistes. Un récit qui déroule.
Finalement un western que j’ai trouvé original et bien mené. Si le dessin ne vous fait pas peur, je vous encourage à tomber dessus.
3,5
La fin ne livre pas forcément toutes les clés. Ou alors je n’ai pas tout saisi, je ne sais pas. Mais qu’importe ! C’est une lecture que j’ai bien aimée. Un voyage original et angoissant, dans les méandres d’un vaisseau gigantesque.
Nous suivons un personnage solitaire, Lupo, qui erre et nous sert de guide, dans un univers aux airs post-apocalypse, peuplé de monstres et de bestioles mutantes dangereuses, de drones qui ne le sont pas moins. Et de quelques humains énigmatiques. Et surtout de vide, de couloirs sans fin, de coursives infinies : Amaury Bündgen a su mettre en place une ambiance étrange et originale. C’est le voyage en lui-même, plus que son objectif, qui nous prend aux tripes.
Le dessin use judicieusement du Noir et Blanc, adapté à cet univers froid et désespérant. Souvent avare de détails, et parfois hyper détaillé pour des plans larges de couloirs, je l’ai trouvé agréable et très fluide.
Je découvre cet auteur avec cet album, et je pense aller voir ce qu’il a fait depuis.
C’est la seconde série en peu de temps que je lis où l’intrigue se déroule en partie dans un monde virtuel parallèle, après Bolchoi arena. Mais ici pas de space opéra, mais plutôt un simple monde parallèle, proche d’un paradis virtuel (même si je ne connais pas trop et si je n’y suis jamais allé, ça m’a fait penser à « Second life », dont j’avais entendu parler il y a pas mal d’années – je ne sais pas si ce « monde parallèle » existe encore).
Ici, par-delà les problématiques liées à ces deux mondes parallèles, le scénario nous livre des histoires d’amour relativement originales. En particulier autour de Marsu, qui vit une union très libre avec son copain (qui a couché avec une copine lesbienne voulant avoir un enfant avec l’approbation de Marsu), en même temps qu’elle vit une histoire d’amour avec un architecte créateur du monde virtuel dans lequel leurs alter-ego/avatars se retrouvent.
Tout est traité avec sensibilité, et les personnages comme leurs relations sont assez fouillés, jamais monolithiques. On en oublie aisément les éventuels doutes quant à la crédibilité de ce genre de « monde ». Même si sur la fin l’apparition des enfants m’a moins convaincu.
Une histoire originale et plaisante. Avec un dessin très agréable – comme la colorisation.
Note réelle 3,5/5.
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Idulfania
Un petit album de format allongé, à l'italienne, réalisé par le belge Brecht Evens que je ne connaissais pas dans sa bibliographie. On y retrouve son dessin haut en couleurs et pour une fois c'est une suite de strips. De plus l'auteur y fait preuve de beaucoup d'humour, avec certaines chutes parfois sombres et morbides. Idulfania doit être une sorte de village onirique quelque peu moyenâgeux peuplé de personnages acteurs de ces petits strips, indépendants mais liés par ce monde qu'on voit en couverture mâtiné de Fantasy, où l'on trouve des nains, des géants, des chevaliers en armure, des oiseaux qui parlent faisant preuve d'inventivité, ou encore des gardiens de porte philosophes munis de hallebardes. J'ai appris par ailleurs que cela avait été publié à un rythme hebdomadaire dans le magazine belge Bruzz. Assez court et vite lu.
Almudena - Le Temps d'un été
Voilà un bon p'tit vent de fraîcheur qui souffle avec ce premier album de la nouvelle collection Young Adult de chez Delcourt : Wave. Alors ok, c'est effectivement ciblé, mais en trouvant un bon équilibre entre divertissement et problèmes sociétaux. Almudena est une ado qui va sur ses quinze ans ; elle habite avec sa mère aux Etats-Unis et n'a jamais connu son père. Mais voilà que sa mère doit partir faire une tournée de danse en Europe et va donc confier sa fille à son père pour 3 mois... Si le fait de rencontrer son père pour la première fois à cet âge est déjà compliqué, la barrière linguistique ne va pas améliorer les choses. En effet, le père d'Almudena est guatémaltèque et ne pipe pas un mot d'anglais... et Almudena pas un d'espagnol... Ajoutez à cela un logement en pleine rénovation : l'été s'annonce looooong et fastidieux ! Mais voilà, l'entourage de son père et le quartier même sont plein de surprises et de vie. La sinistrose annoncée va vite laisser place à un tourbillon de vie pétillant, à l'image de notre ado pleine de ressources. Ça parle famille, gentrification, homosexualité, dans ce milieu des années 90', sans se prendre la tête et ça passe bien. Le tout est servi par un dessin assez simple mais expressif, qui valorise les nombreux personnages de cette tribu recomposée et explosive ; la mise en couleur est tout aussi peps, ce qui colle parfaitement avec le tout !
Quand la nuit tombe
C'est à hauteur d'enfants que Marion Achard nous replonge dans l'horreur de la seconde guerre mondiale. Ce premier tome est axé sur le récit de Lilou qui a réussi à s'enfuir et se cacher après septembre 1943 pour échapper aux rafles. Le deuxième tome devrait nous raconter ce que sa soeur Mylaine a vécu après leur séparation à cette même période, arrêtée par les nazis. On sent que Marion Achard a le goût du récit et de ce côté documenté/documentaire. J'avais déjà apprécié son travail avec ses albums Tamba l'enfant soldat et Le Zizi de l'ange - Chroniques d'un spectacle vivant. Après les enfants soldats et les intermittents, c'est donc du côté de sa propre famille qu'elle est aller creuser pour nous proposer ce récit formidablement mis en dessin par Toni Galmès, que je ne connaissais pas. Son trait rond et fin superbement mis en couleur à l'aquarelle colle à merveille avec cette vision d'enfant qui nous servira de focale. Sans être ni trop mièvre ni trop dure dans les détails, l'histoire de cette guerre et des saletés qu'elle colporte est réaliste et juste, sans être édulcorée pour autant. Voilà un album qui devrait plaire à un large public tant pour son contenu que son esthétique léchée. Je suis curieux de découvrir le second volet de cette série *** Tome 2 *** Après le récit de Lilou dans le premier tome, c'est au tour de sa grande soeur Mylène de nous dévoiler ce qui lui est arrivé après cette descente de l'armée allemande dans leur planque. Si Lilou et ses parents ont pu être prévenus à temps et échapper à la rafle, ce n'est pas le cas de Mylène. Arrestation, interrogatoires, violences, puis déportation vers un camp de concentration... Le regard de Mylène nous plonge dans l'horreur nazi à hauteur d'enfant... Comme dans le premier tome, le récit est réaliste et n'édulcore en rien le tragique de cette période et de l'horreur des camps de concentration. Plus dur que le premier tome, il n'en reste pas moins pétri de tendresse et d'humanité malgré l'horreur traversée. Côté dessin Toni Galmès est toujours aussi doué et efficace, rendant cette histoire moins âpre à digérer. Son trait et sa mise en couleur à l'aquarelle sont juste magnifiques ! Un témoignage familial à travers des regards d'enfants qui auront survécu au pire traité de façon remarquable !
Arzach
Je ne suis pas très familier de l'univers Moebius et c'est avec un œil naïf que je découvre ce double titre Arzach suivi de "L'Homme est il bon". Cinquante années ont passé depuis la sortie événement d'Arzach saluée à l'époque comme un chef d'œuvre par une grande partie de la presse européenne toutes tendances confondues. Un petit saut en arrière permettrait aux plus jeunes de se souvenir que les années 70 furent des années de "Déconstruction". Dans ce domaine, le 9eme art en était à l'expérimentation. Giraud/Moebius bien installé au sommet de la profession se risque à une expérimentation avant-gardiste avec une œuvre sans scénario et sans dialogue. Cette suite d'histoires sans autre lien que cet Arzach chevauchant une sorte de ptérodactyle au-dessus d'un monde inhospitalier laisse le lecteur libre de ses choix : faut-il chercher une cohérence scénaristique ? Faut-il simplement se laisser porter par un dessin d'une grande technicité ? Ou finalement se goinfrer de couleurs et de lumières qui singularisent à elles seules la narration ? Je lis cette œuvre comme un Milestone non conformiste. Une véritable œuvre de l'art qui explore les voies inconnues. Une œuvre qui mérite d'être pensée dans son contexte et qui s'accommode mal des notations et des classements. Un "truc" qui a sa place dans l'histoire et les écoles plus que sur les rayonnages des séries commerciales. Une étoile filante… On est pas loin de la définition du culte.
Le Grand Monde
Au sortir de la seconde guerre mondiale la famille Pelletier a du souci à se faire, trois des enfants du couple sont entendus par la police pour diverses malversations que d'habiles flashbacks vont nous expliquer. Ainsi, de Beyrouth à Saïgon en passant par Paris, les rejetons Pelletier sont confrontés à leurs passé pas toujours très reluisants. J'ai trouvé cette histoire très bien conçue avec un background excellent retranscrit par C. De Metter, de l'ambiance parisienne à la vie dans un Vietnam alors colonisé. Avec un rythme trépidant il est difficile de lâcher la lecture et le dénouement est suffisamment malin pour dérouter le lecteur, tout au plus aurais-je aimé un final moins ouvert pour certains protagonistes, notamment ce brave Bouboule. C. De Mettter fait encore une fois un excellent boulot.
Spirite
5 ans après la conclusion de sa première série Clues, Mara nous propose de nouveau une série qu’elle réalise seule (« presque seule » devrais-je écrire puisqu’elle est assistée pour les couleurs par Suria Barbier et Carole Bride). Après l’Angleterre Victorienne, elle nous plonge cette fois-ci dans le New York du début des années 30, où vont se rencontrer Ian Davenport, un jeune chercheur en spiritologie, et Nell Lovelace, une journaliste ambitieuse reléguée bien malgré elle à la rédaction d’articles consacrés à des événements paranormaux. On retrouve dans cet album les ingrédients qui fonctionnaient déjà dans sa première série : des personnages au caractère bien marqué qui inspirent la sympathie, du mystère savamment distillé tout au long de l’album et un trait dynamique. Si la scène du début qui se situe dans un environnement naturel n’est pas la plus réussie graphiquement, le dessin de Mara a bien progressé depuis ses premiers albums. Le dynamisme et l’expressivité des personnages restent son point fort, mais j’ai surtout relevé le travail des couleurs particulièrement réussi. La technique qu’elle avait déjà utilisée pour les trois premiers albums de « Clues » – mélange de lavis et de couleurs informatiques – donne un réel cachet à l’ensemble, et on sent le soin apporté au choix des ambiances. Enfin l’album en lui-même est un très bel objet, avec les impressions en doré et le vernis sélectif sur la couverture, la mise en page dans le style Art Déco, et le carnet de croquis de la fin qui est bien intégré et apporte un vrai plus à l’album. Un album de pur divertissement bien réalisé dont je lirai la suite avec plaisir. (J'hésite entre 3 et 4... j'attends la suite pour remonter ma note). -- Après avoir lu les deux tomes suivants, je remonte ma note. J’ai beaucoup aimé l’évolution de l’histoire ; si l’aventure reste bien présente, elle vient davantage se mettre au service des relations entre les personnages. Et c’est justement les différents protagonistes, leurs histoires et leurs interactions qui m’ont beaucoup plu. Mara a utilisé pour la construction de sa série la même structure que pour Clues, à savoir que le troisième tome est un flashback. Mais j’ai trouvé que dans le cas présent c’était beaucoup mieux amené et plus logique au niveau narratif que dans Clues. Bref, j’ai beaucoup aimé les trois premiers tomes de cette série, et j’attends maintenant avec impatience la conclusion dans le quatrième tome.
L'Île aux orcs
C'est un feuilletage rapide et sa magnifique couverture qui m'ont fait craquer. Et là, c'est le jackpot. Quel plaisir de retrouver le tandem de Goodnight paradise, il sera cette fois-ci accompagné par le génialissime Matt Hollingsworth à la couleur. De la Fantasy comme on n'en voit pas souvent. Tous les ingrédients sont présents pour faire de ce récit une réussite. Trois personnages principaux, Cerrin fils sion est un demi-elfe, Urghria est une pirate qui a perdu son équipage, ils vont s'associer pour aller voler des crânes d'orc sur l'île aux orcs pour faire fortune et ainsi s'extirper de leur condition misérable. Mais pour cela ils ont besoin de magie, Urghria va acheter un mage au temple, le triste Andune. Des protagonistes qui vous surprendront. Un monde de désolation sous la coupe d'une religion qui ne pense qu'à son bien-être. Un monde où l'on peut découvrir des temples volants et leurs patriarches, des créatures fantastiques et des orcs. Un monde inégalitaire et violent où le sang coule à flot, où les crânes sont fracassés et les langues arrachées. Un récit captivant et sans temps mort qui prend soin de bien planter le décor et les acteurs avec un zeste d'humour. Les surprises seront au rendez-vous, je ne m'attendais pas à une telle fin. Une narration maîtrisée de bout en bout. Joshua Dysart est un scénariste à suivre. Le dessin est une tuerie, dans tous les sens du terme, Alberto Ponticelli a réalisé un travail fantastique. La mise en page audacieuse permet d'en prendre plein les mirettes, les décors sont fabuleux, que ce soit cette jungle sauvage ou la cité des orcs. Inventif, expressif, immersif et dynamique. Il me faut aussi mettre en avant le travail extraordinaire de Matt Hollingsworth, ses choix de couleurs apportent une touche singulière à ce récit sanguinolent. N'hésitez pas à feuilletter l'album en librairie, la galerie ne rend pas hommage à ce visuel de toute beauté. Un indispensable pour tous les aficionados de Fantasy. Foncez, foncez et foncez. Gros coup de cœur. "Tout peuple est ennemi de lui-même".
Compadres
Alors que les auteurs ont quelques albums à leurs actifs, c’est seulement avec ce tome que je les découvre. Une plutôt chouette découverte puisque Compadres s’est avéré un bon petit moment de lecture. Ça ne sera certes pas un indispensable, on oscille entre le pas mal et le franchement bien mais l’album possède suffisamment d’atouts pour se démarquer. Le premier qui saute aux yeux est évidemment la partie graphique assez atypique, ça passe ou ça casse. Perso je lui ai bien trouvé quelques défauts mais dans l’ensemble ça m’a bien plu. L’originalité du trait allié aux couleurs m’a vite emporté et participe pour beaucoup au charme de l’album. Il ne faut pas être allergique aux ambiances automnales. L’histoire n’est pas en reste, ça se développe un peu vite pour vraiment s’attacher aux personnages mais le duo de héros fonctionne bien. J’ai surtout aimé le ton âpre et sans concession. Ce n’est pas une période pour les idéalistes. Un récit qui déroule. Finalement un western que j’ai trouvé original et bien mené. Si le dessin ne vous fait pas peur, je vous encourage à tomber dessus. 3,5
Ion Mud
La fin ne livre pas forcément toutes les clés. Ou alors je n’ai pas tout saisi, je ne sais pas. Mais qu’importe ! C’est une lecture que j’ai bien aimée. Un voyage original et angoissant, dans les méandres d’un vaisseau gigantesque. Nous suivons un personnage solitaire, Lupo, qui erre et nous sert de guide, dans un univers aux airs post-apocalypse, peuplé de monstres et de bestioles mutantes dangereuses, de drones qui ne le sont pas moins. Et de quelques humains énigmatiques. Et surtout de vide, de couloirs sans fin, de coursives infinies : Amaury Bündgen a su mettre en place une ambiance étrange et originale. C’est le voyage en lui-même, plus que son objectif, qui nous prend aux tripes. Le dessin use judicieusement du Noir et Blanc, adapté à cet univers froid et désespérant. Souvent avare de détails, et parfois hyper détaillé pour des plans larges de couloirs, je l’ai trouvé agréable et très fluide. Je découvre cet auteur avec cet album, et je pense aller voir ce qu’il a fait depuis.
Le Champ des possibles
C’est la seconde série en peu de temps que je lis où l’intrigue se déroule en partie dans un monde virtuel parallèle, après Bolchoi arena. Mais ici pas de space opéra, mais plutôt un simple monde parallèle, proche d’un paradis virtuel (même si je ne connais pas trop et si je n’y suis jamais allé, ça m’a fait penser à « Second life », dont j’avais entendu parler il y a pas mal d’années – je ne sais pas si ce « monde parallèle » existe encore). Ici, par-delà les problématiques liées à ces deux mondes parallèles, le scénario nous livre des histoires d’amour relativement originales. En particulier autour de Marsu, qui vit une union très libre avec son copain (qui a couché avec une copine lesbienne voulant avoir un enfant avec l’approbation de Marsu), en même temps qu’elle vit une histoire d’amour avec un architecte créateur du monde virtuel dans lequel leurs alter-ego/avatars se retrouvent. Tout est traité avec sensibilité, et les personnages comme leurs relations sont assez fouillés, jamais monolithiques. On en oublie aisément les éventuels doutes quant à la crédibilité de ce genre de « monde ». Même si sur la fin l’apparition des enfants m’a moins convaincu. Une histoire originale et plaisante. Avec un dessin très agréable – comme la colorisation. Note réelle 3,5/5.