Tome 3 : Le Serpent qui danse
Avec le dernier volet de cette trilogie, le lecteur va suivre Baudelaire dans la dernière partie de sa vie, une vie minée par les problèmes d’argent, son addiction aux substances illicites, et ce mal rampant qu’est la syphilis. Il faut dire qu’il a perdu de sa superbe, le Charles ! Le poids des ans n’arrange rien et commence à se faire sentir sur sa dégaine de dandy à présent quadragénaire : yeux rougis et regard fiévreux, visage marqué et démarche voutée, son arrogance des premières années semble s’être envolée avec sa jeunesse.
Sa nouvelle célébrité, entravée par ses démêlés avec la justice, ne suffit pas à compenser le train de vie du poète hédoniste et flambeur, désormais pourchassé par les huissiers. « Coco mal perché », son éditeur, devra bientôt mettre la clé sous la porte et fuir vers Bruxelles, là où Baudelaire, dont la réputation commence à traverser les frontières, est venu donner des lectures qui se solderont par un bide fracassant.
Quant à Jeanne Duval, sa muse de toujours, la grande vérole aura eu raison d’elle : là voilà désormais hémiplégique. Baudelaire loue une chambre à Neuilly et devient son « tuteur ». Mais c’est sans compter sur le frère de Jeanne, qui vient taper l’incruste et est devenu le proxénète de celle-ci !
Dans la parfaite lignée des deux premiers tomes, « Le Serpent qui danse » conclut de fort belle manière cette fresque épique consacrée à l’homme qui aura révolutionné la poésie dans la France du XIXe siècle. Fidèle à la narration très fluide de Jean Teulé, Dominique Gelli vient la sublimer avec un dessin très pictural qui évoque les peintures de ce siècle, mais avec la touche de modernité induite par la bande dessinée. Un pur régal pour les yeux. On sent bien que Baudelaire a été pour lui une source d’inspiration. Son style conjugue l’admiration qu’il porte au poète au pittoresque caractérisant le roman de Teulé. Tino Gelli continue de son côté à insérer ses respirations graphiques en illustrant quelques poésies extraites des « Fleurs du mal ». Le tout contribue à faire de ce double hommage (à Jean Teulé autant qu’à Charles Baudelaire, un immense poète si l’on fait abstraction des aspects les plus détestables du personnage) une œuvre qui fera date.
Tome 2 : Les Fleurs du mal
Dans la ligne du tome 1, cette suite ne faiblit pas et reste totalement conforme à ce qu’on pouvait en attendre. Baudelaire et ses frasques de dandy mal léché, racontés avec brio par Jean Teulé, ont décidément été une source d’inspiration pour Dominique Gelli, et cela se ressent dans la qualité narrative et visuelle de cette adaptation.
Tout comme Teulé, l’auteur parvient à nous immerger dans ce Paris du XIXe siècle, un Paris qui basculait rapidement vers la modernité, avec les travaux spectaculaires du baron Haussmann qui allaient donner à la capitale un nouveau visage, se rapprochant de celui qu’on lui connaît aujourd’hui. Gelli décrit très bien ce contexte qui suscitait la grogne parmi la population, en particulier celle des classes laborieuses et des sans-grades, qui se voyaient contraints de s’exiler vers les faubourgs, ou bien celle des artistes qui assistaient impuissants à la disparition du Paris populo et gouailleur qu’ils chérissaient. Bien qu’issu d’un milieu aisé, Baudelaire en était, un peu contre son gré, lui dont la principale préoccupation en tant que poète hédoniste consistait à vivre sans contrainte tout en rejetant les codes hypocrites de la haute société.
D’un point de vue graphique, on peut dire que Dominique Gelli s’est surpassé, nous offrant des scènes superbes de la vie parisienne qui évoquent les peintures de Renoir, Pissaro, Monet et j’en passe, avec des tonalités obscures faisant ressortir les vêtements colorés du poète dandy. Tino Gelli, dans sa démarche picturale plus abstraite, vient enrichir la narration en illustrant les vers de ce dernier avec des pleines pages comme autant de respirations.
Tout en restant fidèle au roman de Jean Teulé, notamment par l’humour qui le traverse, Dominique Gelli est parvenu à se l’approprier totalement. Sa représentation de Baudelaire peut toutefois apparaître éloignée des photographies que l’on connaît du poète. Si son accoutrement reflète bien l’extravagance de l’homme, dont le narcissisme n’avait d’égal que la folie, son visage, ordinaire et peu séduisant sous le pinceau du dessinateur, ne joue guère à son avantage. Certes, Baudelaire était loin d’être aimable, on pouvait même légitimement le qualifier de connard arrogant et fantasque, mais indiscutablement il était conscient de la fascination qu’il pouvait exercer sur son entourage, et il en jouait. Sa force était sans doute de ne pas faire cas de ce que l’on pensait de lui et d’aller jusqu’au bout de ses désirs.
En résumé, ce tome 2 est une réussite et laisse à penser que la trilogie, une fois terminée, fera partie des biographies en BD les plus marquantes dans le domaine de l’art et de la littérature.
Tome 1 : Jeanne
Quelques mois après la mort de Jean Teulé, la sortie de cet ouvrage prend une dimension tout à fait particulière. Cet auteur, qui avait débuté dans la bande dessinée au tournant des années 80, s’était par la suite converti au roman où il évoquait comme personne la vie de personnages illustres de l’Histoire. Et pourtant, le lien avec le neuvième art n’a jamais été véritablement rompu, beaucoup de ses romans ayant fait l’objet d’une adaptation en BD, la plus emblématique étant sans doute Charly 9, de Richard Guérineau, une fresque grandiose consacrée au roi Charles IX. Il y eut également Je, François Villon, de Luigi Critone, et Ô Verlaine, de Philippe Thirault et Olivier Deloye.
« Crénom, Baudelaire ! », le roman, n’était paru qu’en 2020. Après plusieurs années d’absence, Dominique Gelli, dont c’est ici la deuxième adaptation d’un ouvrage de ce conteur hors pair qu’était Jean Teulé, après Mangez-le si vous voulez, récit incroyable d’un fait divers effrayant pendant la guerre franco-prussienne de 1870, aura eu avec cette BD l’opportunité de se remettre sur les rails tout en révélant le talent graphique dont il était capable. Et lorsqu’on découvre ce nouvel opus, on se dit que le précédent n’était en fait qu’une mise en bouche…
Pour ce faire, Dominique s’est adjoint les services de son fils Tino (on est artiste dans la famille !), davantage tourné vers la peinture, « inspiré par le mysticisme et l’ésotérisme », peignant et composant « sa propre musique qui devient la bande originale de son œuvre picturale », selon les termes de l’éditeur. Ainsi, ce portrait composé à quatre mains est le fruit d’une alchimie père-fils qui semble avoir fonctionné à plein. La partition narrative au trait légèrement charbonneux, assuré par Dominique, est entrecoupée de planches le plus souvent en pleine page, dévoilant le travail du fiston, entre abstraction et symbolisme. Gelli père quant à lui, a visiblement été très inspiré par ce portrait, et sa maîtrise sur la couleur que l’on avait constatée dans Mangez-le si vous voulez donne ici sa pleine mesure. Les scènes en clair-obscur sont splendides, avec ces touches de vert fluorescent ou de rouge qui explosent sous la grisaille parisienne, sans parler des délicats effets de drapés (la robe démesurée et voluptueuse de Madame Baudelaire !). Jeanne Duval, le « soleil noir » de Baudelaire, apparaît tel une reine africaine antique, d’une flamboyance presque terrifiante à faire pâlir — et c’est le cas — tous ceux gravitant autour d’elle, d’autant qu’à l’époque les Noirs étaient extrêmement rares à Paris. Les quelques scènes sexuelles un peu crues ne contiennent aucune once de vulgarité, et en ce sens reflètent parfaitement le propos baudelairien.
Si le roman a ici été très bien synthétisé dans sa narration, évitant même de reproduire les tics un brin agaçants de Teulé de recourir à des expressions modernes, surtout dans la première partie de son livre, il a été littéralement magnifié d’un point de vue graphique. On ne pourra être que subjugué par ce qui s’avère un des joyaux éditoriaux de l’année. Cette BD, premier volet d’une trilogie pour laquelle l’écrivain a dispensé ses conseils, constitue donc désormais un double hommage, dédié d’une part à un immense poète (malgré son caractère invivable) et d’autre part un talentueux conteur des temps modernes. Il va sans dire qu’on est impatient de découvrir la suite.
4 ans après l’excellent Un été cruel, le trio Brubaker / Phillips père et fils revisite l’univers noir de Criminal, avec ce nouveau one-shot qui peut se lire indépendamment, le lien avec la série mère se faisant via le personnage de Tracy Lawless.
Pas de surprise niveau histoire, les auteurs sont au sommet de leur art. L’intrigue est complexe et passionnante, et parfaitement narrée. Les personnages de Jacob et Angie sont attachants, les sauts temporels nous permettent de découvrir les méandres de la galère dans laquelle ils se sont fourrés… impossible de refermer l’album avant d’en connaitre le dénouement.
Pas de surprise non plus du coté du dessin… c’est du Phillips, père et fils, c’est efficace, l’ambiance noire et poisseuse est parfaitement retranscrite.
Un excellent polar noir, immanquable pour les amateurs du genre… et pour couronner le tout, Brubaker annonce dans la postface que le prochain album de Criminal est déjà en cours de réalisation… vivement !
Pas de l'autobiographie mais sans doute de l'autofiction. C'est le récit d'un mangaka qui se trouve à un tournant de sa carrière, il vient de terminer sa série après 10 ans de travail acharné. Il est aussi autour de la quarantaine, comme l'auteur au moment de la publication, et fait un état des lieux de sa vie. Comme le titre l'indique, il erre, d'abord professionnellement car il a du mal à se lancer dans un autre projet de manga, il se laisse un peu à la dérive, mais aussi personnellement car il vit en couple depuis longtemps mais décide d'arrêter. Il se met à fréquenter des escort girls qui visiblement au Japon se commandent comme un Deliveroo. Il devient très proche voire amoureux de l'une d'elles. Au fil des pages on se dit que ce gars est une belle enflure. Déjà une réussite de l'auteur, et en plus son dessin est d'un réalisme incroyable j'aime beaucoup. 3,5/5.
Un sacré pavé de près de 400 pages. J'ai étalé ma lecture et il m'a fallu plusieurs semaines pour enfin le terminer. Ce n'était pas spécialement haletant pour que je le plie rapidement, c'était un peu dérangeant mais attirant à la fois. Une seconde passe est presque nécessaire pour bien appréhender ce qu'il s'y passe. C'est une lecture dense qui commence par une histoire quelque peu banale, d'un homme en voiture qui crève sur la route. Il cherche alors de l'aide dans une maison proche. Déjà cela commence à virer bizarre quand le mari lui propose de coucher avec sa femme. Et sur plusieurs pages l'auteur décrit la chambre à coucher et une maladroite relation. Mais sans trop en dévoiler il y a ensuite une vraie rupture dans le récit, on découvre les personnages sous un nouvel angle. Tout cela est une machination, un programme. Cela m'a rappelé des scénarios tortueux et psychologiques comme Mind MGMT de Matt Kindt. On vire sur le fantastique mais dans un contexte tout ce qu'il y a de plus réel et ordinaire dans un endroit indéterminé des USA. Le dessin est bien réalisé, je ne sais pas si c'est fait au stylo bille, pas mal d'hachures, des pages monochromes de différentes couleurs. Un travail de dingue. Bref un ouvrage exigeant que je recommande.
Ouille, elle fait mal celle-là ....
Une BD qui parle de cette violence que subissent encore tant d'enfants dans notre monde si "civilisé" parait-il. Et elle le fait très bien. Sans redire les mêmes arguments que d'autres, la BD a une histoire parfaitement adaptée à un public plus jeune et surtout terriblement bien construite. L'histoire se développe doucement et la fin arrivera avec son lot de petites surprises que j'ai personnellement appréciées puisque je ne les avais pas vu arriver.
Comme souvent, on peut comprendre que ça se finisse bien dans la BD, qu'il faut montrer comment s'en sortir, qu'on peut s'en sortir. Mais cette BD me rappelle surtout que des milliers d'enfants souffrent en silence. Et que ces hommes en noir sont partout autour de nous, qu'ils sont nos voisins, nos amis, notre famille ...
La BD a un dessin qui convient tout à fait, en collant à l'esprit enfantin d'une partie du scénario. A hauteur de gamin, nous voyons le déroulé de sa vie, ses angoisses et ses moments de joie, petit à petit rongé par la peur. L'ensemble est franchement bien retransmis et je ne peux que recommander cette BD qui a une belle envie, bien retranscrite. Recommandée !
Adaptation très littérale des aventures de Perceval le Gallois, chevalier étrange parmi ceux de la Table ronde. Le sauvage, le foufou, le jeune homme courageux, fort, aventureux, exalté, mais aussi maladroit socialement et pas toujours très à l'aise avec les autres personnes, il incarne une sorte de fougue de jeunesse mais aussi l'idéal de chevalerie qui se transmettent progressivement.
La BD ne fait pas spécialement de débordement de cette légende d'origine, et je trouve ça sympathique. On a ainsi l'histoire d'origine, la façon dont Perceval est intégré à la quête du Graal alors même qu'il l'a déjà échoué, tout en voyant ses nombreuses aventures qui ont une certaine redondance (Perceval se bat contre quelqu'un de façon sublime et parce qu'il est trop fort) mais c'est le genre qui veut ça. On reste dans un roman de chevalerie médiéval, n'attendons pas non plus des choses sensationnelles !
Bref, c'est du classique revisité (et encore à peine) pour permettre aux plus jeunes de gouter au mythe arthurien, moi j'apprécie ! Personnellement je suis un grand fan de l'univers du roi Arthur, j'ai dévoré quantité de livres autour de son récit et du légendaire arthurien (même si je n'ai jamais aimé Kaamelott, n'hésitez pas à m'incendier en commentaire). Et je suis toujours client de ce genre de choses, ce qui m'incite sans aucun doute à le noter plus haut que prévu. Mais le dessin est joli, avec une recherche esthétique dans les planches et la composition, une vraie patte artistique, des détails malins pour comprendre qui parle sans nuire à la qualité esthétique de l'ensemble ... Non, vraiment, en tant que fan du mythe arthurien cette BD me plait par son épure dans le traitement de Perceval et dans la sincérité de la démarche. J'ai bien aimé !
3.5
Un récit qui n'est pas souvent original, mais qui m'a bien diverti durant une bonne partie du temps.
L'univers créé par l'auteur est cohérent et le personnage principal se révèle complexe. J'ai bien aimé tout ce qui tournait autour du mystérieux passé du lion qui s'est retrouvé avec l'esprit vengeur d'un bouc qui déteste les carnivores. Les autres personnages sont un peu plus stéréotypés, mais le récit continue d'être bien fait.
En tout cas, c'est ce que je pensais jusqu'à la lecture du dernier tome, qui m'a semblé moins bon que les deux autres. L'histoire est toujours divertissante et il y a de bonnes scènes, mais j'ai eu l'impression que le rythme s'accélérait trop. Il y a des éléments du scénario qui auraient pu être mieux approfondis et il y a plein de nouveaux personnages qui existent juste pour participer aux nombreuses scènes de combats qui parsèment l'album. Mon enthousiasme a donc un peu baissé et la fin m'a semblé expédiée, comme s'il fallait absolument que la série ne dure que trois tomes, alors qu'un de plus n'aurait pas été une mauvaise idée.
J'avais repoussé la lecture et l'achat de cet album estampillé Angoulême, après plusieurs feuilletages en librairie.
Le camaieu de gris des images me faisait craindre un univers dépressif peu engageant. Je voyais peu de dialogues et j'avais l'impression que ça allait être vite lu. Je me voyais refermer la BD avec un "So what..." au bord des lèvres.
Eh bien non, c'est roboratif . Plutôt que récit choral, comme ont dit mes collègues, je dirais un very short cut où les points de vue différents se télescopent assez rapidement, ce qui donne un certain rythme, même dans cet univers hivernal, plat et peu bavard.
La menace de la météorite est présente mais pas beaucoup plus que notre eco-anxiété quotidienne : chacun en fait abstraction comme il peut sans que vraiment la chose ne nous quitte d'une semelle.
Les trajectoires des personnages, du logement au diner, du diner au supermarché, du supermarché au pont de l'autoroute, au skate Park, à l'arrêt de bus... nous montrent des situations de tous les jours, mais les rencontrent qui s'y déroulent sont touchantes et vraies.
Le dessin fait un peu penser à du Bastien Vivès, économe et sensuel.
La construction du recit est très élégante aussi. Une belle horlogerie.
Mais je ne sais pas à qui conseiller cet album ... les esthètes, les aides soignantes, les aidants, les ados, les parents... faites l'essai, vous verrez bien.
Ayrolles à travaillé son Shakespeare, aucun doute !
C'est une étrange BD, qui fait à la fois mélange d'aventures et de tragédie shakespearienne, et ça sera le cœur de ma critique. Parce qu'on est dans l'hommage très appuyé à différentes œuvres, notamment Richard 3. Et lorsque je dis que c'est bien travaillé, c'est qu'on y retrouve les dilemmes moraux de ce cher roi bossu, mais aussi ses fameuses incartades au spectateur, complice de ses nombreux crimes, tout en montrant qu'il est torturé de nombreuses problématiques.
L'idée de mélanger ça au Groenland, pays alors encore très peu connu et à peine colonisé par des Danois, permettant d'ajouter divers thèmes dont l'un que j'ai trouvé pertinent et qui n'arrive qu'à la dernière page. On pourrait reprocher une thématique qui n'a rien à faire là mais je trouve assez pertinent, au contraire, d'avoir lié les deux. C'est peut-être facile pour certain, trop convenu ou cliché pour d'autres, mais personnellement j'ai trouvé que ça faisait une pique de rappel pas bête.
Mais en dehors de ça, c'est fascinant de voir comment Ayroles déploie progressivement les fils d'une tragédie à nombreux étages. De nombreux personnages sont vites introduits, pour ensuite tisser des liens et des relations qui conduiront le récit. J'ai repéré les nombreuses scènes d'hommage ou de clin d’œil (la fameuse scène de dialogue entre Richard 3 et Anne, pour la convaincre de l'épouser est reprise ici à une autre sauce, très efficace d'ailleurs) tout en ayant son propre récit et sa propre conclusion. Différemment, peut-être aussi un poil plus positif dans certaines choses.
Bref, un récit d'aventure et de personnages très très gris, dans une ambiance du Grand Nord à la sortie du XVè siècle, porté par un hommage très clair à Shakespeare mais aussi à quelques interrogations subsidiaires sur l'exploitation par l'homme de la nature. Le tout porté par les conflits humains habituels, avec un final à la hauteur du reste. Une très bonne BD pour ma part, que je recommande !
Autant le dire, je suis frustré de ne pas pouvoir accéder à la suite de la série, la version française n'ayant pas poursuivi au delà du tome 10 (ou 11 ?) sur les 22 - 24 tomes de l'édition japonaise.
Pourquoi tant de haine (par certains) à l'égard de cette série ? Le dessin n'appel pas de critique particulière. Et avoir imaginé la course des nations pour la prospection lunaire de façon aussi pragmatique m'a vraiment intéressé. Maintenant, le coté cru (et couillu) d'Ohtagaki a pu déranger des lecteurs habitués a plus d'angélisme par d'autres auteurs. Ce n'est pas votre tasse de thé et alors, passez donc votre chemin ! Mais quel besoin ont certains de passer au vitriol un style qu'ils n'apprécient pas, le manga doit-il être normé en fonction des goûts de ces derniers ?
Pour rappel, le Japon a produit voilà déjà bien longtemps des estampes à la sexualité des plus crues et explicites dans lesquelles la sueur, le poil et les liquides en tous genres y sont forts représentés. Et ces dernières estampes, n'en déplaise à certains critiques ici présents, étaient essentiellement destinées à la haute société. On peut trouver par ailleurs des mangas très fournis de ce genre de scènes depuis des années.
Alors, vous n'appréciez pas ces quelques scènes Culottées émaillant le déroulé de l'histoire de Moonlight Mile, soit, lisez d'autres auteurs et ne mettez pas au bûcher celui-ci, il ne le mérite absolument pas.
Peut être pensiez vous lire du Sailor moon ?
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Crénom, Baudelaire !
Tome 3 : Le Serpent qui danse Avec le dernier volet de cette trilogie, le lecteur va suivre Baudelaire dans la dernière partie de sa vie, une vie minée par les problèmes d’argent, son addiction aux substances illicites, et ce mal rampant qu’est la syphilis. Il faut dire qu’il a perdu de sa superbe, le Charles ! Le poids des ans n’arrange rien et commence à se faire sentir sur sa dégaine de dandy à présent quadragénaire : yeux rougis et regard fiévreux, visage marqué et démarche voutée, son arrogance des premières années semble s’être envolée avec sa jeunesse. Sa nouvelle célébrité, entravée par ses démêlés avec la justice, ne suffit pas à compenser le train de vie du poète hédoniste et flambeur, désormais pourchassé par les huissiers. « Coco mal perché », son éditeur, devra bientôt mettre la clé sous la porte et fuir vers Bruxelles, là où Baudelaire, dont la réputation commence à traverser les frontières, est venu donner des lectures qui se solderont par un bide fracassant. Quant à Jeanne Duval, sa muse de toujours, la grande vérole aura eu raison d’elle : là voilà désormais hémiplégique. Baudelaire loue une chambre à Neuilly et devient son « tuteur ». Mais c’est sans compter sur le frère de Jeanne, qui vient taper l’incruste et est devenu le proxénète de celle-ci ! Dans la parfaite lignée des deux premiers tomes, « Le Serpent qui danse » conclut de fort belle manière cette fresque épique consacrée à l’homme qui aura révolutionné la poésie dans la France du XIXe siècle. Fidèle à la narration très fluide de Jean Teulé, Dominique Gelli vient la sublimer avec un dessin très pictural qui évoque les peintures de ce siècle, mais avec la touche de modernité induite par la bande dessinée. Un pur régal pour les yeux. On sent bien que Baudelaire a été pour lui une source d’inspiration. Son style conjugue l’admiration qu’il porte au poète au pittoresque caractérisant le roman de Teulé. Tino Gelli continue de son côté à insérer ses respirations graphiques en illustrant quelques poésies extraites des « Fleurs du mal ». Le tout contribue à faire de ce double hommage (à Jean Teulé autant qu’à Charles Baudelaire, un immense poète si l’on fait abstraction des aspects les plus détestables du personnage) une œuvre qui fera date. Tome 2 : Les Fleurs du mal Dans la ligne du tome 1, cette suite ne faiblit pas et reste totalement conforme à ce qu’on pouvait en attendre. Baudelaire et ses frasques de dandy mal léché, racontés avec brio par Jean Teulé, ont décidément été une source d’inspiration pour Dominique Gelli, et cela se ressent dans la qualité narrative et visuelle de cette adaptation. Tout comme Teulé, l’auteur parvient à nous immerger dans ce Paris du XIXe siècle, un Paris qui basculait rapidement vers la modernité, avec les travaux spectaculaires du baron Haussmann qui allaient donner à la capitale un nouveau visage, se rapprochant de celui qu’on lui connaît aujourd’hui. Gelli décrit très bien ce contexte qui suscitait la grogne parmi la population, en particulier celle des classes laborieuses et des sans-grades, qui se voyaient contraints de s’exiler vers les faubourgs, ou bien celle des artistes qui assistaient impuissants à la disparition du Paris populo et gouailleur qu’ils chérissaient. Bien qu’issu d’un milieu aisé, Baudelaire en était, un peu contre son gré, lui dont la principale préoccupation en tant que poète hédoniste consistait à vivre sans contrainte tout en rejetant les codes hypocrites de la haute société. D’un point de vue graphique, on peut dire que Dominique Gelli s’est surpassé, nous offrant des scènes superbes de la vie parisienne qui évoquent les peintures de Renoir, Pissaro, Monet et j’en passe, avec des tonalités obscures faisant ressortir les vêtements colorés du poète dandy. Tino Gelli, dans sa démarche picturale plus abstraite, vient enrichir la narration en illustrant les vers de ce dernier avec des pleines pages comme autant de respirations. Tout en restant fidèle au roman de Jean Teulé, notamment par l’humour qui le traverse, Dominique Gelli est parvenu à se l’approprier totalement. Sa représentation de Baudelaire peut toutefois apparaître éloignée des photographies que l’on connaît du poète. Si son accoutrement reflète bien l’extravagance de l’homme, dont le narcissisme n’avait d’égal que la folie, son visage, ordinaire et peu séduisant sous le pinceau du dessinateur, ne joue guère à son avantage. Certes, Baudelaire était loin d’être aimable, on pouvait même légitimement le qualifier de connard arrogant et fantasque, mais indiscutablement il était conscient de la fascination qu’il pouvait exercer sur son entourage, et il en jouait. Sa force était sans doute de ne pas faire cas de ce que l’on pensait de lui et d’aller jusqu’au bout de ses désirs. En résumé, ce tome 2 est une réussite et laisse à penser que la trilogie, une fois terminée, fera partie des biographies en BD les plus marquantes dans le domaine de l’art et de la littérature. Tome 1 : Jeanne Quelques mois après la mort de Jean Teulé, la sortie de cet ouvrage prend une dimension tout à fait particulière. Cet auteur, qui avait débuté dans la bande dessinée au tournant des années 80, s’était par la suite converti au roman où il évoquait comme personne la vie de personnages illustres de l’Histoire. Et pourtant, le lien avec le neuvième art n’a jamais été véritablement rompu, beaucoup de ses romans ayant fait l’objet d’une adaptation en BD, la plus emblématique étant sans doute Charly 9, de Richard Guérineau, une fresque grandiose consacrée au roi Charles IX. Il y eut également Je, François Villon, de Luigi Critone, et Ô Verlaine, de Philippe Thirault et Olivier Deloye. « Crénom, Baudelaire ! », le roman, n’était paru qu’en 2020. Après plusieurs années d’absence, Dominique Gelli, dont c’est ici la deuxième adaptation d’un ouvrage de ce conteur hors pair qu’était Jean Teulé, après Mangez-le si vous voulez, récit incroyable d’un fait divers effrayant pendant la guerre franco-prussienne de 1870, aura eu avec cette BD l’opportunité de se remettre sur les rails tout en révélant le talent graphique dont il était capable. Et lorsqu’on découvre ce nouvel opus, on se dit que le précédent n’était en fait qu’une mise en bouche… Pour ce faire, Dominique s’est adjoint les services de son fils Tino (on est artiste dans la famille !), davantage tourné vers la peinture, « inspiré par le mysticisme et l’ésotérisme », peignant et composant « sa propre musique qui devient la bande originale de son œuvre picturale », selon les termes de l’éditeur. Ainsi, ce portrait composé à quatre mains est le fruit d’une alchimie père-fils qui semble avoir fonctionné à plein. La partition narrative au trait légèrement charbonneux, assuré par Dominique, est entrecoupée de planches le plus souvent en pleine page, dévoilant le travail du fiston, entre abstraction et symbolisme. Gelli père quant à lui, a visiblement été très inspiré par ce portrait, et sa maîtrise sur la couleur que l’on avait constatée dans Mangez-le si vous voulez donne ici sa pleine mesure. Les scènes en clair-obscur sont splendides, avec ces touches de vert fluorescent ou de rouge qui explosent sous la grisaille parisienne, sans parler des délicats effets de drapés (la robe démesurée et voluptueuse de Madame Baudelaire !). Jeanne Duval, le « soleil noir » de Baudelaire, apparaît tel une reine africaine antique, d’une flamboyance presque terrifiante à faire pâlir — et c’est le cas — tous ceux gravitant autour d’elle, d’autant qu’à l’époque les Noirs étaient extrêmement rares à Paris. Les quelques scènes sexuelles un peu crues ne contiennent aucune once de vulgarité, et en ce sens reflètent parfaitement le propos baudelairien. Si le roman a ici été très bien synthétisé dans sa narration, évitant même de reproduire les tics un brin agaçants de Teulé de recourir à des expressions modernes, surtout dans la première partie de son livre, il a été littéralement magnifié d’un point de vue graphique. On ne pourra être que subjugué par ce qui s’avère un des joyaux éditoriaux de l’année. Cette BD, premier volet d’une trilogie pour laquelle l’écrivain a dispensé ses conseils, constitue donc désormais un double hommage, dédié d’une part à un immense poète (malgré son caractère invivable) et d’autre part un talentueux conteur des temps modernes. Il va sans dire qu’on est impatient de découvrir la suite.
Criminal - Les Acharnés
4 ans après l’excellent Un été cruel, le trio Brubaker / Phillips père et fils revisite l’univers noir de Criminal, avec ce nouveau one-shot qui peut se lire indépendamment, le lien avec la série mère se faisant via le personnage de Tracy Lawless. Pas de surprise niveau histoire, les auteurs sont au sommet de leur art. L’intrigue est complexe et passionnante, et parfaitement narrée. Les personnages de Jacob et Angie sont attachants, les sauts temporels nous permettent de découvrir les méandres de la galère dans laquelle ils se sont fourrés… impossible de refermer l’album avant d’en connaitre le dénouement. Pas de surprise non plus du coté du dessin… c’est du Phillips, père et fils, c’est efficace, l’ambiance noire et poisseuse est parfaitement retranscrite. Un excellent polar noir, immanquable pour les amateurs du genre… et pour couronner le tout, Brubaker annonce dans la postface que le prochain album de Criminal est déjà en cours de réalisation… vivement !
Errance
Pas de l'autobiographie mais sans doute de l'autofiction. C'est le récit d'un mangaka qui se trouve à un tournant de sa carrière, il vient de terminer sa série après 10 ans de travail acharné. Il est aussi autour de la quarantaine, comme l'auteur au moment de la publication, et fait un état des lieux de sa vie. Comme le titre l'indique, il erre, d'abord professionnellement car il a du mal à se lancer dans un autre projet de manga, il se laisse un peu à la dérive, mais aussi personnellement car il vit en couple depuis longtemps mais décide d'arrêter. Il se met à fréquenter des escort girls qui visiblement au Japon se commandent comme un Deliveroo. Il devient très proche voire amoureux de l'une d'elles. Au fil des pages on se dit que ce gars est une belle enflure. Déjà une réussite de l'auteur, et en plus son dessin est d'un réalisme incroyable j'aime beaucoup. 3,5/5.
Ultrasons
Un sacré pavé de près de 400 pages. J'ai étalé ma lecture et il m'a fallu plusieurs semaines pour enfin le terminer. Ce n'était pas spécialement haletant pour que je le plie rapidement, c'était un peu dérangeant mais attirant à la fois. Une seconde passe est presque nécessaire pour bien appréhender ce qu'il s'y passe. C'est une lecture dense qui commence par une histoire quelque peu banale, d'un homme en voiture qui crève sur la route. Il cherche alors de l'aide dans une maison proche. Déjà cela commence à virer bizarre quand le mari lui propose de coucher avec sa femme. Et sur plusieurs pages l'auteur décrit la chambre à coucher et une maladroite relation. Mais sans trop en dévoiler il y a ensuite une vraie rupture dans le récit, on découvre les personnages sous un nouvel angle. Tout cela est une machination, un programme. Cela m'a rappelé des scénarios tortueux et psychologiques comme Mind MGMT de Matt Kindt. On vire sur le fantastique mais dans un contexte tout ce qu'il y a de plus réel et ordinaire dans un endroit indéterminé des USA. Le dessin est bien réalisé, je ne sais pas si c'est fait au stylo bille, pas mal d'hachures, des pages monochromes de différentes couleurs. Un travail de dingue. Bref un ouvrage exigeant que je recommande.
L'Homme en noir
Ouille, elle fait mal celle-là .... Une BD qui parle de cette violence que subissent encore tant d'enfants dans notre monde si "civilisé" parait-il. Et elle le fait très bien. Sans redire les mêmes arguments que d'autres, la BD a une histoire parfaitement adaptée à un public plus jeune et surtout terriblement bien construite. L'histoire se développe doucement et la fin arrivera avec son lot de petites surprises que j'ai personnellement appréciées puisque je ne les avais pas vu arriver. Comme souvent, on peut comprendre que ça se finisse bien dans la BD, qu'il faut montrer comment s'en sortir, qu'on peut s'en sortir. Mais cette BD me rappelle surtout que des milliers d'enfants souffrent en silence. Et que ces hommes en noir sont partout autour de nous, qu'ils sont nos voisins, nos amis, notre famille ... La BD a un dessin qui convient tout à fait, en collant à l'esprit enfantin d'une partie du scénario. A hauteur de gamin, nous voyons le déroulé de sa vie, ses angoisses et ses moments de joie, petit à petit rongé par la peur. L'ensemble est franchement bien retransmis et je ne peux que recommander cette BD qui a une belle envie, bien retranscrite. Recommandée !
Perceval (Bruneau)
Adaptation très littérale des aventures de Perceval le Gallois, chevalier étrange parmi ceux de la Table ronde. Le sauvage, le foufou, le jeune homme courageux, fort, aventureux, exalté, mais aussi maladroit socialement et pas toujours très à l'aise avec les autres personnes, il incarne une sorte de fougue de jeunesse mais aussi l'idéal de chevalerie qui se transmettent progressivement. La BD ne fait pas spécialement de débordement de cette légende d'origine, et je trouve ça sympathique. On a ainsi l'histoire d'origine, la façon dont Perceval est intégré à la quête du Graal alors même qu'il l'a déjà échoué, tout en voyant ses nombreuses aventures qui ont une certaine redondance (Perceval se bat contre quelqu'un de façon sublime et parce qu'il est trop fort) mais c'est le genre qui veut ça. On reste dans un roman de chevalerie médiéval, n'attendons pas non plus des choses sensationnelles ! Bref, c'est du classique revisité (et encore à peine) pour permettre aux plus jeunes de gouter au mythe arthurien, moi j'apprécie ! Personnellement je suis un grand fan de l'univers du roi Arthur, j'ai dévoré quantité de livres autour de son récit et du légendaire arthurien (même si je n'ai jamais aimé Kaamelott, n'hésitez pas à m'incendier en commentaire). Et je suis toujours client de ce genre de choses, ce qui m'incite sans aucun doute à le noter plus haut que prévu. Mais le dessin est joli, avec une recherche esthétique dans les planches et la composition, une vraie patte artistique, des détails malins pour comprendre qui parle sans nuire à la qualité esthétique de l'ensemble ... Non, vraiment, en tant que fan du mythe arthurien cette BD me plait par son épure dans le traitement de Perceval et dans la sincérité de la démarche. J'ai bien aimé !
L'Ogre Lion
3.5 Un récit qui n'est pas souvent original, mais qui m'a bien diverti durant une bonne partie du temps. L'univers créé par l'auteur est cohérent et le personnage principal se révèle complexe. J'ai bien aimé tout ce qui tournait autour du mystérieux passé du lion qui s'est retrouvé avec l'esprit vengeur d'un bouc qui déteste les carnivores. Les autres personnages sont un peu plus stéréotypés, mais le récit continue d'être bien fait. En tout cas, c'est ce que je pensais jusqu'à la lecture du dernier tome, qui m'a semblé moins bon que les deux autres. L'histoire est toujours divertissante et il y a de bonnes scènes, mais j'ai eu l'impression que le rythme s'accélérait trop. Il y a des éléments du scénario qui auraient pu être mieux approfondis et il y a plein de nouveaux personnages qui existent juste pour participer aux nombreuses scènes de combats qui parsèment l'album. Mon enthousiasme a donc un peu baissé et la fin m'a semblé expédiée, comme s'il fallait absolument que la série ne dure que trois tomes, alors qu'un de plus n'aurait pas été une mauvaise idée.
Les Météores
J'avais repoussé la lecture et l'achat de cet album estampillé Angoulême, après plusieurs feuilletages en librairie. Le camaieu de gris des images me faisait craindre un univers dépressif peu engageant. Je voyais peu de dialogues et j'avais l'impression que ça allait être vite lu. Je me voyais refermer la BD avec un "So what..." au bord des lèvres. Eh bien non, c'est roboratif . Plutôt que récit choral, comme ont dit mes collègues, je dirais un very short cut où les points de vue différents se télescopent assez rapidement, ce qui donne un certain rythme, même dans cet univers hivernal, plat et peu bavard. La menace de la météorite est présente mais pas beaucoup plus que notre eco-anxiété quotidienne : chacun en fait abstraction comme il peut sans que vraiment la chose ne nous quitte d'une semelle. Les trajectoires des personnages, du logement au diner, du diner au supermarché, du supermarché au pont de l'autoroute, au skate Park, à l'arrêt de bus... nous montrent des situations de tous les jours, mais les rencontrent qui s'y déroulent sont touchantes et vraies. Le dessin fait un peu penser à du Bastien Vivès, économe et sensuel. La construction du recit est très élégante aussi. Une belle horlogerie. Mais je ne sais pas à qui conseiller cet album ... les esthètes, les aides soignantes, les aidants, les ados, les parents... faites l'essai, vous verrez bien.
La Terre verte
Ayrolles à travaillé son Shakespeare, aucun doute ! C'est une étrange BD, qui fait à la fois mélange d'aventures et de tragédie shakespearienne, et ça sera le cœur de ma critique. Parce qu'on est dans l'hommage très appuyé à différentes œuvres, notamment Richard 3. Et lorsque je dis que c'est bien travaillé, c'est qu'on y retrouve les dilemmes moraux de ce cher roi bossu, mais aussi ses fameuses incartades au spectateur, complice de ses nombreux crimes, tout en montrant qu'il est torturé de nombreuses problématiques. L'idée de mélanger ça au Groenland, pays alors encore très peu connu et à peine colonisé par des Danois, permettant d'ajouter divers thèmes dont l'un que j'ai trouvé pertinent et qui n'arrive qu'à la dernière page. On pourrait reprocher une thématique qui n'a rien à faire là mais je trouve assez pertinent, au contraire, d'avoir lié les deux. C'est peut-être facile pour certain, trop convenu ou cliché pour d'autres, mais personnellement j'ai trouvé que ça faisait une pique de rappel pas bête. Mais en dehors de ça, c'est fascinant de voir comment Ayroles déploie progressivement les fils d'une tragédie à nombreux étages. De nombreux personnages sont vites introduits, pour ensuite tisser des liens et des relations qui conduiront le récit. J'ai repéré les nombreuses scènes d'hommage ou de clin d’œil (la fameuse scène de dialogue entre Richard 3 et Anne, pour la convaincre de l'épouser est reprise ici à une autre sauce, très efficace d'ailleurs) tout en ayant son propre récit et sa propre conclusion. Différemment, peut-être aussi un poil plus positif dans certaines choses. Bref, un récit d'aventure et de personnages très très gris, dans une ambiance du Grand Nord à la sortie du XVè siècle, porté par un hommage très clair à Shakespeare mais aussi à quelques interrogations subsidiaires sur l'exploitation par l'homme de la nature. Le tout porté par les conflits humains habituels, avec un final à la hauteur du reste. Une très bonne BD pour ma part, que je recommande !
Moonlight mile
Autant le dire, je suis frustré de ne pas pouvoir accéder à la suite de la série, la version française n'ayant pas poursuivi au delà du tome 10 (ou 11 ?) sur les 22 - 24 tomes de l'édition japonaise. Pourquoi tant de haine (par certains) à l'égard de cette série ? Le dessin n'appel pas de critique particulière. Et avoir imaginé la course des nations pour la prospection lunaire de façon aussi pragmatique m'a vraiment intéressé. Maintenant, le coté cru (et couillu) d'Ohtagaki a pu déranger des lecteurs habitués a plus d'angélisme par d'autres auteurs. Ce n'est pas votre tasse de thé et alors, passez donc votre chemin ! Mais quel besoin ont certains de passer au vitriol un style qu'ils n'apprécient pas, le manga doit-il être normé en fonction des goûts de ces derniers ? Pour rappel, le Japon a produit voilà déjà bien longtemps des estampes à la sexualité des plus crues et explicites dans lesquelles la sueur, le poil et les liquides en tous genres y sont forts représentés. Et ces dernières estampes, n'en déplaise à certains critiques ici présents, étaient essentiellement destinées à la haute société. On peut trouver par ailleurs des mangas très fournis de ce genre de scènes depuis des années. Alors, vous n'appréciez pas ces quelques scènes Culottées émaillant le déroulé de l'histoire de Moonlight Mile, soit, lisez d'autres auteurs et ne mettez pas au bûcher celui-ci, il ne le mérite absolument pas. Peut être pensiez vous lire du Sailor moon ?