Les derniers avis (31458 avis)

Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Watership Down
Watership Down

Je rejoins les avis très positifs sur ce comics ! Je n'ai jamais lu le roman, mais j'ai vu jeune la série animée des années 2000 qui apparemment est plus légère que l'histoire originale, et malgré tout je trouvais déjà que le ton de la série était souvent glauque ! Et maintenant que j'ai lu ce qui semble être une adaptation plus fidèle, je vois à quel point ce n'est pas pour les enfants ! Le récit est rapidement prenant et j'ai été captivé du début jusqu'à la fin. Les personnages sont terriblement attachants et j'avais vraiment envie de les voir gagner le droit de vivre enfin en paix après tout ce qu'ils ont vécu ! L'histoire explore des thèmes forts et j'aime bien comment est décrite la vie des lapins. Ils ont même leurs propres mythologies et tout est cohérent. Il y a des scènes fortes, comme la fin qui a réussi à me faire verser une larme. Le dessin est très bon et la mise en scène est dynamique. Alors certes, c'est un peu difficile de différencier les lapins, alors que dans le dessin animé c'était plus facile vu qu'ils avaient des voix différentes, mais cela ne m'a pas trop dérangé, même s'il faut se concentrer pour bien se souvenir de qui est qui. Une très bonne adaptation qui m'a donné envie de lire le roman !

15/07/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série Daredevil - End of Days
Daredevil - End of Days

Un comics qui démarre sur les chapeaux de roue avec l'assassinat de Daredevil par l'un de ses pires ennemis : Bullseye. Une scène ultra violente. Brian Bendis et David Mack sont des habitués de l'homme sans peur, ils avaient déjà coopéré sur Daredevil - Cauchemar. Ils placent le récit dans un futur indéterminé et centrent l'intrigue après la mort de Daredevil, avec l'enquête du journaliste Ben Urich sur les derniers jours de Daredevil et sur la signification du dernier mot sorti de sa bouche : Mapone. Je rassure de suite, il n'est pas nécessaire de bien connaître le passé de Daredevil / Matt Murdock pour apprécier ce comics. Une intrigue qui se rapproche du polar avec les investigations de Ben Urich, elles l'amèneront à côtoyer des personnages peu fréquentables tel que Le Hibou, Elektra, Black Window, le Punisher et bien d'autres... Des personnages emblématiques de la série. Il flotte une atmosphère poisseuse et sombre tout le long de l'histoire. Je note quelques longueurs mais dans l'ensemble c'est captivant, les rebondissements sont bien amenés et surtout tu vas savoir ce qui se cache derrière ce Mapone. Un petit pitch sur la presse écrite, les mots ont du pouvoir. Une lecture plaisante qui doit beaucoup à la partie graphique. C'est Klaus Janson (celui-là même qui avait encré les crayonnés de Franck Miller sur Daredevil) qui s'occupe de cette partie sur la majorité du récit. L'encrage de Bill Sienkiewicz fait des merveilles, il sublime les crayonnés de Janson, c'est noir et oppressant. En cadeau, deux planches entièrement réalisées par Alex Maleev (chapitre 4 et 6), mais c'est surtout la participation de David Mack sur trois chapitres, où il donne corps à de superbes planches (surtout dans le troisième chapitre), qui illumineront vos rétines. Il avait déjà réalisé un travail de fou sur Daredevil / Echo - Quête de Vision (Daredevil - Echo). Les couleurs sont au diapason. La mise en scène fait très thriller avec de magnifiques gros plans, elle rend la lecture oppressante. Bien faire attention aux détails, ils pourraient te donner des indices sur ce fameux Mapone. Du très bon boulot. Un comics qui vaut le détour.

15/07/2025 (modifier)
Couverture de la série Voies off
Voies off

L’ensemble est un peu inégal, et toutes les histoires ne sont pas au niveau des quatre étoiles. Mais globalement, ce petit album d’une centaine de pages procure vraiment une lecture très plaisante. C’est assez vite lu, car il n’y a pas beaucoup de texte ou d’intrigues hyper élaborées. Mais dans la quasi-totalité des histoires composant ce recueil, la chute est vraiment bonne, jouant sur de l’humour noir, un peu de cynisme ou de dérision. Comme le titre l’indique, il n’y a quasiment pas de dialogues, l’essentiel de la narration se fait par l’entremise d’une voie off, qui scande un petit récit généralement bien fichu. Rien d’extraordinaire dans cet ensemble, mais des petites histoires la plupart du temps roublardes, fraiches. Un album recommandable donc. Note réelle 3,5/5.

15/07/2025 (modifier)
Couverture de la série Sacrées sorcières
Sacrées sorcières

En voilà une jolie surprise ! Je n’ai jamais spécialement eu envie de lire cet album, car même si j’apprécie le travail de Pénélope Bagieu, je n’étais pas particulièrement attirée par l’univers de Roal Dahl étant enfant, et en lire une adaptation à l’âge adulte ne m’intéressait pas plus que ça. Mais en le voyant en bibliothèque, je me suis laisser tenter, et je ne le regrette pas du tout. Je n’ai pas lâché l’album du début à la fin : tout d’abord, j’ai beaucoup apprécié les personnages, en particulier la relation entre ce petit garçon et sa grand-mère. Ensuite, j’ai apprécié l’intrigue, qui m’a semblé peu convenue pour une histoire a priori destinée aux enfants (en particulier la fin), rendant la lecture intéressante pour des adultes. Le récit est prenant, bien rythmé, j’ai suivi avec beaucoup d’intérêt les différentes péripéties. Enfin, il y a le dessin de Pénélope Bagieu dont j’aime beaucoup l’expressivité et qui participe à rendre la lecture fluide et agréable. En résumé, c’est un album très réussi, que je surnote peut-être un peu mais j’arrondis à la note supérieure car j’ai été très agréablement surprise.

14/07/2025 (modifier)
Couverture de la série L'Abîme de l'oubli
L'Abîme de l'oubli

La Guerre d’Espagne s’est officiellement finie en 1939. Mais la dictature franquiste a continué à éliminer des dizaines de milliers de personnes dans les années qui ont suivi. Anciens Républicains, simples sympathisants de gauche, voire même victimes de dénonciations fantaisistes ont été arrêtés, jugés de façon expéditive (quelques minutes, sans pouvoir s’expliquer ou se défendre), puis, après une attente plus ou moins longue en prison, fusillés à la chaine, leurs cadavres étant ensuite jetés dans des fosses communes, leurs proches ne pouvant honorer leur mémoire : ils « disparaissent ». Plusieurs dizaines d’années après la mort de Franco en 1975, et le retour de la « démocratie », nombreux sont les enfants de ces victimes du franquisme qui cherchent à savoir ce que sont devenus leurs proches, et si, une fois localisés, ils pourront les faire enterrer dignement. Si une loi a bien été votée en ce sens, beaucoup d’élus de droite, voire de nostalgiques du régime empêchent son application. Il faut dire que, le temps ayant passé, et les franquistes ayant tout fait pour qu’aucune trace de ces exécutions et de leurs victimes ne restent, il est souvent difficile – même avec des prélèvements d’ADN – de rétablir l’identité des restes sortis des fosses sous forme d’ossements. Roca et Terrasa ont rencontré plusieurs de ceux qui cherchent à identifier les restes de membres de leur famille, dans la région de Valence, ont suivi une campagne de fouille de fosses (digne d’un chantier archéologique !). L’album est aussi l’occasion de recueillir des témoignages, et de retracer l’histoire de ces exécutions, tout en donnant corps à des victimes d’une répression aveugle et cynique. Certains passages sont bouleversants, lorsque des gens ordinaires sont condamnés et exécutés, que leurs familles se battent pour connaitre leur sort. Au cœur des témoignages, un homme, miraculeusement sauvé des exécutions et « condamné » à devenir le croque-mort des exécutés (« Tu veux bouffer ? Va donc enterrer les tiens »). Au péril de sa vie, il va pendant longtemps essayer de donner des informations aux familles, faire quelques gestes pour le respect des corps : sans lui, aucun corps n’aurait pu être reconnu. Un petit bout d’humanité dans un cimetière, au milieu des exécutions. La narration prend son temps, mais elle est fluide et le sujet est intéressant. Et le dessin de Roca, simple et agréable, concourt à une lecture plaisante. Entre documentaire et moment d’Histoire (avec quelques rappels des origines – grecques entre autres – de nos habitudes en matière de sépulture), les auteurs mêlent très bien douleurs intimes et histoire de l’Espagne contemporaine.

14/07/2025 (modifier)
Couverture de la série Photographes de guerre
Photographes de guerre

Cet album est à mi-chemin entre le documentaire et le roman graphique historique. Nous suivons deux photographes de guerre allemands, qui ont fui l’Allemagne nazie (l’un est juif, les deux sont très « à gauche ») et qui se retrouve à Barcelone en 1936, initialement pour couvrir les Jeux olympiques « parallèles » (aux Jeux nazis officiels de Berlin), mais qui vont se trouver pris dans la tourmente de la guerre civile espagnole, dans le camp républicain. Parfois sur les mêmes lieux que Capa, ces deux photographes vont être les témoins de la défaite progressive des Républicains (et de la démocratie), mais aussi de l’épuration mise en œuvre par les Communistes affiliés à l’URSS de Staline, qui éliminent dans leur propre camp anarchistes, trotskistes, dirigeants du POUM (voir à ce propos l’excellent « Hommage à la Catalogne » d’Orwell !). Réfugiés ensuite en France, ils subissent l’internement (car Allemands !), puis tentent d’échapper aux persécutions pétainistes et nazies. Bref, on a là deux témoins engagés, au cœur de ce basculement de l’Europe dans l’horreur (ils sont aussi témoins de la trahison des démocraties). Le sujet est intéressant, et la narration est fluide et agréable, aérée. Elle l’est d’autant plus que le dessin de Titwane l’est lui aussi. La lecture est donc plaisante, permet de revivre de l’intérieur certains événements historiques, tout en découvrant (c’est mon cas) deux hommes au cœur d’un drame collectif. La bibliographie finale confirme que les auteurs se sont solidement documentés – et ça se voit.

14/07/2025 (modifier)
Couverture de la série Mission in the apocalypse
Mission in the apocalypse

Si les séries basées sur un monde post-apocalyptique suite à la survenue d'un virus ayant décimé l'humanité sont légions, ce manga se démarque nettement par sa narration relativement lente et les thèmes originaux traités. Nous suivons dans ce manga Saya Ushimitsu, sorte d'androïde de dernière génération, dont la mission est d'éradiquer le mal cristallin, maladie ayant décimé les humains, et de secourir d'éventuels survivants. Si le thème principal a un goût de déjà vu, l'originalité de ce manga réside dans la poésie qui se dégage de l'histoire et dans les nombreux thèmes originaux abordés par l'auteur, Haruo Iwamune. Au fil des pages et des lieux visités, l'auteur amène le lecteur à se questionner sur le lien qui existe entre les machines et leur maîtres, ces dernières allant jusqu'à les servir après leur décès. J'ai particulièrement aimé le passage dans la bibliothèque où l'héroïne se questionne sur l'intérêt de conserver la connaissance de l'humanité au travers des écrits, alors même que cette dernière semble quasi-éteinte (tome 2) ou encore le passage dans la serre où l'auteur évoque le cycle de la matière et la terramation, ce sujet faisant récemment l'actualité, des tests étant en cours sur des animaux (tome 3). Malgré les 3 tomes parus au moment de l'écriture de cet avis, on sent que la série a encore du potentiel et que notre héroïne ne nous a pas encore révélé tous ses secrets : qui sont ces créatures de différents types façonnées par le mal cristallin ? Quel est l'objectif de l'institut de recherche technologique qui emploie notre héroïne ? Et est-elle réellement la seule enfant éternelle ? Autant de questions qui trouveront probablement leur réponse dans les prochains tomes de cette série qui, je l'espère, conservera la qualité de ses trois premiers tomes. Au niveau du dessin, Haruo Iwamune nous livre des planches de toute beauté d'un monde dévasté par l'épidémie. Le trait est fin et le découpage des scène très dynamique. Un seul petit bémol concerne certaines planches un peu sombres nécessitant de lire sous une lumière assez vive si on souhaite en percevoir tous les détails. Un très bon début pour cette série qui mérite d'être plus connue. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 8/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 8/10 NOTE GLOBALE : 16/20

13/07/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série Fumée
Fumée

Renoncer aux choses qui l’ont rendu malade. - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2022. Il a été réalisé par Chadia Loueslati pour le scénario et par Nina Jacqumin pour des dessins. Il comprend cent-trente-sept pages de bande dessinée, en bichromie, avec quelques touches parcimonieuses de couleur rouge, de ci, de çà. Le tome se termine avec un texte sous forme d’un paragraphe d’une douzaine de lignes, émanant de La ligue contre le cancer. Puis vient la page de remerciements des deux autrices. Cette bande dessinée présente la particularité d’être dépourvue de dialogues et de textes, à l’exception de l’onomatopée Kof, indiquant qu’un personnage est en train de tousser. Les personnages ne sont pas nommés dans le récit ; ils seront appelés Lui & Elle pour le couple principal. En pleine nuit noire : un raclement de gorge se fait entendre, puis une petite toux, puis d’énormes toussotements inextinguibles. Elle allume la lampe de chevet et se tourne vers Lui, en lui tendant un verre d’eau. Il le prend alors qu’elle se sert contre lui. Il se retourne sur son oreiller, et Elle éteint la lumière. Au matin, Elle est déjà sous la douche lorsqu’il se réveille. Il se lève, marche jusqu’à la cuisine, se retrouve plié en deux par une quinte de toux. Une fois qu’elle est passée, il se redresse et prend une cigarette dans le paquet. Il s’installe à la table pour fumer tranquille, avec sa tasse de café. Elle lui demande d’aller sur la terrasse, ce qu’il fait bien volontiers en savourant chaque inspiration. Il finit par écraser son mégot dans un cendrier qui déborde déjà. Il va ensuite prendre sa douche. Alors que l’eau coule, il se racle la gorge ce qui déclenche une nouvelle quinte de toux qui l’oblige à s’assoir dans le bac à douche. Elle est prête et elle passe la tête par la porte pour lui dire au revoir. Lui sort à son tour, et il fume une nouvelle cigarette en se rendant jusqu’à l’abribus. En attendant, il en profite pour s’en allumer une petite, avec deux petits toussements. Le bus arrive. Il monte à bord, et se tient debout. Il tousse un peu, ça passe vite. Il arrive au boulot, et il voit deux trois personnes en train de s’en griller une devant l’entrée : il se joint à eux et fait de même. Une fois sa cigarette terminée, il pénètre dans l’immeuble et prend l’ascenseur. Il est pris d’une quinte de toux inextinguible dans la cabine. Arrivé à son étage, il se dirige rapidement vers les toilettes, pour prendre un peu d’eau. Puis il rejoint son poste informatique pour travailler. Au bout d’un certain temps, un collègue vient lui taper sur l’épaule pour lui proposer d’aller en fumer une. Il l’accompagne, et ils papotent avec deux autres déjà en train de fumer. Le midi, il va s’assoir sur un banc au soleil et reprend une cigarette qu’il fume tranquillement. Il repart en oubliant son sandwich intact sur le banc. Il fait quelques pas et est saisi d’une nouvelle quinte de toux de faible intensité. Il se rend à la pharmacie pour acheter des pastilles, et il en prend une en sortant. Il retourne pour son après-midi de travail. Un peu après quinze heures, il sort fumer une cigarette, retrouvant son collègue fumeur dehors. Le texte de la quatrième de couverture promet : Une histoire sans parole, d’un amour puissant et addictif, où les souvenirs et les cauchemars s’entremêlent et finissent pas partir en fumée. Le lecteur commence par découvrir l’illustration de couverture qui semble promettre que le personnage principal peut être la fumée, ou bien la cigarette elle-même. La première planche est composée uniquement de deux cases de même taille, avec les onomatopées. Le lecteur tourne la page et il découvre les deux personnages principaux : représentés dans une veine réaliste avec un degré de simplification dans les contours, complétés par les nuances de gris. Lui : un monsieur dans la trentaine, peut-être plus proche de la quarantaine, une silhouette longiligne, un peu plus grand que la normale, une barbe fournie, des vêtements passepartouts, un boulot pas désagréable vraisemblablement avec une forte composante alimentaire. Autant d’éléments visuels qui définissent sa personnalité : calme, gentil, sans histoire, aimant, facilement dans l’acceptation, c’est-à-dire sans colère ou agressivité. Elle : une jeune femme discrète, aimante également, attentionnée et inquiète pour son conjoint, une silhouette banale et des tenues vestimentaires sans éclats, une gentillesse spontanée. Le lecteur a l’occasion de les voir adolescents : tout aussi normaux et agréables. L’absence de mots rend les autres personnages un peu effacés, et tout aussi normaux et a priori sympathiques. Faute de mots, toute la narration de l’histoire repose sur l’artiste. Outre l’apparence des personnages, le lecteur se rend compte qu’il ressent de l’empathie pour eux. La direction d’acteurs appartient au registre naturaliste, avec des touches parcimonieuses d’accentuation de type pantomime pour rendre plus apparent un état d’esprit ou un ressenti physique. La dessinatrice sait faire passer les émotions avec sensibilité et justesse : l’inquiétude pleine de sollicitude d’Elle alors que lui se retourne pour dormir, le moment de plaisir tranquille alors que lui savoure une inspiration de fumée sur le balcon, son acceptation de tousser régulièrement sans inquiétude particulière d’habitude et la démarche toute simple d’aller acheter une pastille pour la toux. Son début d’inquiétude lorsqu’il se rend compte qu’il y a un peu de sang dans sa main après avoir toussé, etc. La justesse des acteurs prend encore de l’ampleur lors du retour en arrière à l’adolescence : Lui essaye sa première cigarette, puis recommence pour des raisons sociales d’appartenance et de séduction. La mise en scène le comportement des personnages expriment à la perfection ces enjeux, les élans et les hésitations du cœur, le comportement social qui en découle. De la même manière, la dessinatrice fournit un travail impressionnant et juste pour donner à voir les différents environnements, et activités des uns et des autres. Ainsi le lecteur peut voir la chambre d’Elle & Lui avec sa décoration intérieure, l’aménagement de leur cuisine et de leur salon, les rues de la banlieue assez propre, le poste de travail très impersonnel de Lui au bureau, l’importance des jardinières et de la végétalisation dans cette ville, le caractère spacieux de la salle d’attente aux urgences, l’aire de jeux squattée par les adolescentes, un lycée très banal, le pavillon des parents, la chambre d’hôpital, etc. Certaines représentations peuvent apparaître un peu simplifiées, pour autant chaque décor est présent tout le temps, et chaque endroit présente des particularités qui attestent de sa fonction et de sa personnalité. Le récit comprend également trois séquences oniriques également muettes, tout aussi parlantes. La première montre Lui en train de se débattre dans des volutes de fumée envahissantes sur fond noir, une très belle expression de son inconscient. La seconde se déroule également sur fond noir, une métaphore formidable de l’angoisse générée par le rapport de Lui aux autres, dans la vie en société. La dernière montre la réalité de la consommation cumulée de cigarettes au fils des années, peut-être des décennies : une visualisation saisissante. Au vu du ton dans l’acceptation, des crises de toux de plus en plus rapprochées, du résultat de la première consultation chez le médecin, le lecteur finit par être plus réceptif aux nuances de gris et de sépia, qu’aux zones de blanc qui vont d’ailleurs en s’amenuisant. Il prend conscience qu’il est très réceptif à la banalité du quotidien mis en scène : pas de dramatisation versant dans la tragédie, pas de pathos, juste les petits faits de tous les jours. Il en sait relativement peu sur le personnage principal, encore moins sur sa compagne, si ce n'est qu’ils ne semblent pas mariés car ils ne portent pas d’alliance. Dans le même temps, il se retrouve dans les petits gestes de la vie : prendre son petit-déjeuner, se laver, travailler au bureau devant un ordinateur, prendre les transports en commun, conduire, s’assoir sur un banc dans un parc, etc. Inconsciemment, il a déjà intégré quelle serait l’issue inéluctable du récit, ce qui le rend peut-être encore plus réceptif aux émotions éprouvées par Elle et Lui. De manière tout aussi inconsciente, l’image de couverture s’est imprimée dans son esprit : le rôle principal est bien tenu par la cigarette omniprésente, ou plutôt la succession incessante de cigarettes jusqu’à cette image en pleine page où Lui se tient sur un monticule de cigarettes, avec quelques briquets jetables venant apporter une touche de couleur. Deux des séquences oniriques mettent en évidence cette compagne de tous les jours depuis l’adolescence : la cigarette. S’il a déjà eu l’occasion de lire une description d’un comportement obsessionnel, le lecteur en retrouve des symptômes de ci de là. Il apparaît que la journée de Lui s’articule autour des moments pour fumer : c’est un premier symptôme. Lorsque Lui oublie son sandwich sur un banc, c’est un autre symptôme attestant que fumer est devenu plus important que se nourrir, faisant même oublier cet acte vital. Lui passe également par une phase, assez courte, de déni quant à la gravité de sa maladie qui en est déjà à un stade avancé. La troisième séquence onirique, très émouvante, met en lumière rétrospectivement que le déni s’est installé insensiblement et qu’il était présent depuis des décennies : il y a longtemps que Lui a dépassé le stade de perte de contrôle sur la quantité de cigarettes. D’un autre côté, il a conservé son aptitude à en apprécier certaines. Les séquences viennent également montrer comment la dépendance au produit s’est installée, par quel phénomène émotionnel, et que déjà les signes étaient présents dès les premiers temps avec l’accident. Un récit sans parole pour montrer un fumeur rattrapé par la maladie. Une narration visuelle qui raconte toute l’histoire, avec sensibilité et finesse. Une mise en scène sans pathos, dans un registre factuel, générant une douce empathie, et une tristesse qui monte au fur et à mesure que le lecteur accompagne cet être humain aussi normal qu’attachant. Triste.

13/07/2025 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Un père
Un père

Après « Le Petit Frère », où il évoquait l’accident tragique qui avait emporté son jeune frère dans les années 70, Jean-Louis Tripp s’attaque à un autre (gros) morceau de son passé familial. Cette fois-ci, c’est son « papa », Francis, qui est au cœur de ce très beau roman graphique. Et vu la taille du livre (350 pages), on se dit qu’il y avait un besoin impérieux de la part du « fiston » de raconter l’histoire de ce personnage haut en couleurs, avec ses défauts et ses contradictions. C’est ainsi que l’auteur va partir de sa propre enfance pour dresser le portrait de son père. Le livre commence par un rêve perturbant où il s’imagine en train de l’ensevelir sous la terre après l’avoir étranglé… une scène qui pose la tonalité du récit, résumant les sentiments ambivalents qui pouvaient parfois l’assaillir lorsque le paternel s’opposait à ses choix, comme par exemple lorsque le vélo de course dont il rêvait à Noël avait été remplacé par le modèle le plus ringard… Grâce à un dessin très détaillé, ce portrait ambitieux nous emmène dans ces années 60-70 où tous les ressorts d’une nostalgie sans trace de mièvrerie sont activés, et cela ne manque pas de charme. Tripp nous détaille notamment plusieurs anecdotes assez croustillantes où l’on découvre un Francis très énergique, par exemple lors des vacances à la mer où, suite à une panne ayant immobilisé la Dauphine toute neuve, ce roi du système D réussit à ressusciter une vieille 4CV de substitution (une vraie ruine !), pour le plus grand bonheur des enfants. Celui-ci, par ailleurs communiste revendiqué (à une époque où le PC avait encore le vent en poupe), montre un visage émerveillé durant une escapade en RDA, à la limite du déni malgré les lourdeurs administratives aux frontières ou les queues devant les magasins sous-approvisionnés. Ce fils d’enseignants qui fut aussi l’élève de son père en 6ème, ne cherche pas à enjoliver le personnage lorsqu’il le montre en proie à de terribles sautes d’humeur, ou qu’il relate ces engueulades magistrales avec son épouse, qui ne manquait pas de lui tenir tête. Mais Jean-Louis ne fait ici qu’évoquer le plus objectivement et le plus sincèrement possible l’image qu’il a conservé de son géniteur, et même s’il avait des choses à lui reprocher, cette bio ne comporte aucune acrimonie. La tendresse qu’il laisse émerger envers cette « statue du commandeur », avec toutes ses failles et ses fissures, révèle que ce livre n’est en fin de compte qu’un exutoire menant au pardon et à la reconnaissance vis-à-vis d’un homme qui malgré ses maladresses ne voulait que le bien de ses enfants. D’ailleurs, lui-même ne cherche pas non plus à se mettre en valeur et ne nie pas sa part de responsabilité dans l’éloignement qui s’était accentué au fil des années (« Depuis toujours, je suis celui qui part », p.322), mais se pose plutôt des questions à l’égard de celui qu’il confessait ne plus reconnaître vers la fin de ses jours, notamment à cause de la maladie. Ce père, à qui il avait pu faire quelques aveux quelques années avant sa mort et qui s’était dit prêt à consulter un psy, même s’il savait qu'il ne le ferait jamais, ce père, à l’image de cette génération d’hommes « qui gardaient pour eux leurs blessures profondes et leurs espoirs perdus ». Grâce à un dessin d’un réalisme étourdissant, très fouillé, à la tonalité très chaleureuse — le co-auteur de « Magasin général » n’a plus grand-chose à prouver quant à son talent —, « Un père » est non seulement un très bel hommage mais aussi un étonnant témoignage historique (oui !), très immersif et captivant à la fois, où les personnages y sont dépeints de façon très expressive. La mise en page demeure quant à elle toujours maîtrisée. Tripp a opté globalement pour le noir et blanc, ne recourant à la couleur que pour certains éléments d’une case ou certains passages, d’une portée toujours signifiante. « Un père », c’est une tranche de vie ordinaire devenue un portrait passionnant, authentique et très vivant, sous l’œil d’un fils réconcilié non seulement avec son paternel mais aussi avec lui-même. Une histoire à la fois joyeuse et tragique, pleine de tendresse, où l’humour n’est pas en reste. La fin de l’album se conclut sur cette photo qui résume plutôt bien le personnage. Et, si l’on n’oublie pas de déplier le rabat de quatrième de couverture, on pourrait bien tomber en extase devant la photo du magnifique slip de bain très vintage de Francis, celui-là même qu’il portait lors de l’édifiante séquence suisse (mais je n’en dirai pas plus !).

12/07/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série La Patience du Grand Singe
La Patience du Grand Singe

King Kong louchait. - Ce tome contient une histoire complète, approchant de l’autofiction, indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2005. Il a été réalisé par Céline Wagner, en collaboration avec Edmond Baudoin. Il comprend quatre-vingt-cinq pages de bande dessinée en noir & blanc. Il s’ouvre avec une introduction sous la forme d’un entretien avec les deux auteurs répondant à huit questions. À quel public La patience du grand singe s’adresse-t-il ? Comment est né La patience du grand singe ? Pourquoi être entré dans ce jeu ? Edmond se voit-il en père spirituel ? Pourquoi un gorille ? Le personnage qui vit dans Gorille, n’est-ce pas une allusion à Gavroche qui vit dans l’éléphant de la place de la Bastille ? En quoi l’histoire de La patience du grand singe se connecte à l’histoire de Céline ? S’il fallait attribuer un genre à La patience du grand singe ? Les deux auteurs avaient déjà collaboré pour Les Yeux dans le mur (2003). Un grand centre commercial avec des enseignes connues, et son immense parking. D’énormes panneaux publicitaires de part et d’autre de la voie qui y mène. Alors que son père conduit, Céline observe les clôtures, les panneaux. Elle lui demande s’il est sûr qu’à l’époque de la préhistoire, il n’y avait rien. Il répond que oui, c’est-à-dire il y avait des choses, mais rien de tout ce qu’elle voit aujourd’hui. Elle insiste : Même pas un briquet ? Il confirme : Rien… Les hommes marchaient pieds nus. Ils peignaient avec de la terre sur les murs des grottes. Il y a longtemps, plus de trente mille ans. Les scientifiques auraient même retrouvé des traces de pas d’enfants près des parois… Quand il a découvert la peinture, l’homme n’était plus un simple prédateur. Pour la première fois, il exprimait un univers intérieur, plein de rite, de jeu et d’imagination. Comme un petit matin après la nuit des temps. Céline et son père sont arrivés à la zone commerciale : ils se garent au parking, et descendent de voiture. Elle se tient devant l’énorme singe de plusieurs étages de haut, et elle demande à son père s’il croit qu’on est obligé de mourir. Celui-ci répond qu’elle a tout le temps, elle devra mourir quand elle sera une vieille dame, dans soixante-dix ans peut-être plus. Elle trouve que ça fait bientôt. Il ajoute que ce n’est pas pareil, qu’il lui reste moins de temps, trente ans environ. Elle s’exclame : Ho non ! Il la rassure : elle n’a pas à s’inquiéter, ils n’y sont pas encore, et puis quand elle sera une femme, tout cela lui fera moins peur. Pour changer de sujet, il lui suggère de regarder King Kong, le grand singe décoratif. Ça ne l’enthousiasme pas, de toute façon, c’est un faux. Elle n’est pas contente, parce que bientôt ils vont mourir. Elle a dix ans, il ne lui reste que six fois à vivre ce qu’elle a déjà vécu ; c’est pas beaucoup, et tout le temps où elle était bébé ne compte pas. Son père lui fait remarquer qu’on a le droit de désapprendre à compter. Ils observent ensemble le gigantesque singe. Elle lui demande s’il est sûr que c’est un faux. Il répond : Non, regarde ses narines, elles bougent. Et il se met à rire. S’il appartient à la catégorie de ceux qui lisent l’introduction avant la bande dessinée, le lecteur prend connaissance de la nature du récit, avec la première réponse de Baudoin. Il explique qu’avant ce récit, il y a eu l’histoire entre Céline et lui. Elle le fascinait aussi par ses origines, cette banlieue, un monde tellement éloigné du sien qu’il ait voulu le peindre. Cela a donné Les yeux dans le mur, où il dessinait selon ses réparties, il n’inventait pas les bulles. Dans La patience du grand singe, tout est inversé. Céline a tout écrit et tout dessiné. Après il n’a fait que coller le personnage du père sur quelque chose qui était déjà dessiné. C’est un jeu très complexe et ce n’est pas tout à fait une œuvre à quatre mains. Il s’agit donc d’une œuvre particulière dans la bibliographie de ce créateur : l’éditeur José Jover et lui ont sciemment choisi de se servir de la locomotive Baudoin pour l’éditer, avec la chance que cela soit un peu plus vu. C’est aussi une histoire d’amour qui se prolonge. L’autrice confirme que ça l’a mise en confiance quand Baudoin a mis mille paires de gants pour lui proposer sa collaboration, en disant que peut-être que s’il faisait quelque chose dans le livre de Céline, juste l’effleurer, ils auraient plus de chance de le publier. Elle ajoute qu’il n’y a pas de problème d’orgueil entre eux. Enfin, l’un et l’autre expliquent qu’ils ont autant appris dans leur rapport, en particulier Edmond par la volonté d’exister de Céline, et elle par l’action de transmission d’Edmond. Ainsi prévenu, le lecteur comprend qu’il s’agit d’un ouvrage conçu par Céline Wagner, relatant une facette de son enfance, transformée par le prisme de la fiction, ou de l’autofiction, un genre qu’elle qualifie du terme : Introspection surréaliste. Le récit se déroule dans un temps ramassé sur une journée : se rendre au centre commercial, et évoquer cet immense fac-similé d’un gorille, que la fille et le père ont tôt fait d’appeler King Kong. Pour le lecteur ayant quelques décennies au compteur, cette effigie pourra évoquer celle du groupe commercial Mammouth (1968-1996) qui mettait cet animal en avant comme point de repère, même s’il s’agissait de grands panneaux publicitaires, et pas de statues. Le regard du lecteur s’arrête sur la couverture, à la composition évoquant le principe du collage, entre ces éléments qui semblent sans rapport : King Kong en couleurs, la fille et le père en noir & blanc, l’immeuble en couleurs derrière, et le ciel aux couleurs étranges, le titre en blanc comme barrant l’image, et les noms des auteurs en jaune vif. Puis il plonge dans les pages intérieures, pour une sensation étrange. Les dessins présentent une forme de naïveté qu’il est possible d’associer aussi bien à une œuvre de jeunesse qu’au caractère enfantin du personnage principal qui est encore une enfant. Il retrouve cette naïveté dans les représentations des voitures, des affiches publicitaires, dans le corps de la fillette et de ses expressions, parfois dans certaines attitudes du père, etc. Dans le même temps, il découvre des représentations découlant d’un regard adulte : un arbre magnifique, des minéraux, un crâne, les animaux dans le vivarium, l’extérieur de la zone commerciale, etc. Partagé entre ces deux sensibilités, enfantine et adulte, le lecteur fait rapidement l’expérience également de rapprochements visuels, à caractère onirique, et parfois psychologique. Ils peuvent prendre la forme du détournement des panneaux publicitaires avec des marques revisitées, ou des logos modifiés (La vache qui rit en animal horrifique fait vraiment peur). Ils peuvent également relever du dispositif de collage : le crâne placé en surimpression des peintures rupestres, les fourmis formant un point d’interrogation géant, une sorte de rébus surréaliste quand le père effectue une déduction sur la présence d’une personne à l’intérieur de King Kong, la tête de girafe d’une chaîne de magasin de jouets, etc. Des rapprochements pouvant relever de l’allégorie, comme les fourmis en lieu et place des traits de visage des consommateurs poussant leur caddie. Des dessins plus primitifs pour évoquer les forces de la nature, telles les fumées d’un volcan ou un véritable torrent se déversant du ciel d’orage. La narration visuelle porte ainsi une grande part de ressentis, de sensations. Le lecteur se rend également compte de la diversité des constructions de pages, certaines très inventives : souvent des cases de la largeur de la page avec ou sans bordure, parfois des éléments d’une case qui débordent sur une autre, des symboles mathématiques, une page avec huit cadres contenant chacun quatre cases pour un effet extraordinaire de synthèse et de concentration des éléments, etc. L’histoire s’avère simple et linéaire : la fille finit par écouter ce que le père sait du King Kong, et de l’individu qui habite à l’intérieur. Une fois devenue jeune femme, elle aura l’occasion de pénétrer dans cette statue géante. Ce fil narratif sert de support à des discussions abordant divers thèmes : la préhistoire et l’art rupestre, le caractère récent de tout ce que peut voir Céline de part et d’autre de la route (il n’y avait rien de tout cela à la préhistoire), une discussion sur la durée de vie (elle toute jeune la trouvant trop courte, le père relativisant avec le recul des décennies passées), l’importance relative des rats par rapport aux serpents ou aux êtres humains, le temps que ça prend pour savoir dessiner (toute une vie, mais la nature est bien faite : quand on meurt, on est fatigué de dessiner), la véritable nature de l’Être Mystérieux qui habite le King Kong, la raison pour laquelle la laideur fait peur. Ainsi, se dessine l’évolution de Céline. Le lecteur retrouve bien ce qu’elle annonce dans l’entretien en ouverture : Ses parents étaient séparés et son père était le seul lien qu’elle avait avec la poésie, la littérature. Dans le même temps, le lecteur peut interpréter ce qu’elle dessine comme l’expression de sa vie intérieure, c’est-à-dire bien plus que la simple représentation d’objets ou de décors. Les affiches et les slogans déformés, les éléments représentés par différence avec ceux absents : tout témoigne de sa vie intérieure, de ses associations d’idées, des images qui s’impriment durablement dans son esprit, en particulier de manière inconsciente. En cela, la séquence du bain devient une évidence, alors qu’elle rêvasse de dauphins, dont elle rapproche la forme des frites que lui prépare son père, et dont l’odeur vient lui titiller l’odorat. Il est également possible de voir les fluctuations de durée comme une expression de son inconscient, quand elle s’imagine revenir à des temps préhistoriques pour pouvoir rencontrer le mystérieux habitant de King Kong. Selon toute vraisemblance, l’éditeur avait bien raison en suggérant à l’autrice d’accepter la présence de Baudoin pour attirer plus de lecteur. Les réponses aux questions dans l’introduction annonce honnêtement qu’il s’agit plus d’une bande dessinée d’elle que de lui, tout en étant également une prolongation de leur relation. Elle parvient à merveille à restituer l’émerveillement propre aux enfants, rendant possible cette fable sur un Être Mystérieux logeant dans le grand singe, avec une narration visuelle en apparence enfantine, et très construite et sophistiquée dans le fond. Un conte pour adulte, du réalisme poétique nourrissant une introspection surréaliste.

11/07/2025 (modifier)