Voilà donc l’album récompensé à Angoulême cette année ! Un gros pavé de plus de 400 pages, que je n’avais pas vu sur les rayonnages à sa sortie. Il faut dire que Monsieur Toussaint Louverture n’a pas forcément droit aux têtes de gondole. Et il faut dire aussi, que seuls des petits éditeurs prennent encore le risque de publier ce genre d’œuvres, franchement atypiques.
Après un petit temps d’adaptation – on ne rentre pas si facilement dans cet album je trouve –, j’ai été véritablement happé par l’histoire, qui se révèle au bout d’un moment bien plus classique qu’elle n’en a l’air au premier abord.
L’un des gros atouts de cette œuvre, c’est l’aspect graphique ! Et je ne parle pas seulement du dessin, mais aussi du parti pris d’en faire une sorte de carnet intime, avec les lignes, le trou pour les spirales, cahier dans lequel une jeune femme raconte sa vie, colle des documents (comme les couvertures de magazines populaires, d’horreur, photos, etc.).
Le dessin justement, que j’ai trouvé très beau. En Noir et Blanc le plus souvent, mais avec des touches de couleurs, et parfois même de pleines pages « colorées ». Différents styles, niveaux de crayonnés se succèdent (cela renforce le côté « carnet », « pris sur le vif »).
Ce qui est singulier, c’est que Ferris alterne un trait réaliste, très précis, avec des crobars en esquisse, et parfois un trait bien plus caricatural, qui doit beaucoup à une certaine esthétique underground, et à l’influence de Crumb je trouve, avec des corps plus en chair.
Styles et précision plus ou moins grande du trait cohabitent donc, sans que cela ne gêne la lecture, ni n’altère l’unité de l’ensemble.
A plusieurs reprises, surréalisme et expressionnisme font des incursions.
L’intrigue elle-même nous permet de mieux connaître la narratrice, Karen, une jeune fille laide, « qui aime les monstres » (et dont certains côtés m’ont fait penser à certains monstres présents dans l’album enfantin « Max et les Maximonstres », de Sendak).
Après nous avoir présenté son existence, plus ou moins rejetée – mis à part quelques rares camarades elles aussi « atypiques » et son frère Deeze – Karen se lance dans une sorte d’enquête, après la mort de la voisine du dessus, Anka (Karen est persuadée qu’elle a été assassinée). C’est ensuite la vie d’Anka qui va occuper une bonne partie de l’album, depuis son enfance dans l’Allemagne des années 30, au milieu d’autres « monstres », pédophiles, Nazis, etc. Puis elle revient aux États-Unis, pour les suites de « l’enquête », dans l’entourage de la défunte.
Par-delà l’intrigue elle-même, l’album est aussi – et avant tout ? – une très belle ode à la différence, défendant ceux qui « sont mis de côté » parce que « différents » (jeunes, Noirs, Indiens, femmes, Juifs, etc.). L’histoire est d’ailleurs sensée se passer aux États-Unis, dans les années 1960, en pleine révolte des « minorités ».
Comme je l’ai dit, l’album ne se laisse pas apprivoiser facilement, et sa lecture exige de la concentration et du temps ! (texte très abondant, placé parfois dans tous les sens – j’ai eu quelque fois du mal à savoir dans quel ordre il devait être lu. Les pages sont bien remplies, c’est le moins que l’on puisse dire !!!). Mais il vaut vraiment la peine de s’y consacrer, de s’y plonger.
Et pour le coup, je comprends pourquoi cette œuvre a pu décrocher tous ces prix : c’est ambitieux et beau, et bien plus accessible au « grand public » qu’on pourrait le croire – même si je vous recommande quand même un petit feuilletage avant de l’acheter.
****************
Je vais faire plus court pour mon avis concernant le deuxième tome.
la lecture est toujours aussi envoûtante - ou oppressante, voire repoussante, c'est selon votre degré d'acceptation du style graphique et narratif de Ferris. Mais j'aime toujours autant son trait nerveux, son travail au Bic, que ce soit pour le Noir et Blanc ou pour les passages en couleurs. J'apprécie aussi sa mise en pages déstructurée, le rendu en fac-simile d'un carnet, avec les lignes, les trous pour le classeur, etc. Un dessin qui passe encore du croquis en esquisses au dessin plus méticuleux et développée, qui joue sur une imagerie surréaliste parfois. On aime ou pas, mais j'y trouve mon compte.
Pour ce qui est du récit, il est lui aussi encore fouillis et part dans pas mal de directions, et je conçois qu'en plus du travail graphique, cette narration puisse dérouter nombre de lecteurs, c'est une oeuvre qui reste clivante. Il n'y a plus la surprise de la découverte, mais ça reste quand même un récit plaisant, avec une héroïne en plein questionnement de sortie d'adolescence, une société américaine en pleine ébullition, des relations entre frère et soeur pas toujours faciles, etc.
Cela dit, malgré mes louanges, j'admets que la lecture n'est pas toujours fluide, et que la pagination plus qu'importante impose une concentration certaine et longue. Il faudra sans doute encore attendre un certain temps pour lire la suite (au moins un album supplémentaire, l'éditeur annonçant aussi un préquel).
Je réitère aussi mes félicitations pour l'éditeur, qui prend énormément de risques, mais qui a fait un très beau travail.
Une série qui sort franchement des sentiers battus.
L’histoire se laisse lire agréablement, et les questionnements de l’inspecteur que nous suivons, les rebondissements qui font avancer son enquête, sont plutôt bien amenés. La narration est fluide, et l’intrigue elle-même, malgré une pagination assez conséquente, se révèle légère. C’est sa force et sa faiblesse d’ailleurs.
Mais si l’histoire manque peut-être de fond, de densité, si j’aurais sans doute préféré que soient davantage développées les personnalités des protagonistes, c’est une lecture que j’ai pleinement appréciée, en grande partie grâce au travail de Manzella.
En effet, si certaines planches sont un peu difficiles à lire – plongées dans une nuit des plus sombres – le rendu est vraiment très chouette. Dès les premières pages s’installe une ambiance noire et planante, que l’on imaginerait accompagnée d’une musique de blues lancinante. Et c’est cette ambiance, ce graphisme qui me font arrondir aux quatre étoiles. Le dessin très sombre accompagne bien un récit qui l’est tout autant.
Chouette découverte de deux auteurs en tout cas, j’ai hâte de les retrouver sur d’autres projets.
Note réelle 3,5/5.
J'ai lu le roman de Bradbury il y a une trentaine d'années. J'en ai vu une ou plusieurs adaptations au cinéma, et cette version graphique est la seconde. Plus je lis, je vois cette histoire, plus je me dis qu'on s'éloigne de la science-fiction pour s'approcher de la réalité contemporaine. Aux Etats-Unis, de nombreux ouvrages sont mis à l'Index, relégués à l'Enfer voire carrément détruits, bannis des programmes scolaires des Etats républicains. Sans parler du reste de ce qu'il s'y passe à l'heure où j'écris ces lignes.
Cette adaptation est forcément à mettre en parallèle avec l'autre traduction parvenue jusqu'à nous, réalisée par Tim Hamilton. Sur le plan graphique, je comparais Hamilton à Frank Miller, mais il y avait beaucoup de détails, de fioritures chez Hamilton finalement. Surtout quand on le compare au travail de Victor Santos, auteur espagnol qui a travaillé pour DC Comics notamment. Dans la première partie, son style est très épuré, rapide, presque expéditif, pour souligner la froideur ambiante, l'atmosphère glaçante de cette société qui bannit tout livre au point de le faire brûler par les pompiers. Paradoxal, forcément. Et puis tout doucement, quand le doute s'installe chez Guy Montag, au travers des discussions avec sa jeune voisine et Faber, le style se "déride", se réchauffe en quelque sorte. La mise en page de désankylose, sort du gaufrier strict qui prévalait au début, on sent que le psychisme de Montag est touché.
L'adaptation de Santos est plutôt proche du texte de Bradbury, portée par le travail millimétré de Jacques Fuentealba en tant que traducteur. Même trente ans après, je suis pétrifié par cette histoire, par sa puissance, par son actualité (rappelons que le roman est sorti en 1953). Comment ne pas mettre un 4/5 ?
J'avais été bien déçu par le personnage proposé par Moebius et Marchand. J'ai bien plus apprécié les propositions scénaristiques d'Eric Shanower. En effet pour un néophyte du personnage comme moi, la présentation de l'univers du petit Jimmy/Nemo est bien plus accessible pour rentrer de plein pied dans l'ambiance onirique créée par Winsor McKay. Il y a une vraie logique dans les apparitions des différents personnages (Nemo, Candy, la princesse ou Flip). Cela donne un récit très fluide et vivant qui envoute facilement le lecteur.
Je dois ajouter que le graphisme de Gabriel Rodriguez m'a particulièrement plu. Il y a une telle richesse dans les détails des personnages ou des extérieurs de Slumberland que cela produit facilement une impression de féérie.
La mise en couleur est juste parfaite pour accompagner cette ambiance de rêves enfantins.
Une lecture très plaisante pour s'initier au chef d'œuvre de McKay.
The Killing Joke est un incontournable de l’univers Batman. Alan Moore signe un récit intense et psychologiquement profond qui explore la relation complexe entre Batman et le Joker, tout en proposant une origin story fascinante pour le Clown Prince du Crime. Le scénario est sombre, provocateur et riche en tension, abordant la frontière entre folie et raison.
Le dessin de Brian Bolland est superbe, précis et élégant, avec des planches qui accentuent à merveille l’atmosphère oppressante et dramatique du récit. Chaque case contribue à rendre l’histoire mémorable et viscérale.
En résumé : The Killing Joke est une lecture marquante, troublante et incontournable pour les amateurs de Batman, qui allie psychologie, violence et esthétique impeccable.
Toutes les morts de Laila Starr est une œuvre originale qui invite à la réflexion sur la vie, la mort et la quête de sens. Avec son approche philosophique et son esthétique soignée, elle offre une expérience de lecture enrichissante.
Roger et ses humains est une BD drôle et décalée, avec un humour absurde qui surprend et fait souvent sourire. Les situations sont inventives et le ton léger rend la lecture très agréable.
Civil War est pour moi l’un des récits les plus marquants de Marvel. Le tome 1, écrit par Mark Millar et magnifiquement dessiné par Steve McNiven, est un vrai 5/5 : intense, intelligent, et porté par un dilemme moral fort entre Captain America et Iron Man. Le scénario est limpide, percutant et chaque page respire la tension dramatique. C’est un chef-d’œuvre moderne.
Les tomes suivants, qui explorent les conséquences du conflit à travers d’autres séries, m’ont un peu moins convaincu. Ils restent intéressants pour enrichir l’univers et comprendre l’impact de la guerre civile sur l’ensemble des héros Marvel, mais ils n’atteignent pas le même niveau d’intensité et de maîtrise narrative que le récit principal.
En résumé : le premier tome est un indispensable absolu, un classique que tout fan de comics devrait lire. Les autres volumes valent le détour pour prolonger l’expérience et élargir la vision de cet event majeur, mais ils ne brillent pas autant que le cœur de l’histoire.
J’ai terminé l’omnibus Marvel Zombies et c’est une vraie claque ! L’idée de plonger l’univers Marvel dans une version zombiesque donne un résultat à la fois gore, déjanté et complètement jouissif.
J’ai particulièrement apprécié la partie scénarisée par Robert Kirkman, qui apporte son mélange d’humour noir, de violence graphique et de désespoir qu’on lui connaît déjà dans The Walking Dead. Mais j’ai aussi aimé retrouver Mark Millar : ses épisodes d’Ultimate Fantastic Four, présents dans l’omnibus, sont essentiels puisqu’ils introduisent pour la première fois les Marvel Zombies. On sent sa patte dans la construction de ce concept fou, qui sera ensuite poussé à fond par Kirkman.
Les dessins collent parfaitement à l’ambiance : grotesques, sanguinolents mais aussi très dynamiques. Le contraste entre le mythe héroïque et la dégénérescence cannibale des personnages est un des grands plaisirs de la lecture.
En résumé : cet omnibus est un vrai must pour qui aime les récits alternatifs, trash et pleins de second degré. Mention spéciale à Kirkman pour avoir donné vie (ou plutôt mort-vie) à cet univers culte, et à Millar pour l’avoir brillamment amorcé avec ses Fantastic Four
Oh, voila une belle BD jeunesse ! C'est frais, drôle, bien mené et inventif !
Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre avant de commencer mais j'ai vite adoré l'idée de plonger dans la cave, lieu de terreur enfantine, avec un rat voleur de chaussette que l'on poursuit progressivement dans tout les étages progressivement plus anciens. Milo est un gamin courageux qui va devoir apprendre au contact des gens qu'il rencontrera pour arriver au bout de sa quête, originale et inventive.
C'est le genre de BD fantastique qui marche bien sur les plus jeunes, je pense, et qui a une qualité indéniable : celle d'être parfaitement lisible aux adultes qui apprécieront cette plongée souterraine pleine d'inventivité. L'aventure est au rendez-vous dans une simple cave, mais franchement, je recommande. Pas grand chose à en dire si ce n'est que j'ai aimé.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Moi, ce que j'aime, c'est les monstres
Voilà donc l’album récompensé à Angoulême cette année ! Un gros pavé de plus de 400 pages, que je n’avais pas vu sur les rayonnages à sa sortie. Il faut dire que Monsieur Toussaint Louverture n’a pas forcément droit aux têtes de gondole. Et il faut dire aussi, que seuls des petits éditeurs prennent encore le risque de publier ce genre d’œuvres, franchement atypiques. Après un petit temps d’adaptation – on ne rentre pas si facilement dans cet album je trouve –, j’ai été véritablement happé par l’histoire, qui se révèle au bout d’un moment bien plus classique qu’elle n’en a l’air au premier abord. L’un des gros atouts de cette œuvre, c’est l’aspect graphique ! Et je ne parle pas seulement du dessin, mais aussi du parti pris d’en faire une sorte de carnet intime, avec les lignes, le trou pour les spirales, cahier dans lequel une jeune femme raconte sa vie, colle des documents (comme les couvertures de magazines populaires, d’horreur, photos, etc.). Le dessin justement, que j’ai trouvé très beau. En Noir et Blanc le plus souvent, mais avec des touches de couleurs, et parfois même de pleines pages « colorées ». Différents styles, niveaux de crayonnés se succèdent (cela renforce le côté « carnet », « pris sur le vif »). Ce qui est singulier, c’est que Ferris alterne un trait réaliste, très précis, avec des crobars en esquisse, et parfois un trait bien plus caricatural, qui doit beaucoup à une certaine esthétique underground, et à l’influence de Crumb je trouve, avec des corps plus en chair. Styles et précision plus ou moins grande du trait cohabitent donc, sans que cela ne gêne la lecture, ni n’altère l’unité de l’ensemble. A plusieurs reprises, surréalisme et expressionnisme font des incursions. L’intrigue elle-même nous permet de mieux connaître la narratrice, Karen, une jeune fille laide, « qui aime les monstres » (et dont certains côtés m’ont fait penser à certains monstres présents dans l’album enfantin « Max et les Maximonstres », de Sendak). Après nous avoir présenté son existence, plus ou moins rejetée – mis à part quelques rares camarades elles aussi « atypiques » et son frère Deeze – Karen se lance dans une sorte d’enquête, après la mort de la voisine du dessus, Anka (Karen est persuadée qu’elle a été assassinée). C’est ensuite la vie d’Anka qui va occuper une bonne partie de l’album, depuis son enfance dans l’Allemagne des années 30, au milieu d’autres « monstres », pédophiles, Nazis, etc. Puis elle revient aux États-Unis, pour les suites de « l’enquête », dans l’entourage de la défunte. Par-delà l’intrigue elle-même, l’album est aussi – et avant tout ? – une très belle ode à la différence, défendant ceux qui « sont mis de côté » parce que « différents » (jeunes, Noirs, Indiens, femmes, Juifs, etc.). L’histoire est d’ailleurs sensée se passer aux États-Unis, dans les années 1960, en pleine révolte des « minorités ». Comme je l’ai dit, l’album ne se laisse pas apprivoiser facilement, et sa lecture exige de la concentration et du temps ! (texte très abondant, placé parfois dans tous les sens – j’ai eu quelque fois du mal à savoir dans quel ordre il devait être lu. Les pages sont bien remplies, c’est le moins que l’on puisse dire !!!). Mais il vaut vraiment la peine de s’y consacrer, de s’y plonger. Et pour le coup, je comprends pourquoi cette œuvre a pu décrocher tous ces prix : c’est ambitieux et beau, et bien plus accessible au « grand public » qu’on pourrait le croire – même si je vous recommande quand même un petit feuilletage avant de l’acheter. **************** Je vais faire plus court pour mon avis concernant le deuxième tome. la lecture est toujours aussi envoûtante - ou oppressante, voire repoussante, c'est selon votre degré d'acceptation du style graphique et narratif de Ferris. Mais j'aime toujours autant son trait nerveux, son travail au Bic, que ce soit pour le Noir et Blanc ou pour les passages en couleurs. J'apprécie aussi sa mise en pages déstructurée, le rendu en fac-simile d'un carnet, avec les lignes, les trous pour le classeur, etc. Un dessin qui passe encore du croquis en esquisses au dessin plus méticuleux et développée, qui joue sur une imagerie surréaliste parfois. On aime ou pas, mais j'y trouve mon compte. Pour ce qui est du récit, il est lui aussi encore fouillis et part dans pas mal de directions, et je conçois qu'en plus du travail graphique, cette narration puisse dérouter nombre de lecteurs, c'est une oeuvre qui reste clivante. Il n'y a plus la surprise de la découverte, mais ça reste quand même un récit plaisant, avec une héroïne en plein questionnement de sortie d'adolescence, une société américaine en pleine ébullition, des relations entre frère et soeur pas toujours faciles, etc. Cela dit, malgré mes louanges, j'admets que la lecture n'est pas toujours fluide, et que la pagination plus qu'importante impose une concentration certaine et longue. Il faudra sans doute encore attendre un certain temps pour lire la suite (au moins un album supplémentaire, l'éditeur annonçant aussi un préquel). Je réitère aussi mes félicitations pour l'éditeur, qui prend énormément de risques, mais qui a fait un très beau travail. Une série qui sort franchement des sentiers battus.
Nuits romaines
L’histoire se laisse lire agréablement, et les questionnements de l’inspecteur que nous suivons, les rebondissements qui font avancer son enquête, sont plutôt bien amenés. La narration est fluide, et l’intrigue elle-même, malgré une pagination assez conséquente, se révèle légère. C’est sa force et sa faiblesse d’ailleurs. Mais si l’histoire manque peut-être de fond, de densité, si j’aurais sans doute préféré que soient davantage développées les personnalités des protagonistes, c’est une lecture que j’ai pleinement appréciée, en grande partie grâce au travail de Manzella. En effet, si certaines planches sont un peu difficiles à lire – plongées dans une nuit des plus sombres – le rendu est vraiment très chouette. Dès les premières pages s’installe une ambiance noire et planante, que l’on imaginerait accompagnée d’une musique de blues lancinante. Et c’est cette ambiance, ce graphisme qui me font arrondir aux quatre étoiles. Le dessin très sombre accompagne bien un récit qui l’est tout autant. Chouette découverte de deux auteurs en tout cas, j’ai hâte de les retrouver sur d’autres projets. Note réelle 3,5/5.
Fahrenheit 451 (ActuSF)
J'ai lu le roman de Bradbury il y a une trentaine d'années. J'en ai vu une ou plusieurs adaptations au cinéma, et cette version graphique est la seconde. Plus je lis, je vois cette histoire, plus je me dis qu'on s'éloigne de la science-fiction pour s'approcher de la réalité contemporaine. Aux Etats-Unis, de nombreux ouvrages sont mis à l'Index, relégués à l'Enfer voire carrément détruits, bannis des programmes scolaires des Etats républicains. Sans parler du reste de ce qu'il s'y passe à l'heure où j'écris ces lignes. Cette adaptation est forcément à mettre en parallèle avec l'autre traduction parvenue jusqu'à nous, réalisée par Tim Hamilton. Sur le plan graphique, je comparais Hamilton à Frank Miller, mais il y avait beaucoup de détails, de fioritures chez Hamilton finalement. Surtout quand on le compare au travail de Victor Santos, auteur espagnol qui a travaillé pour DC Comics notamment. Dans la première partie, son style est très épuré, rapide, presque expéditif, pour souligner la froideur ambiante, l'atmosphère glaçante de cette société qui bannit tout livre au point de le faire brûler par les pompiers. Paradoxal, forcément. Et puis tout doucement, quand le doute s'installe chez Guy Montag, au travers des discussions avec sa jeune voisine et Faber, le style se "déride", se réchauffe en quelque sorte. La mise en page de désankylose, sort du gaufrier strict qui prévalait au début, on sent que le psychisme de Montag est touché. L'adaptation de Santos est plutôt proche du texte de Bradbury, portée par le travail millimétré de Jacques Fuentealba en tant que traducteur. Même trente ans après, je suis pétrifié par cette histoire, par sa puissance, par son actualité (rappelons que le roman est sorti en 1953). Comment ne pas mettre un 4/5 ?
Little Nemo - Retour à Slumberland
J'avais été bien déçu par le personnage proposé par Moebius et Marchand. J'ai bien plus apprécié les propositions scénaristiques d'Eric Shanower. En effet pour un néophyte du personnage comme moi, la présentation de l'univers du petit Jimmy/Nemo est bien plus accessible pour rentrer de plein pied dans l'ambiance onirique créée par Winsor McKay. Il y a une vraie logique dans les apparitions des différents personnages (Nemo, Candy, la princesse ou Flip). Cela donne un récit très fluide et vivant qui envoute facilement le lecteur. Je dois ajouter que le graphisme de Gabriel Rodriguez m'a particulièrement plu. Il y a une telle richesse dans les détails des personnages ou des extérieurs de Slumberland que cela produit facilement une impression de féérie. La mise en couleur est juste parfaite pour accompagner cette ambiance de rêves enfantins. Une lecture très plaisante pour s'initier au chef d'œuvre de McKay.
Killing Joke (Batman - The Killing Joke/Rire et Mourir/Souriez !)
The Killing Joke est un incontournable de l’univers Batman. Alan Moore signe un récit intense et psychologiquement profond qui explore la relation complexe entre Batman et le Joker, tout en proposant une origin story fascinante pour le Clown Prince du Crime. Le scénario est sombre, provocateur et riche en tension, abordant la frontière entre folie et raison. Le dessin de Brian Bolland est superbe, précis et élégant, avec des planches qui accentuent à merveille l’atmosphère oppressante et dramatique du récit. Chaque case contribue à rendre l’histoire mémorable et viscérale. En résumé : The Killing Joke est une lecture marquante, troublante et incontournable pour les amateurs de Batman, qui allie psychologie, violence et esthétique impeccable.
Toutes les morts de Laila Starr
Toutes les morts de Laila Starr est une œuvre originale qui invite à la réflexion sur la vie, la mort et la quête de sens. Avec son approche philosophique et son esthétique soignée, elle offre une expérience de lecture enrichissante.
Roger et ses humains
Roger et ses humains est une BD drôle et décalée, avec un humour absurde qui surprend et fait souvent sourire. Les situations sont inventives et le ton léger rend la lecture très agréable.
Civil War
Civil War est pour moi l’un des récits les plus marquants de Marvel. Le tome 1, écrit par Mark Millar et magnifiquement dessiné par Steve McNiven, est un vrai 5/5 : intense, intelligent, et porté par un dilemme moral fort entre Captain America et Iron Man. Le scénario est limpide, percutant et chaque page respire la tension dramatique. C’est un chef-d’œuvre moderne. Les tomes suivants, qui explorent les conséquences du conflit à travers d’autres séries, m’ont un peu moins convaincu. Ils restent intéressants pour enrichir l’univers et comprendre l’impact de la guerre civile sur l’ensemble des héros Marvel, mais ils n’atteignent pas le même niveau d’intensité et de maîtrise narrative que le récit principal. En résumé : le premier tome est un indispensable absolu, un classique que tout fan de comics devrait lire. Les autres volumes valent le détour pour prolonger l’expérience et élargir la vision de cet event majeur, mais ils ne brillent pas autant que le cœur de l’histoire.
Marvel zombies
J’ai terminé l’omnibus Marvel Zombies et c’est une vraie claque ! L’idée de plonger l’univers Marvel dans une version zombiesque donne un résultat à la fois gore, déjanté et complètement jouissif. J’ai particulièrement apprécié la partie scénarisée par Robert Kirkman, qui apporte son mélange d’humour noir, de violence graphique et de désespoir qu’on lui connaît déjà dans The Walking Dead. Mais j’ai aussi aimé retrouver Mark Millar : ses épisodes d’Ultimate Fantastic Four, présents dans l’omnibus, sont essentiels puisqu’ils introduisent pour la première fois les Marvel Zombies. On sent sa patte dans la construction de ce concept fou, qui sera ensuite poussé à fond par Kirkman. Les dessins collent parfaitement à l’ambiance : grotesques, sanguinolents mais aussi très dynamiques. Le contraste entre le mythe héroïque et la dégénérescence cannibale des personnages est un des grands plaisirs de la lecture. En résumé : cet omnibus est un vrai must pour qui aime les récits alternatifs, trash et pleins de second degré. Mention spéciale à Kirkman pour avoir donné vie (ou plutôt mort-vie) à cet univers culte, et à Millar pour l’avoir brillamment amorcé avec ses Fantastic Four
Milo & les créatures du grand escalier.
Oh, voila une belle BD jeunesse ! C'est frais, drôle, bien mené et inventif ! Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre avant de commencer mais j'ai vite adoré l'idée de plonger dans la cave, lieu de terreur enfantine, avec un rat voleur de chaussette que l'on poursuit progressivement dans tout les étages progressivement plus anciens. Milo est un gamin courageux qui va devoir apprendre au contact des gens qu'il rencontrera pour arriver au bout de sa quête, originale et inventive. C'est le genre de BD fantastique qui marche bien sur les plus jeunes, je pense, et qui a une qualité indéniable : celle d'être parfaitement lisible aux adultes qui apprécieront cette plongée souterraine pleine d'inventivité. L'aventure est au rendez-vous dans une simple cave, mais franchement, je recommande. Pas grand chose à en dire si ce n'est que j'ai aimé.